Titre : Harry… Juste Harry

Raiting : M

Paring : Slash, Yaoi, HP/SS

Disclaimer : Pas à moi, patati patata...

Statut : Terminée, 9 chapitres + 1 épilogue

Résumé : Après la première guerre, Severus décide de partir loin de l'Angleterre. Lorsqu'il sera forcé de revenir, vingt ans plus tard, il va tomber sur un charment chasseur d'ingrédients aux yeux verts. Quel mystère se cache derrière Harry. Slash, yaoi, HP/SS

NdA : Voici ma nouvelle histoire. Elle est un peu particulière car tout y est chamboulé depuis le début et pourtant, vous saurez le pourquoi du comment qu'au fur et à mesure de l'histoire. Je vais publier tous les jeudis. Cette histoire est déjà terminée ! Pas de risque d'abandon !J'aimerais vraiment que vous me donniez votre avis car c'est la première fois que je fais quelque chose d'aussi lointain par rapport aux livres.

Bêta: La grande, la magnifique, la parfaite Pauu-Aya & la non moins grande, magnifique et parfaite AudeSnape. Je sais plus qui a corrigé quel chapitre, mais c'est parfois l'une parfois l'autre, alors je les cite toutes les deux, pas de jalouse :P

Bonne lecture.

Epsi.


Chapitre 1 : Severus

Severus posa ses valises dans le hall du manoir Prince. Un soupir à fendre l'âme sortit de sa bouche alors qu'il regardait autour de lui.

Il n'avait aucune envie d'être ici. Vraiment aucune.

Le manoir avait l'air en bon état, comme si rien n'avait bougé avec le temps. Cela bien sûr, il ne pouvait l'affirmer vu qu'il n'avait jamais mis les pieds dans ce lieu auparavant. Il en était pourtant aujourd'hui l'unique propriétaire. Avant de mourir, son grand-père avait légué tous ses biens à son frère, mais il n'avait pas vraiment déshérité Severus, il avait juste ajouté une clause disant que dans tous les cas, s'il n'y avait plus d'héritiers pour sa fortune, Severus pourrait en bénéficier.

Il n'avait aucun respect pour ce sang-mêlé, ce bâtard, mais il ne voulait absolument pas que les biens accumulés par les Prince depuis des centaines d'années disparaissent. C'était alors, en espérant que cela n'arrive jamais, que Severus avait été ajouté sur le testament. Malheureusement, son frère était décédé quelques années après, léguant tout cet héritage à son fils qui lui même fut terrassé par la Dragoncelle avant d'avoir un héritier. Avant même de trouver une femme d'ailleurs...

Severus, quant à lui, n'avait pas été obligé d'accepter cet héritage. Il haïssait plus que tout cette famille. Enfant, il avait attendu que cette noble lignée lui prête attention, il l'avait souhaité plus que tout au monde et c'était en partie pour ça qu'il avait adhéré aux idées du Lord Noir.

Oh bien sûr, ce n'était pas uniquement pour cela... C'était un ensemble.

Il avait grandi dans le monde Moldu avec son père et sa mère. Celle-ci, oppressée par sa famille, s'était enfuie dès qu'elle l'avait pu. Elle s'était mariée à Tobias Snape : un moldu. Severus était sûr que c'était uniquement pour contrarier ses parents qui clamaient la suprématie des Sang-purs. Malheureusement, elle n'était pas tombée sur le meilleur des Moldus... Tobias Snape était un ivrogne. Ou en tout cas, il l'était devenu lorsque sa femme lui avait avoué être une sorcière.

En bon catholique pratiquant, Tobias avait refusé le divorce, cela ne se faisait pas. Il avait préféré battre sa femme pour sortir la magie de son corps et en faire une "bonne personne".

Lorsqu'elle lui avait avoué la vérité, il n'avait plus jamais voulu la toucher intimement. Malheureusement, - pour l'un comme pour l'autre - Eileen Prince était déjà enceinte. Tobias avait toujours voulu avoir un fils, mais pas avec le Malin. Il ne la frappait jamais au ventre, ne voulant pas causer la mort du foetus, mais il la frappait tout de même, espérant qu'ainsi, son enfant ne serait pas contaminé.

Eileen avait accouché seule, à la maison, d'un enfant qu'elle avait nommé Severus Tobias Snape. Elle s'en était occupée tous les jours malgré les corrections de son époux, qui n'avait jamais voulu toucher l'enfant. Il le regardait seulement de loin, attendant de voir s'il était sain.

Severus avait cinq ans lorsqu'il avait montré ses premiers signes de magie accidentelle. Il avait été plutôt heureux avant cela. Les Snape n'avaient pas beaucoup d'argent, mais sa mère prenait soin de lui... Cet incident avait tout changé. Son père avait assisté à la scène et avait frappé sa mère devant lui, sous ses pleurs effrayés, la laissant inconsciente sur le parquet de la petite maison de l'Impasse du Tisseur. Il avait ensuite saisi Severus et l'avait tiré jusqu'à sa chambre miteuse où il l'avait enfermé.

Pendant des jours et des jours, il était resté seul, sans moyen d'aller aux toilettes, sans manger, sans nouvelles de sa mère qu'il avait vue allongée par terre, inerte.

A partir de ce moment, sa vie avait changé.

Sa mère était revenue le chercher, mais elle avait quelque chose de différent. Elle ne parlait plus, ne le regardait même plus. Elle effectuait ses gestes quotidiens de façon mécanique et dépérissait de jour en jour.

Severus avait appris à se taire et à subir les coups de son père, l'absence de sa mère... Il savait qu'il était un sorcier car un jour, il avait trouvé, dans une vieille malle abîmée rangée au grenier, les affaires d'école de sa mère. Il avait cru à une sorte de farce au début, puis avait commencé à lire les manuels scolaires. Il était alors devenu accro.

A l'âge de sept ans, il avait lu « L'histoire de Poudlard » et avait tout compris.

Il avait su que sa mère était une sorcière, qu'elle était allée à Poudlard, à Serpentard même, d'après l'écusson sur ses robes. Il avait compris qu'il était lui-même un sorcier, et que c'était la raison pour laquelle son père le détestait. Mais il savait que ce n'était pas une tare, ni même une honte, il avait compris qu'un monde formidable s'offrait à lui.

Chaque livre avait alors été dévoré et il avait éprouvé une fascination particulière pour les potions. Sa mère avait été douée en potion, d'après les relevés de notes qu'il avait trouvés dans la malle, mais pour le reste, elle était plutôt médiocre.

Après avoir lu tous les livres des sept années et appris par cœur ceux de la première année, il avait commencé à lire les livres de bonnes manières et ceux des vieilles familles. C'est comme ça qu'il avait compris certaines choses sur sa famille.

A huit ans, il n'était pas peu fier d'avoir réussi quelques sorts sans sa baguette. Des choses simples mais... magiques. Fascinantes. C'était à ce moment-là qu'il avait commencé à éprouver une haine féroce pour sa mère. Sa mère qui était une sorcière et se laissait battre par un vulgaire moldu.

Il avait ensuite rencontré sa meilleure amie, Lily Evans. Une jeune née moldue qui habitait dans sa rue. Passant plus de temps dehors pour échapper à son père, il lui avait fait comprendre qu'il était comme elle et lui avait appris quelques tours. Ils avaient fait des farces à sa sœur, l'horrible Petunia.

Puis, ils étaient entrés à Poudlard.

Ça avait été un nouveau souffle pour Severus. Il était loin des coups de son père, sa soif d'apprendre était comblée et en plus, il gardait l'amitié de Lily alors qu'ils étaient dans des maisons rivales. De plus, il pouvait se renseigner sur sa famille du côté de sa mère.

Du moins, c'était ce qu'il avait pensé les premiers jours...

Son intégration chez les serpents avait été difficile. Il n'était qu'un sang-mêlé avec des robes rapiécées et élimées, de vieux manuels et une amie Sang-de-bourbe.

Heureusement, il avait été repéré pour ses résultats par Lucius Malfoy, qui l'avait pris sous son aile. Severus avait ensuite gagné le respect de tous les Serpentards grâce à l'aide aux devoirs qu'il leur avait fourni et à l'influence du blond. Il n'aimait pas ça, mais c'était toujours mieux que de se faire frapper à chaque coin de couloir.

Lucius était le Prince des Serpentards, il avait tout le monde à ses pieds, même ses professeurs. Il était beau, parlait bien et savait parfaitement manipuler n'importe qui. Il était un fervent utilisateur de magie noire, une magie qui fascinait Severus. Une magie dangereuse, une magie tellement belle...

L'héritier Malfoy lui avait prêté des livres et Severus les avait étudiés. Les seules fois où il avait testé l'un de ses sorts, il s'était rendu compte que la magie noire lui répondait assez bien.

Oh oui, Severus était doué. Pour la magie noire comme pour le reste. Il était très puissant, intelligent et passionné, ce qu'avait remarqué Lucius, qui en avait parlé à son Maître. Le Lord s'était alors intéressé à cet adolescent et avait demandé à son fidèle Mangemort Lucius de choisir le moment opportun pour le recruter.

Ce moment était arrivé en cinquième année.

Severus avait fait des recherches sur la famille Prince et s'était décidé à les contacter. Il avait fait une jolie lettre, avec toutes les formules d'usages et avait exposé à quel point il était fier de faire partie d'une si prestigieuse famille, qu'il serait prêt à renier père et mère pour être accepté. Il avait annoncé qu'il était major de promotion, avait une affinité pour la magie noire et passerait sa maîtrise de potion après Poudlard.

La réponse avait été sans appel, écrite à la hâte sur un parchemin déchiré :

« Vous ne faites pas partie de cette famille jeune homme, et quoi que vous fassiez, ça ne sera jamais le cas. »

La colère que Severus avait gardé enfouie au fond de lui depuis tant d'années avait surgi d'un coup. Il avait alors fait des plans. Son petit cerveau d'adolescent confus avait chauffé à plein régime et il en avait tiré des conclusions : il allait se venger.

De sa mère qui l'avait abandonné, de son père qui l'avait tant de fois frappé, de cette famille qui le considérait comme un indésirable, de Potter et Black qui lui rendait la vie impossible. Oui Black... Il n'avait plus que ce but en tête, et pour cela, il ferait n'importe quoi.

Il avait alors envoyé promener Lily, sa tendre amie. Il avait créé plus de sort, eu de meilleures notes, lu des ouvrages encore plus noirs. Et c'était à ce moment-là que la tempête Malfoy avait sévi. Au moment où il était agenouillé devant cet homme au charisme fou, Severus ne savait pas trop comment il s'était retrouvé là.

Tout ce qu'il savait, c'était que son désormais Maître allait payer son apprentissage en potion.

Pendant des années, la guerre avait fait rage mais Severus n'en avait rien vu. Le Lord le laissait étudier et ne faisait jamais appel à lui.

C'est lorsqu'il eut passé sa maîtrise que tout s'était précipité. Le Lord lui avait alors demandé de brasser des potions dangereuses, très dangereuses et en parallèle, il cherchait un remède pour sa mère. Avec les années, il avait compris que le comportement de sa mère n'était pas normal et qu'elle avait dû recevoir trop de coups. Il cherchait donc une potion pour lui rendre ses capacités cérébrales.

Alors qu'il avait vingt ans, il avait pensé avoir enfin trouvé un remède. Il était allé jusqu'à l'Impasse du Tisseur avec une grimace de dégoût et avait frappé à la porte. C'était son père, qu'il n'avait pas vu depuis plus de trois ans qui lui avait ouvert. Il puait, avait une barbe immense et ne portait qu'un vieux marcel sale et un caleçon tout aussi crasseux.

Sans un mot, Severus l'avait poussé et était entré dans la maison miteuse. Il avait cherché sa mère, mais ne l'avait trouvée nulle-part. C'était alors avec une grimace de dégoût qu'il s'était enfin adressé à son père pour lui demander où était Eileen.

Son père avait ricané.

Eileen était morte depuis plus d'un an. Il l'avait enterrée dans le jardin, derrière la maison, dans la plus grande ignorance du monde entier et était bien heureux de ne plus avoir à s'occuper de cette sorcière.

Severus avait perdu le contrôle de ses émotions pour la première fois depuis très longtemps. Avec une voix forte et désespérée, il avait levé sa baguette face à son père, bien trop imbibé pour s'en rendre compte, et avait récité pour la première fois, la formule qui allait noircir son âme à jamais : Avada Kedavra.

Il avait pleuré un long moment sur le petit bout de jardin où l'herbe était moins haute qu'à d'autres endroits. Puis, il était sorti de la maison et, le visage stoïque, avait mis le feu aux dernières bribes de son enfance.

Le Lord avait tout de suite su que Severus avait commis son premier meurtre. Comment ? Severus ne le sut jamais, mais le Lord Noir l'avait compris. Il l'avait alors envoyé en mission et lui avait fait faire des raids.

C'était à ce moment-là que Severus s'était aperçu de la folie du Lord. Les meurtres se succédaient, hommes, femmes, enfants, Sang-purs, Moldus, peu importe...

Et Severus tomba de haut lorsqu'il se rendit compte que la cible principale de son Maître était les Potter.

A vrai dire, il aurait pu tuer James Potter lui même si le Maître le lui avait demandé. Mais pas Lily, non. Pas Lily... Ni même la descendance de Potter. Un enfant quel qu'il soit, ne devait pas mourir dans une guerre.

L'enfance était un sujet sensible pour Severus qui n'avait pas vécu la sienne. Alors il avait trahi son Lord pour devenir espion et s'assurer que Lily n'allait pas mourir, il lui devait bien ça. Elle qui avait été son rayon de soleil, son petit bonheur lorsqu'ils étaient enfants.

Lily avait survécu. Tout comme Potter.

Severus avait été enfermé à Azkaban mais sauvé rapidement par Albus Dumbledore, puis, il était parti. Il n'avait pas voulu vivre en Angleterre. A ce moment-là, il savait qu'il devrait revenir un jour, Albus lui avait dit que le Lord Noir n'était pas mort, mais il voulait s'éloigner avant de faire face à l'inévitable.

Il avait visité beaucoup de pays, avant de s'établir au Danemark.

Là-bas, une nouvelle vie avait commencé. Une vie où personne ne connaissait son statut de Mangemort, où personne ne le jugerait, où il serait juste Severus Snape, l'un des meilleurs potionnistes au monde.

Il s'était loué une petite maison avec ses maigres économies et avait ouvert son entreprise en faisant des potions. Il fournissait des particuliers, des commerces, publiait des livres et continuait ses recherches. Il avait ainsi déjà breveté plusieurs potions - dont celle qu'il avait initialement créée pour sa mère - et gagnait sa vie de façon plus que confortable. Il s'était acheté une maison et s'était fait quelques amis.

La guerre s'était achevée depuis plus de vingt ans lorsqu'il avait reçu un hibou des gobelins d'Angleterre.

Lors de l'entretien qui avait suivi, Krognac, le gérant de la fortune Prince lui avait expliqué la clause que son grand-père avait ajouté à son testament et le décès des derniers membres de sa famille. Il était maintenant le seul héritier vivant.

Severus avait voulu refuser cet héritage mais Krognac lui avait expliqué que s'il le faisait, c'était le Ministère qui récupérerait tout et c'était totalement inimaginable. Le Ministère était corrompu ; cet argent serait forcément détourné à des fins douteuses.

Alors, à contrecœur, Severus avait accepté.

La première chose qu'il avait fait, avait été de donner vingt-cinq pour cent de l'or des coffres à une association Moldue. N'importe laquelle, tant qu'elle aidait des enfants. Il avait eu un sourire démoniaque en pensant à la tête de son grand-père s'il l'avait su. C'était d'ailleurs uniquement pour cela qu'il l'avait fait.

Et il en était là maintenant. Debout dans cet immense hall, dans cet immense manoir qu'il détestait déjà.

Severus soupira à nouveau.

Il était ici pour régler toutes les affaires liées à son héritage. Ses amis étaient prévenus de son voyage et il avait avisé ses clients que ses potions mettraient plus de temps à arriver, mais qu'il comptait bien continuer son travail. Il espérait tout de même pouvoir retourner chez lui rapidement.

Un petit bruit discret le sortit de ses pensées.

« Un nouveau Maître pour Kapsule ? » fit une petite voix à côté de lui.

Severus tourna la tête pour apercevoir un elfe de maison, vraiment minuscule. C'était une femelle à en juger par le nœud fait de tissu déchiré qui entourait son oreille. Elle était sale et vêtue d'une taie d'oreiller jaunâtre, comme la plupart des elfes de maison.

« Kapsule dis-tu ? » demanda Severus en levant un sourcil.

« Oui, Kapsule se nomme Kapsule. Et comment Kapsule doit nommer le nouveau Maître ? »

« Je suis Severus Snape. Es-tu seule ici ? » demanda Severus.

Il commençait déjà à bien aimer cette elfe, elle était discrète et n'avait pas une voix stridente comme les autres.

« Non Maître Snape. Seize elfes de maison travaillent ici. Kapsule est la plus jeune, alors Kapsule doit venir voir le Maître pour être exécutée, » répondit la petite elfe qui commençait à trembler.

« Exécutée ?! » s'étrangla Severus.

« C'est la tradition Maître Snape, pour porter chance à la bâtisse. »

« Hors de question, » grogna le Maître des potions. « Es-tu aptes à me servir ou n'es-tu pas encore sevrée ? »

« Kapsule est sevrée, » répondit l'elfe les larmes aux yeux, elle ne comprenait plus.

« Bien, alors tu seras mon elfe personnel. »

Kapsule eut un hoquet de surprise avant de s'incliner le plus bas possible et de remercier l'homme qui l'ignora.

« Il y aura des règles à respecter. »

« Tout ce que le Maître voudra, » répondit Kapsule avec dévotion.

« Tout d'abord, je ne veux avoir affaire qu'à toi. Je descendrai voir les autres plus tard pour choisir un chef qui dirigera les elfes mais tu seras la seule que je veux voir m'apporter mes repas, me réveiller le matin ou me prévenir d'une visite, » expliqua Severus.

« Oui Maître Snape. »

« Ensuite, je veux que tu te laves et que tu t'habilles correctement. Choisis la tenue qui te feras plaisir et montre-la moi, je la changerai si elle n'est pas adaptée. Ce n'est pas un vêtement que je t'offre pour te libérer, » précisa-t-il en voyant Kapsule se mettre à trembler de plus belle. « Les vêtements ne te sont pas offerts, ils reste les miens. Je veux seulement que tu les portes pour être présentable. Et c'est pareil pour les autres elfes, je les veux propres et bien habillés, tu leurs diras. Autre chose : aucun de vous n'a le droit de se punir. Si punition il doit y avoir, je serai le seul à le décider. Je veux que tu me montres où vous vivez pour que je puisse améliorer vos conditions de vie. Pour les repas aussi, je veux être au courant de tout. Connaissant mes ancêtres, au moins de réputation, je suis sûr que vous n'étiez pas bien traités. »

L'elfe, les larmes aux yeux, se pencha tellement bas que son nez pointu toucha le sol.

« Merci Maître Snape... Merci... »

.oOo.

Severus s'affala sur son lit.

Kapsule lui avait fait visiter le manoir qui était vraiment immense. Il avait donné ses consignes aux elfes qui l'avaient regardé avec adoration. Il détestait ça. Voir cette admiration dans leurs yeux. Mais évidemment, lorsqu'on avait vécu à seize dans un local de neuf mètres carré, la création d'un immense dortoir avec lits superposés, armoires et plusieurs salles d'eau devait être le plus beau jour de leur misérable vie...

Severus grogna.

Il avait passé sa journée avec les elfes à décider de ce qui devait être fait pour le manoir, s'était fait insulter par la plupart des tableaux, avait marché des kilomètres, installé son laboratoire et entendu les pleurs de tous ses satanés elfes... Il était bien content d'avoir choisi Kapsule comme elfe personnel. Elle était calme et réservée. D'ailleurs...

« Kapsule ? »

La petite elfe arriva immédiatement dans un petit "pop" discret. Elle avait compris que son Maître n'aimait pas le bruit et essayait d'en faire le moins possible.

« Maître Snape a appelé Kapsule ? » demanda-t-elle en s'inclinant.

« Effectivement. J'aimerais qu'il y ait toujours un verre et une carafe d'eau sur ma table de chevet. Demain, je veux être réveillé à huit heures trente. Le matin, j'aimerais un exemplaire de la Gazette. Je veux aussi un café serré, des fruits, n'importe lesquels sauf des bananes ou des abricots, une baguette de pain frais et du beurre salé. Je conçois que ce ne soit pas vraiment le petit-déjeuner dont vous avez l'habitude en Angleterre mais j'ai connu cela en France et je suis attaché à ce repas. Je ne vous en voudrai pas si vous mettez un peu de temps à vous adapter... »

« Merci Maître Snape, » répondit l'elfe en s'inclinant.

« Pour ce soir, j'aimerais juste une potion de sommeil sans rêve ensuite tu donneras mes instructions aux autres et vous pourrez vous retirer dans vos quartiers. »

« Merci Maître Snape, » répéta Kapsule. « Maître Snape est un grand homme et un grand sorcier, » dit-elle avant de disparaître.

Severus grogna à nouveau. Ces êtres étaient désolants de soumission.

Quelques secondes plus tard, une fiole de potion violette apparut sur sa table de chevet. Severus la prit avec soulagement.

En revenant ici, il était assailli par des souvenirs qu'il aurait préféré refouler encore un moment. Demain, il devrait se rendre chez Lucius qu'il n'avait pas vu depuis vingt ans, pour voir également son filleul, Draco. Malgré le fait que ce soit Lucius, qui l'ait entraîné dans les griffes du Lord, Severus ne lui en avait jamais voulu et ils étaient restés amis. Voilà pourquoi il était le parrain de Draco.

Il avait dû prendre un Portoloin pour revenir en Angleterre et était donc passé par le Ministère, il avait croisé Avery qui, heureusement, ne l'avait pas vu. Il avait vu de loin James Potter en tenue d'Auror et demain il irait au manoir Malfoy où il avait de nombreuses fois été torturé.

Non... Tout ça était vraiment trop dur à gérer. Pour le moment, il avait juste besoin d'une bonne nuit de sommeil et être en forme pour demain. Il irait voir Lucius et lui demanderait de l'aide pour les affaires Prince... Il en était épuisé d'avance.

D'un geste vif, il fit sauter le bouchon de sa potion et l'avala d'un coup sec. Ce n'était pas raisonnable mais quand bien même... Il n'était pas quelqu'un de raisonnable.

.oOo.

Severus frappa à l'immense porte du manoir Malfoy. Elle fut ouverte immédiatement par un vieil elfe sale dont les poils jaunis sortaient des oreilles. Il le fit entrer sans un mot, prit sa cape et disparu aussi sec, certainement pour prévenir ses Maîtres de la venue de l'homme.

Cela-dit, Severus n'eut pas à attendre car devant lui, passa Lucius Malfoy, son long nez d'aristocrate était plongé dans un dossier. Il n'avait pas changé, toujours aussi beau et froid. Il paraissait concentré. Severus se délecta intérieurement de la frayeur qu'il allait lui faire et... il se racla tout simplement la gorge.

Lucius lâcha ses papiers et fit un saut en arrière, sortant par la même occasion sa baguette fichée dans sa canne, pour la pointer sur son "agresseur".

« Severus ? » dit-il en baissant lentement sa baguette.

« Qui d'autre... » répondit Severus avec un sourire sarcastique.

« Tu es rentré ? Mais... Que fais-tu dans le hall de mon manoir sans que j'en sois informé ? » demanda Lucius, rangeant définitivement sa baguette dans son fourreau.

« Je viens d'arriver. Ton elfe a dû prévenir Narcissa en premier. »

« Crétin d'elfe... » bougonna Lucius.

Effectivement, quelques secondes plus tard l'elfe arriva à côté de Lucius pour le prévenir de l'arrivée d'un invité et lorsqu'il remarqua que son Maître était déjà au courant, il se tassa sur lui même tremblant de peur.

Lucius l'ignora et parcourut les quelques mètres qui le séparaient de Severus pour une accolade virile.

« Tu m'as manqué mon ami, » déclara Lord Malfoy en s'éloignant de lui.

« Toi aussi, et je dois dire que je suis curieux de revoir Draco depuis tant d'années. »

Il ne l'avait pas revu depuis qu'il était parti. Ils correspondaient régulièrement et Severus lui envoyait toujours un cadeau pour Noël ou son anniversaire, mais il avait hâte de voir à quoi il ressemblait maintenant. Il avait vu quelques photos lorsqu'il était petit mais n'en avait pas eu depuis que Draco était entré à Poudlard.

« Il sera ravi de te voir ! » dit Lucius avec un sourire. « Dobby ?! »

Un elfe dont les yeux globuleux ressemblaient à de petites balles de tennis, d'un vert fade, apparut à côté d'eux.

« Maître Malfoy a appelé Dobby ? »

« Va prévenir Draco que son parrain l'attend dans le petit salon. »

« Oui Lord Malfoy, » répondit le petit être en s'inclinant le plus bas possible, avant de disparaître.

Lucius conduisit son ami dans le salon pour attendre Draco.

« Alors, pourquoi es-tu de retour ? »

« J'ai hérité de la fortune des Prince, » répondit sèchement Severus.

Lucius écarquilla les yeux. Il ne s'y attendait absolument pas. Sa position à la chambre de Lords lui avait permis d'apprendre la mort du Lord régnant, mais comme ni lui, ni son prédécesseur n'avait occupé sa place au Magenmagot, cette situation l'importait peu. Par contre maintenant, la donne changeait. Il lança un regard calculateur à son ami qui fronça les sourcils.

« Que comptes-tu faire ? » demanda Lucius.

« Je vais m'occuper de toutes les affaires, vendre ce qui doit être vendu, fermer ce qui doit être fermé, et retourner chez moi le plus vite possible. »

« Et si tu restais quelques mois de plus ? »

« Et pourquoi donc ? » répondit Severus avec hargne.

« Pour aider un ami, » répondit Lucius avec nonchalance.

Il y eut un silence pendant que les deux amis s'affrontaient du regard.

« Et si tu arrêtais de tourner autour du chaudron Lucius ? » demanda Severus. « C'est pas vrai... On dirait ce fichu Dumbledore... » bougonna-t-il ensuite.

Lucius eut l'air vexé. Severus savait bien y faire avec lui, mais il ne fallait pas sous-estimer un Malfoy.

« Depuis quelques temps, je cherche à faire passer une loi pour que les nés-moldus soient contactés dès leur premier accident de magie et soient placés dans une école primaire spéciale avant leur entrée à Poudlard. Ainsi, il n'y aurait plus d'écart culturel et les enfants ne seraient pas perdus en entrant dans notre monde. Ils ne souffriraient pas de discrimination non plus. »

« Quelle idée surprenante… Comment l'as-tu eu ? »

« Une née-Moldue, Miss Granger, a rejoint le Ministère il y a quelques années… J'étais plutôt sceptique, mais je dois avouer qu'elle est brillante ! Elle m'a avoué à demi-mot avoir été harcelée à l'école primaire, parce qu'elle était différente, et avoir ensuite eut beaucoup de mal à se faire une place à Poudlard, car elle n'avait aucune connaissance sur le monde magique. En plus, elle était la Miss-Je-Sais-Tout de sa classe, et n'a donc pas réussi à s'intégrer avant plusieurs années. Je pense qu'avec le système que j'ai élaboré il n'y aurait plus de problème de ce genre. »

« Je vois... C'est effectivement une bonne idée, mais... Qu'ai-je à voir avec tout ça ? »

« Il me manque une voie pour faire ouvrir cet établissement. Si tu prends ton siège au Magenmagot et que tu votes pour mon projet, il pourra se réaliser. »

Severus soupira. Lucius savait vraiment y faire avec lui aussi... Il était sur le point de le faire culpabiliser. S'il disait non, il était sûr que le blond lui affirmerait que si des jeunes nés-moldus se faisaient torturer à l'école, ce serait uniquement sa faute... Surtout que le blond savait très bien que l'enfance était un sujet difficile pour lui.

« Combien de temps devrais-je siéger au Magenmagot ? »

« Quelques mois tout au plus, » répondit Lucius. Il ajouta rapidement, avant que Severus ne puisse objecter : « Et Draco sera tellement content d'avoir son parrain près de lui ! »

A ces mots, une tête blonde apparut après avoir vivement ouvert la porte. Severus regarda le jeune homme dont le sourire étincelait. Draco, son filleul était magnifique. Il devait mesurer la même taille que lui, avait les cheveux de son père mais coupés plus court et les mêmes yeux gris que la descendance Black.

« Severus ! » s'exclama Draco.

« Bonjour Draco, » répondit celui-ci avec douceur.

Il avait peut-être bien fait de rentrer... Et à en voir le sourire triomphant de Lucius, il venait de gagner quelques mois supplémentaires ici.