Hello ! Hello !

Enfin! Enfin je sors un nouveau chapitre !

Alors pour commencer je suis sincèrement désolée pour cette attente vraiment très (trop) longue. Je ferais en sorte que ça se reproduise plus. Mais les blocages sont fourbes...

Je vous avoue qu j'ai eu envie de réécrire entièrement les deux derniers chapitres, parce que je n'étais pas du tout satisfaite. Mais finalement je ne l'ai pas fait, j'ai réussi à trouver l'inspiration pour la suite de cette histoire. Et avec les vacances qui arrivent l'attente entre les chapitres devrait moins longue.

Bref je suis pas là pour vous raconter ma vie ^^

Je tiens sincèrement à remercier Sylnodel-Shine pour sa bêta lecture mais surtout, surtout pour avoir anéanti les fautes. Sans sa correction mon travail serait de piètre qualité !

Je tiens à vous remercier, vous qui me suivez, vous qui me lisez et qui commentez. Ça me fait extrêmement plaisir de voir que mon histoire intéresse les lecteurs et lectrices.

Avant de commencer le chapitre, je vous ai fait un petit résumé , vu que ça faisait un petit moment depuis le dernier chapitre.

Je vous souhaite une bonne lecture !


Résumé:

Akaashi a une vie difficile à cause de ses parents très strictes lui refusant d'avoir le moindre ami. Akaashi a toujours vécu dans l'optique de reprendre l'entreprise de ses parents. Malgré son souhait de devenir médecin. Il est aussi embarqué dans un mariage arrangé avec Kiyoko, le fille du maire, qu'il n'a jamais rencontrée.

Depuis toujours il a réprimé ses désirs. Il a toujours été parfait. Alors lorsqu'il échange de corps avec Bokuto, le hibou lui attire des ennuis notamment auprès d'Ushijima. Ses parents deviennent méfiants, perdent confiance envers le comportement trop amical de leur fils. Et alors que ceux-ci partent en voyage d'affaire, ils imposent à leur fils de réaliser un stage dans l'une de leur entreprise.

Un jour Bokuto décida d'aller voir Akaashi à la sortie des cours, mais il ne croisa que Yachi. Avec laquelle il se comporta bizarrement. Il s'enfuit et dans sa fuite, alors qu'il était perdu, il croisa Akaashi qui revenait de son stage. La rencontre ne se passa pas très bien. Akaashi fut glacial face au comportement chaleureux de Bokuto.

Pendant ce temps, dans le quartier de Bokuto quelque chose se prépare. Kuroo apprend qu'une réunion d'urgence va avoir lieu suite à la visite du vieux Ukai chez les Akaashi.


CHAPITRE 8


De la déception. C'est ce qu'il ressentit lorsqu'il referma la porte derrière lui. Il était déçu. Rien ne s'était passé comme prévu. Enfin, il ne s'était pas imaginé que ça se passerait ainsi. Il ne s'attendait pas à ce que l'autre soit si… authentique.

L'autre était trop imprévisible. Trop spontané. Trop naturel. Trop amical. Trop chaleureux. Trop enfantin. Trop irréfléchi. Trop souriant. Trop lumineux. Trop lui-même.

Tout le contraire de lui. Lui qui n'aimait pas l'inattendu. Lui qui détestait ne pas être préparé.

Agir sur le coup, sans réfléchir. Il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas ça, parce qu'il ne savait pas être spontané. Il n'aimait pas ça, parce qu'il était froid et tranchant. Il n'aimait pas ça, parce qu'il blessait les gens. Et s'il détestait bien une chose, c'était de faire du mal à quelqu'un. Il ne supportait pas apercevoir leur regard blessé, suite à une réaction un peu trop cassante qu'il avait pu avoir.

Il aurait aimé ne pas s'en préoccuper. Il aurait aimé être capable d'ignorer ce sentiment de culpabilité dès qu'il se montrait distant. Il aurait aimé être comme tout le monde pensait qu'il était : insensible. Après tout, c'est ce que ses parents lui avaient enseigné si souvent. Mais ces derniers temps, tout était différent. Il était perdu. Et la journée d'aujourd'hui n'avait rien amélioré. Au contraire. Depuis qu'il avait croisé les orbes dorées, un ressentiment grandissait en lui. Une colère. Une colère orientée contre Bokuto. Contre ses parents. Contre lui.

Il se dirigea vers sa chambre, montant les escaliers un à un mécaniquement, perdu dans les méandres de ses pensées. Mais la vibration de son portable le ramena à la réalité. Il fixa le petit appareil qu'il tenait dans sa main avec surprise. Un SMS. Un SMS de Bokuto.

« Hey Akaashi ! Je suis désolé si tout à l'heure je t'ai fait peur, ou si je t'ai manqué de respect ou si j'ai eu un comportement étrange ou si je t'ai fait mal ! Je ne veux pas que tu me détestes ! Ne me déteste pas s'il te plaît ! Je te promets d'être sage la prochaine fois que je serais toi ! J'espère pouvoir te revoir bientôt ! ».

Akaashi leva les yeux au ciel et ne pris pas la peine de répondre à Bokuto. Après un léger soupir, il posa son téléphone sur sa table de nuit. Il avait beau feindre l'exaspération, il ne put néanmoins s'empêcher de ressentir une pointe de joie à la vue du message du décoloré.

-x-x-x-x-x- LE LENDEMAIN -x-x-x-x-x-

Lorsque Akaashi ouvrit les yeux et qu'il ne vit pas les étoiles fluorescentes, il lâcha un soupir de soulagement. Finalement, peut-être que ces échanges allaient cesser ?
Et, bien que cette pensée le rassura, un léger regret murmurait au creux de sa poitrine mais il décida de l'ignorer, d'en faire abstraction. C'était la meilleure chose à faire. Oublier ce qu'il souhaitait, pour mieux être celui qu'on voulait qu'il soit. Mais arriverait-il à tenir la ligne de conduite qu'il s'était fixée ?

Il était tellement absorbé par toutes les pensées qui avaient envahies son esprit qu'il ne se rendit pas compte qu'il se trouvait déjà devant l'Académie. Il descendit de la voiture et se dirigea d'un pas mécanique vers les grandes grilles de l'établissement. Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre sa classe, son regard son posa sur la petite blonde se trouvant juste en face de lui. Yachi.

- Bonjour Akaashi ! Fit-elle d'une voix joyeuse.

Akaashi fut surpris mais il n'en laissa rien paraître. La conversation d'hier n'avait pas été assez clair ? Pourquoi la jeune fille s'obstinait à venir le voir ? Elle aurait pourtant dû comprendre qu'il ne pouvait pas.

Il soupira faiblement.

- Bonjour Yachi.

Il continua son chemin, dépassant la blonde.

- Akaashi ! At- Attends !

Yachi venait tout juste de le rattraper. Il se tourna sans prononcer un mot, attendant qu'elle continue.

- Je… Je voulais savoir comment allait Bokuto-san ! Dit-elle à une vitesse incroyable, baissant les yeux au sol.

Cette fois-ci Akaashi ne put retenir la surprise de transparaître sur son visage. Au début il pensa avoir mal entendu. Ce n'était pas possible que Yachi connaisse Bokuto, n'est-ce pas ? A moins que celui-ci ait encore fait une gaffe. Il mit plusieurs secondes à reprendre ses esprits afin de retrouver une attitude neutre, ne voulant pas montrer à la blonde qu'il était dépassé par la situation.

- Tu connais Bokuto-san ?

- Oui, enfin connaître je peux pas vraiment dire ça…

Voyant qu'Akaashi attendait davantage d'explications, elle reprit la parole.

- Hier il est venu, il te cherchait. Elle marqua une courte pause. Il m'a dit qu'il était un de tes amis.

- Non, c'est une simple connaissance, murmura Akaashi.

- Il avait un comportement étrange. Après lui avoir demandé si je le connaissais… Il… il est parti en courant. Du coup je m'inquiète un peu et-

-Il va bien. Ne t'en fais pas.

La voix d'Akaashi fut sèche. La jeune blonde hocha la tête et parti rejoindre sa classe. Une fois la blonde disparue de son champ de vision, Akaashi soupira. Pourquoi fallait-il que Bokuto et lui soient si différents l'un de l'autre ? Pourquoi fallait-il que Bokuto soit si sociable ? Il ne savait pas où tout cela le mènerait mais plus il y pensait plus il… Non ! Il ne devait pas envisager ce genre de choses. Il n'avait pas le droit.

Après s'être plus ou moins repris, il se dirigea vers sa salle et lorsqu'il se trouva devant les laboratoires de biologie, il senti une douce chaleur envahir son estomac. Un sentiment de contentement qu'il ne ressentait que rarement.

Aujourd'hui durant toute la matinée, il avait TP de biologie. Il en était heureux. C'était, avec le volley, ses deux seules passions. Enfin, les deux seules passions qu'il s'autorisait à avoir. Ou plutôt que ses parents permettaient. Tant que ça n'affectait pas son futur.

Akaashi adorait les sciences, et plus particulièrement la biologie. Depuis tout petit cette matière était sa préférée. Il a toujours voulu comprendre le fonctionnement du corps humain, comprendre la vie et comment tout cela marchait. Et chaque fois qu'il apprenait de nouvelles choses, il en était impressionné. Et il y avait de quoi. Qui se serait douter que les mécanismes afin de maintenir un organisme en vie étaient si complexes ? Et si la moindre réaction chimique était perturbée c'était le corps entier qui en pâtissait. Chaque molécule, chaque cellule, chaque afflux sanguin, chaque battement cardiaque, chaque contraction tout ça c'était lié. Tous dépendaient des uns des autres. Maintenir la vie dans un corps humain demandait une coordination entre les différents acteurs, comme s'il s'agissait d'un travail d'équipe colossal où la moindre défaite conduirait à la mort, comme si cette équipe mettait à chaque seconde qui s'écoulait la vie en jeu. Et c'était le cas.

Rien n'était plus précieux que la vie.

Et Akaashi le savait. Il voulait la protéger. C'est sûrement dans ce but qu'il désirait être médecin. Aider les gens qui souffrent, soigner les malades… donner à sa vie un sens. Il désirait au plus profond de lui avoir des contacts humains, être proche des gens, redonner de l'espoir à ceux qui l'avaient perdu et sauver des vies qui semblaient sur le point de disparaître. Oui, Akaashi souhaitait devenir médecin.

Malheureusement, ce désir était inaccessible. A moins, qu'un jour peut-être, il ne tienne tête à ses parents. Il leur ferait comprendre qu'il pouvait faire ses propres choix, que c'était sa vie, donc sa décision. Et même s'ils s'opposaient à son projet d'avenir, il se débrouillerait seul.

Qu'est-ce qu'il racontait ? Il n'en avait pas le droit. Pourquoi commençait-il à se rebeller ? Pourquoi se faisait-il du mal avec de telles pensées ? Il savait très bien que jamais ça n'arriverait. Du moins pas dans cette vie. Il n'en avait pas le courage. Il ne supporterait pas la déception et le jugement dans leurs regards. Et puis, se débrouiller seul ? Comment il le pourrait ? Après tout, ses parents s'étaient bien assuré qu'il soit absolument seul. Il n'avait qu'eux. Et il n'était pas prêt à n'avoir personne.

Pourquoi réfléchissait-il à tout ça ? C'était bien la première fois qu'il était aussi troublé. Aussi perdu. A cause de cette histoire, son comportement changeait. Il était en train de tout remettre en question. Ça lui faisait peur. Il était terrifié à l'idée de ne plus être en adéquation avec ses parents, de vouloir faire ses propres choix… d'être lui-même. Il était leur unique héritier après tout, il se devait d'être à la hauteur, de se montrer digne de leurs attentes.

Ce fut totalement l'esprit ailleurs qu'Akaashi commença le TP de biologie. Aujourd'hui c'était une dissection. Il en avait déjà pratiqué pas mal par le passé, mais à chaque fois il trouvait ça passionnant. Bon évidemment, au début, il avait toujours un petit pincement au corps en pensant au pauvre petit animal sans vie gisant sur sa paillasse. Puis lorsque son scalpel commençait à entailler délicatement la chair de l'animal afin d'ouvrir la cage thoracique dans un fin filet de sang, Akaashi ne ressentait plus aucune culpabilité. N'importe qui aurait pu penser qu'il s'agissait là d'une déviance, d'un comportement digne d'un psychopathe. Peut-être était-ce le cas ? Mais pas pour Akaashi. A chaque dissection il se disait que c'était un bon entraînement afin de devenir chirurgien. Et à chaque fois qu'il se disait ça, il se mettait une claque mentale. Parce que jamais ne il deviendrait chirurgien.

La dissection était terminée. Le professeur passait afin d'évaluer la propreté et la minutie du travail effectué par ses élèves. Et comme d'habitude, il resta sans voix face au travail impeccable d'Akaashi. Tout comme les autres élèves d'ailleurs. Akaashi avait cette délicatesse et cette rigueur particulière qui se retrouvait dans tout ce qu'il faisait, que ce soit lors d'un match de volley, un devoir de maths ou bien une dissection.

Alors qu'Akaashi commençait à ranger le matériel, afin de passer à la suite du TP, il senti sa tête tourner. Il posa le scalpel qu'il tenait dans sa main sur la paillasse, puis porta sa main à sa tête, espérant que le contact avec celle-ci diminuerait la douleur qui commençait à prendre plus d'ampleur. Mais rien n'y faisait, la douleur dans son crâne se faisait de plus en plus lancinante. A tel point qu'il sentit sa vision se troubler. Il avait l'impression que toute la pièce tanguait autour de lui, comme s'il était sur un navire en pleine tempête. Il sentait peu à peu ses forces quitter ses jambes, alors il essaya tant bien que mal de prendre appuie sur la table.

Les autres élèves semblèrent remarquer son malaise au vu des questions inquiètes qu'ils posèrent. Akaashi entendait les voix de ses camarades mais était bien incapable d'en comprendre le sens tellement sa tête le faisait souffrir. Il essaya d'ouvrir la bouche afin de prononcer quelques mots mais aucun son n'en sortit. Sa bouche était bien trop pâteuse pour dire quoi que ce soit.

Toujours appuyé sur la table, ses jambes ne le soutenaient plus, il serrait les dents de toutes ses forces sous la douleur insupportable qui lui lacérait le crâne. Il ne savait pas combien de temps il resta ainsi. Mais d'un coup, il ne vit plus rien. Tout était noir. La douleur était partie. Et Akaashi s'effondra sur le sol, inconscient.


- Il est génial Tetsu' !

Kuroo ne put s'empêcher de lever les yeux en ciel, tout en soupirant.

- Je sais, tu l'as déjà dit une bonne centaine de fois, répondit-il en essayant de ne pas paraître trop exaspéré.

- Tu crois qu'il le prendrait bien si j'allais le voir à la fin des cours ? En plus il a pas répondu à mes sms, c'est inquiétant non ?

- C'est pas une bonne idée Bo'.

Le noiraud vit l'incompréhension dans le regard de son ami. Il savait qu'il allait demander pourquoi, et honnêtement il n'était pas d'humeur à raisonner Bokuto. Il en avait pas l'énergie.

- Vous avez pas fini de jacasser ? On vous attend pour l'entraînement ! les réprimanda Daichi.

Kuroo soupira de soulagement, remerciant silencieusement Daichi d'avoir mis fin à cette conversation. Il ferma son casier et sortit des vestiaires, suivit de près par Bokuto. Ils arrivèrent sur le terrain et débutèrent l'entraînement par des échauffements classiques. Depuis toutes ces années, cela était devenu une routine pour Kuroo. Tours de terrains, séries faisant travailler tous les muscles possibles, services, passes et blocages. C'est seulement après une bonne demi-heure qu'ils attaquaient le véritable entraînement. C'est à dire qu'ils formaient des équipes, dont le nombre pouvait varier selon les besoins, et qu'ils s'affrontaient lors de plusieurs matchs. Puis ils discutaient des faiblesses de chacun et sur le comment améliorer le niveau de l'équipe.

Aujourd'hui, c'était un match trois contre trois. Le but était de faire travailler les attaques de Bokuto pour le match à venir. Celui des qualifications. Et même si les joueurs ne se faisaient aucun souci quant à leur victoire, l'entraîneur avait décidé de perfectionner certains détails.

Ce fut ainsi que Kuroo se retrouva de l'autre côté du filet, face à Bokuto. Le chat adorait affronter le hibou parce qu'à chaque fois, ils se donnaient à fond afin de voir qui était le meilleur. Un peu comme s'ils se lançaient un défi silencieux. Et Kuroo adorait les challenges et arrêter les attaques phénoménales de son meilleur ami, c'était un challenge plus que costaud.

Le coup d'envoi fut lancé. Durant de longues minutes, les échanges allèrent de bon train. La balle voyageant d'un côté à l'autre du terrain. Tantôt touchant le sol, tantôt arrêtée par des mains puissantes. Kuroo adorait ce sentiment de liberté qu'il ressentait dès qu'il foulait le terrain. Mais ce qu'il aimait par-dessus tout était la cohésion de l'équipe. L'impression qu'ils agissaient tous tel un seul et même corps. C'était ce qui lui avait plu avec le volley. L'idée que tous les membres d'une équipe ne faisaient qu'un, chacun écoutant les mouvements des autres et agissant en conséquence.

Kuroo sortit de ses pensées lorsqu'il vit que Bokuto allait attaquer. Il étira un léger sourire. Il connaissait par cœur le hibou, il savait où la balle irait. Alors il fit un pas sur la gauche, prêt à bloquer le ballon. Mais jamais il n'arriva. Après plusieurs secondes d'attentes, Kuroo posa son regard sur Bokuto afin de voir ce qui lui prenait autant de temps.

La balle gisait aux pieds de Bokuto. Ce dernier était livide, les deux mains posées sur la tête et grimaçant. Au début Kuroo pensa que le décoloré avait raté son attaque et qu'il jurait comme il le faisait à chaque fois. Mais lorsqu'il vit des larmes au coins des yeux de Bokuto, il sut que quelque chose n'allait pas.

Sans réfléchir, il passa sous le filet, courant vers Bokuto. Il posa délicatement sa main sur son épaule, ne pouvant retirer l'expression inquiète sur son visage.

- Bo' ça va ?

Il entendit le hibou gémir. Avait-il mal ?

- Bo' répond moi !

- J'ai… ai m…al, articula-t-il difficilement.

Kuroo eut à peine de répondre quoi que ce soit que Bokuto s'effondra dans ses bras. Il l'observa quelques instants, inquiet. Puis remarquant que son ami était totalement inconscient, il releva les yeux sur ses coéquipiers qui avaient assisté à la scène en silence.

Daichi se précipita vers eux et aida Kuroo à soutenir le corps de Bokuto.

- On va l'emmener à l'infirmerie. Kuroo, tu m'accompagnes. Les autres reprenez l'entraînement !

Quelques plaintes s'élevèrent, contestant les ordres. Mais le regard noir que lança le capitaine suffit à tous les faire taire.

Ils marchèrent dans le silence jusqu'à l'infirmerie. Kuroo était bien trop inquiet pour son ami pour dire quoi que ce soit. C'était bien la première fois qu'une telle chose avait lieu.

Et bon dieu, ce que le hibou était lourd !

Alors qu'ils passèrent la porte, l'infirmière arriva en courant vers eux et les aida à allonger Bokuto sur un des lits.

- Que s'est-il passé ? Demanda-t-elle.

Daichi lui raconta l'entraînement alors qu'elle commençait à ausculter Bokuto.

- Je vois. Il semblerait que ce soit un simple malaise. Il s'en remettra vite, fit l'infirmière avec un sourire rassurant. Vous pouvez retourner à l'entraînement.

Daichi acquiesça et tourna la tête vers Kuroo en lui faisant signe de le suivre. Kuroo l'observa quelques instants avant de reporter son regard sur Bokuto.

- Non je vais rester. Bo' a horreur des hôpitaux. Mauvais souvenirs. Il risque de paniquer si je suis pas là à son réveil, expliqua Kuroo sans quitter son ami des yeux.

Daichi hocha la tête et sortit de l'infirmerie laissant derrière lui un Kuroo inquiet. Après de longues minutes passées dans le silence, Kuroo leva la tête et croisa le regard de l'infirmière.

- Vous savez ce qui peut expliquer ce malaise ? Demanda-t-il.

- Ça pourrait être dû à une hypoglycémie, ou un stress trop intense. Mais c'est rien de grave, dans quelques heures il ira parfaitement bien, comme si rien ne s'était passé.

Puis l'infirmière laissa Kuroo tranquille, retournant à son travail.

Kuroo observa Bokuto, attendant qu'il se réveille. Il savait qu'il ne devrait pas s'inquiéter autant pour le hibou, mais quand ça concernait les gens qu'il aimait, Kuroo avait du mal à contrôler ses émotions. Et encore plus quand ça concernait Bokuto. Avec lui il sentait qu'il devait le protéger. Il ne voulait pas risquer de le perdre comme il avait failli il y a quelques années. Bokuto était comme un membre de sa famille et il ferait n'importe quoi pour lui.

Il sourit légèrement en voyant que le visage du décoloré était si paisible. Lui qui était toujours surexcité, il n'y avait que dans ces moments-là que Bokuto était calme. Enfin, sauf quand il commençait à gigoter dans son sommeil. C'était d'ailleurs à cause de ses gestes violent lorsqu'il dormait que lors des camps d'entraînement personne ne voulait dormir à côté de lui.

Toujours les yeux rivés sur son visage, Kuroo remarqua que Bokuto commençait à papillonner des paupières, puis, après quelques secondes, il ouvrit doucement les yeux.

- Hey mon pote, ça va ? Demanda Kuroo, toujours une pointe d'inquiétude dans la voix.

Il ne reçut pas de réponse. Bokuto clignait des yeux, essayant sûrement de s'adapter à la lumière aveuglante de la pièce. Puis il tenta de se relever. Mais Kuroo ne le laissa pas faire et plaqua une main contre son torse pour l'en empêcher.

- Doucement. Tu vas rester allongé là bien sagement.

Le hibou tourna vivement la tête dans tous les sens, observant la pièce qui l'entourait, sans prêter aucune attention à Kuroo.

- Qu'est-ce que je fais ici ? Demanda le décoloré avec un brin de panique dans la voix.

Kuroo soupira et prit la main de Bokuto, tentant de le rassurer. Il savait à quel point son ami détestait les hôpitaux. Et il comprenait parfaitement pourquoi.

- Tu t'es évanoui en plein milieu de l'entraînement.

Bokuto ouvrit d'un coup grand les yeux, fixant Kuroo, retirant vivement sa main de celles de Kuroo. Ce dernier ne put s'empêcher de lâcher une exclamation de surprise.

- Kuroo ! C'est toi ?

- Oui ? La chute a dû être sacrément violente si tu as du mal à me reconnaître, rigola le chat.

- C'est pas ça, murmura le hibou en regardant ses mains.

Le comportement de son ami commençait sérieusement à l'inquiéter.

- Hé Bo' tu es sûr que ça va ?

- Akaashi.

Oh non, pas encore. Il n'allait pas encore parler de lui, hein ? Il venait de faire un malaise et la première chose à laquelle il pensait c'était Akaashi ? Mais bordel qu'est-ce qui clochait avec lui ?

- Quoi Akaashi ? Tu vas encore me faire chier à me dire à quel point il est génial ? Je te rappelle qu'hier il t'a laissé en plan. Il en a très certainement rien à faire de toi.

Lorsque Kuroo vit la bouche de Bokuto s'ouvrir, il le coupa net.

- Et non il ne répondra pas à ton fichu SMS. Parce que ce mec s'en fiche de toi, il y a que sa petite personne qui l'intéresse.

- Kuroo. C'est moi. Je suis Akaashi.

Ces mots eurent l'effet d'une douche froide. Kuroo le regarda perplexe, la mâchoire prête à se décrocher et resta silencieux. La boulette. Il venait de merder. Bien sûr qu'il était énervé contre Akaashi pour avoir traité Bokuto n'importe comment, mais malgré tout il appréciait le jeune passeur. Maintenant qu'il avait balancé tout ça, pas sûr que Akaashi soit de bonne humeur.

- Il semblerait qu'un échange se soit produit. Je me suis aussi évanoui. Il y a peut-être un rapport, réfléchissait-il à voix haute. Mais je ne comprends pas.

-J-je… Akaashi ? C'est toi ? Finit par demander Kuroo, connaissant très bien la réponse mais trop surpris pour dire quelque chose d'intelligent.

- Oui. Qui veux-tu que ce soit d'autre ?

- Je sais pas, à ton avis dans le corps de Bokuto, je m'attends à voir qui ? Répliqua le chat se remettant de sa surprise et retrouvant sa répartie.

Akaashi soupira à cette remarque et détourna son regard de Kuroo.

- Je ne comprends pas, répéta Akaashi.

Kuroo le fixait. Maintenant qu'il y réfléchissait, lui aussi était perdu. Jusqu'à maintenant les échanges s'étaient produits uniquement pendant la nuit, alors que les deux dormaient. Et pas une seconde il avait imaginé que cela pouvait se produire en étant éveillé. Mais si c'était le cas, ça laissait peut-être un espoir pour le contrôler ? Aaah voilà qu'il pensait comme Bokuto ! Il devrait plutôt penser comme Akaashi, ça serait plus prudent, non ? Parce que si cela venait à se produire en pleine journée, ça pouvait avoir de graves répercussions. Surtout s'ils s'évanouissaient à chaque fois. Au mauvais moment.

Kuroo observa Akaashi se saisir du portable de Bokuto et composer un numéro. Sûrement le sien. Enfin le numéro du portable d'Akaashi afin de joindre Bokuto. Il voulait probablement s'assurer que l'autre ne fasse pas de bêtises. Mais il semblerait que la ligne sonna dans le vide au vu de l'exaspération qui teintait le visage du hibou.

- Il est peut-être pas encore réveillé, fit Kuroo essayant de rassurer Akaashi.

- Tant mieux, ça lui évitera de faire des bêtises.

Akaashi se leva et se saisit du sac de Bokuto, ignorant totalement le regard interrogateur de Kuroo.

- Eh attends ! Tu vas où ? Demanda Kuroo.

- Voir Bokuto.

- Quoi ? Non ? Tu peux pas ! Comment je vais expliquer que Bokuto est absent en cours ?

Akaashi leva les yeux au ciel.

- Il est tombé dans les pommes à l'entraînement. T'as qu'à dire qu'il est malade et rentré chez lui. Tu es grand, débrouille-toi, répondit sèchement Akaashi.

Ce fut la remarque de trop. Ce ton froid, dénué d'émotions, comme si Akaashi se fichait totalement de Bokuto, l'énerva au plus haut point. Kuroo le saisit par les épaules, plongeant ses yeux dans deux grandes orbes dorées dénués d'émotions.

- Tu vas te calmer tout de suite. Et tu vas arrêter de penser qu'à toi. Bokuto fait tout ce qu'il peut pour ne pas s'attirer tes foudres ! Et je ne sais pas pourquoi mais même après l'avoir traité de la sorte hier, il te trouve génial. C'est d'ailleurs la seule raison qui m'empêche de t'en mettre une. Sans compter le fait que tu es dans le corps de mon meilleur ami. Alors maintenant tu vas reprendre tes esprits et faire en sorte de ne pas causer de problèmes à Bo' ! Compris ?

Kuroo avait conscience qu'il était peut-être allé un peu loin, mais Akaashi avait besoin d'être secoué et de se connecter avec la réalité. Il attendait la réponse avec une certaine appréhension, ignorant totalement comment l'autre allait réagir.

- J'en ai marre…

Kuroo croisa le regard de Akaashi et il ne put faire le moindre mouvement ni dire le moindre mot, tant la frustration ou la colère était présente dans les yeux du plus jeune.

- J'en ai marre que tout le monde me dise quoi faire.

Kuroo comprit que cette remarque lui était adressé mais pas seulement. Akaashi visait clairement quelqu'un d'autre, et il avait bien sa petite idée sur le sujet.

- J'en ai marre de cette situation ! Ma vie allait très bien avant ! Et maintenant tout a été chamboulé ! Mes parents ne me font plus confiance ! Les entraînements de volley sont une torture à cause d'Ushijima ! Yachi attend quelque chose de moi, une quelconque amitié que je ne peux lui offrir ! Mes parents veulent me faire épouser une inconnue ! Personne ne s'intéresse à ce que je veux faire ! Tout le monde choisit à ma place ! Alors non ! Je ne vais pas me calmer ! J'en ai marre !

Il avait parlé d'une traite. Il était un bout de souffle. C'était la première fois qu'il s'emportait ainsi et alors qu'il respirait péniblement, Kuroo fit la seule chose qu'il lui vint à l'esprit : il le prit dans ses bras. C'était peut-être dû au fait qu'il soit dans le corps de son meilleur ami. Ou alors tout simplement parce qu'il ne supportait pas de voir des gens dans cet état, mais il fut obligé de réagir. Comme poussé par une force plus forte que lui. La détresse du plus jeune l'avait interpellé. Il semblait être à bout.

Au début Akaashi se raidit sous la surprise, puis il laissa tomber sa tête contre l'épaule de Kuroo. Il n'en pouvait plus, il était fatigué. Et l'étreinte de Kuroo était étrangement rassurante.

Une fois le calme revenu, Akaashi s'éloigna de Kuroo, évitant son regard. Légèrement gêné de son manque de contrôle.

- C'est ta vie Akaashi, tu fais ce que tu as envie. Si tes parents te soutiennent pas, tiens-leur tête. Et même s'ils comprennent pas, et qu'ils te laissent tomber, tu n'auras rien perdu. La famille c'est fait pour se soutenir mutuellement et non pour s'enchaîner à un futur que tu ne veux pas.

Kuroo avait emprunté la voix la plus douce possible afin de rassurer le plus jeune. Il avait compris que la vie de Akaashi n 'était pas simple. Comme s'il était emprisonné dans une prison invisible qui, au fil des jours, se resserrait sur lui jusqu'à finir par l'étouffer. Bokuto aussi avait eu cette impression. Ils en avaient beaucoup discuté et ils voulaient tous les deux apporter leur aide à Akaashi. Le libérer. Avant qu'il craque totalement. Personne ne pouvait vivre toute une vie dans ces conditions sans que ça ne laisse des séquelles irréversibles.

- Tu ne sais rien, murmura Akaashi. Jamais je n'oserais les décevoir à nouveau. Je les ai déjà trop déçus, fit-il d'une voix qui n'appelait pas à la contestation.

Kuroo soupira. Comment apporter de l'aide à quelqu'un qui refusait d'en recevoir ?

Akaashi se dirigea rapidement vers la porte. Se sentant faible, voulant éviter Kuroo et oublier le fait qu'il avait craqué. Il détestait paraître si faible. Il détestait lorsque son parfait masque se brisait. Il détestait ces moments-là. Il savait que Kuroo avait raison. Et il se détestait parce qu'il se rendait compte qu'il ne serait jamais heureux. Mais il n'avait pas le choix, n'est-ce pas ?

- Akaashi attends !

Akaashi se stoppa et se retourna, fixant Kuroo et attendit qu'il poursuive, s'impatientant légèrement, voulant fuir le plus rapidement possible.

- Ce soir il y a une réunion de quartier. Si Bokuto est absent, les gens risquent de s'inquiéter et-

- C'est à quelle heure ? Coupa Akaashi voyant immédiatement où Kuroo voulait en venir.

- 19h.

- Je serais là.

Akaashi passa le pas de la porte et s'arrêta à nouveau.

- Kuroo ? Tu pourras t'occuper de Minami s'il te plaît ?

Kuroo fixa un instant Akaashi surpris. Surpris que Akaashi pense à Minami dans une telle situation. Surpris parce qu'il pensait qu'Akaashi ne se préoccupait pas de Bokuto et de tout ce qui touchait à sa vie. Il semblerait qu'il avait jugé le passeur trop vite. Lui qui voulait toujours avoir raison était heureux de s'être tromper sur Akaashi. Il n'était pas égoïste. Il donnait juste l'impression de l'être.

Kuroo étira un léger sourire.

- Oui, bien sûr.

- Merci, répondit Akaashi en quittant la pièce afin de rejoindre Bokuto.


Lorsque Bokuto se réveilla le décor qui l'entourait lui était totalement inconnu. Jamais il n'avait vu ces murs blancs, ni ces rideaux bleus accrochés avec minutie à la fenêtre. L'odeur aseptisée et les lits se trouvant à côté de lui indiqua qu'il se trouvait à l'infirmerie ou dans une chambre d'hôpital.

Mais pourquoi ?

Ah oui c'est vrai. Il s'était évanoui au milieu de l'entraînement. Il ne se rappelait plus vraiment ce qu'il s'était passé. Il s'était juste senti mal puis tout était devenu noir.

Mais ici c'était sûr. Ce n'était pas l'infirmerie de son lycée. Il y était allé assez souvent pour en mettre sa main à couper. Et c'est dire qu'il en était sûr, vu que pour un as comme lui sa main était indispensable. Puis il n'y avait pas Kuroo. Et jamais Kuroo ne l'aurait laissé seul ici. Il savait à quel point le hibou détestait ce genre d'endroit. A chaque fois il angoissait. Ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Cette odeur était toujours annonciatrice de mauvaises nouvelles. Toujours.

Alors avant que la foudre ne s'abatte sur lui il se leva du lit, prit le sac à ses côtés et sorti immédiatement de la salle avant de croiser quelqu'un qui pourrait le retenir dans ce maudit endroit.

Arrivé dans le couloir, il tourna à gauche, suivant uniquement son instinct afin de s'échapper de ces lieux. Au bout de quelques secondes il se retrouva dehors et il reconnut immédiatement l'endroit. L'académie d'Aosuno. Le lycée d'Akaashi. Que faisait-il là ?

Il réfléchit longuement avant que la réponse ne le percute. Il regarda sa main, ses pieds et son coude. Il essaya de toucher son nez avec sa langue. Ce fut un échec. Pas de doutes possibles, il était dans le corps d'Akaashi. Il était impossible qu'il échoue à atteindre son nez avec sa langue. Impossible.

Le temps que l'information atteigne son cerveau, il était déjà en train de sautiller partout.

- Je le savais ! Je le savais que ça arriverait de nouveau ! Cria-t-il ne se préoccupant pas des regards interrogateurs des autres élèves.

L'excitation qui l'avait assailli se calma peu à peu. Bokuto arrêta de bouger et fouilla dans le sac se trouvant à ses pieds, à la recherche du portable d'Akaashi. Il le trouva assez rapidement.

Il constata qu'il y avait plusieurs appels manqués et des messages non lus. Tous du même nom : « Bokuto-san ». Sans même lire ou écouter les messages, il rappela directement, espérant tomber sur Akaashi. Une sonnerie retentit.

- J'arrive à l'académie, ne bouge surtout pas de l'infirmerie Bokuto-san.

Et Akaashi raccrocha.

Bokuto regarda le téléphone avec des yeux ronds. Il n'avait eu le temps de ne rien dire. Akaashi serait-il énervé ? Lui en voudrait-il encore pour hier ? Ou peut-être n'était-il pas content de cet échange impromptu ?

Assis devant le bâtiment de l'infirmerie, Bokuto angoissait. Il avait peur. Le ton froid d'Akaashi l'inquiétait. Il le sentait mal. Un peu comme un enfant ayant fait une bêtise et qui savait que ses parents arrivaient pour le punir.

Il joua avec ses doigts et lorsqu'il vit son corps se diriger vers lui d'un pas rapide, une boule se forma dans son ventre. C'était étrange de se voir. De voir son propre corps sans être dedans. Et surtout l'expression qui l'arborait le mit mal à l'aise. Lui aussi avait-il cette tête-là ? Cette tête de voyou, les sourcils froncés et aucun sourire sur le visage ?

D'ailleurs, la venue d'un individu au cheveux décolorés attira l'attention des élèves.

- C'était pas celui qui était là hier ? Murmura une fille à son amie.

- Si, mais aujourd'hui il semble beaucoup plus terrifiant.

- Tu crois qu'il connaît Akaashi ? Un ami ?

- Si ses amis sont comme ça, ça expliquerait pourquoi il est toujours seul.

- Akaashi est bizarre, je l'ai toujours dit.

Bokuto se leva d'un bon, s'apprêtant à défendre le plus jeune.

Mais une main sur son épaule l'arrêta. Il tourna la tête et tomba dans un regard doré et autoritaire.

- Akaashi, murmura-t-il.

- Bokuto-san, m'attire pas plus d'ennuis s'il te plaît. Tais-toi et suis-moi.

- Elles ont pas le droit de parler de toi comme ça. Elles te connaissent pas. Elles sav-

- Bokuto-san, je t'ai dit de te taire.

Bokuto baissa la tête. La voix autoritaire ne laissait aucune objection possible. Ce fut donc dans un silence absolu, malgré les rires et autres exclamations des petits curieux autour d'eux, qu'ils s'éloignèrent.

Après avoir marché quelques minutes, ils se retrouvèrent dans un coin tranquille sans aucun élève.

- Bokuto-san, je n'aime pas cette situation.

Akaashi avait parlé si sèchement que Bokuto en eu la voix coupée. Impossible pour lui de sortir le moindre mot, ce qui permit à Akaashi de continuer.

- Mais on a pas le choix, alors on fera avec, soupira-t-il.

Bokuto hocha la tête, attendant la suite. Akaashi semblait réfléchir à une solution. Le hibou s'amusa de cet air concentré qu'il voyait sur son visage. Il rigola légèrement, ce qui reporta l'attention d'Akaashi sur lui.

- Pourquoi tu rigoles ? Demanda ce dernier.

- Eh bien, je ne pensais pas avoir une tête si drôle quand je suis concentré, répondit-il. Je comprends maintenant pourquoi Tetsu' ne me prend jamais au sérieux !

Akaashi leva les yeux au ciel. Selon lui ce n'était pas pour cette raison, mais mieux valait ne rien dire au décoloré.

- Donc pour ce qui est des cours et des entraînements, je vais te faire confiance. Juste ne parle à personne si ce n'est pas nécessaire et tout devrait bien se passer.

- Mais-

- Non, laisse-moi finir.

Bokuto hocha la tête. Attentif.

- Normalement, demain, tout devrait être redevenu normal. Enfin j'espère, murmura le passeur.

Les yeux dorés croisèrent les iris grises.

- Depuis hier, je suis stagiaire dans l'entreprise de mon père et-

- Aaaah c'est pour ça que tu étais dans ce bâtiment super classe quand on s'est croisé hier ?

- Oui. Et c'est un stage que je ne peux louper.

- J'irais ne t'en fais pas ! Affirma Bokuto avec un grand sourire.

- Justement. C'est ça le problème, je ne te fais pas assez confiance pour ça. Mais du coup je ne sais pas comment je pourrais faire...

Bokuto senti son cœur se serrer légèrement suite à la réplique sèche d'Akaashi. Il savait bien qu'il faisait pleins de bêtises et que l'autre avait raison de ne pas lui faire confiance. Pourtant, il voulait tant aider le plus jeune que ça le peinait de voir qu'il n'était qu'un boulet à ses yeux. Et il voulait lui prouver qu'il pouvait se rendre utile. Et grâce à sa détermination, une idée germa dans son esprit.

- On pourrait-

- Bokuto-san ne m'interrompt pas s'il te plaît. J'essaye de trouver comment on pourrait faire et si-

- On pourrait y aller tous les deux, le coupa subitement le décoloré afin de faire comprendre à Akaashi que même si l'autre refusait son aide, il lui apporterait quand même.

Et pendant qu'Akaashi semblait réfléchir à ce qu'il venait de dire, Bokuto l'observa minutieusement. C'était très étrange. Il avait cette impression de se retrouver devant un miroir, incapable de contrôler les gestes de son reflet. Comme si ce dernier avait sa volonté propre. Il était mal à l'aise. Il commença à jouer avec ses doigts et piétiner sur place. Le silence. Il n'aimait pas le silence. Dans son quartier il y avait toujours du bruit, de la musique, de la vie. Et le silence le laissait seul, avec ses pensées. Mais malgré le malaise qu'il ressentait il ne pouvait s'empêcher d'être captivé. Absorbé totalement dans la contemplation du corps qui était le sien, se redécouvrant d'un nouveau point de vu.

- Bokuto-san, tu es un génie ! S'exclama finalement Akaashi.


Si un jour on lui avait dit qu'une telle expression de surprise prendrait vie sur son visage, jamais il ne les aurait cru. Surtout qu'il s'évertuait tant bien que mal, depuis tout petit, à ne laisser filtrer aucune émotion. Mais il semblerait que Bokuto soit quelqu'un de très expressif. Un peu trop d'ailleurs.

Maintenant qu'Akaashi avait l'occasion de voir le décoloré dans son corps et agir, il se rendait compte que rien ne paraissait naturel. Les sourires, le froncement de sourcils, le moindre geste que Bokuto effectuait. Tout était en total décalage. Rien ne semblait normal.

C'est incroyable que personne ne se soit questionné plus que ça, que personne n'ait rien remarqué quant au comportement bizarre du brun lors de ces derniers jours.

- Mais, mais, Akaashi…

- Bon maintenant il reste à savoir comment expliquer ça à Takeda-san…

Akaashi ignora Bokuto, faisant fonctionner son cerveau à vive allure. Il se surprit même à aimer ça, élaborer une stratégie, trouver des solutions. C'était un peu pareil lorsqu'il faisait une passe au volley, il devait évaluer rapidement qu'elles étaient les meilleures possibilités et les divers aboutissants. Là c'était la même chose. Cette étrange excitation, cette espèce d'euphorie l'avait envahie et rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti ça. Trop longtemps.

- J'aime pas faire ça, mais je ferais jouer mon rôle de fils du directeur pour t'avoir à mes côtés ce soir. De toute façon, demain tout sera redevenu normal.

- Et si on reste coincé comme ça pour toujours ? Demanda Bokuto.

Akaashi se figea. Évidemment qu'il y avait pensé. Et pas qu'une seule fois. Mais à chaque fois que cette idée lui effleurait l'esprit, il essayait de la faire disparaître le plus vite possible. Ça lui faisait peur. En réalité, ce qui le terrifiait surtout c'était l'incroyable sentiment de soulagement qui l'envahissait à chaque fois que son esprit dérivait vers cette pensée. Un moyen de fuir la vie qu'on lui imposait. Un moyen d'être heureux. Néanmoins il s'interdisait d'avoir de telles pensées. Il n'avait pas le droit.

Il mit du temps à trouver les mots pour répondre à Bokuto.

- Ça n'arrivera pas Bokuto-san.

Il y eu quelques secondes de silence où aucun des deux garçons n'osèrent parler. Sûrement pensaient-ils aux conséquences de ce qu'un échange définitif impliquait. Et Akaashi ne put manquer l'air incroyablement inquiet qu'arborait Bokuto.

- On se retrouvera après les cours, Bokuto-san.

Bokuto fit un léger mouvement de tête pour dire qu'il avait compris. Et alors qu'Akaashi allait partir, une main se posa sur son bras, le retenant. Il sentit un frisson descendre le long de son échine, et l'agréable chaleur émanant de la main du plus vieux le déstabilisa légèrement. Sûrement était-il trop peu habitué aux contacts physiques ? Pourtant lorsque Kuroo l'avait pris dans ses bras, ça avait été totalement différent.

- Attends ! Akaashi est-ce que-

Akaashi fixa le visage se trouvant en face de lui et put lire aisément l'inquiétude se trouvant dans les prunelles grises habituellement siennes. Et il ne sut pas comment, mais il savait exactement ce que Bokuto allait lui demander.

- Ne t'inquiète pas, Kuroo s'occupe de ta petite sœur.

- Et-

- Je suis au courant pour la réunion. J'irais à ta place et te ferais un résumé par SMS.

Sur son visage Bokuto étira un large sourire, qui ne faisait pas du tout naturel aux yeux d'Akaashi, lui qui ne souriait jamais.

- Merci Akaashi. Tu penses vraiment à tout ! T'es le meilleur !

Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'Akaashi était déstabilisé par le fait d'avoir une conversation avec son propre corps, alors lorsque Bokuto le prit dans ses bras afin de montrer sa reconnaissance, Akaashi ne sut pas quoi faire, trouvant la situation totalement irréaliste. Et à nouveau au contact de l'autre, il ne put réprimer un léger frisson agréable parcourir le corps dans lequel il se trouvait. Et personne ne s'en rendit compte, ni Bokuto, ni Akaashi, mais ce dernier souriait légèrement sous le câlin du hibou.

- Bokuto-san, lâche-moi, ordonna finalement Akaashi en se soustrayant à l'étreinte de Bokuto.

Bokuto s'exécuta sans rechigner, toujours un large sourire sur le visage. Un visage qu'Akaashi avait du mal à reconnaître, bien que ce fût le sien. Jamais il n'avait vu une expression aussi heureuse sur son propre visage. Avait-il même déjà souri ainsi ? Et face à ce sourire, une des barrières qu'Akaashi avait pris tant de temps à ériger, se craquela. Mais il l'ignora. Inconsciemment, il refusait de la colmater. Au plus profond de lui, il espérait qu'elles tombent toutes une par une.

Cependant, l'Homme ignore tout de ses désirs les plus profonds. C'est pourquoi Akaashi pensait qu'être le fils parfait était la meilleure chose à faire pour lui. Et pour cela sa présence en cours était indispensable.

- Maintenant, Bokuto-san, tu ferais mieux de-

- Bokuto-san, que faites-vous ici ?

Akaashi serra les dents, se retournant lentement, sachant très bien sur qui ses yeux allaient tomber. Yachi. Que faisait-elle là ? Pourquoi était-elle venue vers eux ?

Il lança un regard noir à Bokuto, pensant que la venue de la blonde était de sa faute. Mais lorsqu'il lut l'expression apeurée sur son visage, il senti comme le besoin de le rassurer. Et contrairement à d'habitude, il fut incapable d'ignorer la détresse de Bokuto.

Alors Akaashi avança vers Yachi, essayant au mieux de reproduire l'attitude du décoloré, réfléchissant à toute allure comment se débarrasser de la jeune fille. Parce qu'il savait que si elle continuait ainsi à vouloir entrer dans sa vie, elle réussirait. Généralement, les gens n'insistaient pas pour approcher Akaashi, au contraire. Mais le passeur n'aurait pas le courage de repousser éternellement tout le monde. Il avait très bien réussi jusqu'à maintenant, alors pourquoi depuis toute cette histoire ça avait changer ? Pourquoi il n'avait plus la force d'être le Akaashi qu'il avait toujours été ?

- Oh Yachi ! Quel plaisir de te voir ! Je… Je suis venu voir Akaashi à propos de quelques formalités ! N'est-ce pas Akaashi ?

Il se retourna vers Bokuto demandant d'un regard son soutien. Ce que l'autre sembla comprendre vu qu'il hocha la tête vigoureusement, sans prononcer un seul mot.

- Vous … vous allez bien ? Demanda Yachi. Vous agissez bizarrement. J'ai l'impression que-

- Oui tout va bien Yachi. Maintenant est-ce que tu peux nous laisser s'il te plaît ? Demanda froidement Akaashi.

Il se reçu un regard interloqué de la part de la blonde, légèrement blessé par le ton sec employé par Akaashi. Néanmoins elle ne demanda rien de plus. Elle se contenta de tourner les talons afin de s'éloigner des deux garçons. Malgré tout quelques pensées n'arrêtaient pas de tourner dans sa tête. Déjà depuis plusieurs jours.

- On dirait qu'ils ont tous les deux des personnalités changeantes… comme s'ils arrêtaient pas d'interchanger, murmura-t-elle pensive en rejoignant le bâtiment principal.

Akaashi l'observa puis une fois sûr qu'elle était loin, il soupira et se tourna vers Bokuto. Ce dernier affichait une mine renfrognée, et Akaashi comprit très bien à quoi elle était due.

- Tu aurais pu être plus gentil avec elle. Elle s'inquiète pour toi tu sais, reprocha le hibou au plus jeune.

Akaashi ne répondit rien. Il n'y avait rien à répondre. Il était comme ça. C'est tout. Et surtout il avait pris peur. Peur que Yachi devienne trop proche. Peur que Yachi devine ce qu'il se passait. Peur que son futur ne soit pas comme ses parents l'aient planifié.

Il y eu un long silence, Bokuto attendant une quelconque réponse d'Akaashi, mais rien ne vint. Et cela ne sembla pas satisfaire le hibou.

- On devrait lui dire ! S'écria-t-il en commençant à se diriger là où la blonde était partie quelques secondes plus tôt.

- Non.

Le ton glacial avait suffi à stopper Bokuto.

Les orbes dorés d'habitude si chaleureuses étaient affreusement froides et inconfortables, tellement que le hibou en baissa les yeux regardant le sol, comme un enfant ayant commis une bêtise. Akaashi soupira légèrement, conscient de son comportement. Mais Kuroo et Kenma étaient déjà au courant. C'était largement suffisant. Il fallait que personne d'autre ne sache.

- Maintenant tu ferais mieux de retourner en cours Bokuto-san. Si les professeurs remarquent mon absence anormalement longue, ils contacteront mes parents. J'ai déjà assez d'ennui comme ça.

Encore ce ton froid. Akaashi s'en était à peine rendu compte jusqu'à ce que Bokuto s'en aille sans un mot, à la manière d'un petit boudant après qu'on l'ait grondé. Akaashi soupira de nouveau. Le caractère enfantin du plus vieux allait être difficile à gérer.

- Je te rejoindrais après l'entraînement. Attends-moi vers la voiture.

Et même si Bokuto ne donna aucune réponse, Akaashi sut très bien qu'il l'avait entendu.


Bokuto passa le reste de la journée le moral légèrement bas. Il n'écouta pas un seul mot en cours, ce que les professeurs ne semblèrent pas remarquer.

Akaashi lui avait demandé de ne pas parler, alors c'était ce qu'il était en train de faire. Bien qu'il détestait ça. Le hibou avait toujours eu l'habitude de dire tout ce qui lui passait par la tête, la moindre petite chose, même sans importance. C'est comme s'il n'avait aucune barrière. Mais pour Akaashi, pour ne pas lui attirer d'ennui, il se taisait. Il évitait un maximum les gens. Et même à l'entraînement il demeura silencieux.

D'ailleurs le volley lui remonta légèrement le moral. Il réussit les passes, bien que ce n'était pas son domaine de prédilection. Et d'ailleurs, il se révéla être plutôt bon. Peut-être cela était dû au fait qu'il était dans le corps d'Akaashi et que du coup il avait acquis certaines de ses compétences physiques maintenant qu'il s'était habitué au corps du brun.

C'était donc avec un léger sourire sur les lèvres qu'il rejoignit la voiture où Akaashi devait le rejoindre.

- Bonjour Akaashi-san, avez-vous passez une bonne journée ? Demanda Ennoshita l'attendant contre la voiture.

- Oui, répondit simplement Bokuto, de peur d'en dire trop.

Les minutes défilaient dans le silence, lorsque le chauffeur, voyant l'immobilité du jeune homme, le brisa.

- Vous attendez quelqu'un ?

Bokuto hocha la tête sans un mot. Lorsque Bokuto vit au loin une tignasse décolorée. Sa tignasse. Akaashi arrivait. Et ce dernier salua immédiatement le chauffeur.

- Bonjour. Je suis Bokuto Kotaro. J'ai mon stage au même endroit qu'Akaashi. Il m'a généreusement proposé de m'y amener aujourd'hui. J'espère que cela ne posera pas de problème.

- Non pas du tout, sourit Ennoshita.

Les deux garçons montèrent dans la voiture tour à tour et se retrouvèrent côte à côte sur la banquette arrière. Le silence était assourdissant et mettait mal à l'aise Bokuto. Il fixait le paysage défiler par la fenêtre, mais cela n'empêchait le fait qu'il soit nerveux. Et lorsque le hibou était nerveux, il ne cessait de gigoter dans tous les sens. Ce qu'Akaashi ne manqua pas de remarquer.

- Calme-toi.

Bokuto tourna la tête vers Akaashi et ses yeux plongèrent dans ceux de son voisin. Et il avait beau avoir vu ces prunelles dorées depuis sa naissance, lorsque c'était Akaashi qui était dans son corps, une étrange sérénité luisait à l'intérieur des deux orbes. Une lumière apaisante, qui pendant le temps d'un instant fit oublier à Bokuto où il se trouvait. Il se senti comme aspiré dans ce regard si calme. Et toute trace de malaise avait totalement disparu.

Il dût fixer Akaashi peut être un peu trop longtemps, parce que celui-ci tourna vivement la tête pour le reporter sur la fenêtre. Mais Bokuto ne détacha pas ses yeux d'Akaashi.

Tellement de choses l'intriguaient chez le passeur. Son tempérament était tellement opposé au sien qu'il ne pouvait s'empêcher d'en savoir plus. Il était curieux de connaitre cette personne qui ne ressemblait à aucune autre. Enfin au niveau du caractère, parce qu'actuellement, physiquement, Akaashi ressemblait beaucoup trop au hibou.

Mais Bokuto n'avait pas l'impression de voir son corps. Il voyait l'âme d'Akaashi. Cette même âme qui se reflétait dans ses yeux. Les yeux sont le miroir de l'âme dit-on. Et bien ce ne fut jamais aussi vrai.

La voiture s'arrêta soudainement devant le bâtiment que Bokuto reconnu immédiatement. Il ne put s'empêcher de sourire légèrement. Il était heureux. Heureux de cette situation parce qu'il avait pu rencontrer Akaashi. Et qu'il avait l'impression d'avoir un nouvel objectif, un défi à relever : aider Akaashi. Faire en sorte qu'il soit heureux.


Ils rentrèrent dans le bâtiment et lorsque la secrétaire reconnut immédiatement le fils du grand patron elle l'interpella.

- Akaashi-san ? Takeda-san vous attends à l'étage pour débuter votre stage.

- Très bien, merci, répondit tout naturellement Akaashi.

- Euh excusez-moi jeune homme mais qui êtes-vous ? Demanda la secrétaire fixant étrangement Akaashi.

Le jeune se rendit immédiatement compte de sa bêtise. Évidemment. Tout le monde voyait Bokuto lorsqu'ils posaient leurs yeux sur lui. Comment avait-il pu l'oublier ?

- Je suis Bokuto-san, l'assistant d'Akaashi-san, répondit-il immédiatement espérant rectifier son erreur précédente. Dire qu'il reprochait à Bokuto de faire n'importe quoi, mais lui ne faisait guère mieux au final.

La secrétaire sembla chercher confirmation du regard auprès du plus vieux, qui acquiesça timidement de la tête. La jeune femme de l'accueil maintint un regard suspicieux.

- Personne ne m'avait prévenu qu'un des stagiaires -en insistant bien sur le mot- aurait un assistant.

- Je ne serais qu'un simple observateur. A aucun moment je n'interviendrais. C'est le stage d'Akaashi-san, c'est à lui de travailler, fit Akaashi tout en lançant des regards appuyés à Bokuto.

- Oui ! Tout à fait ! Je travaillerais ! Répondit le hibou maladroitement.

- Très bien allez-y, les autorisa la secrétaire en leur tendant des badges de stagiaires. La prochaine fois, ne passez pas par l'accueil, vos badges suffiront à vous faire rentrer.

Akaashi la remercia rapidement avant d'entraîner Bokuto jusqu'à l'ascenseur. Lorsque les portes se refermèrent derrière eux, Akaashi laissa échapper un soupir de soulagement. Il avait à peine remarqué à quel point son cœur s'était accéléré lors de la conversation. La montée d'adrénaline qu'il n'avait même pas sentie redescendait lentement.

- On a eu chaud, lâcha Bokuto visiblement dans le même état que Akaashi.

- Tant qu'on continue comme ça, tout devrait bien se passer.

Bokuto hocha la tête. Lorsque les portes s'ouvrirent, Akaashi eu un moment d'hésitation avant de sortir de l'ascenseur. Takeda les accueilli un grand sourire aux lèvres, ne semblant pas du tout se préoccuper de la présence du décoloré. D'après le maître de stage, ils étaient en avance et les autres stagiaires n'étaient pas encore arrivés, et qu'ils devaient donc attendre avant de faire la réunion sur le dossier en cours, afin que tous les stagiaires puissent y assister.

Au début tout se passait bien, Akaashi fut même extrêmement surpris que Bokuto ne renverse aucun café, comme si le hibou avait déjà été serveur ou avait eu l'habitude faire ce genre de job. De plus il était efficace quant aux photocopies à faire.

D'un côté il était soulagé, finalement il pouvait peut-être faire plus confiance à Bokuto que ce qu'il croyait. Mais de l'autre côté, il était frustré de ne faire qu'observer et de ne rien pouvoir faire. Il s'ennuyait fermement. Enfin jusqu'au moment où les autres stagiaires arrivèrent.

Cela devait faire bien vingt bonnes minutes qu'ils étaient arrivés, même si pour Akaashi il avait l'impression qu'une heure s'était écoulée lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.

Akaashi n'observa même pas les autres stagiaires sortir tour à tour de l'engin. Ses yeux furent tout de suite attirés par une carrure imposante qu'il ne connaissait que trop bien. D'ailleurs, c'était bien le dernier endroit où il s'attendait à le voir : Ushijima.

Et au vu du bruit d'une tasse se brisant, suite d'une chute sur le sol, il semblerait bien que Bokuto ait également remarqué sa présence mais Akaashi ne s'en préoccupait pas plus que ça, il se contenta d'observer Ushijima. Il ne le lâcha pas des yeux. D'ailleurs ce dernier avança en direction de Bokuto occupé à ramasser les éclats au sol.

Akaashi s'approcha discrètement, poussé par la curiosité mais aussi par l'inquiétude. Il avait peur qu'Ushijima provoque Bokuto mais surtout, il craignait que ce dernier réponde à ses provocations. Et c'est bien la dernière chose dont il avait besoin.

Lorsqu'il vit Ushijima poser sa main sur l'épaule de Bokuto et qu'il vit les prunelles grises de ce dernier se teinter d'une étrange lueur, il fit un pas prêt à intervenir. Il avait un mauvais pré-sentiment.

- Je savais bien que ce n'était qu'une question de temps avant de te voir ici, Keiji.

Ushijima ne dit rien de plus et se détourna de Bokuto, qui avait dû prendre sur lui pour l'ignorer. Puis le capitaine d'Aosuno lança un regard surpris et dédaigneux à Akaashi. Qu'est-ce que ce gars décoloré faisait ici, devait-il penser.

- Tiens, j'ignorais que les entreprises Akaashi acceptaient les voyous.

Si Bokuto ne l'avait pas retenu par le bras, le jeune passeur aurait très certainement perdu la maîtrise de lui-même, cédant aux piques d'Ushijima.


Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi quelques heures plus tôt il avait eu envie de remettre à sa place Ushijima. Si cette main ne s'était pas posée sur lui, il aurait fait quelque chose qu'il aurait très probablement regretté. Il ne pouvait pas se permettre de perdre ainsi le contrôle. Surtout après les leçons qu'il avait données à Bokuto pour que celui-ci se fasse discret.

Mais pourquoi avait-il eu envie d'intervenir ? Après tout, il était habitué aux remarques acerbes d'Ushijima, il les entendait à longueur de journée, qu'elles soient adressées à lui ou à n'importe quel malchanceux se trouvant sur son chemin. Alors pourquoi ? Pourquoi cette fois-ci il avait failli lui répondre ? Il aurait pu se contenter d'ignorer comme à son habitude. Etait-ce parce qu'Ushijima avait insulté l'entreprise familiale ? Peut-être. Ou alors était-ce parce que sa remarque visait Bokuto ? Impossible. Akaashi avait toujours fait en sorte de ne pas se préoccuper des autres. Pourquoi cela changerait avec Bokuto ?

C'était sûrement le stress. Oui, sans aucun doute. Il se trouve dans une situation des plus stressantes et ce matin il avait déjà craqué face à Kuroo. Probablement qu'après une bonne nuit de sommeil et qu'après avoir réintégrer son corps il retrouverait sa maîtrise de soi. Oui. Il suffisait que tout redevienne normal, n'est-ce pas ?

L'arrêt de la voiture et la voix d'Ennoshita lui permirent de sortir de ses pensées afin de renouer avec la réalité.

- Bokuto-san vous êtes arrivé.

Akaashi hocha la tête et tenta un faible sourire.

- Merci beaucoup Ennoshita-san, et désolé pour le dérangement.

- Ne vous inquiétez pas, ça me fait plaisir. Je suis content de voir qu'Akaashi-san a de bonnes relations avec ses collègues. Puis il aurait été dommage que vous arriviez en retard à votre réunion.

Akaashi sorti de la voiture et avant de fermer la porte derrière lui, il adressa un regard à Bokuto, lui faisant comprendre qu'il pouvait compter sur lui pour cette réunion. Bokuto lui sourit en retour, la portière se referma et la voiture s'éloigna.

Akaashi eut à peine le temps de pousser un soupir, qu'une voix au loin l'interpella déjà.

- Akaashi !

Le jeune passeur se retourna vivement fusillant du regard Kuroo.

- Évite de crier mon nom, Kuroo. Aux yeux de tous je suis Bokuto alors-

- Je sais mais t'inquiète, personne ne m'a entendu, le coupa Kuroo levant les yeux au ciel. Bon, viens, la réunion va pas tarder à commencer.

Akaashi hocha la tête et emboîta le pas au plus vieux. Ils marchèrent quelques minutes et Akaashi n'eut pas beaucoup de mal à reconnaître les lieux. Après tout, il avait une mémoire visuelle assez impressionnante. Alors qu'ils avançaient dans le silence, Akaashi décida de le briser. Il voulait se préparer du mieux qu'il le pouvait.

- Kuroo, cette réunion, elle est à propos de quoi ?

- De l'avenir du quartier.

- Mais plus exactement ? Demanda-t-il.

- Tu verras par toi-même lors de la réunion.

Akaashi tourna alors son regard sur Kuroo. Pourquoi ne voulait-il pas lui en dire plus ? Pourquoi semblait-il si morose ? Et surtout, en quoi la présence de lycéens était-elle nécessaire ?

- Pourquoi des lycéens prennent part à cette réunion ? Ce n'est pas comme si vous pouviez faire quelque chose.

Kuroo se stoppa brusquement et baissa légèrement la tête. Le passeur ne pouvait défaire ses yeux de lui, se demandant la raison de cet arrêt.

- Tu peux pas comprendre Akaashi, murmura Kuroo.

- Explique moi dans ce cas.

Kuroo finit par se tourner vers Akaashi, plongeant ses yeux dans ceux du plus jeune. Le silence les engloba durant un certain temps. Akaashi attendait une réponse de Kuroo, qui ne venait pas.

- On va être en retard. Dépêchons-nous, lâcha Kuroo en reprenant le chemin d'un pas vif.

Akaashi resta quelques secondes derrière lui, immobile, puis le rattrapa. Il était perdu, il ne comprenait rien du tout au comportement du noiraud ce soir. Il semblait perturbé mais il ne savait pas pourquoi. C'était très probablement à cause de cette réunion. Que se passait-il, bon sang ?

Ils finirent par arriver devant le gymnase du quartier et quand Kuroo poussa la porte pour laisser entrer Akaashi, ce dernier n'en crut pas ses yeux. Il s'était attendu à une petite réunion avec trois-quatre personnes, dans le salon d'un habitant quelconque, mais à la place il se trouvait dans un gymnase, avec devant lui une bonne centaine de chaises disposées devant une petite estrade et un nombre incalculable de gens. Probablement encore plus nombreux que les chaises.

Alors que son regard détaillait la salle, il reconnut Hanamaki et Matsukawa assit tout devant, qui faisaient de grands signes dans leur direction.

- Idiots, soupira Kuroo. Allez, viens, on va les rejoindre.

Akaashi ne put qu'acquiescer, la tête remplie de questions. Bon sang, que se passait-il ? Cette réunion était-elle si importante ?

- Toujours des problèmes avec la ponctualité vous deux ! Lança Makki lorsqu'ils prirent place à côté de lui. Kuroo eut tout juste le temps de grogner qu'un silence envahi le gymnase.

Akaashi tourna la tête vers l'estrade afin de voir qui pouvait inspirer tant de respect. Lorsqu'il vit le vieux Ukai, il ne fut qu'à moitié surpris.

- Certains d'entre vous sont déjà au courant du pourquoi je vous ai réunis ici, mais pour ceux qui l'ignorent je vais faire un petit résumé de la situation.

Akaashi écoutait attentivement. Comme en cours. Il devait saisir le moindre détail afin de pouvoir faire un rapport détaillé à Bokuto qui était absent.

- Vous êtes au courant que les Jeux Olympiques de 2020 auront lieu à Tokyo ?

La majorité de l'assemblée hocha la tête. Akaashi aussi. Il émit d'ailleurs un petit sourire fier, évidemment qu'il le savait, c'était l'entreprise de ses parents -la sienne- qui s'occupait de l'aménagement et de la construction des installations. C'était d'ailleurs un de leur plus grand projet, qui selon Masato leur permettrait de conquérir le marché mondial.

- Ils prévoient de tout raser et de construire ici les logements des athlètes.

Des cris de stupeur et de protestations s'emparèrent de la foule. Le calme mit du temps à revenir. Akaashi tourna la tête et vit l'air sombre sur le visage de Kuroo.

Akaashi ne savait pas comment réagir. Il était choqué de cette nouvelle. Ses parents allaient-ils vraiment détruire un quartier ? Il était persuadé qu'ils ne construiraient que sur des lieux inhabités.

Une fois le calme revenu, le vieux reprit la parole.

- J'ai eu rendez-vous avec les Akaashi il y a quelques jours. Vous n'êtes pas sans savoir que ce sont eux qui s'occupent des travaux pour les JO.

Akaashi sentit immédiatement le regard de Kuroo sur lui, et il tenta tant bien que mal d'oublier le malaise qui l'envahissait peu à peu. Finalement, il comprit le comportement du noiraud un peu plus tôt.

- Ils proposent de nous reloger un peu partout dans leurs immeubles dans Tokyo.

Il y eut encore quelques indignations mais assez brèves.

- Je leur ai dit qu'on était pas intéressé. Et que-

- Pourquoi ?

Akaashi s'était levé sans s'en rendre compte et il avait encore moins contrôlé sa question. A côté de lui, Kuroo lui jetait un regard noir, l'incitant à s'asseoir, tandis que tout le reste de l'assemblée le fixait avec surprise. Sauf Ukai. Le vieux n'avait aucune expression qui transparaissait sur son visage.

- Parce qu'on abandonnera pas notre quartier. Toi mieux quiconque devrait le savoir Bokuto. On se battra pour lui et-

- Mais ils vous...nous proposent des logements ? Pourquoi ne pas accepter ? Un appartement c'est un appartement. Et puis refuser ne changera rien pour eux, ils arriveront quand même à mener leur projet jusqu'au bout, et cette fois-ci l'offre de relogement ne tiendra plus. Je sais-

- Tais-toi ! Lui ordonna Kuroo. Je t'en supplie tais-toi. Ne dis plus un mot.

- Kuroo, tu ne les connais pas comme moi je les connais. Ils sont prêts à tout, ils-

Il ne put finir sa phrase qu'il se retrouva tiré par le bras à travers le gymnase par Kuroo. La porte claqua violemment derrière eux.

- Bordel Akaashi ! Qu'est-ce que tu fou ?

- J'essaye de vous aider. Vous devriez accepter cette offre avant de finir à la rue, répondit calmement Akaashi.

- Je te l'avais dit, tu ne comprends pas ! Tu ne peux pas comprendre ! Ce quartier c'est une famille. C'est ma famille ! C'est celle de Bokuto ! Et on ne peut pas accepter que tes parents la détruise !

Akaashi resta silencieux, observant Kuroo lâcher sa colère. Le plus jeune ne savait pas pourquoi il était intervenu comme ça. En temps normal, il serait resté assis et n'aurait rien dit. Mais il avait ressenti le besoin de les aider, de les mettre en garde. Quoi que ses parents veuillent, ils l'obtenaient toujours. Il valait toujours mieux accepter leur accord mais face à la rage dont faisait preuve le noiraud, il fut incapable d'ouvrir la bouche à nouveau. Et heureusement parce que Kuroo ne semblait pas avoir fini.

- Ton intervention va attirer des ennuis à Bokuto ! Tu t'en rends compte au moins ? A cause toi ils vont tous penser que Bokuto est du côté de tes parents, de ceux qui veulent notre peau ! Sans parler de ce stage où tu l'as tiré ! Chez les Akaashi ! Quelle idée ! Tu as réfléchis aux conséquences que tes choix avaient sur la vie de Bokuto ?

- Je-

- Non Akaashi. Non. Ne dis rien. Je te jure, si à cause de toi Bokuto souffre, je te jure que tu regretteras de ne pas être resté dans ton corps.

Mais cette remarque, cette colère qui lui était adressée, s'en fut trop pour Akaashi.

- Je le regrette déjà Kuroo ! Depuis ce premier échange je n'arrive plus à contrôler mes émotions. Je n'arrive plus à être celui qu'ils attendent que je sois. Tout ça a fichu ma vie en l'air !

Un silence de plomb s'installa entre les deux garçons. Akaashi se laissa tomber contre le mur, s'asseyant contre le sol. Il posa sa tête sur ses genoux. Il n'en pouvait plus.

- Je veux juste me réveiller, murmura-t-il faiblement.

Il entendit un soupir de Kuroo et sentit qu'il prenait place à côté de lui.

- Tu sais, Bokuto t'adore, fit Kuroo afin de briser le silence. Il veut à tout prix trouver un moyen de te rendre heureux. Et je crois qu'il n'abandonnera jamais, il est encore plus déterminé que pour un match de volley. Et ça me fait peur.

Akaashi releva la tête et regarda Kuroo. Ce dernier fixait droit devant lui un point invisible. Akaashi était surpris par ce que lui disait le noiraud. Surpris et touché.

- J'ai tellement peur qu'il sombre à nouveau, reprit Kuroo.

- Comment ça ?

Kuroo croisa finalement le regard du plus jeune.

- Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas sur Bokuto, Akaashi.