Alert nouveau ship, alerte nouveau ship !
Nan mais sincèrement ? Je ne sais pas si vous avez vu l'épisode douze (sûrement, si vous êtes là), mais Luka est juste parfait. Enfin quelqu'un qui apprécie Marinette à sa juste valeur ! Et puis il fait de la guitare. Et il a les cheveux teints. Duh. Donc oui, ceci est un Lukanette, et quoique certains trouveront à y redire je rappelle que ceci est une fanfiction. Et c'est merveilleux les fanfictions, parce qu'on peut en écrire une où Marinette est avec Chat, une avec Nathanaël, une avec Luka et même une avec Chloé, tout ça en même temps. Voilà. Et puis comme dit la chanson :
You're on the canon ground, / Vous êtes sur Terre collés au canon,
I'm up in crackship space, / Je m'envole dans l'espace et les crackships
Let's start a shipping war, / Commençons une guerre des couples
Don't care if I get hate. / Et tant pis si on me déteste.
Don't like my pairings well ? / Si tu n'aimes pas mes pairings,
Then you can hit the bricks. / Tu peux aller te faire voir.
This is my OTP, / C'est mon OTP
I'll go down with this ship, / Je le défendrai jusqu'à ma mort.
I ship it !
Mis à part ça, la note de début qui résume assez bien tout ce que j'écris : ceci était supposé être un court OS. Genre, un peu moins de 4k mots, juste pour lancer ce couple sur le fandom français. Mais ça s'est étalé en longueur. Et j'ai dû diviser en deux parties. Reste que c'est le premier Lukanette/Marika du fandom français. Donc voilà.
De fil en aiguille 1/2
Les élytres – ou ailes antérieures – des coccinelles sont généralement rouges, afin de prévenir les prédateurs de leur goût acide-amer tout sauf agréable, comme un moyen de défense naturelle. Marinette aurait bien aimé avoir ça en commun avec son animal totem. Mais elle n'avait pas la chance d'être amère ou acide comme l'insecte, et, avec sa délicate odeur de boulangerie, on aurait plus tendance à comparer son rougissement à celui d'une rose au printemps. Oui, exactement. Du genre qui attire les abeilles.
« Ça ne va pas ? »
En voilà une, justement, d'abeille. Enfin pas exactement. Un ennui, plutôt, mais pas vraiment non plus. Ce qui était certain, c'est qu'en l'instant, Marinette aurait bien voulu se passer de l'attention de Luka, et de ses yeux qui scrutaient son visage écarlate.
« Si, si, mentit-elle à demi. Très bien. »
Elle n'allait pas mal, mais elle n'allait pas bien non plus. À la vérité, elle ne se sentait pas vraiment à sa place, et le garçon torse-nu devant elle ne l'aidait pas, quoiqu'il la couve avec le regard le plus tendre du monde. Marinette baissa immédiatement les yeux. Pas du tout à sa place.
À la suite du concert, Marinette était venue à plusieurs reprises assister aux répétitions du groupe, quand son emploi du temps impossible le lui permettait. Elle était toujours fascinée de la manière de chanter de Rose, tellement en désaccord avec le reste de sa personnalité. De fil en aiguille, elle en était arrivée à se rapprocher de tous les membres. Et Luka, particulièrement. Elle ne savait pas ce qui l'avait poussée, la seconde fois, à aller chercher le guitariste sans qu'on le lui aie demandé, mais elle l'avait à nouveau trouvé en méditation, un médiator en main. La cabine de Luka lui inspirait quelque chose de très calme. De rassurant. Mais elle ne savait pas si c'était dû à la chambre en elle-même ou à la présence du garçon. En tout cas, elle avait fini par être dévolue à la tâche de le sortir de sa méditation dès qu'elle était là, et chaque fois, ils discutaient un peu plus. Un après-midi, alors qu'elle descendait les escaliers pour lui demander de venir, elle l'avait trouvé assis sur le lit, comme à l'accoutumée, mais les yeux cette fois-ci bien ouverts. Dans ses mains, un CD. En la voyant entrer, il lui avait souri.
« Dis … Marinette, ça n'est pas très courant, comme prénom, n'est-ce pas ? »
Elle avait ouvert puis refermé la bouche, décontenancée par la question.
« Euh, bah, non, dit-elle simplement, j'imagine que non. »
Ça n'avait fait qu'agrandir le sourire du garçon, qui resserra presque tendrement les doigts sur la pochette d'album.
« Est-ce que je peux te demander ton nom de famille ? »
Marinette était définitivement perdue. Si Luka voulait son facebook, ou son adresse mail, ou son numéro, il pouvait bien le demander directement, non ? Il n'avait jamais semblé du genre à s'embarrasser de si peu. Alors,s'était-elle demandé, pourquoi ces questions ? Faisant mine de rien et espérant que la conversation finirait par aboutir à quelque chose, elle répondit.
« Dupain-Cheng.
— Je m'en doutais. »
Le garçon fit tourner l'album dans sas mains, avant de le montrer à une Marinette qui ne comprenait pas vraiment de quoi il était question. Jusqu'à ce que la pochette soit sous ses yeux. C'était celle qu'elle avait designée pour Jagged Stone.
« Alors c'est vraiment toi qui a fait cette pochette, n'est-ce pas ? »
La brune avait passé une main à l'arrière de son crâne, gênée. Elle était fière de ce travail, certainement, mais se retrouver confrontée à l'admiration des gens n'était pas une chose à laquelle elle était habituée. Et malgré son humilité elle n'avait pas pu nier que c'était bien de l'admiration dans les yeux de Lukas. Elle acquiesça piteusement, et il lui offrit un merveilleux sourire.
« Mon dieu, mais c'est génial, Marinette ! Plus je te découvre et plus tu es formidable. »
Comme il lui tendait la pochette d'album et qu'elle ne savait pas bien que faire de ses mains, elle l'attrapa avec nostalgie et une pointe de fierté. Elle remarqua la pastille parfumée et inspira profondément.
« En plus, tu as pris l'édition limitée !
— Obligé ! Cette pastille qui sent le cuir et la sueur, c'était du génie ! »
Marinette avait rougi furieusement en baissant la tête.
« Merci. »
Luka avait eu l'air surpris et s'était approché d'elle pour lui faire relever la tête.
« C'était ton idée aussi ?
— Euh, oui. En fait, quand ils ont abordé le coût de production, j'ai cru que ça ne serait pas retenu, alors j'étais vraiment heureuse qu'ils gardent ça au moins pour l'édition limitée, avec les pistes bonus.
— Incroyable.
— Pas tant que ça, tu sais, je veux dire, en voyant Jagged Stone, n'importe qui aurait pu avoir l'idée, et au final c'est juste lui qui est génial –
— Non. Tu es géniale, Marinette, et je continuerai à te le dire jusqu'à ce que tu veuilles bien me croire. »
Marinette avait écarquillé les yeux, fort peu habituée à être l'objet de tels compliments. Bien sûr, ses parents la complimentaient, Alya aussi, et même, pour cette pochette, non seulement Jagged Stone l'avait félicitée mais en plus Adrien Agreste lui avait demandé un autographe mais … C'était différent, Luka ne parlait pas que de son travail, elle le sentait, il parlait d'elle tout entière. N'avait-il pas vu déjà combien elle était maladroite ? Marinette avait secoué vivement la tête.
« Je suis sûre que si c'était à toi que Jagged Stone avait commandé une pochette, elle aurait été sublime. »
Luka avait eu un petit rire, se disant que lui faire prendre confiance en elle n'allait pas être une mince affaire.
« D'ailleurs, comment est-ce que tu en es arrivée là ? Je veux dire, comment est-ce que tu as connu Jagged Stone ? Personnellement.
— Ah, ça ! C'est tout bête, on a tous travaillé à l'hôtel du père de Chloé l'année dernière, un peu pour un stage, et j'étais chargée de trouver ce que demandaient les clients. Il logeait là à ce moment, et il avait demandé une paire de lunettes avec la tour Eiffel. Comme je n'en trouvais pas qui aille, j'avais fini par en faire une paire moi-même, et, enfin, voilà. »
L'histoire qui était supposée être simple et bête avait semblé ne faire que renforcer l'admiration du garçon.
« Tu t'y connais en création de mode, aussi, alors ? »
Marinette avait souri, sa timidité disparue un court instant. Si on la lançait sur le sujet de la mode, elle pouvait passer des heures à déblatérer sans s'en rendre compte.
« Oui ! Enfin, je ne sais pas si on peut vraiment dire si je m'y connais, mais j'adore ça, les vêtements, les accessoires … Je passe un peu ma vie derrière ma machine à coudre, en-dehors des cours, ou à faire des croquis, et même en cours, parfois, j'avoue, parce que c'est tellement un univers qui me passionne et – »
Elle s'était stoppée net en remarquant le regard de Luka sur elle, et avait souri brièvement, gênée de son léger emportement.
« Pardon.
— Ne t'excuse pas. Ça se voit que tu aimes ça. Tu es encore plus belle quand tu parles de quelque chose qui te passionne. »
Elle aurait voulu s'enterrer dans la grotte la plus profonde du monde.
« Et, dis, je ne sais pas si ça t'intéresserait mais … tu sais qu'on donne un concert le mois prochain, à la Gallerie ? »
Marinette avait simplement acquiescé, l'invitant à poursuivre.
« C'est sans doute compliqué avec un délai aussi court, mais on n'a pas de costume de scène à proprement parler. Tu voudrais être notre costumière pour l'occasion ? »
La première chose à laquelle Marinette avait réfléchi était la contrainte de temps. Elle pourrait sans doute demander à Chat Noir de l'arranger quelques fois pour leur ronde de nuit – à charge de revanche, bien entendu – mais rien qu'avec les attaques d'akumas et les cours, elle était horriblement chargée. Puis elle s'était mise à penser à ce que tout le monde allait voir ses créations. Et elle ne savait pas si elle en était capable, outre la course contre la montre. Elle ne voulait pas embarrasser le groupe en refusant, mais savait qu'il serait tout aussi embarrassant pour eux qu'elle n'aie pas le temps de finir, ou pire, que les costumes soient laids. Elle avait baissé la tête, honteuse à l'idée de refuser.
« Oui. »
Elle avait sursauté en reconnaissant sa voix. Ça n'avait pas été son intention de dire ça.
« C'est vrai ? Génial. »
Marinette avait soupiré, trahie par ses paroles. Et c'était ainsi qu'elle s'était retrouvée en cette belle après-midi, mal à l'aise comme ça n'était pas permis face à un Luka torse-nu, mètre ruban en mains et carnet de mesures dans la poche. Elle en avait presque fini avec lui. Au final, considérant le temps restreint dont disposait Marinette, il avait été décidé qu'elle ne se chargerait que de coudre des hauts et des robes, pour les pantalons, elle en avait acheté ou récupéré de simples qu'elle customiserait simplement. Elle avait commencé par les vêtements qui demandaient le plus de tissus, à savoir le haut d'Ivan, un T-shirt à manches longue rayé rouge et noir agrémenté – le batteur avait fait la demande – d'une tête de mort blanche, la robe de Rose et la tunique de Juleka. Elle étais assez satisfaite de ces deux dernières, même si le résultat était assez éloigné de ce qu'elle avait envisagé en premier lieu.
Sa première idée avait été de réunir les membres du groupe sur une même couleur, mais elle s'était vite rendue compte que ça ne fonctionnerait pas, ne serait-ce qu'on prenant en compte les couleurs de cheveux de chacun. Elle s'était donc décidée au plus simple, à savoir une couleur dominante par tenue, plus du noir. La robe de Rose était assez pâle, comme de la poudre pour les joues, la base était un bustier cintré qui s'évasait souplement à la taille et lui arrivait en-dessous des genoux. De là, Marinette avait découpé et noirci le tissus, dans l'optique de rendre un effet de brûlé, et si au final on aurait plutôt dit que le bas de la robe avait été trempé dans de l'encre, ça allait bien à Rose et sa personnalité. Pour le haut, elle avait fait tenir le bustier avec de nombreux rubans noirs convergeant vers un ras-du-cou qui s'ouvrait au dos avec deux boutons – du même rose que la robe, mais cela, Marinette savait que le public ne le remarquerait pas. La tunique de Juleka était noire bordée de violet, et asymétrique. À gauche, une manche trois-quarts serrée, et à droite, une bretelle fine. Pour compléter, Marinette devait encore découper des fentes dans un leggings que la bassiste ne portait plus et y faire des boucles.
Ne lui restaient plus à présent que les hauts d'Adrien et de Luka. Si elle avait eu des facilités à habiller Adrien – combien de croquis avait-elle de tenues pour lui ? –, Luka était une autre paire de manches. Littéralement. Elle avait envoyé plusieurs esquisses à Adrien, qui avait retenu un simple haut sans manches et col roulé, assez moulant, qu'il assortirait à un jean plus ample pour contrebalancer, et si elle avait au moins autant d'idées pour Luka, aucune ne la satisfaisait pleinement. Enfin, plutôt, elle avait une petite idée de ce qu'elle voulait vraiment mais espérait en trouver une autre. Luka était élancé, et grand, et Marinette le figurait portant une superposition pour le haut. Un débardeur lâche noir. Et une chemise. Mais elle n'avait de sa vie réalisé qu'une seule chemise approximativement réussie, pour la fête des pères de l'année précédente, après de trop nombreuses heures de travail. Elle hésitait à lui confectionner un simple débardeur – nul doute qu'il serait fabuleux dedans – mais ça ne serait pas suffisant par rapport aux autres membres. Elle soupira en rangeant son mère et Luka s'assit sur le lit. Il tapota la place à côté de lui et elle le rejoignit.
« Allez, je vois bien que quelque chose te tracasse. »
Elle pinça les lèvres, ne voulant pas lui avouer son dilemme. Il restait à peine plus d'une semaine avant le concert. Le regard insistant du garçon la fit abdiquer.
« Je n'arrive pas à te dessiner un costume. »
Un instant, Luka eut l'air blessé. Marinette secoua la tête en tentant d'éloigner l'idée qui devait germer dans son crâne. Non, bien sûr que ça n'était pas parce que Luka n'était pas un bon modèle. Il lui posa une main rassurante sur l'épaule.
« Quoi que tu fasses, je suis sûr que ça sera parfait. »
Et une dose de pression supplémentaire, une.
« Marinette. Les tenues des autres sont fantastiques, alors j'ai confiance en toi. Toi aussi, tu devrais. Tu as beaucoup de talent. »
Elle releva la tête, décidée. Elle ne voyait rien d'autre qu'une chemise pour Luka, alors ça serait une chemise, et tant pis si elle devait faire une croix sur son sommeil pour la semaine à venir.
« Tu me fais vraiment confiance ? »
Le plus âgé opina du chef sans une seule hésitation et Marinette respira un grand coup avant de sortir de son sac son carnet de croquis. Elle l'ouvrit à la dernière page utilisée pour montrer son esquisse au garçon.
« C'est la seule idée valable que j'aie eue …
— Et elle est parfaite.
— … mais je n'ai presque jamais fait de chemise. Et c'est compliqué. Alors, hm, j'ai une proposition.
— Je t'écoute.
— Il nous faut absolument un plan de secours. Je n'ai aucune idée de si je vais réussir à la finir dans les temps – sans compter que j'ai des idées d'accessoires en plus – mais je ne veux pas faire autre chose. Alors on va trouver dans tes affaires de quoi te faire un costume si j'échoue.
— Marinette …
— Ou acheter quelque chose. Je ne sais pas. Mais …
— D'accord. Je suis certain que tu y arriveras dans les temps, mais si tu as besoin d'un plan de secours pour te rassurer, alors c'est d'accord. »
Elle eut un sourire lumineux qui lui donna envie de la prendre dans ses bras mais il se retint. Pas maintenant.
.
Marinette se détransforma dès qu'elle eut mis un pied dans sa chambre. Il était minuit passé et elle devait se lever à six heures le lendemain. Mais, sur sa table de travail, le tissus attendait, bien sage. Elle avait jeté la veille se première tentative, médiocre, et devait tout recommencer du début. Elle n'avait plus que cinq jours avant le concert, et même si ô grand jamais Luka ne s'était montré pressant ou impatient, elle ne voulait pas le décevoir. Elle se repassa son emploi du temps du lendemain en tête, et puis s'assit derrière de la machine à coudre, s'attaquant au découpage des manches. Elle pourrait bien dormir pendant les deux heures de géographie.
.
« Ladybug ! »
À à peine un mètre du sol, Marinette parvint à lancer son yo-yo pour se rattraper à un poteau et atterrir en douceur. Ça ne lui ressemblait pas, de glisser d'un toit ainsi, pas quand elle était Ladybug. Arrivé à son niveau, Chat Noir la regardait avec une grande inquiétude.
« Tout va bien ? Enfin, non, plutôt, qu'est-ce qui ne va pas ?
— Ça va, Chat. Je suis juste fatiguée.
— Tu devrais rentrer dormir. Je me charge de la patrouille, ça ira.
— Je t'assure que je peux rester. Tu as déjà pris ma place plusieurs fois cette semaine, ne t'inquiète pas.
— Ma Lady … Je n'aime pas te voir comme ça. »
Marinette frotta doucement le crâne de son partenaire, qui ne la lâchait pas des yeux. Elle lui sourit tranquillement et il fit la moue, comme un enfant. Il était véritablement adorable. Elle allait lui répondre quand un tintamarre attira leurs oreilles, plus loin.
« Bon, eh bien pas le temps de prendre du repos ! »
Elle s'élança aussi sec, suive de près par Chat Noir.
« Ne force pas, Ladybug, d'accord ? »
Elle leva les yeux au ciel, plus amusée qu'agacée par l'inquiétude infondée de son ami. Elle n'était pas en sucre, non plus. Ils sautèrent de toit en toit jusque Tolbiac, où un akumatisé semait la terreur en attachant les gens au bâtiment de la fac. Ladybug fronça les sourcils en l'examinant. Il avait des prospectus, un brassard et un mégaphone. Un de ces objets devait contenir l'akuma, mais lequel ? Elle ne vit venir le prospectus qui volait vers elle qu'au dernier moment, et l'esquiva avec peine, sous le regard concerné de son partenaire. Le supervilain semblait plus à l'aise dans le combat à distance, alors elle allait se rapprocher.
Un lucky-charm, des jeux de mots et beaucoup d'inquiétudes plus tard, tout allait pour le mieux et Ladybug allait miraculeusement bien, à l'exception de son épaule douloureuse. Elle avait l'habitude de ce genre de blessures, à présent, et savait que la douleur allait refluer sous quelques jours à peine. La seule chose qui l'embêtait, c'était que ça risquait de la gêner pour utiliser sa machine à coudre. Elle sursauta en sentant des bras se resserrer autour d'elle.
« Mais non d'un chat, fais attention à toi ! »
Ladybug sourit en appuyant son crâne contre l'épaule de son partenaire.
« Je vais bien.
— Tu m'as fait tellement peur. »
Le sourire de Marinette se dissolut comme elle nota un début de sanglot dans la voix de Chat Noir. Il est vrai qu'elle avait failli à plusieurs reprises se faire sérieusement blesser, et si elle avait toujours réussi à esquiver au dernier moment, elle n'avait pas épargné à son partenaire la série de crises cardiaques qui accompagnait la vue de sa Lady en danger. Elle passa un bras autour de la taille de son partenaire et posa la main sur son dos.
« Tout va bien Chaton. Je suis désolée. »
Il la serra plus fort et elle s'appuya contre lui. L'étreinte était chaude. Confortable. Elle devait se dégager, sinon …
Marinette se réveilla dans sa chambre, avec un mal de crâne indomptable. Elle regarda l'heure avant de sauter hors de son lit. Elle avait au moins une heure de retard en cours. Une voix l'arrêta.
« Reste au lit. »
Deux tasses en main, Chat Noir se tenait debout à côté du lit. Que faisait-il là ? Elle se remémora les événements de la veille. Elle ne se souvenait pas d'être rentrée chez elle, mais ça lui arrivait fréquemment, quand elle était trop fatiguée, sa mémoire arrêtait d'enregistrer.
« Écoute, je suis désolé … »
Elle le regarda, un sourcil haussé. De quoi pouvait-il être désolé ? Elle n'était pas certaine de vouloir la réponse à cette question.
« Hier soir, tu t'es endormie dans mes bras, et … tu te réveillais pas. Je voulais pas te laisser sur un toit toute seule. »
Son dernier souvenir était d'avoir trouvé les bras de Chat Noir tellement confortables … C'était un mauvais rêve, n'est-ce pas ?
« Ma Lady … Dis quelque chose. »
Bien sûr que c'était la réalité. Marinette inspira et expira longuement, avant de s'asseoir plus confortablement. Préoccupation actuelle : ne pas faire de crise cardiaque. Chat Noir savait. Bien. Bien. D'accord. Ça devait arriver un jour ou l'autre, n'est-ce pas ? Son partenaire se tortillait sur ses pieds. Marinette tendit la main dans sa direction, et il lui donna une des deux tasses. Ne pas paniquer. Elle se concentra sur la porcelaine brûlante entre ses doigts et souffla sur la fumée. Chat ne disait plus rien. Il avait l'air terriblement embarrassé, et elle devait faire quelque chose pour ça, en premier lieu. Elle l'invita d'un geste à s'asseoir sur le lit, ce qu'il fit aussi sec. Ils étaient deux à être mal à l'aise.
« C'est … »
Elle ne savait pas quoi dire. Le regard de son partenaire était suppliant et terrifié. Elle lui sourit doucement. Comme elle était stupide, de l'inquiéter tant.
« Je ne t'en veux pas, d'accord ? Je devrais plutôt te remercier. De m'avoir ramenée à la maison. Alors merci. Et … je suis désolée. »
Le visage du super héros passa d'inquiet à curieux.
« De quoi est-ce que tu es désolée, Princesse ?
— De … de tout ça. Je veux dire, je suis … ça doit être décevant pour toi, non ?
— Mais enfin, de quoi est-ce que tu parles ?
— À ton avis, Chat ? Je parle de moi ! Je suis juste Marinette, simplement Marinette, la maladroite, la décevante, juste …
— Tu rigoles ? Tu es ma Princesse, ma Lady décevante, tu ne seras jamais décevante. C'est toi qui seras déçue, quand … Est-ce que tu veux savoir ?
— Quoi ?
— Mon identité. C'est un peu injuste, que je sois le seul à savoir, non ?
— Écoute Chat … J'ai besoin de temps pour y penser, d'accord ?
— Bien sûr.
— Je … je ferais mieux d'aller en cours.
— Non. Tu dois te reposer. J'ai dit à tes parents que tu as été impliquée dans l'attaque d'hier, que tes blessures avaient été soignées mais que tu avais besoin de repos.
— Et ils ont avalé ça ?
— Bah, tu sais, venant d'un héros, ils étaient prêts à croire presque tout. C'est l'avantage du costume. Tu dois avoir faim. Tu veux que je t'apporte quelque chose ?
— Chat, je peux encore me lever et aller chercher un croissant.
— Un croissant, donc ? Je suis là dans une seconde. »
Marinette leva les yeux au ciel, mais décida de le laisser faire. Il avait sans doute besoin de se rendre utile, pour compenser l'inquiétude et la culpabilité d'avoir découvert son identité. Quand il revint, ils discutèrent un long moment. C'était bien plus facile que ce que Marinette aurait cru. Elle se sentait à l'aise avec Chat Noir. Il était son partenaire, après tout. Elle lui demanda s'il n'allait pas avoir des problèmes, lui, s'il séchait les cours, mais il lui avait assuré être passé chez lui ce matin pour se faire porter pâle. Il avait de même ajouté que tous les problèmes du monde s'effaçaient face au sourire de sa Lady. Il était seize heures passées quand on frappa à la chambre de Marinette. Chat Noir n'eut pas le temps de s'enfuir que déjà, une silhouette pénétrait la pièce. Ils s'étaient attendus à voir Sabine ou Tom, qui étaient déjà au courant de la présence du héros, mais ce fut Luka qui entra, un sac sur l'épaule et l'étui de sa guitare sur le dos. Il repéra assez vite Marinette et lui sourit doucement, avant de remarquer l'autre garçon, figé. Chat Noir fit un sourire gêné en réponse à l'étonnement de l'adolescent, et Marinette voulut s'enfouir sous sa couette.
« Chat Noir ? »
Marinette balbutia un début de discours incompréhensible, qui fit rire Luka.
« Pardon, je dérange ? Sabine m'a dit de monter … Je voulais juste, euhm … Juleka m'a dit que tu n'étais pas venue en cours, et comme j'étais un peu inquiet –
— Elle est entre de bonnes mains. »
Chat Noir était presque froid, ce qui surprit beaucoup Marinette.
« Chat ! Merci de t'inquiéter, mais ça va. J'ai, euhm, été blessée hier soir pendant l'attaque, mais tout va bien ! J'avais juste besoin de récupérer un peu. C'est Chat Noir qui m'a ramené à la maison, et il est juste venu vérifier que tout allait bien. »
Adrien était divisé. Il pouvait aller dans le sens de Marinette pour protéger leurs identités à tous les deux, ce qui était la chose la plus sage à faire. Mais il pouvait aussi dire qu'il voulait rester avec Marinette encore un peu, et faire disparaître le garçon qui tentait peu subtilement de flirter avec sa Lady. Il ouvrit la bouche. Le regard de sa partenaire le glaça.
« Oui. J'allais partir. »
Il salua brièvement les deux amis avant de sortir par la fenêtre et de disparaître sur les toits. Luka et Marinette se regardèrent un long moment, l'une trop embarrassée et l'autre trop surpris pour prendre la parole. Ce fut Luka qui réagit en premier, ouvrant son sac pour en sortir plusieurs feuilles.
« Tiens. On a fait des photocopies du cahier de Juleka. »
Elle eut un sourire en coin.
« Génial. Je me demandais ce qu'allait devenir ma vie sans ce cours de Chimie. »
Luka rit doucement comme Marinette quittait son lit et la mezzanine pour le rejoindre. Curieux, il examinait la chambre, plus bordélique que jamais. Il repéra rapidement la chemise bleu électrique à côté de la machine à coudre, et s'en approcha.
« C'est mon costume ?
— Il est pas fini ! Je suis désolée, je fais au plus vite.
— Je te fais confiance. Je peux ? »
Il désignait l'ébauche de vêtement du doigt et Marinette ne put qu'acquiescer. C'était loin d'être un travail fini. Elle avait choisi de prendre un patron simple et l'avait modifié. Elle avait finit les manches, et toutes les parties étaient découpées, rattachées entre elles par des épingles à nourrice. Le tissus était souple et mat, très simple mais d'une belle couleur, et elle avait pris la liberté de broder quelques motifs en laine noir sur le bas de l'ouvrage. La chemise serais longue, et devrais arriver environ à mi-cuisse. Elle espérait qu'il ne trouverait pas ça trop féminin. Mais s'il voulait bien le porter, et qu'elle réussissait à terminer dans les temps, ça lui irait forcément bien.
« C'est … Waouh. Tu as avancé tellement vite. Je suis impressionné. Ça va être parfait. »
Elle n'en était pas aussi sûre que lui, et secoua la tête comme pour écarter le sujet.
« Donc … Chat Noir ? »
Finalement, elle voulait bien revenir au sujet de la chemise.
« Il t'a ramenée ici ?
— Oui. Enfin, je ne m'en souviens pas vraiment. Je dormais.
— Jagged Stone, Adrien Agreste et maintenant Chat Noir … Marinette, tu attires les célébrités. »
La jeune fille ne savait pas comment prendre cette remarque. Est-ce qu'il sous-entendait qu'elle avait des rapports intéressés avec des gens célèbres ? Non, ça n'était pas son genre de sauter aux conclusions. Et s'il avait pensé ça d'elle, il ne chercherait certainement pas sa compagnie. Elle décida de sourire.
« Et enfin Luka Couffaine. Que de grands noms. »
Il reposa le vêtement en construction et s'approcha de Marinette, pour poser une main sur sa joue.
« Je suis content que tu ailles bien. J'étais inquiet. »
Luka s'était attendu à beaucoup de choses, mais pas à ce qu'elle fronce les sourcils en tonnant :
« Non mais ça va bien à la fin ? Je suis pas en sucre, mince ! J'ai pas besoin de gardes du corps ! »
Les yeux du garçon s'écarquillèrent, et il murmura :
« Mais enfin, je n'ai jamais dit ça …
— Mais on dirait que tu le penses ! Enfin, non, c'est … Pardon. Juste, ne t'inquiète pas, d'accord ? C'est plus un poids qu'autre chose. »
Luka grimaça, sensiblement blessé. Il aurait cru que son attention ferait plaisir à la jeune fille. Mais peut-être qu'elle avait raison. Peut-être qu'il la sous-estimait en la traitant comme ça. Pourtant, il la savait forte et courageuse. Elle lui offrit un sourire un peu dépité avant de remettre de l'ordre dans son bureau pour se donner contenance. Une pensée la frappa et elle pivota vivement pour le regarder.
« Pardon. Je n'ai pas pensé, tu veux quelque chose à boire ? À goûter ? »
Avant même que Luka aie pu répondre, elle avait filé, laissant le garçon dans la chambre. Se trouvant l'air stupide à rester planté comme un piquet, il s'assit sur la banquette remplie de coussins. Juleka lui avait décrit la chambre de Marinette comme un temple à Adrien Agreste, mais il était heureux de voir que sa sœur l'avait trompé. Il vit effectivement plusieurs affiches du mannequin – trois, exactement – mais rien qui lui parut scandaleux. À dire vrai, il y avait plus d'affiches de Jagged Stone et autres groupes de musique. Il en connaissait une bonne moitié, et le reste le rendait curieux. Il y avait aussi quelques affiches de film, des photos de ses amis, ou de sa famille, des dessins et croquis. C'était une chambre d'adolescente, en somme, ça n'avait rien d'effrayant.
Par réflexe, il sortit la guitare de son étui pour y jouer quelques notes. Il n'avait aucune raison de l'amener ici, mais il avait pris l'habitude de toujours l'avoir avec lui. Alors qu'il commençait à marmonner sur quelques accord, Marinette déboula dans la chambre, un plateau beaucoup trop rempli dans les bras. Il reposa sa guitare aussi sec pour l'empêcher de faire tomber une tasse. Il se demanda une seconde si c'était ce genre de comportement qui agaçait la jeune fille, mais en voyant son sourire reconnaissant et gêné se dit que non.
« Je suis désolée, je savais pas ce que tu voulais alors j'ai pris un peu de tout. Alors il y a des muffins à la myrtille, une viennoise au chocolat, une tartelette au citron et un éclair au café. J'ai fait du thé. À moins que tu n'aimes pas le thé ? Je peux aller chercher du café. Ou du soda. Ou quelque chose.
— Du thé, c'est très bien. »
Il faillit lui conseiller de ne pas se surmener, si elle était encore fatigué, mais ravala ses mots. Elle dégagea un espace dans le bazar ambiant pour qu'ils puissent s'installer avant de s'exclamer :
« Oh, mais je te retiens ici, tu avais peut-être des choses à faire ! »
C'était tellement Marinette, de n'y penser que maintenant. Il était heureux de voir qu'elle était aussi énergique qu'à l'accoutumée.
« Non, rien. Enfin, rien de mieux que toi, en tout cas. »
La brune rougit en marmonnant des paroles incompréhensibles et servit les deux tasses de thé. Marinette ne répondait jamais vraiment aux tentatives de flirt de Luka, et il ne savait pas quoi en penser. Elle ne le rejetait pas, mais ne l'encourageait pas non plus. Au début, il avait pensé qu'elle était simplement timide, puis quelque chose l'avait frappé. Elle n'avait pas l'air de le prendre au sérieux. Il s'était dit que s'il persévérait elle comprendrait avant de réaliser : elle n'avait pas assez confiance en elle pour bien vouloir le croire. Alors tout ce qu'il pouvait faire, c'était attendre encore un peu avant une déclaration en bonne et due forme. Pendant le concert. Et en attendant, il pouvait encore la faire rougir.
Si on avait demandé à Luka, il aurait dit que le rougissement de Marinette était proche de celui d'une plante carnivore. Sublime, vive, avec cet air tellement, tellement bon et simple, elle n'avait même pas besoin de se peiner pour attirer dans ses filets toutes les mouches du coin. Et il se comptait dedans. Mais ça ne le dérangerait pas, que cette fille le dévore.
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Et voici pour la première partie ! Qu'en avez-vous pensé ?
La suite viendra d'ici la semaine prochaine, je pense. Pour l'instant j'ai que 2k mots dessus, mais avec le NaNo je suis obligée d'écrire donc ça devrait pas être trop long.
Merci d'avoir lu et à bientôt !