Et voilà le dernier chapitre. Mais qui va bien pouvoir être le pov ?

Chapitre 3

**** Présent (suite)

Je relis une nouvelle fois le mail pour être sûre. Que veut donc dire cette femme par « un transfert d'urgence » ? En quoi un transfert peut-il être qualifié d'urgence ? Nos étudiants n'ont pas les mêmes cursus ! Et ils ne vont certainement pas changé en plein mois d'avril, à un mois des partiels !

Je regarde les caméras de sécurité quand une voix connue me sort de mes rêveries et je mets toute mon attention sur la caméra d'où le son provient. Je m'attends à ma sœur, c'est elle que j'ai entendue, mais la fille… non, la femme qui l'accompagne me fait un nouveau coup au cœur. Elizabeth !

Que fait-elle ici ? Je vois bien que la voiture de Catherine fait une manœuvre, donc c'est soit ma sœur… soit ma… – non, ce n'est pas ma femme ni ma petite amie, même si j'en rêve – Elizabeth qui a besoin d'un transfert urgent.

Je me lève avant de réaliser ce que je fais pour aller les accueillir. Les vidéos montrent qu'Elizabeth traîne ses valises vers la suite personnelle.

Je n'ose imaginer ce que cela veut dire. Elle avait paru tellement choquée par ma déclaration. Puis-je espérer qu'elle a changé d'avis après que j'ai plaidé ma cause par écrit ? Je sors de mon bureau pour les intercepter au niveau de l'entrée de la zone personnelle. Elizabeth et ma sœur sont en discussion bien que légèrement essoufflée.

« Gigi ! Elizabeth. »

Autant mon cri est enthousiaste à l'idée de revoir ma sœur, autant pour Elizabeth, je suis plus restreint.

« Mr Darcy.

— Will ! »

Ma sœur lâche son bagage pour me sauter au cou. Je la réceptionne comme je peux, tentant de ne pas regarder trop attentivement la femme qui reste seule dans le corridor.

Est-ce que j'ai raison et qu'elle ne me considère plus avec autant d'animosité ? Je me suis tellement trompée à son compte que je n'ose rien penser de plus avancé.

Je me contente de serrer ma sœur dans mes bras. Sans vouloir trop espérer que son amie y soit aussi, dans mes bras.

« Je suis contente de te voir, Will, mais j'aurais préféré que ce soit dans d'autres situations. Ne sois pas un enfoiré, et traite mon amie convenablement. Je sais que vous ne vous supportez pas, mais s'il vous plaît, faites un effort tous les deux. »

Je relâche ma sœur pour la regarder droit dans les yeux. Je tente de cacher au mieux la détresse que j'ai à ce qu'elle répète que son amie ne me supporte pas. Je ne peux croiser son regard.

« Je… Je te le promets, Gigi. Je préviens Reynolds pour qu'elle ajoute un lit à ta chambre. »

Je veux hurler que sa chambre l'attend, mais je ne peux pas. Elle m'a rejeté, il faudra que je me fasse vraiment à l'idée et que j'arrête de le ressasser.

« Et… Gigi, ce soir, vous mangez toutes les deux avec moi ? Je n'ai pas le temps d'aller à la grande salle, et cela va vous donner le temps de vous reposer un peu de votre voyage… Et j'aimerais en savoir un peu plus sur ce transfert, Catherine a été très expéditive. Mais vu comme vous êtes arrivé vite, j'ai l'impression que ce n'est pas une décision très réfléchie.

— Mr Darcy, je remercie Mme De Bourgh pour sa prompte réponse à mon problème personnel, mais je préférerais qu'il ne soit pas proclamé sur tous les toits. J'ai eu… des soucis et j'en ai parlé à votre sœur. Je lui avais proposé une solution partielle à ce moment-là.

— Lizzy, tu as voulu venir te cacher dans ma chambre jusqu'à nouvel ordre. Te cacher du concierge de Rosings ! Il a le double des clefs de quasiment tout le domaine !

— Le concierge ? Se cacher ? Et la solution est un transfert ? »

Je ne comprends décidément rien à ce qui se passe.

« Le concierge est…

— Non, Gigi ne dit rien. Je ne veux pas que tu mentes à ton frère, mais il n'a rien à savoir là-dessus. J'ai eu besoin de quitter Rosings, mais toutes mes études ont été payées, y compris les deux années que je n'ai pas encore faites. La solution de Mme De Bourgh est de me transférer.

— Et comme elle ne voulait pas la transférer seule, me revoilà, cher frère ! »

J'avoue simplement que je ne comprends toujours pas, mais les rougissements sur Elizabeth me perturbent et m'empêchent de me concentrer totalement sur le sujet.

Ma sœur a quand même l'air bien mieux que la dernière fois que je l'ai vu, quand ce salaud de Wickham a tenté de la violer. Mais j'ai vu Elizabeth en train de mettre une raclée à cette enflure, puis retourner auprès de ma sœur. Elizabeth était magnifique, et à ce moment, j'ai bien compris que j'étais perdu, et que jamais je ne trouverais plus de femmes qui seraient mieux qu'elle. Mais qu'elle n'a pas besoin de moi, comme elle l'a si bien dit.

**** Présent (suite)

Je les ai laissées seules devant la porte de Georgiana, et je me suis rapatrié à mon bureau, qui juxtapose ma chambre. Un toc-toc léger me sort de ma rêverie, et j'ordonne d'entrer, me demandant qui peut passer à cette heure-là.

Elizabeth.

Elle s'est changée, et s'est recoiffée, je remarque distraitement.

« Mr Darcy ? Je voulais vous dire... »

Sa voix est douce, tellement différente de la dernière fois où elle me hurlait des insultes, sur mon caractère si désolant. Par contre, comme sa voix baisse de volume à chaque syllabe, je n'entends rien au bout d'un moment. Ses lèvres tentantes ne bougent pas non plus.

« Oui ? Elizabeth, qu'est-ce qu'il y a ?

— Jevoulaisvousdiremerci. Etm'excuser. »

Le rouge lui monte aux joues, elle est gênée, et moi aussi de ne pas avoir compris ce qu'elle marmonne. J'ai peur qu'elle s'énerve ou s'enfuie si je lui demande une troisième fois de répéter.

Heureusement, elle reprend une grande inspiration et répète.

« Je voulais vous dire merci. Merci pour Gigi, merci pour ma sœur Lydia. Et merci pour ma mère. J'ai… Appris que c'était grâce à vous que ma sœur et ma mère pouvaient enfin avoir leur rêve qui se réalisait… Et pour Gigi… vous êtes un frère merveilleux.

— Je… D'accord, pour ma sœur, j'ai fait ça pour elle, mais c'est toi, Elizabeth, qui m'a inspiré mes actes. Mais ta sœur et ta mère, je n'ai pas cherché leur bonheur. Seulement que leur malheur te rendait triste. Tu en as parlé devant moi à plusieurs reprises.

— Je croyais que tu n'aurais plus rien voulu de moi à ce moment-là.

— Je ne rigolais pas, quand je disais qu'il n'y aurait qu'une seule femme à mes côtés, et que si tu ne l'étais pas, personne n'y serait jamais. »

Elle rougit à nouveau et s'approche de moi.

« Je suis désolé de vous avoir mal jugée, Mr Darcy. Je vous ai comparé aux hommes que je connaissais et dont j'avais l'habitude. D'hommes qui ne voulaient qu'une seule chose des femmes et qui avaient l'habitude de dire de belles phrases pour l'avoir. »

Je repasse toutes nos interactions dans ma tête. J'espère ne pas voir ce qu'elle déclare. De mon côté, j'ai toujours su que je méprisais ces hommes, ceux comme Wickham. Mais le lui ai-je prouvé ?

La réponse me brise le cœur.

Je lui ai prouvé l'inverse en m'emportant contre la relation de Bingley et sa sœur aînée. Et il y a eu cette première fois, où j'étais venu pour la rencontrer, et je ne sais pas trop à quoi je m'attendais, mais certainement pas à cette gamine des banlieues auxquelles je me suis trouvé confronté…

Je me force à articuler de manière audible.

« Je ne suis pas un homme comme ça.

— Je sais. Je sais maintenant. »

Un soupir de soulagement m'envahit. Elle sait. Je ne veux plus jamais vivre les mois où je ne savais ce qu'elle pensait, et la douleur d'imaginer qu'elle pouvait toujours mal me considérer.

« Est-ce que… maintenant que tu sais, ta réponse changerait ?

— Tu es toujours arrogant, Darcy, et beaucoup trop occupé pour ton bien. »

Je ressens mon cœur battre mille fois plus vite dans ma poitrine. Si c'est là les seuls critiques qu'elle veut me faire, je peux tout à fait espérer une réponse positive…

« Elizabeth, amour de ma vie, veux-tu m'épouser ? Parce que je suis insultant quand je demande une relation moindre, alors… »

Et j'attends. Pas longtemps, juste qu'elle fasse quelques pas de plus, pour se jeter dans mes bras et m'embrasser.

Je pense qu'il n'y a rien besoin de plus. Peut-être que de dire simplement qu'elle a pris en correspondance les cours de Rosings, en vivant à Pemberley. Et qu'elle a eu les meilleurs félicitations du jury quand elle a présenté son projet de fin d'études. Et même son mari a été surpris du sujet, même s'il ne pouvait pas faire parti des juges.

J'ai pas dit non plus comment il s'était retrouvé directeur de Pemberley à la mort de son père, alors qu'il avait vingt ans tout juste, et de la première année où il s'est complètement reposé sur son directeur adjoint pendant qu'il passait ses examens en accéléré.

Bref, c'était un petit os qui m'a un peu sauté dessus et que je devais partager. N'hésitez pas à laisser un message pour dire ce que vous en avez pensé.