Depuis que je l'ai vu dans Amour Sucré, Priya est un de mes personnages préférés. Du coup, j'ai voulu écrire un truc sur elle. Et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pensé à Alexy. J'espère sincèrement que vous ne croyez pas qu'ils sont dans une relation amoureuse tous deux, ha, ha. Bref, bonne lecture et je sais que vous me haïrez sans doute à la fin. Ah, et pour info, Mary-Sue c'est le nom de la Sucrette (vous comprenez l'idée du nom ?).

Je ne possède pas Amour Sucré, évidemment.

Elle était là, assise sur le banc dans la cour, à les observer tous les deux. Ils paraissaient si heureux ensemble.

Cela faisait mal, très mal. Elle voudrait être à sa place, entendre les mots qu'il entendait. Et pourtant, ce n'était pas elle qui avait été choisie. Et elle en souffrait. Cependant, il lui était impossible de retourner cette situation. Parce qu'ils paraissaient si heureux ensemble. Qui était-elle pour gâcher leur bonheur ?

— Eh, salut Priya ! Tu fais quoi ?

Priya plaça un doux sourire sur ses lèvres alors qu'elle reconnut instantanément la voix de son ami au caractère si gai.

— Rien de particulier, Alex, répondit-elle alors que le garçon aux cheveux bleus s'assit à côté d'elle. Et toi ?

— Rien de particulier non plus ! dit-il sans hésitation comme si cela était une fierté. C'est cool, comme ça on peut être à deux pour rien faire de particulier.

Priya ria, ce qui ne fit qu'accentuer le sourire éclatant d'Alexy. Ce garçon avait un don pour remonter le moral – ou du moins réussir à changer les idées sombres de quelqu'un juste par sa présence – ce qui était une grande qualité selon elle puisque l'opposé pouvait aussi très bien arrivé, avec la présence indésirable de personnes horribles, orgueilleuses, méchantes, capricieuses...

— Eh, Priya, tu penses à quoi ? demanda Alexy, la sortant de ses pensées.

— Hein ? répondit-elle de manière très éloquente avant de hausser les épaules. Oh, juste à Ambre.

— Sérieux ? Je ne suis pas sûr qu'elle doive le prendre comme un compliment, venant de ta part, ha, ha !

— En effet, admit Priya avec un sourire gênée.

Elle savait parfaitement que cela était l'un de ses plus grands défauts : son désir de vengeance. Elle était assez rancunière et cela se voyait notamment avec Ambre. Mais elle n'y pouvait rien : son... sens de la justice – assez personnel, elle l'admettait – devait agir.

— Mais elle le mérite amplement, ajouta-t-elle.

— Qui sait ? Je ne peux pas vraiment juger ça, moi, plaisanta Alexy en haussant les épaules. C'est vrai qu'elle n'est pas très sympa et plus d'une fois, Rosa et moi nous avons voulu lui donner une bonne leçon pour ce qu'elle fait à Sue mais...

— Elle mériterait toutes les leçons du monde, grommela Priya en fronçant les sourcils, les yeux rivées vers le centre de son attention ; qui discutait joyeusement avec son petit-ami. À jouer à la princesse du lycée et à faire sa garce. Elle le mériterait amplement pour toutes les misères qu'elle fait à Sue.

— C'est sûr ! approuva Alexy. Mais on trouve ça encore un peu...

— Violent ? répondit Priya en souriant lorsque le garçon confirma d'un hochement de tête. Le seul moyen de lui faire se rendre compte de ce qu'elle est, c'est de lui faire goûter à sa propre médecine. Cela lui fera les pieds. C'est la seule méthode contre le genre de personne...

Elle termina en poussant un soupir alors qu'elle se redressa et laissa sa phrase en suspens, ne désirant pas la finir. L'Indienne remarquait bien le regard insistant d'Alexy, un mélange entre de l'inquiétude et une tentative maladroite de ne pas la rendre mal à l'aise. Alors, pour lui éviter cette situation maladroite, elle lui dit avec un sourire taquin :

— Je sens que tu as envie de le demander, Alex. Alors ne te gêne surtout pas. Cela ne me dérange pas.

— T'es sûre ? insista Alexy – sachant qu'il y avait certains sujets dont il était délicat de parler.

— Certaine. Et pour te répondre avant même que tu me le demandes, ouais, j'ai eu ce genre de problème par ce passé. Très souvent, en fait. Même si je dois admettre qu'Ambre est un cas particulièrement coriace. Il y a longtemps, je n'aurais peut-être pas réussi à lui faire face et lui faire ravaler ses paroles de vipère.

— T'as connu des clones d'Ambres dans tes anciennes écoles ? Cela ne devait pas être la joie ! plaisanta Alexy quand elle acquiesça. Déjà qu'une est de trop, je ne veux même pas savoir qui sont ses doppelgänger, ha, ha !

Priya ria de bon cœur avec lui, sans que ses yeux ne se détournèrent une seule fois de la personne qu'elle observait. Elle secoua la tête. Cela l'exaspérait d'être si jalousie – non, d'être si envieuse. Elle désirait être en face, entendre ce rire, entendre cette voix si douce dont elle était tombée amoureuse depuis si longtemps, si peu de temps après avoir rejoint Sweet Amoris.

Jamais, à son arrivée, elle n'aurait pensé désirer si ardemment de rester ici. Pourtant elle se doutait que, dans tous ces déplacements, ses choix n'auraient que très peu d'impact. Mais, même si le lycée devait bientôt finir et que, sans doute, elle commencerait de longues études qui l'emmèneraient encore une fois aux quatre coins du monde selon le bon vouloir de sa famille, et à cause de cela, elle voulait profiter le plus longtemps de ce lycée si spécial.

— Eh oh, la terre à Priya ! Hé, t'es dans un autre pays ?

Priya cligna des yeux, retournée encore une fois à la réalité.

— C'est bon, t'es de retour parmi les vivants ? blagua Alexy.

— Désolé Alex, je suis assez dans la lune aujourd'hui, s'excusa son interlocutrice d'un air gêné.

— Et je peux savoir ce qui t'emmène si loin de la réalité ? demanda le garçon avec un sourire taquin. Sweet Amoris et ses lycéens t'intéressent tant que ça ?

À cette question, Priya ria – amusée par le fait qu'Alexy n'était pas loin de la vérité, sans pourtant avoir entièrement raison. Ce fut, évidemment, un rire qui n'avait nullement l'intention d'être moqueur, juste amusé. Et heureusement, cela, Alexy le comprenait parfaitement, puisqu'il ne tarda pas à la rejoindre dans de doux éclats de rires. Lorsqu'ils se calmèrent, Alexy fut le premier à prendre la parole :

— Eh, Priya, je peux te poser une question ?

— Bien sûr.

— Mais cela pourrait te vexer, avertit-il. Enfin, vu ton ouverture d'esprit, ça risque pas mais bon... Enfin...

— Tu t'inquiètes pour rien, Alex, on dirait Sue ! T'en fais pas, je me vexerai pas, sois en sûr, assura Priya en souriant.

— D'accord, d'accord, répondit Alexy en se redressant, comme s'il s'apprêtait à parler d'un sujet extrêmement délicat. Bon, tu sais que je suis... gay, pas vrai ?

— En effet, dit-elle en hochant la tête, l'écoutant attentivement. Je l'ai appris par Armin.

— Cool, merci frangin d'avertir tout le monde sur mes attirances, plaisanta Alexy avant de reprendre un ton plus sérieux. Bref, tu vois, je suis assez observateur à cause de ça. Et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que... que tu n'étais pas forcément...

— Attirée par les garçons ?

— Euh... Ouais, c'est ça.

— Tu as presque raison, sourit Priya.

— Ah bon ? s'étonna le garçon aux cheveux bleus. C'est-à-dire ?

— Je suis intéressée autant chez les garçons que chez les filles.

— Tu es bi alors ? en déduit-il.

Elle secoua la tête.

— Pas exactement, c'est un peu plus compliquée. En fait, je m'en fiche du genre ou du sexe de la personne qu'on peut aimer. Après tout, on aime quelqu'un pour son caractère, ses attitudes ou même son physique. Donc que cela soit une fille ou un garçon, ce n'est pas important.

— Oh, je crois que j'ai compris ! s'exclama Alexy avec une légère lueur de fierté. Tu es pansexuelle. J'ai bon ?

— C'est cela, admit Priya, amusée par la réaction du garçon. Bien deviné.

— Merci ! Mais tu sais, cela se voyait quand même un peu.

— Ah bon ? Je suppose que je ne suis pas très discrète, même si je n'ai jamais rien fait pour le cacher, plaisanta-t-elle.

— Ouais, ça se voit surtout quand tu regardes Sue ou Iris.

Devant la surprise de Priya, qui ne s'attendait tout de même pas à être si « facilement observée », Alexy sourit de plus belle.

— Je te l'ai dit, ça se voit.

— Dans ce cas, Sue doit être aveugle, taquina Priya sans amertume alors qu'elle se remit à regarder la jeune fille au loin. Mais bon, je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Après tout, elle a l'air si épanouie comme ça.

Elle haussa les épaules distraitement.

— Elle est bien mieux comme ça.

— Peut-être... répondit lentement Alexy en plaçant ses mains derrière son cou. Mais tu souffres de les voir ensemble, pas vrai ?

— C'est vrai... Mais toi aussi, n'est-ce pas ? rétorqua Priya en regardant le garçon, qui cligna des yeux, surpris.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Je ne peux pas être amoureux de Sue, enfin ! s'exclama Alexy avec un sourire amusé.

— Mais ce n'est pas d'elle que je parlais.

Un éclair de compréhension passa dans les yeux du jumeau tandis que son sourire se perdit.

— Oh... Tu parles de Kentinou ? C'est Armin qui te l'a révélé ? demanda-t-il.

— Non, pas cette fois. Je l'ai deviné toute seule, admit Priya avec un sourire d'excuse. Désolée de m'immiscer dans ta vie.

— Non, non, ce n'est pas grave, t'en fais pas, assura Alexy en secouant la tête. En fait, je suis même un peu content que tu l'ais découvert. Y'a qu'à Armin que j'en ai parlé mais, même si c'est mon frangin et que je l'aime, il est... il n'est pas facile de parler de ce genre de chose. Et puis, c'est con, mais je n'ai pas envie de l'ennuyer avec mes problèmes.

— Je peux comprendre ce que ça fait, compatit Priya en posant une main sur son épaule comme signe de soutien. C'est dur hein, d'être amoureux ?

— C'est toi qui me dis ça ? J'étais là avant, je te signale, sourit Alexy, comme preuve de son inébranlable bonne humeur. C'est moi qui suis tombé amoureux le premier du plus beau mec de la terre ! Qui, malheureusement pour moi, est en couple avec ma meilleure amie.

— Outch, ça ne doit vraiment pas être facile pour toi, mon pauvre.

— Bah, je fais avec, répondit-il en haussant les épaules avant d'ajouter : Et toi ?

— Je... Je fais avec aussi.

Les restèrent en silence un instant, contemplant au loin Mary-Sue et Kentin, qui continuaient de discuter à l'ombre d'un arbre, l'un devant l'autre, les mains jointes ensemble.

— Tu penses que tu lui diras un jour ? demanda Alexy.

— Mmh... Ouais. J'ai peur de sa réaction mais je lui dois bien ça, tout de même. Le plus dur serait qu'elle ne l'accepte pas.

Elle se rappelait très bien d'avoir laissé entendre un sous-entendu, lorsqu'elle avait annoncé sa pansexualité à Mary-Sue : « C'est tellement ironique. Les plus belles filles sont souvent celles qui ne savent pas qu'elles le sont. Et je ne parle pas que du physique ». Elle avait été très amusée par la réponse de son amie. Comme si cette dernière pensait que cela pouvait être autre chose qu'un compliment ! Bien sûr, dans toute son innocence et toute sa modestie, Mary-Sue n'avait rien soupçonné. Ce compliment fut trop... subtil, semblerait-il. Mais bon, après les évènements survenus plus tôt dans la journée, Priya ne pouvait lui en vouloir, loin de là.

— Mais Sue acceptera, conclua Alexy, souriant doucement. Parce que c'est une fille formidable. Et que c'est pour ça que tu es amoureuse d'elle. J'ai raison ?

— Absolument. Et toi ? Tu comptes parler à Kentin ?

— J'en ai aucune idée. Il sait que je suis gay et il m'a jamais fait de remarque à ce sujet mais je ne sais pas quelle serait sa réaction. Déjà qu'il se plaint tout le temps qu'Armin et moi n'arrêtons pas de trainer dans ses pattes pour l'embêter...

— Mais n'est-ce pas un signe d'amour ? sourit Priya.

— Faudra lui dire, dans ce cas ! plaisanta Alexy. Kentinou, il est gentil, mais il même avec des lentilles, il voit rien du tout ! C'est en parti pour ça qu'il est drôle de l'embêter, ha, ha.

Ils retombèrent dans un silence, chacun réfléchissant à l'être aimé en face d'eux. Finalement, Alexy secoua la tête. Il se leva et tout en s'étirant, s'exclama :

— Bah, inutile de ruminer des idées sombres à cause d'un amour à sens unique. Le monde continue de tourner et il faut en profiter ! Alors, au lieu d'être triste, il faut être heureux pour Sue et Kentinou et avancer en les laissant heureux ensemble.

Il se tourna vers Priya – celle-ci toujours assise et sourit.

— J'crois d'ailleurs que je vais aller profiter de cette belle journée et – surtout de l'absence des profs infernaux – pour aller voir ce que fabrique mon frangin. Le connaissant, il doit être en train de fouiner près de la serre en faisant semblant d'être là-bas pour jouer en paix alors qu'il veut juste voir Violette. Comme quoi, même les geek peuvent faire autre chose de leurs journées que rester sur un écran d'ordinateur ou de console, ha, ha. À plus, Miss Ninja !

Il ria, fier de ses plaisanteries, et salua Priya avant de quitter la cour. La jeune fille le regarda s'éloigner, souriante. Alexy était vraiment quelqu'un de bien. Par une simple discussion, il l'avait aidé dans un important problème.

Quand bien même cela lui faisait mal, Priya admettait qu'il avait raison : Mary-Sue et Kentin, s'ils s'aimaient vraiment, méritaient d'être heureux ensemble. Et aussi, ils méritaient de savoir les sentiments que leurs proches avaient envers eux. Cela n'était que justice.

Même si son cœur souffrait à l'idée que son amour ne soit jamais réciproque. Encore une fois, ses sentiments la trompaient. Comme ils le faisaient si fréquemment...

— Eh, Priya ! Cela te dirait qu'on aille boire un café ensemble après les cours ?

Mais peut-être que son cœur pouvait aller à quelqu'un d'autre après tout. Enfin, si seulement Iris acceptait de lui laisser sa chance. Cela, l'avenir seul saurait lui répondre.

Priya sourit et répondit avec son enthousiasme naturel :

— Avec plaisir !