Précédemment... Le Chevalier Obi-Wan Kenobi, son Padawan Anakin Skywalker et leurs dæmons doivent enquêter sur le vol des plans d'une nouvelle arme sur Rodia, ce qui les amène sur la désertique Tatooine.
La planète au dégradé beige et marron et aux tâches mauves, qu'il n'avait vue ainsi qu'une fois, n'avait, lui semblait-il, jamais quitté la rétine de ses yeux, qu'il préférait détourner. Mais ils se posèrent sur le petit appareil qui détectait bel et bien le datapad qu'ils recherchaient sur ce monde infernal, de surcroît, il le précisait d'avantage avec des coordonnées qu'il n'avait jamais oubliées. Le vulptex à ses côtés chercha son regard, qu'il n'obtint pas, et le canidé quitta le cockpit, obtenant le réconfort qu'il cherchait par une varactyle trop maternelle, sous la forme de quelques caresses qu'il ressentit également, et même s'il ne l'avouerait jamais, elles lui – leur – faisaient du bien. Bien que de mauvais souvenirs fussent à l'origine de son aversion, maintenant qu'il voyait la planète, c'était la peur qui lui donnait son air sombre, la peur de revoir celle qui lui était chère et qu'il avait laissée derrière lui – ou peut-être était-ce la peur de ne pas la revoir, des années étaient passées, des années durant lesquelles tout avait pu arriver. Il en fut arraché par la main lourde de son Maître sur son épaule, par son regard bleu compatissant, par sa compréhension et son soutien qui ne firent pas disparaître ses peurs, mais lui donnèrent le courage de les affronter. La navette entama la descente.
L'horizon n'était que sable et rocher à perte de vue, de cette couleur beige, plus ou moins foncée en quelques endroits, celle de la désolation presque totale, à peine contenait-elle une eau que les fermes d'humidité captaient, particule après particule, si avides de cette denrée rare, une pauvreté qui s'étendait sans discontinuer, pas même brisée par Mos Espa, dont les bâtiments bas étaient aussi imprégnés par cette couleur du vide. La Ravine de Xelric, le canyon qui surplombait la ville qui l'avait vu partir quelques années auparavant, leur permit de cacher leur arrivée, la navette glissant presque sur le sol rocailleux, fissuré par la dure chaleur des deux soleils, jusqu'à se poser dans une enclave qui la cacherait aux yeux des curieux. Dès que la rampe commença à s'abaisser, l'air épais et lourd de la planète désertique envahit le vaisseau et leurs poumons, la chaleur s'agita un instant, comme une lutte contre la température régulée de l'intérieur dont elle sortit vainqueur, puis retomba sur leurs épaules, telle une force de gravité supplémentaire, prête à tout pour les garder auprès d'elle. Certains fermiers admiraient la force implacable et la violence sereine de Tatooine – mais Anakin n'avait jamais été un fils du Désert.
Ils sortirent tous les quatre et la vive lumière de l'après-midi les agressa.
« Hé bien, Maître Fisto et Kaelyan n'aimeraient pas se retrouver ici, commenta avec entrain Obi-Wan. Surtout Kaelyan, elle qui passe son temps à la piscine !
_ Vous avec raison, Maître, répondit son Padawan avec humeur et un sourire malicieux. Ce serait une formidable revanche pour les marécages de Kashyyyk.
_ La vengeance n'est pas la voie du Jedi, Padawan.
_ Néanmoins, glissa sournoisement Nanthana, ils devront faire preuve de méfiance, si un jour nous sommes élus au Haut Conseil. »
La varactyle échangea un regard complice avec son humain, comme un accord tacite entre eux. Cet échange silencieux fit rire Anakin et le petit lézard qui paressait dans le creux de sa main.
« Vous exagérez, cette mission n'était pas si horrible, dit le lézard.
_ Adraën, rappelle-moi qui s'est transformé en poisson et nous a lâchement abandonnés ? demanda sarcastiquement Obi-Wan.
_ Ce n'est pas toi qui a dû être brossée pendant des heures pour enlever l'eau croupie entre mes écailles, rajouta la varactyle.
_ Comme si cela dérangeait Madame Papouilles ! s'exclama Anakin en riant.
_ Tu as raison, concéda-t-elle avant de rajouter, il était plus pénible d'entendre tes jérémiades à propos de ton odeur corporelle.
_ Hé ! râla-t-il. »
Mais un franc sourire ornait son visage : cette mission avait été autant désagréable dans sa réalisation qu'agréable dans le moment complice qu'ils avaient ensuite partagé. Il se souvenait encore de la tête de son Maître quand il lui avait demandé son aide pour ses cheveux – il s'était allègrement moqué de la touffe informe qu'il arborait, avant de lentement (et longuement) passer ses doigts entre les mèches longues, les démêlant et enlevant les immondices qui s'y étaient accrochées.(1) Malgré la simplicité du moment, il avait aimé de pouvoir prendre soin d'Obi-Wan, loin du regard des Maîtres qui leur reprochaient leur attachement. Dans ces moments-là, il sentait la confiance que lui accordait son Maître, bien plus que lorsqu'il lui sauvait la vie durant un combat. Hélas, Kashyyyk faisait figure d'exception. La plupart du temps, il passait par Nanthana, qui semblait moins inaccessible – euphémisme pour signifier qu'elle se réjouissait toujours des gratouilles à la base du cou, derrière les plumes – tout en sachant qu'Obi-Wan, par leur lien, ressentait la même chose que la varactyle, malgré l'impassibilité qu'il affichait.
Naturellement, il passa sa main à la base du cou de Nanthana où il gratta avec affection, dans un geste qui les remerciait, elle et le Jedi, d'avoir ainsi plaisanté pour le détourner de ses sombres souvenirs.
Mais ils avaient suffisamment marché pour arriver à la sortie du canyon et, de fait, au pied de la ville. Mos Espa était bruyante devant eux, ses larges rues étaient parcourues par des personnes toutes très différentes les unes des autres, entre les nomades du désert, les fermiers d'humidité, les riches marchands et les hommes de main de Jabba. Sous l'ombre de grands draps délavés étendus comme une tonnelle s'étalaient des étals de fortune. Des éopies et des dewbacks montés par des jawas flânaient. Pourtant, ce qui attira le regard d'Anakin n'était pas visible – mais il savait que ce chemin, à sa droite, menait aux quartiers des esclaves.
Il était incertain et, surtout, craintif lorsqu'il interpella son Maître :
« Maître ? »
Bien qu'il eût son attention, il se tut. S'humectant les lèvres, il cherchait ses mots – il détestait être ainsi démuni.
« Est-ce que je... pourrais ? Enfin, ce que je veux dire, c'est que ma mère habite par là...
_ Anakin, la mission passe toujours en priorité, le coupa Obi-Wan. »
Sa voix avait été ferme, elle ne laissait place à aucune contestation. Le Chevalier cherchait les yeux de son Padawan pour s'assurer qu'il avait parfaitement compris, mais le garçon les baissa, déçu et frustré. Le petit lézard qui s'était faufilé sur son épaule se fit plus petit, se cachant dans les plis de la robe, impressionné par le ton sans appel. Derrière eux, la grande varactyle lança un regard à Obi-Wan qui, habitué à ses expressions reptiliennes, reconnut les reproches. Il soupira en lui-même, abdiquant face à Nanthana. De la même voix, il apaisa pourtant son discours :
« Nous ne savons pas encore ce qui nous attend, si les Hutts sont mêlés, un contact pourrait la mettre en danger. »
L'adolescent et son lézard relevèrent la tête vers lui, reconnaissant l'argument. Ces mots avaient diminué leur déception, mais elle était toujours présente. Cependant, Anakin ne désespérait pas et retenterait sa chance une fois le datapad retrouvé et tout danger écarté.
Afin de passer inaperçus – plus ou moins – dans Mos Espa, Adraën se faufila sous les habits d'Anakin, se lovant contre lui pour profiter de sa chaleur, très attrayante en tant qu'animal à sang froid, et les deux Jedi montèrent sur le dos de Nanthana, comme si elle eût été une monture de riches voyageurs. Le Padawan mit la capuche de sa bure, son Maître prit un air hautain, Nanthana claquait violemment du bec quand des jawas intéressés s'approchaient. Ils se fondirent aisément dans le décor, et tout le monde s'écarta à leur approche, intimidé par le varactyl. Caché par le dos de son Maître, Anakin observait le signal qui leur permettrait de localiser le datapad, leur soufflant le chemin à prendre. Cela les emmena au cœur de la ville, dans les quartiers aisés. Ils n'avaient pas été importunés jusque-là, leur fausse monture se chargeant de faire fuir les curieux, mais quand leur chemin croisa celui d'un groupe de jeunes enfants, ils surent que Nanthana, et son côté maternel, n'auraient pas à cœur de les faire fuir. Aussitôt qu'ils les virent, les yeux des enfants s'écarquillèrent d'admiration, et ils coururent à leur rencontre avec des cris joyeux, tendant leurs bras pour toucher la grande et magnifique créature.
« Faîtes attention à vos poches, Maître, le prévint sombrement son apprenti. »
Les petites mains frôlaient les écailles vertes et les plumes bleues, caressant avec précaution – intrigués certes, mais impressionnés par l'air féroce du grand bec, des muscles ondulant sous la peau et des pattes plus grandes que leurs petits corps. Un petit humain, d'à peine cinq années standards, tenta sa chance en tirant sur le pantalon d'Obi-Wan et en lui offrant un beau sourire, et celui-ci dut lui expliquer qu'il n'avait pas d'argent valable ici. Ils étaient tous pauvrement vêtus, les tissus étaient usés et rapiécés, certains étaient à pieds nus. Un coup d'œil suffisait pour savoir qu'ils étaient tous esclaves. Baissant la tête pour cacher sa mine sombre, Anakin se revoyait en eux et cela ne lui plaisait guère. Il avait la main posée sur sa tunique, là où il savait que se trouvait Adraën, dont il sentait le petit museau venir à sa rencontre dans un soutien muet. Une colère sourde le prenait, qu'il dirigeait injustement contre ces enfants parce qu'ils incarnaient ce qui l'avait toujours révulsé : l'esclavage.
Soudain, il se retourna vers sa gauche, et attrapa la petite main avant qu'elle n'ait pu s'enfuir. Il fixa la fillette qui tirait sur son bras, essayant de se défaire de sa prise, effarée à l'idée de s'être fait prendre la main dans le sac. Connaissant la punition réservée aux esclaves voleurs, il pouvait la comprendre. C'était une jeune Theelin, sa peau rose pâle était à peine parsemée de quelques tâches violettes, signe de son jeune âge, et ses cheveux bleus étaient coiffés derrière les trois cornes qui descendaient sur ses tempes. Comme la plupart des filles de sa race, elle semblait destinée à devenir une belle femme ; et les belles femmes esclaves n'étaient pas les plus chanceuses. Pauvre enfant, songeait-il. Anakin avait pitié d'elle et de l'avenir qui l'attendait. De longues secondes passèrent, durant lesquelles il la fixait sans lâcher la main qui avait essayé de le voler, obnubilé par son visage encore innocent. Mais elle, elle ne voyait qu'un homme encapuchonné, dont la moitié du visage était dans l'ombre, assombrissant des yeux durs et scrutateurs, dont la poigne la retenait prisonnière, serrant fort sa main à lui faire mal. La frayeur la paralysait sur place, alors que ses amis fuyaient, soudainement inquiets par ces voyageurs, seule une fillette avait le courage de rester à portée de vue, semblant attendre la Theelin.
« Anakin, intervint subitement la voix d'Obi-Wan, tu lui fais peur, lâche-la maintenant. »
Alors qu'il semblait revenir à la réalité, le Padawan se rendit compte qu'il la retenait depuis de trop longues secondes, perdu qu'il était dans ses sombres pensées. Il la relâcha aussitôt et, libérée, la petite fille courut loin d'eux.
Le silence s'installa entre eux. D'une part, Anakin et Adraën étaient douloureusement rattrapés par leur passé, de l'autre, Obi-Wan et Nanthana sentaient leur trouble, dont la cause se devinait facilement. Il n'y avait nul besoin de mots pour comprendre que son Padawan avait été, quelques années auparavant, à la place de ces enfants démunis et devant voler. Au fur et à mesure qu'ils avançaient dans leur exploration de la planète, le chevalier et la varactyle prenaient conscience de ce qu'elle représentait pour l'ancien esclave et son petit lézard : un monde aride, pauvre, stérile. En tant que Jedi, ils avaient visité un grand nombre de contrées austères ou dévastées, mais Tatooine était particulière, en cela qu'elle avait été la planète de son Padawan – la galaxie pouvait prendre une teinte bien différente, sous l'opacité du passé.
Le silence empli d'amertume et de peine se transforma en silence de discrétion, lorsqu'ils se rapprochèrent suffisamment du signal au point d'identifier un bâtiment. Celui-ci était grand, tout en longueur, avec un grand dôme qui pouvait être considéré comme un étage – signe de richesse et de pouvoir, sur cette planète – et des hommes de main à l'extérieur, guettant les environs avec plus ou moins de vigilance. Il s'agissait de Gamorréens qui, compte tenu de leur vigilance précaire, étaient trop souvent employés à cette tâche pour y mettre du cœur. Néanmoins, ils étaient bien équipés ; mieux valait ne pas avoir une armée de ces bipèdes porcins aux trousses. Pour Anakin et Adraën, originaires de cette planète, l'identité du propriétaire était évidente : il s'agissait d'un des nombreux biens de Jabba, le Hutt qui régnait sur le monde désertique. Profitant qu'ils n'avaient pas été vus, le groupe s'éloigna. Nanthana se glissa entre deux bâtiments, suffisamment espacés pour qu'elle pût y entrer, à quelques dizaines de mètres de la résidence surveillée. L'ombre la cachait totalement. Avec agilité et sans bruit, le Jedi et son Padawan sautèrent sur le toit au-dessus d'eux, laissant la varactyle qui, il fallait l'admettre, n'était pas idéale pour une mission où la discrétion était nécessaire. Grâce aux grandes ombres de la fin de journée, ils se glissèrent de toit en toit, longeant les dômes et resserrant leurs capes sombres autour d'eux.
Postés sur un bâtiment, en face de celui qui les intéressait, ils observèrent les entrées et les gardes. L'architecture de ce monde ne laissait que peu de fenêtres, et toutes bien trop petites, ainsi qu'une seule porte d'entrée.
« Il nous faut un repérage des lieux. Adraën ? appela Obi-Wan, faisant sortir le petit lézard de sous la chemise de son Padawan. Il faudrait que tu te glisses à l'intérieur, que tu repères l'endroit où se trouvent les données et par où nous pourrions entrer. »
Les petits yeux regardèrent en bas, la langue reptilienne s'agita dans l'air, montrant son agitation. La jeune voix demanda, incertaine :
« Mais le bâtiment est gardé, si je me fais repérer ?
_ Tu ne te feras pas repérer, le rassura-t-il d'une voix patiente. Tu es doué pour passer inaperçu, bien plus qu'Anakin, précisa-t-il avec un sourire. Je te fais confiance. »
Adraën sembla rasséréné par ces paroles et quand la main d'Anakin se présenta, il fit un bond pour atterrir sur la paume ouverte, tout en gardant la tête levée vers Obi-Wan. Ce dernier savait toujours trouver les bons mots pour le rassurer.
« Et s'ils te voient, c'est pas grave. La plupart des gens ne savent pas faire la différence entre un animal et un dæmon, renchérit Anakin. Allez, courage, Ad' ! »
Malgré son ton jovial, le petit lézard tourna brusquement la tête vers lui, dardant un regard sombre qui lui fit perdre son sourire.
« J'ai du courage, siffla Adraën d'un ton vexé. Je pense simplement à la réussite de notre mission ! »
Sans plus de cérémonie, le petit lézard sauta sur le sol rocheux et descendit du toit, ses pattes accrochant facilement aux aspérités du mur. Fronçant les sourcils, Anakin s'interrogea tout haut :
« Pourquoi est-ce qu'il vous écoute toujours, et pas moi ?
_ Je me pose la même question, répondit Obi-Wan en le fixant. »
Comprenant qu'il ne parlait pas d'Adraën, l'adolescent prit une moue innocente.
« Mais je vous écoute, Maître.
_ Ah oui ? s'étonna-t-il en haussant un sourcil sarcastique. Je suis rassuré de savoir que tu m'écoutes quand tu fais l'exact opposé de ce que je te dis de faire. »
Son ton, entre reproche et raillerie, arracha à Anakin un sourire à la fois contrit et provocateur, propre à son jeune âge.
Adraën, lui, avait rapidement atteint le sol de sable et, en un seul passage rapide, avait traversé la rue large pour longer le mur de l'autre bâtiment. Les longues ombres le cachaient, et le Gamorréen posté à la porte était trop occupé à regarder autour de lui, pour faire attention à ce qu'il se passait sous ses pieds. Il lui fut donc extrêmement facile de s'introduire par le bas de l'unique porte d'entrée. À l'intérieur, il ne trouva personne dans la première pièce. Une caméra la surveillait néanmoins, et il prit soin d'adopter un comportement adapté à sa forme, évitant de fixer trop longtemps le petit dispositif et observant de longues secondes les environs avant de partir à l'exploration. Toutes les pièces n'étaient pas surveillées, mais aux sous-sols, de l'agitation régnait. Un groupe d'hommes, de différentes races, bien plus redoutables et bien mieux équipés que les bipèdes porcins de dehors, jouaient aux jeux de hasard et bavardaient. Ils ne prêtèrent pas la moindre attention au petit reptile qui atteignit l'autre salle qu'ils devaient certainement garder, compte-tenu du butin qui y était amoncelé. Profitant d'être seul, Adraën prit sa forme de convor pour survoler la grande salle. Disposés sur une large console, se trouvaient des dizaines de datapads. Nul doute que celui qu'ils cherchaient devait être celui à part. Ne pouvant sortir discrètement avec, il quitta les lieux pour rejoindre les deux Jedi.
La luminosité – et la température avec elle – commençait à diminuer, la journée laissant place au soir, et dans la pénombre, ils n'avaient aucun mal à échapper aux yeux des autres. Adraën leur fit part de ses découvertes, ce qui lui valut un compliment d'Obi-Wan qui le rendit tout heureux. Néanmoins, quand Anakin tendit la main vers lui, il l'ignora complètement pour s'accrocher au bras de son Maître. L'adolescent leva les yeux au ciel, avant de les suivre d'un bond, atterrissant sur le toit du bâtiment qu'ils devaient infiltrer. N'étant plus protégés par les sombres ombres, ils se dépêchèrent : le lézard leur indiqua un endroit où Anakin fit un trou assez large avec son sabre-laser, tandis qu'Obi-Wan récupérait le morceau découpé, le faisant léviter pour le poser en douceur et sans bruit. Ils se glissèrent à l'intérieur, juste avant que le regard du Gamorréen qui faisait sa ronde ne tombât sur eux.
Adraën leur indiquait un chemin parfait, exempt de surveillance. Ils descendirent un petit escalier et tournèrent aussitôt à droite dans un petit couloir, entrèrent dans une salle d'eau à l'hygiène discutable, où Anakin fit un nouveau trou dans le plancher. Il sauta, sabre-laser en main, suivi rapidement de son Maître également aux aguets, mais la pièce était vide. Les voix qu'ils entendaient venaient d'à côté et ils ne les avaient vraisemblablement pas repérés. Le Chevalier se dirigea aussitôt vers la console où étaient entreposés des datapads de toutes les formes et couleurs, alors que le Padawan prit le temps de faire le tour du butin amoncelé avec les sourcils froncés. Il s'agissait d'un grand capharnaüm, sur des tables ou même à terre étaient posés des caisses et des sacs, certains ouverts, dans lesquels il pouvait voir le chargement, qui débordait. Cela allait de la simple monnaie – il y avait des pièces en grande quantité, dont des truguts et, plus impressionnant encore, au moins une centaine de peggats, ce qui représentait un joli pactole – aux armes de pointe – blasters transdoshans, réputés pour leur puissance, fusils longue portée ou encore réacteurs dorsales, il s'agissait d'un bel arsenal.
« Tout ça ne devrait pas être ici, souffla-t-il, la voix basse. »
Son Maître le considéra du regard. Il pouvait voir la suspicion se dessiner sur les traits de son visage, et la réflexion derrière ses iris. Celui-ci leva la main, montrant le datapad allumé qu'il avait trouvé et qui était indubitablement les plans volés. Obi-Wan glissa le fin appareil dans une poche intérieure, avant de se tourner vers les autres blocs de données, y fouillant à la recherche de quelque chose d'intéressant. Anakin prit une poignée de pièces, dont plusieurs peggats – elles pouvaient être utiles pour la suite des événements – puis s'approcha de la porte pour écouter la conversation – peut-être allaient-ils évoquer leurs plans entre deux parties de jeu. Ce fut une vaine tentative. Mais son Maître, lui, avait trouvé sur un des datapads les plans d'un vaste bâtiment cylindrique raccordé à deux tours, avec tous les codes d'accès et le système de sécurité. Lui et Adraën étaient encore en train d'étudier ces données, qu'Anakin, quant à lui, entendit une voix féminine mettre fin aux bavardages des hommes, qui l'accueillirent avec de tonitruants chef.
« Alors, avez-vous ramené ce que je vous ai demandé ? leur demanda-t-elle. »
Comprenant qu'elle parlait des plans de Rodia, il se retourna brusquement.
« Nous allons avoir de la visite, chuchota-t-il à la hâte. »
Il repartit par là où ils étaient entrés, suivi d'Obi-Wan. Ils quittaient à peine la salle d'eau que la voix féminine s'éleva, implacable.
« Intrus à l'étage ! criait-elle. Surveillez les toits ! »
Ils furent en effet accueillis par des tirs de blaster sur le toit, mais le soir était définitivement tombé, et le manque de luminosité jouait en leur faveur. Ils sautaient de toit en toit, couraient le long des dômes, évitaient les tirs maladroits, mais assez vite, ils remarquèrent que leurs poursuivants se multipliaient. Ainsi en hauteur, ils purent voir Nanthana qui les suivait de loin depuis le sol – le vacarme de leurs assaillants l'avait sans doute prévenue. Ils ne se contentaient pas de leur courir après en leur tirant dessus, mais ils se criaient mutuellement des ordres, dans l'espoir de les encercler, créant une agitation hors du commun dans la ville de Mos Espa. Mais les deux Jedi étaient plus rapides et plus malins, prenant un chemin plus difficile à suivre depuis le sol. Quand ils eurent assez d'avance pour ne plus être à portée de vue, ils regagnèrent le sol, se glissèrent dans une petite échoppe où un vieux Devaronien ronflait sur le comptoir, et regardèrent leurs poursuivants les dépasser, essoufflés. Lorsqu'ils n'entendirent plus que les ronflements du vieil homme, ils sortirent pour gagner une ruelle discrète, rejoints très vite par la varactyle qui, malgré sa taille, savait ne pas être vue.
« Ils doivent être en train d'encercler la ville, dit Anakin. Mais nous avons le datapad, nous pouvons partir.
_ Et je suis plus rapide que leurs speeders, se vanta la varactyle en adressant un regard complice au Padawan.
_ Non, s'opposa aussitôt Obi-Wan. Nous avons peut-être les plans, mais nous ne savons pas pourquoi ils les voulaient.
_ Qu'est-ce que tu veux faire ? Maintenant ils nous recherchent, nous ne pouvons nous cacher indéfiniment, répondit Nanthana. »
Il ne répondit pas tout de suite. Sa main se porta sur son menton, caressant sa barbe, signe qu'il réfléchissait intensément. Mais Adraën, toujours sur l'épaule du Chevalier, ajouta :
« Mais ils n'ont pas vu vos visages, et ne savent même pas que vous êtes Jedi. »
Le visage d'Obi-Wan sembla s'illuminer, adressant un sourire au petit lézard.
« Adraën a raison. Ils recherchent deux hommes qui se cachent et s'enfuient en courant. Nous n'avons qu'à marcher tranquillement en pleine rue.
_ C'est une brillante idée ! s'extasia Adraën.
_ Quoi ? s'écria Nanthana.
_ Mais vous êtes fous ! s'étonna Anakin. »
À ce moment précis, son Maître leur adressa un sourire malicieux, et tous surent qu'il s'apprêtait à dire l'une de ses phrases pleines de philosophie.
« Qui est le plus fou des deux ? Le fou, ou le fou qui le suit ? »
Ils étaient abasourdis. Obi-Wan et Adraën se dirigèrent tranquillement vers la grande rue. Anakin et Nanthana se regardèrent, incrédules, soupirèrent en même temps, et les suivirent, le pas traînant.
(1) Référence à « Fichus cheveux longs » d'Iroko. Un petit OS agréable et amusant à lire.
Bonjour, bonsoir, mes adorables lecteurs.
Tout d'abord, merci pour vos reviews, elles m'ont fait très plaisir. Pour répondre à Ange, je ne suis pas une experte dans l'œuvre de Pullman, j'ai demandé à Sanashiya qui m'a dit que, même si c'était rare, le dæmon pouvait être du même sexe. Comme Anakin ne fait jamais pareil que les autres, j'ai fait ce choix !
J'espère que ce deuxième chapitre vous plaira autant que le premier ! Je me suis beaucoup amusée pour la fin, et j'aime cette petite histoire sur Kashyyyk qu'ils remettent constamment sur le tapis. Le chapitre suivant sera plus calme, il y aura moins d'action, mais beaucoup de questions trouveront leur réponse. J'espère vous y revoir.
À bientôt,
MlleMau.