Yo ! Et voici un chapitre qui a su se faire attendre … Alors que Laemia l'a corrigé depuis un bail …
Hm. Mais voilà j'espère qu'il vous plaira ! Merci à Loir pour sa review, et à Laemia pour sa correction (et ses petites réactions dans le texte) !
Bonne lecture !
You know I'm no good
Chapitre 5 : You know I'm no good
Meet you downstairs in the bar and hurt,
Your rolled up sleeves and your skull t-shirt
You say "What did you do with him today ?"
And sniffed me out like I was Tanqueray.
(Amy Winehouse)
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26 avril
« Et tu voulais pas y aller avec lui ?
—Les partiels approchent, et je sais que si j'avais décidé de passer les vacances avec Demyx, j'aurais pas pensé à bosser une seconde.
—M'est avis que même si tu avais essayé, il ne t'aurait pas laissé faire. »
Axel séchait un verre en contemplant la salle. Il n'y avait pas foule, pourtant, c'était une belle journée de milieu de vacances. Demyx était reparti en Bretagne pour voir sa famille, et avait bien entendu proposé à Roxas de l'accompagner. Mais bon. Après cette année, il aurait fini sa licence, et il avait prévu de faire une année de césure tranquille en bossant avec Yuffie et en faisant plusieurs stages à Wutaï, il n'avait pas franchement envie de redoubler. Il lui restait moins d'un mois, et, magie, sa fac ne leur octroyait même pas une semaine de révisions. Il devait mettre ses vacances à profit pour réviser au maximum, et si nécessaire harceler Yuffie pour qu'elle lui fasse bosser son oral.
Mais, s'il avait décidé de travailler d'arrache-pied, pourquoi se retrouvait-il au comptoir d'un bar à faire la conversation avec Axel ? La réponse étant : la vaisselle. Il était venu ici pour travailler sans s'arrêter toutes les cinq minutes pour aller jusqu'à l'évier, contempler les piles d'assiettes et puis revenir sans avoir avancé, mais en ayant oublié tout ce qu'il venait de lire. Et, au cas où quiconque voudrait se moquer, il avait effectivement travaillé. Il était là depuis trois heures et venait d'enchaîner des exercices de grammaire et d'écriture, alignant les tableaux de morphologies avec les quelques verbes irréguliers et les règles de nominalisation. Alors sa pause, il la méritait.
« Tu prévois rien d'autre ? Tu vas pas voir tes parents ? »
Roxas tordit la bouche, pensif. Il y avait songé mais n'avait pas vraiment le courage de prendre le train. De toute façon, quand il aurait fini ses examens, il se laisserait redevenir un gosse et passerait au moins une semaine complète à ne rien foutre dans la maison familiale. Après, il se rendrait compte que ça n'était franchement pas cool et se mettrait à aider à débarrasser et ce genre de choses, mais rien qu'une semaine sans vaisselle ni cuisine lui paraissait paradisiaque.
« Et toi ? Le café ferme pas pendant les vacances ?
—Nope. Mais j'aurais des congés fin mai pour aller passer mes partiels. »
Roxas sentit ses sourcils se froncer.
« T'es à la fac ?
—Ouais, j'ai recommencé cette année. Je suis en Licence pro de management, à distance. Y a qu'une seule fac qui aie accepté ma dérogation, du coup je me suis inscrit là-bas et je suis les cours en ligne, mais il faut que j'y aille au moins pour les examens.
—Pourquoi du management ?
—Bah, en gros, le proprio a plus ou moins dit que quand il vendra le café, si je veux l'acheter, il cherchera pas plus loin. Ça me tente à fond, mais je peux pas me lancer dans la gestion d'un commerce si j'ai pas les connaissances de base.
—Attends, ça fait combien de temps que tu bosses ici ? Tu sais comment ça se passe, non ?
—Bah c'est pas moi qui m'occupe de l'administratif, de la fiscalité de l'établissement et tout, donc j'y connais rien. L'année dernière, tu me montrais le livre de comptes je le regardais avec des yeux de merlan. »
Ça fit sourire Roxas. Axel avait de la chance, tout de même, de déjà savoir ce qu'il voulait faire de sa vie. Lui … Il n'avait pas de salaire, vivait aux crochets de ses parents, avait presque un diplôme mais n'était pas bien sûr de ce qu'il voulait en faire. L'année de césure l'aiderai à réfléchir, sûrement. Il pourrait continuer en Master pour approfondir la linguistique et essayer de se lancer dans la traduction, ou bien faire du droit international, ou même changer de voie. Il ne savait pas ce qu'il avait vraiment envie de faire.
« Ça va ? Tu fais une drôle de tête. »
Roxas reposa son chocolat sur la coupelle pour regarder le roux.
« Ouais. C'est les partiels, ça me fait déprimer à chaque fois.
—Bah, il te reste du temps. Et je suis sûr que tu vas les avoir.
—C'est pas vraiment ça. C'est plus que … je sais pas où je vais, avec ce diplôme. Jusqu'ici j'écartais la question en me disant, d'abord, tu termines ta licence et après tu verras, d'abord tu te concentres sur tes partiels, tu vois ? Et là, c'est presque fini et je me demande si j'ai pas fait tout ça pour rien.
—On fait pas les trucs pour rien. Même si au final tu continues pas là-dedans, t'auras appris des trucs. Et sans ta fac, tu serais jamais entré dans ce café, pas vrai ? Moi, j'suis content que tu nous aies rencontrés. »
Roxas faillit répondre que franchement, quatre ans de galère juste pour une rencontre, ça ne valait pas le coup, mais se retint. Il était content, lui aussi, et si jamais Axel et Demyx étaient la seule chose qui lui restait de ses études, il n'en serait pas gêné.
« Y a une vieille pote de lycée à Dem' et moi qui joue ce soir dans un bar. Ça te branche ?
—Une qui était dans votre groupe ?
—Ouais, la batteuse. Demyx t'a peut-être parlé d'elle, c'est Larxène.
—Ton ex ? »
Axel haussa un sourcil, se demandant tout ce que ces deux-là avaient eu le temps de se dire.
« Ouais, mon ex. Alors ?
—Y a les cours …
—On n'est que lundi, et t'as bossé toute la matinée. Allez, ça va t'aider à déstresser un peu. »
Bon gré mal gré, Roxas accepta. S'il se souvenait bien le groupe d'Axel et Demyx alternait entre répertoire punk, rock et morceaux originaux. C'était très loin de son genre de prédilection, mais ça pourrait lui plaire.
« D'accord. C'est où ?
—À l'Oubli pas loin du métro Porte de Lune, tu vois ?
—Tout au Sud, avant la banlieue ? »
Axel acquiesça, et soudain pris d'un regain d'énergie, Roxas paya le chocolat et fila chez lui, faire la vaisselle.
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« Alors, qu'est-ce que t'en as pensé ? »
Roxas jeta un regard étrange à Axel, un peu sonné.
« Euh … J'ai mal à la tête. »
Le grand rouquin partit d'un éclat de rire et tendit une pinte de bière au blond.
« On va monter un peu, Larxène viendra bientôt. »
Le blond fronça les sourcils pour qu'Axel répète, mais ce dernier avait déjà pris la direction des escaliers et il le suivit sans poser de question – ils pourraient s'entendre une fois en haut.
Il fit attention à ne renverser son verre sur personne, et fut soulagé de voir qu'Axel avait réussi à leur trouver deux tabourets à côté d'un tonneau. Il fit signe au blond de se taire et, ouvrant la fenêtre, s'alluma une cigarette.
« T'as le droit de fumer là ?
—Nan, mais le barman me fera pas chier, j'viens souvent. C'est mon petit plaisir. Si ça dérange quelqu'un, on vient me le dire et j'arrête. »
Roxas opina et quand le roux lui tendit un tube, s'en saisit et l'alluma. Ça restait une sensation étrange qui ne lui plaisait pas outre mesure. Il releva la tête vers Axel.
« On peut pas plutôt sortir ? Ça nous fera prendre l'air. »
Le rouquin eut l'air surpris mais se dirigea vers la porte, vérifia auprès du videur que ça n'était pas sortie définitive et s'appuya contre un mur un peu plus loin. Roxas se sentait mieux. Il s'assit en tailleur au sol et cala sa pinte entre ses jambes. Il faisait nuit depuis plusieurs heures et les rues commençaient à être fraîches. Il aurait dû mettre une veste en plus, mais ça l'aurait encombré à l'intérieur, et puis c'était agréable, quelques frissons après cette trop grosse chaleur.
« Merde. »
Roxas leva la tête vers Axel, qui le regardait droit dans les yeux. Il pencha la tête sur le côté pour l'inciter à continuer.
« Je crois que tu me plais vraiment. Ah, tiens, Larxène est là. Yo ! »
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27 avril
Il se réveilla dans des draps chauds. La pièce sentait le sperme, la sueur et la soirée. Un horrible sentiment de déjà vu. D'avoir fait la pire connerie de sa vie.
Jurant avec les draps noirs, une tête rouge vif. Roxas voulait mourir. C'était pas possible d'être aussi con. Et Axel était déjà en train de se réveiller. Pas moyen de s'enfuir – d'autant qu'il n'avait pas la moindre idée d'où pouvaient se trouver ses vêtements, il n'avait pas beaucoup de souvenirs de la soirée. Les deux yeux verts qui se posèrent sur lui ne lui avaient jamais semblé aussi malaisants.
« Qu'est-ce qu'on a fait ? »
Il croyait que ça allait fonctionner, cette fois, qu'il allait réussir à faire les choses bien. Foiré, encore. Axel s'étira comme un chat avant de se redresser. Il avait l'air beaucoup trop serein.
« Une connerie, sans doute.
—C'est tout ce que ça te fait ? »
Axel haussa les épaules. Roxas avait mal à la tête.
« J'ai besoin de café. »
Sur ce, le roux se leva et se dirigea vers sa cafetière, posée stratégiquement pas trop loin du lit et appuya sur le bouton. Par chance, il avait préparé le café avant de partir la veille, en prévision de gueule de la bois. Roxas enfila un T-shirt trouvé par terre et se mit à la recherche de son caleçon.
« Enfile quelque chose.
—Ça te gênait pas, hier.
—Et ce matin, ça me gêne. »
Axel grogna et alla chercher dans sa penderie un jogging un peu large. Ceci fait, il s'alluma une cigarette. L'odeur donna à Roxas envie de vomir.
« Et on fait quoi, maintenant ? »
Axel mit une tasse de café dans les mains de Roxas. Sale déjà-vu. Roxas sentit l'arôme amer et fort, plaisant.
« Bah, on le dit à Demyx, on s'excuse et on recommence pas.
—C'est pas si simple ! »
Roxas en avait marre, de ces gars qui pensaient que la vie, ça se prenait comme ça venait et rien d'autre.
« Qu'est-ce que tu t'imagines, alors ? Qu'on va faire tout un projet scientifique pour inventer une machine à remonter dans le temps pour effacer cette nuit ? Désolé, Roxas, je marche pas. »
Le blond leva les yeux au ciel. Il s'assit sur le lit et remonta les couvertures sur ses jambes.
« Et toi … ça te va ?
—Hm ? J'suis pas amoureux de toi. Y a pas de raison qu'on lui cache, il comprendra. Il était pas là, t'étais soûl, on a fait une connerie et on fera gaffe. Il m'en voudra un peu au début, mais il peut pas se passer de moi trop longtemps. »
Roxas fronça les sourcils. Il n'était pas bien sûr de la pertinence de la solution proposée. Ou plutôt, il doutait d'en avoir le courage. Il laissa le temps passer, regarda Axel se préparer pour aller bosser, retrouva ses vêtements et finit son café.
« Je crois que j'ai besoin de réfléchir.
—Demyx dit que tu réfléchis trop. »
Roxas jeta un regard meurtrier à Axel avant de quitter l'appartement au-dessus du café.
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3 mai
« Roxas est pas là ?
—J'ai couché avec lui. »
Demyx laissa tomber son sac de voyage au sol.
« Tu as quoi ? »
Axel se demandait si c'était vraiment une bonne idée de commencer la conversation comme ça mais au moins, c'était dit. Il servit un chocolat frappé à Demyx, avec de la chantilly maison et quelques marshmallows.
« J'suis désolé. »
Le blond ne toucha pas à sa boisson avant un long moment. Il porta enfin la paille à ses lèvres et demanda à son ami :
« T'as pas mis d'arsenic dedans pour que tu puisses vivre une idylle avec Roxas ?
—Non. J'en aurais plutôt mis dans son verre à lui. Il répond pas à mes messages.
—Aux miens non plus. »
Demyx ne paraissait pas lui en vouloir, mais c'était sans doute dû à ce qu'il n'avait pas encore assimilé l'information.
« Il veut … me larguer ? »
Le guitariste semblait tomber de haut.
« Merde, je suis parti une semaine, pas trois ans … »
Ça commençait un peu à taper sur les nerfs d'Axel, que Roxas n'arrête pas de blesser son meilleur ami, mais pour le coup, il était fautif aussi.
« Je pense pas. Je pense, le connaissant, qu'il s'est enfermé chez lui pour culpabiliser en paix. Laisse-lui un peu de temps. Quand il sera prêt, il reviendra. »
Demyx acquiesça. Ça n'était pas la première fois qu'Axel couchait avec quelqu'un qu'il aimait, et si c'était triste à dire, il en avait quand même pris l'habitude, d'une certaine manière. Et la réciproque était vraie aussi – il faudrait peut-être qu'ils arrêtent de partager autant de choses, ça leur éviterait de fâcheux problèmes.
« OK. »
Et il s'affaira à boire son chocolat.
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15 mai
Ça faisait presque deux semaines que Roxas l'évitait, et sans s'en cacher – ou alors de manière très peu subtile. Il savait que le blond avait besoin de temps mais mince, ça n'était pas à lui de payer pour ses erreurs. Il n'avait rien demandé, et il se retrouvait écarté de ce qu'il avait enfin réussi à construire – ses relations étaient-elles toutes destinées à ne durer qu'un temps court ?
Il avait envoyé quelques messages à son copain, sans réponse. Il ne savait plus quoi faire. Il était démuni, spectateur de ce qui pouvait bien leur arriver. Il aurait dû s'y attendre, en un sens. Il avait été prévenu. Roxas avait de sales tendances. Il avait eu tort de s'être senti au-dessus de tout ça.
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Une sonnerie à la porte. Demyx se jeta carrément sur la poignée, et trouva effectivement Roxas, tout sourire, sur son palier – le sourire, il ne s'y était pas attendu.
« Salut ! Désolé pour cette semaine, les cours ont été beaucoup trop vite pour moi. Ça sera pareil la semaine prochaine, mais je voulais te voir avant. »
Alors c'était le seul mensonge que Roxas avait trouvé ? Demyx eut un mouvement de recul, que le plus jeune prit pour une invitation à entrer. Il referma la porte et s'y adossa.
« T'es sérieux ?
—Hm ? Quoi ? »
Il n'allait rien dire. Roxas avait passé tout ce temps loin de lui pour au final lui cacher toute la vérité.
« C'est pas toi, qu'a dit qu'il fallait qu'on soit honnêtes, et tout le temps ? C'était une des conditions que tu as posées. Respecte-la, merde.
—Mais enfin, Demyx …
—Assez de conneries ! Tu te pointes la bouche en cœur et ça suffit ? »
Le visage de Roxas s'assombrit immédiatement.
« Tu as parlé à Axel. »
Ça n'était pas une question, mais Demyx jugea bon de répondre. Il n'était pas en faute, foutre.
« Oui. Bien sûr que j'ai parlé à Axel. Il me ment pas.
—Je savais pas comment te le dire.
—Je sais pas, peut-être que si tu avais commencé par venir me parler ça aurait été bien ?
—Et là, je fais quoi ?
—Essaie même pas de me faire croire que tu es venu pour parler de ta coucherie, je te croirais pas.
—Je … je suis désolé.
—Moi aussi. »
C'était amer. Brutal. Ça ne ressemblait pas à Demyx. Voilà ce qu'il faisait aux gens qui l'aimaient, il les rendait amers. Il baissa la tête.
« Et tu te souviens du reste des conditions ? »
Demyx eut l'air surpris. Roxas continua.
« Je t'ai blessé. On arrête. »
Demyx eut l'impression qu'on lui mettait un coup de poing dans le ventre.
« Non. C'est trop facile, tu peux pas fuir comme ça !
—Mais ça va être de pire en pire si on continue et je veux pas ça. Je … je reviendrai pas.
—Roxas ! Il est hors de question que tu sortes de cet appartement sans qu'on aie mis les choses au clair !
—C'est très clair. Et c'est fini. »
Et il sortit. Il courut jusqu'à chez lui avec toute la force qu'il pouvait déployer dans sa condition, et sitôt qu'il eut franchi la porte, il s'écrasa contre le plan de travail. Merde. Merde, merde, merde, merde, mais merde ! Il avait espéré … Il avait espéré que mentir serait plus facile. Que ça pourrait reprendre tout normalement, qu'il en parlerait à Demyx dans quelques années, quand il serait passé au-dessus. Conneries. Demyx avait raison, c'était juste des conneries. Des conneries de larmes qui accompagnaient ses cris pour une mélopée nocturne, dans une mélopée funeste.
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T'aurais juste dû me laisser dans la merde, Dem. On s'en serait sortis. Si la vie est une musique, j'ai pas le bon tempo, j'enchaîne les fausses notes. C'est toi l'instrumentiste, j'aurais bien voulu que tu m'apprennes à vivre, et pas que je te fasse oublier les partitions.
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Il est parti comme il était entré, sans prévenir, d'un coup. Lui, il aurait dit, comme on retire une épine du pied, moi j'avais plus l'impression qu'on retirait la flèche plantée dans ma veine et que je commençais à me vider doucement de mon sang et de ma voix.
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I cried for you on the kitchen floor.
I cheated myself, like I knew I would.
I told you I was trouble, you know that I'm no good.
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Haha ! Que pensez vous à présent ? C'est bon, les petits chats sont bien englués dans leur malheur. Review pour sauver leurs âmes ? (Sachant que j'ai toujours pas déterminé si ça finit bien ou mal.)
Merci d'avoir lu ! À plus !