CHAPITRE 10

Niel n'en pouvait plus. La porte était déjà solide à la base, mais bloquée comme elle l'était, elle refusait de céder or c'était une question de vie et de mort. Il rassembla ses forces et toute sa volonté, lorsqu'encore une fois Tom, décidément providentiel arriva. Aussitôt il sut que quelque chose n'allait pas en voyant Niel tout rouge et transpirant s'attaquer à une porte.

- Aide-moi, je t'en prie, aide-moi à l'enfoncer.

- Ok ! et Tom se positionna aux côtés de Niel. Ensemble ! un ... deux ... trois ...

Ils y mirent toute leur force et la porte céda enfin. Niel se releva le premier et se précipita sur John qui était sur le point de commettre le pire des crimes. Niel aveuglé par la fureur retrouva sa virilité totale, et fit pleuvoir sur John une pluie de coups qui manquèrent de peu à le tuer. Tom parvint à le séparer, non sans mal. Tout se raffut fit arriver Élisa, sa mère, la grand-tante Elroy, puis les hommes de la maison. Annie comprit de suite ce qui avait manqué d'arriver et rhabilla Candy, toujours inconsciente. Sa bouche s'agrandit d'horreur lorsqu'elle vit les marques sur son cou. La marque des doigts de John avait laissée des traces rouges foncées.

- Candy ? Candy ? Elle la secoua et approcha son oreille, à l'écoute du moindre souffle d'air. Ce dernier se fit attendre quelques instants puis arriva, ténu, presque imperceptible.

- Mon Dieu mais qu'est-il donc arrivé fit Patty, blanche comme la mort lorsqu'elle vit son « amoureux » inconscient et couvert de sang, un Niel furieux et également couvert de plaies et de traces de coups. Enfin son attention fut happée par Annie qui se tenait auprès d'une Candy, son amie, totalement inconsciente. Non ... non ... ce n'est pas vrai n'est-ce pas ? Ce que mes yeux voient ce ... ce n'est pas possible ... elle partit en crise de nerfs, ne parvenant plus à contrôler ses sanglots.

La tante Elroy et le reste du clan familial était abasourdi. Patty parvint à retrouver ses esprits.

- Je ... je ne veux plus voir ce ... cette chose là ... et son index pointait en direction de John qui s'essuyait la bouche avec le revers de sa veste trop bien coupée.

- Chérie ...

Ce mot l'électrisa. Elle inspira, s'efforça de rester calme.

- Va t-en, va t-en et que je ne te revois jamais.

- C'était une erreur avança l'autre, l'air désolé.

- Une erreur ? Intervint alors Niel ébouriffé. Je n'appelle pas une tentative de viol une erreur, mais un crime. Il regarda son père puis les autres membres. Non ? Je me trompe ?

- Pas du tout Niel. C'est pour cette raison que j'ai appelé la police.

- La police ? mais pourquoi fit John à présent terrifié. Elle ... il désigna Candy, et prit une expression accusatrice, une lueur mauvaise dansant dans ses prunelles, derrière ses lunettes de luxe. C'est elle qui m'a séduite ! Je vous jure, elle m'a fait des avances ! Niel maintenu à bonnes distances de son adversaires se tendit à nouveau, tel un volcan mal éteint, il était à nouveau près à en découdre.

Annie qui surveillait l'état de Candy vit que celle-ci revenait à elle doucement. Les mots que venaient de prononcer John la poussèrent à bout. Lentement elle quitta son chevet. Elle dissimula son sentiment comme elle en avait l'habitude en paraissant douce et gentille à souhait, et gifla avec le plus de vigueur qu'elle put cet « homme » qui la dégoûtait.

- Ne t'avise pas de l'insulter, plus jamais ... sinon ... elle contrôla sa voix avec puissance. Sinon le pire des tortionnaires en ce monde ne pourra jamais atteindre le niveau auquel je serais à ton égard.

Il y eut alors un bruit de pas et deux hommes en uniformes entrèrent dans la pièce.

- Messieurs, Mesdames, quelqu'un vient de nous appeler ...

- Moi-même coupa, Monsieur Legrand. C'est au sujet de cet individu. Il désigna John mit hors d'état de nuire.

Un des deux policiers fronça les sourcils, ce personnage ne lui était pas inconnu. Il fit signe à un des hommes dans le couloir de s'approcher et lui demanda de lui amener quelque chose. Quelques minutes plus tard un homme gradé arriva, avec un attaché-case. À l'intérieur le fichier de toutes les personnes recherchées et il fut bientôt au centre de toute l'attention ou presque. Une photo et un descriptif collait parfaitement au personnage de John McHogan, escroc notoire, défavorablement connu des forces de l'ordre pour vol, braquage.

- Monsieur McHogan ... à ce que je vois, il vous manquait le viol à votre palmarès ...ce à quoi vous avez voulu remédier.

- Elle ... ce n'est pas de ma faute.

- SUFFIT ! TAISEZ-VOUS ! METTEZ-MOI LES MENOTTES À CET INDIVIDU ! beugla le policier. Deux de ces collègues s'exécutèrent avec empressement. Comment va la victime ?

- Elle respire ... mais ... fit Annie.

- Mais ?

- Elle a peut-être besoin de soin, il y a des marques de strangulation, ajouta Annie.

- Je fais venir une ambulance. Allons-y, ôtons ce vil personnage de cet endroit. Le seul qu'il mérite est en prison.

Candy partit pour l'hôpital pour des examens, Niel à ses côtés. Patty était complètement déprimée, sous le choc.

- Comment ai-je pû être si idiote ? Il a berné tout le monde ! même grand-mère !

- Écoute Patty, ça arrive à tout le monde ne t'en fais pas pour ça ... fit doucement Annie en la prenant dans ses bras.

- Il a failli ... mon Dieu ... il a failli ... Candy ... si tu savais comme je m'en veux ! Ôh Annie ! Archi ! je m'excuse d'être un, une sorte de boulet de bagnard.

- Il est en prison maintenant et pour un bout de temps.

- Oui mais quand même renifla Patty.

- Chuuuut ... calme-toi ... chuut ...

Niel tournait en rond comme un lion en cage. C'était la deuxième fois qu'elle avait failli mourir. La deuxième fois ou elle avait été sauvée de justesse. Ne supportant plus l'attente il prit l'air et se faisant tomba sur les bureaux de la Direction. Le Docteur Léonard achevait de mettre de l'ordre dans ses papiers. Il avait bien vu qu'une certaine Candy Neige André avait été admise mais il n'y avait pas prêté plus d'attention que ça. Il ferma la porte de son bureau et se retournant vit Niel Legrand.

- Ôh Monsieur Legrand, vous ici ?

- Oui Monsieur le Directeur.

- J'ai entendu dire que vous vous présentiez comme candidat au prochain concours de médecine.

- C'est exact.

- Et bien je vous avoue que j'ai été ... comment dire ... surpris ...

- Voyez-vous, je sais que les journaux ont fait de moi un portrait plus ou moins élogieux. Il hocha la tête et garda quelques secondes le silence. C'est compréhensible, j'étais orgueilleux, suffisant, imbu de ma petite personne ... mais à présent c'est terminé. Il releva la tête une lueur de défit dans le fond de ses prunelles.

- Ôh ... et ... je peux vous demander la raison de ce changement soudain ?

- Vous la connaissez la raison.

- Humm ... Il fouilla dans ses souvenirs, dans ce qu'il avait lu dans les journaux et cela lui revient. Ah ça y est ! Vous et Candy étiez sur le point de vous mariez !

Cela renvoya à Niel une émotion des plus désagréable. Il soupira.

- Oui ... mais j'étais encore un idiot. Il eut un sourire honteux. Cependant c'est bien grâce à Candy que j'ai changé et que j'ai décidé de prendre cette voie.

- Et bien, sachez que vous trouverez en moi un soutien Monsieur Legrand. Mais ... je vois que vous êtes ici, il est arrivé quelque chose de grave ? À quelqu'un de votre famille ? J'ai bien vu qu'une certaine Candy est hospitalisée mais je doute que ce soit notre connaissance commune.

- C'est bien de Candy dont il s'agit.

- Racontez-moi ...

Niel s'exécuta. Au fur et à mesure du récit le Docteur Léonard arbora plusieurs couleurs.

- J'espère que cet individu ne nuira plus.

- Moi aussi gronda Niel.

- Au fait ... après l'intervention de votre mère pour que je supprime son poste, j'espérai la revoir, or elle n'est jamais revenue ...

- Candy a je pense, de l'amour-propre. Elle ne voulait pas que vous vous sentiez obligé de l'embaucher à nouveau. Elle travaille en ce moment dans plusieurs endroits ... devant le visage interrogatif du médecin, Niel poursuivit. Oui, elle est assistante du Dr Martin dans sa clinique, et elle gère également l'Orphelinat de la maison de Pony avec Sœur Maria.

- Humm ... et bien oui, je pense qu'elle a de quoi s'occuper.

- Oui tout à fait.

- Mais vous-même ? Êtes-vous occupé en ce moment ?

- Euh ... non ...

- Et bien pour vous faire la main avant votre concours, que diriez-vous de venir travailler ici, à l'hôpital Ste Johanna ?

- Et bien il faut que j'y réfléchisse ... mais pourquoi pas !

- Venez me voir quand Candy ira mieux. Je serais heureux de vous avoir au sein de l'établissement.

- Merci Monsieur. Ils se levèrent et Niel retourna dans le service où Candy se trouvait.

Candy resta hospitalisée pendant une semaine puis enfin retrouva le chemin de la maison des André. Le mariage d'Annie et d'Archibald était à présent imminent. Tout le monde était sur les dents. La tante Elroy eut alors une idée et fit demander Élisa, Niel et leurs conjoints respectif. Elle leur proposa d'annoncer en même temps que le mariage d'Archibald, les fiançailles des deux couples. Cela les enchantèrent tous les quatre. Décidément il était loin le temps ou la famille était divisée en clan. À présent les deux jeunes femmes avaient oublié – ou semblaient – le passé. Elles parvenaient à parfaitement discuter, à s'entendre sur presque tous les sujets. Élisa avait totalement changé, et se faisait des amis facilement. Tom n'était pas loin et si elle « déraillait » un regard suffisait pour la remettre sur les rails. Ils venaient à elle non plus pour l'argent qu'auparavant elle ne se serait pas privée d'étaler, mais pour ce qu'elle était vraiment. Ainsi elle se découvrit le goût de la gestion et des affaires. Ce qui arrangeait pour le coup bien Tom qui aspirait plus aux travaux extérieurs, à l'effort physique.

Patty était désormais célibataire et après son aventure désastreuse d'avec John, elle se demandait si c'était pas mieux comme ça. Après les festivités de la famille devenu encore plus grande que par le passé, elle prit une décision qui surprit tout le monde. Elle retourna en Angleterre, pour faire le point, renouer avec le passé.

Trois années avaient passés en tout, lorsqu'Annie reçut une lettre de leur amie commune.

« Mes chères amies Candy, Annie,

À mes chers amis Archibald et Niel,

Je vous adresse cette lettre pour vous dire que tout se passe bien pour moi. J'ai rejoint l'Ordre des sœurs du Collège Royal de St-Paul où je me sens à mon aise d'autant plus qu'à chaque détour d'un couloir, je vous revois. Je repense à cette année fantastique durant laquelle vous êtes arrivées dans ma vie si bien ordonnée. Grâce à toi Candy j'ai plus grandi en une seule année que le reste de ma vie. Quant à toi Annie j'ai rarement rencontré quelqu'un d'aussi doux, gentil et posé que toi.

Candy, la mère supérieure ne t'a jamais oublié. Souvent elle me demande de tes nouvelles et a été très heureuse d'apprendre que tu es infirmière. Elle a eu cependant beaucoup de mal à cacher sa stupéfaction lorsqu'elle a apprit que tu t'étais mariée avec Niel Legrand. Je revois sa tête stupéfaite et cela me fait encore rire aujourd'hui !

Je vous laisse, j'ai en charge avec Sœur Margareth le maintien de l'Ordre au sein des jeunes filles. Pensez à venir me voir si vous venez en Angleterre. »

Patty votre fidèle amie

Qui ne vous oubliera jamais.