Bonjour !

Voici le dernier chapitre de cette petite histoire. Il est un peu plus émouvant et dur, mais j'espère qu'il vous plaira tout autant, voir plus.

En dessous vous trouverez les intitulés de mes deux défis que je pense avoir relevé !

/!\ Attention ! Une scène très naise résultant du deuxième défi lancé pour cette histoire xD


Le chantage (Partie 4)

Harry souriait sur l'estrade placée dans la grande salle. C'était la fin de l'année et il recevait en cet instant son diplôme de l'école de Poudlard en compagnie de ses deux meilleurs amis.

Il avait travaillé d'arrache-pied pour obtenir de bonnes notes et était plutôt fier de ses résultats. Madame Weasley, présente dans le public, l'avait étouffé d'étreintes et de larmes. Comme elle le disait, elle était tellement heureuse de voir l'un de ses fils réussir alors qu'il aurait simplement pu baisser les bras face à tous ses problèmes.

Bien sûr, Ron avait grogné de l'attention que recevait son meilleur ami et il n'en avait pas fallu plus à Molly pour recommencer ses éloges au sujet de son véritable fils cette fois et de l'étreindre à son tour sous les ricanements des jumeaux. Il avait poussé des cris de protestation, mais s'était finalement résigné, se sachant vaincu.

Ronald avait ensuite été voir les parents Granger qui cherchaient à le rencontrer. Ils voulaient connaître l'homme qui avait ravi le cœur de leur précieuse fille.

Car oui, Hermione et Ron sortaient enfin ensemble.

Après son petit discours enflammé et un sermon à ses amis à propos de la débilité des paris devant une Hermione absolument pas dupe mais heureuse, Ron s'était jeté à l'eau. Il avait avoué, avec ses mots maladroits, qu'il l'avait toujours admirée et toujours aimée, qu'il serait près à l'attendre des années s'il avait ne serait-ce qu'une petite chance de la rendre heureuse jusqu'à la fin de sa vie. Il n'avait pas eu besoin de finir son discours improvisé - en réalité soigneusement écrit sur un parchemin dans sa poche - qu'Hermione lui avait sauté au cou, acceptant d'être sa petite amie.

Pour Harry en revanche, c'était plus compliqué.

Il était ravi de laisser de l'espace à ses amis pour leur permettre de s'apprivoiser, de s'aimer et de se chérir, mais de son côté, il se sentait plus seul que jamais. Il avait essayé des flirts tranquilles et sans grandes conséquences, mais rien ne l'avait vraiment fait décoller. Il ne voulait pas s'attacher à quelqu'un car il savait parfaitement qu'après ces quelques jours de joies, il serait l'un des principaux pions de cette guerre.

Il n'avait pas prévu de carrière, de plan, d'avenir, car dès qu'il aurait franchi les portes de Poudlard, il ne vivrait que pour détruire Voldemort. Il ne voulait pas d'attache, pas de retenu. Juste la guerre, uniquement la guerre. Harry avait mis du temps à se faire à l'idée qu'il n'aurait pas un schéma de vie classique, mais il avait fini par l'accepter.

Malheureusement, les jeunes de son âge n'étaient pas vraiment dans cette optique. Les flirts occasionnels n'avaient pas été plus loin que des baisers et ceux-ci avaient paru… fades. Il n'y avait pas ce petit goût de bourbon, cette dose d'interdit, d'expérience, de rudesse… Non… ces baisers étaient vraiment fades… rien à voir avec ceux qu'il échangeait régulièrement avec Snape.

Snape…

Ils avaient continué leur jeu du chat et de la souris, s'attrapant parfois dans les couloirs ou les salles vides pour s'embrasser jusqu'à manquer de souffle. Ça ne durait jamais plus de cinq minutes et aucun d'eux ne parlait. Ils se délestaient simplement d'une pression trop grande à travers leur fougue et leurs baisers.

Avec beaucoup d'ironie, c'était Snape qui remettait son diplôme à Harry en ce moment-même. Les seules personnes au courant de cette… relation particulière étaient Hermione et Bill et eux seuls auraient pu remarquer l'étincelle de luxure dans les yeux des deux hommes au moment où leurs mains se frôlèrent autour du parchemin qui clôturait ces sept années d'études à Poudlard.

Ce fut pour cette étincelle que Harry s'éclipsa quelques minutes après le buffet qui avait suivi la célébration alors que le bal battait son plein dans la grande salle et que les familles étaient rentrées chez elles pour laisser les jeunes profiter de cette dernière soirée à Poudlard. Il se dirigea d'un pas déterminé en direction des cachots vers les appartements de son professeur de potions. Il savait qu'il le trouverait là, car il l'avait vu quitter la cérémonie dès l'instant où le directeur avait fini son discours.

Il frappa et attendit une réponse.

« Quelle surprise ! » ironisa Snape en ouvrant la porte pour faire entrer le Gryffondor avant de la refermer derrière lui.

« Et bien… Je ne suis plus votre élève n'est-ce-pas ? » dit simplement Harry avec un sourire malicieux.

« Et ? » demanda Snape connaissant pourtant parfaitement la raison de sa visite.

« Et je pensais que maintenant vous n'aviez plus d'excuses. Je suis plutôt friand des baisers volés dans les couloirs, mais l'idée de partir de Poudlard sans autre expérience que celle-ci n'est pas agréable. »

« Voulez-vous dire que le Golden Boy est toujours vierge ? » grogna Snape

« Exactement, » répondit Harry confiant, bien qu'une légère rougeur s'étalait déjà sur ses joues. « Et vous ne le croirez peut-être pas mais mes collègues de dortoir ont parié entre eux que je le serai encore dans le train du retour. J'étais persuadé que vous seriez ravi de faire perdre de l'argent à quatre stupides Gryffondors, » dit-il avec une moue faussement innocente.

« Et pourquoi ne pas choisir l'un des idiots qui rampent à vos pieds ? »

Le silence s'installa entre eux et Harry devint sérieux, presque timide lorsqu'il répondit enfin, le visage baissé.

« Et bien… aussi étrange que ça puisse paraître, je vous fais confiance. Je veux dire… je fais confiance à d'autres personnes ici, mais je ne veux pas avoir à demander ce genre de chose à Dumbledore ou McGonagall… » dit-il avec une grimace. « Je veux quelqu'un qui ait de l'expérience, qui sache ce qu'il fait. Et bon sang, les baisers avec vous sont tellement chauds… »

Snape ricana.

« Vous savez que je ne suis pas quelqu'un de gentil ? Le fait que j'ai été un Mangemort fidèle n'est pas le fruit du hasard. Je ne vous laisserai pas finir la nuit avec moi, je ne vous offrirai pas des fleurs le lendemain, ni ne vous complimenterai à la fin de nos ébats. J'essaierai de ne pas vous blesser mais je vais être rude car c'est comme cela que je fonctionne. Je suis un dominant et si je ne suis plus vierge depuis longtemps, n'espérez pas être celui qui me montera ce soir. Êtes-vous sûr de vouloir tout de même que je sois votre première fois ? » demanda Snape les sourcils froncés.

Il n'y avait aucun signe de honte chez lui alors qu'il parlait de sexe comme il parlait de potion. C'était comme si c'était quelque chose d'anodin, de banal alors qu'Harry se sentait rougir de plus en plus.

« Les... maigres expériences que j'ai eu jusqu'à présent m'ont prouvé que j'aimais une certaine… rugosité et… bien que j'appréhende l'acte, je sais que c'est de cette façon que je le veux et que je l'aimerai. »

Snape semblait peser le pour et le contre pendant qu'Harry se tortillait sur ses pieds. C'était assez désagréable d'avoir l'impression de passer un oral d'ASPIC alors qu'il était sur le point d'avoir un rapport sexuel. Lui qui avait pensé embrasser Snape avec fougue et le traîner jusqu'à sa chambre pour une soirée de sexe débridée... Harry était certain qu'intérieurement Snape se moquait bien de lui et il envisagea de penser que tout cela était une mauvaise idée.

Alors qu'il allait relever la tête et partir pendant qu'il lui restait un peu de dignité, il entendit la voix de son professeur prononcer un seul mot qui résumait tout :

« Chambre. »

Aussitôt, Harry se redressa et regarda le dos de son professeur disparaître dans la pièce adjacente.

« Oh putain… » murmura Harry en se dépêchant vers la chambre.

Lorsqu'il arriva, Snape avait allumé le feu des torches et de la cheminée, laissant une ambiance paisible et réconfortante. Il se tenait au milieu de la pièce et semblait attendre qu'Harry décide si c'était vraiment ce qu'il voulait.

Il n'eut pas à attendre longtemps car Harry enlevait déjà son pull en se ruant sur lui, dévoré par l'envie et le stress. Snape le saisit par les épaules et l'embrassa très doucement, dans le but certain de le calmer, de détendre ses muscles raides et de l'aider à savourer l'instant présent sans précipitation.

Cela marcha sans aucun doute, car après quelques minutes de doux baisers, Harry n'était plus que gelée dans les bras de son ancien professeur. Il savourait la douceur mêlée à l'exigence de cette caresse et ce fut à cet instant que les mains de Snape s'égarèrent sous sa chemise et que sa bouche descendit dans son cou.

« Pourquoi ne pas être allé voir Bill Weasley ? » murmura-t-il contre sa peau. « Je sais que vous éprouvez de l'affection l'un pour l'autre, je vous ai vu vous câliner dans le couloir après l'incident de Lucius et vous m'avez dit que vous vous étiez embrassés. »

« Bill est indéniablement un bel homme, » haleta Harry alors qu'il sentait les mains de Snape se resserrer sur ses hanches. « Mais il est comme mon frère et je ne suis pas fan de l'inceste. En plus, il aime les femmes. Ce n'est qu'en voyant mes seins qu'il m'a embrassé. »

« Quel goût, » murmura Snape. « Je dois bien avouer que vous étiez ma plus belle création. Malgré le fait que je n'aime pas les femmes, vous m'avez ébloui. Je dois d'ailleurs vous dire que c'était une brillante idée de garder vos lunettes, malgré qu'elles m'aient indisposé à de nombreuses reprises durant les classes… »

« Putain… » gémit Harry alors que le professeur enlevait chaque bouton de sa chemise en parsemant son torse de morsures légères.

« Vous avez de la chance que je ne puisse plus enlever de points à Gryffondor pour votre langage, Potter. »

Snape descendit plus bas jusqu'à se retrouver à genoux pour défaire le pantalon d'Harry, tout en embrassant la fine ligne de poils qui descendait pour disparaître dans le boxer. Il se releva lorsque Harry fut complètement nu et s'éloigna légèrement, le scrutant de ses yeux plus noirs que la nuit.

Harry fit de son mieux pour ne pas se tortiller, mais fut agréablement surpris lorsqu'il vit le regard de son professeur brûler de désir à la vue de son corps qu'il pensait trop chétif. Ce simple fait l'encouragea à aller plus loin et lorsque Snape s'approcha à nouveau, il leva les bras et les enroula autour de son cou pour un baiser enflammé.

Se faisant il déboutonna - plutôt habilement d'ailleurs - les boutons de la chemise blanche de son vis-à-vis. Harry n'avait même pas remarqué qu'il ne portait pas ses habituelles robes noires, concentré comme il était sur la suite des évènements. Lorsqu'il eut fini, il laissa Snape mettre un coup d'épaule pour que la chemise tombe au sol et continua son chemin pour lui enlever son pantalon.

Stupidement, il s'attendait à un corps pâle et sec dans un caleçon trop large et grisonnant et fut surpris lorsqu'il découvrit le corps de Snape. Il était resté sur l'image de l'adolescent maigre et tremblant qu'il avait vu dans la Pensine mais c'était loin d'être le cas. Snape était pâle effectivement, mais il avait un corps bien développé, tonique, musculeux. Pas dans l'excès, mais assez pour faire durcir un peu plus son sexe qui pointait déjà vers le haut. Son sous-vêtement n'était pas défraîchi mais paraissait neuf : un boxer noir, extrêmement moulant, qui ne laissait pas de place à l'imagination.

Alors qu'il allait enlever ce dernier rempart, Snape le poussa contre le lit et tomba sur lui pour susurrer à son oreille, tout en faisant un mouvement de friction entre leur deux érections :

« Vous êtes conscient qu'après cela, nous ne serons pas un couple, pas vrai ? »

Harry gémit d'accord en essayant d'accentuer les poussées de ses hanches. Snape reprit :

« Vous comprenez que personne ne devra être au courant et que nous ne recommencerons certainement jamais ? »

Harry acquiesça encore, se cambrant au maximum.

« Bien, » dit simplement Snape en continuant d'embrasser, de mordre et se sucer la peau de son amant.

Il descendit le long de son corps pour une fellation qui servit de distraction à une préparation soignée et qui envoya des décharges de plaisir intenses dans le corps du Gryffondor. Snape finit par remonter, le laissant au bord du précipice, pour s'enfoncer dans son amant avec plus de délicatesse qu'Harry aurait pu espérer.

Celui-ci ressentit la douleur, mais c'était une douleur qui faisait étonnement du bien. Elle n'était pas punitive ou déchirante et annonçait un plaisir violent. Ressentir un corps chaud contre lui était assez réconfortant pour oublier toute peur, tout inconfort. Snape sentait bon, ses joues piquaient légèrement, ses grognements bas étaient une musique à ses oreilles et ses mains dansaient partout sur son corps.

Snape ne lui laissa pas le temps de s'habituer à sa présence, avec de légers coups de hanche, il se fraya un chemin dans les entrailles de son amant. Le rythme accéléra très vite et Harry se retrouva à gémir de plaisir. Dans cette brume, il fut surpris d'entendre les grognements d'appréciation de Snape. Il avait toujours pensé qu'il serait silencieux… Mais c'était encore plus excitant.

Enfin Harry avait l'impression d'être vivant ! Un tas d'émotions traversait son être de part en part. Plus rien n'existait autour d'eux. Encore une fois et de façon encore plus intense, plus excessive que lors de leurs baisers, il n'y avait qu'eux. Qu'une avalanche de plaisir entre deux hommes qui, étrangement, se comprenaient, avaient des similitudes. Ils étaient comme les deux faces d'une même pièce.

Snape prit ses jambes et les releva pour les mettre sur ses épaules et pénétrer plus profondément son amant. La sueur perlait sur son dos et son front reflétait la lumière du feu. Harry le trouva beau dans sa concentration. Malgré son grand nez, malgré ses cheveux trop fin, il y avait cette passion qui se reflétait dans ses yeux, comme lorsqu'il parlait de potion. Cette passion et la fougue qui en découlaient était ce qui le rendait attirant.

Harry le vit tendre la main pour attraper son érection et le caresser en rythme. Il ne sut pas combien de temps cela dura mais lorsque l'orgasme le traversa, il fut certain que ce moment resterait l'un des plus mémorables de sa vie. Il sentit Snape se tendre, l'entendit grogner une fois, plus longuement, plus bas, plus bestial que jamais.

Après un moment où ils ne firent que respirer profondément, Snape se redressa légèrement et attrapa les fines chevilles d'Harry pour les reposer délicatement sur le matelas avant de s'effondrer à côté de lui.

Il l'embrassa profondément pendant plusieurs minutes, caressant son corps poisseux sans pour autant en éprouver un quelconque dégoût ou malaise. Il explora sa bouche comme si c'était la première fois avant de se reculer pour ne plus le toucher.

Ce n'était pas un rejet, ni du remord, ils avaient simplement fini ce qu'ils avaient à faire et Harry le ressentit de cette façon. Il avait eu ce qu'il était venu chercher et en était très satisfait.

« Époustouflant… » souffla-t-il.

« Je dois dire pour une fois que vous avez raison… » déclara le professeur étendu sur son lit sans aucune honte, un bras replié derrière sa tête.

Harry en profita pour le regarder et compris pourquoi Snape avait enlevé son boxer au dernier moment : malgré le fait qu'il soit au repos, Harry pouvait voir qu'il était très bien batti, de quoi effrayer une jeune vierge comme il l'était encore quelques heures auparavant.

Il se redressa, s'attendant à ressentir une douleur à son fondement mais fut surpris quand il ne se passa rien. Il regarda Snape qui l'observait aussi.

« C'est un lubrifiant spéciale qui annule légèrement les douleurs. J'ai été précautionneux dans la préparation, mais vous auriez tout de même dû souffrir bien plus que ça… »

« Merci, » dit simplement Harry avec un sourire.

Se redressant, il attrapa ses vêtements et les enfila, un peu dans le désordre et sans prendre garde à son look.

Ce fut dans cet accoutrement qu'il rejoignit le dortoir des Gryffondors et s'effondra sur sa couverture pour s'endormir aussitôt, sans remarquer que les autres lits étaient toujours vides de leurs occupants habituels à cause de la fête qui n'allait pas tarder à se terminer.

Effectivement, quelques minutes plus tard, ce fut les murmures des fêtards qui le réveillèrent.

« Vous avez vu comment il est ? Il a affronté un troll ? » demanda Dean à voix basse.

« Venant d'Harry ça ne m'étonnerait pas… » répondit Ron sur le même ton.

« Vous ne pensez pas qu'il a l'air- » commença Dean.

« Bien baisé ? » le coupa Harry avec un sourire fatigué. « Exactement. D'ailleurs vous me devez cinq Gallions chacun. »

« Tu déconnes ?! » crièrent Seamus et Dean en même temps alors que Ron secouait frénétiquement la tête.

« Nan ! Nan, nan ! C'est impossible, je ne peux pas perdre encore un pari. Tu n'as pas de mec et on a même pas de preuve ! »

« Je te dirais bien que je vais te montrer mais je ne suis pas sûr que tu apprécies… » déclara Harry avec un sourire narquois.

« Non, certainement pas ! Mais je ne peux pas te croire sur parole, » dit Ron en lançant un regard noir à Neville qui donnait déjà cinq Gallions à Harry.

« Pourtant tu vas devoir le faire. Mais ne t'inquiète pas, des paroles j'en ai beaucoup ! » répondit Harry de façon théâtrale. « Tout d'abord, il a déboutonné ma chemise avec adoration avant de déboucler ma ceinture, de se mettre à genoux devant moi et de- Hé ! » cria-t-il alors qu'il recevait au visage les Gallions de Dean et Seamus qui grimaçaient en se bouchant les oreilles.

« Ron, donne-lui tes maudits Gallions, je ne veux pas en entendre plus ! » cria l'Irlandais sans se rendre compte du volume sonore.

Ron grommela et attrapa sa bourse pour prendre les dernières pièces qui y trônaient.

« Franchement… Ma mère va me tuer quand elle va savoir que je n'ai plus rien pour acheter un cadeau d'anniversaire à Ginny. Dean, tu veux que je t'organise un rencard avec ma soeur ? » demanda Ron en donnant ses Gallions à Harry qui sépara les pièces reçues en deux tas égaux.

« Ça serait moi son cadeau ? » demanda le métisse, relevant un sourcil. « Je veux bien si c'est toi qui met le noeud sur mon plus beau présent, » dit-il avec un clin d'oeil dragueur.

« C'est pas vrai… » gémit Ron.

« Harry qu'est ce que tu fais ? » demanda Neville en coupant le débat.

Harry avait appelé Hedwige par la fenêtre et était en train de mettre un mot à sa patte, ainsi que dix Gallions dans une petite bourse.

« Non rien… » dit-il en faisant décoller sa chouette qui disparut dans la nuit.

Non loin de là, un homme sombre reçut le volatile par la trappe spéciale dans ses cachots, il fut surpris en trouvant le contenu.

Sans vous et votre talent, je n'y serais certainement pas arrivé, cette part vous revient. Je suis sûr que vous trouverez un achat utile avec l'or des crétins de Gryffondor.

Entièrement vôtre,

HJP

Un sourire narquois s'étendit sur ses lèvres.

.oOo.

Harry était face à Voldemort, aux abords de la forêt interdite.

Il avait maintenant vingt-quatre ans. Une grande cicatrice lui barrait la joue gauche et une autre striait sa main pour disparaître dans la manche de sa robe en peau de dragon, vestiges de combats perdus.

Il s'était toujours relevé, avait toujours fait face. Pourtant, après cinq ans de guerre, il avait vu des horreurs pires que la mort. Les choses avaient bien changé. Quoique, il y avait quelques constantes dans la vie d'Harry. L'une d'elle était l'homme en face de lui.

Voldemort était toujours là, après tout ce temps. Il avait toujours un corps osseux et longiligne, tel un serpent particulièrement laid. Il n'avait toujours pas de nez, tout comme sa compassion, perdue quelque part entre deux crises de folie.

Il avait commis des atrocités, il avait élaboré les plans les plus vicieux, dit les choses les plus folles, mais il était toujours là, toujours dans cette sorte de demi-vie, toujours un monstre...

Tant de monde perdu à cause de lui… Neville avait péri à l'âge de vingt ans, protégeant courageusement la femme qu'il aimait et son enfant à naître. Hermione était dans le coma depuis un ans, laissant un Ronald dévasté et perdu, s'occupant seul de la petite Rose. Le professeur Chourave avait été torturée de longues heures, Hagrid avait été enfermé pendant des mois avant de succomber. Fleur, Seamus, Cho, Draco, Charlie, Molly, mais aussi Dobby, Maugrey, Hedwige, Bane… Tant de vies gâchées...

L'autre constante dans la vie d'Harry était Snape.

Snape qui se battait à quelques mètres de lui avec cette folle de Bellatrix.

Snape qui, même dans son combat, continuait de veiller sur lui.

Snape qui était toujours là, dans l'ombre.

Snape son amant, son exutoire, son pilier depuis cinq ans maintenant.

Ils avaient pensé que cette partie de jambes en l'air serait unique, mais ils s'étaient revus à une réunion de l'Ordre la semaine suivante et avaient été affectés à une mission de recherche dans la bibliothèque du manoir Black. Évidemment, ils s'étaient sautés dessus après environ deux minutes de conflit intérieur pour chacun d'eux.

Combien de fois avaient-ils fait des folies de leur corps alors même qu'une réunion de l'Ordre avait lieu un étage plus bas ? Harry se souviendrait toujours du visage pâle de Fol'oeil qui les avait aperçus à travers la porte de la salle de bain grâce à son oeil magique.

C'était toujours impromptu, toujours torride, toujours merveilleux. Et cela durait depuis cinq ans. Cinq ans de sexe enflammé, de tendresse volée, d'émotions partagées. Ils ne parlaient que rarement et pourtant, se connaissaient parfaitement.

Ils ne s'étaient jamais promis fidélité, n'étaient pas un couple, ne s'étaient jamais dit de mots tendres. Ils étaient seulement ce dont ils avaient besoin. Ni plus, ni moins.

Pourtant, avant de partir pour cette bataille qu'ils savaient l'un comme l'autre être la dernière, Harry avait parlé pour la première fois à coeur ouvert :

Flash back

Il était dans sa tenue de combat et prêt à se lancer dans la bataille. Il sentait que cette fois, c'était la dernière et savait aussi que sa vie allait peut-être se terminer ce soir. Pourtant, ce n'était pas à ce sujet qu'il était nerveux.

Tout le monde était réuni à Poudlard et l'assaut était prévu dans quelques minutes grâce aux informations de Snape. Les élèves avaient été évacués par le professeur McGonagall et ils ne leur restaient plus qu'à attendre sagement l'arrivée des Mangemorts.

Le Gryffondor arpentait le hall comme un lion en cage. Les pensées et les émotions tourbillonnaient dans sa tête à une vitesse qu'il avait du mal à appréhender.

Alors qu'il était devant les escaliers, il vit Snape descendre les marches.

Après cinq ans, Harry le trouvait toujours aussi beau que la première fois qu'ils avaient connu l'extase ensemble. Il le vit lui jeter un regard légèrement inquiet et s'apprêter à continuer son chemin comme il le faisait habituellement, mais cette fois, Harry l'arrêta.

Se saisissant de son bras, il le tira dans une alcôve sombre et l'embrassa avec fougue. Le professeur de potion se dégagea quelques secondes plus tard d'un geste légèrement brusque, sans pour autant être violent.

« Ce n'est pas le moment Potter ! Je vous signal qu- » commença-t-il.

« Severus… » le coupa Harry.

C'était la première fois qu'il utilisait son prénom et cela suffit à clouer le bec à la chauve-souris des cachots pour la première fois depuis très longtemps.

« Je ne veux pas te faire de déclaration à l'eau de rose ou d'adieu larmoyant comme dans les livres pour adolescent que tu me reproches parfois de lire… » rit Harry. « J'ai découvert récemment des sentiments enfouis depuis longtemps. Je ne voulais rien dire par peur du rejet, peur de la perte, peur de la honte, mais je me rends compte que tout cela n'a pas d'importance. Rien ne compte plus maintenant. Je t'aime Severus Snape. Je t'aime depuis si longtemps… » rit-il à travers les larmes qui commençaient à couler le long de ses joues.

Il les essuya d'un revers de main rageur avant de reprendre :

« Je ne sais pas quand c'est arrivé. Peut-être la fois où nous avons ri comme des damnés après avoir été surpris dans le placard à balais par McGonagall. Peut-être était-ce au moment où je suis tombé malade et que malgré tes reproches et tes sarcasmes, malgré le fait que j'ai ruiné ta salle de bain, tu as veillé sur moi, m'as lu tes stupides manuels de potions pour m'endormir, m'as frotté le dos pendant des heures, m'as préparé une quantité industrielle d'infusions. Tu savais laquelle était ma préférée sans même me le demander. »

Harry leva sa main pour caresser légèrement la joue d'un Severus plus pâle que d'habitude.

« Quand ai-je remarqué que tu ajoutais toujours un sucre à ton café lorsque tu en avais bu la moitié ? Quand ai-je constaté que tu ne dormais que du côté gauche du lit ? Quand me suis-je aperçu que tu détestais les olives, au point de refuser de manger un ingrédient qui en avait touché une ? Je ne sais pas quand j'ai remarqué tous ces détails chez toi, mais c'est ceux qui font que tu es toi et qui font que je t'aime plus encore. »

Pendant son discours, Harry n'avait pas quitté Severus des yeux, prouvant son courage et la vérité de ses propos.

« Je n'ai jamais laissé personne me toucher comme tu l'as fait de si nombreuses fois, même la fois où tu es parti en mission pendant plus de six mois. Je n'ai jamais pu m'y résoudre. Je sais pourquoi maintenant… Je t'aime Severus. Je n'attends pas que tu me dises la même chose. Je veux juste ne pas avoir de regret s'il venait à nous arriver quelque chose. Je voulais aussi te dire de rester en vie. Quoi qu'il en coûte, je te demande de rester en vie… » souffla-t-il en posant son front contre celui de Severus.

Au loin, vers la forêt interdite, des explosions et des cris commençaient à retentir. Harry prit une inspiration tremblante avant de murmurer.

« Tu seras ma force dans ce combat Severus et si je le gagne, ce sera pour toi. Tout pour toi. »

Le Gryffondor s'approcha à nouveau des lèvres de son amant pour les embrasser avec une ferveur qu'ils n'avaient encore jamais partagée. Passant la main dans ses cheveux fins, il l'attira un peu plus près de lui pour profiter encore un peu de l'homme de sa vie. Alors qu'ils finissaient d'habitude leurs étreintes par une série de baisers légers, Harry s'arracha de celle-ci avec fougue et courut le plus vite possible en direction des combats. L'air sur son visage sécha les larmes qu'il avait versées et ce fut avec un cri de rage qu'il se jeta dans la mêlée de sorciers.

Fin de flash back

L'instant présent était consacré la dernière page de l'histoire de Voldemort et Harry Potter. Peu importe qui écrirait la dernière ligne, le livre s'arrêterait ici.

Après toutes ses années d'entraînements, toutes ses années d'angoisses et de courses-poursuites, l'aventure s'arrêtait ici.

Ils étaient l'un et l'autre en mauvais état, même si le Seigneur des Ténèbres le montrait moins. Harry avait réussi à arriver jusqu'à lui et ils se battaient depuis quelques temps maintenant. Tout était très flou, les souvenirs s'effaçaient dès qu'ils étaient gravés dans sa mémoire. Peut-être qu'il était trop concentré sur le combat. Peut-être que son esprit était focalisé pour rejeter toute distraction qui pourrait le perturber dans la bataille. Harry ne savait pas et tant que ça lui était profitable, il s'en moquait pas mal.

« Alors Tom ? Tu te rends ? » demanda-t-il, essoufflé.

« Ne rêve pas Potter. Lorsque j'en aurais fini avec toi, tu ne seras qu'un amas de chair sanglante et je régnerais sur l'Angleterre ! »

« On dirait un très mauvais dessin animé… » ricana Harry.

Il lança une nouvelle malédiction que Voldemort esquiva aisément et s'en suivit de multiples autres échanges.

Tout était flou autour d'Harry, il cherchait une ouverture pour son sort le plus puissant qui serait capable de détruire l'âme de cet homme qui connaissait déjà tant de noirceur. Un simple Avada ne suffisait pas pour quelqu'un comme lui qui avait utilisé tant de rituels infâmes, que sa vie même semblait être liée à chaque goutte de sang versée sur cette terre.

Les sorts pleuvaient et il la vit, là, l'ouverture pour un monde meilleur.

Il incanta son sort le plus rapidement possible mais pour cela, il dut rester immobile et au moment où la lumière quitta sa baguette, Harry fut touché aux jambes par une malédiction dont les étincelles étaient plus noires que la nuit.

Le Gryffondor s'effondra dans un cri, ne pouvant qu'apercevoir son sort percuter le thorax de son ennemi. Sombrant dans un monde de douleur, Harry s'accrocha à la seule chose à laquelle il pouvait penser : son amour pour Severus.

Il fut légèrement tiré de sa transe lorsqu'il entendit quelqu'un s'agenouiller près de lui. Ouvrant les yeux, il put voir que la personne qui était à côté de lui n'était autre que son amant. Au loin, les combats continuaient et ce fut seulement à cet instant qu'Harry se rendit compte qu'ils s'étaient vraiment beaucoup éloignés. Tellement éloignés que personne ne pouvait les voir vraiment.

Ne sentant plus ses jambes, il se releva légèrement pour constater les dégâts et ce qu'il vit lui donna la nausée. Ses membres inférieurs n'étaient plus que des amas de chair sanguinolente et, par endroit, l'os était visible. Harry n'avait plus de sensation et son esprit commençait à partir.

« Ça va aller… » murmura Severus à ses côtés, lançant des sorts qui rebondissaient sur ses jambes sans pouvoir le soigner.

« Severus, » souffla Harry.

« Dumbledore va arriver d'un instant à l'autre, » expliqua Severus après avoir lancé un Patronus qui s'envola dans le ciel.

« Severus... »

« Il viendra. On va te stabiliser, tout va bien se passer, » dit-il en s'approchant un peu, sans pour autant le toucher pour ne pas aggraver son état.

« Severus. »

« Juste quelques minutes de plus. Il va bientôt arriver. »

« Severus… » murmura encore Harry. « Je suis en train de mourir, » ajouta-t-il, étonnement conscient de cet état de fait alors qu'un filet de sang coulait de sa bouche.

« Non, tu ne vas pas mourir, » répondit Severus, catégorique.

« S'il te plaît... Dis à Hermione quand elle se réveillera, que je l'aime et qu'elle était comme une sœur pour moi. S'il te plaît, dis à Ron que- »

« Quoi ? » le coupa Severus. « Non, tu t'en sortiras. »

« Prends ma main, » demanda Harry en tendant la sienne en direction de son amant, les larmes coulant librement de ses yeux.

« Je ne la prendrait pas. Tu ne vas pas mourir ! »

« Tiens-moi la main, » demanda à nouveau Harry.

« Non, tu ne vas pas mourir, » répondit Severus, catégorique. « Tu m'entends ? Tu ne vas pas mourir aujourd'hui. »

Severus se releva et essaya de lancer d'autres sorts sur les jambes de son amant, le laissant main tendue vers lui. Il s'énerva face à ses sorts qui rebondissaient encore et encore, sans soigner une seule particule de peau. Il cria le dernier, y mettant toute sa fougue, et pourtant celui-ci rebondit à son tour.

Avec un hurlement de rage, il jeta sa baguette au sol et se coucha par terre, attrapant la main tendue de son amant.

« Je t'aime, » dit-il la gorge serrée.

« Tu n'as pas besoin de le dire juste parce que je l'ai fait, » sourit Harry avec douceur.

« Je t'aime. » répéta Severus. « Je t'aime depuis longtemps maintenant. Je t'aimerai toujours. Donc tu dois vivre. On va se marier. Tu auras un bon métier. »

Harry sourit, ignorant le sang et les larmes qui coulaient encore sur son visage. Il était bêtement heureux et il avait l'impression que c'était la première fois de sa vie.

« On va avoir des enfants, » dit Severus. « Ça ira. »

« On sera heureux Severus. »

« Toi et moi, » murmura Severus de façon apaisante, les larmes coulant sur ses joues. « Nous aurons une vie merveilleuse. Nous serons très heureux. Tu ne peux pas mourir. Tu ne peux pas mourir. Nous devons être ensemble. C'est notre destin. »

Harry sourit.

« Destin… » souffla-t-il en fermant les yeux.

Il entendit vaguement un sanglot et sentit une main toucher son visage dans une caresse maladroite et tremblante avant de sombrer dans les ténèbres.

.oOo.

Severus recula légèrement lorsqu'il eut posé sa fleur de lys blanche sur le monument.

Celui-ci était déjà bien fleuri à cause de la célébration qui avait eu lieu la semaine précédente. Depuis vingt ans, il venait sur cette tombe sept jours après la cérémonie officielle qui rendait hommage aux nombreux morts de la guerre.

Sur cette pierre étaient gravés bien trop de noms.

Connus, inconnus, sorciers, créatures magiques, héros…

Mais tous les ans, Severus revenait et déposait un lys blanc sur le parterre de fleurs noires et rouges, couleurs du deuil et du sang.

Tous les ans, il se recueillait et lisait cette liste de noms, du premier au dernier. Il pensait qu'il était idiot de le faire, mais il en avait besoin. Lui aussi avait beaucoup perdu durant cette guerre.

Après une heure de méditation dans le froid de ce mois de novembre, Severus regarda une dernière fois sa fleur blanche et transplana chez lui.

Avec un soupir, il s'appuya à la porte et souffla longuement, faisant de son mieux pour évacuer les émotions négatives comme à chaque fois qu'il rentrait du cimetière. Cette époque était derrière lui, mais comme tous les autres rescapés de guerre, il avait du mal à tourner la page.

Il retira son écharpe rouge, sa cape d'hiver, ses chaussures fourrées et monta directement à l'étage. Au-dessus des escaliers, il se dirigea vers la première à gauche et entra dans le bureau. S'arrêtant sur le seuil, il prit une inspiration légèrement tremblante et avança dans la pièce pour placer un doux baiser sur la tempe de son compagnon.

« Tout s'est bien passé ? » demanda celui-ci sans relever les yeux de ses grimoires.

« Comme d'habitude, » répondit succinctement Severus.

Il fronça les sourcils en voyant les six tasses à café vides sur le bureau sachant que, comme d'habitude, son compagnon avait été trop absorbé par son travail pour se remplir l'estomac. D'un geste sûr, il attrapa le menton de son amant pour relever son visage vers lui et plonger dans ses grands yeux verts.

« Harry, tu dois faire une pause. Tu travailles sur ce sortilège depuis des mois, il ne va pas s'envoler. »

« Je sais, » soupira Harry, relâchant la pression accumulée dans ses épaules. « Merci, » dit-il ensuite avec un léger sourire en posant sa plume.

« Allez, » dit Severus. « Je t'emmène. »

Avec un sourire discret, il tira sur les poignées du fauteuil et le fit rouler en arrière pour le dégager du bureau, révélant ainsi les jambes atrophiées d'Harry couvertes par un pantalon en coton noir.

« Est-ce douloureux aujourd'hui ? » demanda Severus.

« Ça ne l'est plus depuis des années et tu le sais. »

Severus se contenta d'acquiescer.

Oui, beaucoup de choses avaient changé depuis la guerre…

Si Severus s'obstinait à déposer un lys blanc sur le monument des victimes de guerre sept jours exactement après la cérémonie officielle, ce n'était pas par hasard.

Sept jours après la défaite de Voldemort, Harry s'était réveillé de son coma et avait appris la terrible nouvelle : il ne pourrait plus jamais remarcher. Malgré les avantages de la magie, il y avait des choses irréparables comme les membres déchiquetés par une malédiction.

La fin de la guerre n'avait donc pas été une libération comme ils s'y étaient tous attendus. Un pays à remettre sur les rails, une économie à redresser, une politique à changer et des villes entières à reconstruire. Les deuils, que ce soit ceux de ses proches ou de ses jambes, avaient pris des années.

Severus était resté le plus présent possible aux côtés d'Harry, mais ce n'était pas pour cela que ça avait été plus facile. Ils n'étaient pas devenus un couple du jour au lendemain et Severus avait aussi ses propres problèmes avec la justice avant tout. Il avait dû prouver son allégeance mais avec la mort d'Albus qui avait donné sa vie de vieil homme malade pour sauver celle d'Harry et le Survivant dans le coma, la chose n'avait pas été aisée.

Tous les participants actifs de la guerre avaient été orientés vers des psychomages pour soigner les séquelles mentales de ce qu'ils avaient pu voir, entendre, endurer. Évidemment, Severus y avait été à reculons, mais cela avait finalement été une bonne chose. Il avait remis les choses en place dans son esprit, avait accepté son passé, envisagé son futur. Un futur qu'il n'avait pas réussi à imaginer sans Harry.

Il s'était accroché, avait persévéré et attendu qu'Harry soit prêt. Au bout de cinq ans, ils avaient pu former un couple. Un an plus tard, ils avaient eu leur premier rapport sexuel depuis la dernière bataille.

Non seulement leurs esprits avaient été brisés durant cette guerre, les rendant instable, mais Harry avait été touché physiquement et n'envisageait pas que Severus puisse vouloir d'un homme cassé. Il ne voulait pas montrer ses jambes et refusait tous types de contact en bas du corps.

Ça avait été une étape de franchie.

Encore une.

Cela faisait maintenant quatorze ans que leur vie était devenue presque normale et Severus chérissait ses années. Les premières années à envisager que sa vie valait la peine d'être vécue.

« Tu sais que je peux le faire seul n'est-ce pas ? » dit Harry, le sortant de ses pensées.

« Je sais, » répondit Severus en zigzaguant le fauteuil entre les piles de livres et les artefacts étranges. « Quand vas-tu ranger ce satané bureau… » grogna-t-il en butant contre ce qui semblait être une tablette de runes.

« C'est mon bureau, » répondit Harry. « Tout le reste de cette maison est rangé au millimètre près. Laisse mon bureau dans l'état dans lequel je le veux. »

« Tu n'es qu'un Gryffondor bordélique… » rétorqua Severus en manoeuvrant difficilement jusqu'à la porte. « De plus, je te ferai remarquer que tu as laissé traîner tes chaussures sous le canapé. Comme quoi tout n'est pas parfaitement rangé. »

« Tu m'excuseras, je n'ai pas vraiment l'habitude de porter des chaussures alors j'oublie de les ranger, Monsieur Perfection. »

« Tu ne t'en plains pourtant pas lorsque tu peux naviguer dans toute la maison sans buter sur les objets. »

« C'est vrai, et j'aime tellement voir ta paupière s'agiter lorsque je déplace quelque chose, » déclara Harry avec un sourire rayonnant.

« Tu as beau avoir quarante-trois ans, j'ai parfois l'impression de faire face à un gamin… » soupira Severus en faisant léviter le fauteuil dans les escaliers.

En réalité, il était époustouflé par la beauté de son amant. Harry était tellement parfait.

Ses tempes étaient légèrement grisonnantes, il avait une barbe de trois jours soigneusement taillée, des rides légèrement marquées et ses éternelles lunettes rectangulaires à large monture. Ses yeux étaient brillants, son sourire éclatant et sa cicatrice à travers la joue lui donnait un côté sauvage. Celle en forme d'éclair était moins visible et bien cachée derrière une masse de cheveux noirs indomptables.

Il ressemblait beaucoup à James Potter. Pourtant, Severus ne pouvait voir qu'Harry. Son Harry.

Ils passèrent dans le couloir devant quelques photos encadrées. Il y en avait une de Severus remuant une mixture dans un chaudron sans prêter attention au photographe, une autre de Harry en sixième année, perché sur son balai, ainsi que la photo du couple Potter dansant dans un tourbillon de feuilles mortes. Il y en avait bien sûr une du Trio d'Or durant leur première année et une photo du même trio, plus âgé, un peu cassé, un peu hanté, mais heureux. Elle avait été prise deux ans après le réveil miraculeux de Miss Granger.

La photo que Severus préférait, bien qu'il ne l'admettrait jamais, était celle qu'Harry avait fait agrandir. Elle avait été prise durant l'une de leurs rares démonstrations d'affection en public. Harry était allongé sur un canapé, ses jambes malades étendues et cachées par un pantalon sombre. Il était adossé à Severus qui avait entouré son torse de ses bras et lui murmurait des mots à l'oreille. Harry riait parfois et remplissait sa grille de mots croisés. Ils avaient l'air heureux dans leur bulle et complètement inconscients de ce qui les entourait.

Arthur avait prit la photo discrètement et l'avait offerte à Harry qui avait été ému aux larmes.

Arrivés à la table de la cuisine, Severus plaça le fauteuil d'Harry à sa place habituelle et alla préparer le thé.

Vingt ans plus tard, ils en étaient là. Ils vivaient un peu en reclus, parfaitement heureux dans leur petite vie à deux. Severus avait quitté Poudlard pour se consacrer à la recherche, son véritable domaine de prédilection, et Harry alliait diverses activités.

En réalité, Harry n'avait jamais trouvé sa voie. Il se contentait d'engranger des informations et de les ressortir quand l'envie lui en prenait. Il ne savait pas apprendre un grimoire par coeur, non… Il mettait tout en pratique et apprenait des réactions. Ainsi, il avait déjà fabriqué des baguettes, un balai, inventé des sorts et écrit deux livres de défense contre les forces du mal. Harry était en réalité un "touche à tout" et aimait régulièrement passer à autre chose.

Ce qui était plutôt pratique était que chaque invention, qu'elle soit bonne ou mauvaise, était vendue à prix d'or à des fans juste grâce à son nom. Il essayait néanmoins de ne pas en profiter et de toujours commercialiser des choses utiles.

Sa plus belle création était encore l'horloge magique qui trônait dans le salon. Comme celle des Weasley, elle indiquait ce que la personne sur l'aiguille était en train de faire mais au lieu des petits portraits que Severus n'aurait pas appréciés, c'était leur prénom écrit élégamment d'un ruban en métal et au lieu du classique "au travail" ou "en danger de mort", c'était des étapes comme "pense au passé", "construit l'avenir" ou tout simplement "est heureux". Cette merveilleuse horloge amenait une dimension poétique pour ses hommes qui avaient trop souffert.

Contrairement à ce que Severus avait dit le jour où il avait vu Harry baigner dans son sang, ils n'avaient jamais eu d'enfant. N'en éprouvant pas le besoin, ni peut-être la force après toutes ses épreuves, ils avaient laissé ce projet de côté pour être uniquement ensemble et n'arrivaient pas à le regretter.

Severus remplit deux tasses de thé et en posa une devant Harry avant de s'asseoir avec la sienne sur la chaise à côté de son compagnon.

« Bill est passé me voir aujourd'hui, » dit celui-ci d'un air enjoué.

Severus étouffa un grognement qui fit glousser Harry.

« Comment peux-tu être encore jaloux de lui après toutes ses années ? »

« Par principe, » répondit Severus feignant d'être détendu.

Harry gloussa de nouveau en entourant ses mains autour de sa tasse.

« Tu sais qu'il est marié et très heureux en ménage pas vrai ? Avec sa femme. »

Severus se contenta d'un mouvement de main vague pour inciter Harry à continuer, mais celui-ci en fut empêché par le son distinct d'un bec claquant contre les carreaux. Severus se leva et ouvrit à la jolie chouette noire qu'il avait offerte à Harry pour ses quarante ans.

« Bonjour Holly, » dit-il avec un sourire tendre.

Et dire que tout cela avait commencé avec une stupide histoire de chantage…

FIN


Voilà, l'histoire est finie, j'espère qu'elle vous aura plu et que j'ai relevé mes défis. Rendez-vous certainement la semaine prochaine pour une autre de mes fics. Peut-être Vampire pour le meilleur qui est un HP/LM… Ou Baka qui est aussi un HP/LM… Ou Morphée, un Snarry… Enfin bref, une histoire quoi ! :P


Défi 1 :

Personne ne comprend pourquoi mais les notes de Harry se sont améliorées en potions depuis quelques temps. Ron et Hermione ne comprennent même pas pourquoi alors que Harry n'essaie pas de faire d'effort. Le fait est que quelques semaines auparavant, après un énième passage à l'infirmerie, Harry découvre que Severus Snape, la terreur des cachots, revient blessé d'une réunion avec Voldemort. Harry décide alors de faire payer à Snape toutes les fois où il l'a humilié en le menaçant de révéler ses passages à l'infirmerie à cause de Voldemort. C'est à partir de là que commence le chantage. Sauf qu'un Serpentard ne s'avoue jamais vaincu et, très vite, Severus va vouloir lui aussi faire chanter son élève.

Défi 2 :

Retranscrire la scène de la mort de Lexie dans Grey's anatomy.