Bonjour ! Me revoilà, certes pas avec ce que vous attendez (oups) mais avec quelque chose d'encore mieux !

Voici une FICWAR *dun dun dun*

Ceci est donc une collaboration avec la merveilleuse et fantastique Aeliheart974. Le principe ?

2 auteurs. 10 chapitres. 1 fic. 2 thèmes.

Pour faire court, nous nous succéderons pour écrire les chapitres. Le problème, c'est que nous n'avons pas le même thème de fic à écrire (thèmes imposés par Sherma83 et AsterRealm thanks girls ily)

Thème de Thalilitwen : "AU Horreur ft. un tueur psychopathe"

Thème d'Aeliheart974 : "BODY SWAP AU crack drole humour humour"

Donc voilà, vous l'avez compris, les chapitres vont alterner entre de l'horreur et de l'humour, en sachant que notre but et de ramener le scénar' dans notre thème le plus possible (le scénario évoluera en fonction de ça, nous ne nous concertons pas sur l'histoire). C'est la guerre les amis.

(message d'Aeli : "Je suis très honorée de travailler avec Thalilitwen en tant qu'artiste même si elle confond la monarchie avec la tyrannie")

Voici donc le premier chapitre, qui est le mien pour le coup :P Bonne lecture !


De toute sa scolarité, Akaashi n'avait encore jamais assisté à une cérémonie commémorative. Il s'était déjà surpris à y songer quelquefois, à imaginer qu'un tel événement survienne au cours de sa dernière année à Fukurodani, lorsque les élèves commençaient à se briser un à un sous la pression des examens de fin d'année. Le suicide était terriblement répandu au Japon, et les taux concernant les étudiants n'arrachaient que trop facilement un frisson d'angoisse. Pression scolaire, familiale, sociale, harcèlement… les raisons ne manquaient pas, et il n'était pas inenvisageable qu'un adolescent s'ôte la vie après des mois, des années à s'étouffer sous les nombreuses exigences que l'instruction nippone imposait. C'était une réalité qu'Akaashi avait acceptée, et il s'était préparé à être témoin d'un de ces drames, presque inconsciemment, un jour où l'autre. Il ne possédait pas une empathie particulièrement développée pour ces tragiques existences, écrasées par l'honneur qui dictait le moindre détail de leur société ; il comprenait, compatissait peut-être, mais rien de plus.

Et ces funérailles, qui se tenaient dans l'immense gymnase de l'université de Tokyo, correspondaient parfaitement à l'idée qu'Akaashi se faisait d'une cérémonie funéraire. Le directeur de l'école prononçait un discours austère, debout sur l'estrade, entouré de dizaine de bouquets de fleurs et d'un chevalet sur lequel trônait un portrait de la défunte. Des centaines d'élèves étaient rassemblés devant cette tribune, et ils écoutaient tous les condoléances qui étaient formulées, sans pouvoir quitter des yeux le visage si angélique qui les contemplait avec un sourire figé par l'objectif d'un appareil. Un silence déférent avait envahi la grande pièce : tous avaient le cœur bien trop lourd pour s'adonner à des commérages ou autres spéculations fantasques. Et puis, elle les observait du haut de son chevalet ; son regard profond insufflait un éclat de vie au souvenir qui subsistait encore en chacun : il semblait naturel de la respecter par une quiétude qui lui était si familière. L'assemblée se taisait donc, toujours affectée par l'annonce de cette mort.

Oui, Akaashi s'était attendu à une pareille cérémonie. Aucun détail ne détruisait l'idée qu'il s'en était fait. Et pourtant…

Et pourtant, quelque chose d'insupportable s'en dégageait. Les mots du directeur semblaient déplacés, le visage de cette élève n'avait rien à faire sur ce chevalet. Tout paraissait bien trop absurde.

Kiyoko Shimizu ne pouvait s'être sciemment donné la mort.

Il n'y croyait pas une seule seconde.

Elle avait toujours eu d'excellents résultats scolaires, et tout le monde savait que les exigences s'allégeaient lorsque les portes de l'université s'ouvraient enfin aux étudiants. Akaashi ne la connaissait pas autant qu'il l'aurait souhaité : s'il l'avait déjà rencontrée durant ses camps d'entraînements avec Karasuno en deuxième année, il n'avait jamais pris le temps de vraiment discuter avec elle. Seul un pacte tacite et silencieux s'était formé entre eux, une compassion mutuelle pour les labeurs qu'ils devaient endurer chacun de leur côté. Peut-être était-ce du respect.

Et sa venue à l'université n'avait rien changé : Kiyoko était une élève de lettres assidue et exemplaire, admirée par un grand nombre d'étudiants et toujours très bien entourée. Alors pourquoi ? Akaashi savait bien que la plupart des suicides n'avaient pas forcément de cause définie, et Kiyoko n'avait pas rédigé de mot d'adieu, mais il avait l'intime conviction qu'une telle chose était impossible de sa part. Et considérant tous les détails relayés par les médias et les événements de ces dernières semaines, il y avait matière à débattre.

L'ancien passeur de Fukurodani ne pouvait se résoudre à visualiser la scène à laquelle Yukie avait assisté en retournant dans la chambre qu'elle partageait avec la défunte. Il ne voulait pas imaginer des yeux vitreux et injectés de sang, ni le visage bleu et sans vie de Kiyoko venant profaner son teint velouté et diaphane. Il ne souhaitait pas non plus songer au collier de perles qui avait été noué autour de son cou comme la corde d'un pendu. Ce détail ne manquait pas de poésie, et dans ces reflets irisés l'on retrouvait sans mal toute la valeur et la beauté raffinée de cette jeune femme remarquable. Mais alors que cette image aussi terrible qu'envoûtante s'imposait à lui, c'était sa propre gorge qu'il sentait se resserrer sur un étrange chagrin, sur une angoisse indicible.

Se pendre avec un collier n'était pas un suicide ordinaire. Et s'il osait faire savoir son opinion, cela n'avait même rien d'un suicide.

Lorsque la cérémonie prit fin après une minute de silence respectueuse, les élèves commencèrent à quitter le gymnase, laissant les proches rendre un dernier hommage au portrait impérial dans lequel leur amie était figée. Akaashi ne s'attarda pas, et profita de cette matinée banalisée par ces funérailles pour prendre l'air et se défaire du nœud qui s'enroulait autour de son propre cou. Il fit quelques pas, inspira profondément, et continua de déambuler sans réelle direction en tête.

Tout cela était très étrange.

— Kei-chan ! Ça va ? Tu as l'air pâle…

L'interpellé sursauta légèrement avant de reconnaître la voix familière qui retentit. Oikawa Tooru se trouvait à ses côtés, à suivre la cadence de cette marche sans but.

— Bonjour Oikawa-san. Je vais bien, ne t'en fais pas.

— Je comprends, tu sais. Des funérailles c'est pas toujours joyeux, et tu as quand même connu Kiyoko…

Akaashi secoua la tête ; un silence couvrit les paroles douces de l'ancien passeur de Seijoh. Il le dévisageait avec une compassion mêlée d'une insidieuse curiosité.

— Ce sont les anciens de Karasuno qui doivent être les plus effondrés… Je crois que Daichi-san est encore à l'intérieur.

— C'est vrai… les pauvres… Ils doivent vraiment pas être bien avec tout ce qu'il s'est passé avec Hinata déjà… et maintenant Kiyoko...

À l'observer avec plus d'attention, le comportement d'Oikawa se démarquait de la majorité des élèves présents lors de la cérémonie ; à l'inverse d'une tristesse réservée, il donnait à voir une ivresse morbide, un intérêt envahissant qui l'incitait à aborder le sujet avec n'importe qui, pour peu que l'échange de maigres discussions éveille la moindre réaction face au décès. Peut-être n'assimilait-il pas encore la réalité de cette mort, ou bien était-ce pour lui comme pour tant d'autres une manière de faire le deuil d'une personne qu'il n'avait connu que brièvement ?

Akaashi avait toujours quelques difficultés à cerner l'énigme qu'était Oikawa Tooru, quand bien même ses grands yeux marron ne l'invitaient que trop à vouloir la résoudre. Ils ne s'étaient rencontrés que depuis le début de cette année, lorsqu'Akaashi avait été admis à l'université de Tokyo pour y étudier le droit. Oikawa suivait le même cursus, et en tant que deuxième année il avait fait partie du groupe d'élèves qui avait accueilli les nouveaux venus. Ils avaient ensuite brièvement fait connaissance, et Akaashi avait été convaincu de s'inscrire au club de volley que proposait cette école. Enfin, convaincu… Il avait été harcelé pendant une semaine avant de finalement céder sous les textos, les messages qui inondaient son répondeur et les supplications larmoyantes de son aîné. Il ne saisissait toujours pas la raison d'un tel entêtement, mais il n'avait pas cherché à comprendre les fantaisies du passeur. Les entraînements étaient rigoureux, mais gratifiants, même s'il resterait sans doute remplaçant jusqu'à ce qu'Oikawa quitte l'université.

Akaashi avait arrêté d'essayer de suivre sa logique. Et alors qu'Oikawa fixait son attention sur les bâtiments au loin, l'ancien élève de Fukurodani savait qu'il n'avait pas exprimé toutes les pensées qui défilaient dans son esprit animé par cet étrange deuil.

— Est-ce que… tu penses que tout ça est lié ?

Akaashi lui adressa un regard dubitatif, un sourcil arqué. C'était donc cela qui l'intriguait ; il aurait dû s'y attendre, connaissant son affection pour les théories complotistes.

— C'est étrange quand on y pense… En trois semaines, trois morts qui concernent le même entourage… Je veux dire, tu les connaissais tous, même un peu, et moi aussi !

Un douloureux poids tomba dans la poitrine d'Akaashi à l'évocation des deux autres meurtres survenus plus tôt ce mois-ci. Cette simple pensée lui donnait la nausée. Et à voir la façon dont Oikawa contournait pudiquement le sujet, il ne devait pas être le seul.

— Pourquoi ce serait forcément lié ?

— Eh bien, les deux premiers, c'est évident. D'abord le central de Nekoma qui…

Akaashi arrêta Oikawa dans son explication hésitante d'un geste de main. Il ne souhaitait pas en entendre davantage, encore moins revivre la stupeur qui l'avait fait frissonner de nombreux jours jusqu'à l'empêcher de dormir la nuit, l'esprit à la recherche de la raison pour laquelle Lev aurait sciemment empoisonné sa grande sœur. Il s'était évertué à se convaincre que ce n'était qu'un accident, mais les déclarations de la police invalidaient toute cette théorie. Puis, une semaine plus tard, sans qu'Akaashi ait eu le temps d'assimiler cette nouvelle, un nouveau meurtre avait été déploré. Et celui-ci était si incompréhensible que l'ancien passeur de Fukurodani avait été plongé dans une profonde stupéfaction. Bokuto en avait même fait une crise d'angoisse.

Hinata Natsu, immolée par le feu par son grand frère, le rayon de soleil de Karasuno. Impossible. Inconcevable.

Et pourtant, lui aussi s'était rendu à la police après avoir commis une telle atrocité.

Akaashi préférait ne pas y penser.

— Désolé, reprit alors Oikawa qui semblait véritablement inquiet du trouble d'Akaashi. Mais ils ont dit à la télé que Kiyoko avait la même marque que celle d'Hinata et de celui de Nekoma… Ils font peut-être partie de la même organisation ou quelque chose comme ça ?

Si Akaashi, malgré une nausée grandissante, pouvait concevoir Lev et Hinata suffisamment influençables pour être embrigadés dans un gang, il n'en était rien de Kiyoko. Contrairement aux deux autres, elle possédait suffisamment de discernement pour ne pas se mêler à des personnes peu recommandables. Mais s'il était vrai qu'elle portait la même marque…

— Les médias extrapolent sûrement. On ne sait toujours pas ce que c'est que cette marque de toute façon, c'est peut-être un tatouage banal.

— Un tatouage ? Similaire et au même endroit ? Non, pas possible. Ce qui est étrange par contre c'est le suicide par rapport aux deux autres… Kiyoko a peut-être refusé de tuer sa victime et s'est suicidée à la place ?

— Ou alors on l'a tuée et on a manipulé Hinata et Lev…

— Tu penses ?

— Je… Non, ça ne sert à rien de spéculer. Je ne vais pas te suivre dans tes théories bancales. Je ne sais pas, et franchement, j'aime mieux ne pas savoir.

— Mais si ça se trouve, Kei-chan, t'as vraiment raison et y'a un genre de tueur en série qui menace les étudiants.

Akaashi leva les yeux au ciel devant les propos tenus par son aîné.

— Si c'était aussi simple, je crois que la police s'en serait rendu compte.

— Mais…

S'il avait toute la patience et la volonté du monde pour laisser Oikawa gérer son deuil de sa propre manière, l'ancien passeur de Fukurodani n'allait certainement pas l'inciter à continuer dans sa lancée : c'était plus irrespectueux qu'autre chose à présent.

— Oikawa-san, pourquoi tu vas pas parler de ça à d'autres personnes ? J'ai pas vraiment envie de continuer à en parler. En plus, je dois aller retrouver Kenma maintenant.

L'interpellé s'arrêta dans ses pas quelques instants, comme si les paroles d'Akaashi lui avaient tout juste fait prendre conscience de la teneur de ses propos. Mais un sourire vint presque aussitôt se greffer sur son visage, n'accordant à cette incertitude vulnérable que de maigres secondes.

— Tu veux que je t'accompagne ?

— Et pourquoi voudrais-tu m'accompagner ?

— Parce que…

— Je te promets que si je croise un tueur en série, je te préviens.

La mine désabusée d'Oikawa lui arracha une moue narquoise, et le silence révélateur de celui-ci ne fit qu'alimenter son amusement. Son aîné était véritablement adepte de complots.

— Allez, reprit-il avec un léger sourire. On se voit plus tard, Oikawa-san.

— Fais attention à toi, Kei-chan !

Il s'attarda peut-être un peu trop sur le visage du passeur avant de lui tourner le dos, mais il ne le regretta pas : la lueur malicieuse qu'il y perçut suffit à le distraire de ses pensées funestes l'espace de quelques minutes, et il traversa le campus, provisoirement libéré du nœud qui lui serrait toujours la gorge.


Oikawa se sentait bien moins confiant qu'il ne le laissait paraître. S'il avait proposé d'accompagner Akaashi, ce n'était pas tant pour s'assurer de sa sécurité que pour apaiser l'anxiété grandissante qui grondait en lui à l'idée de se retrouver seul. Son cadet pouvait bien se moquer de ces théories de tueurs en série, cette idée n'était pas si absurde : bien trop de détails troublants reliaient ces trois meurtres. Trois étudiants du même milieu sportif, trois élèves qui se connaissaient, arboraient le même tatouage et étaient à l'origine d'une mort pour le moins singulière. Peut-être avaient-ils été influencés par un groupe aux mauvaises intentions, ou des yakuzas, qui sait. Ou peut-être avaient-ils endossé la responsabilité des crimes à la place du véritable coupable ? Quoi qu'il en soit, cette histoire intriguait Oikawa au plus haut point, et si une ou plusieurs personnes prenaient ainsi plaisir à manipuler des joueurs de volley, il lui semblait logique de rester sur ses gardes. Il ne souhaitait pas être soumis à l'envie meurtrière de tuer sa grande sœur. Peu importe ce qu'en pensait Akaashi, lui ne comptait pas croire naïvement en une simple coïncidence.

Mieux valait prévenir que guérir.

Ce fut donc affreusement seul qu'Oikawa décida de regagner les dortoirs. Le trajet était l'affaire de quelques minutes, tout au plus : il vivait sur le campus, et possédait le luxe de partager sa chambre avec son meilleur ami. Iwaizumi s'y était sûrement rendu dès la fin de la cérémonie, et Oikawa ne désirait rien de plus que de retrouver son éternel air renfrogné et ses remarques désobligeantes. L'université était plongée dans une atmosphère pesante, et tous les élèves étouffaient sous le même linceul : la mort soudaine de Kiyoko accablait tout le monde, de manière indirecte ou non, et ces funérailles avaient achevé de ternir cette matinée déjà bien sombre. Alors, s'il pouvait égayer quelque peu cette journée, autant aller agacer son meilleur ami : il ne serait plus seul, et la sécurité de sa chambre l'apaiserait sans doute.

Car bien malgré lui, il ne pouvait empêcher ses yeux de sonder chaque étudiant qu'il croisait ; il les détaillait tous, comme s'il pouvait trouver une explication à ces curieux meurtres à travers un regard coupable. Mais la plupart déambulait sans réellement le voir, les pensées embrumées par cette mort qui planait toujours au-dessus du campus, un peu comme Akaashi avant qu'il ne l'interpelle. Peut-être était-ce parce qu'il ne connaissait pas la victime plus que cela qu'il prenait de la hauteur par rapport à ces événements ? Dans tous les cas, bien trop d'étudiants croisaient son chemin et nourrissaient son esprit paranoïaque de soupçons malvenus.

Oikawa secoua la tête, marcha jusqu'à franchir enfin l'entrée menant aux dortoirs. Une faible lueur matinale, si infime qu'elle peinait à percer l'obscurité poussiéreuse du couloir, l'accueillit dans cette rangée de portes closes. Il pressa le pas pour traverser le corridor avec une légère anxiété ; s'il avait à présent quitté le flot d'âmes en peine qui circulaient dans l'université, il préférait tout de même ces déambulations atones à ce silence sans vie qui plongeait l'atmosphère dans des ténèbres plus profondes encore. Une quiétude endeuillée était toujours plus soutenable qu'un décor de film d'épouvante.

Depuis qu'une élève avait mis fin à ses jours dans l'enceinte de l'école, il n'était pas étonnant de retrouver le campus dans une ambiance si lugubre, comme si cette mort empoisonnait l'air, qu'un esprit avait pris possession des lieux. Oikawa s'agaçait de ses propres idioties, mais il ne pouvait s'empêcher d'être inquiet. Il redevenait bien malgré lui l'enfant de sept ans qui avait peur de s'aventurer dans une cave un peu trop sombre ; celui qui, la nuit, lorsqu'Iwaizumi ne dormait pas à la maison, courait à en perdre haleine de la salle de bain à sa chambre sitôt qu'il se décidait à éteindre la lumière. Comme si cette pièce était immunisée aux monstres, et que les ombres ne pouvaient plus l'atteindre une fois qu'il se lovait dans le cocon rassurant de ses draps.

Oikawa grimaça devant ces souvenirs malheureusement similaires avec ce qu'il ressentait du haut de ses vingt ans. Cependant, au lieu de se ressaisir et de reprendre sa démarche habituellement leste, il s'élança presque sur les derniers mètres avant de saisir violemment la poignée et d'ouvrir dans un grand fracas. Il s'y engouffra, accueillit avec un plaisir certain les rayons du soleil, bien qu'encore timides, qui baignaient la pièce d'une lumière apaisante. Il claqua la porte avec autant de délicatesse qu'il l'avait tout juste ouverte, se colla contre la surface de bois et soupira toute l'inquiétude qui avait été retenue dans ce souffle coupé. Les yeux fermés, il laissa ses lèvres se parer d'un sourire triomphant.

Il avait survécu à cet abominable couloir. À huit ans, il s'en serait vanté auprès de son meilleur ami dès le lendemain, il aurait peut-être même clamé avec assurance avoir combattu et terrassé d'effroyables monstres à mains nues.

Cette pensée l'amusa, et il apprécia le soleil qui caressait ses paupières, le cœur encore battant d'adrénaline. Iwaizumi se moquerait sans doute de lui s'il lui racontait ces histoires extravagantes aujourd'hui ; mais dans ce cas, Oikawa se ferait un plaisir de lui rappeler qu'enfant, il y avait toujours cru.

Alors qu'il s'apprêtait à entamer une justification héroïque, il décida de finalement poser les yeux sur la présence rassurante de son meilleur ami, jusqu'alors silencieux et certainement blasé devant cette entrée brusque.

— Tu ne devineras…

Ses mots se nouèrent dans sa gorge.

Son sourire s'effaça immédiatement.

Ce ne fut pas le regard intense si familier qu'Oikawa rencontra. Ce fut deux paires d'yeux. Interloquées et désabusées.

Et si Oikawa reconnut tout de même celles vert sombre d'Iwaizumi, les marron furent une surprise dont il se serait bien passé.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

Ushijima cilla à peine, debout près du bureau où Iwaizumi était assis. Il ne referma pas non plus le livre qu'il tenait dans les mains ; il se contenta, comme à son habitude, d'observer Oikawa comme si ce dernier était parfaitement stupide. En deux ans à se côtoyer dans la même équipe universitaire, il avait eu le temps de l'appréhender : il se trouvait simplement que son visage exprimait naturellement de la condescendance, qu'elle soit voulue ou non. Et si Oikawa tolérait maintenant sa présence – il y était bien obligé –, il éprouvait toujours un certain plaisir à jouer les excédés. Ses vieilles habitudes revenaient souvent à la charge.

Il soupira donc bruyamment et croisa les bras, imitant Iwaizumi qui se doutait de la démonstration de puérilité qui allait surgir d'ici peu.

— Bonjour, Oikawa.

— Et toi, pourquoi tu débarques comme si t'étais recherché par la police ? T'as oublié de te coiffer avant de sortir ?

Oikawa plissa les yeux devant ces calomnies honteuses. Heureusement qu'Ushijima ne s'en amusait pas, il aurait bien été d'humeur à faire une scène.

— Aha, toujours aussi drôle, Iwa-chan. Arrête tout de suite tes études d'Art, c'est dans l'humour qu'il faut te lancer. Et qu'est-ce qu'il fait là, lui?

Il appuya sa question d'un regard insistant sur le livre qu'il tenait entre les mains. La reliure de cuir était craquelée, les pages semblaient ternies par le passage du temps.

— Je voulais savoir si tu pouvais me passer tes notes de Droit. J'étais absent au dernier cours.

— Et combien tu me payes ?

Iwaizumi soupira devant le sourire narquois qu'arborait son meilleur ami. Ushijima cligna enfin des yeux.

— S'il te plaît.

— Achète-moi des pains au lait pendant une semaine. J'en ai plus en ce moment.

— …

Perpétuellement stoïque et insensible au second degré, Ushijima resta silencieux. Il continua de le regarder dans l'attente d'une véritable réponse.

— C'est bon, pas la peine de me regarder comme ça, je te les passerai cet aprèm…. Si j'y pense. Mais je veux mes pains au lait, et c'est bien parce qu'on est dans la même équipe, va pas imaginer que je t'apprécie en dehors du terrain.

L'attaquant s'inclina légèrement après avoir refermé le vieux livre qu'il tenait toujours entre ses mains.

— Merci.

— Ne me remercie pas, t'as pas encore vu l'état de mes cours.

— Iwaizumi, continua l'ancien attaquant de Shiratorizawa, je peux garder le livre ?

— Vas-y, ouais. Il est pas à moi de toute façon.

Ushijima acquiesça puis se décida à enfin quitter la pièce. Il se dirigea vers la sortie et Oikawa se décala avec une méfiance parfaitement exagérée. Cela n'empêcha pas un frisson de traverser avec violence sa colonne vertébrale lorsqu'il le dépassa. La sensation fut si désagréable qu'il grimaça.

— Ah, j'y crois pas, grommela Oikawa en refermant la porte, ce type va finir par me rendre malade, littéralement.

— Tu pourrais être plus sympa avec lui, quand même.

— Je sais, pas la peine de me faire la morale…

Oikawa se laissa tomber son lit sans aucune grâce. Il songeait sérieusement à passer la matinée ainsi.

—… c'est juste que j'apprécie pas forcément le voir dans ma chambre comme ça. Il me faut un peu de préparation psychologique.

— Si t'étais revenu ici avec moi ça ne serait pas arrivé, t'es parti où ?

— Je suis tombé sur Kei-chan en sortant de la cérémonie, on a un peu parlé.

— Hmm, je comprends mieux.

Oikawa se redressa pour inspecter le visage de son meilleur ami, qui reprenait son travail sans parvenir à masquer l'amusement que cette petite remarque lui avait inspiré.

— Ça veut dire quoi ça ?

— Aucune idée…

— Fous-toi de ma gueule, Iwa-chan.

L'intéressé tenta d'étouffer son ricanement, tandis qu'Oikawa reposait sa tête contre le moelleux de son oreiller. Il préféra changer de sujet :

— Et sinon Ushiwaka est vraiment venu juste pour mes notes de Droit ? C'est quoi cette histoire de livre ?

— C'est un vieux truc de poésie que j'ai trouvé dans mes affaires, ça avait l'air de l'intéresser, je lui ai donné.

— Oh, de la poésie ? Comme c'est romantique de sa part.

— Sois pas jaloux.

— Personne ne me volera mon meilleur ami, dommage pour toi !

Oikawa lui tira la langue et son meilleur ami s'accorda un sourire. Il avait du mal à croire qu'il venait tout juste de revenir d'une cérémonie de commémoration. Que la veille, on avait retrouvé le corps sans vie de Kiyoko dans le bâtiment d'à côté. Cela ne servait à rien de se morfondre, mais sa désinvolture le surprenait presque. Oikawa se sentait bien, en sécurité dans sa chambre auprès de son meilleur ami. Baigné dans cette lumière froide, il ne craignait ni les ombres ni les monstres. Ni même les tueurs en série et les gangs. Tout ce qui le dérangeait à présent, c'était le frisson qui lui avait foudroyé le dos il y a quelques minutes et dont la sensation désagréable s'attardait bien trop à son goût.


Merci d'avoir lu ! Je commence doucement l'horreur, le temps de mettre les choses en place (et qu'Aeli détruise tout dans ses chapitres xD)

Le prochain chapitre sera donc écrit par la géniale Aeliheart974 pour du crack de pur qualitey, be prepared !