Sovngarde :

Le Dovahkiin sortit du flot de lumière qui l'avait absorbé et il se retrouva sur une esplanade, au-dessus d'un grand brouillard. Dans le ciel, la voute céleste était visible et les étoiles de toute la galaxie étaient brillaient. Le spectacle aurait pu être magnifique s'il n'avait pas été ici en mission. Oui cela aurait pu l'être s'il n'était pas venu risquer sa vie en Sovngarde.
Ce n'était pas la première fois que le héros risquait sa vie, loin de là. Néanmoins, c'était la première fois qu'il avait aussi peur de mourir. Le combat qu'il allait mener… n'impacterait pas que sa vie. Il avait commencé à l'extérieur, à l'air libre, sous un ciel gris et menaçant… mais il se terminerait ici, sous ce magnifique ciel pourpre et brillant.

Il prit une profonde inspiration et s'avança dans la brume, guettant le moindre son qui pourrait trahir un ennemi. La première chose qu'il vit ne fut cependant que l'âme égarée d'un mort. Il aurait aimé l'aider mais il n'y avait rien qu'il puisse faire pour lui. Cette âme devait trouver le courage et son chemin seul, il ne fallait surtout pas qu'il s'en mêle.
Tandis qu'il continuait d'avancer, notre héros entendait les cieux s'agiter au-dessus. Des brusques bourrasques de vent faisaient virevolter la brume avant de la laisser retomber. Bien qu'elle voletât un peu, jamais cet épais écran de fumée ne se dissipa, lui cachant toujours la topographie des lieux… et dissimulant son ennemi au passage.

Le Dovahkiin n'avait jamais été aussi sérieux de sa vie non plus. D'ailleurs, sa vie, qu'en avait-il fait ? Il avait toujours agit à sa guise, tuant et volant pour sa propre cause. Il aimait à se dire qu'il aidait parfois les gens car il ressentait réellement le besoin de les aider, la nécessité de sauver certains de ses pairs.
La réalité, c'était qu'il avait toujours trouvé un avantage à le faire. Aujourd'hui, l'avantage qu'il en retirait, c'était que cela lui permettait de rester en vie plus longtemps s'il gagnait. Le monde ne serait pas anéanti s'il en finissait aujourd'hui. Bien que la peur le paralysât, il savait que c'était le seul choix à faire.

Il arriva finalement jusqu'à un immense pont fait dans des os de dragons. Un homme se tenait devant le pont, le visage sévère, sa hache dans le dos indiquant qu'il était le gardien du lieu.
Le héros eut un sourire rassuré, avec ce garde, jamais Alduin ne retournerait dans le monde des vivants s'il venait à échouer. Cependant, celui-ci lui fit rapidement comprendre qu'il était seulement ici pour empêcher les faibles de passer. Cela lui fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Il était donc le seul à se préoccuper du sort du monde ? Personne ne bougerait le petit doigt pour l'aider ?
Le garde eut un sourire franc avant de lui donner une nouvelle information : s'il le battait, bien qu'il soit encore en vie, le héros aurait le droit de passage. Il pourrait rejoindre les autres héros ainsi que le Divin Shor. Peut-être pourrait-il demander de l'aide à ces hommes ?
Le combat s'engagea. Malgré quelques difficultés, l'Enfant de dragon parvint à l'emporter sur le garde qui lui ouvrit le passage. Il se dépêcha de rejoindre l'autre côté et de pénétrer à l'intérieur de l'immense château qui se dressait devant lui. Il trouva un fastueux banquet et un bon nombre d'hommes armés. Tous riaient à gorges déployées et discutaient avec leurs voisins.
Notre héros en distingua néanmoins trois parmi la foule. Ce serait eux qui l'aideraient à combattre Alduin, le Dévoreur de monde.
Avec quelques mots habiles, le Dovahkiin parvint à les rallier à sa cause et ils se dépêchèrent de sortir du palais, impatient de combattre. Tandis qu'il allait partir, notre héros s'arrêta un instant. Il jeta un regard en direction du trône et décida, au dernier moment, de s'en approcher. Il y trouva une silhouette qu'il lui était inconnue mais étrangement familière à la fois. Face à lui se trouvait le Divin Shor. L'Enfant de dragon le salua respectueusement et s'inclina avant de repartir pour l'extérieur. Cette fois, il allait vraiment au combat. Il était devant la porte, le temps se suspendit l'espace de quelques secondes, jusqu'à ce qu'il prenne son courage à deux mains et pousse la porte.

Dehors, la voix grave et terrifiante d'Alduin résonna tandis qu'il se rapprochait d'eux pour attaquer. Lorsqu'il se posa, le sol vibra comme si un tremblement de terre s'était déclenché. L'Enfant de Dragon serra son arme dans ses mains et poussa un cri de guerre pour motiver les troupes.
Les héros qui l'accompagnaient l'imitèrent et tous se mirent à courir pour s'acharner sur le dragon. Alduin n'en démordait pas et criait qu'il s'amusait. Il leur répétait qu'ils n'étaient que des moustiques pour lui.

Au bout de plusieurs minutes de luttes, le Dovahkiin jeta un œil autour de lui : ses compagnons fatiguaient. Heureusement, lui, il pouvait encore se battre. Mais c'est là qu'Alduin essaya de s'enfuir. Notre héros poussa alors le puissant cri du Fendragon. Le Dévoreur de monde resta ainsi plaqué au sol, sans comprendre ce qui lui arrivait. Il coula un regard noir au Dovahkiin qui frissonna. La gueule du dragon se trouvait à quelques mètres à peine et la mâchoire claqua près de lui.
Notre héros reprit cependant ses esprits et envoya son espadon dans le museau du dragon. Alduin poussa un hurlement outré tandis que le Dovahkiin riait. Le combat reprit comme cela pendant de longues minutes. Les autres héros ne parvenaient qu'à l'aider partiellement mais, petit à petit, Alduin faiblissait.

Soudain, dans un dernier et douloureux effort, l'Enfant de dragon asséna un nouveau coup d'épée à la tête d'Alduin. Le dragon poussa un hurlement de douleur qui leur déchira les tympans avant de s'écrouler. Dans son dernier soupir, il maudit le Dovahkiin.
Celui-ci contempla le cadavre avant de sourire d'un air triomphal. Ils avaient gagné, le monde était sauvé. Il se tourna vers ses compagnons qui lui sourirent.
-Bon… Ben c'était pas si dur que ça finalement.
Les héros firent la grimace en hochant légèrement la tête. L'Enfant de dragon haussa les épaules et laissa repartir ses compagnons pour le banquet, tandis qu'il contemplait le cadavre d'Alduin.

Il s'approcha et s'assit à côté de la tête du dragon avant de contempler ses yeux vides.
-Qu'est-ce que je vais faire sans toi maintenant ? murmura t-il tristement. Je vais bien m'ennuyer si je n'ai plus de but ultime…
Les yeux d'Alduin semblait rire de son malheur. C'était donc ça la malédiction d'Alduin ? Alors qu'il allait s'en aller, le Dovahkiin entendit un crépitement provenant du cadavre du dragon. Craignait qu'il ne revienne à la vie, il dégaina son arme et se tint en position.
Cependant, ce n'était que le corps du dragon qui se désintégrait. L'Enfant de dragon soupira. L'âme d'Alduin se leva au-dessus de son corps dans un tourbillon et elle vint se jeter sur le Dovahkiin qui l'absorba sans difficulté.
Une voix se mit à résonner dans sa tête :
-HA HA HA ! Ton corps est à moi Dovahkiiin ! Je vais te rendre fou jusqu'à pouvoir te contrôler et dominer le monde !
-Alduin ?
-… Bien sûr que c'est moi ! Qui veux-tu que ce soit d'autre ?
-… Je pensais à un certain criquet, qui aurait été ma conscience… Mais bon, au moins je pourrais te parler tout le temps maintenant ! s'écria joyeusement l'Enfant de dragon.
Il sentit à travers son corps à quel point Alduin était décontenancé.
-Un criquet… Mais de quoi tu parles… Bon au pire, on s'en fout mais tu veux me parler ? Tu veux dire, réellement ? Tu veux parler de quoi ? s'étonna t-il.
-On joue à devine à quoi je pense ! cria le héros.
Alduin fit la moue.
-C'est idiot puisque je suis dans ta tête et que j'entends chacune de tes pensées…
-Ah zut… Ben on a qu'à se raconter des blagues alors !
-… Si tu veux… soupira Alduin.
Le Dovahkiin sourit et partit en chantonnant, même s'il entendait le dragon lui hurler d'arrêter ce massacre. Et ainsi s'acheva l'ère de la terreur provoquée par Alduin.