Bonjour à tous ! Je suis désolée de vous avoir fait attendre pour ce chapitre ! Ça y est, l'aventure commence ! Aijan s'apprête à entamer sa quête !

Merci à ceux et à celles qui ont mis en favoris ou qui ont follow ! Ça me touche vraiment.

N'hésitez pas à laisser des reviews, ça fait toujours plaisir.

Bonne lecture,

Nexadi.


Aijan se leva plusieurs heures avant l'aube. Elle emballa soigneusement ses affaires, chaparda du pain et des fruits secs qu'elle avait repérés dans le garde-manger de Bilbon et qui avaient miraculeusement échappés aux nains, et sortit dans la nuit.

Elle alla s'installer sur la plus haute branche d'un arbre qui surplombait le trou de Bilbon et dont les feuilles épaisses offraient une cachette parfaite. Elle commença à mâcher des feuilles de menthe et focalisa son attention sur les nains qui avait installé un petit campement à une dizaine de mètres de Cul-de-sac. Ils avaient allumé un feu qui mourrait doucement et crachait un petit filet de fumée. Les nains avaient disposé leurs sacs de couchage en cercle et le plus gros, Bombur, faisait le guet, scrutant les alentours d'un œil alerte.

Gandalf avait loué une petite chambre chez les voisins de Bilbon et s'était excusé aux environs de minuit.

Rien ne se passa pendant plusieurs longues heures. L'ennui la saisi et elle fut prise d'une furieuse envie de descendre de son perchoir et d'aller réveiller les nains à grands coups de pieds. Ce n'était pas dans sa nature de s'asseoir et de ne rien faire. Elle aimait être toujours en mouvement, bavarder, courir, escalader les arbres, dresser les animaux de la forêt, partir à la recherche des anciennes forteresses des elfes, s'infiltrer dans les villages humains sans être vue. L'inactivité était son pire cauchemar. Ça et les vers de terre. Beurk.

Les nains se mirent enfin en mouvement vers sept heure du matin. Ils remballèrent prestement leurs affaires tandis que Gandalf les rejoignait en époussetant sa longue robe grise. Il jeta au regard malicieux à Aijan, perchée entre les branches, sans que personne ne le remarque. L'elfe se reteint de lui lâcher une pomme de pin sur la tête.

Péniblement pour certains, qui avaient abusé de la bière des hobbits, la compagnie se mit en route. Thorin, au début de la longue file de poneys, lança un dernier regard vers Cul-de-sac. La porte resta close; Bilbon ne viendrait pas. Thorin souffla bruyamment et Gandalf tira un peu sur sa barbe. Aijan pouvait presque voir son esprit s'agiter sous sa longue tignasse argentée. Son front se barra d'une ligne soucieuse. Il agita sa longue robe et tourna enfin le dos au trou de Bilbon en marmonnant « sacré hobbit ».

Aijan ne devait pas fournir beaucoup d'effort pour suivre la compagnie elle leur laissa quelques minutes d'avance puis, après être descendue de son arbre, se lança sur leur trace. Les sabots ferrés des poneys creusaient de longs sillons dans la terre meuble du sentier et des tas de crottin étaient visibles tous les cents mètres. Impossible de perdre leur trace.

Elle se glissait souplement entre les buissons qui bordaient la route, profitant de chaque coin d'ombre pour passer inaperçue. Quelques fermiers hobbits eurent le temps de l'apercevoir sauter d'arbre en arbre avant qu'elle ne disparaisse à nouveau dans les frondaisons.

Elle suivit ainsi la troupe de nains le long de plusieurs collines verdoyantes, traversa une bonne dizaine de champs de blé ou d'orge et dû enjamber deux petits ruisseaux. Aijan se demandait comment une terre si accueillante, si fertile et paisible avait réussi à garder son indépendance. Elle ne doutait pas que les peuples voisins aient tenté, au cours des siècle, de faire leur la Comté. Cela l'amena à l'étrange conclusion que les hobbits étaient capables de se battre. Aijan essaya d'imaginer Bilbon manier la hache de guerre, une cotte de maille passée sur son ventre rond.

Elle pouffa doucement à cette pensée elle lui semblait tellement décalée.

Un bruit la fit sursauter et elle s'agrippa fermement à la branche sur laquelle elle était perchée. A quelques cent mètres, sur le chemin de terre que les nains avaient emprunté plusieurs minutes auparavant, se trouvait un jeune hobbit. Il dévalait le flanc de la colline aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient, un volumineux sac en toile sanglé contre son dos. Sa main droite était repliée sur un long morceau de parchemin qui battait au vent.

Bilbon Sacquet avait l'air très pressé.

Il passa sous l'elfe sans la voir et s'enfonça dans la forêt, à la recherche de la compagnie. Aijan entendit des éclats de voix joyeux qu'elle ne put identifier puis le silence revint. Elle descendit de son perchoir et reprit sa marche.

Elle passa l'ensemble de la journée à se demander ce qui avait bien pu pousser un homme tel que Bilbon à se lancer dans cette quête. Surement pas le gout du danger, ni la recherche de l'adrénaline. Peut-être avait-ce un lien avec la tragique histoire des nains qui avait pu l'émouvoir ? Aijan n'en savait rien mais décida qu'elle n'aimait pas cela du tout. Elle n'était pas rassurée de le savoir au milieu de la nature, exposé à toutes sortes de dangers, à la merci des orcs et des gobelins. Qu'une troupe complète de nains surentrainés l'accompagne de changeait rien; il était en danger.


Les collines cédèrent vite place aux bois seigneuriaux et l'air frais, chargé de l'odeur de l'humus et de la mousse, monta aux narines d'Aijan. La nuit commençait à tomber, les nains n'allait pas tarder à monter leur campement.

Aijan dénicha un marronnier dont les branches les plus hautes étaient recouvertes d'un tapis de mousse épais. Elle s'y installa et leva le nez vers les étoiles. Elle pensa à Legolas, qui devait sans aucun doute patrouiller la grande forêt. Elle pouvait presque le voir dans les volutes du ciel; sa longue chevelure blonde et ses yeux perçants. Il ne lui manquait pas autant qu'elle l'eut souhaité. Elle se sentait affreuse et en même temps libérée d'un poids qu'elle ne savait même pas porter. Ses pensées dérivèrent vers les monstrueuses araignées qui grouillaient dans Grand 'Peur et vers les orcs qui pullulaient comme des parasites dans la Terre du Milieu. Un frisson de dégout la parcourut et l'image d'un orc pâle s'imposa à son esprit.

Les étoiles éclairaient doucement la voute céleste et leur beauté calma l'elfe. Elle passa ses bras derrière sa nuque et souffla dans la nuit. Elle pensa à la vieille Cob-Lafleur dans sa hutte au milieu de la Lòrien. Aijan pouvait revoir avec clarté sa tunique de perles vertes et violettes, son sourire légèrement de travers et ses oreilles percées d'une multitude de petites pierres scintillantes. Sans vraiment savoir pourquoi, Aijan se languissait de la présence rassurante de la vieille elfe. Elle était toujours douce et parlait bas, tressait des paniers mieux que personne et était capable, en un coup d'œil, de distinguer champignons mortels et mousses curatives.


Les journées s'écoulaient de manière monotone et Aijan commençait à s'ennuyer. Elle en avait marre de contempler le paysage ou d'écouter les animaux lui raconter leurs mésaventures. Elle voulait rejoindre les nains, prendre part à leurs feux de camps, rire avec eux, boire, manger, chanter des chansons et raconter des histoires. Elle se sentait seule et elle s'ennuyait. Cocktail assez explosif chez un elfe.

Les nains laissaient des traces partout où ils passaient, volant à Aijan l'amusement de la traque. Elle n'avait qu'à suivre les crottins de poneys.

Ils avaient, depuis quelques jours, quitter la Comté pour une région montagneuse à la végétation rare et chiche. Les quelques arbres qui piquaient hors du sol caillouteux dépassaient avec peine les six pieds. Plus aucune mousse ne venait adoucir la dureté de la pierre et Aijan développa un mal de dos persistant qui la mettait de méchante humeur.

Dans son malheur, elle avait cependant de la chance; les nains suivaient une piste qui longeait une rivière. Elle profitait donc d'un bain nocturne chaque soir en compagnie des grenouilles et autres batraciens. Elle délestait consciencieusement ses cheveux de toute la poussière et la terre accumuler lors de la journée.

Deux semaines passèrent ainsi; se réveiller, mal de dos, suivre les crottins, manger des noisettes, espionner les nains, écouter un chevreuil lui parler de ses problèmes de couple et dodo.

Autant dire qu'elle était au bord de la crise de nerf.


Un soir où le vent charriait une bonne odeur de braise et de terre mouillée, Aijan s'éloigna de la piste et s'aventura en amont, vers la rivière. Après son bain rituel, elle s'assis sur un rocher, les pieds dans l'eau, et compta les étoiles pour passer le temps. Elle se sentait remarquablement bien, son mal de dos avait disparu. Elle était rendue à deux cent soixante-quatre quand elle entendit du bruit dans les buissons derrière elle. Elle bondit sur ses pieds, fit volte-face et ses cheveux décrivirent un arc de cercle autour de son visage soucieux.

- Qui va là ?

Une silhouette émergea des buissons. Les sourcils froncés, les yeux plissés, des feuilles pleins la tignasse, Kili posa le pied sur la berge. Il tenait dans les bras de larges branches et du petit bois. Son visage était un peu crasseux et le blanc de ses yeux offraient un contraste saisissant avec la couleur presque mordorée de sa peau.

Sans un mot, il laissa tomber son fagot et saisit d'un geste souple une petite épée qui était accrochée à sa ceinture. Il s'élança en avant avec l'intention de porter à l'elfe un coup sur la tempe mais elle l'esquiva. Malheureusement, son pied glissa sur une pierre recouverte de vase et elle chuta, tête la première, dans la rivière.

Lorsqu'elle creva la surface, Kili avait lâcher son arme et lui offrait une main secourable. Elle refusa son aide en maugréant. Les lèvres du nain se fendirent en un sourire contrit.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il en s'asseyant sur un rondin de bois humide.

Aijan ignora sa question et entreprit d'essorer ses longs cheveux. Elle était passablement vexée et humiliée. Et l'eau était froide. Sa mauvaise humeur revint au galop.

- Je t'ai posée une question.

Elle lui jeta un regard noir et continua de se sécher en lui tournant le dos. Elle remarqua qu'il était passé au tutoiement. Elle ne s'en formalisa point, connaissant le manque flagrant de politesse des nains.

Elle n'aurait pas dû se laisser voir. Il allait courir retrouver son roi pour l'avertir et Thorin allait faire en sorte qu'elle ne puisse plus les suivre. Rien de ce qu'elle ou Gandalf ne pourront dire ne le fera changer d'avis. Aijan fut prise d'un sentiment de panique intense.

- Je rentre chez moi, finit-elle pas répondre. Mirkwood est à l'est, alors je prends la route de l'est.

- Tu nous suivais, lança Kili, l'œil soupçonneux.

Sa voix paraissait remarquablement calme et Aijan s'en félicita. Aussi sèche qu'elle pouvait l'être après être tombée toute habillée dans une rivière glacée, elle jeta un regard agacé au jeune nain.

- Non, je ne vous suivais pas. Si tu sortais un peu plus de ta montagne tu saurais qu'il n'y a qu'une route qui relie la Comté et la Forêt Noire.

Les oreilles de Kili prirent une teinte rosée et Aijan se demanda s'il était gêné ou énervé. Surement un peu des deux. Il secoua la tête et ses petites tresses brunes fouettèrent ses joues.

- Vous les nains, reprit Aijan, sentant qu'elle devait absolument le convaincre, vous pensez toujours que tout tourne autour de vous. Dis-moi, pourquoi suivrais-je un groupe de marchands ?

Kili haussa les sourcils, la bouche légèrement ouverte.

- De marchands ? répéta-t-il d'un air un peu idiot.

- C'est bien ce que vous êtes non ? C'est ce que Gandalf m'a dit à Cul-de-sac. Des marchands de jouets qui se rendent dans les monts de fer.

Kili referma sa bouche et s'empressa d'acquiescer;

- Oui…euh, nous sommes des… marchands de jouets.

- Pourquoi le roi voyage-t-il avec vous ?

- Eh bien… il rend visite à son cousin qui dirige les monts de fer.

- Et toi ? questionna Aijan l'air faussement perplexe.

- Quoi moi ?

- Pourquoi l'héritier du trône est-il sur les routes avec des marchands de jouets ?

- Je suis… en formation ! lança Kili, sa joue se contractant en un tic nerveux. Mon frère aîné va hériter du trône alors je dois apprendre un métier. Et j'ai choisi fabriquant de jouet.

Aijan eut envie de rire; il était mignon mais tellement manipulable que ça en devenait comique. Décidant qu'elle pouvait se permettre de pousser sa chance, elle alla s'asseoir à côté de lui, sur le rondin de bois.

- Quel genre de jouets fabriques-tu ? demanda-t-elle sur un ton innocent.

Son coude touchait presque le bras du nain. Assis, la différence de taille était presque absente et Aijan se prit à le regarder dans les yeux.

Kili hésita quelques secondes puis se lança

- Je suis plutôt spécialisé dans… les dragons ! Je les peins, les sculpte… je fais toutes sortes de choses en forme de dragons.

- Pourquoi les dragons ?

- Je ne sais pas trop, dit Kili en fixant ses mains.

Aijan remarqua qu'elles avaient l'aspect caleux mais que leur forme globale était assez harmonieuse pour des mains de nains.

- Quand j'étais petit, reprit-il, mon oncle nous racontait souvent des histoires. Des contes, des légendes, mais surtout l'histoire de notre clan. Savais-tu que Durin et ses fils ont dû tuer un dragon pour protéger leur royaume ? Smaug n'est pas le premier dragon que notre clan rencontre. Il y en a eu d'autres. Titua le Foudroyant, Friud Le Goinfre, Jush Le Terrible. Smaug est un parmi d'autres, et comme les autres, il sera abattu par les fils de Durin.

Il y avait dans sa voix une conviction brulante. Ses yeux brillaient de détermination mais semblaient lointains comme s'il était entré très profondément dans ses pensées. Aijan eut mal pour lui; il allait être amèrement déçu. Personne ne pouvait vaincre Smaug.

Aijan toussota et Kili sembla sortir de son étrange torpeur. Il cligna plusieurs fois des paupières et se leva brusquement. Le soleil commençait à disparaitre derrière l'horizon et le ciel se parait d'orange et de rose.

- Je ferais mieux de… retourner voir les autres.

La panique reprit Aijan et elle attrapa la main de Kili dans la sienne;

- Je n'ai pas envie que les autres sachent que je suis là, dit-elle en battant des cils. Je suis quelqu'un de solitaire. Peux-tu éviter de leur dire que je suis ici ? S'il te plait ?

Le nain rougit furieusement et hocha la tête.

- Merci, Kili. Tu peux revenir me voir, si tu veux, ajouta-t-elle avec un sourire alors qu'il s'enfonçait dans la forêt.

Dès qu'elle fut certaine d'être seule, elle s'effondra sur le rondin et prit sa tête douloureuse dans ses mains. Elle détestait faire du charme pour obtenir ce qu'elle voulait mais là, c'était un cas de force majeur. Surtout qu'elle n'était même pas assurée du silence de Kili. Il pouvait tout aussi bien tout raconter à son oncle dés son arrivée au campement. Aijan soupira. Elle se sentait sale. Et elle avait froid.

Elle maudit la rivière, Kili, les nains et partit à la recherche d'un endroit où dormir.