Chapitre 6

Trois jours passèrent dans une atmosphère étrange.

Tout le monde semblait retenir son souffle, l'observant avec attention.

Enfin, au matin, le patriarche rendait son dernier souffle.

Judith éclata en sanglots dans les bras d'Ardeth qui l'allongea sur le lit, aux côtés de leurs enfants qui, à leur manière, séchèrent ses larmes.

Le lendemain, tout était prêt pour repartir en sens inverse.

La mère de Judith se désola :

« Mais vous n'êtes même pas restés une semaine ! »

« Tu sais pourquoi je suis venue, mama. »

« Oui mais... »

« Tu resteras toujours ma mama mais... j'ai ma propre famille, désormais. Et cette famille ne vit pas ici. »

« Alors je... je ne te verrai plus ? »

« Je... je ne sais pas. »

Mère et fille s'enlacèrent dans un dernier adieu, s'aimant mais vivant deux existences trop différentes.

« Adieu, mama. »

« Adieu. »

La grand-mère embrassa ses petits-enfants étrangers, saluant de loin l'homme qui avait épousé sa fille, sombre chef guerrier au cimeterre porté au côté.

Les deux chevaux s'éloignèrent et elle se détourna, refoulant ses larmes.

Elle venait de perdre son mari mais pour sa fille, elle l'avait perdue depuis bien longtemps...

Oo*oO

18 mois plus tard...

Âgé de près d'un an, le petit Khalil tentait de se tenir debout et de marcher, tentatives compliquées et périlleuses...

« Mama, baba, regardez ! »

Le frère aîné tenait son cadet par les mains, lui faisant faire quelques pas incertains.

Ardeth et Judith acquiescèrent en souriant, sous les rires d'Ilana qui, à l'extérieur de la tente, était poursuivie par deux petits cabris.

Quelques heures passèrent et les deux derniers de la famille Bay firent obligeamment la sieste.

Ahmed parti s'entraîner avec ses amis, les parents étaient seuls, enfin.

Ardeth prit Judith par la taille, murmurant :

« Quinze ans. »

« Déjà ? »

Il esquissa un petit sourire, effleurant ses lèvres.

« Es-tu heureuse ? »

« Je le suis, depuis plus de quinze ans. »

« Alors tu es tombé amoureuse du guerrier qui voulait se battre contre le monde entier et ne rien avoir avec les femmes. »

« Et toi de cette fille aux yeux étranges achetée par ton père. »

« Nous étions destinés à être ensembles. »

« Il semblerait, en effet. »

Il sourit, collant leurs deux fronts.

Là, les yeux dans les yeux, ils s'échangèrent des promesses d'amour éternel, de bonheur et de joie.

Ils n'y croyaient pas, ils avaient appris à le vivre...