Les clefs – Parie 1

- Ron, est-ce que tu pourrais m'écouter s'il te plait ?!

Il consentit finalement à relever les yeux du journal, datant de déjà deux jours, pour me regarder.

- On n'a pas besoin de se disputer plus que c'est déjà le cas, poursuivis-je d'une voix mesurée. Il faut qu'on règle ça une bonne fois pour toute et on doit y mettre du nôtre tous les deux, si on veut rester en bons termes.

- On ne sera plus jamais en bons termes et ce, grâce à toi, répliqua-t-il amère.

- Ah non ! M'exclamai-je en lui arrachant le journal sur lequel il avait déjà reposé les yeux. Ne me fais pas passer pour la méchante ! Nous sommes tous les deux fautifs dans cette affaire.

- Cette affaire ? Répéta-t-il en se levant lentement du canapé sur lequel il était avachi. Tu appelles ça une affaire ?

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, tu le sais très bien, dis-je en retenant un soupire d'exaspération.

- Nous ne parlons pas d'une affaire de justice du ministère ! On parle de notre mariage là !

- Justement, essayons de faire en sorte que cela se termine bien.

- Tu t'es déjà assurée du contraire.

- Comment peux-tu dire une chose pareille ?! J'ai tout fait pour essayer de sauver notre couple contrairement à toi.

- Excuse-moi de ne pas avoir une brillante carrière.

- Je ne vois pas le rapport, répliquai-je d'un air pincé.

- Tu es la brillante directrice du département de la justice magique à tout juste trente ans, alors que moi, j'ai été viré par mon meilleur ami qui est devenu le chef des Aurors ! Je suis servis avec vous deux.

- Je ne vois toujours pas le rapport, mais si tu n'es plus Auror, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Je te rappelle tout de même que tu aurais perdu ton poste depuis bien plus longtemps que ça, si JUSTEMENT, cela n'avait pas été Harry ton chef ! Nous t'avons tout passé pour essayer de faire au mieux et même avec de l'aide, tu es incapable de…

- VOILA ! Me coupa-t-il en levant les bras en l'air dans un geste théâtrale. C'est exactement ça, je suis un incapable pour toi et tu me le fais sentir depuis des années. Tu as toujours eu honte de moi au ministère, prétextant par exemple avoir du travail pour ne pas avoir à rester trop longtemps avec moi dans les couloirs lorsqu'on se croisait…

- Mais j'ai toujours eu, effectivement, beaucoup de travail. Cela n'avait rien à voir avec…

- Je n'ai pas fini ! Tu m'as toujours tendu la main. Oh oui ! Tout en faisant en sorte que tout le monde voit bien que tu essayais d'aider le boulet que j'étais ! Sainte Hermione ! Passer pour la gentille, ça tu sais faire. Tu n'as même pas voulu prendre mon nom de famille lorsqu'on s'est marié, certainement parce que c'était trop honteux d'être une Weasley.

- Tu dis n'importe quoi. Tu sais très bien que pour certaines professions il est mieux de garder le nom de famille sous lequel tout le monde nous connait déjà, afin d'éviter les confusions.

- Arrête de te trouver des excuses Hermione, tu es pathétique.

- MOI JE SUIS PATHETIQUE ? MAIS TU T'ES REGAR…

- Excusez-moi…

Nous nous retournâmes tous les deux en direction de l'intrus qui se trouvait à l'entrée de notre salon.

- J'ai frappé plusieurs fois à la porte et comme je n'avais pas de réponse…

J'étais tellement ébahit par ce qu'il était en train de se passer que j'en restais sans voix. Drago Malefoy était dans mon salon.

- Alors je sais que c'est une violation de propriété et que vu ton poste… je… enfin...

Malefoy sembla soudain mal à l'aise face à notre silence, ce qui ne lui ressemblait absolument pas.

- Comment es-tu rentré ? Demanda finalement Ron en relevant quelque peu le menton et en resserrant la ceinture de sa robe de chambre.

J'imaginais qu'il essayait de se donner une contenance, mais c'était peine perdu. Il était en robe de chambre au beau milieu d'un samedi après-midi, ce qui signifiait qu'il n'avait encore rien fait de sa journée.

- Je sais que tu ne prends pas le temps de te renseigner sur l'actualité du monde magique, mis à part en ce qui concerne le quidditch, mais Malefoy est le nouveau directeur du département des transports magiques. J'imagine donc qu'il est l'un des seuls à pouvoir s'introduire absolument où il veut. Ce qui est dommage, ajoutai-je, c'est qu'il ce soit introduit chez la directrice du département de la justice magique. Vraiment dommage, insistai-je d'un ton exagérément mielleux.

- Ecoutez… Vous avez certainement oublié, mais je viens chercher mes clefs, dit Malefoy en se tordant nerveusement les mains.

- Quelles clefs ? Demandai-je brusquement.

- Celles de ma maison.

- Est-ce que je peux savoir, Malefoy, pourquoi est-ce que nous serions en possession des clefs de chez toi ? Demandai-je agacée.

Cette fois, il sembla complètement perdre ses moyens. Il nous regarda tour à tour, d'un air perdu. Il ouvrit finalement la bouche, mais aucun son n'en sortit.

- Si dans dix secondes je n'ai pas d'explication logique à ta présence chez moi, j'appelle la brigade de police magique afin qu'ils t'emmènent directement au ministère ! Parce que MOI, j'ai d'autres choses à faire ! J'ai un travail, des obligations, des dossiers urgents ! JE N'AI PAS LE TEMPS DE TRAINER EN PYJAMA LE WEEK-END! M'égosillai-je.

- Je voudrais juste…

Malefoy n'eut pas le temps de terminer sa phrase, que Ron intervint.

- Moi je, moi je, moi je… répéta Ron d'un ton sarcastique. On l'aura compris que tu as un travail Hermione. Et quel travail ! Olala…

- Tu ferais mieux de te taire Ron, si tu ne veux pas que je dise quelque chose de blessant devant Malefoy.

- Mais vas-y je t'en pris, montre donc à Malefoy celle que tu es vraiment.

- Je suis votre nouveau voisin, lâcha soudain Malefoy. Vous avez donné votre accord il y a quatre mois pour que je puisse vivre dans cette résidence sécurisée et c'était à vous de garder mes clefs jusqu'à aujourd'hui, le jour de mon emménagement. Je vais habiter la maison à côté de la vôtre.

Si j'avais été choqué de voir Malefoy faire irruption ainsi dans mon salon, je dû cette fois-ci me retenir au dossier du canapé pour ne pas m'effondrer.

- Je crois que c'est Weasley qui a apposé sa signature sur le document, ajouta-t-il d'un air incertain.

J'adressai un regard assassin à Ron, qui s'immobilisa aussitôt.

Suite aux nombreuses menaces que recevait toujours les plus hauts dirigeants du département de la justice magique, Ron et moi avions emménagé dans une résidence sécurisée hors de prix. Une protection très puissante était offerte à la trentaine de bâtisses, ainsi que la nécessaire approbation de tous les résidents face à une nouvelle demande d'emménagement. Ainsi, un seul « non » faisait office de véto. Toutes les maisons de la résidence avaient donc accordé à Malefoy le droit de vivre ici, Ron y comprit.

Constatant que je ne l'avais toujours pas lâché du regard, ce dernier finit par ouvrir la bouche.

- Je ne me souviens pas avoir signé, ne trouva-t-il qu'à répondre.

- C'est dommage parce que les faits sont ce qu'ils sont. Malefoy va être notre voisin et en plus c'est nous qui avons ses clefs. Ce qui veut dire que non seulement le nom de Malefoy ne t'a rien évoqué lors de la signature du document, mais qu'en plus, tu as coché la petite case pour te proposer de garder ses clefs jusqu'à son arrivée. Bravo ! Insistai-je en frappant dans mes mains.

- Ecoutez, je ne veux pas causer de problème… marmonna Malefoy. Je veux juste récupérer mes clefs…

- Tu ne veux pas causer de problèmes ? Bien sûr… Eh bien je te laisse te débrouiller avec Ronald ! M'exclamai-je en fonçant en direction du hall d'entrée.

Je passai devant Malefoy sans lui adresser un regard, récupérai mon sac posé sur le meuble de l'entrée et sortis de la maison en prenant soin de claquer la porte avec force.

J'avais beau avoir des journées de travail interminables, j'avais encore besoin de me rendre au ministère le week-end. Je devais cependant bien admettre que cela m'arrangerait d'une certaine manière, puisque j'avais une bonne raison de ne pas rester avec Ron chez nous.

En fin d'après-midi, alors que je buvais une tasse de café sur l'une des terrasses intérieures, je me m'y à repenser au jeune couple que Ron et moi avions formé douze ans auparavant. Aurions-nous pu éviter d'en arriver là ? Peut-être. La pression de notre travail avait accentué nos défauts. J'avais délaissé mon couple et Ron s'était laissé bouffer par sa jalousie et son manque de confiance en lui.

- Ca ne va pas ?

Je retirai mes bras de la rambarde sur laquelle je m'étais appuyée, pour me retourner.

- Je pensais à mon mariage, répondis-je.

Harry se contenta de déposer une main affectueuse sur mon épaule.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Poursuivis-je.

- Des dossiers à finaliser avant lundi et toi ?

- Pareil.

D'un signe de tête il me montra l'ascenseur et nous avançâmes dans sa direction.

- Tu penses que les choses auraient été différentes entre Ron et moi si nous avions eu un enfant ?

- Avoir un enfant ne règle jamais aucun problème, répondit Harry. Et c'est bien malheureux qu'autant de monde pense s'en sortir de cette manière. Tu auras un enfant lorsque tu seras prête et ça prendra le temps qu'il faudra.

- J'aurais surement passé plus de temps chez moi, commentai-je.

- Tu as de grosses responsabilités Hermione, un enfant n'y aurait rien changé. Tu es comme ça, profondément investi dans ton travail.

- Mais j'aurais pu…

- Arrête Hermione, me coupa Harry. Arrête de croire que tu as tous les tords dans cette histoire.

J'essuyai attifement une larme prête à couler le long de ma joue et nous montâmes dans l'ascenseur vide. Harry n'imaginait pas à quelle point j'étais en tord. Je ne méritais pas autant de clémence de sa part.

- Comment va Ginny ? M'enquis-je en retrouvant le sourire.

- Elle menace de casser ma baguette si je ne lui ramène pas tous les journaux de la semaine sur le quidditch. J'ai oublié hier soir…

Je ne pus que rire face à l'énergie dont faisait preuve Ginny, malgré ses sept mois de grossesse.
- Ca la rend folle de ne pas pouvoir bouger, ajouta Harry. Heureusement que James et Albus sont chez ses parents…

- Molly les garde souvent en ce moment dit donc. Ginny est si fatiguée que ça ?

- Le médicomage lui a juste dit de ne plus sortir de chez elle et d'éviter au maximum les déplacements. Mais tu connais Molly… Etant donné que Ginny est enceinte d'une fille, elle ne veut pas risquer le moindre problème, dit Harry amusé. Du coup, les garçons sont souvent chez elle quand je travaille.

J'adressai un regard attendri à Harry, malgré la jalousie grandissante que je ressentais à son égard. Harry et Ginny étaient plus heureux que jamais. Ils avaient réussi là où j'avais échoué.

Nous sortîmes de l'ascenseur au même étage et je suivis Harry jusqu'à son bureau. Il récupéra sur son bureau les nombreux journaux qu'il avait achetés pour Ginny et referma la porte à clef derrière lui.

- Je vais rentrer, tu veux venir ? Ca fera surement plaisir à Ginny de te voir.

- Elle va vouloir me parler de Ron et je ne suis pas sûre que…

- Nous n'en parlerons pas, c'est tout.

- C'est ce que nous avions dit la derrière fois, lui rappelai-je. Et Ginny a pesté contre lui pendant une heure, me demandant pourquoi j'habitais encore avec lui.

- Elle n'a pas tord, me fit remarquer Harry. Ca fait un an que vous avez décidé de vous séparer et pourtant, vous vivez encore ensemble. Et je sais que ce n'est pas par amour ! Tu n'as pas à te rendre coupable de tout. Si tu ne mets pas fermement Ron dehors, il ne partira jamais.

- C'est compliqué de divorcer Harry. On rompt un contrat de mariage tout de même.

- Compliqué ? Je te rappelle que je suis le chef des aurors. Je sais pertinemment quel contrat de mariage vous avez mis en place, puisque j'ai le même. Il n'y a pas de contrat plus simple à rompre puisque ce n'est pas vraiment un mariage.

Je détournai le regard.

Tous les aurors lorsqu'ils se mariaient devaient signer un contrat de mariage spécifique avec une séparation des biens totales. Il n'y avait aucun compte commun. Tout ce qui était à l'homme restait à l'homme et tout ce qui était à la femme, restait à la femme. C'était une manière de protéger les deux parties. Les Aurors pouvaient en effet être amené à par exemple simuler leur propre mort pour le bien d'une mission et ce pendant une longue période. Ils pouvaient également avoir besoin de changer d'identité et tout cela impliquait, qu'aucun Auror ne pouvait réellement être lié à quelqu'un. Ce n'était donc pas vraiment un mariage à proprement parlé puisque je n'étais absolument pas lié à lui juridiquement. C'était davantage symbolique.

- Vous n'avez aucun partage à faire, insista Harry. Votre maison est la tienne, c'est toi qui l'as payée ainsi que tout ce qu'il y a dedans. Il n'y a rien de compliqué.

- Ron va s'imaginer que je le rabaisse encore.

- Eh bien qu'il s'y fasse ! S'exclama Harry. Soit dure avec lui un bon coup. Il t'en voudra quelques temps et puis ça passera. Allez vient avec moi, ça va te faire du bien de voir Ginny.

Je fixai Harry pendant quelques secondes avant de finalement hocher la tête. Dans tous les cas, c'était toujours mieux que de rentrer chez moi et de voir Ron avachi sur le canapé un verre de whisky pur feu à la main, comme il en avait prit l'habitude ces derniers temps.

Cependant, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent face à nous, Drago Malefoy nous faisait face.

- Ah tu es là ! S'exclama-t-il à l'attention d'Harry en sortant de l'ascenseur. Tu as cinq minutes ?

- Eh bah dit donc… Cela fait seulement un mois que tu es le nouveau directeur du département des transports magiques et tu es là un samedi après-midi. Tu as déjà pris du retard ou tu fais du zèle ? S'enquit Harry avant de rire.

Malefoy se mit à rire à son tour, sous mon regard médusé. Depuis quand Harry et Malefoy s'entendaient-ils à ce point ? Non seulement ce crétin faisait irruption chez moi un samedi après midi me faisant la frayeur de ma vie, déménageait dans la maison juste à côté de la mienne, mais voilà qu'en plus, il riait avec mon meilleur ami.

- Je viens juste de faire le rapprochement entre les sorciers que tu cherches et des déplacements non-autorisés. Je te laisse le dossier, déclara Malefoy en lui remettant les documents entre les mains.

Harry le feuilleta rapidement et releva les yeux vers lui d'un air impressionné.

- Par Merlin, c'est eux ! C'est même sûr. Merci Drago, tu me fais gagner un temps précieux.

Cette fois, je crus bien que j'allais m'étrangler. « Drago ». Il l'appelait par son prénom ?

- Je dois partir là, ajouta Harry. Mais on en reparle lundi ? Ca te va ? J'aurais eu le temps de lire le dossier en entier comme ça.

- Oui pas de soucis, de toute façon je dois m'occuper de mon emménagement.

- Ah oui, c'est vrai. Mais ça ne devrait pas déjà être fait ?

Je vis Malefoy me jeter un bref coup d'œil provocateur.

- J'ai un petit problème de clef, se contenta-t-il pourtant de répondre.

- Vous avez des clefs ? S'enquit Harry surpris.

- C'est une clef qui déverrouille l'accès et désamorces toutes les protections installées, afin que je puisse officiellement en être le propriétaire. Dès que la clef sera dans la serrure, je pourrais mettre mes propres défenses en place et je n'aurais plus besoin de la clef.

Harry le fixa pendant quelques secondes avant de se tourner vers moi.

- C'est comme dans ta résidence, non ? Me lança-t-il.

Je serrais les dents à m'en faire mal, me contentant de hocher la tête.

- Bon allez, je vous laisse, dit précipitamment Malefoy. Je dois m'occuper de cette clef.

- Mais tu ne l'as toujours pas récupéré ? Insista Harry en fronçant les sourcils.

Je ne comprenais vraiment pas pourquoi Harry s'intéressait autant à cette histoire, mais je commençais à en avoir marre.

- Ron l'a perdue, lâchai-je alors.

Harry me dévisagea sans comprendre.

- Malefoy emménage dans ma résidence. Dans la maison juste à côté de la mienne et Ron a perdu les clefs qu'il était censé lui remettre. C'est bon maintenant Harry ? Ta curiosité est satisfaite ? Et vu que mon mari n'est pas capable de s'occuper du moindre petit truc, je vais finalement devoir rentrer chez moi et m'en charger !

- Futur ex-mari, corrigea Harry.

- Merci Harry, dis-je en le fusillant du regard. Tu veux peut-être envoyer une note de service à tout le ministère pour les informer de ma vie privée ?

- Désolé, marmonna-t-il mal à l'aise. Mais tu sais, Drago était déjà au courant que ça ne se passait très bien.

- Tu m'en diras tant, dis-je me tournant vers le concerné les mains sur les hanches, un sourire sarcastique accroché aux lèvres.

- J'ai entendu Ron Weasley en parler.

Je laissai échapper un ricanement totalement dénué d'humour.

- Il en a parlé à la pendaison de crémaillère d'Harry, ajouta-t-il.

- Si tu avais été là, je m'en serais souvenue !

Un silence de mort accueilli ma phrase et Harry et Malefoy échangèrent un étrange regard.

- Tu n'étais pas là Hermione, finit par me dire Harry au bout de quelques secondes.

- Si, j'étais là.

- Pas à celle de cette année, insista-t-il.

Je voulus répliquer mais après quelques secondes de réflexion je me rendis compte qu'en effet, je ne m'étais rendue à aucune soirée chez Harry durant l'année. Je me souvenais évidemment que Ginny et lui avaient déménagé il y a quatre mois, mais pas d'une quelconque invitation à une pendaison de crémaillère. Ils avaient visiblement oublié de m'inviter.

- Tu étais surmenée Hermione, on ne t'en veut pas de ne pas être venue.

- Vous ne m'avez pas invité.

- Si. Ron est venu seul car quand il t'a parlé de la soirée, tu lui as répondu que tu avais autre chose à faire que de t'amuser. Je pense que tu n'avais même pas compris que la soirée se passait chez nous.

Je portai la main à ma bouche, choquée. Harry avait certainement raison. Il ne me mentirait pas là-dessus.

Après quelques secondes d'un silence de mort, je relevai quelque peu les épaules, tirai sur ma jupe avec nervosité comme pour lisser des plis imaginaires et me tournai vers Malefoy.

- Je vais m'occuper des clefs. Je suis désolée Harry, je viendrais chez toi une prochaine fois.

J'appuyai sur le bouton de l'ascenseur pour le rappeler, tandis qu'Harry semblait réfléchir.

- Vous devriez y aller tous les deux et moi je me propose de passer chercher Ron avant. Vous les trouverez plus rapidement s'il n'est pas dans vos pattes.

- Je n'ai pas besoin de l'aide de Malefoy, répliquai-je aussitôt.

- Je pense que si, me contredit ce dernier. J'aimerais emménager au plus vite et ce sera toujours mieux de chercher à deux.

- Je passe chercher Ron, ne t'en fais pas, insista Harry.

Je me retins de le fusiller du regard, alors qu'il s'engouffrait déjà dans l'ascenseur, me laissant seule avec Malefoy.

Nous étions restés totalement silencieux jusqu'à ce que je passe le pas de ma porte d'entrée.

- Toi tu ne rentres pas, déclarai-je en voyant Malefoy tenter d'entrer à ma suite. Tu restes dehors et je te ferais signe quand j'aurais retrouvé tes clefs.

Malefoy bloqua cependant la porte que j'avais entrepris de refermer derrière moi.

- RON ? Appelai-je d'une voix forte.

Il n'y eu aucune réponse.

- Je te rappelle qu'Harry est venu le chercher, commenta-t-il.

- Je vérifiais qu'il était bien parti. Maintenant tu sors de chez moi !

J'attendis quelques secondes supplémentaires, mais Malefoy ne bougea pas, malgré le regard sévère que je lui adressais.

- Je te préviens que si tu es venu me gâcher la vie, je ne compte pas me laisser faire, déclarai-je d'une voix glaciale. Tes airs penauds, mal à l'aise et timides, ne trompent personne !

- Si, au contraire, répliqua-t-il d'un air particulièrement satisfait. Et tu devrais t'estimer heureuse que ce soit le cas.

- Que tu ais osé acheter la maison à côté de la mienne est déjà ahurissant, mais qu'en plus tu fasses ami ami avec Harry ! Je vois clair dans ton petit jeu et…

- Ce qui est ahurissant, me coupa Malefoy, c'est que l'idiot qui te sert de PSEUDO mari ait signé mon emménagement sans t'en parler. Si tu veux mon avis, il s'en souvient très bien et l'a fait exprès pour te mette hors de toi.

J'inspirai et expirai lentement dans le but de me calmer. Il essayait de me faire enrager et j'avais suffisamment de soucis avec Ron, pour ne pas ajouter une personne supplémentaire à l'équation.

- On va trouver tes clefs, tu rentreras chez toi et on ne s'adressa plus jamais la parole en dehors du ministère. D'accord ?

- Non, dit-il en refermant la porte d'entrée derrière lui.

- Comment ça non ? Répétai-je d'une voix un peu plus aiguë que la normale.

Malefoy me dévisagea d'un air indéchiffrable.

- Tu ne peux pas être à ce point dans le déni Hermione… Ce n'est pas possible…

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répliquai-je en posant mon sac sur le meuble de l'entrée.

J'en ouvris ensuite un à un les tiroirs afin de fouiller dedans. J'allais passer le week-end à retourner ma maison si c'était nécessaire, mais j'allais retrouver ces satanées clefs !

- Tu sais pourquoi j'ai choisi d'emménager ici ? Dans cette résidence ?

- Pour me gâcher la vie, comme tu l'as toujours fait à Poudlard. Et là, ça devient clairement du harcèlement Malefoy !

J'ouvris à présent l'armoire en face du petit meuble et la fouillai de fond en comble. Vérifiant même toutes les poches des différents manteaux et vestes susceptibles de renfermer les fameuses clefs.

- Je suis venu habiter ici parce qu'il était hors de question que je laisse mon enfant grandir loin de moi.

Je fis volte face.

- Tu as un enfant maintenant ? Toutes mes félicitations. Quelle est la malheureuse femme qui a fait un tel sacrifice pour toi ?

Malefoy m'attrapa soudain fermement par les épaules pour plonger son regard dans le mien.

- Mais je sais que tu es enceinte Hermione, alors arrête ! Tu as laissé ton test de grossesse positif dans la poubelle de ma salle de bain il y a deux mois. Si ce n'est pas un acte manqué ça !

- Alors d'un, je te ferais remarquer que je ne suis pas la seule femme à avoir posé les pieds chez toi. Pansy et Daphné venaient de temps à autre il me semble. De deux, tu fouilles les poubelles et c'est franchement dégoutant.

- Cela fait exactement deux mois qui tu ne m'adresses plus la parole. Coïncidence ? Je ne crois pas. Tu es enceinte Hermione et c'est mon enfant que tu portes, dit-il en me relâchant les épaules pour pointer mon ventre du doigt.

- Tu es complètement malade, dis-je en le contournant pour vérifier que les clefs n'étaient pas dans le bac à parapluie.

Je me dirigeai ensuite vers le salon, Malefoy sur mes talons.

- Mais quel est le problème Hermione ? Je ne comprends pas… C'est cette grossesse qui te met dans cet état ? Mais c'est la plus belle chose qui pouvait nous arriver ! On s'aime, on est marié et …

- Je suis mariée avec Ron, le coupai-je en faisant glisser mon doigt sur le meuble de la télévision du salon.

Il y avait de la poussière. Encore et toujours de la poussière. J'avais beau nettoyer, elle revenait à peine quelques heures après.

- Tu n'es pas mariée avec Ron. Pas juridiquement. Pour la directrice du département de la justice, je trouve ça bizarre que tu n'en ais pas conscience. C'est nous qui somment légalement mariés !

Il sortit presque aussitôt un carnet en cuire de la poche intérieur de sa veste et en sortit un papier plastifié vert foncé.

- REGARDE ! S'exclama-t-il. NOTRE ACTE DE MARIAGE ! DRAGO LUCIUS MALEFOY ET HERMONE JANE GRANGER ! NOUS SOMMES MARIES DEPUIS QUATRE MOIS !

- J'avais bu ce jour-là. On ne va pas remettre ça sur le tapis ! M'exclamai-je.

- Tu n'avais absolument pas bu, cela faisait un an qu'on se fréquentait dans le dos de Weasley.

- Je n'étais plus moi-même. C'est exactement comme si j'avais bu, je te signale. Tu as profité de mon état de faiblesse.

- Mais tu racontes n'importe quoi… lâcha Drago d'un air médusé.

Il se rapprocha de nouveau de moi, mais je m'écartai vivement de son contact.

- Regarde-moi Hermione, m'intima-t-il d'une voix douce.

Au lieu de ça, je me dirigeai vers la table basse du salon, dans le but de chercher entre les piles de magazines et de livres. Je n'eus cependant pas le temps de l'atteindre, que Drago m'attrapait par les épaules pour me forcer à lui faire face.

- On est ensemble depuis un an, alors que tu es encore avec Weasley. C'est mal, nous le savons tous les deux depuis le début. Tu as essayé de sauver ton couple, mais ça n'a pas marché. Tu as fais ce que tu as pu. Si nous nous sommes mariés il y a quatre mois en secret, ce n'est pas pour être méchants avec lui. C'était pour concrétiser notre amour avant que tu te sépares officiellement de lui. Tu étais censée lui demander de partir dès la semaine suivante, mais comme M. Weasley n'était pas prêt, tu as décidé de lui accorder un peu plus de temps. Je me trouve déjà bien compréhensif. Alors explique-moi pourquoi tu as disparu depuis deux mois ? A cause du fait que tu es enceinte ? Mais quel est le problème ? Nous sommes mariés, nous nous aimons, nous allons vivre ensemble ! N'est-ce pas la suite logique ?

- Je ne suis pas enceinte.

- D'accord ! S'exclama Drago en me relâchant pour lever ses bras en l'air. Je lance un sort pour vérifier.

Il sortit presqu'aussitôt sa baguette, mais que je le menaçai déjà de la mienne.

- Tu n'as pas intérêt.

- De quoi as-tu peur au juste ? Que je vois que tu es belle et bien enceinte ?

- Qui te dit qu'il est de toi ? Hein ?

Je le vis baisser légèrement sa baguette.

- Tu mens, je sais qu'il est de moi.

- Il est de Ron !

Le visage de Drago se décomposa lentement, tandis que je savourais silencieusement ce moment. Il finit par se reprendre et fit quelques pas dans ma direction.

- Ce n'est pas grave s'il est de lui, je l'aimerais quand même. Je l'aimerais autant que s'il avait été le mien, insista-t-il en se rapprochant de moi.

- NE ME TOUCHE PAS ET AIDE MOI PLUTOT A CHERCHER TES PUTAINS DE CLEFS ! Hurlai-je.

Etrangement, Drago n'ajouta rien et se mit à chercher à son tour. Il regarda sous le tapis entre les deux canapés, inspecta les contours de la cheminé, regarda dans les vases et même entre chaque livre de la bibliothèque. Nous cherchâmes pendant une heure dans un silence complet, faisant toutes les pièces du rez-de-chaussée, sans succès.

Lorsque je revins dans la cuisine, Drago était assis sur l'une des chaises autour de la grande table centrale, droit comme un « i ». Il ne se retourna même pas vers moi lorsque j'ouvris la porte de l'un des placards pour en sortir un verre que j'allais remplir au robinet.

- En fait, tu ne veux pas d'enfant, lâcha-t-il.

Je ne répondis pas, me contentant de fixer les carreaux du mur face à moi.

- Je sais que tu as gardé l'enfant, parce que tu es dans un tel déni, qu'aller te le faire retirer t'aurait obligé à prendre conscience de ta situation. Tu sais que ton état ne va pas tarder à se voir ? Ton ventre finira par grossir. Qu'est-ce que tu diras aux autres ?

- Je ne vais rien dire aux autres, parce qu'il n'y a absolument rien à dire. Maintenant, vu l'heure, j'aimerais bien que tu rentres chez toi avant que Ron arrive.

Drago leva les yeux pour consulter l'horloge près de la porte de la cuisine. Il était vingt-heures. A peine une seconde après, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Ron revenait ! Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit qu'il déboula dans la cuisine, accompagné d'Harry.

- Qu'est-ce qu'il fait là ? S'enquit-il presque aussitôt.

- On cherche les clefs que tu as perdues, répliquai-je avec humeur.

- Et vous les avez trouvées ? Demanda Harry.

- Non, répondit Drago. Et d'ailleurs je suis fatigué, je vais aller dormir chez un ami et on reprendra les recherches demain.

- « On » ? Répétai-je. Je n'ai absolument pas besoin de toi Malefoy. Je peux très bien m'en charger toute seule.

- Vous avez essayé avec un Accio ? Demanda Ron.

Je ne pris même pas la peine de lui répondre. J'avais l'impression qu'il faisait expert de se complaire dans son rôle d'idiot.

Une fois Drago parti, j'avais demandé à Harry s'il pouvait rapidement me donner son avis sur l'un de mes dossiers et Ron était monté se coucher. Alors qu'Harry s'était installé à la table de la cuisine dans l'attente, il comprit finalement qu'il n'y avait en fait aucun dossier sur lequel travailler.

- Tu voulais me parler de quelque chose ? Demanda-t-il intrigué.

- Depuis quand t'entends-tu bien avec Malefoy ?

Il eut l'air vraiment surpris par ma question.

- Je ne sais pas trop, avoua-t-il. Peut-être deux ans ou trois ans.

Etais-je si prise par mon travail que je ne remarquais même pas ce genre de chose ? Etais-je à ce point centrée sur moi-même comme Ron me le reprochait continuellement ?

- Mais vous êtes amis ? Insistai-je. Je veux dire… Tu l'as tout de même invité à ta pendaison de crémaillère.

- Il est très différent du Drago qu'on connaissait à Poudlard.

- Je sais.

- Je sais que tu sais.

La phrase d'Harry me cloua sur place.

- Je vois bien la manière dont il te regarde. Et puis le comportement que tu as envers lui au ministère… A Poudlard tu faisais du mieux que tu pouvais pour l'ignorer quand il était dans le coin. Et tu l'ignore aussi maintenant, mais d'une manière différente. Tu ne lui adresses jamais le moindre regard. Tu es fuyante avec lui.

Je me contentais de fixer Harry, attendant qu'il poursuive, le cœur battant.

- Au fond de toi, tu sais qu'il a changé, qu'il fournit un travail incroyable au ministère. Il est impliqué, sérieux et honnête. Pourtant, tu persistes à le détester par principe, alors que lui, il semble être dans l'attente de ton estime.

- Je ne le déteste pas, répondis-je.

- Tant mieux. Vous êtes tous les deux directeurs d'un département du ministère et tout ce qu'il attend c'est un peu de reconnaissance de ta part. Depuis que je suis le chef des Aurors, j'ai assisté avec vous à certaines réunions. A chaque fois qu'il dit quelque chose d'important, qu'il résout un problème, son regard ne se porte pas sur le ministre de la magie, mais sur toi. Il guète ta réaction. Ce qui veut dire que c'est ton avis qui a le plus d'importance pour lui, parmi tous les sorciers présents. Et toi de ton côté, tu évites soigneusement son regard. Tu ne l'as pas regardé une seule fois pendant ces réunions, même lorsqu'il avait la parole.

- Je vois que tu es très concentré sur les sujets qu'on aborde lors de ces réunions, commentai-je d'un faux air sévère.

- Je suis capable de faire plusieurs choses en même temps, répliqua-t-il mi-amusé, mi sérieux.

Nous restâmes silencieux pendant quelques secondes.

- Je dois y aller Hermione, Ginny doit m'attendre.

Il se leva et je l'accompagnai jusqu'à la porte d'entrée.

- Drago gagne à être connu. Vraiment. Je ne te demande pas d'être amie avec lui, mais laisse-lui une chance. Laisse-lui la chance d'avoir ton estime au même titre que les directeurs des autres départements du ministère. Tu le traites d'une manière totalement injuste.

FLASH BACK – Un an plus tôt

J'avais attendu qu'il soit vingt-et-une heures passées pour rejoindre le bureau du directeur des transports magiques. Je savais que M. Kepler serait déjà parti mais que Drago Malefoy, son adjoint, y serait encore. Ce fut donc lui qui m'autorisa à entrer après que j'ai frappé à la porte.

- Mlle Granger, me salua-t-il.

- Madame, corrigeai-je.

- Tu n'es pas mariée juridiquement, répliqua-t-il avec un sourire provocateur.

- M'appeler « Madame » n'a de toute façon rien à voir avec mon statut matrimonial.

- Je sais. C'est davantage une marque de politesse et de respect. J'aime juste avoir l'occasion de te rappeler que tu es libre de fréquenter qui tu veux.

Il se leva de sa chaise et contourna son bureau pour me faire face.

- C'est moi que tu veux. Je le sais et tu le sais. Weasley n'est que ton colocataire.

- Je suis venu t'apporter ce dossier, déclarai-je en lui tendant les documents en question.
- On va se tourner autour encore longtemps ? Je sais que tu fais exprès de venir une fois que Kepler est parti. Ca fait déjà deux fois cette semaine.

- J'ai beaucoup de travail, je viens dans votre bureau dès que j'ai le temps.

Drago attrapa finalement le dossier que je lui tendais, mais n'y jeta pas le moindre coup d'œil. Au lieu de ça, il le laissa tomber sur son bureau derrière lui.

- Weasley et toi ne vous aimez plus et j'ai appris aujourd'hui même que vous alliez vous séparer.

- Tes sources sont mauvaises, mentis-je.

Drago s'approcha quelque peu de moi et posa précautionneusement sa main sur ma hanche.

- Je peux savoir ce que tu fais ? Demandai-je d'un ton autoritaire sans pour autant de me dégager de son contact.

Sa main s'encra davantage dans ma peau pour m'attirer à lui et il approcha sa bouche de mon oreille.

- Tu peux m'embrasser si tu veux, souffla-t-il.

Je ne répondis pas, malgré mon cœur battant la chamade.

- Tu sais quelle est la différence entre Weasley et moi ? Lui il ne supporte pas ton succès, ton intelligence, ton pouvoir au sein du ministère. Moi, ça me motive. Je me demande tous les jours comment je pourrais me hisser à ton niveau, faire aussi bien que toi. Et dans un an ce sera chose faite. Je serais le directeur du département des transports magiques et je pourrais enfin ôter de ton visage ce petit air supérieur.

- Je n'ai pas de petit air supérieur.

Drago plongea son regard dans le mien et un sourire satisfait étira la commissure de ses lèvres.

- Embrasse-moi, murmura-t-il.

C'était à un cet instant que tout avait basculé et c'était de ma faute. C'était moi qui avais mis fin à l'espace restant entre nos deux corps. C'était moi qui avais avancé mes lèvres jusqu'aux siennes.

FIN DU FLASH BACK

La porte de ma chambre s'ouvrit soudain avec fracas et je me réveillai en sursaut. Ron se tenait face à moi et semblait près à exploser.

- Tu crois que je ne t'entends pas ! S'exclama-t-il.

Je me redressai dans mon lit quelque peu surprise.

- Qu'est-ce que tu as à rêver de Malefoy ? Je t'entends l'appeler « Drago » dans ton sommeil et ce n'est pas la première fois !

- Va te coucher Ron. Tu racontes vraiment n'importe quoi.

- Bien sûr… je raconte n'importe quoi. Je raconte toujours n'importe quoi, hein ? Parce que je suis bête.

- Va te coucher, répétai-je d'une voix plus ferme.

- Je te signale que l'idiot du village est le seul à avoir compris ce qu'il se passait, figure-toi. Tu crois que je ne sais pas pour Malefoy ? S'il a pu rentrer chez nous aujourd'hui malgré toutes les protections que nous avions mises en place, c'est parce qu'il était déjà venu !

- BON ÇA SUFFIT RON ! M'exclamai-je en sortant de mon lit pour lui faire face.

J'attrapai ma baguette magique et la pointai sur lui.

- J'en étais sûr ! S'exclama-t-il d'un air ahuri. Quand tu t'énerves comme ça c'est que tu es en tord. Tu complotes avec lui !

- Quoi ?

- Je ne me souviens pas avoir signé le moindre document pour son emménagement ici parce que c'est toi qui l'as fait ! Tu manigances ça depuis le début. C'est quoi la suite ? Faire en sorte que Malefoy face de ma vie un enfer pour que je parte de chez moi ? Tu crois que je vais partir parce que c'est notre voisin ?! Je n'aurais jamais pensé que tu serais prête à un jour t'allier avec cette fouine pour…

- JE NE COMPLOTE ABSOLUMENT RIEN AVEC MALEFOY ET JE N'AI SIGNE AUCUN DOCUMENT ! ENSUITE, JE NE VOIS PAS COMMENT MALEFOY AURAIT DEJA PU VENIR ICI SANS QUE TU LE VOIS, ETANT DONNE QUE CELA FAIT DES MOIS ET DES MOIS QUE TU NE BOUGES PAS DE LA MAISON ! CA FAIT UN AN QU'ON A DECIDE DE SE SEPARER ET J'AI ETE PLUS QUE PATIENTE DONC MAINTENANT TU T'EN VAS PARCE QUE ICI C'EST CHEZ MOI ! TU FAIS TA VALISE ET TU SORS ! TU AS DIX MINUTES ! Hurlai-je.

- Quoi ? Non mais attends, je…

- DEPECHE-TOI ! Hurlai-je de plus belle.

Ron était parti. Enfin. Et pourtant je ne parvenais pas à me calmer. Il était quatre du matin et je ne m'étais pas recouchée. Au lieu de ça, je cherchais les clefs à l'étage supérieur. Là où nous n'avions pas eu le temps de fouiller avec Drago. Elles restaient cependant introuvables, si bien que je me demandais si Ron n'était pas délibérément parti avec, une heure plus tôt. Pourtant il fallait que je les retrouve pour pouvoir passer à autre chose. Il me fallait juste ces clefs et tout rentrerait enfin dans l'ordre. J'avais besoin de les trouver. Alors que je réfléchissais à quels endroits j'avais pu oublier de les chercher, je me laissai tomber sur la première marche des escaliers en marbre de l'étage supérieur. La marche en question était fissurée et Ron ne l'avait jamais remarqué. Pourtant elle n'avait pas toujours été comme ça.

FLASH BACK – 4 mois plus tôt

- Tu es sure que c'est ce que tu veux ? Insista Drago.

- C'est ce que tu veux toi.

- Je te demande ce que TOI tu veux. On s'en fiche de ce que je veux.

- Je veux ce que tu veux, insistai-je en lui adressant un sourire.

Drago m'observa pendant quelques secondes avant d'exploser de rire.

- Je me demande depuis quand on est devenus aussi mielleux et ridicules, fit-il en levant les yeux au ciel. On va se marier parce que je le veux et qu'on fait toujours ce que je veux de toute façon. Donc on maintient notre mariage demain, Weasley sera parti d'ici une semaine et on déménagera.

- Quoi ? On ne déménagera certainement pas, répliquai-je. J'adore cette maison !

- J'ai dit qu'on faisait ce que je voulais, donc si, on déménagera. Je ne vais pas vivre ici alors que tu y es restée un siècle avec Weasley !

- Alors on reste dans cette résidence.

- Il y a une maison de disponible ? S'enquit-il en s'appuyant sur la rambarde des escaliers.

Je secouai cependant la tête.

- Ce n'est pas grave, je règlerais le problème.

- Ah oui et comment ? Demandai-je amusée.

- Je suis Drago Malefoy, j'obtiens toujours ce que je veux. Tu devrais le savoir.

Je m'approchai de lui pour l'embrasser et il me serra affectueusement contre lui. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi heureuse. Tellement longtemps. Drago comprenait ce que Ron n'avait jamais voulu saisir. Ma vie professionnelle était l'une des choses les plus importantes pour moi et Drago ne s'offusquait jamais que je termine tard. Il savait qu'il passerait toujours après mes obligations professionnelles et c'était pareil de son côté.

- J'ai quelque chose pour toi, dit-il en s'écartant quelque peu de moi.

Il sortit un mouchoir en tissu de sa poche et l'ouvrit avec précaution. Cependant, il n'y avait rien à l'intérieur et j'arquai un sourcil interrogateur.

- J'ai acheté ce cadeau une fortune, expliqua-t-il. Et tu sais pourquoi ça m'a couté une fortune ?

- Il n'y a rien, dis-je en jetant un nouveau coup d'œil au mouchoir.

- Alors à ton avis, comment ce « rien » a-t-il pu coûter aussi cher ? Insista-t-il.

Je ne répondis pas, attendant qu'il poursuive. Il semblait jubiler.

- Parce que je peux lui donner exactement la taille que je veux, ce qui est normalement impossible.

- La taille de quoi ? Du mouchoir ? Je ne comprends pas.

Drago se contenta de me sourire et pointa sa baguette sur le mouchoir.

- Amplificatum !

La catastrophe arriva en une seconde. Drago s'était laissé submerger par ses émotions et un énorme bloc brillant s'écrasa sur les escaliers en marbre, fissurant la première marche.

- Mince ! S'exclama Drago d'un air affolé.

Il tenta de remédier à son erreur, mais je l'arrêtai en posant ma main sur son bras.

- Tu as vraiment dû payer ça une fortune en effet, commentai-je d'un air abasourdis. Mais Drago… Tu te rends compte ?!

Il m'adressa un sourire attendri.

Face à nous se dressait une bague en diamant. La plus belle bague que je n'avais jamais vue. La plus grosse également, puisqu'elle faisait la taille d'un gros fauteuil. Si l'éclat du diamant m'émerveillait, ce n'était pas tant sa taille qui était incroyable, vu qu'il s'agissait juste d'une erreur de Drago en lançant le sortilège. C'était plutôt la possibilité de pouvoir changer sa taille. C'était normalement totalement impossible. Je voulais donc bien le croire quand il disait que cela lui avait coûté une fortune. Heureusement, Drago finit par lui redonner une taille plus convenable.

- Drago, réduit encore un peu s'il te plaît, dis-je en observant la bague à mon annulaire. C'est très lourd.
- Comment ça c'est lourd ?! S'exclama-t-il offusqué. Tu as la plus belle bague au monde et tu la trouves lourde ? Je veux que tout le monde puisse voir que…

- Tu sais que je ne vais pas pouvoir la porter tout de suite, hein ? Dis-je d'une petite voix.

- Oui, je sais. Je parlais pour après. On garde cette taille.

- Drago, ne fais pas l'enfant, insistai-je amusée. Un tout petit peu moins grosse, sinon je risque une entorse au doigt.

- On est des sorciers, on réparera ton doigt, dit-il en secouant sa baguette magique d'un air satisfait.

- Drago !

Il soupira exagérément et entreprit finalement de réduire la taille de la bague.

- Parfait ! M'exclamai-je en l'arrêtant. C'est parfait. Elle est vraiment magnifique… Merci, dis-je en plongeant mon regard dans le sien.

- J'imagine que du coup, tu me pardonneras pour tes escaliers ?

Je baissai les yeux jusqu'à la marche sous nos pieds qui s'était fêlée sous le poids du diamant.

- Ce sera notre petit secret, soufflait-je avant de l'attirer à moi pour l'embrasser.

FIN FLASH BACK

Ma vie n'avait plus été aussi calme depuis très longtemps. Cela faisait un peu plus de deux semaines que Ron était enfin parti de chez moi et Drago n'était pas ré-intervenu une seule fois dans ma vie. Il ne m'avait même pas accordé le moindre regard au ministère lorsque nous nous étions croisés à plusieurs reprises. Néanmoins, bien que je sois satisfaite de ce renouveau de calme dans ma vie, je ne pouvais pas m'empêcher de trouver ça louche étant donné que Drago n'avait toujours pas récupéré ses clefs. Avait-il trouvé une solution pour tout de même entrer dans sa nouvelle maison ? Il y avait en effet, certainement des dispositions de prévues en cas de perte de clefs. J'écartai légèrement le rideau de la fenêtre de ma cuisine pour jeter un œil à sa maison plongée dans l'obscurité de la nuit. Il n'y avait aucune lumière provenant de chez lui, tout comme les précédents jours. Prévoyait-il finalement de laisser de côté cette stupide idée d'habituer à côté de chez moi ?

Alors que j'allais rabattre le rideau que j'avais écarté, une lumière éclaira soudain l'une des pièces du rez-de-chaussée de sa maison. Je distinguai deux silhouettes dans le salon et après quelques secondes, je reconnu finalement Drago. Il avait pu rentrer chez lui. La deuxième silhouette semblait être une femme, mais je ne parvins pas à la reconnaître étant donné qu'elle était de dos. Je distinguais seulement des cheveux bruns.

- Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? Me demanda Ginny.

Je sursautai, quelque peu gênée d'avoir été prise sur le fait.

- Il est là. Ca y est, déclarai-je en me tournant vers elle.

- Tu parles de Malefoy ? C'est lui que tu espionnes ? Ajouta-t-elle visiblement amusée par cette idée.

- Il vient pour me narguer.

- Comment ça te narguer ?

- Il savait très bien que je ne voulais pas de lui dans cette résidence et il le fait simplement pour me mettre hors de moi.

- Le fait que Malefoy ait envie d'habiter dans ce genre de résidence est normal, dit Ginny en s'appuyant sur le dossier de l'une des chaises de la cuisine. Je reverrais d'en avoir les moyens. Tout est beau. Même votre ciel à l'air plus bleu.

- Je sais que tu ne peux pas comprendre, mais tout ce qu'il fait est tourné contre moi.

Elle m'incita à poursuivre d'un simple signe de la tête.

- Il s'intéresse à moi, soufflai-je à voix basse. Je le sais, il me fait des avances et il ne veut pas comprendre que je ne suis pas intéressée.

Ginny me fixa d'un air étrange pendant quelques secondes, avant d'exploser de rire.

- Je suis ravie que cette situation te fasse rire, répliquai-je piquée au vif.

- Excuse-moi, fit Ginny en tentant de reprendre son sérieux, mais tu es sure qu'on parle bien de Drago Malefoy là ?

Je hochai la tête d'un air déterminé.

- Je pense que tu t'es méprise sur ses intentions. Peut-être qu'il essaye juste d'être un minimum agréable avec toi dans le cadre du ministère. C'est de Malefoy dont on parle, vous n'avez rien à voir et rien à faire ensemble. Je ne remets pas en question toutes tes qualités, ajouta-t-elle précipitamment, mais tu n'es vraiment pas son genre. Alors je l'imagine mal te faire des avances.

- Ah oui ? Répliquai-je d'une voix un peu plus aiguë que la normale. Et qu'elle est son genre alors ?

- Eh bien sa future femme par exemple.

Je crus que j'allais lâcher le verre que je tenais à la main.

- Sa future femme, répétai-je d'une voix que je voulais calme. Et qui est-ce ?

- Astoria Greengrass. Je ne sais pas si tu vois qui c'est.

Oh si, je voyais pertinemment de qui il s'agissait. Une grande brune à la silhouette longiligne. Elle avait de magnifiques cheveux soyeux, de grands yeux légèrement en amande et un air particulièrement pincé. Presque qu'autant que sa poitrine dans les chemisiers trop étroits qu'elle portait toujours.

- Je ne sais pas d'où tu tiens tes informations, mais Malefoy ne va pas se marier. Tu dois faire erreur.

- Harry a reçu un faire-part.

Je posai si brusquement le verre que je tenais à la main sur la table, qu'il se renversa sur la nappe blanche. Drago était vraiment prêt à tout, c'était incroyable. S'il croyait que j'allais être jalouse et rappliquer aussi sec, il faisait erreur. Sa tentative était parfaitement pathétique.

Je relevai les yeux vers Ginny qui me fixait avec hébétude.

- Et de quand date ce fameux faire-part ? Hier ? Demandai-je en étirant légèrement la commissure de mes lèvres.

- Je ne sais pas exactement, répondit Ginny qui me fixait toujours d'un air étrange. Peut-être un moi et demi.

Un moi et demi. La réponse de Ginny résonna dans ma tête pendant plusieurs secondes. Ou peut-être pendant plusieurs des minutes.

Un moi et demi.

- C'est impossible, répondis-je tout de même.

- Et pourquoi ça ?

- Malefoy me fait des avances, donc soit il n'est pas honnête avec sa future femme, soit il ment concernant ce soit disant mariage. Ce qui me parait beaucoup plus plausible.

- Mais pourquoi mentirait-il ? S'enquit Ginny. Explique-moi pourquoi tu te mets dans un état pareil ? Tu pensais que Malefoy te faisait des avances, mais il va se marier ! Tu devrais être rassurée.

- Je te dis qu'il ment. Il ne va pas se marier. Il essaye juste de me rendre jalouse et de m'avoir.

Ginny se leva de la chaise sur laquelle elle s'était assise et plongea son regard dans le mien.

- Tu es surmenée Hermione et je pense que ta séparation avec Ron n'aide pas. Malefoy n'échafaude aucun plan pour te faire croire qu'il va se marier dans l'unique but d'attiser ton intérêt. Ce serait complètement débile. Surtout que ce n'est pas comme si vous aviez été ensemble pendant trois ans, qu'il t'avait demandé de l'épouser et que tu avais répondu non. Mais dis-moi si je me trompe, insista-t-elle d'un air entendu.

Je me contentai de secouer la tête.

- Voilà, dit-elle d'une voix plus douce. Donc repose-toi Hermione et arrête de penser au fait que Malefoy habite à côté de chez toi. Ca fait deux semaines qu'il y est et ce n'est pas contre toi. Il veut juste passer sa vie avec celle qu'il aime et ce, dans une belle maison.

Ginny attrapa son sac, fouilla dedans et en ressortit une enveloppe qu'elle me tendit.

- Tiens, ils nous ont envoyé ça il y a deux semaines, dit-elle.

A l'intérieur il y avait une photo que j'observai avec attention. Drago se tenait aux côtés d'astoria, souriant de toutes ses dents, un bras enroulé autour de ses épaules. La belle brune semblait encore plus heureuse si c'était possible et ne cessait d'agiter élégamment sa main, mettant en lumière la bague qu'elle portait à son annulaire gauche. Mes doigts se crispèrent aussitôt sur la photo et j'y collai pratiquement mon nez.

Astoria portait ma bague.

Je relevai lentement les yeux de la photographie. J'avais fouillé ma maison de fond en comble à la recherche des clefs de Drago et je pris brusquement conscience d'une chose que je n'avais pas vue non plus. Ma bague ! Je me ruai en direction du salon et du meuble où je l'avais précautionneusement cachée quatre mois plus tôt. Cela avait été la cachette idéale puisque ce meuble ne renfermait que de belles nappes et serviettes, destinées aux occasions particulières. Ron n'aurait jamais eu l'idée d'en ouvrir l'un des tiroirs. Cependant, j'eus beau vider entièrement le contenu des tiroirs, sous l'œil médusé de Ginny, il n'y avait plus aucune trace de ma bague de fiançailles. Et pour cause, c'était Astoria qui l'avait à présent au doigt.

Drago n'était pas venu chercher ses clefs il y a deux semaines. Il avait d'ailleurs certainement dû les avoir depuis le départ. C'était la bague qu'il était venu me reprendre. Ma bague.

Non, je n'ai toujours pas de nouvel ordi ahah. Mais cela fait un mois que je reste plus tard au travail dès que je peux, pour pouvoir vous écrire une petite OS, à défaut d'un nouveau chapitre pour Le Triangle du sang. Je suis actuellement chez ma tante et je me suis enfermée dans son bureau, avec toute la politesse dont je suis capable, pour publier tout ça. Comme vous l'aurez compris c'est une OS en deux chapitres et j'espère qu'elle vous plaira !