Salut tout le monde ! Oui je sais c'est honteux de ma part d'avoir mis si longtemps à écrire mon chapitre mais que voulez vous, je suis quelqu'un de profondément stupide on y peut rien…

Du coup voilà le chapitre 4 de cette fic war, et à défaut d'avoir été ponctuelle j'ai mis toute ma passion, tout mon travail et toute ma détermination dans ce chapitre dont l'unique but est de ruiner le travail soigné et délicat de ma douce et lumineuse Thalilitwen pour qui mon affection est aussi grande que 158 Ushijimas (ça fait la taille de la tour Eiffel, vérifiez par vous mêmes).

Un immense merci à Sherma83 qui a relu ce chapitre et m'a prévenue que Thalilitwen allait me tuer et à Liuanne pour m'avoir encouragée à me bouger le fion si vous me permettez l'expression.

Voilà j'espère que vous apprécierez ce chapitre humour humour et A BAS L'HORREUR LONGUE VIE AU CRACK !

Bonne lecture !


CHAPITRE 4 : Docteur Love, disponible 24h/24


Akaashi fulminait.

Le plus rageant dans tout cela était que dans d'autres circonstances, une telle proximité avec Oikawa ne lui aurait pas déplu. Pourtant, à cet instant précis, Akaashi était plus près de lui tordre le cou que de l'embrasser.

Il repoussa Oikawa avec une violence qui le surprit lui-même. L'expression moqueuse de ce dernier se décomposa, signe qu'il prenait enfin compte de la stupidité de sa petite blague. Akaashi se maudit de sentir son cœur se serrer devant sa mine triste. Sa pitié fut de courte durée.

Il s'apprêtait à lui dire le fond de sa pensée, c'est-à-dire qu'il n'était qu'un crétin de la pire espèce, mais au dernier moment, l'air d'ores et déjà coupable d'Oikawa lui donna une autre idée. Lui hurler dessus ne servirait à rien – il se contenterait de se confondre en excuses, qu'Akaashi finirait par accepter comme il était capable de tout accepter si c'était accompagné du sourire d'ange d'Oikawa. Non, il était hors de question qu'il lui laisse même l'occasion de dire pardon. Akaashi allait l'ignorer pendant une durée indéterminée. Il ne pouvait imaginer pire punition pour Oikawa que de le priver d'attention.

Akaashi se détourna de lui et ramassa son portable avant d'ouvrir la porte. Au moment où il s'apprêtait à la franchir, Oikawa lui attrapa le bras.

– Akaashi, attends -

Ce dernier se dégagea pour la deuxième fois et lui jeta un regard assassin.

– Je te conseille de ne plus m'adresser la parole, ou c'est toi que les gens iront pleurer dans le gymnase la prochaine fois. Et je ne serai pas parmi eux.

Sur ces mots, Akaashi quitta les lieux sans un regard en arrière, mettant un point d'honneur à établir autant de distance que possible entre Oikawa et lui.

Il bouillait encore de rage en traversant le campus et il fallut cinq tentatives à Bokuto avant qu'Akaashi n'entende son téléphone sonner.

– Akaashi ! s'écria-t-il. Ça va ? J'ai essayé plusieurs fois de te rappeler et –

– Tout va bien, le rassura Akaashi en passant une main sur son front.

Et c'était vrai. Ça n'avait été qu'une plaisanterie de mauvais goût, alors pourquoi avait-il encore l'estomac noué d'angoisse ?

Parce que l'espace d'une seconde, il avait réellement pensé qu'il allait se faire tuer. Qu'il finirait comme Natsu, comme la sœur de Lev, comme Kiyoko.

Et se rendre compte qu'Oikawa était à l'origine de cette stupide farce l'enrageait encore plus.

– T'es sûr ? lui demanda Bokuto. Qu'est-ce qui s'est passé ?

– Je…

Akaashi pesa le pour et le contre un instant. Devait-il inquiéter Bokuto en lui racontant la farce d'Oikawa ?

– Tu peux tout me dire tu sais, Akaashi.

– Très bien, capitula t-il.

Ça ne lui ferait pas de mal de se plaindre, après tout. Il fit un résumé succinct de la scène qui venait de se dérouler dans le gymnase à Bokuto.

– Ah, c'est pas très malin en effet… commenta son ancien capitaine.

– Je ne te le fais pas dire, soupira Akaashi. C'est stupide, je sais, mais avec toutes ces histoires de meurtres ces derniers temps, j'ai vraiment eu peur. Et finalement c'était juste cet abruti qui voulait rigoler un peu.

Akaashi en revenait à peine.

– Oui je comprends, Akaashi. Mais bon tu sais il pensait sûrement pas à mal…

– C'est pas la question.

Bokuto n'allait tout de même pas défendre Oikawa ! Akaashi avait accepté de lui livrer ce récit pour se plaindre et non pas pour que quelqu'un d'autre fasse le mea culpa du passeur à sa place.

– Oui oui, bien sûr, s'empressa de répondre Bokuto. Mais tu lui as dit quoi, finalement ?

Akaashi chassa la mine désemparée d'Oikawa de son esprit.

– Grosso modo que je voulais plus le voir et que s'il revenait me parler il y allait avoir un nouveau meurtre.

– Akaashi !

Un sourire échappa au passeur.

– Je plaisantais, bien sûr. Pour ce qui est du meurtre.

– Tu vas vraiment arrêter de lui parler ?

– Je rêve ou t'es de son côté ?

– Mais pas du tout, se défendit Bokuto. C'est juste que tu m'en parles souvent et… t'as l'air de vraiment bien l'aimer alors –

Akaashi, qui n'avait rien vu venir, rougit jusqu'aux oreilles.

– Certes, grogna-t-il. Mais ça change rien au fait que c'est un imbécile qui mérite bien que je l'ignore pendant au moins trois siècles.

– Oh ça fait beaucoup trois siècles quand même.

– Je sais.

– Allez, dit Bokuto. La nuit porte conseil. Je suis sûr que demain tu seras plus enclin à lui pardonner.

Akaashi en doutait fortement, mais il se faisait tard et il n'avait pas spécialement envie de passer la nuit à argumenter avec son ancien capitaine.

– C'est ça, bonne nuit Bokuto-san.

– Bonne nuit Akaashi ! Je prendrai de tes nouvelles demain.

– Tu n'es pas obligé de –

– Tututu, je ne te demande pas ton avis. Je dois m'assurer que tout va bien pour toi.

– Très bien, dit Akaashi avec un soupir. À demain, alors.

Sur ces mots, il se dirigea vers sa chambre en quête d'une nuit de sommeil bien méritée.


Iwaizumi s'éveilla d'une nuit fort désagréable. Trempé de sueur, il rejeta ses draps et s'assit en tailleur sur son lit, s'efforçant de respirer. Ce rêve n'avait aucun sens. Il respira lentement, chassant de son mieux la sensation de terreur qui s'accrochait encore à lui.

Mais son répit fut de courte durée, car son second cauchemar, qui lui était bien réel, venait de se réveiller.

– Tout va bien, Waka ? baîlla Tendou en se levant. Je t'ai entendu grogner dans ton sommeil… Mauvais rêve ?

Iwaizumi en avait presque oublié Tendou. Mais ce dernier se rappela bien vite à sa mémoire en l'enlaçant tendrement en guise de bonjour. Gêné, fatigué, et surtout las de cette comédie, Iwaizumi fit son possible pour ne pas se figer. Il se prêta au jeu, l'espace d'un instant, et posa sa tête contre l'épaule de Tendou.

– Ouais, c'était un peu n'importe quoi d'ailleurs.

Tendou lui caressa les cheveux d'un air pensif. Iwaizumi songea que s'il existait un quelconque Dieu sur cette terre, il était en train de le punir pour un crime contre l'humanité qu'il avait dû commettre dans une vie antérieure.

– Raconte-le-moi, lui dit Tendou.

Iwaizumi avait en général du mal à se souvenir de ses rêves plus d'une poignée de minutes, mais celui-là était encore clair comme de l'eau de roche dans son esprit.

– J'étais un goéland.

– Ça part bien, commenta Tendou.

– Et puis… je volais au-dessus d'une forêt enchantée remplie de petits lapins et d'oiseaux qui chantaient. Mais ils ne chantaient pas comme des oiseaux normaux, non.

– Comment est-ce qu'ils chantaient ?

Iwaizumi soupira, hésitant a révéler la terrible vérité à Tendou.

– Ces oiseaux-là… ils chantaient Les lacs du Connemara.

– Rien que ça. Et ensuite ?

– Soudainement tout devenait sombre. Je voyais des casseroles. Sept casseroles remplies de sauce barbecue. Et a la fin je me faisais embrocher et on refermait la porte d'un four sur moi.

– Mon pauvre Waka, t'as mangé un truc pas frais ou quoi ?

– C'est la seule explication.

Iwaizumi ne put s'empêcher de tressaillir quand Tendou l'embrassa sur le front.

– Bon allez, je vais me préparer, on va finir par être en retard sinon.

Ce dernier acquiesça. Le temps que Tendou s'habille, il fallait absolument qu'il voie Ushijima. Ils n'étaient pas revenus dans leurs corps respectifs durant la nuit – ce qui aurait été un pur miracle, car à l'humble avis d'Iwaizumi ce n'était aussi simple que dans les films.

S'assurant que Tendou était bien sous la douche, il sortit de la chambre à pas feutrés. Sortant son portable – ou plutôt celui d'Ushijima – il composa son numéro.

Ushijima décrocha a la première sonnerie.

– Allô ?

– C'est une catastrophe, glapit Iwaizumi sans se donner la peine d'un « bonjour », on a toujours pas récupéré nos corps respectifs.

– Je m'en étais rendu compte, répondit Ushijima à l'autre bout du fil.

– Oui, et qu'est-ce qu'on fait du coup ? On doit leur dire, on a pas le choix ! Je refuse de passer une seconde de plus dans ton corps. Et imagine ce que Tendou dira quand il saura que –

– Calme-toi, Iwaizumi. On va trouver une solution.

– Ah oui ? Parce que là je commence vraiment à désespérer !

– Écoute –

Ushijima fut interrompu par une voix qui ne pouvait appartenir qu'au pire enquiquineur de la planète, qui se trouvait également être le meilleur ami d'Iwaizumi.

– Qu'est ce que tu fais dehors, Iwa-chan ? lança-t-il d'une voix soupçonneuse. C'est qui au téléphone ?

– De quoi je me mêle, Shittykawa ? beugla Ushijima avec une véhémence qui fit écarquiller les yeux à Iwaizumi.

Peut-être qu'Ushijima sautait sur l'occasion d'enfin se défouler sur Oikawa sans ternir son image. À sa place, Iwaizumi n'aurait pas hésité une seconde et il était même heureux qu'il puisse en profiter.

– Dis donc, tu te débrouilles bien.

Mais Ushijima ne l'écoutait déjà plus. Iwaizumi l'entendit se chamailler avec Oikawa, si bien que l'ancien capitaine de Shiratorizawa finit par lui dire :

– Je te rappelle.

– Non ! s'écria Iwaizumi. Attends !

Il était hors de question qu'il passe une journée – et même une heure – de plus dans cette situation.

Pourtant Ushijima avait bel et bien raccroché, le laissant dans les griffes amoureuses mais pas moins terribles de Tendou.


La matinée d'Iwaizumi passa avec une lenteur exaspérante. Les cours de droit étaient ennuyeux à mourir et pour couronner le tout, Oikawa affichait une mine d'enterrement. Au bout de deux heures à s'endormir devant le baratin juridique du professeur, Iwaizumi n'y tint plus. Il se tourna vers Oikawa et, conscient qu'il y avait quatre-vingt-dix pour cent de chances qu'il l'envoie chier, il osa lui demander s'il allait bien.

– Qu'est-ce qui te prend Ushiwaka ? Tu t'inquiètes pour moi, maintenant ?

– Tu as l'air contrarié, fit remarquer Iwaizumi.

– C'est de voir ta tête de gnou tous les matins ça, mais ça ira mieux après un bon café, merci pour ta sollicitude.

Iwaizumi fit de son mieux pour conserver son calme et il haussa les épaules.

– Si jamais tu as besoin de parler…

– Oui, je prends mon téléphone et j'appelle Iwa-chan, merci du tuyau.

– Très bien, grogna Iwaizumi. Continue de bouder, pour ce que ça peut me fou- me faire.

Oikawa ne l'écoutait même plus. Le regard vide, il fixait le professeur, mais Iwaizumi était certain qu'il n'écoutait pas un traître mot de ce qu'il pouvait bien raconter. Agacé, il sortit son portable.

Ushijima Wakatoshi (11 : 08) : Oikawa t'a dit quelque chose de spécial ce matin ? Il a l'air bizarre.

Iwaizumi Hajime (11 : 10) : Non non, il a juste voulu savoir avec qui je parlais, ensuite il s'est dépêché de partir. Peut être qu'il avait quelque chose a faire avant le début des cours.

Ushijima Wakatoshi (11 : 11 ) : toujours aussi casse-pieds celui-là, bon merci

Ushijima Wakatoshi (11 : 12 ) : faut quand même qu'on se voie aujourd'hui, on doit trouver une solution ça peut plus durer

Iwaizumi Hajime (11 : 15 ) : je suis d'accord avec toi, rendez vous après les cours derrière le gymnase ? 18h ?

Ushijima Wakatoshi ( 11 : 17 ) : OK

– Tu devrais suivre au lieu d'envoyer des textos Ushiwaka, fit remarquer Oikawa en le jaugeant d'un air méprisant. Et après ça me demande de prêter mes cours…

Si Iwaizumi n'avait pas été dans le corps d'Ushijima, il lui aurait sans aucun doute mis une bonne claque derrière la tête. Mais une fois de plus, il dut prendre son mal en patience.

Après un quart d'heure de plus à écouter la fascinante histoire de la responsabilité extracontractuelle, n'y tenant plus, Iwaizumi sortit le livre de poèmes qu'il avait prêté à Ushijima de son sac. Celui-ci était revenu en sa possession depuis ce désastre d'échange de corps et il l'avait glissé dans son sac sans y penser.

Il ouvrit le livre à une page au hasard et ses yeux tombèrent sur un poème qui lui sembla immédiatement prometteur.

« J'dédicace ce poème au beau gosse que je suis,

J'ai trop d'sex appeal quand j'me regarde parfois je jouis,

Sur mon facebook cinquante-deux mille photos de moi,

Bouche en cœur le regard droit,

J'finis même par plaire aux gars

Tellement chaud qu'au supermarché les portes automatiques s'ouvrent

J'suis une vraie œuvre d'art j'devrais avoir ma place au Louvre

Les voitures me klaxonnent

Même en meuf jsuis sûre qu'j'suis bonne

Y'a p't'être un truc qui déconne, mais franchement j'ai pas trouvé »

La délicatesse qui émanait de ces lignes apaisa Iwaizumi. Décidément, ce poète méritait bien plus de notoriété.

– Qu'est-ce que tu fous Ushiwaka ? piailla Oikawa en regardant par-dessus son épaule. Tu lis pendant les cours maintenant ?

Pour quelqu'un qui déclarait ne pas avoir la moindre envie de fréquenter Ushijima, Oikawa se donnait un mal terrible pour lui pourrir la vie.

– Qu'est-ce que ça peut te foutre ? explosa Iwaizumi en refermant son livre d'un coup sec. T'es de la police ?

– Ouh, on s'est réveillé du mauvais pied ? gloussa Oikawa.

– T'as pas idée, grommela Iwaizumi.

– J'aurais dû te filmer, on me croira jamais quand je dirai que le légendaire Ushiwaka m'a crié dessus.

Iwaizumi décida de garder sa réponse assassine pour lui-même, il avait assez attiré l'attention sur eux pour aujourd'hui. C'était décidément épuisant d'être Ushijima.


De son côté, Ushijima avait passé une journée plutôt calme. Tendou semblait aux anges si on en croyait le sourire scotché sur son visage durant leurs cours. Savoir que Tendou ressentait la même chose pour lui le rendait heureux comme il l'avait rarement été, mais cette histoire d'échange de corps avait quelque peu gâché la situation. Il n'avait même pas vécu le moment où son meilleur ami lui avait confessé ses sentiments pour lui, et il était impossible de faire marche arrière. Il pourrait prendre le temps de tout expliquer à Tendou une fois les choses rentrées dans l'ordre – si toutefois elles rentraient dans l'ordre –, mais rien ne pourrait changer le fait qu'Iwaizumi avait vécu ce moment si important à sa place.

Il salua Tendou à la fin du cours avec un léger pincement au cœur, songeant à quel point cela lui manquait déjà de passer ses soirées avec lui.

Il fallait que les choses rentrent dans l'ordre.

Ushijima s'arrêta dans sa chambre pour y poser ses affaires de cours, et il s'apprêtait à sortir rejoindre Iwaizumi lorsque la porte s'ouvrit pour révéler Oikawa. Ce dernier semblait bouleversé, presque au point de fondre en larmes. Ushijima n'eut pas le temps de réagir avant qu'il ne se jette littéralement dans ses bras en pleurnichant :

– Iwa-chan, ma vie est foutue !

Ushijima cligna plusieurs fois des yeux, ne sachant comment réagir. Il tapota maladroitement l'épaule d'Oikawa, qui refusait de le lâcher.

– Qu'est-ce qui t'arrive, Shittykawa ?

– T'es trop méchant ! Je suis au bout de ma vie et toi tu trouves encore le moyen de m'appeler Shittykawa ?

Ushijima grinça des dents. Il imitait Iwaizumi du mieux qu'il pouvait, et les informations qu'il avait enregistrées jusque là étaient les suivantes : il faisait preuve de peu de patience envers Oikawa, il avait tendance à réagir de manière impulsive, et il l'appelait souvent Shittykawa. Mais après réflexion, le choix d'utiliser ce surnom dans la situation actuelle n'était peut-être pas la meilleure décision.

– Désolé, grogna Ushijima en tentant de copier l'air irrité de l'ancien ace de Seijoh. Mais qu'est-ce que t'as ? Ton genou te fait mal ?

– Non, que diable, si seulement c'était que ça !

Ushijima fronça les sourcils, de plus en plus perplexe. Il n'était pas au courant qu'il existait pire chose pour Oikawa qu'une blessure pouvant l'handicaper au volleyball.

– C'est Kei-chan ! Il me déteste !

Cherchant dans les méandres de sa mémoire un individu du nom de Kei-chan, Ushijima resta pensif.

– Kei… chan ?

– Akaashi, si tu préfères ? Mais t'as pris quoi comme drogue depuis hier, t'es super bizarre !

Ushijima se sentit stupide de ne pas avoir fait immédiatement le lien avec Keiji Akaashi, leur passeur remplaçant.

– Je ne me drogue pas, dit tout de même Ushijima d'un ton très sérieux.

– Mais j'espère bien, grogna Oikawa. Enfin bref. Ma vie est foutue. Kei-chan ne m'aime plus !

– Pourquoi, il t'aimait avant ? lui demanda Ushjima, qui n'était pas au courant que les deux passeurs entretenaient une relation si intime.

Oikawa recula comme s'il venait de le mordre.

– Wow, Iwa-chan. Je sais bien que l'unique cellule qui se balade là dedans (il tapota le crâne d'Ushijima) a du mal à suivre, mais si c'est ta manière de me réconforter tu t'y prends comme un pied !

– Désolé, désolé. bredouilla Ushijima. Mais pourquoi tu dis qu'il te déteste ?

Quoi qu'il se soit passé, ça ne pouvait pas être plus grave que son propre problème d'échange de corps avec Iwaizumi. Ce dernier devait sans doute l'attendre à l'heure qu'il était. Il fallait qu'il se débarrasse d'Oikawa au plus vite. Hélas, ce dernier semblait loin d'en avoir fini avec lui. Il se jeta sur son lit d'un air dramatique.

– J'ai tout gâché, voilà ce que j'ai fait.

– Mais qu'est-ce que tu as fait ?

Oikawa prit un air coupable.

– Une blagounette.

– Une… blagounette ? répéta Ushijima.

Oikawa lui résuma en quelques phrases la plaisanterie qu'il avait faite à Akaashi. Impassible, Ushijima le dévisagea sans comprendre ce qu'il était censé faire pour l'aider.

– Bah alors, dis quelque chose !

– Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

– Mais à quoi tu sers à la fin ?

– Si Akaashi t'a supporté jusque là malgré ta personnalité plus que détestable je suis certain qu'il s'en remettra.

– Ah merci, ça, ça fait plaisir à entendre, grogna Oikawa. Mais non, tu comprends pas, ce matin j'ai essayé d'aller lui parler avant les cours et il a refusé de m'adresser la parole ! Il fait comme si je n'existais pas !

Ushijima nota dans un coin de sa tête de demander à Akaashi comment il avait réussi cet exploit. Il risqua un œil vers la porte, ce qui n'échappa pas à Oikawa.

– Tu vas quelque part, peut-être ?

Il lui fallait trouver une distraction. Immédiatement.

– Je sais ce que tu pourrais faire.

– Ah oui ?

– Tu n'as qu'à appeler Bokuto.

Oikawa se releva sur son lit et arqua un sourcil.

– L'ancien capitaine de Fukurodani ? Qu'est-ce qu'il vient faire là dedans ?

– Il connaît Akaashi mieux que personne. Tu n'as qu'à lui demander conseil. En plus il a donné son numéro à tout le monde à la soirée du Nouvel An.

Le passeur considéra l'idée.

– J'imagine que j'ai rien à perdre après tout. Je vais faire ça.

– Bien, dans ce cas je te laisse, dit Ushijima.

Déjà absorbé par la liste de ses contacts défilant sur son téléphone, Oikawa ne lui demanda même pas où il allait.


Iwaizumi accueillit Ushijima avec une mine renfrognée. Adossé au mur du bâtiment des dortoirs, il l'attendait depuis plus de vingt minutes.

– Désolé, s'excusa aussitôt Ushijima. Oikawa m'a retenu.

– Celui-là il m'aura fait chier jusqu'au bout, grogna Iwaizumi. Est-ce qu'il t'a dit ce qu'il a depuis ce matin, à tirer une tête de six pieds de long ?

– Il m'a raconté une histoire absolument pitoyable et dans les grandes lignes il s'est disputé avec Akaashi. Ou plutôt, il l'a mis en colère.

– Je comprends mieux.

Même si une part de lui-même aurait voulu savoir à quel point cette dispute était sérieuse, il avait des problèmes plus graves que les peines de cœur de son meilleur ami.

– T'as une idée de ce qu'on peut faire pour retrouver nos corps respectifs ? demanda t-il. Parce que je suis à court de solutions là.

– J'ai trouvé quelque chose, dit Ushijima. Il n'y a aucune garantie que ça marche, mais…

– Je t'écoute. Au point où on en est, on ferait mieux de tout essayer.

– J'ai fait des recherches sur internet. Pour essayer de savoir si c'était déjà arrivé à quelqu'un.

Iwaizumi croisa les bras.

– Et ça a été concluant ? Beaucoup de gens racontent des conneries sur internet.

– J'ai trouvé une sorte de… rituel.

Ushijima sortit un papier plié en quatre de sa poche et le tendit à Iwaizumi. Une liste d'étapes et d'ingrédients tous plus farfelus les uns que les autres y était inscrite.

– C'est un rituel ou la liste de course d'un gourou pour le rendez-vous hebdomadaire d'une secte ?

– Le site avait l'air sérieux.

Iwaizumi se demanda très sérieusement si Ushijima savait reconnaître un véritable site internet d'une arnaque.

– Tu m'enverras l'adresse de ce site, que j'y jette un œil.

– Il y a plus de chances pour qu'on retrouve nos corps en essayant plutôt qu'en continuant d'attendre, fit remarquer Ushijima.

– Ouais, mais la partie où on doit se recouvrir le visage d'huile de foie de morue… je me méfie un peu. Et où tu veux qu'on trouve de l'encens parfumé à l'ail et… le sang d'une vierge ?

– Je suis certain que je pourrais piquer Oikawa dans son sommeil. En volant une seringue à l'infirmerie…

Ushijima.

Ce dernier croisa les bras.

– Maître Bachibouzouk, l'auteur de l'article, dit avoir plus de vingt ans d'expérience dans la magie.

Iwaizumi s'épongea le front. Il était en train de discuter d'un rituel occulte avec Ushijima Wakatoshi. Si on lui avait dit ça un an plus tôt, il aurait sans doute rétorqué qu'à moins que le rituel porte sur la manière la plus efficace de faire taire Oikawa, c'était tout bonnement impossible.

– Bon, soupira-t-il. Ça ne coûte rien d'essayer. On fait ça demain. Pendant que tu seras à l'entraînement, j'irai chercher tous ces… ingrédients.

Ushijima hocha la tête. Le lendemain étant un samedi, il seraient libres à onze heures et demie.

– Une dernière chose, dit Iwaizumi. Si ça ne marche pas, si demain à midi on a pas récupéré nos corps respectifs, on dit tout à Oikawa et Tendou. Je plaisante pas, j'en ai jusque là.

– Je suis d'accord, répondit Ushijima.

Iwaizumi imaginait très mal comment ils parviendraient à leur expliquer la situation, mais c'était un problème pour le lendemain. Pour l'instant, il allait se reposer en espérant que Tendou ne soit pas d'humeur à lui sauter dessus et tenter de récupérer le sommeil réparateur qui lui avait manqué la veille.


Oikawa faisait les cent pas dans la chambre, hésitant sur la manière de commencer sa conversation avec Bokuto. Le numéro était juste là sous ses yeux, mais il ne parvenait pas à se résoudre à appuyer sur le bouton d'appel.

Bokuto était indéniablement la personne qui connaissait le mieux Akaashi en dehors de sa famille, Iwaizumi n'avait pas tort. Mais pourrait-il l'aider pour autant ? Oikawa n'en était pas certain. Si l'ancien capitaine de Fukurodani était sans nul doute une personne fort sympathique, il ne l'avait pas spécialement émerveillé par son intelligence.

– Oh, et puis merde.

Le téléphone sonna quatre fois avant que Bokuto ne décroche.

– Oikawa ? lança une voix surprise.

Trop tard pour reculer, à présent. Oikawa s'éclaircit la gorge.

– Salut, Kou-chan. Je ne te dérange pas ?

– Non, non pas du tout ! s'exclama Bokuto. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? C'est à propos d'Akaashi ?

Oikawa fronça les sourcils.

– Comment tu le sais ? Il t'a dit quelque chose ?

Il fut incapable de masquer la panique dans sa voix.

– J'étais au téléphone avec lui hier soir au moment de ta blague, lui expliqua Bokuto. Pas très malin d'ailleurs, il est vraiment furax.

– Je sais, grogna Oikawa, mortifié qu'Akaashi l'ait raconté à son ancien capitaine. J'ai été super con. C'est pour ça que j'ai besoin de toi.

– De moi ?

– Mais oui, tu dois bien savoir ce que je peux faire pour me racheter. Il refuse de m'adresser la parole…

– Aïe, il était sérieux.

– Il t'a dit quoi au juste ? maugréa Oikawa, de plus en plus agacé que Bokuto en sache plus que lui.

– Oh j'ai essayé de le convaincre que c'était pas si grave, mais il était vraiment énervé… il a dit que tu étais un crétin, quoique il a peut être dit abruti je ne me souviens plus très bien…

Oikawa s'affala à nouveau sur son lit, envahi par le désespoir.

– Je crois que je vais me passer des détails tout compte fait. Mais dis-moi, Kei-chan te parle souvent de moi ?

– Oh, tout le temps !

Oikawa se releva d'un bond.

– C'est vrai ?

– Ouais, Oikawa-san par ci, Oikawa-san par là…

Oikawa sentit son cœur battre à toute allure, telle une collégienne mordue d'amour.

– D'ailleurs c'est vrai que t'as essayé d'empoisonner Ushijima ?

– C'est faux ! s'offusqua Oikawa. Je lui ai juste proposé mon jus d'orange et la date était légèrement périmée. J'ai horreur du gaspillage.

Si c'était tout ce qu'Akaashi racontait à Bokuto à son sujet, il avait eu tort de se réjouir.

– En tout cas ce qui est sûr c'est qu'Akaashi t'aime beaucoup. Mais comme t'as merdé, il faut que tu t'arranges pour te faire pardonner. Heureusement pour toi tu as frappé à la bonne porte. Docteur Love est disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour écouter tes doléances. Ou plutôt vingt-trois parce que j'ai mon cours de jazz tous les mardis à 19h45.

Oikawa renifla.

– Alors fais-moi part de ton savoir, Docteur Love. Il refuse de m'écouter ! Ce matin il m'a totalement ignoré.

Bokuto sembla réfléchir, car il resta silencieux un moment. Finalement, il déclara gravement :

– Il va falloir employer les grands moyens. Voilà ce que tu vas faire…


Ushijima s'éveilla un matin de plus avec la déplaisante sensation d'être au mauvais endroit et le sentiment d'être un imposteur. Il avait du mal à s'accommoder au corps d'Iwaizumi et plus particulièrement à sa taille. Tous les objets lui semblaient trop élevés, les gens trop grands et par-dessus tout il haïssait le fait d'avoir à lever la tête pour parler avec Oikawa.

Il avait été réveillé par une musique dynamique et entraînante qui filtrait depuis l'enceinte portative d'Oikawa.

« Donne moi ton cœur baby, ton corps baby

Donne moi ton bon vieux funk,

Ton rock baby, ta soul baby

Chante avec moi, je veux un homme like you

Bad boy, tu sais qu'tu m'plais, un homme like you »

Les goûts musicaux d'Oikawa n'avaient rien à envier à ceux de Tendou. Le passeur semblait d'ailleurs bien plus en forme que la veille. Il s'affairait à retourner son armoire sens dessus dessous, torse nu et les cheveux encore humides de la douche dont il sortait à peine.

– Ah ben enfin tu te réveilles Iwa-chan. J'ai besoin de toi.

Ushijima se frotta les yeux, se préparant mentalement pour la prochaine épreuve qu'Oikawa allait lui infliger.

– Laquelle tu préfères ?

Oikawa lui montra deux chemises. La première était blanche avec de fines rayures verticales bleu marine et la seconde, bien plus flashy, était orange avec des motifs à fleurs rouges et violets, tout à fait affreuse.

Devant son air contemplatif et perplexe, Oikawa soupira.

– Pourquoi je me fatigue, t'y connais rien. Tu portes les mêmes fringues dégueulasses depuis le lycée de toute façon.

Ushijima songea avec un peu de réconfort qu'il n'était pas la seule personne sur cette planète avec qui Oikawa était imbuvable. Il le regarda enfiler la chemise orange sans s'attarder le moins du monde sur les muscles délicats de ses épaules.

Oikawa acheva de boutonner sa chemise et s'observa avec attention dans le miroir en pied situé dans l'entrée de leur chambre. Il attrapa son peigne et pas moins de quatre produits différents, et à l'issue d'une mécanique complexe de coiffage et de décoiffage, il donna leur aspect habituel – c'est-à-dire ce qui se rapprochait le plus de la perfection capillaire. Après quelques tours sur lui-même, Oikawa fit un clin d'œil à son reflet.

– Hypersex, commenta-t-il.

Ushijima se contenta de hocher la tête en espérant qu'il ne s'attende pas à plus de sa part. Les dieux semblaient l'avoir entendu, car Oikawa attrapait déjà son sac et ouvrait la porte.

– À plus tard Iwa-chan, j'ai rendez-vous avec mon destin.

Ushijima en déduit qu'il avait appelé Bokuto. Quoi que ce dernier ait pu lui dire, il lui avait visiblement redonné espoir dans sa quête du pardon d'Akaashi.


Alors qu'il traversait le campus pour se rendre à sa première heure de cours de la journée, Akaashi se sentait légèrement coupable d'avoir ignoré Oikawa. Son air abattu de la veille lui aurait presque fait de la peine. Presque. Mais ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas mérité. Encore quelques jours à le laisser mariner et Akaashi envisagerait peut-être de croiser son regard à nouveau. Encore une semaine et il caresserait l'idée de répondre par monosyllabes lorsqu'il lui adresserait la parole. Encore deux et –

– Kei-chan ! l'interpella une voix reconnaissable.

Akaashi ne se donnait pas vingt-quatre heures.

Sa première pensée en apercevant Oikawa fut que la chemise qu'il portait était tout bonnement ridicule et que son créateur avait autant sa place dans un hôpital psychiatrique que dans une prison de haute sécurité. Sa seconde pensée fut qu'il était véritablement navrant de constater qu'il lui trouvait tout de même du charme même dans cette tenue digne du cirque. Alors qu'Oikawa se rapprochait de lui, Akaashi se demanda distraitement si on accepterait de l'interner immédiatement s'il se présentait de son plein gré dans un asile de fous. Il s'apprêtait à l'envoyer paître quand Oikawa posa un genou à terre.

Akaashi se figea. Il était forcément en train de rêver.

– Oikawa-san, qu'est-ce que tu…

– Kei-chan, écoute-moi, je t'en supplie.

Agenouillé à ses pieds, le visage contre le sol dans la position d'un moine pénitent, Oikawa s'écria avec passion :

– Je me sens dépérir loin de toi, depuis des siècles que tu ne m'accordes plus la grâce de ta compagnie…

– Ça fait vingt-quatre heures, Oikawa-san. fit observer Akaashi, trop choqué pour dire quoi que ce soit d'autre.

– Kei-chan, poursuivit Oikawa, même si je me suis conduit comme une véritable raclure de bidet, un infâme cloporte, un bougre d'ectoplasme à roulettes… je te supplie de me pardonner. Si tu acceptes, je jure sur ma collection de photos compromettantes d'Iwa-chan que je ne me comporterai plus jamais de la sorte.

Après un long silence, et un soupir éberlué, Akaashi lâcha :

– Seulement si tu te relèves immédiatement et que tu me jures de ne plus jamais me faire un coup pareil.

Fou de joie, Oikawa releva la tête et prit les deux mains d'Akaashi dans les siennes.

– Oui je te l'ai prom-

– Je parlais de tes excuses. grommela-t-il, les joues en feu. C'est presque pire que ton cinéma dans le gymnase.

– Oh. Oui bien sûr Kei-chan.


Voili voilou j'espère que ça vous a plu, les marauds !

Je tiens à rendre à César ce qui appartient à César : le fabuleux poème appartient aux PZK, des artistes incompris, et la chanson qu'écoutait Oikawa (et que vous devriez tous connaître) est l'incontournable Femme like you de K-Maro.

PS : Sur une échelle de 1 à 10, combien estimez vous l'envie de meurtre de Thalilitwen à mon égard ? Je fais des statistiques.

bisous bisous

Aeli