Chapitre 8 : Ne pas la quitter

La température douce de la pièce ne suffisait pas pour réchauffer Adrien. Son corps lui réclamait clairement la chaleur de son lit. Mais lui, n'en avait aucune envie. Il souhaitait rester avec Marinette jusqu'au lendemain et la regarder respirer jusqu'à ce qu'elle lui montre enfin ses yeux azur.

Il repensait sans cesse à ses paroles insensées concernant ses sentiments sur elle ; ces paroles où il ne cessait pas de la définir comme tout autre chose que Ladybug alors que… C'était exactement le même sentiment. Différent. Mais complémentaire.

Il se sentait stupide d'avoir paru si aveugle. Et les kwamis pouvaient dire ce qu'ils voulaient, il ne pouvait pas cesser de culpabiliser. C'était impossible du moins, pas tant que sa Lady ne serait pas réveillée.

De loin, Plagg et Tikki étaient endormis l'un sur l'autre cependant, il était dur de croire que la coccinelle dormait véritablement vue les marmonnements épuisants du chaton sur le camembert.

De son côté, la tête posée sur son bras gauche, Adrien observait la jeune fille tout en caressant son visage et ses cheveux fins de son autre main. Il observait ce tube dans sa bouche qui la branchait à une machine derrière le lit, comme le mal qui la retenait prisonnière par la gorge. Comme si ce tube était la seule chose qui parvenait à la garder en vie…

Aussi, le bruit de ses inspirations et expirations à travers son masque venaient se superposer au bruit des autres machines médicales qui l'entouraient. Si son médecin le voyait actuellement en pleine prise d'oxygène dans cette pièce strictement interdite aux visiteurs, il le traiterait sûrement d'irresponsable. À cette idée, le blond esquissa un léger sourire. Imaginer un instant la réaction excessive de son médecin lui paraissait peu crédible. Surtout qu'il pouvait dire ce qu'il voulait, Adrien ne l'écouterait sûrement pas. Maintenant qu'il connaissait un peu mieux la situation grâce aux kwamis et son rôle qui allait prendre de l'ampleur, il n'allait surtout pas se mettre à obéir. Et encore moins se donner de limite.

Déjà là, il n'était peut-être pas raisonnable. Il était sûrement au milieu de la nuit, et les douleurs de ses brûlures commençaient à se réveiller au niveau de son dos et de ses jambes. Il sentait également que bientôt il viendrait sûrement à bout de son oxygène et qu'en attendant, ses poumons lui brûlaient terriblement, lui causant un poids énorme au creux de poitrine.

Cependant tout était compensé par ses pensées tumultueuses qui s'entremêlaient sans but. Il se sentait incapable de dévoiler ses sentiments exacts, encore actuellement, dans le sens où aimer une fille qu'il pensait séparer par deux personnalités différentes le perturbait au plus au point.

Lui, n'avait jamais cessé d'être fou amoureux de Ladybug. Il l'était et il l'est toujours. Sa lady faisait partie de lui et c'était inévitable. Mais Marinette… Était-ce différent pendant tout ce temps ? Il sentait que des sentiments lui étaient réservés mais il ignorait si c'était parce que son esprit faisait le lien ou si… C'était simplement lui, qui s'imaginait aimer deux filles en même temps.

Le fait est que ce n'était pas le cas ! Mais perdu dans le noir, dans une solitude profonde aux côtés d'une Marinette endormie, ses pensées le menaient n'importe où ; il fallait le dire.

« Tu devrais y aller Adrien. J'ai la nette impression que tu commences à manquer de repos. Ne joue pas avec ta santé. »

Au final, Tikki était bien dans l'incapacité de dormir à cause de Plagg. Mais à l'heure où elle voyait le teint d'Adrien devenir blanc et vide de toute expression, elle se devait d'intervenir pour lui faire entendre que se reposer était nécessaire.

Il allait finir par tenir sur sa faiblesse s'il jouait avec le feu comme ça.

Soudainement, le jeune garçon tourna sa tête posée toujours sur son bras, vers la kwami. Il semblait la regarder sans… La regarder vraiment. Mais ses yeux brillaient d'une envie irrésistible de rester.

« Adrien.

- Tu as raison. Je reviendrai.

- Ce ne serait pas raisonnable. Et très suspect. Je sais que tu veux être là à son réveil mais crois-moi il y a peu de chance pour que tu sois là quand ce sera le cas.

- Je sais. Et de toute façon c'est plus vraiment pour ça, tant qu'elle sera pas sortie d'ici elle sera pas en mesure d'aller mieux. Je… Je ne veux juste pas la laisser seule.

- Qu'est-ce qui te tracasse ?

- Le fait de savoir qu'elle est Ladybug depuis tout ce temps. Ça m'a retourné. »

Tikki avait baissé la tête, comprenant sa peine.

« À quel point j'aimais Ladybug et combien… Marinette était une si bonne amie pour moi jusqu'à ce que je prenne conscience que mon inquiétude et ma jalousie pour elle exprimaient autre chose. Qu'est-ce que ça veut dire… ? Demanda t-il d'une voix effacée

- Ce dont je suis sûre Adrien c'est que tu es trop épris de Ladybug pour l'avoir oublié et encore moins remplacée. Tu ne peux pas toujours tout relier à des sentiments amoureux. Peut-être que Marinette n'était seulement qu'une amie pour toi jusqu'à aujourd'hui. Je suppose qu'on peut s'inquiéter et être jaloux en amitié. Ou alors… Inconsciemment tu faisais un lien entre elle et Ladybug que tu ignorais. Donc… Déduisit la petite coccinelle.

- Rien que de penser ça je me sens monstrueux.

- Tu te retournes le cerveau pour rien. Marinette et Ladybug ne sont pas deux filles différentes Adrien. Ce sont les mêmes ! Les mêmes filles. La fille que tu aimes c'est Marinette. Le garçon que Ladybug aime c'est toi. C'est normal de te sentir perdu pour le moment… Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as peur de ne pas pouvoir maintenant que tu sais que c'est elle ?

- Si ! À vrai dire je n'espérais pas mieux ! Je savais au fond de moi que je connaissais Ladybug dans la vraie vie et… Je pense que j'ai déjà espéré que ce soit Marinette, répondit-il d'un petit sourire.

- Tu aimais les deux. Parce que c'était la même fille. Tu les complétais inconsciemment.

- Oui enfin… Je crois.

- Alors pourquoi tu te prends autant la tête ? Ria Tikki.

- … Je suis fatigué. » Ajouta t-il en riant à son tour.

Doucement, Adrien se releva alors d'un état comateux, gardant ses yeux perdus sur Marinette tandis qu'il se remettait sur ses jambes.

« Adrien. Est-ce que tu peux nous promettre une dernière chose ?

- Huh ?

- Lorsque Marinette se réveillera, s'il te plait… Ne lui dis pas que tu es Chat Noir. »

Les yeux du blond s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il se retourna brusquement vers Tikki.

« Pourquoi ?

- Ce serait dangereux de lui dévoiler ça alors qu'elle n'est pas en mesure de se battre. Elle t'aime terriblement, c'est… Non tu ne peux pas. Du moins pas avant que le danger soit passé. Tu comprends ? Le fait que tu saches son identité est dangereux mais nécessaire. Si elle apprend à son tour la tienne et que le Papillon se met à savoir… Il pourrait s'en servir contre vous. »

Adrien baissa la tête d'un soupir morose. Il ne pouvait pas être contre cette idée. Tikki avait raison et pour rien au monde il ne voulait risquer d'autant plus la vie de sa lady. Il devait garder le secret.

« D'accord. Je comprends. »

Sa main faiblissante vint se frotter contre son front tandis qu'il fermait les yeux, vacillant légèrement en arrière.

« Il est temps de retourner dans votre chambre. »

Tikki s'envola à toute vitesse vers Plagg qui continuait de marmonner multiples paroles insensées. Adrien s'avança de quelques pas jusqu'à la fenêtre et sans vraiment prendre conscience que son kwami n'était pas en état, il déclara la formule pour se transformer, ce qui valut un cri strident de la part du chaton qui n'était littéralement pas prêt pour un numéro pareil.

Tikki n'avait pas pu s'empêcher de rire avant de s'élancer vers sa porteuse et de se poser à côté de sa tête. Elle ne disait rien et ne préférait plus rien dire, estimant que le garçon ne voulait plus rien entendre.

Chat Noir à ce moment, lui, se retourna timidement. Il ne savait pas vraiment comme dire au revoir à son amie, c'était bizarre comme sentiment. Il avait la nette impression qu'en partant comme un voleur sans dire un mot non seulement il l'abandonnait mais en plus il lui manquait de respect… La délicatesse de ses mots lui échappèrent alors comme la plus vaillante déclaration d'amour :

« Bonne nuit ma Lady. »


La nuit fut plus que courte pour le super héros puisque c'est à peine quelques heures après s'être couché qu'une infirmière vint le réveiller, lui signalant de prendre une douche avant qu'elle puisse procéder à ses soins. Adrien s'était clairement maudit intérieurement, mais, il assumait sa bêtise de la veille. De plus, pour garder les soupçons inexistants, il valait mieux faire croire qu'il était en forme !

La matinée se procéda donc dans le plus grand des calmes jusqu'à l'arrivée de l'infirmière et du médecin, chose à laquelle ne s'attendait pas du tout Adrien. Il tâchait de rester imperceptible et de répondre à toutes les questions que pouvaient leur poser les deux collègues.

« Tu as l'air d'avoir très mal dormi mon garçon, tu as une mine affreuse, déclara le docteur Dupont.

- Ah euh non…

- Tu as eu des douleurs cette nuit ? »

L'infirmière analysait son visage tout en pansant ses plaies brûlées et semblait le juger ; comme si elle se demandait ce qui avait pu lui donner un visage aussi blafard.

« Ça me parvient quand je m'allonge sur le dos surtout mais sinon docteur, tout va bien. J'ai juste encore besoin de l'oxygène, par moment c'est assez difficile de respirer normalement. C'est comme si quelque chose… Coinçait à l'intérieur. J'ai quelques tournis.

- Et ta jambe ?

Toujours réparée.

- Ce miracle m'étonnera toujours. Elle qui était en si piteux état… »

Adrien souriait comme un imbécile au médecin mais cela n'avait rien à voir avec sa joie de pouvoir tenir sur ses deux jambes. En fait, lui-même se demandait comment Maître Fu avait-il pu faire pour le sortir de cette galère.

« Bon, continua docteur Dupont en prenant des notes sur son bloc, tout ce que tu me décris est parfaitement normal. Tu as inhalé de la fumée, pour tout survivant d'un incendie il est difficile de respirer normalement pendant plusieurs jours voire semaines selon la quantité imprégnée par tes poumons. En plus, tu es jeune. Faut prendre en compte tous ces éléments. Tes brûlures elles, se calmeront avec des soins quotidiens et une attention particulière à ne pas t'exposer sans t-shirt au soleil pendant plusieurs mois. Tu auras peut-être des cicatrices ou peut-être pas. Ce ne sont pas des brûlures irréparables. Sinon, tout ça évoque un bon rétablissement. Tu passeras des examens la semaine prochaine pour évaluer la progression. »

Le garçon hocha la tête pour acquiescer les propos du médecin et grimaça un instant en sentant la compresse froide sur une de ses brûlures.

« Concernant… Marinette. C'est ton amie c'est bien cela ? »

À cette entente, il se redressa si soudainement que l'infirmière posa une main sur son épaule pour lui demander de ne pas réagir de façon aussi surprenante.

« Oui…

- Tu sais pourquoi elle est en soins intensifs ?

- Non. Vous n'avez pas pris le temps de m'expliquer la dernière fois.

- Comme tu n'es pas de la famille, je ne devrais peut-être pas. Mais tu as l'air de te soucier de son cas.

- En effet…

- En arrivant par le service des urgences, on a dut tout de suite opérer ton amie. Son corps a subi des répercussions qu'il vaut mieux pour toi d'ignorer maintenant. Quand on s'est occupée d'elle elle était inconsciente et si aujourd'hui elle ne s'est toujours pas réveillée c'est tout simplement car elle a sombré dans le coma. »

Le visage d'Adrien était devenu si sombre que le médecin s'était assis à côté de lui.

« Ne t'inquiète pas. Je t'assure que nous gérons la situation. On ne peut pas savoir combien de temps dure un coma, tout dépend du rétablissement de ses sens. Nous l'avons en intensif car elle a besoin d'aide pour respirer et son corps est extrêmement faible. »

S'il devait exister plus vive douleur dans le monde, pour lui, celle de savoir l'amour de sa vie en si mauvaise posture était la pire de toute. Il sentait son corps frémir d'un frisson douloureux et désagréable qu'il savait incontrôlable. Et le plus dur pour lui, était actuellement de ne pas accourir la voir et de rester impartial face au vieux médecin si sûr de lui.

« Elle n'est pas en mesure pour le moment de rejoindre une hospitalisation normale. Ses membres n'ont eut étonnamment aucune fracture, seulement de sérieux dégâts physique, mais son bassin n'est pas en parfait état non plus. Son réveil sera très difficile. Elle a été écrasée par des décombres mais elle a échappé au pire sûrement grâce aux peu d'ouvertures qu'il y avait. Crois-moi Adrien, elle s'en sort très bien. Et je sens, que d'ici peu, elle se réveillera. »

Il se devait de tenir. Car très bientôt, les choses n'allaient rien faire pour l'avantager dans cette aventure.


L'ennui était constamment présent pour le jeune garçon. L'état de sa Lady ne cessait de le tourmenter et cela ne lui donnait aucune envie de s'évader à quelques pas dehors en tant que Chat Noir. Il voulait quitter cet endroit au plus vite. Mais, il ne le voulait pas non plus. Il ne voulait pas s'éloigner de Marinette. Pas autant. Si le médecin et les infirmières jugeaient positivement son cas en rétablissement, Adrien lui, avait clairement un mauvais pressentiment.

Plagg pouvait tenter de lui dire ce qu'il voulait, lui dire qu'attendre sans rien faire ne changerait rien et qu'il devait se concentrer avant le retour du Papillon, observer les alentours discrètement, se préparer… Mais le héros n'écoutait rien. Là-dessus, il lui était impossible d'effacer de sa mémoire où était sa partenaire et pire encore, d'oublier les paroles de Tikki. Ce qu'il allait devoir faire. Tout seul. Avec les autres héros certes.

Mais sans elle.

Cette idée lui paraissait impossible. Sauver Paris sans le pouvoir de Ladybug lui paraissait impossible.

Il semblait que cette force qu'elle lui donnait tant lors de leurs péripéties disparaissaient peu à peu à mesure qu'il pensait aux conséquences futures et au combat qu'il allait devoir supporter tout en protégeant son identité que le Papillon cherchera à découvrir…

Trop de choses lui étaient tombées dessus soudainement. Il avait besoin de faire le vide. Mais en quittant l'hôpital, il craignait que cela ne l'aide pas à évacuer ce stress et cette inquiétude constante qui le rongeait continuellement.

Et ce qui suivit dans cette journée ne l'aida point fortement. À l'heure où son impatience devenait critique et qu'il attendait la visite habituelle de Nino et de certains de ses amis, Adrien fut étonné et quelque peu ahuri de voir les Dupain-Cheng posé sous l'encadrement de la porte de sa chambre. Il n'eut aucun réflexe de salutation ou de politesse car pour le coup, il ne sut vraiment pas quoi dire.

Si lui son coeur ne cessait de faire des bonds face à cette situation, la douleur des parents de sa bien-aimée devait être au-delà de ce qu'il pouvait imaginer. Et en pensant pertinemment que tout était de sa faute… Comment pouvait-il les saluer comme si de rien n'était ? Comment pouvait-il se permettre de les regarder en face ?

Un regard terriblement triste et compatissant s'échangeait entre le couple et le jeune garçon mais cela ne dura qu'un court instant lorsque madame Cheng se dirigea vers lui à petits pas, son visage fondant en larmes lorsqu'elle ouvrit les bras pour l'enlacer sur le lit.

« Oh Adrien… »

Son mari Tom ne tarda pas à se joindre à eux, bien qu'il ne fit que poser sa main sur l'épaule du plus jeune. Dans une réaction inexistante, celui-ci inspira difficilement contre l'épaule de la boulangère et ferma les yeux dans l'espoir de parvenir à contenir ses larmes. Encore une fois, il ne parvint par à sortir ne serait-ce qu'un son d'entre ses lèvres. Il souhaitait tellement leur dire à quel point il était désolé. Que leur fille n'était pas dans un sommeil indéterminé par accident mais bien parce qu'il avait entreprit des mauvais choix…

La pression contre sa cage thoracique lui en était devenue insupportable.

« Nous sommes si contents de voir que tu vas bien mon garçon, commença Tom.

- Le médecin nous a raconté pour ton cas. Tu as eu une sacré chance. » Souffla Sabine en lui caressant la joue.

Moi oui. Mais pas votre fille… Pensa t-il la poitrine serrée.

« On nous interdit de voir Marinette depuis sa sortie du bloc, ça fait des jours qu'on vient en espérant qu'on nous autorise à voir le visage de notre fille. Ne serait-ce que voir une ombre de son joli visage… Mais personne ne nous l'autorise. Pas pour le moment. » Déclara d'un ton sévère et sanglotant la mère.

L'envie de leur dévoiler que lui s'était permis de se rendre dans sa chambre lui était forte. Mais Adrien voulait rester discret et garder ce secret. C'était suspect et de plus… Leur avouer cela lui semblait compromettant.

« Nous ne sommes pas sûrs d'attendre plus longtemps, ajouta Tom, ça fait déjà des jours et ils prennent ça comme si attendre pour des parents étaient la chose la plus facile du monde. Ils ne prennent pas le temps de nous comprendre. Notre fille… Nous interdire de voir notre fille… Ils ne peuvent pas faire ça ! »

Les lèvres du père tremblaient douloureusement. Comme une contenance insoutenable. Adrien comprenait à quel point Tom souhaitait faire quelque chose pour changer ça. Convaincre le personnel médical de voir Mari. Mais quand des règles idiotes étaient écrites…

Comment pouvaient-ils oser dire à des parents d'attendre leur retrouvaille avec leur enfant… Sur le bord de la mort ?

« Je suis désolé. »

Même s'il ne s'attendait pas à ce que cela s'entende, le blond fut bien content que cette phrase fut sortie d'entre ses lèvres.

« Tu n'as aucune raison de t'excuser Adrien, commença Sabine, c'est pas facile comme situation. Mais… Notre fille est forte. On essaye de positiver comme on peut et de se dire que très bientôt, elle sera de retour chez nous !

- C'est nous qui nous nous excusons, continua Tom. Peut-être était-ce trop envahissant pour toi de nous voir aujourd'hui. Ou tu n'avais peut-être pas envie de parler de Marinette… C'est ton amie. On sait que ça ne doit pas non plus être facile. Mais n'oublie pas que si tu as besoin, tu nous appelles. On sera là pour toi. »

Pourquoi les Dupain-Cheng étaient-ils aussi gentils ? Aussi désireux d'aider les autres ? Alors qu'ils étaient les plus concernés par le sort de leur fille ? Cela accentua la morosité du moral d'Adrien qui ne vit que des ombres s'installer entre les murs de cette chambre étouffante. Il observait la mère et le père à tour de rôle dans une incapacité handicapante de répondre, ses yeux se remplissaient de larmes innocentes qu'il retenait difficilement… ; comme si les laisser couler équivaudrait à une diffamation de son être.

Sabine lui toucha alors soudainement la joue, comme si cette douleur s'affichait subitement sur son visage. Le regard doux et peiné semblant l'appeler à une quelconque réponse, elle abandonna l'idée de dire de nouveau quelques mots. Elle lui donna une légère caresse avec son pouce et lui souffla doucement :

« Parfois pour évacuer sa désolation il ne faut pas hésiter à ouvrir son coeur tu sais. »

Et sous ce dernier geste, la femme jeta un dernier regard un son mari pour lui faire comprendre qu'il valait mieux partir. Ce peu de chaleur que reçu Adrien lui permit de revoir quelques couleurs autour de lui et de se sentir plus compris qu'il ne l'aurait cru. Mais malgré ça, il savait qu'il ne parviendrait pas à dire ce qu'il a au fond du coeur. À quel point il s'en voulait d'avoir mis en danger leur fille. À quel point ça le détruisait.

Ils ne le sauront peut-être jamais.

Que s'il n'avait pas été là, elle aurait évacué avec les autres et aurait pu de nouveau sourire en rentrant chez elle tous les jours comme autrefois.

Après tous ces moments maussades, une certaine bonne nouvelle lui parvenu enfin lorsque Lucie et une autre infirmière toquèrent à la porte de sa chambre avec un sourire accueillant.

« Tu vas pouvoir aller redonner quelques couleurs à ton visage mon chou, tu as l'autorisation de sortir devant la façade si tu le souhaites. On t'accompagne ? »

Cette nouvelle réjouissait une partie de lui bien plus qu'il ne l'imaginait. Il sentit Plagg s'agiter sous sa chemise comme un appel du camembert. Il ne pouvait pas louper cette nouvelle opportunité. Il avait beau ne pas vouloir s'éloigner au maximum de Marinette, il ne pouvait pas nier que rester enfermer ici était une de ses pires sensations. Sa plus grande phobie. Son plus grand mal-être.

D'un sourire qu'il rendit alors volontiers aux infirmières, il les suivit avec son sac à dos et son masque qu'il mit prudemment, impatient de redécouvrir la sensation du vent frais sur son visage…

Il en ressentit plus aucune douleur durant l'instant où il traversa l'hôpital et redescendit les étages pour trouver la sortie. Lucie ne cessait de l'accompagner avec toujours ce même sourire bienveillant devant lequel tombait toujours une mèche de ses cheveux roux attachés en queue de cheval. La seconde infirmière elle, semblait accompagné juste au cas où quelconque anomalie se produisait ; même si cela paraissait stupide pour Adrien, étant donné qu'il se sentit beaucoup mieux depuis son arrivée ici.

Apparemment, le personnel médical du rez-de-chaussée semblait connaître son cas car il ne se passait pas un instant sans qu'on ne le salue d'un couloir à un autre. Avoir un malade s'en sortir d'une jambe intacte alors que celle-ci était en piteux état en sortant d'un incendie… Ça faisait forcément des murmures… Enfin… Il était Adrien Agreste surtout.

Qui ne connaissait pas Adrien Agreste ici ? Forcément il suscitait de l'attention.

Par ailleurs, il fut du coup presque soulagé de quitter le bâtiment et enfin retrouvé la lumière du jour -la véritable- pour échapper à tout ça ; il avait l'impression d'avoir affaire à des paparazzis et ça l'agaçait au plus haut point.

Lorsque les portes automatiques menant vers l'extérieur s'ouvrirent, il jeta un bref regard derrière lui, sa pensée dessinant distinctement à cet instant le visage de sa lady qu'il accueillit avec un sourire discret avant de sortir dehors. Le temps n'était pas miraculeux. Gris et menaçant de pluie. Mais clairement qu'en avait-il à faire ? Lui qui cherchait souvent la liberté il n'allait pas s'en plaindre. Il était sortit il y a quelques jours en tant que Chat Noir mais il considérait que ce n'était pas la même chose.

Il se distinguait tellement de son autre personnalité qu'il avait l'impression de n'être jamais sorti de cette chambre en tant qu'Adrien. C'était troublant.

Alors, à l'heure actuelle, pouvoir sentir de nouveau le vent frais et la sensation d'une atmosphère plus légère et respirable, il le savourait. Il se sentait si bien qu'il fit le test d'enlever son masque d'oxygène pour respirer à plein poumon cet air si bon.

« Ça fait du bien hein ? » Lui disait Lucie d'une voix douce.

Adrien acquiesça d'un sourire conquis et reconnaissant.

« Merci.

- Tu es parfaitement en état de bouger d'ici maintenant. Mais ne t'éloigne pas trop… Tu sais qu'on doit te surveiller encore durant un temps indéterminé.

- Oui.

- On va te laisser… Tu n'auras qu'à remonter quand tu auras fini.

- Fini ? »

D'un mouvement de tête soudain et démonstratif de la part de Lucie, Adrien se tourna vers la direction qu'elle désignait et son regard croisa celui de ses plus chers amis. Alya était là. Nino aussi. Et… Kagami. La seule personne qu'il n'était pas parvenu à voir depuis l'incendie. Le jeune garçon resta un moment figé sur place, le regard planté sur son amie qui reflétait à la fois une joie immense mais également une immense tristesse.

Le teint de la japonaise était aussi dure que sa froideur habituelle. Plus rien n'étonnait Adrien. D'autant plus qu'il la connaissait maintenant. Il savait pertinemment que ce visage sombre reflétait une contenance pleine de morosité. C'était sa façon de partager son mal-être. Pour certains c'était pleurer, pour Kagami… Cette solution était inexistante bien que l'émotion se reflétait sur son doux visage. Lorsqu'elle s'avança vers lui d'un pas rapide, Adrien aurait pu croire qu'elle allait lui botter le cul alors en fait, ce fut simplement pour l'enlacer comme jamais elle n'aurait cru pouvoir le faire un jour.

« T'es un imbécile, Adrien. »

Adrien fut tellement surpris qu'il garda un air stupide sur le visage un instant avant que ses bras ne prennent l'instant de l'enlacer à son tour. Il eut l'impression que depuis des jours, ce câlin était le plus sincère et rassurant de tout ceux qui étaient venus lui en faire.

Il sourit.

« Je sais. »

La jeune fille se décolla brusquement, un léger sourire s'affichant au coin de ses lèvres.

« J'ai vraiment eu peur lorsque… Je suis sortis avec les autres et que tu n'as pas suivi. Mais d'après ce que je vois ça va plutôt bien. »

Adrien aurait voulu s'efforcer de lui rendre un sourire mais ce souvenir lui rappela la vue d'une Marinette inconsciente et souffrante si bien que son front s'assombrit. Kagami sembla de suite comprendre la vue de ce mal-être soudain. Sa main se posa doucement sur son bras.

« Eh, tu es très courageux. Tu le sais ça ?

- C'est ironique hein ?

- Je n'ai aucun mérite à mentir là-dessus.

- Marinette a été plus courageuse que moi. »

Ce ton fut légèrement dur à son égard mais la japonaise le prit à la légère.

« Rectification : elle était en meilleur état que toi. Ne l'oublie pas.

- Et alors ? Ça justifierait sa position actuelle ?

- … Tu te sens vraiment coupable hein ? »

Un soupir s'échappa d'entre les lèvres du blond tandis qu'il ferma ses yeux émeraudes un instant avant de les rouvrir, une main dans ses cheveux alors qu'il reculait pour s'asseoir sur un petit muret, se tournant vers le bâtiment de l'hôpital, le regard levé vers les fenêtres des chambres au-dessus.

« J'ai tout pour l'être. »

Kagami s'assit à côté de lui, le regard face aux portes automatiques qui s'ouvraient face à de pauvres malades en fauteuils roulants.

« Adrien il faut te faire une raison. Tu n'avais pas la force de pouvoir l'aider dans cette situation. Ce n'est pas de ta faute. Elle, et seulement elle, a décidé de venir t'aider dans cette galère. Elle a entreprit de faire ce choix par elle-même. Ça va peut-être être dur ce que je vais dire mais… C'est elle qui-

- Ne dis rien. »

Sa tête se tourna vers lui.

« Je veux juste que tu comprennes que…

- Kagami. Tu pourras me dire ce que tu veux. Je sais que c'est ma faute. Si je n'avais pas fais demi-tour…

- Demi-tour ? Mais qu'est-ce que tu a fais ? »

Adrien la regarda en retour, la profondeur de ses yeux déterminant une quelconque faiblesse douloureuse qui brûlait en lui comme de l'acide.

« Je-

- Héééé mon pote ! On va pas t'attendre définitivement ! Rigola Nino, en arrivant soudainement vers lui avec Alya. »

Kagami resta tourner vers le blond, comme si elle s'attendait véritablement à ce qu'il finisse sa phrase. Mais rien ne s'en fit. Adrien fit comme si de rien n'était et reprit un naturel exemplaire devant ses meilleurs amis.

« Désolé. C'est la première fois depuis l'incident que je vois Kagami.

- Elle était déter' pour venir avec nous dès le début mais au final elle préférait que tu te rétablisses avant. C'est pas limite si elle nous embrouillait pour ça d'ailleurs. »

La concerné préféra revenir vers la troupe, reprenant son air habituel -c'est-à-dire dur- même si son sourire était toujours présent.

« Ouais. Je supposais que le mieux serait de te laisser un peu de temps.

- J'ai cru que tu en avais rien à faire de moi, répondit Adrien ironiquement.

- C'est pratique d'être ami avec toi pour l'escrime.

- Juste pour l'escrime. » Ria Nino.

Les deux amis suivirent son rire sans problème. Cependant, derrière, Alya restait en retrait. Les regardant avec tout de même un sourire, son regard était perdu, accompagné de cernes imbattables. Et surtout, elle ne disait rien.

« Tout va bien Alya ? » Demanda naturellement Adrien.

La métisse s'avança, son visage s'éclaircissant comme un éveil soudain.

« Oui. On poursuit les recherches. »

Pas besoin de poser des questions. Adrien savait qu'elle parlait des recherches qui commençaient à s'organiser pour retrouver Ladybug et Chat Noir. Et… Que c'était sûrement une façon de penser à autre chose que sa meilleure amie.

Il acquiesça d'un mouvement de tête et Alya renchérit :

« Tu sais si… Elle va bien ? »

Un sanglot s'était entendu du fond de sa gorge et cela refroidissait légèrement l'ambiance qui s'était installée quelques secondes auparavant.

Adrien aurait préféré que cette question ne fut jamais posée pour la simple et bonne raison que jusque là il passait un bon moment avec ses amis. Il n'avait pas forcément envie de discuter encore une fois d'un sujet qui lui faisait mal. Mais il savait à quel point c'était important pour Alya. Il ne pouvait pas lui en vouloir.

Cependant, il ne pouvait pas non plus dévoiler ce que le médecin lui avait dit. Il aurait bien voulu. Mais pas devant Kagami et Nino.

« Pas vraiment non. Ils espèrent juste bientôt son réveil. Ils sont positifs alors… Il faut l'être aussi. »

Il avait presque honte de faire comme s'il l'était de son côté alors que pourtant, c'était clairement tout l'inverse. Il détestait faire semblant. Mais c'était pour le bien d'Alya. Il fallait se le dire et surtout, garder en tête qu'une fois qu'il se retrouverait seul avec elle, il lui partagerait les paroles du docteur Dupont. Tout le monde méritait d'être au courant. Mais c'était un secret qui n'était pas forcément divulguable. Et Alya… C'était Alya. Et tandis que l'ambiance s'était légèrement refroidie, elle ne manquait de l'être d'autant plus plus loin d'ici, où Luka était caché, écoutant la conversation qui se déroulait entre les jeunes amis...

Sa capuche sombre était rabattue sur son visage morose et grimaçant d'une colère qui l'animait depuis plusieurs jours. Il observait la discussion en se faisant un mal continu et incompréhensible pour chercher à avoir les informations nécessaires qui lui permettrait d'haïr Agreste un peu plus chaque jour. Il refusait d'admettre que rien n'était du hasard. Que chaque instant où ce garçon si superficiel apparaissait c'était pour lui piquer ce qui lui appartenait. Déjà constamment il avait dû s'habituer au fait de vivre dans son ombre, de ne rien dire contre toutes ces publicités insupportables qui affichaient son joli minois que tout le monde admirait. Déjà au conservatoire, il s'efforçait de paraître meilleur que lui, avec son dos bien droit et ses manières si parfaites lorsqu'il jouait du piano. Si tout le monde applaudissait Gabriel Agreste, Luka lui, le trouvait insupportable. Sous ses airs supérieurs et agaçants, il n'avait jamais manqué de rappeler à Luka que la guitare était un instrument vulgaire. Lorsqu'il venait chercher son fils au conservatoire, il ne tirait pas un sourire ; et cette arrogance constante qui brillait dans son regard lorsqu'il observait les autres musiciens… C'était importun.

Peut-être que Luka avait-il fini par haïr Adrien à cause de l'allure que donnait son père. N'empêche que ce jeune garçon qu'on voulait rendre parfait finissait par entrer dans ce rang désolant et influencé par Gabriel… Et donc, tout ce qui insupportait Luka en général. Et ça n'avait été que le début sachant que par la suite, sa seule et véritable amie au conservatoire, pour laquelle son coeur battait considérablement, avait décidé de se lier à Adrien et de le délaisser définitivement et de façon mauvaise et insultante dans un coin ; avec pour seule compagnie sa chère guitare.

« Tu n'es qu'un bon à rien. Qui voudrait de toi… Je ne peux pas. Tu n'es pas comme lui. »

Depuis toutes ces années, entouré de tous ces médias qui ne cessaient pas de radoter l'évolution des Agreste, Luka avait préféré rester dans l'ombre, refusant catégoriquement qu'une fille pourrait s'intéresser à lui si ce n'est que pour fantasmer sur Adrien derrière. Il avait préféré se réfugier dans la musique, ce que son coeur avait décidé de conquérir définitivement. Mais après toute cette histoire, Luka est arrivé en cours de route au collège Françoise Dupont pour rejoindre Juleka, en sachant pertinemment grâce aux discours de sa soeur que Adrien y était. Il avait espéré pouvoir apprendre à l'apprécier, lui qui était rentré dans une école public… N'était-ce pas là la preuve qu'il n'était pas ce que son père cherchait à rendre de lui ? Cependant, il fallut pour lui que cette sensation exaltante revienne hanter sa poitrine à l'instant même où Marinette était venu le voir pour se présenter. Elle qui était si gentille. Si présente pour ses camarades. Si talentueuse. Si souriante et si attachante. Elle aurait pu représenter la lumière que cachait la solitude du garçon durant toute ces années… Si seulement il n'avait pas compris l'amour de la jeune fille pour Adrien Agreste.

Encore Adrien Agreste.

Il avait été impossible pour lui de faire demi-tour et de cacher ce sarcasme venimeux quotidien sur le blond.

Parce que c'était plus fort que lui. C'était sûr. Jamais il ne serait capable d'apprécier ce garçon. Ce garçon si superficiel et faussement souriant qui ne cherchait qu'à montrer le meilleur de lui… Mais à quoi jouait-il ?

Tout ce que voulait Luka, c'était pouvoir faire éclater une partie de lui. Le blesser. Lui montrer ce que c'était d'être seul. D'être rejeté. De se faire prendre les gens qu'on aime.

Alors, il avait décidé de laisser son coeur s'exprimer aux côtés de Marinette, dans l'espoir de pouvoir agacer une partie de son rival et lui montrer que cette image de lui ne pouvait pas le sauver à chaque fois.

Mais…

Si seulement Luka savait les véritables tourments qui hantaient quotidiennement Adrien, il saurait qu'au final, ils ne sont pas si différents tous les deux.


Alya avait fini par retrouver un sourire et cette motivation qui la possédait quotidiennement après plusieurs minutes de discussion et de rire avec le groupe. Cela leur faisait du bien à tous de se retrouver. Et bien que la présence de Marinette manquait considérablement, l'influence positive de Nino et Kagami avait fini par rendre une sacré joie à Adrien et la journaliste qui en étaient devenus optimistes pour la suite.

Au moment où Adrien dû rentrer retrouver sa chambre, la journée aurait parfaitement pu se terminer de cette façon.

Rien n'aurait été plus merveilleux.

De plus, tout ce bonheur qui avait empli Adrien lui avait permis de ne pas avoir besoin de son oxygène de l'après-midi. Aucun sentiment d'étouffement. C'est comme si ses poumons eux-mêmes s'étaient satisfaits de ce que leur avait offerte cette journée…

Mais ça, ce fut jusqu'à ce que son père ne débarque à l'improviste en limousine avec son garde du corps et Nathalie.

« Ne fais pas demi-tour Adrien, nous rentrons. »

Le jeune garçon fut tellement choqué qu'aucun son ne sortit tout de suite de sa bouche. Gabriel soutenait son regard d'un ton si sévère et… Sûr de lui.

Mais que lui arrivait-il ?

Pourquoi ?

« Nathalie, allez à l'accueil et signez les papiers. Prévenez le personnel que mon fils rentre chez nous qu'ils le veuillent ou non.

- Bien Monsieur Agreste. »

L'assistante passa devant le nez d'Adrien sans même lui adresser un regard ; c'est ce qui le fit alors soudainement réagir.

« Père, je ne peux pas rentrer maintenant, je dois encore passer des examens la semaine prochaine et-

- Nous reviendrons la semaine prochaine.

- ET je dois rester sous surveillance, je ne peux pas partir comme ça ! On doit nous prescrire ce qu'il faut en soins et en oxygène je-

- Adrien cesse de discuter. Nous ferons le nécessaire pour que tu sois entre de parfaites mains quotidiennement, pas d'inquiétude là-dessus. Maintenant rentre dans le véhicule.»

Le concerné resta figer sur place. Ses amis -ainsi que Luka qui au loin observait la scène-, semblaient tout aussi choqué de cette situation soudaine et inattendue. Ils avaient l'impression d'assister indirectement à un enlèvement - bien que c'était stupide de penser ça, ce n'était pas plaisant à regarder-. Mais, voyant que leur ami était impuissant face à son paternel, ils décidèrent d'intervenir ; et c'est Kagami qui commença :

« Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, ce serait imprudent de laisser sortir Adrien maintenant. Il n'a pas encore assez récupéré et ses problèmes de respiration reste encore imprévisibles.

- C'est vrai mec- euh je veux dire m'sieur !- vous ne pouvez pas l'emmener comme ça, tout le monde vous le dira ici. Peut-être que si vous étiez venu plus d'une fois…

- Nino, le coupa Adrien, ne va pas trop loin…

- Je ne fais que dire la vérité ! »

Mais Gabriel Agreste n'était sûrement pas de cet avis. Il détestait être contredit généralement.

« Je sais très bien ce qui est bon pour mon fils, mêlez vous de ce qui vous regarde jeunes gens. Répliqua t-il sévèrement.

- C'est indigne en tant que parent de faire ça… » Grommela Alya.

La jeune métisse semblait rassembler toute la tristesse en elle pour la transformer en colère, si bien qu'elle n'eut aucun mal à lui faire face. Il était hors de question pour elle que son ami soit traité de cette façon, sans le moindre droit de faire ses propres choix.

« Vous n'avez pas le droit de faire ça. Adrien reste ici. » Finit-elle par dire.

Mais cette phrase venant d'elle resta pour Gabriel Agreste, qui était si sûr de lui, peu crédible voire complètement ridicule si bien qu'il préféra ne pas lui faire face et sourire légèrement. Il s'avança même vers son fils pour le prendre par le bras, d'une façon qui parut provocante pour Alya, puis, il le força à le suivre jusqu'à la voiture pendant que les trois amis l'interpellait pour l'arrêter.

Adrien, lui, était complètement bloqué. Presque choqué. Il ne s'attendait vraiment pas à ce que ce moment arrive. Son cerveau tournait à toute vitesse tandis qu'il cherchait quoi dire, quoi faire… Parce que malgré cet endroit qui le rendait plus malade qu'il ne l'était déjà, s'il y a bien une chose qu'il ne voulait surtout pas quitter… C'était sa lady.

« Père attendez. »

Mais le styliste ne lui lâcha pas le bras et l'ignora.

« ATTENDEZ. »

Cette fois-ci, ce ton dur sortit du fond de ses tripes pendant qu'il dégageait brusquement son bras de l'emprise de son père avant de reculer de quelques petits pas.

« Je ne veux pas partir.

- Adrien il y a du travail qui nous attend, tu ne vas pas passer tout ton temps dans cet endroit et attendre que le temps pa-

- Je ne veux pas partir !

- TU AS BIEN MIEUX À FAIRE. Et je n'ai pas le moindre instant à t'accorder tous les jours pour une visite médicale. Tu n'as pas ton mot à dire. Tu rentres. »

Gabriel lui tourna le dos et se dirigea vers la limousine. Cependant, Adrien resta sur place et se laissa envahir par la colère à petit feu. Ses poings se serrèrent presqu'instinctivement tandis qu'il la laissait monter ; et cette fois-ci, peu importe quelle image il pouvait donner devant les gens ; les médias pouvaient en faire ce qu'il voulait.

Ce n'était pas sa faute.

« Je suis quoi pour vous… ? Un larbin ? J'ai passé ces derniers jours dans le noir à espérer votre visite, à me demander si vous en aviez à faire quelque chose de moi au lieu de me laisser agoniser… Et maintenant vous vous ramenez ici… Pour me ramener… Tout ça pour quoi ? Pour que je redevienne votre pantin si parfait ?!

- Arrête ton cinéma et viens avec moi. On en discutera à l'intérieur.

- NON. »

Cette fois-ci, lorsque le père Agreste se retourna, il put faire face aux yeux larmoyant de son fils qui n'affichait qu'un visage marqué par la colère. Cette sensation puissante que lui faisaient ressentir ces émotions lui demandaient un certain effort qui commençait à l'essouffler ; le faire inspirer et expirer bien plus bruyamment que d'habitude.

« Adrien… Calme-toi. » S'inquiéta Kagami.

Mais le garçon resta focaliser sur son père.

« Je ne veux pas partir… Marinette est ici. Elle est ici par ma faute et seulement à cause de moi. Ses parents sont entrain de la pleurer chaque jour en espérant pouvoir revoir son visage, celui qu'on les empêche de voir depuis le début de cette incident et vous… Vous revenez en espérant pouvoir me faire faire ce que vous voulez une fois que je serais rentré, sans même prendre la peine de me demander ce que je veux vraiment ?

- Très bien, alors qu'est-ce que tu veux ? Demanda Gabriel en haussant le ton.

- Je ne veux pas rentrer avec vous ! Laissez-moi au moins rester jusqu'au réveil de Mari…C'est tout ce que je demande. S'il vous plait. »

Toutes les personnes autour d'eux observaient la scène, comme si voir le père et le fils Agreste en pleine tension était quelque chose d'exaltant. Quelques uns prenaient même des photos. Nino, Alya et Kagami, eux restaient silencieux tandis que Luka au loin, avait disparu du périmètre.

Tous ces visages tournés vers eux semblaient intéressés au plus haut point le styliste. Du moins, il n'en était pas indifférent en vue des regards qu'il jetait autour de lui, comme si cette oppression médiatique le faisait paniquer.

« Si tu y tiens tant… Ton garde du corps t'emmènera tous les jours ici… et ce, à l'heure que tu voudras. On arrangera ton planning en fonction de ces visites et tu pourras rester autant de temps que les heures de visites te le permettront. Mais il faut que tu rentres avec moi. Tu sais à quel point le travail est dur à suivre, je ne peux pas faire de mon mieux tout en m'assurant que tu vas bien. On engagera du personnel médical à domicile, tu seras tout autant en sécurité qu'ici. Je peux te l'assurer. Il n'y aura rien de différent si ce n'est que tu auras plus de place et… Plus de distance avec cette… Marinette. »

Les yeux de Gabriel étaient restés rivés sur lui mais, c'est comme si le vide était présent à l'intérieur… Comme s'il ne l'avait pas regardé vraiment. Comme si sa concentration s'était assurée ailleurs. Autour…

Adrien s'en fichait complètement. Il avait fini par avoir l'habitude d'être sous-estimé par son père. Cependant, il fallait bien admettre qu'il gardait en compte ce qu'il voulait ; du moins, en partie. Et s'il l'autorisait à revenir autant de fois qu'il voulait ici pour voir Marinette (sachant qu'il n'était pas au courant que celle-ci était dans une pièce strictement interdite aux visiteurs), il allait s'en satisfaire. Et… Oui. Ces médias alentours ne le mettaient pas très à l'aise non plus. S'il ne voulait pas finir séquestrer dans une boite, il avait plutôt intérêt à ne pas en rajouter plus que ça.

Il préféra alors se calmer et au même moment, Nathalie était entrain de revenir avec des sacs -sûrement les affaires d'Adrien- , suivis par le docteur Dupont, de l'infirmière Lucie et de quelques aide-soignants. Ils semblaient l'avoir suivis sans aucun but, comme s'ils étaient à la fois terriblement inquiets et en colère par ce qu'il venait de se passer. Le médecin était rouge du visage, Adrien était presque sûr que Nathalie avait dû employer des mots sévères pour les convaincre qu'Adrien allait être suivi chez eux et qu'il n'y aurait pas de problème.

L'assistante, en passant d'un pas rapide, mis sa main dans le dos d'Adrien pour l'inciter à avancer jusqu'à la limousine.

« On y va Adrien. »

Son père qui lui faisait toujours face, lui fit un sourire. Mais… Pas le même sourire sincère qu'il lui faisait de temps en temps lorsqu'il était rarement attendri non.. Là… C'était étrange. Presque faux.

Mais le blond n'avait pas le temps d'y faire attention. Il était un peu précipité et… Clairement perturbé de quitter l'hopital. Tandis qu'il marchait aux côté de Nathalie, son visage ne quittait pas une fenêtre en particulier derrière lui. Une fenêtre bien plus haute qu'au rez-de-chaussée.

Je reviendrai.

Nino, Alya et Kagami s'étaient retrouvés plantés tous les trois, observant d'un air béat et incompris le départ d'Adrien.

« Je le sens pas. Y a quelque chose de bizarre, souffla Kagami.

- On ira le voir demain, lui répondit Alya discrètement.

- Eh mon pote ! On se revoit très vite hein ? »

L'appel de Nino interpella Adrien qui au moment de s'asseoir dans la limousine mal garée, posa alors son regard sur eux, en les rassurant d'un sourire qui leur paru convaincant.

« Je vous le promets. »

Et la porte se referma derrière lui, comme un innocent dans une prison qu'on était pas près de rouvrir.


Bonne journée les loulous.

En espérant que depuis le début de cette année 2019, tout se passe au mieux pour vous !

De mon côté, je suis de plus en plus surprise par le nombre de vues que commence à atteindre cette fanfiction ! Et vraiment, je vous remercie. Ça fait toujours plaisir de savoir que son écrit plait autant (même si son autrice est complètement irresponsable puisqu'elle est constamment en retard x)).

Sinon, vous avez sûrement vu que le début de la saison 3 a été diffusé, et peut-être les avez-vous regardé ? Sans spoiler, qu'en avez-vous pensé ?

Personnellement, j'ai regardé les 4 premiers mais j'envisage de m'arrêter jusqu'à... Ce qu'il y aura une bonne grosse partie de la saison de sortie. Disons que j'ai remarqué que les épisodes sortaient dans un ordre complètement aléatoire et ça me plaît clairement pas. ^^' D'autant plus que je suis du genre à bien observer l'évolution des comportements et des relations... Donc ça perturbe toute mon analyse eheh. Je suis au courant que Thomas Astruc disait que l'ordre n'avait pas d'importance mais... Pour moi si donc : PAUSE. :) (Pas dans l'écriture de cette fanfiction et de mes OS je rassure)

ENFIN BREF. Je ne vais pas partir dans un monologue hors sujet.

J'espère que ce chapitre vous plaira ! Cette fois-ci, j'en suis assez fière, il est bien écrit, long et je trouve ça d'autant plus satisfaisant à publier ! (N.B. Parfois ne cherchez pas à comprendre le nom de mes chapitres, ils n'ont pas toujours un très grand rapport avec le chapitre en question. C'est... Pas facile de trouver un nom approprié. x))

Toujours présente par MP si des questions vous viennent, n'oubliez pas.

Plein de bonheur à vous. Et surtout bonne lecture !

Bisous.

D.F.