Neige rouge.

Le Peuple des Montagnes.

Fanfiction The 100 / Univers original de la série. Drame, Romance.

Début de S3 après l'entrée de SkyKru dans la Coalition.

Lexa, Commandant de tous les clans des territoires connus de cette région de La Terre, regardait la vue depuis le haut de l'immense tour de la Capitale, Polis. Son regard, plongé vers l'horizon, était noir et sur son visage, comme à l'accoutumé, aucune émotion, aucun tic, aucun signe d'aucune sorte. Elle attendait simplement que le soleil se couche. Elle attendait, résolument calme, pourtant tout son être bouillonnait d'impatience. Elle laissa son esprit remonter le cours du temps. Elle laissa l'empreinte des douleurs et des souvenirs lui glisser dessus, elle les laissa la traverser de part en part acceptant enfin ce qu'elle était et ce qu'elle avait vécu. Le regard perdu au loin, Heda repensa aux jours qui venaient de s'écouler.

guerre qui vient.

Il n'y a pas de monde plus en ruine que celui dans lequel elle était née. Il n'y a pas plus vastes champs de désolation que celui qu'elle traversait à présent. Il n'y avait plus d'espoir dans ce monde en souffrance et pourtant elle avait cru en un rayon de soleil né dans les étoiles qui lui avait fait voir la vie autrement et elle était parti sur les routes pour tenter de trouver un nouvel allié avant que la Grande Guerre n'éclate.

Le Chef Commandant Suprême des Armées Trikru, le Chef admiré de tous avait choisi de faire confiance à une étrangère venue du Ciel. Le Commandant Lexa avait pris parti, et ce quitte à se mettre à dos tous les chefs de clans qu'elle avait réuni ces dernières années sous le joue de la Coalition, elle avait décidé de faire confiance à Clarke Griffin, seule lueur d'espoir dans un monde gouverné par la violence et la mort, gouverné par la loi du plus fort et du plus sauvage, gouverné par le désir de vengeance, génération après génération. Lexa avait entrevu en elle, une possibilité, une échappatoire, peut-être même une révélation. C'était inattendu et presque fou mais elle avait su dès la première seconde que cette fille changerait tout autour d'elle.

Il n'y avait pas plus lourde décision que celle qu'elle prit ce jour-là. Elle fit massacrer les chefs de clans qui s'opposaient à elle, ceux en chevillent avec l'Ambassadeur de la Nation des Glaces, qu'elle avait balancé du haut de la tour, et la rébellion éclata dans les rues de Polis. Les Clans du Nord s'alliaient contre le pouvoir, les Clans du Sud doutaient de sa suprématie, quant aux clans de l'Est et de L'Ouest, ils étaient derrière Heda, quoiqu'il arrive mais son gouvernement chancelait, la fin était proche, si elle ne faisait rien, son royaume s'effondrerait.

Quand les embuscades et les massacres commencèrent à ensanglanter les pavés aux pieds de la Tour, une bonne partie de l'Armée de Heda fut décimée, la Capital n'était plus sûr, les alliances déchirées et la confiance accordée compromise. Face aux armées de barbare qui composaient les clans du Nord réunis, le règne de Lexa avait bien peu de chance de survie. Il lui fallait un autre allié, il lui fallait être sûr du soutien du Sud et il lui fallait convaincre, que pour survivre, il fallait s'unir et que pour vivre, il fallait gagner la prochaine guerre. Il lui fallait convaincre que le seul avenir radieux possible ne se fera pas sous le joue de la Reine d'Azgeda.

En haut de la Tour, au milieu des ruines de la ville, Heda tournait en rond dans la salle du trône. Elle avait fait renforcer la sécurité, envoyer des éclaireurs aux abords de Polis, elle avait fait prêter serment à tout le reste de sa garde et passe des heures à se terrer là sans vouloir recevoir quiconque. Les Chefs de clans alliés et leurs troupes sont mis à l'abri et lui avaient jurer fidélité mais ils ignoraient comment elle comptait s'y prendre pour vaincre les clans du Nord, barbares aux cœurs de glace. Non pas tous. Il y avait quelqu'un dans le Nord, bien plus au Nord que les terres de la redoutable Reine Nia, qui n'avait pas le cœur emprisonné de tant de froideur, du moins elle l'espérait encore. Elle avait souvenir d'un Roi qui en son jeune temps était bon et respecté de tout son peuple.

Elle se torturait pour prendre la bonne décision. Partir en guerre avec les Clans de l'Est et de l'Ouest, sans être sûr que le Sud suivra ou bien partir, elle-même à la recherche d'un nouvel allié contre le Nord, un allié qui saura submerger l'ennemi s'il collabore.

Heda laissa ses servantes allumer les centaines de bougies dans la salle pendant que le jour baissait et qu'à l'horizon le soleil se couchait. A la porte on criait au scandale et l'on forçait l'entrée. Clarke Griffin, leader du dernier clan allié, forçait le passage des gardes et déboula dans la salle, pour se retrouver face à face avec le Commandant.

_ Heda, pardonnez mes manières mais cela fait des heures que je… que mon clan et moi-même sommes enfermés sans pouvoir rien faire, sans prendre part à aucune décision, sans…

Elle se tait soudain, réalisant que la pièce était vide, réalisant que le Commandant n'était pas en Conseil de Guerre Exceptionnelle sans elle, mais simplement seule face à la nuit qui tombe.

_ Pardon, je pensais que nous étions exclus de l'organisation de la bataille…

_ Exclus ? Clarke, j'ai défié tous mes sujets en admettant le Peuple du Ciel dans ma Coalition alors ne me parle pas d'exclusion. Je vous ai juste mis en sécurité le temps que Polis et la Tour redevienne un endroit sûr pour tout le monde. Dit-elle très calmement.

Heda s'éloigne sans congédier Clarke et s'approche du balcon, puis elle détourne le regard vers l'horizon et s'y perd. Clarke s'approche, doucement. Lexa la voit du coin de l'œil et la laisse faire. Seule Clarke Griffin avait certains privilèges, privilèges qu'elle n'accorderait à personne d'autre. Privilège du genre de celui de se tenir à moins de dix centimètres d'elle sans aucune garde rapprochée.

_ Lexa, je sens que quelque chose ne va pas.

_ Effectivement Clarke. Je … je ne me décide pas. Et ça ne me ressemble pas. Je voulais éviter cette guerre mais la Nation des Glaces et tous ces traitres ne me laisse pas le choix.

_ Avons-nous une chance avec l'Armée tel qu'elle est, avec ceux qui vous sont fidèles et les avantages militaires de mon Peuple ?

_ Non.

_ Et avec le Sud à nos côtés ?

_Peut-être. Mais je ne peux pas compter sur eux.

_ A quoi penses-tu alors ?

_ Il y a…

Lexa ne poursuit pas, elle pose son regard sur Clarke, si bien que l'intéressé en rougit presque. Elle connait ce regard, Heda ne regarde qu'elle comme cela. Lexa cachait de moins en moins bien ses intentions envers elle, ou bien c'est Clarke qui lisait de mieux en mieux ses ambitions.

_ Dit-moi. Prononce Clarke dans un murmure comme pour ne pas la brusquer.

_ Très bien, je vais te le dire… Il y a un autre clan plus au Nord que le Nord. Un clan puissant et fort. Un Clan qui pourrait largement nous aider à vaincre Nia et ses sbires de glace.

_ Quel clan ? Où ça ?

_ Le Clan des sommets enneigés. Au-delà du mur des Montagnes éternelles.

_ Au-delà de quoi ?

_ Au-delà du territoire de Nia. Ils vivent dans les lointaines montagnes où même les armées du Clan des Glaces n'osent aller.

_ Et le Chef de ce clan se rallierait à nous ?

_ C'est possible. Répond Lexa avec une voix mal assurée.

Clarke sent son hésitation et insiste du regard mais Lexa ne dit plus un mot. La nuit est tombée et elles restent là, en silence, jusqu'à ce que le Commandant se décide à faire appeler ses Généraux. La ville était plongée dans le noir, seules les torches de la garde illuminaient les ruelles loin des foyers de feu des rebelles qui grandissaient dans certains quartiers. Lexa voyait son œuvre partir en fumée, son armée décimée, la paix partir en cendre et sa rage décuplée.

Clarke assistait à la décadence d'un peuple qui avait pourtant survécu jusque-là alors que rien ne le présageait. Elle avait mal pour ce Commandant dévoué qui n'avait passé sa vie qu'à faire les choses dans l'intérêt de son peuple et qui voyait maintenant son peuple mourir alors qu'elle était la première à œuvrer pour le bien de tous.

Plus tard, au beau milieu de la nuit, dans la lueur des milles chandelles, toute la coalition et les généraux de Heda étaient rassemblé dans la salle du trône. Titus et Indra postés de chaque côté de leur Commandant ainsi que les chefs de bataillons Trikru. Les chefs de Clans et leur bras droit étaient silencieux et respectueux devant Heda. Il y avait les chefs de l'Ouest et de l'Est, Clan des Montagnes et de la Forêt Clans de l'Est, Lake People, Broad Leaf, Rock Line et Plaine Ryders, et aussi Blue Cliff et Shadow Valley. Le 13ème clan, celui du Ciel, n'avait pas encore vraiment sa place dans cette répartition mais Clarke et Kane, étaient bien sûr présent. Kane comme bras droit car il était toujours Chancelier même si aux yeux de Heda c'était Clarke le leader.

Le silence pesant qu'entretenait le Commandant commençait à éveiller quelques murmures qu'elle fit aussitôt taire. Elle avait pris sa décision. Il faillait résister et trouver un nouvel allié.

Sa voix résonna dans le silence. Elle annonça un nouvel espoir. Elle annonça la quête d'un nouvel allié.

Elle envoya une troupe avec Indra à leur tête, défier les clans du Sud qui doutait encore d'elle. Ils avaient pour mission de leur rappeler que le Sud avait toujours été protégé par Polis des invasions des barbares de la Nation des glaces qui n'aspirent qu'à une chose, quitter ses terres gelées où ils avaient été exilés jadis. Elle ne dit que peu de chose sur le nouvel allié, si ce n'est qu'elle constituera elle-même une troupe dont elle prendra la tête. Titus, par ces temps incertains, était de plus en plus protecteur et se révolta contre sa décision. Elle le fit taire et fit évacuer la salle, à l'exception de Titus, Indra, Clarke et Kane.

Quand elle annonça en privé à Titus, son souhait de partir dans le Grand Nord, Clarke le vit presque défaillir. Il était à deux doigts de faire un malaise tant son amour et sa dévotion pour elle étaient grands et qu'il craignait pour sa vie. A trop vouloir la protéger, il finira par la mettre en danger, il est déjà déraisonnable quand il se dresse contre ses décisions, elle le sait, elle doit s'éloigner de lui.

_ Commandant non ! Vous ne pouvez pas partir pour les Sommets enneigés, c'est bien trop dangereux.

_ Je n'ai pas le choix, Titus, et ma décision et prise.

_ Pourquoi ? Pourquoi envoyer des missionnaires dans le Sud et partir, en personne, vers le Nord ?

_ Parce que le Sud hésite et que quelques bons orateurs munis d'une fine lame finiront de les convaincre. Alors que … dans le Nord, il n'y a que moi qui puisse faire quelque chose. Si je n'y vais pas en personne, jamais nous n'aurons une chance qu'ils se rallient à la Coalition.

_ Commandant, pardonnez-moi mais je doute que même en personne, le Chef des Sommets ne vous reçoive ou n'accepte même la simple idée de vous voir.

_ Il suffit Titus. Plus un mot. Tu prendras soin de Aden et des autres apprentis pour moi. Ce serra ainsi, nous partons demain matin.

_ Je pars avec toi. S'exclama Clarke tout d'un coup sentant que la séance prenait fin.

Kane, poussé par une petite voix dans sa tête qui ressemble beaucoup à celle d'Abby, tente de l'en dissuader mais rien à faire. Lexa esquisse un léger sourire, à peine perceptible mais que Clarke à bien vue. Elle ne dit pas un mot, elle y consent donc. Elle a peur pour elle, cela sera un voyage dangereux mais elle connait la détermination de la Fille du Ciel et elle ne veut pas s'épuiser pour rien à essayer de la faire renoncer. Et puis ce n'était si mal qu'elle veuille l'accompagner tout compte fait.

Ainsi tous quittent la salle du trône, laissant le Commandant seul. Avant que les portes ne se ferment, elle échange un dernier regard avec Clarke. Un regard empreint de volonté et de complicité nouvelle. Clarke partait dans une aventure au péril de sa vie et pourtant elle semblait presque heureuse de le faire mais le doute à peine perceptible qu'elle lû dans le regard du Commandant, la fit quelque peu se reconcentrer.

Bientôt Heda partira de la Capital. Certains dirons qu'elle abandonne son peuple au moment le plus critique, d'autres savent qu'elle ne fait que se battre au contraire, que si elle part, c'est pour protéger Polis comme elle l'a toujours fait, qu'elle s'est battue toute sa vie et qu'elle le fera jusqu'à la mort.

Elle monte dans ses quartiers, elle ne trouve pas le sommeil. Une longue route l'attend, semé de danger et dont l'issu est encore bien incertaine. Et puis elle songea à Clarke. Qu'est-ce qu'il lui avait pris d'accepter de l'emmener avec elle jusqu'aux confins du Nord ? Elle songe deux secondes à enfermer Clarke dans les geôles pour sa propre sécurité mais elle pressent avoir besoin d'elle dans cette quête et elle est prête à partir alors elle se résigne.

2. le Départ et l'espoir.

Le Commandant avait quitté Polis au petit matin avec une petite horde composée des meilleurs guerriers de sa garde personnelle : Wagar, Obari, Witon, son cadet Dylon, Thoros, Shenti, Figaro, Atikus, Silas et Koman.

Clarke suivait le mouvement sur un cheval qu'elle apprenait doucement à connaitre, traversant les immenses forêts des territoires Trikru. Les premiers jours de voyage, en terres connues furent presque agréables même si le Commandant était retranché dans un mutisme agaçant. Clarke eu beau jouer de tous ses talents de négociatrice, elle ne lui soutira aucune autre information, mais au regard de leur passé torturé, elle profitait de la chevaucher ensemble en silence. Accepter la présence l'une de l'autre sans conflits était une chose impensable pour Clarke, il y a encore quelques temps mais depuis la cérémonie de l'entrée du Skaikru dans la Coalition, Clarke avait vu la sincérité dans le regard et les paroles de Lexa, et depuis ce jour, tous les espoirs d'entant étaient de nouveaux possibles, et à bien y réfléchir, tout bonnement, inévitable.

Ils chevauchaient sur les routes royales, traversant les villages et campagnes. Chaque passant baissait la tête sur leurs passages et le mot d'ordre était donné, d'être sur garde à l'approche des armées des Glaces. Clarke sentait le respect du Commandant jusque dans les terres reculées des Forêts Trikru.

La troupe s'arrêta dans une petite clairière au cœur de la forêt, plus loin ils entendaient une cascade et le son du torrent d'eau qui se déverse. Les guerriers montent le camp tout près de ruines de l'ancien temps, des monticules de vieilles pierres démolis et envahit par la végétation, et qui les met à l'abri du vent pour la nuit. Atikus, Dylon et son frère Witon prennent soin des chevaux et les mènent plus loin sur la rive. Ils les délestent de leurs selles, de leurs mors et les font boire, ensuite, ils soignent leurs sabots. Tohro, Wagar et Silas prennent leur tour de garde aux environs du campement.

Voilà des jours qu'ils chevauchent et qu'ils ne prennent que quelques pauses de quelques heures pour dormir à tour de rôle et pour reposer les chevaux. Le commandant sentait qu'il ne fallait pas pousser ses hommes plus loin sans une vraie nuit de sommeil, le chemin était encore long, leur destination difficile d'atteinte, beaucoup de dangers les attendaient alors il fallait s'arrêter un moment.

Elle avait décidé de passer la nuit ici, en sécurité avant de quitter le territoire Trikru et de traverser la forêt vierge avant d'atteindre les frontières du Nord où s'étendent les vallées de glaces. Passé cette rivière, il n'y a plus de chemin tracé, il n'y a plus de villages, plus d'habitants, plus de repères. Après cela, il faudrait avancer coute que coute et quoiqu'il arrive.

Lexa s'écarte de ses gardes postés autour du feu tout juste allumé, elle marche lentement, elle regarde le jour décliner dans le ciel au travers dans grand érables, hêtres et autres chênes majestueux que plus rien n'empêche de pousser. Elle sort du campement et s'approche de la rivière. Elle ferme les yeux et respire profondément. Elle efface de son visage ce masque de fierté et de détermination, elle efface le visage du commandant et laisse le doute l'envahir.

Sa décision de partit chercher de l'aide dans le Nord était fragile, réussir était improbable mais elle devait le tenter, elle devait essayer, retenter l'alliance, vaincre les échecs du passé, se repentir, et regagner la confiance du Peuple des Sommets enneigés. Le doute était inévitable, elle savait qu'elle menait sa troupe et elle-même dans une possible impasse. Elle savait que sur le chemin, ses hommes allaient tout faire pour la protéger et atteindre son but mais elle savait que ses hommes mourraient en la servant. Elle en avait mal au ventre d'avance, elle savait que les hommes de glaces, seraient terribles à affronter s'ils les rencontrent avant d'atteindre la montagne, et quand bien même, elle passerait le col de la montagne et rejoignait les sommets et la cité, elle n'est pas sûr d'y trouver bon accueil. La sentence de mort résonne dans sa tête. Elle ferme les yeux, elle balaye de vieux souvenirs et renoue avec l'espoir malgré la fatigue qui l'envahit.

Elle se penche et regarde son reflet dans l'eau, vite troublé par quelques poissons et grenouilles qui sautent à la surface. Soudain à quelques mètres d'elle, une flèche fend l'air puis pique l'eau et se plante dans le fond, la pointe aiguisée plantée dans un poisson. Lexa ne sourcille même pas, elle sait que c'est Obari qui pêche du haut d'une branche d'arbre. Elle reste immobile près d'un courant d'eau moins profond qui s'égare entre les grosses roches. Les cailloux se reflètent dans le fond et les herbes folles cachent le rivage, les lieux sont sauvages et calmes. Après des jours de chevauché effrénée, elle a besoin de calme et de repos, elle a besoin d'un bain et de faire le point. Ce qui l'attend les prochains jours sera terribles, elle sait qu'elle risque la vie de ses hommes, la sienne et celle de la fille du ciel mais elle n'a pas le choix, s'il y a une chance de renverser la reine Nia avant qu'elle ne déclenche une guerre, elle essayera.

Elle tentera la seule et unique chance pour que le Roi de la Montagne accepte de l'écouter. S'il refuse, elle repartira affronter la nation des glaces seule, enfin s'il la laisse en vie et ce n'était pas certain. Elle a peur, elle a toujours eu des peurs mais elle a appris à toutes les affronter, elle détient la clé de la sérénité, elle sait faire taire ses voix plaintives qui surgissent parfois en elle, comme venue du fond d'un gouffre de peine sans fin, ses voix qui voudraient la voir faiblir et faillir.

Elle sait comment gérer la peine, la peur et le néant, elle sait comment rester fière, indomptable et insoumise, elle est le Commandant, elle est la main qui tient l'épée, elle est la réincarnation des Anciens Chefs, elle est la gardienne de la Polis, elle est le phare des peuples survivants après la fin du monde. Si elle ne fait rien, personne ne le fera à sa place. Elle pense à Titus et au combien il doit être angoissé, elle pense à Indra et sa horde qui descendent rallier le Sud. Elle espère que la Capitale tiendra le coup jusqu'à l'arrivée des renforts, elle espère plus que tout pouvoir ramener des renforts et submerger la Reine des glaces, c'est tout ce qui lui importe, sauver la Coalition et son peuple.

Elle attend que Obari ait récupéré ses flèches et leur diner dans le lit de la rivière, pour enfin se détendre. Le ciel s'assombrit vite. Mais l'horizon est dégagé par le cour de la large rivière et les derniers rayons de soleil se reflètent à la surface. Les arbres découpent l'horizon et le moment est suspendu dans les airs. Le soleil baisse lentement, bientôt il fera nuit. Elle enlève ses bottes, sa cape et son manteau, elle dénoue les liens de ses vestons en cuir, elle déboucle sa ceinture, elle dépose les armes à terre, elle laisse les derniers tissus qui la recouvrent sur les rochers et entre dans le bassin. L'eau est fraiche, son corps est saisi, ses vieilles blessures se soulagent, elle se sent revivre. Elle plonge entièrement sous l'eau, les petits poissons la fuient, puis elle se laisse flotter et pendant un instant il n'y plus rien qui compte, il n'y a qu'elle et son corps fatigué flottant sans peine dans l'eau délicieuse.

Elle sait que Koman n'est pas loin, il monte la garde, elle entend des pas mais ce ne sont pas les siens. Quelqu'un approche. Elle plonge son corps entier sous l'eau, les reflets dorés du soleil couchant à la surface de l'eau qui s'assombrit la couvre totalement.

Clarke approche du bord de l'eau, le courant est calme à cet endroit, elle s'accroupit elle relève ses cheveux, se passe de l'eau sur le visage et sur la nuque et apaise sa soif. Elle admire le soleil et ses reflets, elle respire profondément, elle béni cette pause et la nuit qui va suivre, elle est fatiguée mais elle tiendra le coup jusqu'au bout du monde avec elle.

Elle remarque des bulles à la surface, à seulement quelques mètres d'elle. Elle recule de quelques pas et pose la main sur son arme. Les petites bulles à la surface sont plus vivaces et plus nombreuses, Clarke s'attend à tout, mais pas à ça. Lexa sort lentement la tête de l'eau, en faisant mine de ne pas reprendre son souffle précipitamment. Clarke est surprise, elle décale la main posée sur son arme et esquisse un sourire navré.

_ Commandant ? Demande-t-elle timidement.

_ Clarke. Répond simplement Lexa en tentant de garder sa constance.

_ Je …Je suis désolé, je… je pensais être seule… Bafouilla Clarke avec beaucoup de gêne.

Clarke se tut réalisant que Lexa était probablement nue sous la surface de l'eau doré par le soleil. Clarke ne pouvait plus bouger, totalement tétanisée et hypnotisée par les remous et les vaguelettes à la surface. Lexa ne bougeait pas non plus, clairement en position de faiblesse, ce qu'elle n'aimait pas particulièrement, alors elle restait immobile. Comme une proie qui a vu son prédateur mais qui tétanisé par la peur ne peut plus rien faire. Bien que l'une comme l'autre, à cet instant, se sentent proie autant que prédateur, elles se regardent dans les yeux pendant que le jour baisse et que la nuit s'installe.

Clarke dégluti difficilement, Lexa reste stoïque, son regard planté sur elle. Clarke sait que les convenances voudraient qu'elle parte sur le champ et qu'elle laisse le commandant profiter de son bain mais son esprit rationnel a beau lui hurler de fuir, son corps refusait d'obéir. Elle se sent flotter entre deux émotions, elle se sent hésiter, elle n'arrive plus à réfléchir, reculer ou avancer, elle ne sait plus alors elle reste là. Lexa voit Clarke se décomposer, elle respire profondément et d'un air aussi détaché que possible, elle sort de l'eau.

Clarke détourne le regard au dernier moment, elle a le temps d'apercevoir la naissance de ses seins à la surface de l'eau sombre. Elle se retourne à moitié, elle entend Lexa sortir de l'eau, elle devine sa silhouette du coin de l'œil, elle se précipite sur le manteau de peau posé à terre et le tend vers Lexa quand celle-ci sort entièrement du courant. Elle tourne la tête mais elle ne peut qu'apercevoir la finesse de ses courbes et la couleur hâlée de sa peau ruisselante de gouttes fraiches. Elle lui passe le manteau sur les épaule en détournant le regard le plus possible et Lexa se couvre totalement. Clarke baisse la tête, elle n'ose rien dire.

_ Merci Clarke. Dit-elle d'une voix plus douce qu'elle ne l'aurait voulu.

Clarke reste sans voix, elle est incapable de la regarder dans les yeux, elle est incapable de lui répondre, elle regarde le sol et les cailloux par millier sous ses pieds.

_ Tu devrais faire comme moi, ça fait un bien fou. Et la route sera périlleuse à partir de demain. Reprend des forces, baignes-toi et après viens manger et te réchauffer près du feu.

Sur ces mots, Lexa prit ses affaires sous le bras et plongea son regard dans celui de Clarke encore sous le choc. Elle lui sourit timidement en soutenant son regard, Lexa lui rendit son tendre sourire. Le soleil s'était couché et la nuit s'imposait, les yeux de Clarke étincelaient dans la pénombre, comme les légers reflets de lumières qui persistaient sur la rivière. Lexa la dépassa en frôlant son épaule et disparut dans la forêt pour rejoindre le camp, laissant Clarke songeuse sur le bord de la rive.

Lexa se sécha et se rhabilla en vitesse, elle resta à l'orée du bois, en remontant la rivière. Elle entrevit des restes des ruines, semblables à celles où ses gardes ont établi le campement. Entre les herbes hautes et les buissons foisonnants, elle distingue un escalier de pierres cassées. Elle monte habilement en évitant les marches instables, elle dégage les lianes avec son poignard au manche de bois clouté qu'elle porte toujours sur elle. En haut des marches, la demeure est à ciel ouvert, les pierres et les poutres sont depuis longtemps démolis et jonchent le sol couvert de mousse et de feuilles. Seule une arche, une sorte de voute de pierre tient encore debout et offre un cadre idéal à la vue sur la rivière, la forêt et l'horizon. La rivière coule, le soleil se couche et Lexa aperçoit Clarke plonger dans le même courant d'eau calme où elle était un peu plus tôt.

La silhouette de Clarke à contre-jour se détache dans la pénombre qui envahit le ciel et les terres, elle distingue clairement ses contours. Ce n'était qu'un jeu d'ombre, ce n'était qu'un regard volé, pourtant son cœur s'était emballé, avant que le remord ne l'a rappel à l'ordre. Clarke plonge, le bruit de l'eau dans le silence absolue éclabousse sa conscience et Lexa s'enfuit et rejoint le campement.

La nuit envahissait totalement les bois quand Clarke revint au campement, les cheveux encore mouillés, des vêtements propres et chauds sur dos et un sourire qu'elle tentait de dissimuler. Le Commandant et ses hommes étaient près du feu. Obari lui tendit un bol avec de la chair de poisson cuit sur le feu et du rizd. Ils mangèrent en silence, puis chacun pris son poste sans que Heda n'ait quoique ce soit à dire. Clarke s'endormit non loin du feu sur une couche de peau de bête. Au travers des flammes, elle apercevait la couche du Commandant. Elle ferma les yeux et se força à s'endormir quand elle découvrit que le regard du Commandant était fixé sur elle.

Au petit jour, ils quittent les routes et les chemins, ils traversent des terres inhabitées, il n'y a plus de village, plus de gens, seulement des plaines immenses et des champs d'herbes folles et de fleurs multicolores, des bois, des marécages et des ruines comme celles où ils s'étaient mis à l'abri pour passer la nuit.

Clarke était perdu dans ses pensées, elle regardait Lexa du coin de l'œil qui chevauchait un mètre devant elle, puis quand elle fit de nouveau attention au paysage, elle ne reconnut plus rien. Après avoir traversé des forêts très denses, puis des marécages peu profond s'étendant à perte de vue, et des collines verdoyantes, ils débouchèrent dans le creux d'une vallée où tout semblait commencé à mourir.

Et Heda restait presque aussi silencieuse que l'immensité des terres dépourvues de vie humaine qui s'étendent devant elle.

Enfin, après des jours et des jours de voyage hors-piste, ils avaient atteint les limites de leurs terres connues, les immenses forêts n'étaient plus que des bois défraichis, et puis soudain, ils se trouvèrent devant un horizon de glace à perte de vue. Les limites des terres de glaces de la terrifiante Reine Nia, le fin fond de son territoire où n'habite, où rien ne pousse ni ne vit.

Le Commandant Lexa et sa troupe font une halte à l'orée du bois. Elle décida de camper ici et dès le lendemain à l'aube, ils passeraient la frontière. Ils sont le plus à l'ouest possible, ils sont à la limite entre le territoire des Glaces et le grand No Man's Land. Il leur faut traverser toute la plaine gelée pour atteindre les montagnes puis gagner les sommets mais tout ceci n'est pas sans risques.

Ils sont dans le coin le plus reculé de son territoire, c'est un désert glacé, où personne ne passe jamais, où il n'y a pas de route, pas d'herbe, pas de village, pas de vie, où il n'y a rien que de la désolation et des ruines dans le vent froid.

Les gardes de Lexa établissent le camp et ils passent la nuit au plus près du feu. Seul le Commandant à le droit, pour la première fois du voyage, à une tente privée. Petite mais confortable. Ce n'est pas une promenade de santé, ce n'est pas un voyage de plaisance, c'est une quête, une mission, et Lexa n'a que faire de ses privilèges mais Wagar lui monte une tente pour la nuit car ils sont proches des terres gelées.

Clarke Griffin semblait songeuse à l'orée des bois, le regard perdu dans le vide. Elle est partie contre l'avis de son clan. Elle semblait penser qu'elle pourrait aider Lexa. Elle pensait sans doute être l'allié incontournable de ce Commandant et elle voulait la suivre où qu'elle aille sans trop savoir si c'était son devoir qu'elle faisait ou bien son cœur qu'elle écoutait. Mais le silence de Lexa la rendait très nerveuse, et ce souvenir suranné de solitude commence à lui peser de nouveau sur la poitrine.

Elle avait compris combien elle avait bouleversé la vision des choses de Lexa, elle avait compris combien sa vie était dure et combien les sacrifices qu'elle avait fait lui pesaient encore sur le cœur. En voyant Titus réagir à l'annonce de son départ, elle comprit le danger et elle comprit le risque qu'elle encourait et pourtant, plutôt que de risquer de ne jamais la revoir, elle avait préféré se porter volontaire. Lexa avait eu peur pour la vie de la fille du Ciel mais savais qu'elle ne la retiendrait pas à Polis même avec tous les bons prétextes du monde alors elle n'avait rien dit pour l'en dissuader. Clarke avait pris ce silence pour un aveu caché de vouloir être à tout prix ensemble, mais ce nouveau silence, au cœur du voyage, l'angoissait terriblement.

Ainsi Clarke était du voyage. Habitué au froid de l'espace, elle comprit que le froid du Nord était bien différent et plus saisissant, alors elle se tient près du feu, grelotante au milieu de la garde, au milieu de la nuit. Les soldats se reposaient, d'autres faisaient le guet et le Commandant sortit de sa tente, elle fit un signe discret à Clarke pour qu'elle la rejoigne.

Hésitante, Clarke se lèva, les gardes endormis autour du feu ne firent pas attention à elle, même Obari qui taillait ses flèches en surveillant le feu, ne leva pas la tête. Elle entra sous la tente faite de lourdes peaux de bête et rondins de bois, très basse sous plafond et réchauffé par un puit de braise. L'air était chaud et agréable. Clarke se délecta de l'ambiance chaleureuse puis soudain réalisa le regard que portai Lexa sur elle. Elle était troublée, elle ne dit pas un mot, ce qui ne lui ressemblait pas. Lexa s'allongea sur la large couche en peaux d'ours et lui fait signe de s'approcher. Clarke hésita encore, alors Lexa la rassura.

_ Dors près de moi. Ça va t'éviter de mourir de froid.

Clarke tique mais répond à l'invitation et lentement, elle la rejoint. Elle se coucha sur le côté, elle lui tourna le dos, elle ne savait comment cacher ce rose qui lui montait aux joues. Elle pourrait l'expliquer par la différence de température entre l'extérieur et l'intérieur de la tente mais elle ne pouvait se mentir à elle-même. Elle sentit le bras de Lexa la recouvrir d'une couverture. Elle sentit ce bras rester autour d'elle et s'alourdir, elle sentit la respiration de Commandant dans sa nuque qui s'apaisa et qui s'endormait.

Clarke, elle, ne trouvera pas le sommeil facilement, perturbée par ce corps contre elle, perturbée par cette Commandante toute puissante qu'elle a haïe autant qu'aimée, perturbée par ses propres motivations, par cette invitation à passer la nuit près d'elle après ses longs silences, perturbée par ce souvenir d'elle sortant de l'eau, perturbée mais épuisée, elle finit par s'endormir aussi.

Avant l'aube, le camp est levé en vitesse et le Commandant et sa troupe se poste à l'orée de la forêt. Clarke a été réveillé par un garde qui démontait la tente. Aucun regard, aucun sous-entendu. Clarke comprend que ces gardes-là sont d'une autre trempe que Gustus ou Indra, moins impliqués émotionnellement, mais en réalité totalement plus dévoués et solides. Ces hommes-là sont des machines de guerre, incorruptible et totalement loyal.

A l'horizon, aucun feu, aucun camp, aucune tourelle, aucun bataillon en vue dans le néant blanc. Il va falloir traverser à découvert sur des kilomètres afin d'atteindre la forêt blanche au pied des montagnes. Ce n'est pas le chemin le plus court jusqu'au Clan des Sommets Enneigés et les Ruines de l'Ancien Monde mais c'est le plus sûr. Ici, aucun village du Clan des Glaces n'est établi. Ici, il n'y a que des patrouilles mais avec de la chance, ils passeront au travers.

Alors que le soleil se lève et que sur la glace ses rayons illuminent toute la vallée, Lexa lance les montures de ses troupes à toute allure sur la terre gelée. Elle espère passer au travers des rayons et se rendre invisible aux yeux de quelconques patrouilleurs en poste dans les étendus reculées.

Deux guerriers partent en tête, ils ouvrent la marche, ils lancent leurs chevaux à toute allure, suivit à deux kilomètres en arrière par Lexa, Clarke et le reste de la garde autour d'elles en protection. Ils chevauchaient sans relâche, les bêtes suant dans le froid, de leurs naseaux s'échappent une large fumée chaude et derrière eux, les traces de sabots se recouvrent de neige fine qui les efface.

Sous les yeux aussi émerveillés que terrifiés de Clarke, le paysage change du tout au tout, comme si l'on passait d'un univers à un autre. Avec les rayons d'un nouveau jour, le souvenir d'un monde vert et débordant de vie s'efface pour une terre recouverte de glace et de neige où rien ne pousse, où rien ne vit. Le contraste est saisissant, elle sent le changement d'atmosphère jusque dans sa chair, elle sent le froid glacial s'emparer d'elle et contrecarré l'adrénaline de cette folle course à cheval qui réchauffe son corps. Elle sent la vie s'éloigner, comme si elle laissait derrière elle un monde plein d'espoir pour entrer tête la première dans un néant glacé de solitude et de regrets, comme si les ruines de l'ancien monde pleuraient leur sort, comme si elle avançait vers la fin du monde sans même penser à reculer.

Elle galope avec un peu plus de maitrise qu'avant, elle se sent porté par la horde, Lexa à sa gauche et un grand guerrier nommé Tohro à sa droite. Elle se sent vivre. Pendant un instant elle oublie tout, elle oublie son enfance sur l'Arche, elle oublie la chute, elle oublie la violence et la guerre, les amis et les morts, elle oublie le passer et efface les doutes sur l'avenir, elle ne pense plus qu'à cet instant, à cette chevauché glacée vers l'inconnu. Elle oublie tout et se sent plus vivante que jamais. Ses cicatrices, ses blessures s'effacent, elle oublie la morale et ne pense qu'à elle. Elle entrevoit une nouvelle forme de pensées qui la libèrerait de tous ses vœux. Elle entrevoit un instant de pur bonheur où elle serait le dernier humain sur Terre à chevaucher vers une mort certaine. Une mort libératrice. Elle accepte cette idée, elle accepte enfin la mort comme une récompense, au lieu de la combattre comme l'ennemi, elle allait l'accueillir à bras ouvert. Mais avant cela, elle comptait vivre chaque instant plus que jamais. Approuver la mort comme une dernière allié était pour elle, une sorte de confession au cas où le voyage serait sans retour. Puis les dernières volontés comme une sorte de manifeste des choses à faire absolument avant de partir. Clarke divaguait dans ses pensées, porté par la horde.

Comme guidé par un sixième sens, le Commandant tourne la tête et observe Clarke sur sa monture magnifique. Leurs regards se croisent quand Clarke sort de ses songes, Lexa sent un nouveau souffle de vie dans les yeux bleus de la Fille du Ciel. Elle sent qu'elle est pleinement elle-même, sans plus aucunes entraves, plus aucunes chaînes qui la retiennent ailleurs. Elle sent Clarke redevenir sauvage à l'approche des contrés les plus reculées du Nord. Elle a conscience qu'elle la mène probablement à la mort si son plan échoue, elle a conscience que cette fois-ci Clarke ne l'a pas suivi pour faire son devoir envers son Peuple même si elle se sert encore de cette excuse, elle sait que Clarke tient à elle à présent, au point de la suivre n'importe où, même au bout du monde, même vers une mort certaine.

Clarke n'avait pas réfléchi plus que ça, elle voulait aller là où Lexa allait, elle ne voulait juste plus jamais être séparé d'elle. Elle avait fait vœux d'alliance avec Heda, la Cérémonie, La Coalition, le Peuple du Ciel, le 13eme clan. Et il y avait eu ce moment hors du temps pendant cette nuit qui avait tout changé, il y avait eu Heda à genoux, jurant fidélité à Clarke et à son peuple dans une intimité solennelle, charmante et pleine de sens. Depuis ce jour, elles n'avaient pas vraiment eu l'occasion de se retrouver et encore moins d'en reparler, de toute façon ce n'était pas dans les manières du Commandant. Elle avait avoué par deux fois son affection à Clarke, elle ne pouvait pas faire plus sans que Clarke, elle-même ne fasse part de ses sentiments.

Alors que le soleil est au plus haut dans le ciel, la troupe atteint des pics rocheux qui forment un donjon naturel contre le vent rude et glacial qui glisse sur la surface du sol. La horde fait une halte. Un court d'eau s'enfuis de la roche et s'élargit pour former une étroite rivière dont les bords sont gelés. On remplit les gourdes et on fait boire les chevaux avec beaucoup de précautions. Toute cette foutue vallée gelée est un ancien lac, ce n'est plus qu'un bloc de glace depuis bien longtemps mais quelques sources d'eau jaillissent encore par ci par là.

Lexa, Clarke et Tohro montent au sommet d'une tour en ruine, seul vestige d'une civilisation passée et observe l'horizon. La voie vers le Nord est dégagée, le plaine vers les terres de Nia semble abandonnées. Il y a encore une longue traversé à découvert jusqu'à la Forêt Blanche et là-bas, Lexa craint de croiser des troupes de reconnaissances du Clan des Glaces. Elle craint l'embuscade mais elle n'a pas le choix. Ils doivent traverser.

Elle envoie Atikus et Koman en tête jusqu'à la Forêt Blanche. La horde part ensuite. Clarke sent la méfiance et la prudence dans le regard de Heda qui pourtant ne laisse jamais ses émotions à jour mais là c'est différent. Le Commandant avait volontairement laissé la garde de Polis à Titus et envoyé Indra dans le Sud, elle avait choisi ses gardes les plus féroces et loyaux, elle avait fait le choix d'être elle-même du voyage. Clarke comprenait maintenant qu'elle n'avait pas le choix, il fallait qu'elle se mette totalement à découvert pour réussir.