Je ne sais pas trop quoi dire en guise d'introduction à cette histoire, j'ai déjà fini de l'écrire, elle fait un total de cinq chapitres pour cinquante milles mots, j'en posterai un chaque vendredi pendant un mois. C'est une histoire triste et sombre, j'en déconseille la lecture aux âmes sensibles.

Le matériel de base est tiré de Harry Potter, tout le monde s'en doute, mais il est de bon ton de le rappeler.

J'espère qu'elle vous plaira autant que j'ai aimé l'écrire.

Lord OGM


— Le champion de Poudlard, annonça Dumbledore, est Cédric Diggory !

Des acclamations assourdissantes s'élevèrent de la table des Poufsouffle. Ils s'étaient levés d'un bon, hurlant et tapant des pieds, tandis que Cédric, avec un grand sourire, se dirigeait vers la porte située derrière la table des professeurs. Les applaudissements en son honneur se prolongèrent si longtemps que Dumbledore dut attendre un bon moment avant de reprendre la parole.

– Excellent ! s'exclama Dumbledore d'un air joyeux, quand le vacarme eut pris fin. Nous avons à présent nos trois champions. Je suis sûr que je peux compter sur chacune et chacun d'entre vous, y compris les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons, pour apporter à nos champions tout le soutien possible. En encourageant vos champions, vous contribuerez à instaurer...

Mais Dumbledore s'arrêta soudain de parler et tout le monde vit ce qui l'avait interrompu.

Le feu de la Coupe était redevenu rouge. Des étincelles volaient en tous sens et une longue flamme jaillit soudain, projetant un nouveau morceau de parchemin. D'un geste qui semblait presque machinal, Dumbledore tendit la main et attrapa le parchemin entre ses longs doigts. Il le tint à bout de bras et lut le nom qui y était inscrit. Un long silence s'installa, pendant lequel il continua de fixer le parchemin, tous les regards tournés vers lui.

Enfin, Dumbledore s'éclaircit la gorge et lut à haute voix :

— Harry Potter !

Un silence pensant s'installa dans la grande salle alors que tout le monde tournait la tête en direction de la table des Gryffondors. Harry s'y tenait, la bouche à moitié ouverte, les yeux exorbités.

Ses plus proches voisins étaient Neville, Ron et Hermione. Ils le regardaient avec appréhensions, ne sachant pas comment réagir.

— Vas-y Harry, proposa finalement Néville, tu ne peux pas rester ici.

— Je n'ai pas mis mon nom dans la coupe, le prévint le dernier des Potter.

— Je sais, répondit Néville avec calme et confiance. Mais il faut que tu y ailles pour comprendre de ce qu'il en retourne.

Le garçon avait du mal à respirer, il n'avait pas l'habitude d'être le centre de l'attention d'une salle partagée entre la curiosité et l'hostilité.

— Harry Potter ? Répéta-t-il. Harry ! Venez ici, s'il vous plait.

— Vas-y, murmura Neville en le poussant légèrement.

Harry se leva, se prit les pieds dans l'ourlet de sa robe de sorcier et trébucha légèrement. Puis il s'avança entre les tables de Gryffondor et de Poufsouffle. Il eut l'impression de parcourir une distance interminable. La table des professeurs lui paraissait inaccessible et il sentait des centaines de regards posés sur lui, comme des faisceaux de projecteurs. Le bourdonnement des murmures augmentait en intensité à chacun de ses pas, il lui sembla avoir marché une heure avant qu'il ne se retrouve enfin devant Dumbledore. Les yeux de tous les professeurs étaient fixés sur lui.

— Dans la pièce voisine, Harry, fit Dumbledore sans le moindre sourire.

Harry longea la table. Hagrid était assis tout au bout, et contrairement à d'habitude, ne lui adressa aucun signe, ni geste de la main, ni clin d'œil. Il avait l'air abasourdi et se contenta de le regarder passer comme les autres. Harry ouvrit la porte et se retrouva dans une pièce beaucoup plus petite, dont les murs étaient recouverts de portraits des représentants des sorcières et des sorciers. Face à lui, un magnifique feu de bois ronflait dans la cheminée.

Les visages peints sur les tableaux se tournèrent vers lui pour le regarder. Il vit une vieille sorcière desséchée sortir de son cadre et se rendre dans celui d'è coté où elle murmura quelque chose à l'oreille d'un sorcier avec une grosse moustache de morse.

Viktor Krum, Cedric Diggory et Fleur Delacour s'étaient regroupés autour du feu. Leurs silhouettes qui se détachaient contre les flammes avaient quelque chose d'étrangement impressionnant. Krum, le dos voûté, l'air maussade, était appuyé contre le manteau de la cheminée, légèrement à l'écart des deux autres. Cedric, les mains derrière le dos, contemplait le feu. Fleur Delacour se retourna lorsque Harry entra et rejeta en arrière son long voile de cheveux blond argenté.

– Bon, alors, qu'est-ce qui se passe, maintenant ? dit-elle. Il faut revenir dans la salle, ou quoi ?

Apparemment, elle pensait qu'il était venu leur transmettre un message. Harry ne savait comment expliquer ce qui venait de se produire. Il se contenta de rester là, immobile, à regarder les trois champions. Il fut alors frappé de voir qu'ils étaient tous les trois très grands.

Il y eut derrière eux un bruit de pas précipités et Ludo Verpey entra dans la pièce. Prenant Harry par le bras, il l'entraina vers la cheminée alors que le garçon faisait son possible pour s'arracher à cette étreinte indésirable. Il n'aimait pas les contacts physiques.

Il baragouina quelque chose qui ne parvint pas aux oreilles de Harry qui était toujours occupé à se défaire de sa poigne de fer. Les paroles de l'homme firent réagir la Française qui eut une réplique cinglante.

— Le nom de Harry vient de sortir de la Coupe de Feu !

Krum avait les sourcils légèrement froncés, Cédric présentait une expression de stupéfaction polie. Fleur était choqué :

– Mais enfin ! C'est insensé, il doit y avoir une erreur. Qu'est-ce que c'est que cette organisation ? fustigea-t-elle Verpey d'un ton supérieur qui rappela à Harry la voix de tante Pétunia. C'est impossible, ce garçon est beaucoup trop jeune !

– Nous sommes tous très étonnés, répondit Verpey en se caressant le menton et en souriant à Harry. Mais, comme vous le savez, la règle de l'âge minimum n'a été instituée que cette année, par mesure de sécurité. Et comme son nom est sorti de la Coupe... Je pense qu'à ce stade, il n'est plus possible de reculer... C'est dans le règlement, on est obligé de... Harry n'a plus qu'à faire de son mieux pour...

La porte s'ouvrit à nouveau derrière eux et plusieurs personnes entrèrent dans la pièce : le professeur Dumbledore, suivi de près par Mr Croupton, puis le professeur Karkaroff, Madame Maxime, le professeur McGonagall et enfin le professeur Rogue. Harry eut le temps d'entendre le brouhaha qui résonnait dans la Grande Salle avant que le professeur McGonagall ne referme la porte.

– Madame Maxime ! s'exclama aussitôt Fleur en se précipitant vers sa directrice. Ils viennent de nous dire que ce petit garçon allait participer au tournoi ! Vous vous rendez compte ? C'est insensé !

Malgré son état de choc, Harry sentit monter en lui une bouffée de colère. Il n'était pas un petit garçon ! Pour le prouver, il s'arracha d'un coup sec à l'étreinte de Ludo Verpey et s'éloigna de lui d'un pas avec un regard méchant et méfiant.

Madame Maxime s'était redressée de toute son immense taille. Le sommet de sa tête frôla le lustre garni de chandelles qui était suspendu au plafond et sa gigantesque poitrine recouverte de satin noir enfla démesurément.

— Dumbledore, pouvez-vous me dire ce que signifie cette plaisanterie ? demanda-t-elle d'un ton impérieux.

— J'aimerais bien le savoir également, Dumbledore, ajouta le professeur Karkaroff.

Il avait un sourire figé et ses yeux bleus ressemblaient à deux glaçons, Harry se méfia de lui.

Ils se prirent la tête entre directeurs à propos des respects des règles, montant dans les tons alors qu'Harry reculait légèrement, désireux de passer inaperçu. Sa retraite fut rapidement bloquée par le feu qui lui lécha la main gauche, le faisant glapir de surprise et attirer l'attention sur lui.

— Harry, est-ce que tu as mis ton nom dans la Coupe de Feu ? demanda Dumbledore d'un ton très calme.

— Non, répondit Harry.

Il sentait les regards posés sur lui. Rogue laissa échapper une expression d'incrédulité mêlée d'agacement.

— As-tu demandé à un élève plus âgé de déposer ton nom à ta place dans la Coupe ? interrogea le professeur Dumbledore, sans prêter attention à Rogue.

— Non, murmura doucement Harry.

— Enfin ! C'est insensé Dumbledore, ce garçon ment ! s'écria Madame Maxime.

Harry lui lança un regard noir, sur le moment, il la détesta autant que Rogue et c'était peut dire. Le professeur de potions avait à présent les lèvres pincées, il hochait la tête. Un secours inespéré lui vint du professeur McGonagall :

— Il n'aurait pas pu franchir la Limite d'Age, nous sommes tous d'accord là-dessus.

— Peut-être que Dumbledore a commis une erreur en la dessinant, répliqua Madame Maxime.

— C'est possible, bien sûr, admit poliment le directeur.

Harry vit pourtant dans ses yeux qu'il ne croyait pas le moindre mot qu'il venait de prononcé. Albus Dumbledore avait repoussé Grindelwald puis Voldemort, il n'aurait pu se tromper sur un simple enchantement tracé pour repousser quelques élèves courageux ou téméraires fonctions de l'acception qu'on leur portait.

Minerva tenta une fois de plus de venir protéger son étudiant, mais personne ne l'écouta et Karkaroff interrogea les juges, leur demandant de faire preuve de leur impartialité quant à la question.

Verpey épongea son visage rond et juvénile avec un mouchoir et regarda Mr Croupton qui se tenait à l'écart du cercle de lumière que diffusaient les flammes de la cheminée. Il était caché dans l'ombre. Il avait un air un peu inquiétant et paraissait plus âgé dans la demi-obscurité qui donnait à son visage l'apparence d'une tête de mort. Lorsqu'il prit la parole, ce fut du même ton cassant qu'à l'ordinaire :

— Nous devons respecter les règles, dit-il, et les règles indiquent clairement que les candidats dont les noms sortent de la Coupe de Feu doivent participer au tournoi. La Coupe de Feu est un très puissant artefact, si l'on déroge à ses ordres les conséquences seront funestes pour chacun des champions !

— Vous pouvez le croire, Barty connait le règlement par cœur, dit Verpey le visage rayonnant en se tournant vers Karkaroff et Madame Maxime comme si le débat était clos.

Harry quant à lui, avait de nouveau du mal à respirer alors qu'il comprenait de quoi il en retournait. Il allait devoir participer à un tournoi qui avait été annulé en raison du trop grand nombre de morts qu'il avait provoqué, alors qu'il était seulement en quatrième année. Il allait se faire massacrer.

— S'il y a quelqu'un qui devrait se plaindre, c'est Potter ! rugit Maugrey qui était resté silencieux jusque-là. Mais c'est bizarre, il est le seul que je n'entende pas parler.

– Enfin, c'est insensé ! De quoi se plaindrait-il ? s'écria Fleur Delacour en tapant du pied. Il a la chance de pouvoir concourir ! Pendant des semaines, nous avons tous espéré qu'on nous choisirait ! Pour être l'honneur de notre école ! Et pouvoir en plus gagner mille Galions... Il y en a qui seraient prêts à mourir pour ça !

– Quelqu'un espère peut-être que Potter va en mourir, en effet, dit Maugrey, d'une voix qui n'était plus qu'un grondement.

Un silence tendu suivit ses paroles, Harry avait envie de vomir. Il se sentait plus effrayé que face au basilique en seconde année. Il perdit à nouveau le fil de la conversation alors qu'il se serrait le bras gauche, sous sa chemise blanche, il sentait les plissements de sa peau, là où les crocs du serpent avaient déchiré la chair de son bras.

Il se rappela le regard fou de Quirrell en première année, ses hurlements alors que son visage se consumait. Il se rappela la peur de Jedusor alors qu'il pourfendait son journal. Il se rappela les cris de James et les supplications de Lily :

Je ne veux pas mourir !

Il se força à se calmer afin de ne pas alerter les adultes, mais ses jambes tremblaient, s'il n'avait pas porté de pantalon, on aurait sans doute pu entendre ses genoux s'entrechoquer.

— Harry ! appela Verpey, tu m'écoutes mon garçon ? La première tâche aura pour but de mettre votre audace à l'épreuve, poursuivit-il en s'adressant à Harry, Cedric, Fleur et Krum. Nous ne vous dirons donc pas à l'avance en quoi elle consistera. Le courage face à l'inconnu est une qualité très importante pour un sorcier... Très importante... Cette première tâche se déroulera le 24 novembre, devant les autres élèves et devant le jury. Les champions n'ont pas le droit de demander ou d'accepter une quelconque aide de leurs professeurs. Ils affronteront la première épreuve armés seulement de leur baguette magique. Lorsque la première tâche sera terminée, des informations concernant la deuxième tâche leur seront communiquées. Compte tenu du temps et de l'énergie exigés par les diverses épreuves du tournoi, les champions seront dispensés de passer les examens de fin d'année.

Le retour dans les dortoirs fut silencieux, Cédric lui ayant juste demandé comment il avait mis son nom dans la Coupe de Feu, ce à quoi Harry avait répondu qu'il n'avait rien fait. Il se perdit légèrement en chemin, peu concentré sur sa destination et rencontra le fantôme des Poufsouffle, le Moine Gras.

— Voici donc l'étudiant qui vole la renommée de ma Maison, Mr Potter j'attendais beaucoup mieux de vous.

Harry le regarda à peine, il avait bien assez à faire avec les vivants pour s'occuper de l'avis des morts.

Dans la salle commune, une petite fête battait son plein, les jumeaux Weasley se précipitèrent vers lui pour le bombarder de questions :

— Comment tu as fait Harry pour mettre ton nom dans la Coupe ? demanda Fred avec curiosité

— Tu vas tellement les éclater, affirma George avec un grand sourire. J'espère que vous aurez des basiliques à affronter, comme ça tu leur donneras une bonne leçon !

— Oui, affirma Angelina. Je suis contente que tu sois sélectionné Harry, je suis un peu déçue que ce ne soit pas moi, mais au moins tu es de Gryffondor.

Dans la salle, tout le monde applaudissait, on avait ramené des cuisines quelques gâteaux et apéritifs, il y avait même une bouteille de Whisky Pur-Feu qui tournait parmi les plus âgés. Harry se demanda un bref instant s'il pouvait la prendre pour se donner du courage.

Katie Bell dut suivre son regard car elle l'attira d'un geste de baguette et en but une rasade au goulot avant de lui tendre :

— Allez Harry, t'es un homme maintenant, cul sec !

Les étudiants autour se mirent à scander pour qu'il boive, Lee Jordan avait réussi à se dégoter une bannière aux couleurs de la maison et en avait drapé Harry. Légèrement impressionné, le jeune garçon accepta la bouteille qui lui était offerte et fermant les yeux, il en prit une grande gorgée. L'alcool lui brûla la bouche et la gorge, il dut se retenir de tousser mais ne put s'empêcher de grimacer. C'était la première fois qu'il buvait autre chose que de la Bièreaubeure.

On le harassa de questions pendant toute la fin de soirée jusqu'à ce qu'il réussisse à s'éclipser, quand les jumeaux commencèrent à ne plus vraiment faire attention à ce qui les entouraient, ils ne marchaient plus très droit d'ailleurs.

Dans les dortoirs, il retrouva Ron qui ne lui adressa pas un regard, Seamus était déjà couché. Néville, son meilleur ami, ne tarda pas à rejoindre la chambre.

— Harry, tu as mis ton nom dans la coupe ?

— Non, répondit le dernier des Potter avec un mélange d'exaspération et de peur.

— Tu sais qui l'a fait ?

— Non, tu me crois ?

— Si tu me le dis Harry, je te crois. Qu'est-ce que l'on va faire maintenant ?

Harry regarda son ami, Néville était plus grand que lui d'une bonne tête, plus large et plus costaud. Il avait le visage rond et quelques boutons sur le front, il était en pleine adolescence.

— Survivre ? Demanda-t-il d'une petite voix. J'ai peur.

— Je sais Harry, tu crois que c'est Tu-Sais-Qui ?

— Il n'a plus de pouvoir, il est perdu dans une forêt au fin fond de la Roumanie… Je ne vois pas comment ça pourrait être lui.

— C'est ce que tout le monde disait, mais il a déjà réussi à rentrer dans l'école en première année, Harry il ne faut pas sous-estimer Tu-Sais-Qui.

Harry et Néville se regardèrent avec appréhension, ils avaient déjà rencontré Voldemort. Quatre fois pour Harry et trois fois pour Néville. Harry l'avait rencontré à l'âge d'un an, il n'en gardait que le souvenir du meurtre de ses parents, puis les deux garçons l'avaient découvert entrain de rôder dans la Forêt Interdite, puis accroché à la tête de Quirrel et enfin, un an plus tard, en tant qu'émanation issue d'un journal.

— Tu crois que c'est lui ? Demanda Harry, il était maintenant au-delà de la peur.

— J'en suis certain Harry, ce tournoi est dangereux, il va essayer de te tuer. La Coupe est un Artefact très ancien, il remonte à l'époque romaine de ce que j'en ai lu. Il a été créé pour enseigner aux jeunes sorciers que quiconque cherche la gloire s'engage sur un chemin fait de peurs, de douleurs et de sacrifices. Il est là pour rappeler au plus téméraire qu'il est parfois plus prudent de ne pas s'engager dans des choses qui les dépasses. La Coupe a tué de nombreux enfants, toujours devant un grand public, afin d'enseigner cette leçon au plus grand nombre…

— Mais je ne cherche pas la gloire moi, protesta Harry.

— Tu es lié à la Coupe, elle n'est pas juge de tes intentions, mais elle fera tout pour te tuer…

Le cœur d'Harry manqua un battement, comme si un détraqué qui voulait le tuer depuis son enfance ne suffisait pas. Il fallait en plus qu'il ajoute à la liste de ces ennemis un vieil artefact poussiéreux que quelques idiots en manque de sensations fortes avaient sortis de leurs débarras afin de faire concourir des enfants pour le spectacle.

— Je vais aller dormir, merci de me croire Néville.

— C'est normal Harry, les amis c'est fait pour se soutenir, même lorsque tout va mal.

— Bonne nuit.

— A toi aussi Harry, lui répondit Néville avec un sourire circonspect, comme s'il savait qu'Harry ne pourrait faire que des cauchemars cette année-là.

oOo La Malice d'une Coupe oOo

Le lendemain fut une journée normale, elle eut pour Harry un gout de seconde année mais cette fois-ci, sa maison faisait bloc derrière lui contre les autres maisons de Poudlard. Les Serpentards ricanaient, insultaient, les Serdaigles cancanaient et les Poufsouffles le regardaient froidement.

Il fut accosté par Malfoy qui était entouré de Crabbe et Goyle. Le Malfoy tenait à la main un petit carnet et un plume et s'adressa à Goyle d'une telle façon que toute la Grande Salle put l'entendre :

— Les amis, il faut se dépêcher d'obtenir un autographe d'Harry Potter, c'est les derniers qu'il pourra donner. Il ne tiendra même pas dix minutes dans ce tournoi ! La moitié des champions du Tournois des Trois Sorciers sont morts pendant les épreuves après tout, et c'était tous des sorciers accomplis ! Qu'est-ce qu'Harry minable Potter va bien pouvoir y faire ? Pleurer pour avoir de l'aide ? Se cacher derrière un caillou, invoquer Neville Londubat afin qu'il trouve une solution à ses problèmes ? Vous imaginez vous ? Harry et Néville, les deux presque Cracmols de notre promotion, entrain d'affronter un dragon ?

Il y eut de nombreux rires, mais Malfoy s'arrêta là car le professeur McGonagall s'était levée à la table des professeurs et s'approchait rapidement. Harry ne resta pas à table bien longtemps, et il se dépêcha de rejoindre le cours qu'il aurait avec Hagrid ce matin-là.

En milieu de journée, il remarqua les premiers badges que portaient certains étudiants : « Soutenons Cédric, le vrai Champion de Poudlard ! » D'un coup de baguette magique, on pouvait le transformer et il devenait un « A bas Potter ». Il n'y préta pas attention, mais le soir même, en allant se coucher, Harry s'imagina face à un dragon.

Il n'arriva pas à fermer l'œil de la nuit, chaque fois il finissait soit brûlé, dévoré, écrasé, ou humilié car incapable de quitter son abri.

Le lendemain, c'est Néville qui le réveilla en lui secouant l'épaule. Harry avait de grands cernes noirs.

— Mal dormi ? demanda le garçon avec gentillesse.

— Oui, très mal, et toi ?

— Ca va, ça va, mais je ne suis pas le sujet d'inquiétude. Une idée de ce que sera la première tâche ?

— Tout, je prends tout ce qui passe tant que ce n'est pas un dragon.

Au même moment, dans la Grande Salle, la couleur de la Coupe de Feu se changea et elle cracha un simple parchemin que Dumbledore attrapa avec regret.

« Chaque participant devra voler un œuf d'or à un Dragon. »

oOo La cérémonie des Baguettes oOo

Le vingt-trois Novembre arriva rapidement, trop rapidement au goût d'Harry. Il se trouvait en cours de potion avec Neville, ils travaillaient sur un antidote et Rogue et les Serpentards faisaient tout leur possible pour les déconcentrer. Harry avait dû empêcher à plusieurs reprises qu'un œil de grenouille, lancé par Malfoy, ne tombe dans son chaudron.

Rogue avait bien fait comprendre à Harry au début de la leçon, qu'il serait empoisonné afin de tester son propre antidote. Ses gestes étaient saccadés depuis, et il prêtait une attention importante au contenu de son chaudron. A côté de lui, Neville n'en menait pas large non plus, il avait toujours eu peur de Rogue, c'était après tout, la forme de son Épouvantard.

Des coups frappés à la porte de la salle de potion interrompirent les pensées moroses d'Harry.

C'était Colin Crivey, le petit garçon blond qui le suivait partout avec un appareil photo. Il se glissa dans la classe, en adressant un grand sourire à Harry, et s'avança vers le bureau de Rogue.

— Oui ? dit sèchement celui-ci.

— Monsieur, s'il vous plait, je dois emmener Harry Potter en haut.

Rogue baissa les yeux vers Colin dont le sourire disparut aussitôt, lui aussi avait peur du professeur de potions.

— Potter doit suivre mon cours, répliqua Rogue avec froideur. Il ira là-haut à la fin de la classe.

Le teint de Colin devint rosé et il balbutia une réponse :

— Monsieur, … c'est Mr Verpey qui veut le voir. Tous les champions doivent y aller, je crois qu'ils veulent prendre des photos…

Harry aurait bien donné son Eclair de Feu si cela avait pu empêcher Colin de prononcer ces derniers mots. Il regarda Neville qui le regardait avec un sourire moqueur, et du côté des Serpentards, Malfoy ricanait.

— Très bien, très bien, dit Rogue d'un ton sec. Potter, laissez vos affaires ici, je veux que vous reveniez tout à l'heure pour tester votre antidote.

— Heu… Monsieur, s'il vous plait, il faut qu'il prenne ses affaires, couina Colin. Tous les champions….

— Très bien, coupa Rogue. Potter, prenez votre sac et disparaissez de ma vue !

Ils voyagèrent en silence, Harry n'avait jamais été le plus bavard des Gryffondor et Colin sentait bien que son camarade était tendu. Il retint donc son babillage et l'abandonna devant une petite salle de classe. Harry resta devant pendant quelques instants, afin de se composer une attitude calme et digne, il allait se retrouver devant la Française qui le regardait toujours de haut et cela commençait à l'énerver légèrement.

Il avait affronté un troll, échappé à un cerbère, repoussé Voldemort trois fois, confronté un basilique et fait fuir une légion de détraqueurs, il n'était plus un petit garçon.

Il poussa finalement la porte et entra dans la pièce, tout le monde était déjà là, il était en retard. Madame Maxime était proche de son élève, elle lui parlait en français et Harry ne comprit rien. Krum et Karkaroff lui lancèrent un regard froid, Cédric lui fit un petit signe de la main avec un sourire. Harry lui renvoya une mimique tendue, il ne comprenait pas la gentillesse du jeune homme. Cédric était grand, beau, intelligent, doué et très aimé par tout le collège, il était le véritable champion de Poudlard, pourquoi se comportait-il si gentiment avec lui ?

— Bien, commenta Verpey en le voyant entrer, nous sommes désormais tous rassemblés nous allons donc pouvoir commencer l'examen des baguettes magiques ! Après cela, Rita Skeeter, une journaliste qui nous fait l'honneur de sa présence pour couvrir l'évènement, fera passer une petite interview à nos champions et prendra une photo d'eux qui fera la couverture de la Gazette du Sorcier. Cela vous convient-il Rita ? Je suis désolé, on devait faire les interviews avant la cérémonie, mais vu le retard de Mr Potter, nos plans ont été un peu chamboulé et Mr Ollivander ici présent également a d'autres obligations.

— Cela me convient parfaitement Ludo, je sais bien que les agendas de tout le monde sont chargés, pour ma part attendre avec vous un quart d'heure de plus n'est absolument pas un désagrément.

Harry découvrit une sorcière d'âge mur, elle était blonde, plutôt jolie si ce n'était son étrange tailleur multicolore. Elle semblait tout droit sortie des années soixante, elle portait une paire de lunettes en écaille. Elle lui fit un grand sourire et un clin d'œil qui provoqua chez le garçon un rougissement. Il détourna les yeux et regarda Mr Ollivander.

Ce dernier semblait aussi fatigué que la première fois qu'Harry état rentré dans son magasin, il avait pourtant l'air content d'être présent. Il avait amené avec lui une petite malle qui était ouverte sur une table de classe. Il y avait son ruban rouge et quelques règles et équerres, ainsi qu'une grosse loupe qui faisait la taille de la tête d'Harry.

— Je propose que nous commencions par Miss Delacour ? Après tout, les dames d'abord ?

La jeune Française lui fit un sourire confiant et s'approcha d'une démarche assurée, elle était toujours sûre d'elle. Harry l'admirait beaucoup, autant que Cédric et Krum. Elle donna sa baguette à Mr Ollivander qui la fit tourner entre ses longs doigts comme un bâton de majorette. Il ne manquait pas d'expérience et Harry se trouva gauche par rapport à ce vieil homme aux doigts noueux. La baguette projeta des étincelles rosées et or.

— Vingt-trois centimètres trois quarts, très rigide… Bois de rose, avec à l'intérieur…. Non, mais…

— Un cheveu de Vélane, dit Fleur. Il appartenait à ma grand-mère.

Ainsi donc, Fleur était en partie Vélane, songea Harry qui se promit de le dire à Néville. Le garçon serait bien heureux de l'apprendre et pourrait inventer un tas d'histoires romantiques. Après tout, une descendante de Vélane embarquée dans un tournoi terriblement dangereux, on tenait un bon scenario. Harry regarda Krum et Cédric, tentant de déterminer lequel des deux champions remporterait le cœur de la belle avant la fin des épreuves. Viktor semblait grognon, vouté et froid, peut être pourrait-il se réchauffer au contact de la jeune fille ? Quant à Cédric, il tenait du chevalier, toujours souriant et courageux, il pourrait franchir n'importe quelle aventure pour secourir la demoiselle.

— Mr Potter ? L'appela Ollivander sous les regards médusés des autres champions, visiblement Harry ne l'avait pas entendu la première fois.

Harry regarda sa baguette, elle était sale et légèrement usée. Elle avait quelques écorchures, certaines dues à son aventure dans la chambre des secrets, elle avait ripé contre le long tuyau qu'il avait dû descendre pour trouver l'antre de Salazar.

Harry se leva et s'avança vers Mr Ollivander à qui il tendit sa baguette.

— Ah oui, commenta le fabriquant de baguette, ses yeux brillant d'un éclat soudain. Oui, oui, oui, je me souviens très bien.

Harry aussi se souvenait, il s'en souvenait même comme si c'était hier. Sa visite chez Mr Ollivander, quatre étés plus tôt, lui avait laissé le souvenir indélébile : Sa baguette était la jumelle de celle du meurtrier de ses parents. Personne n'aurait pu oublier ce genre de détail. Harry n'avait jamais révélé cette particularité à quiconque, et il aurait donné chère pour que Mr Ollivander ne le dise pas à cet instant précis.

Etonnamment, le vendeur de baguette dut s'en rendre compte car il se contenta de la faire tourner légèrement entre ses doigts. Il touchait la baguette avec révérence, il ne jouait pas avec. C'est un détail que tout le monde fut à même de remarquer et il mit Harry mal à l'aise.

— Vous devriez prendre plus soin de votre baguette, Mr Potter. Elle vous aime beaucoup… Vous devriez la laver, il y a du sang de basilique sur la poignée… Fonctionne-t-elle bien ?

Il l'agita un petit peu, faisant jaillir une fontaine de vin avant de la rendre à Harry en déclarant qu'elle était en parfait état.

— Merci à tous, s'introduisit Albus en se levant à la table des juges. Nous allons vous laisser avec Mme Skeeter à présent, vous pourrez aller dîner directement une fois que cela sera fait, les cours seront sans doute terminés.

Harry fut soulagé que cela soit finit, il enfonça sa baguette dans sa poche, un peu plus doucement que d'habitude pour se donner bonne conscience et s'apprêtait à quitter la pièce quand une main attrapa son épaule. Elle était fine, parfaitement manucurée, il soupira intérieurement.

— Harry, commença Rita avec un sourire, je peux t'appeler Harry ? Bien sûr que je peux t'appeler Harry, tu peux m'appeler Rita aussi si tu veux. Est-ce que tu veux bien répondre à quelques-unes de mes questions ? Je n'en aurai pas pour très longtemps.

— Euh… C'est nécessaire ? Questionna-t-il avec timidité. Il faut que j'aille manger.

— Oui c'est nécessaire, et comme je te l'ai dit, ce ne sera pas bien long. Deux trois questions, une photo, et tu pourras rejoindre tes amis à table. J'avais oublié à quel point vous pouviez avoir faim à votre âge.

Elle resserra son emprise sur son épaule et l'emmena un peu à distance, pendant que son photographe discutait avec les autres champions. En s'éloignant, Harry remarqua qu'ils le regardaient avec une nouvelle note de respect, le commentaire de Mr Ollivander à propos du Basilique n'était pas passé inaperçu. Harry remarqua de la méfiance dans le regard de Krum.

— Je vais utiliser une plume à papote, elle écrit par elle-même, comme ça je seraisparfaitement concentré sur mes questions, cela-te convient-il Harry ?

Il donna son accord d'un bref signe de tête, il ne savait pas dans quoi il s'engageait. Il regarda avec curiosité la plume rouge noter quelque chose sur un carnet, bien qu'il soit incapable de lire ce qui était écrit.

— Alors Harry, qu'est-ce qui t'a décidé à participer au Tournoi des Trois Sorciers ?

— Heu, lui répondit succinctement Harry, son attention était distraite par la plume.

Le carnet s'était légèrement décalé et maintenant Harry pouvait lire ce qui était écrit :

Une horrible cicatrice, souvenir d'un passé tragique, défigure le visage par ailleurs charmant de Harry Potter dont les yeux…

— Ne t'occupe pas de la plume, Harry, dit Rita d'un ton ferme.

Harry fronça les sourcils.

— C'est possible d'éviter de parler de la cicatrice, s'il vous plait.

Ce fut au tour de Rita de froncer les sourcils, d'un geste de la main, elle ordonna à la plume de rayer l'introduction.

Harry Potter, jeune garçon de quatorze ans aux yeux verts envoutants se tient devant moi avec confiance et assurance.

— C'est mieux ?

— Un petit peu, confirma Harry avec un sourire timide. Mais je ne crois pas que je sois si confiant, ni rassuré.

— Au moins, tu es honnête Harry… Que dirais-tu de cela :

Harry Potter, jeune garçon de quatorze ans aux yeux verts et envoutants, se tient devant moi pour répondre à quelques questions…

— Ca me semble plus correct, complimenta Harry avec un petit rire. Je ne voudrais pas que les gens se fassent de fausses idées sur moi, expliqua Harry. Tout le monde pense que je suis quelqu'un de courageux et secret, mais ce n'est pas vraiment le cas.

Rita eut un sourire, le plume restant inerte contre le parchemin.

— C'est le lot des grands sorciers Harry, savoir rester humble est une bonne chose. Revenons à nos moutons, que comptes-tu faire maintenant que tu fais parti du Tournoi ? Il semblerait que la question de tes motivations à y participer te dérange, alors passons au-delà.

— Je vais faire de mon mieux pour survivre, on m'a dit qu'il y avait eu beaucoup de morts pendant les épreuves avant qu'il ne soit interdit.

A la question de savoir quels sont ses objectifs pour le tournoi, Mr Potter répond qu'il fera de son mieux pour survivre et l'emporter. Une sorte de revanche sur la vie.

Harry fronça les sourcils mais ne dit rien, il n'avait pas envie de passer pour quelqu'un d'ennuyant auprès de la journaliste qui avait accepté gentiment de revoir son introduction pour lui.

— Comment tes amis prennent-ils le fait que tu sois rentré dans le Tournoi alors qu'eux n'ont sans doute pas réussis à en faire de même ? Y-a-t-il des esprits jaloux ? Je sais qu'une bonne partie de l'école t'a tourné le dos…

— Neville me soutient comme il peut, il a fait plein de recherche sur le Tournoi afin de me donner des informations et on s'est entrainé à lancer quelques sorts de boucliers, on ne sait pas vraiment ce qu'il nous attend lors de la première épreuve, mais j'espère que ce ne sera pas trop dangereux.

— Est-ce que tu te souviens de tes parents Harry ? Penses-tu qu'il serait fière en te sachant engagé dans un tournoi aussi dangereux ?

— Je ne me souviens pas d'eux, répondit doucement Harry avec tristesse. De ce que l'on m'a raconté de mon père, il serait sans doute heureux de me voir participer et ma mère désapprouverait, mais je n'ai aucune certitude là-dessus.

— Est-ce que tu as une petite amie ?

Harry eut un rougissement, il ne s'était jamais intéressé au fille jusqu'alors. Les seules fois qu'il discutait de filles, c'était lorsque les garçons du dortoir les comparaient entre elles. Ron adorait Fleur visiblement, comme Seamus et Dean.

— Je ne me suis jamais vraiment posé la question…

— Peut-être que tu préfères les garçons ? Sans indiscrétion Harry, je t'ai vu regarder Cédric tout à l'heure, il semblerait que tu l'aimes bien, je me trompe ?

Cette fois-ci, Harry resta sans voix, le visage brûlant. Il n'était pas gay, il admirait juste beaucoup l'élève de Poufsouffle.

— On va s'arrêter là Harry, allons rejoindre les autres, sourit Rita avant de l'emmener.

Elle le plaça entre Viktor et Cédric, Fleur était assise en amazone sur une chaise, elle souriait avec agacement au photographe qui avait déjà pris plusieurs photos d'elle. Il y eut un flash lumineux, et les deux journalistes s'en allèrent avec quelques signes de main, laissant les quatre champions seuls pour la première fois depuis le début de l'année.

— Harry, commença Cédric. C'est quoi cette histoire de sang de basilique ? C'était ça le monstre qui hantait le château ?

— Oui, répondit gentiment Harry avec quelques rougeurs sur les joues, il se souvenait des questions de Rita et se sentait mal à l'aise face au garçon qui était beaucoup plus grand que lui.

Fleur se releva, elle épousseta sa robe, le regardant à la dérobé alors que Viktor avait du mal à comprendre. Il fit par poser une question :

— Tu as tué un basilique ? Comment-tu as fait ça ? Il y a deux ans, tu devais être en deuxième année, non ?

Harry eut un sourire timide et regarda vers la porte, il était un peu intimidé par les trois étudiants. Ils étaient les champions de leurs écoles, les meilleurs sorciers que Poudlard, Beauxbâtons et Durmstrang avaient à proposer. Il se sentait comme un imposteur et commença à reculer.

— J'ai été aidé, Neville était avec moi.

— Neville ? Demanda sans comprendre Cédric. Mais il sait à peine faire de la magie !

— Qui est-ce ? demanda Fleur, qui n'aimait visiblement pas être laissée de coter.

— Un camarade de classe de Harry, il n'est pas très doué, sauf en botanique. Tu as déjà dû le voir j'imagine, ils sont toujours ensemble. Par le string de Morgane, Neville et toi, dans la Chambre des Secrets, face à un basilique… Il y a d'autres choses que l'on ignore sur vous deux ? Dire que tout le monde vous traite de cracmols…

— C'est à peu près tout, sourit doucement Harry. On a eu de la chance…

— Je veux bien le croire, fit Fleur avec condescendance. Deux deuxièmes années contre un basilique…

Harry lui lança un regard torve, il n'aimait pas que l'on insulte Neville en sa présence. La jeune française n'y fit pas attention, elle sortit sans se retourner, rapidement suivit par Krum qui fit un signe de tête à Harry. Visiblement, le garçon avait gagné le respect de la star mondiale du Quiddtich.

— Tu as des informations pour demain ? Demanda Cédric après quelques instants. Je ne sais absolument pas ce qui va nous arriver.

— Moi non plus, s'étouffa presque Harry. Du moment que ce n'est pas un dragon, comme l'avait dit Malfoy, je pense que tout ira bien.

— Pour quelqu'un qui tue des basiliques en deuxième année, un dragon c'est juste un goûter, l'encouragea Cédric avant de commencer à sourire.

Arriver près de la porte il se retourna, il lui fit un clin d'œil avant de partir :

— Au pire, si c'est un basilique, je t'invoquerai et tu me sauveras.

Ce ne fut pas la première fois de la matinée qu'Harry sentit ses joues s'enflammer.

oOo Le dragon oOo

Le soir même, Harry se tourna et se retourna dans son lit sans pouvoir s'endormir. Jusqu'à ce que la lueur d'une baguette attire son attention. De l'autre côté du dortoir, Néville s'était levé.

— Tu n'arrives pas à dormir je suppose ? demanda le garçon.

Neville semblait fatigué également, il était près d'une heure du matin. Harry savait que son ami aimait se coucher tôt et se lever tard, Neville était la marmotte des Gryffondors. Il hocha la tête en signe d'affirmation.

— Prends la cape, on va aller piquer une potion de sommeil à Mme Pomfresh, tu as besoin de te reposer pour demain. Si tu es incapable de tenir debout sans t'endormir, tu ne serviras à rien pendant le tournoi et tu risqueras de te faire tuer.

— C'est du vol ! s'exclama Harry avant de recouvrir sa bouche de ses mains.

Ron avait cessé de ronfler, il bougea dans son lit en grommelant. Les rideaux du lit de Dean étaient ouverts, mais il n'était pas là, pareil pour Seamus. Les deux garçons étaient sans doute entrain de roder dans la salle commune, à la recherche d'une farce à faire le lendemain.

— Oui, on laissera un mot d'excuse pour l'infirmière si tu veux, elle comprendra.

Harry resta dans son lit, il était totalement défait. Il ne portait que son pyjama, comme Néville. Puis avec un sourire, il en sortit pour récupérer dans sa malle la cape que lui avait légué son père. Ils s'en recouvrirent et prirent la direction de l'infirmerie. La salle commune était presque déserte à cette heure-là, seul restait leurs deux amis qui étaient endormis près du feu, bras dessus, bras dessous. Les deux garçons étaient aussi proche que pouvaient l'être deux amis.

— Il n'y a pas de raison de s'inquiéter pour demain Harry, tu connais le sort du bouclier, de désarmement, au pire, tu n'auras qu'à attirer le Choixpeaux Magique afin qu'il te redonne l'épée de Gryffondor. Elle devrait pouvoir couper n'importe quel monstre.

— Tant que ce n'est pas un dragon, répondit Harry avec un frisson. Je ne pourrais jamais approcher le dragon assez près pour le couper en rondelles.

— Oui, on aura un Harry grillé avant d'avoir du carpaccio de dragon…

Ils continuèrent leur chemin en silence, ne croisant personne. Les portes de l'infirmerie n'étaient jamais verrouillées, de même que l'armoire à pharmacie dans laquelle Mme Pomfresh rangeait ses potions les moins dangereuses.

Neville sortit de la cape et commença à lister les fioles :

— Pimentine, potion de repousse-cheveux, repousse-ongle, sirop au chocolat, sirop à la fraise, potion contre les mycoses, c'est quoi une mycose ? Préservatif ? Filtre de paix, potion de sommeil ! S'exclama-t-il avec joie en trouvant ce qu'il cherchait.

Il prit la potion et regarda, il y avait une petite note attachée au bouchon par une ficelle.

— Une goutte pour une heure de repos, on a juste à retourner au dortoir et te donner de quoi dormir jusqu'à demain matin.

Se faisant, il sortit une pipette d'un des tiroirs et préleva une quantité raisonnable de potion dans la fiole.

Harry le recouvrit ensuite de la cape, et ils repartirent, inventant toutes sortes de théories pour ce que pouvait bien être une mycose.

— Potion préservative, commenta après un moment Néville. C'est pour éviter de faire des enfants quand on fait l'amour, ça en parlait dans un de mes livres mais ils ne décrivent jamais comment ça marche. En tout cas, c'est toujours au garçon d'y penser, généralement, il prend une gorgé avant de commencer à fricoter. Et dès qu'il oublie, paff, la fille tombe enceinte.

— C'est gentil de la part de Mme Pomfresh d'en préparer, mais je ne pense pas que l'on en aura besoin pour demain…

— Je pense aussi, répondit joyeusement Néville.

Avant de retourner se coucher, ils réveillèrent Dean et Seamus pour qu'ils puissent rejoindre leurs lits, les garçons les remercièrent en souriant, et tout le monde rejoignit le dortoir en silence. Une fois là-haut, Harry s'isola pendant quelques instants dans la salle de bain, se remplissant un grand verre d'eau, dans lequel il fit tomber huit petites goutes.

Le lendemain, il se réveilla à dix heures, frais et dispo. Cela faisait bien des semaines qu'il n'avait pas eu une nuit de repos sans cauchemars.

L'épreuve commencerait en début d'après-midi, juste après le repas. Il fut bien incapable d'avaler quoi que ce soit, les regards tantôt froids, tantôt encourageants de ses camarades n'étant pas là pour l'aider. Il trouva sur la table un exemplaire de la Gazette du sorcier qui avait fait de la photo de la veille sa première page. En seconde page, il trouva un résumé de ce qu'étais le tournoi, rien qu'il ne sache déjà en tant que participant, et découvrit les interviews des candidats.

Viktor était présenté comme un sorcier sérieux, quoi que froid, qui passait plus de temps à faire du Quidditch qu'à discuter avec ses camarades de classes, mais cela n'avait rien de surprenant. Le garçon semblait étonnamment talentueux en métamorphose. Cédric, champion de Poudlard, avait avec lui l'admiration de tous ses pairs, toujours souriant et prêt à aider. Fleur n'avait manifestement pas autant plu à Rita Skeeter, elle la décrivait comme une belle jeune femme, de cela personne n'aurait pu dire le contraire, mais l'encourageait à passer plus de temps à travailler qu'à se pouponner si elle voulait offrir une prestation du même acabit que ses concourants.

La plus longue interview était la sienne, quelques phrases firent grincer les dents d'Harry :

Harry Potter, jeune garçon de quatorze ans aux yeux verts et envoûtants, se tient devant moi pour répondre à quelques questions, il est manifestement très humble et timide. Sans doute un peu impressionné par son camarade, Cédric Diggory, auquel il ne cesse de lancer des regards en coin, comme pour attirer son attention.

Harry est un jeune garçon qui est hanté par les fantômes de son passé, il ne participe au Tournoi que pour prouver qu'il sera à même de lui survivre et de le remporter, c'est une revanche qu'il essaye de prendre sur les tristes démons que nous lui connaissons tous.

Il ne garde aucun souvenir de ses parents, mais s'imagine que son père le regarderait avec fierté, bien que sa mère serait désapprobatrice. Je rappelle ici, que Mr Potter était un sorcier de Sang-Pur, descendant d'une grande lignée, alors que Mme Potter était d'origine née de moldue… Cela en dit sans doute long sur le regard que certaines portent sur nos traditions.

Harry semble solitaire, il ne cherche pas la compagnie de ses pairs, mais a su se faire apprécier à sa juste valeur : celle d'un jeune garçon tout à fait normal, bien qu'il soit l'un des meilleurs étudiants de Poudlard.

Le journal se déchira de lui-même dans ses mains alors qu'Harry fronçait les sourcils avec colère, il n'aimait pas le commentaire de Rita à propos de sa mère.

— Depuis quand est-ce que tu es devenu un des meilleurs élèves de l'école, Potter ? A moins qu'il s'agisse d'une autre école que tu as fondée avec Neville ? héla Malfoy depuis la table des Serpentards.

— Tu veux un peu de compagnie ? Tu veux que l'on appel Cédric pour te rassurer ?

— Le petit Harry à son Cédric ! ajouta un autre garçon de Poufsouffle avec méchanceté, Harry ne le reconnut pas.

Il quitta la grande salle à grand pas, il se réfugia à la bibliothèque avant de rejoindre le point de rendez-vous, il vit Neville de loin qui lui fit un signe encourageant de la main. Il croisa le professeur McGonagall, elle avait l'air aussi anxieuse que Neville, et lorsqu'ils furent sortit du château elle commença à parler :

– Ne paniquez surtout pas, dit-elle. Gardez la tête froide... Il y a des sorciers qui sont là pour contrôler la situation si les choses ne se passent pas bien... L'essentiel, c'est que vous fassiez de votre mieux, personne n'aura une mauvaise opinion de vous si vous ne réussissez pas... Ça va, Potter, vous êtes bien ?

– Ça va très bien, répondit machinalement Harry.

Le cœur de Harry manqua un battement quand il remarqua quatre immenses cages, elles étaient habitées par des dragons. Il s'arrêta sur place, ignorant la professeure qui fit encore quelques pas avant de réaliser qu'elle n'était plus accompagnée. Elle se tourna vers lui, découvrant dans les yeux de son étudiant une terreur sans nom.

La plus grande peur d'Harry venait de se réaliser, il allait devoir affronter un dragon.

Elle l'attrapa part les épaules alors qu'il n'arrivait plus à respirer, se penchant pour mettre son visage à son niveau.

– Ne paniquez pas Mr Potter ! Respirez, calmement, doucement, vous êtes entrain de faire une crise de panique. Tout va bien se passer, tout va bien se passer, Harry, regardez-moi. Harry !

– Oui ? Arriva-t-il à balbutier.

– Calmez-vous, la voix de Minerva s'était faite douce.

Fleur et Madame Maxime passèrent près d'eux en les regardant avec surprise et pitié. Mais Harry n'y préta pas attention, le professeur McGonagall les chassa d'un regard sévère.

– Harry, tu es un très bon sorcier, garde confiance en toi… Tu as affronté un basilique, un dragon, c'est la même chose, il a juste des ailes…

– Oui, professeur.

Harry tremblait, il était terrorisé. Dans sa cage, un imposant dragon recouvert de corne retourna sa tête vers lui et cracha un long jet de flamme, Harry put sentir la chaleur sur son visage.

Il ne voulait pas mourir !

— Venez avec moi, Mr Potter, on va rejoindre les autres. Elle le laissa devant une tente, et Harry entra à l'intérieur.

Fleur Delacour était assise dans un coin, en l'absence de Madame Maxime, elle avait perdu son air assuré et paraissait plutôt pâle. Viktor Krum semblait plus renfrogné que jamais, ce qui devait être sa façon d'exprimer son appréhension, songea Harry. Cédric faisait les cent pas. Lorsque Harry rentra, il lui fit un petit sourire, Harry fut incapable de répondre, il s'approcha d'une chaise et s'y laissa tomber, la main sur la poitrine. Il sentait son cœur battre à cent à l'heure.

— Harry, commença Cédric avec un sourire rassurant. J'ai toujours le droit de t'invoquer pour que tu fasses la peau à mon dragon ?

Au milieu de tous les champions, Verpey éructait de joie et de bonne humeur. Il fit signe à Harry et Fleur de le rejoindre, il tenait un petit sac à la main.

— Le public est entrain de s'installer, pendant ce temps, vous aller tous piocher à tour de rôle dans ce sac.

Il était en soie pourpre, Harry remarqua qu'il bougeait, comme s'il était rempli de serpent. Pour la première fois depuis son entrée dans la tente, son attention fut portée sur autre chose que les dragons.

— Vous y prendre chacun un modèle réduit de la chose que vous devrez affronter tout à l'heure ! Il y en a différentes… euh… variété, vous verrez. Il faut aussi que je vous dise autre chose, la tâche consistera à s'emparer de l'œuf d'or !

Harry regarda autour de lui. Cédric hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et recommença à faire les cents pas. Il avait le teint légèrement verdâtre. Fleur et Krum n'eurent aucune réaction. Ils craignaient peut-être que le seul fait d'ouvrir la bouche les rende malades. C'était en tout cas ce que Harry ressentait. Mais eux au moins, ils s'étaient portés volontaire pour le Tournoi.

Soudain, on entendit des centaines d'élèves affluer au-dehors. On entendait le martèlement de leur pas devant la tente, leurs conversations surexcitées, leurs rires, leurs plaisanteries. Harry se sentait si loin d'eux qu'il avait l'impression d'appartenir à une autre espèce. Entre l'arrivée du public et le moment ou Verpey ouvrit le sac de soie pourpre, il lui sembla qu'il s'était écoulé tout juste une seconde.

— Les dames d'abord, dit Verpey en présentant le sac à Fleur Delacour.

Elle y plongea une main tremblante et en retira un minuscule modèle miniature de dragon, parfaitement imité, c'était un Vert gallois. Le Chiffre « deux » était accroché autour de son cou. Devant l'expression de Fleur, qui ne manifesta aucune surprise, mais plutôt une détermination résignée, Harry sut qu'elle avait été prévenue à l'avance.

Il se produisit la même chose avec Krum. Il sortit un Boutefeu chinois aux couleurs écarlates. Le chiffre « trois » était accroché autour de son cou. Krum n'eut même pas un battement de cils, il se contenta de regarder le sol.

A son tour, Cédric glissa la main dans le sac et en sortit un Suédois à museau court, aux couleurs gris-bleu. Il portait un chiffre « un » autour du cou. Harry savait qu'il restait le terrible dragon qu'il avait rencontré à son arrivé. Il n'eut aucune envie de mettre sa main dans le sac, mais il y fut bien obligé sous le regard insistant de Verpey. Lorsque Harry regarda son dragon, la miniature étendit ses ailes et lui montra ses crocs minuscules.

— Eh bien, nous y voilà ! dit Verpey. Vous avez chacun tiré au sort le dragon que vous devrez affronter et le chiffre que chacun porte autour du cou indique l'ordre dans lequel vous allez accomplir cette première tâche. Maintenant, il va falloir que je vous quitte car c'est moi qui fais le commentaire. Mr Diggory, vous êtes le premier. Lorsque vous entendrez un coup de sifflet, vous sortirez de la tente et vous entrerez dans l'enclos où vous attendra le dragon, d'accord ? Harry ? Est-ce que je pourrais te voir un instant ?

— Non, mais vraiment… répondit-il d'une petite voix.

Harry n'arrivait pas à détacher son regard du dragon miniature. Il ne s'était jamais sentit aussi mal de toute sa vie, et il n'avait aucune envie de discuter avec l'un des juges, notamment celui qui l'avait forcé à participer à ce tournoi.

— Tu es sûr de toi ? Dans ce cas je file, répondit piteusement Verpey en lui lançant un regard concerné.

Il retourna s'assoir, ses jambes refusaient de le porter. Comment allait-il voler un œuf à un dragon ? Le sortilège d'attraction ? C'était une idée réalisa soudainement Harry. Pour la première fois de la journée, un sourire fleurit sur ses lèvres, attirant l'attention des autres champions.

— Ca va Harry ? Demanda Cédric avec méfiance.

— Oui, offrit Harry. Bonne chance à toi, fais attention.

— Merci, murmura le jeune homme.

Il y eut un coup de sifflet et l'adolescent soupira, le teint plus verdâtre que jamais. Ils échangèrent un dernier regard, puis il quitta la tente.

Fleur s'installa près d'Harry, elle tremblait. Harry, toujours effrayé, posa sa main sur la sienne et lui adressa une grimace qui se voulait réconfortante. Dans cette atmosphère, la française avait perdu son air prétentieux et n'avait plus l'air hautaine, elle était comme lui : terrorisée à l'idée de se retrouver face à un dragon. Quelques secondes plus tard, ils entendirent les acclamations de la foule, ce qui signifiait que Cédric venait de pénétrer dans l'enclos et se trouvait face au dragon, qui n'avait plus rien d'une miniature à présent.

C'était pire que tout ce que Harry avait pu imaginer. Assis là, immobile, il entendait la foule crier, hurler, pousser des exclamations, retenir son souffle au spectacle des efforts de Cédric pour passer sans dommage devant le Suédois à museau court. Fleur retourna sa main et serra celle de Harry. On aurait dit que les spectateurs formaient plus qu'une seule et même entité aux têtes multiples qui réagissaient toutes d'une même voix, faisant sursauter le jeune couple d'infortune qu'il venait de former.

Krum continuait de regarder le sol alors que les commentaires de Verpey ne parvenaient qu'à rendre les choses plus terribles encore. D'horribles images se formèrent dans la tête d'Harry, souvenir de ses cauchemars, lorsqu'il entendit : « Ho, là, là ! C'était juste, vraiment tout juste ! On peut dire qu'il prend des risques celui-là ! Très belle tentative, dommage qu'elle n'ait rien donné ! »

Enfin, un quart d'heure plus tard, Harry entendit le rugissement assourdissant de la foule qui ne pouvait signifier qu'une seule chose : Cédric avait réussi à passer devant le dragon et à s'emparer de l'œuf d'or.

Fleur tremblait de la tête aux pieds.

— Encore trois concurrents, à présent ! s'écria Verpey alors que retentissait un coup de sifflet. Miss Delacour, s'il vous plait !

Elle s'arracha à son étreinte à regret, boitant plus qu'elle ne marchait vers la sortie. Elle disparut, laissant à Harry juste le souvenir de la chaleur de sa main réconfortante dans la sienne. Harry ressentit plus de sympathie pour elle qu'il n'en avait éprouvé jusqu'à présent. Krum et lui restèrent seuls, chacun de son côté, évitant le regard de l'un de l'autre.

Et tout recommença….

— Ho, voilà qui n'était peut-être pas très prudent ! entendaient-ils Verpey crier de son ton ravi.

Harry se plaqua les mains sur les oreilles, afin de ne pas entendre. Une dizaine de minutes s'écoula ainsi, alors qu'il se tenait prostré sur sa chaise, les mains plaquées contre le crâne, tremblant.

Le rugissement de la foule réussit pourtant à se faire entendre de lui, et il relâcha sa position. Il avait envie de vomir, ce qu'il se retint de faire autant que possible.

— Voici à présent Mr Krum ! s'exclama Verpey peu de temps après le troisième coup de sifflet.

Viktor quitta la tente de son pas trainant, laissant Harry seul dans la tente.

Le garçon avait une plus grande conscience de son corps qu'à l'ordinaire. Son cœur battait plus vite, ses doigts étaient parcourus de fourmillements, comme si la peur circulait dans ses veines, pourtant, il avait en même temps l'impression d'être ailleurs, hors de lui-même. La toile de la tente, les réactions de la foule lui paraissaient très lointaines.

— Très audacieux ! s'écria Verpey.

Harry entendit le Boutefeu chinois émettre un horrible hurlement tandis que la foule retenait son souffle.

— On peut dire qu'il n'a pas froid aux yeux ! Mais oui, il a réussi à s'emparer de l'œuf !

Les applaudissements retentirent avec tant de force dans l'atmosphère glacée de l'hiver qu'ils semblèrent la briser comme du cristal. Krum avait fini. À tout moment, ce serait le tour de Harry.

— Attention ! cria Verpey, avec panique.

Puis il y eut un lourd silence, pas le moindre cri, pas le moindre applaudissement.

— Par Merlin, vite les secours !

La peur enserra le ventre d'Harry, il entendit des voix, des sortilèges criés et hurlés, un enfant poussa un cri strident d'horreur. Soudainement, Karkaroff entra dans la tente, en même temps qu'une horrible odeur qui prit Harry à la gorge. Derrière le sorcier venait deux dragonniers en tenu de cuir, ils faisaient léviter Viktor qui était méconnaissable. Sa robe avait été entièrement consumée, laissant apparaitre une chair brunie et saignante, ses sourcils avaient disparu et son visage était figé en une grimace de douleur.

Cette fois-ci, Harry ne put se retenir de vomir. Il n'avait rien mangé depuis la veille, aussi ce ne fut que de la bille qu'il rendit, elle lui brula la gorge et la bouche.

Il ne pouvait quitter des yeux le corps de concurrent qui était tordu, ravagé par le feu d'un dragon. Mme Pomfresh rejoignit la tente, d'un geste de baguette, elle isola Krum d'Harry en invoquant un rideau. Mais c'était trop tard, le mal était fait pour le dernier des Potter.

Après une vingtaine de minutes, un coup de sifflet retentit. Harry ne bougea pas de sa chaise. Les yeux hagards, fixés sur le rideau derrière lequel s'agitait l'ombre de Mme Pomfresh.

— Mr Potter ! appela plusieurs fois la voix magiquement amplifiée de Ludo.

D'un grondement, Karkaroff quitta son étudiant et attrapa Harry par les cheveux, le trainant vers la sortit de la tante, il le poussa dans l'arène avec une expression furieuse. Harry trébucha et s'étala de tout son long dans la boue, la neige avait fondu sous la chaleur des flammes des dragons. Il resta prostré sur le sol sans faire le moindre mouvement, relevant doucement la tête. A quelques mètres de là, le Magyar à Pointes le regardait avec méchanceté. Il était attaché à un monticule de pierre au sommet duquel reposait un nid remplit d'œufs. Leurs regards se croisèrent, et la bouche du dragon s'ouvrit.

Harry roula sur le côté autant qu'il put. Une bouffé de chaleur lui gifla le visage douloureusement.

Harry n'entendait pas la foule, ni même les commentaires de Verpey, seul le bruit de son cœur qui tambourinait dans sa poitrine au point de lui en faire mal l'obsédait. Le dragon se jeta sur lui, en quelques enjambés il se retrouva en dessous de lui, à esquiver ses pattes griffues. Harry sentit une douleur lui déchirer le dos et il roula sur le côté, se cachant derrière un rocher. Quelque chose de chaud coula le long de ses jambes, c'était du sang.

C'était son sang.

Pense comme Neville, pense comme Neville !

Le dragon cracha à nouveau du feu, sa cachette résista à cet assaut endiablé, mais Harry sentit son visage bruler et ses doigts lui faire mal. Sa peau se craquelait doucement. Il était entrain de cuire.

Pense comme un Serpentard !

Le torrent de flamme s'arrêta, la pierre était fracturée mais elle avait tenue bon.

— Accio Œuf !

Il se passa quelque chose, pas tout à fait ce que Harry avait attendu, mais il y eut un résultat. L'un des œufs quitta le nid et se précipita sur lui. La dragonne le remarqua et poussa un hurlement, Harry se jeta hors de sa cachette pour l'attraper. Il avait toujours eu de bons réflexes.

Elle se redressa de toute sa hauteur, elle était aussi grande que le basilique. Ses immenses dents brillèrent au soleil, elle grondait. Harry resserra sa prise sur l'œuf, il devait le porter à deux mains, il pesait aussi lourd qu'un gros chat.

Il le montra devant lui, regardant le Magyar à pointes.

— Si tu m'attaques, tu vas lui faire du mal !

Chaque mouvement lui faisait mal, son dos était déchiré et son visage le brûlait.

— Si tu m'attaques, il sera cassé !

La dragonne répondit par un terrible grondement, mais elle ne se jeta pas sur lui. Elle montrait les dents, elle retomba en avant, prenant appui sur ses ailes.

— Recule !

Rien ne se produisit, il répéta plus fort :

Recule !

Le dragon eut un frisson et fit quelques pas en arrière, poussant un grondement qui tenait plus du gémissement. Il baissa légèrement la tête, fermant sa gueule, comme pour se faire implorant.

Verpey ne faisait aucun commentaire, les étudiants non plus ne firent aucun bruit, le spectacle avait pris des allures de tragédies avec la terrible blessure de Krum et ils se rendaient désormais compte que le Tournoi était dangereux.

Harry fit un pas tremblant en avant, son pantalon était trempé… le devant de son pantalon. Le magyar recula encore. Prenant une grande inspiration, il s'approcha du nid, doucement, calmement.

Dans les gradins, Dumbledore s'était levé, sa baguette était brandie, comme pour intervenir en cas de danger, mais il ne faisait rien. Le professeur McGonnagall était plus pâle que la mort.

Je vais reposer cet œuf ! Si tu m'attaques, tu le casseras !

Il escalada le petit monticule de roche et trouva le nid, il y avait sept œufs, donc celui d'or. Il s'agenouilla doucement, évitant tout mouvement brusque, il déposa presque tendrement l'œuf là où il l'avait pris. Son regard s'encra dans celui de la dragonne.

Celui-là ne t'appartient pas, je vais le prendre… je ne ferai aucun mal aux autres.

Le magyar montra les dents, Harry posa sa main sur un œuf :

Recule !

Elle obéit en gémissant, Harry enleva sa main, elle se redressa.

Soudainement, elle ouvrit la gueule et Harry attrapa l'œuf d'or avant de se jeter en arrière. Une lance de feu fracassa presque le promontoire. L'atterrissage lui coupa le souffle, mais le mouvement d'air provoqué par l'envol du dragon l'encouragea à ne pas rester sur place. Il se mit à ramper puis courir pour se diriger vers la sortie ou l'attendait un grand gaillard roux.

Il sentit une pointe de chaleur dans son dos et il se jeta une nouvelle fois au sol, évitant de peu de finir carbonisé comme l'avait été Krum quelques minutes plus tôt. Une dernière impulsion l'amena dans les bras d'un sorcier qui le tira hors de l'arène.

— Regardez ça ! criait Verpey. Non mais regardez ça ! Notre plus jeune champion a été le plus rapide pour s'emparer de son œuf ! Voilà qui va faire monter les paris sur Mr Potter !

Harry vit les gardiens des dragons se précipiter pour neutraliser le Magyar à pointes. Là-bas, à l'entrée de l'enclos, le professeur McGonagall, le professeur Maugrey et Hagrid se précipitaient vers lui avec de grands gestes de la main et des sourires si larges qu'on les voyait de loin. Il s'effondra dans les bras de l'homme qui l'avait tiré hors de l'arène : il avait survécu.

— Il faut que tu ailles voir Madame Pomfresh Potter, le prévint l'homme qui le soutenait. Les autres champions sont avec elle.

L'homme le porta plus qu'il le soutint, en direction d'une seconde tente que Harry n'avait pas remarqué en arrivant, à l'intérieur, était installé quatre lits, dont deux étaient occupés. Harry se souvint alors que l'on avait ramené Viktor en catastrophe dans la première tente.

— C'était remarquable, Potter ! s'écria le professeur McGonagall, ce qui, venant de sa part, constituait un éloge extraordinaire.

Harry remarqua que la main du professeur tremblait lorsqu'elle montra son dos blessé.

— Je vais aller chercher Mme Pomfresh, attendez ici, on donnera les notes quand elle vous aura vu !

— Tu as réussis, Harry ! dit Hagrid d'une voix rauque. Tu as réussi ! Contre le Magyar en plus, tout le monde disait que c'était le pire…

Le professeur Maugrey avait l'air ravi, lui aussi. Son œil magique semblait danser dans son orbite.

— C'était vite fait, bien fait, Potter, grogna-t-il.

Il lui fit une claque dans le dos, arrachant à Harry un cri de douleur et à son professeur un rire gras.

— Les cicatrices, ça forge les hommes Potter, tu pourras porter celles-là avec fierté. Se tenir devant un Magyar et lui parler en fourchelangue, qu'est-ce que tu lui as dit à la bestiole pour qu'elle se couche ?

Harry serra les dents de douleur, son regard se perdant dans la tente. Cédric semblait aller bien, il portait quelques pensements, il était en chemise. Fleur quant à elle, semblait se reposer, elle était couchée, son regard perdu dans le vide.

Ils furent rejoints par Mme Pomfresh qui chassa Maugrey d'un regard, elle tenait elle aussi du Dragon, soupira mentalement Harry. Elle avait l'air inquiète.

— Des dragons ! s'exclama-t-elle dégoutée avant de pousser Harry pour qu'il s'allonge sur un lit.

Harry s'y installa en grognant, son visage rencontra avec plaisirs l'oreiller froid.

— L'année dernière, les Détraqueurs, cette année des dragons, qu'est-ce qu'ils vont nous amener la prochaine fois ? Tu as beaucoup de chance… la blessure est très superficielle, il faut juste la désinfecter avant de la soigner.

Elle nettoya les griffures avec une compresse imbibée d'un liquide violet qui fumait et piquait la peau, puis elle lui toucha le dos avec sa baguette magique. Harry sentit ses blessures guérir instantanément. Harry regarda l'œuf qu'il avait posé près de lui, il le toucha du bout du doigts.

— Retourne toi Harry, ordonna-t-elle d'une voix ferme.

Les doigts de l'infirmière lui attrapèrent le visage, la mine concentrée, elle y passa sa baguette et Harry sentit un doux souffle d'air frais lui parcourir le corps. Ses brûlures disparurent ainsi que la douleur, ne resta plus alors que la fatigue.

— Reste assis là une minute, tu iras voir ton score plus tard.

Elle le laissa là et rejoignit Cédric, juste à côté. Harry l'entendit demander :

— Comment te sens-tu, maintenant, Diggory ?

Harry n'entendit pas la réponse, il venait de s'endormir.