Elle avançait le long du couloir, avec cette impression étrange de déjà-vu. La dernière fois qu'elle était venue, Aurélie lui avait ouvert la porte. Elle se figea d'un coup à se remémorer ce douloureux souvenir. Elle aurait dû lui parler à la DPJ ça aurait été plus simple que d'arriver à l'improviste, chez lui, dans sa zone de confort. Encore une fois elle ne put s'empêcher de se dire qu'elle faisait n'importe quoi. Mais c'était cette fois ou jamais. Elle en avait tant de choses à lui dire, à lui avouer, ce qu'elle avait vraiment ressenti à l'arrivée d'aurélie… Leur rapprochement en Anjou. Ce premier pas qu'il avait fait, ce foutu téléphone qui avait sonné… puis ensuite cet éloignement soudain… la perte de confiance… tellement de choses.

Elle se retrouva en face de la sonnette ' ', les images défilaient à une vitesse, elle avait l'impression de revoir toute leur relation en accéléré, de leur première rencontre jusqu'à maintenant. Même si elle savait qu'aurélie ne faisait plus partie de sa vie, elle l'a voyait encore devant elle, lui ouvrant la porte nue dans sa serviette de bain. Quelle garce pensa-t-elle toute basse. C'est dingue, dans sa vie Adèle n'avait détesté réellement que deux personnes, Argos, et aurélie. Cela l'a fit sourire. Car elle avait placé Aurélie au même niveau qu'Argos c'est dire comme elle en était arrivé à un stade…

Main tremblante elle approcha son index de la sonnette. Son cœur battait tellement vite qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine, elle sentait ses mains devenir moites. Elle ne savait pas exactement les premiers mots qu'elles diraient, mais elle savait très bien qu'ils seraient nuls. Elle pressa la sonnette une fois, comme la dernière fois, remit ses cheveux correctement derrière ses oreilles, souffla un bon coup et attendit

Elle ne voulait pas non plus insister. Elle se dit qu'au final, elle ne retenterait pas une deuxième fois. Elle approcha furtivement sa tête près de la porte. Pas un bruit. Elle se dit qu'il n'était peut-être pas là. Sur le point de partir, elle entendit le verrou de la porte. Elle fut incapable de bouger et dieu sait qu'elle en avait envie, elle était comme pétrifié. Elle avait également peur de tomber sur Lucas et devoir lui demander si son père est là. Bref, elle n'avait jamais vécu une ouverture de porte aussi lente de toute sa vie. La porte s'ouvrit.

« Salut » lança-t-elle presque bêtement

Elle ferma les yeux pendant un micro second sachant que la première chose bête qu'elle ne voulait pas dire c'était ça. Un simple « Salut ». Thomas était là devant elle, visage fermé, de vagues cernes sous les yeux, presque impassibles. Il y eut un silence, de toute évidence Thomas n'était pas prêt à engager la conversation.

« Lu…Lucas est pas là… ? » Demanda discrètement Adèle histoire d'être sûre de ne pas les déranger.

« Non » répondit fermement le commandant.

Adèle mains jointes commençait à faire la torture à chacun de ses doigt, elle faisait face au commandant évitant de baisser son regard, baisser sa garde, mais en vérité, tout ce qu'elle avait envie de faire c'était de fuir à nouveau. Mais non pas cette fois.

Face au malaise d'adèle, Thomas soupira et lui proposa d'entrer. Ce qu'elle fit timidement. Elle se retourna pouvant l'observer fermer la porte et s'adosser dessus.

« Ça va… ? » demanda-t-elle encore submergé par le stress

Rocher leva les sourcils :

« Vous venez chez moi à 20h me demander si je vais bien… ? Vous auriez pu m'appeler ou m'envoyer un message, ah non c'est vrai, vous et le téléphone ce n'est pas vraiment ça »

aïe…, 1-0 pensa-t-il. Il avait dit ça de manière tellement détachée. Qu'Adèle pouvait voir qu'il bouillait intérieurement. Mais que ce n'était pas le moment pour lui d'exploser, qu'elle savait pertinemment qu'il attendait des réponses à ces questions. Ensuite il aviserait sûrement du comportement à avoir. Il n'avait pas invité la criminologue à s'asseoir ni à boire quelque chose, la tension était palpable.

« Je n'aurais pas dû venir… » Dis Adèle d'un ton désolé en lui faisant face.

Thomas baissa la tête, se mordit la joue. En une fraction de seconde il comprit qu'il en faisait peut-être un peu trop. Mais elle l'avait aussi bien maltraité pendant ces quelques jours. Avec toute la bonne volonté du monde, il ne voulait pas lui faire de mal. Elle avait déjà tellement souffert. Elle était là en face de lui, aussi démunie que possible. Leur regard s'accrocha. Il vit dans les yeux d'adèle toute la détresse envisageable dans un moment aussi glaçant que celui qu'il était en train de vivre.

Il s'approcha lentement d'elle sans la quitter des yeux. Elle ne bougeait pas incapable de quoi que ce soit. Il était tellement proche, comme à la DPJ, elle put sentir son souffle sur son visage. Il lui enleva son sac sur l'épaule. Le posa par terre, et Resta un instant à la regarder, ne pouvant imaginer faire plus pour le moment. Adèle commença à se sentir défaillir, ses yeux commencèrent à se remplir de larmes. Il n'avait jamais été aussi proche qu'aujourd'hui. Il ne l'avait jamais regardé aussi intensément.

« Je ne vous en veux pas, j'étais perdue je voulais vous parler, mais je ne pouvais pas, c'est juste que le travail, nous deux, votre belle-sœur, votre ex-femme et il y a Lucas et Ulysse aussi…. Je ne sais pas comment imaginer qu'on puisse réellement… » Elle avait bredouillé ça tellement rapidement qu'elle n'avait même pas remarqué que Thomas avait tenté une approche plus intime, petit à petit. Il ne lui avait même pas laissé le temps de terminer sa phrase qu'il avait attrapé son visage tellement rapidement qu'elle ne put cette fois-ci pas lui échapper. Il l'embrassa. Elle sentit une décharge parcourir son corps tellement rapidement qu'elle en frissonna. Quand il finit par se séparer d'elle, il colla son front au sien toujours en tenant son visage.

« Je ne sais pas ce que pour toi cela signifie, mais pour moi, ça signifie beaucoup plus que tout ce que tu étais en train de me dire… Je peux plus faire semblant adèle, je ne peux pas continuer à nous regarder évoluer comme des étrangers. Vous…tu… tu sais très bien ce que je ressens… et au vu de ce que tu m'as fait subir ces derniers jours… je sais ce que tu ressens aussi… »

Adèle était perdue, pour une fois dans sa vie, un homme lui ouvrait son cœur. Et pas n'importe lequel. C'était lui, le commandant Thomas rocher qu'elle avait désiré secrètement à son arrivée à la DPJ. Tout le chemin parcouru sans qu'elle ne fasse la moindre illusion à ses sentiments naissants… Elle releva la tête, enleva ses mains de son visage. Et le regarda intensément dans les yeux :

« Voilà de quoi j'ai peur thomas, j'ai peur de ça, de tout ça … »

Il lui replaça sa mèche rebelle derrière l'oreille tout en souriant :

« Ça peut s'arranger… »

Adèle ne put s'empêcher de sourire nerveusement. Elle avait tellement attendu ce moment qu'à son tour elle approcha délicatement ses lèvres de celle du commandant et l'embrassa langoureusement. Elle avait l'impression d'être sur un nuage et de ne faire qu'un avec Rocher. Il l'attira vers lui, au niveau de la taille dans le but d'être encore plus proche d'elle. Cela n'avait rien avoir avec les années passées où, il s'était laissé aller. Tous les deux vivaient une période difficile et ils étaient complètement différents à l'époque. Adèle ne put, malgré elle, résister à cette attirance, tant elle avait imaginé ce moment. Tout était parfait… Son odeur, le goût de ses lèvres, sa douceur… C'était lui tout simplement…

Le travail, les enfants, pour le reste ils verraient ça plus tard... Pas de promesse juste vivre le moment présent. Sincère. Vrai comme eux. Les sentiments avaient toujours été là, ne demandant qu'à sortir. Thomas attrapa adèle par les hanches, elle fut soulevée en quelques secondes, le temps pour elle de passer ses jambes autour de lui, de traverser la pièce, il l'emmena sans aucune hésitation dans sa chambre, la posa délicatement sur le lit. Ne put s'empêcher de marquer une pause, l'a regardant intensément, lui aussi avait tellement attendu ce moment. Adèle passa une main sur la joue de Thomas comme pour vérifier que tout ceci était bien réel. Il l'embrassa à nouveau avec tellement de fougue et d'envie qu'il n'y a avait plus de questions à se poser à cet instant précis. Le vrai amour existe vraiment, Et Adèle l'avait enfin trouvé. Là à cet instant même elle se laissa aller dans les bras du commandant, plus sereine que jamais, d'un avenir qui n'attendait plus qu'à s'ouvrir à eux.