Je ne possède aucun des personnages des films ou des comics.

Un recueil de textes courts sur l'univers du film Robin des Bois, prince des voleurs, nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire.

Alors que Will viens de tenter de tuer Robin, il s'enfuit du camp pour se retrouver seul.

Ce texte a été écrit dans le cadre des Nuits du FoF sur le thème "Honte"

(Rappel des règles : 1 thème pour une 1 heure entre 21h et 4h du matin)

Avec le délais un peu plus court que la normale, je n'ai pas pu l'ajouter à la liste des participations, pas de problème, le voilà dans le cadre des textes retardataires.

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


De la rage à la honte

C'était la colère, non, pire que ça… C'était la rage qui l'avait poussé à sortir son poignard et à vouloir le lancer en direction de Robin. Will ne supportait plus son air condescendant et son sourire narquois. Il ne supportait plus de le voir se considérer comme étant supérieur aux autres. Il n'avait rien à faire ici… Le jeune homme ne supportait plus sa présence et ses derniers mots avaient été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

- Il faut se battre, mais avec une arme que tu ne possèdes pas : le courage…

Comment pouvait-il dire une chose pareille ? Comment pouvait-il le voir comme un pleutre sans savoir ce qu'il avait traversé ?... Sans savoir ce qu'il avait enduré depuis la mort de sa mère… Will avait huit ans… Elle était tombée malade et il avait tout fait pour essayer de la sauver. Il avait volé de la nourriture, des flacons à un herboriste de passage… Un type au nez crochu qui l'avait pris la main dans le sac et l'avait roué de coups, le laissant à demi-conscient sur le sol, mais ne récupérant pas toutes ses fioles. Il en avait caché une et il l'avait apporté à sa mère… Seulement, cela n'avait pas suffi et elle était morte… Laissant seul son enfant qui avait tout fait pour continuer à survivre.

Will frémit. Cette période avait été de loin la plus sombre de toute sa vie. Pendant qu'il souffrait du froid et la faim, il observait son père et son frère bien à l'abri dans leur château. Combien de fois, il avait lutté contre l'envie de venir frapper à cette porte, mais il n'était pas un faible, jamais il n'avait cédé.

Alors oui, le jeune homme voulait bien admettre qu'il n'était pas un guerrier, qu'il n'avait pas fait les Croisades contre les Infidèles, mais il refusait d'entendre ce privilégié lui dire qu'il manquait de courage. Aurait-il trouvé la force de survivre si son père n'avait pas été là pour lui ?

Ses mots lui avaient transpercé le cœur en deux et la colère était devenue de la rage. L'espace d'un instant, il avait eu envie de lui hurler qui il était, de tout lui avouer, mais il lui avait tourné le dos, comme on le ferait devant une personne qui ne méritait même pas un regard. Alors les doigts de Will avaient volé à sa taille, se resserrant sur le manche de son couteau et Petit-Loup avait hurlé.

A une vitesse qui interloqua même Will, Robin avait encoché une flèche et tiré, logeant le trait dans la main du jeune homme qui avait glapi de douleur avant de s'enfuir. Tous les regards étaient posés sur lui… des regards lourds de reproche qu'il ne voulait pas affronter.

Alors Will avait couru. Il s'était éloigné du camp pour ne pas montrer que les larmes étaient en train de lui monter aux yeux, pas à cause de la douleur, il y avait longtemps que la souffrance ne le faisait plus pleurer, mais à cause de la honte qu'il ressentait.

Il avait voulu le tuer… Il était prêt à le poignarder dans le dos, comme un lâche… C'est ce que diraient les gens, c'est ce que dirait Robin… Will Scarlett n'est qu'un lâche qui attaque sa cible dans le dos… Il n'était pas beaucoup apprécié par les villageois, mais là, ce serait pire… Pourrait-il les blâmer pour ça ? Probablement pas… Il aurait dit la même chose si un homme s'était fait assassiner devant ses yeux d'une lame dans le dos… Et une voix tournait dans sa tête, pas forcément la sienne, mais une voix qui le raillait.

- Le tueur est un lâche, il devrait avoir honte de ne pas trouver le courage de regarder sa victime droit dans les yeux.

Honte… Bien sûr que vaincre de cette manière était une honte ! Il ne pouvait nier que son acte était vil, marqué par le sceau de l'infamie.

Ses jambes tremblèrent. A bout de souffle, il se laissa tomber assis contre le tronc d'un arbre, observant la flèche plantée dans sa main, gonflée et sanglante… Il était un voleur… Il était un moins-que-rien… Sa mère aurait eu honte de son acte, honte de ce qu'il serait devenu… Elle l'aurait grondé.

- William Scarlett ! Comment avez-vous pu agir de manière aussi inconsidérée ! Je ne t'ai pas élevé comme ça ! Tu me fais honte mon fils !

Will frémit… Cette voix dans sa tête était si réelle. Sa mère était la seule personne qui l'appelait William, surtout quand il faisait des bêtises ! Il savait qu'elle aurait pu lui dire très exactement cette phrase et cela finissait de le détruire. Will baissa la tête et ne put retenir plus longtemps ses larmes. Elles roulèrent sur ses joues, pendant qu'un léger tremblement s'empara de lui.

- Pardon maman… J'ai tellement honte… Pardon…

A travers ses larmes, Will ne demandait pas que pardon à sa mère, il le savait. Au fond de lui, il demandait aussi pardon à son frère… Son frère qu'il avait failli tuer, qu'il détestait plus que tout et… auquel, paradoxalement, il avait envie de se confier… Il aurait tant aimé avoir la force de tout lui dire, mais ce ne serais plus jamais possible désormais. Il avait brandi une arme sur lui, il avait voulu le tuer dans un acte lâche et la honte qu'il éprouvait pour cet acte, l'empêcherait désormais de trouver le courage de le faire…

Le courage… Peut-être qu'il avait eu aussi mal parce qu'il avait vu juste ? Peut-être que c'était la vérité au final ? Il ne savait pas faire preuve de courage et les pleutres, comme lui, ne méritaient pas mieux que ce qu'il avait maintenant… Une vie de solitude, cloisonnée par la honte et le regard des autres qui désormais, ne le verrait plus que comme un lâche…


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