Mon Ame Est Tienne

Chapitre 1

Vert-Bois Le Grand – Second Âge, 2430.

Le jeune prince Thranduil profitait d'un moment de liberté pour se promener, flânant sous les arbres de cette forêt, si chère à son cœur.

Mais alors qu'il s'était arrêté, posant sa paume contre le tronc d'un arbre pour l'entendre, sa tranquillité fut interrompue par des voix.

Il reconnut la première, celle d'Erephion, son maître d'arme.

La seconde, par contre, lui était absolument inconnue.

« Allons, 'Lana. Un peu de nerf ! Je t'ai connue plus combative. »

« Vous m'entraînez depuis l'aube, père ! »

« Ce n'est pas une excuse. »

Intrigué, le fils du Roi approcha.

Quittant l'ombre des arbres, il arriva dans une des nombreuses clairières qui parsemaient le royaume de son père.

Là, il y découvrit Erephion, une épée en main.

Debout face à lui, en garde, se tenait une Elfe.

La chevelure était sombre et bouclée, aux reflets bordeaux.

Encadrant un visage ovale et blanc, elle mettait surtout en valeur les deux grands yeux émeraude qui s'écarquillèrent quand elle le vit.

Abaissant son arme, elle l'observa avancer, un air étonné se peignant sur son visage.

Son père se retourna, accueillant son élève avec un petit sourire aux lèvres :

« Mon Prince, bienvenue. »

« Erephion... »

« Quel bon vent vous amène ? »

« J'ai réussi à... m'échapper. »

Le sourire de son instructeur s'agrandit.

« Dois-je vous féliciter ? »

eVous pouvez, Erephion, vous pouvez. Mais vous ne le ferez pas, évidemment. Qui est cette jeune personne ? »

« Ma... »

« La jeune personne se prénomme Alana. »

Il se tourna vers elle, surpris, elle arqua un sourcil.

Décontenancé par cette réponse aussi directe, jamais utilisée à la cour, il la questionna :

« Et je suppose que vous êtes... la fille d'Erephion ? »

« En effet. »

« Erephion qui vous entraîne... pour devenir soldat ? »

Le ton était amusé et quelque peu moqueur.

Mais Alana y était habituée.

Il n'était pas le premier et certainement pas le dernier à s'étonner de cette activité, si différente de celles pratiquées par les Elfes de haute lignée...

Oo*oO

Erephion voulut répondre à son élève, à nouveau, sa fille fut plus rapide.

« Je n'ai nullement l'intention de devenir, soldat, Altesse. »

« Vraiment ? Alors pourquoi diable vous entraîne-il ? »

Alana savait évidemment qui était le Prince Thranduil, cet Elfe arrogant et méprisant, qui passait ses journées à conter fleurette à quiconque portait un jupon et était noble.

On le disait beau, elle ne voyait que deux yeux de glace, dénués de toute émotion.

Un sourcil était arqué, attendant sa réponse, elle haussa les épaules, déclarant :

« Pour me défendre. »

« Pour vous défendre ? Vraiment ? Mais contre qui ? »

« Contre un individu de votre espèce, par exemple. Après une soirée trop arrosée, qui sait ce qui pourrait vous passer par la tête. »

Les yeux bleus se plissèrent comme il tendait la main, ordonnant :

« Erephion, votre épée. »

« Votre Altesse, je ne suis pas sûr que... »

« Votre épée ! »

Le regard tilleul pétilla, malicieux, Thranduil grinça des dents.

Cette satanée Elfe allait payer pour cette insulte !

Fille d'Erephion ou pas, elle allait voir qui commandait, ici !

Oo*oO

Alana était vive et agile, contrant chaque attaque du Prince avec aisance pour ensuite le titiller, un sourire moqueur aux lèvres.

Erephion voulut l'arrêter, il fut retenu par une main sur son bras comme une voix amusée déclarait :

« Laissez-la faire, Erephion. Mon fils avait besoin de cette... expérience. »

« Mon Roi... »

« Alana a tant grandi. Elle est magnifique. »

« Merci, Majesté. »

« Tout le portrait craché de sa mère. »

Le maître d'armes eut un triste sourire aux lèvres.

« Elle aurait été fière, si fière de sa fille. »

« Et c'est pour elle que vous restez, n'est-ce pas ? »

« Pas vous ? »

« Oh si. Mais je sais que je retrouverai mon épouse. Et quand ce temps viendra, Thranduil sera prêt. »

Oo*oO

Ils se tenaient face à face, haletant.

Aucun des deux ne se rendrait, ils le savaient.

Et pourtant, il faudrait bien un vainqueur...

Soudain, Alana recula d'un pas, faisant la révérence :

« Majesté... »

« Vous... vous abandonnez ? »

« Vous êtes le Prince. Je vous ai assez défié comme ça. Après tout, je tiens à ma tête. »

Se sentant insulté mais ne sachant pas vraiment pourquoi, il répliqua :

« Personne n'a jamais été décapité, dans ce royaume. »

« Vous m'en voyez ravie... et rassurée, évidemment. »

À nouveau, les grands yeux verts semblaient pétiller, emplis de malice.

Et malgré son irritation, Thranduil ne put s'empêcher de sourire.

« Vous n'êtes définitivement pas comme les autres, lady Alana. »

« Mais je ne suis pas une lady. »

« Ah non ? »

Elle secoua la tête, souriant à son tour.

« Je suis juste Alana, Altesse. »

« Et où juste Alana s'est-elle cachée, tout ce temps ? »

« ... Quelque part. »


Bonus chapitre 2

* Alors des doigts plus grands, chauds et calleux se refermèrent sur les siens et elle sourit, se sentant enfin détendue.

Tout irait bien, elle le sentait..

** Et maintenant, le Prince devait s'imaginer bien des choses, toutes totalement fausses, évidemment.

Mais ça, il l'ignorait !

*** « Et vous riiez avec lui parce que... »

« Parce que j'étais polie. »

* Les grands yeux émeraude qu'il s'était surpris à chérir un peu plus chaque jour étaient graves et sérieux, il sut qu'il devait l'écouter, pour le bien de cette... relation ?

** Mais il n'y avait qu'elle pour le calmer avec un regard, un geste.

Là où les Elfes de noble lignée montraient un visage sans émotion au sourire figé, elle était naturelle... et vivante.

Elle n'avait pas peur de le contredire, répliquant avec vigueur et conviction.

*** On le disait souvent dénué de toute émotion.

Mais en ce moment, il ressentait les affres de la jalousie, l'œil sombre et les poings serrés.

N'était-il rien, pour elle?

Apparemment pas..

* Un prince se devait de rester digne, en toute circonstance.

Il ne devait pas sourire mais prêter attention à la personne qui se tenait devant lui, quelle qu'elle soit.