Bonsoir, bonsoir ! Après une longue absence, me revoilà avec une Harry/Draco avec tout ce que j'aime dedans !

Cette histoire, c'est du angst, du fluff, du drama et des choses un peu psyché.

C'est aussi un pacte magique et une relation compliquée (et chaotique) (mais cute).

Elle reprend de très près, et dans l'ordre chronologique, les événements du canon et s'étend de la première à la septième année.

En bref, c'est une UA où Draco, au lieu de fuir dans la Forêt Interdite, revient dans la clairière, panique en voyant Harry inconscient et lui fait boire du sang de licorne... bouleversant par cet acte le mouvement des planètes (oui, quand même) et les liant, Harry et lui, FOREVER AND EVER.

Update tous les 7-10 jours. Je finis toujours ce que je commence !

Disclaimer : L'univers de Harry Potter ne m'appartient pas. Pour les besoins de cette ff, j'ai intégré plusieurs extraits des romans dans le texte. Je ne tire aucun profit de mes écrits, mis à part le plaisir de lire des reviews.


HIBRIDAE

PREMIÈRE ANNÉE

Prologue : Licornes et Centaures

"Se laver les mains au décapant pour four"


26 mai 1992 – Forêt Interdite

Draco courait mais il avait l'impression que l'univers courait avec lui. Il n'avançait pas. Il n'arrêtait pas de trébucher et de se cogner, et tout ce qui l'entourait dansait une ronde méchante, dont il était le centre.

Les étoiles lointaines, là haut, dans le ciel, la cime épaisse des arbres, à plusieurs mètres au dessus de sa tête, les branches tordues et les troncs tachés de sang de licorne, à perte de vue, les racines et les feuilles mortes sous ses pieds, tout, jusqu'à la flamme de sa lanterne, tournoyait, comme dans un cauchemar.

La Forêt Interdite ne voulait manifestement pas qu'il s'éloigne. Malheureusement pour elle, Draco ne désirait qu'une chose, mettre la plus grande distance possible entre lui et la créature encapuchonnée.

Il avait peur. Il avait peur des loup-garous affamés. De la nuit opaque et oppressante. De la chose qu'ils avaient surprise en train de boire du sang de licorne. Oh, comme il avait peur de cette chose qui avait osé – et réussi à – tuer le plus pur des êtres...

Je reviendrai à l'aube pour récupérer ce qui restera d'eux, avait ricané Rusard.

Tant que tu seras avec moi et Crockdur, rien de ce qui vit dans cette forêt ne pourra te faire de mal, lui avait assuré Hagrid.

Tu parles ! Quand Crockdur avait vu la créature maléfique dans la clairière, il avait pris la fuite comme Draco, abandonnant lui aussi Potter à son triste sort.

– Argh ! glapit le Serpentard, en se prenant les pieds dans une racine.

Il se remit debout aussi vite qu'il le put, les yeux rivés sur le chemin de terre qui semblait n'avoir pas de fin. Il eut une pensée pour son père, qui serait furieux s'il apprenait que son fils avait été envoyé dans la Forêt Interdite, de nuit, afin de retrouver le cadavre d'une licorne. Mais Lucius Malfoy serait certainement plus furieux encore s'il apprenait que Draco avait pris ses jambes à son cou et laissé Potter pour mort.

Le jeune sorcier réalisa soudain que sa désertion ne serait pas sans conséquence. Si Potter mourrait... et pour être honnête, il y avait peu de chances qu'il s'en sorte... Draco serait jugé coupable. Pas directement responsable de sa mort, évidemment, mais coupable de non-assistance à personne en danger. Coupable de lâcheté.

Draco aurait sans doute écarté ses doutes d'un virtuel revers de la main si la personne en danger avait été un illustre inconnu. Mais il s'agissait de Harry Potter, l'enfant chéri de Merlin et de Morgane, et personne ne laissait mourir l'enfant chéri de Merlin et de Morgane sans y réfléchir à deux fois.

Surtout si le dit-enfant criait à l'aide.

Et Potter était justement en train de crier à l'aide.

Presque comme dans un rêve, Draco fit demi-tour et repartit en direction de la clairière. La Forêt, si hostile un instant plus tôt, semblait guider ses pas. Une sorte de bourdonnement sourd, venant des entrailles de la terre, accompagnait sa course, lui indiquant où tourner et le prévenant des obstacles sur sa route.

Le garçon crut même apercevoir des lueurs bleutés dans le creux de certains troncs, comme de minuscules Patronus, mais il ne s'arrêta pas pour vérifier.

Il ne se demanda pas pourquoi il avait entendu si distinctement le cri de détresse de Potter. Il ne se demanda pas non plus pourquoi il lui avait précédemment fallu une demi-heure pour faire un trajet qui cette fois-ci ne lui prit que cinq minutes. Non, il ne se rendit pas compte qu'il obéissait aux ordres doucereux de la Forêt Interdite.

La peur acide qui rongeait auparavant son estomac avait été remplacée par une détermination de plomb. Il allait sauver Harry Potter.

xXx

Une personne hurlait et sanglotait juste à côté de lui. Harry voulut ouvrir la bouche pour la rassurer, puis il se rendit compte que sa bouche était déjà ouverte. Ah... C'était lui qui criait. C'était lui qui avait besoin d'aide.

Il tenta d'entrouvrir les yeux. Il échoua. Ce simple geste lui demandait déjà trop d'effort, car sa cicatrice le brûlait comme si elle était la porte des Enfers. Il avait l'impression que mille démons et succubes cherchaient à en jaillir, faisant des mains et des pieds pour déchirer la peau de son front. Et il y avait aussi l'intolérable douleur du Doloris qui irradiait dans son corps tout entier, bien pire que la mort...

Pourquoi, alors, ne se sentait-il pas concerné ? Sûrement parce que tout cela devait arriver à quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas être celui qui se contorsionnait par terre, de la boue dans les cheveux et son futur meurtrier, sans nom et sans visage, penché au dessus de lui.

Il n'avait même pas douze ans...

Son pantalon souillé par l'urine, les éclairs rouges du Sortilège de Torture, son crâne qui menaçait d'exploser... les pas qui se précipitaient vers lui... la lumière vacillante d'une lanterne... tout cela lui arrivait de très loin, brouillé et difforme, comme au travers d'un filtre ou d'un océan. Peut-être était-il déjà à moitié mort...

Lumos ! hurla une voix familière.

Harry n'aimait pas cette voix, ni le garçon à qui elle appartenait. Il était tout de même heureux d'entendre cette voix, heureux d'entendre la formule rassurante du Sortilège de Lumière. Il n'eut pas le temps de se dire une troisième fois qu'il était heureux : il sombra dans le néant.

xXx

Draco ne savait pas pourquoi la créature avait fui devant un simple Lumos. Il s'en foutait pas mal, de toute manière.

Car Potter était mort.

Il était arrivé trop tard.

Les cieux allaient s'ouvrir et l'engloutir. Les étoiles allaient fondre sur lui et le déchiqueter. Dumbledore allait l'envoyer sur orbite géostationnaire. Son père allait le rayer de la tapisserie familiale. Et les autres... Tout le monde allait croire que c'était lui qui avait tué Potter. Après tout, qui croirait cette histoire de silhouette encapuchonnée, drapée dans une cape de vapeur, et buvant du sang de licorne au clair de lune ?

La licorne... Draco tourna la tête et elle était toujours là, superbe et triste, sa pâleur surnaturelle dans la sombre clairière. Hypnotisé par sa beauté, le Serpentard délaissa son camarade à terre et s'approcha du cadavre.

Il n'avait jamais vu de licorne et il n'avait jamais rêvé en voir une de si près. Il n'avait jamais imaginé un jour en toucher une. Son cœur battait la chamade à cette seule pensée.

La Forêt avait recommencé à chantonner, un air léger et rapide, presque chamanique. Les arbres de la clairière se mirent à briller et à agiter leurs branches et leurs racines, incitant Draco à suivre son désir.

Alors, Draco posa une main tremblante sur le cou encore tiède de la bête. Du sang argenté, très épais, coula sur ses doigts. Le garçon frémit, les narines dilatées, les poils hérissés. Il venait de violer un tabou. Profaner une tombe aurait été infiniment plus correct.

Entrer en contact avec la sève d'une licorne c'était... c'était... il ne trouvait même pas de mot pour dire combien c'était grave et dégoûtant et pervers.

Mais il ne pouvait pas s'essuyer les mains sur ses robes sales – ou pire, sur la peau de la licorne. Draco jeta un regard désespéré vers Potter, espérant vainement que l'autre sorcier lui dirait quoi faire.

C'est seulement à ce moment-là que l'idée lui traversa l'esprit. Plus tard, Draco se rendrait compte qu'elle flottait déjà dans un coin de son crâne quand il avait fait demi-tour pour porter secours à Potter. Oui, elle devait être là depuis le début, soufflée par la Forêt Interdite, mais, sur le moment, elle sembla apparaître sans crier gare.

Il allait faire boire le sang à Potter. C'était aussi simple que cela.

xXx

Harry se réveilla en toussant violemment. Il inspira un grand coup, à la manière d'un noyé dont la tête a enfin percé la surface. Puis, il se remit à tousser de plus belle, plié en deux.

Il eut à peine le temps de noter que Malfoy était agenouillé à sa gauche – Harry aurait ri de son air inquiet s'il n'avait pas eu la gorge en feu – que des bruits de sabots se firent entendre.

Malfoy blêmit et se laissa tomber en arrière.

– Salazar, la licorne... Son clan...

Harry lui adressa une grimace d'incompréhension et le blond balbutia avec impatience :

– Les autres licornes, elles vont nous tuer ! Nous empaler sur leurs cornes ! Tu ne comprends pas, Potter ? J'ai touché... Tu as bu... La licor – Oh – Ce n'est pas une licorne...

Harry leva la tête. L'être qui venait à leur rencontre avait bien quatre sabots, comme les licornes, mais il n'en était pas une. C'était un centaure. Il avait les cheveux d'un blond lunaire et un corps palomino. Il semblait plus jeune et plus calme que Ronan et Bane, dont Harry avait fait la connaissance plus tôt dans la soirée.

Harry s'écarta de Malfoy, qui s'était mis à rire nerveusement, les yeux fixés sur l'inconnu. Le blond avait l'air d'avoir perdu la tête et Harry était trop épuisé pour s'occuper de lui.

– Ça va ? demanda le centaure, en dévisageant les deux sorciers, ses yeux bleus se posant alternativement sur les mains de Malfoy et sur le visage, non, sur la bouche, de Harry.

Inconsciemment, Harry porta ses doigts à ses lèvres.

– Qu'est-ce que... bredouilla-t-il, en remarquant que son menton était couvert d'un liquide argenté. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– A vous de me le dire, répondit le centaure. Comment te sens-tu ?

– Tout va bien, je crois. Merci.

– Et toi ? demanda le centaure, en s'adressant à Malfoy.

Le Serpentard tremblait comme une feuille, son visage déformé par la terreur. Harry comprit très vite pour quelle raison : ses mains, que le centaure fixait avec insistance, étaient maculées de sang de licorne.

– Ça va, dit Malfoy, la tête baissée, en entortillant ses doigts poisseux.

Harry cligna plusieurs fois des yeux, réalisant subitement ce qu'il s'était passé pendant qu'il était inconscient. Il ne pouvait pas le croire. Pourtant, l'attitude du centaure et de Malfoy ne laissait pas de place au doute. Tout comme l'affreuse créature de tout à l'heure, Harry avait bu le sang de la licorne. Malfoy le lui avait fait boire !

Mais pourquoi ? Cela n'avait aucun sens...

– Tu es le fils Potter, remarqua le centaure, ses yeux s'attardant cette fois sur la cicatrice qui brillait sur le front du Gryffondor. Il vaudrait mieux que vous retourniez auprès de Hagrid. La Forêt n'est pas sûre ces temps-ci, surtout pour vous deux. Les arbres sont agités, ils cherchent à lutter contre le Destin... Savez-vous monter à cheval ? Ce sera plus rapide.

Il se baissa, attendant que Harry et Malfoy montent sur son dos et ajouta :

– Je m'appelle Firenze.

Les deux jeunes sorciers échangèrent un regard perplexe. Comme Harry, Malfoy ne semblait pas en revenir. Le centaure allait-il les raccompagner à l'orée de la forêt sans reparler de l'acte qu'ils avaient commis ? Malfoy rit brièvement, avant de grimper sur le dos du centaure. Harry se plaça derrière lui mécaniquement, incapable de penser.

Il y eut alors un nouveau bruit de galop, provenant de l'autre côté de la clairière. Ronan et Bane firent irruption d'entre les arbres, soufflant bruyamment, leurs flancs se creusant à chaque inspiration.

– Firenze ! gronda Bane. Que fais-tu ? Tu portes des humains sur ton dos ! N'as-tu pas honte ? Te prendrais-tu une mule ?

– Est-ce que vous savez qui sont ces garçons ? répliqua Firenze. Celui aux cheveux noirs, c'est le fils Potter. Et l'autre, c'est le fils Malfoy. Ils sont des poulains désormais, bien qu'ils feraient mieux de quitter la forêt au plus vite. Notre Mère à tous a des plans différents de ceux du ciel.

– Que leur as-tu dit ? grogna Bane, sa queue battant furieusement l'air. Souviens-toi, Firenze, nous avons juré que nous ne nous opposerions pas aux étoiles. Le mouvement des planètes ne t'a-t-il pas révélé ce qui devait arriver ?

– Je suis certain que Firenze pensait agir au mieux, intervint Ronan en raclant le sol de ses sabots avant.

– Au mieux ! Qu'est-ce que cela a à voir avec nous ? Les centaures se soumettent aux décrets du destin. Nous n'avons pas à courir après les humains égarés dans notre forêt, comme des ânes !

Sous le coup de la colère, Firenze rua, obligeant Malfoy à se cramponner à son torse pour ne pas tomber... et Harry à s'agripper au Serpentard, faute de mieux.

– Ne vois-tu pas cette licorne ? rugit Firenze. Ne vois-tu pas que tu as ses poulains sous les yeux ? Des jumeaux, dont l'un est lié à la terre et au ciel et l'autre au monde des âmes. Oui, je dis vrai, Bane. Le petit Malfoy a confié l'âme de la licorne à Harry Potter. Un destin nouveau est en marche, désormais.

A ces mots, Bane et Ronan se figèrent. Ils auraient tout aussi bien pu être frappés par la foudre. Ils se retirèrent à reculons, comme effrayés, avant de prendre leur élan et de disparaître dans la nuit noire. Le visage à la fois émerveillé et horrifié de Ronan valsa quelques secondes devant les yeux de Harry.

Firenze quitta à son tour la clairière, les deux sorciers sur son dos.

xXx

– Pourquoi Ronan et Bane ont-ils rebroussé chemin ? Qu'est-ce que tu voulais dire, quand tu as dit qu'on était des jumeaux, Malfoy et moi ? demanda Potter. Et c'était quoi, cette chose qui a tué la licorne ?

Draco se pétrifia. Pas étonnant que Potter ait fait perdre 150 points à sa Maison en une seule nuit. Ce pauvre garçon ne connaissait aucune limite. Il aurait pu fermer sa bouche jusqu'à la fin du trajet et remercier silencieusement Godric Gryffondor pour s'en être encore une fois sorti vivant... mais non, il allait gaiement à la rencontre des ennuis. Il se jetait dessus comme un enfant sur une Patacitrouille.

N'avait-il aucun instinct de préservation ? Est-ce que c'était cela ce qui manquait à Draco pour être un Héros ? Une béate, une suicidaire, inconscience ?

– Harry Potter, sais-tu quelle propriété a le sang des licornes ? finit par dire Firenze, après un long silence.

– Non, répondit Potter, visiblement étonné par la question. On a seulement utilisé leurs cornes et leurs crins en Potions.

– Et toi, Draco Malfoy ?

Draco déglutit.

– Comment connaissez-vous mon nom ? s'enquit-il, en partie parce que la réponse l'intriguait, en partie pour repousser le moment fatidique.

– Ton nom est lié au ciel et les centaures admirent le ciel. Mais il est aussi lié à la terre et les centaures foulent la terre, fut l'explication cryptique de Firenze.

Le centaure se moquait-il de lui ? Draco se résolut cependant à répondre. Il ne se sentait pas de taille à affronter un centaure agacé.

– Le sang de licorne permet de survivre, même si l'on est à deux doigts de la mort. Mais pour cela il faut tuer un être pur et sans défense... et je ne l'ai pas tuée ! Je ne l'ai pas tuée, je le jure, répéta Draco, espérant convaincre le centaure de sa bonne foi.

– C'est exact. Seul quelqu'un qui n'a rien à perdre et tout à gagner commettrait un tel crime. Le prix à payer est terrible, car l'on est condamné à vivre une demi-vie, une vie maudite, dès l'instant où les lèvres touchent le sang.

Potter faillit tomber en arrière.

– Hey, fais gaffe ! Draco ne put s'empêcher de crier, en le rattrapant de justesse.

– Qui serait assez désespéré pour faire ça ? Si on doit être maudit à jamais, ne vaut-il pas mieux mourir ? se demanda Potter à voix haute.

Draco admira son sang-froid. Potter venait d'apprendre qu'il serait maudit pour l'éternité et il était déjà en train de prévoir une solution – le suicide. Ou peut-être que Draco extrapolait.

Il s'avéra que Draco extrapolait. En effet, Potter était moins intéressé par son propre sort que par celui de la créature encapuchonnée. Firenze et lui discutaient désormais d'une mystérieuse pierre rouge et d'un homme qui voulait retrouver son pouvoir d'antan, mais le blond n'écoutait pas.

Son esprit restait bloqué sur son crime, sur le sang sous ses ongles qui ne voulait pas coaguler. Et sur le fait que Potter s'était remis de l'incident plus vite que d'un rhume.

xXx

– Harry ! Harry, est-ce que tu vas bien ?

Granger courait vers eux, Hagrid derrière elle, Londubat un peu plus loin. Tous trois n'avaient d'yeux que pour Potter.

Draco et Potter sautèrent par terre. Le blond renifla avec dédain quand Granger serra le Survivant dans ses bras. Potter ne revenait pas de la guerre non plus ! Et dans le cas où il en reviendrait, Draco en reviendrait lui aussi...

Après s'être assuré que Potter allait bien, Hagrid partit retrouver le cadavre de la licorne, laissant Draco avec les trois Gryffondors, situation malaisante s'il en était une.

Sans faire attention à Draco, qui se tenait un peu en retrait, Granger se mit à bombarder Potter de questions auxquelles le brun répondait de façon vague et confuse. Londubat tapotait parfois son bras, comme pour le féliciter ou le réconforter.

Draco les regardait interagir du coin de l'œil et il sursauta lorsque Firenze posa une main sur son épaule. Tout à sa contemplation, il l'avait totalement oublié.

– Bonne chance, Draco Malfoy, murmura le centaure. Votre... situation, à Harry Potter et à toi, est unique, même si vous ne le réalisez pas encore. Faire boire à un enfant le sang d'une licorne tuée par un autre... Utiliser une vie déjà prise pour sauver celle d'un innocent... Il est possible que vous n'ayez pas été maudits mais bénis, ce soir. Grâce à ton acte, un jour peut-être, la licorne sera-t-elle vengée.

Draco frémit à cette pensée. Ridicule ! songea-t-il. Il avait personnellement envie de se laver les mains au décapant pour four.

– Quoiqu'il en soit, dans les veines de Harry Potter coule maintenant le sang de ses deux mères, humaine et licorne, reprit Firenze. Et toi, Draco Malfoy... Tu as joué le rôle d'un passeur d'âme, comme tant de chevaux ou de dragons avant toi. Tu es à la fois le jumeau et le père de Harry Potter... Sa vie dépend de toi, car tu l'as déjà sauvée une fois. Ne l'oublie jamais, oui, n'oublie jamais qu'il a une dette envers toi.

Il leva la tête vers le ciel, avant de soupirer encore :

– La Forêt est agitée, elle sent que ses heures sont comptées. Elle lutte pour survivre. Elle t'a manipulé pour faire fuir l'intrus qui torturait ses habitants et elle t'a incité à donner le sang de la licorne à Potter. Contrairement à elle, nous centaures acceptons le Destin. Mais les sorciers... Oui, tous les sorciers devraient prier pour que vous deux preniez les bonnes décisions le moment venu. Draco Malfoy, retiens bien cela : l'enjeu est grand, et les conséquences terribles... Je consulterai à nouveau les planètes, mais sache qu'elles ont déjà été mal lues, même par les centaures. J'espère pour les sorciers, pour la Forêt et pour vous deux que c'est le cas aujourd'hui.

Le centaure le salua solennellement, croisa une dernière fois le regard de Potter et retourna dans la Forêt Interdite, son galop semblable au grondement du tonnerre.

Draco et les trois Gryffondors rentrèrent au château en silence et, dans le Grand Hall, leurs chemins se séparèrent sans que Potter ait fait allusion à ce qu'il s'était passé dans la clairière.

C'était bizarre. Bizarre, n'est-ce pas ? Est-ce que cette mésaventure allait se terminer comme ça, sur un monologue dépourvu de sens délivré par un centaure ?

Potter pensait-il qu'ignorer les événements de la soirée lui permettrait de continuer à vivre comme avant ? Draco savait que ce n'était pas le cas mais... tout compte fait, il avait bien envie de faire de même. Il était épuisé.

Il sentait malgré lui qu'un lien s'était tissé entre Potter et lui cette nuit-là, un lien aussi puissant que le sang de licorne ou qu'un pacte magique. Potter n'en avait sûrement pas conscience, trop absorbé qu'il était par la créature maléfique et par la pierre du métaphysicien, non, du philosophe, mais Draco était sensible à la Magie et il savait qu'il avait, sans vraiment le vouloir, noué sa vie à celle de Harry Potter.

Ah, si ce n'était que sa propre vie ! Mais Firenze n'avait-il pas sous-entendu que le destin de tous les sorciers était entre leurs mains, à Potter et à lui ?


A Suivre...


Prochain chapitre, en ligne le 6 mars : Maintenant en troisième année, Harry et Draco se font du mouron, chacun étant persuadé que le sang de licorne affecte la santé de l'autre... Cours sur les hippogriffes /o/

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