Bonjour camarades !
Bon ça faisait un petit moment que je n'avais pas publié. A vrai dire je n'en avais pas réellement envie. Je n'ai aucun retour sur cette fic. Fic qui me tient très à cœur mais je n'ai aucune review. Je ne demande pas à recevoir des critiques de trois pages. Mais voilà, j'écris , je publie et aucun avis. Mon histoire vous plaît ? Oui ? Non ? Vous n'aimez pas quelque chose ? Des suggestions d'amélioration ? Venez me le dire. Comprenez qu'il est important pour un auteur de recevoir des retours parce qu'ils lui permettent de progresser mais aussi de voir ce que les gens pensent de son travail. Vous avez le droit de ne pas aimer et de passer votre chemin, je le fais moi même quand une fic ne me plaît pas. Mais si j'ai aimé j'estime que même un simple " J'ai beaucoup aimé ton histoire, elle était drôle/triste..." suffit. Je ne prétends pas écrire parfaitement ou écrire la meilleure fic du monde mais c'est assez décourageant de voir que mon histoire est lue, pas par beaucoup de monde ce qui ne me dérange pas, mais jamais reviewée. Donc la question est : est-ce que je continue à publier sans recevoir de retours, ce qui revient à publier dans le vide ou d'arrêter, tout simplement ? Je publierais encore quelques chapitres avant de me décider.
Sur ce je vous souhaite une bonne lecture :
Survivre
Je suis réveillé par un bruissement d'ailes. Je me lève en sursaut, manquant de me cogner la tête. Je jette des regards alarmés autour de moi. Puis je pousse un petit soupir de soulagement. Il n'y a personne autour de moi, c'est juste un oiseau. Je me sens un peu bête mais je me dis qu'il vaut mieux ne pas rester ici. Je me lève et je secoue mes habits couverts de terre. J'avale encore deux biscuits. En revanche je commence à avoir soif. Je grelotte quand une bourrasque de vent vient souffler sur mon visage. Nom d'un petit bonhomme, qu'est-ce qu'il fait froid ! Il va falloir que je trouve une solution pour la nuit ou sinon je risque de mourir gelé pendant la nuit, ce que je ne veux vraiment pas. Je me mets en marche en scrutant le sol, à la recherche des petits indices que j'ai laissé. Je retrouve vite la mousse que j'ai posé sur le sol et que je balance plus loin, sachant très bien que je ne vais pas retourner là bas avant un moment. Je procède de la même façon pour les pierres qui ne me sont d'aucune utilité de toute les façons, elles sont trop rondes, pas assez friables. Je reviens donc là où j'avais décidé de suivre le sentier. La pente continue, je vais devoir escalader tout ça en étant presque déshydraté et frigorifié. Un bon moyen de mourir non ? Pour me donner du courage, je pense à ce que je vais trouver de l'autre côté. Un autre lac ? Une vallée avec une rivière ? Je me félicite d'avoir trouvé un bâton, il m'est très utile pour marcher, sans lui je crois que je n'aurai pas de force du tout. Le ciel est toujours aussi gris et le froid me pique le nez. Un coup de canon me fait sursauter. Dix morts. Je presse le pas. Comme si le prochain canon allait indiquer ma mort. Je ne croise rien hormis des rochers et quelques arbustes. Je les examinent mais ils ne contiennent pas de baies. Je me sens frustré. J'ai bien suivis les différents ateliers de survie pendant l'entraînement mais la plupart des plantes et fruits présentés ne sont pas présents dans cette arène. Et je sais que j'aurai pu en savoir plus si j'avais pu continuer ma scolarité. Heureusement que j'ai pu continuer à m'instruire par moi même ou je serai le plus ignorants des tributs. Je ne sais pas si on me filme alors je continue de marcher malgré mes pieds qui protestent. Je monte de plus en plus haut, mon estomac gronde et ma gorge s'assèche. Je décide d'ignorer mon corps le temps que je trouve un endroit plus haut et plus confortable, même si ça doit me prendre trois heures. J'ai connu bien pire qu'un estomac rempli de seulement deux biscuits. Finalement au bout de deux heures de marche, je m'arrête. Je crois que je suis arrivé suffisamment haut pour le moment, bien que je ne connaisse pas l'altitude exacte. Je m'assois dans l'herbe en grignotant la moitié d'un biscuit, observant les alentours. Je ne peux pas voir ce qu'il y a de l'autre côté de la montagne mais par contre, je peux avoir un aperçu du reste de l'arène. Au loin je remarque la Corne, qui brille d'un très faible éclat sous le ciel gris. Elle me semble être à des jours de marche alors qu'elle n'y est en fait qu'à une bonne journée, nuit comprise. J'entre aperçois le petit lac et la forêt que je devine occupée par les carrières. Pour le reste je ne vois que des collines, là où des tributs se sont sans doute réfugiés, faute de meilleure cachette, à moins qu'ils aient eu la même idée que moi. J'ai terriblement soif. Le froid n'arrange rien… si seulement je pouvais trouver un peu de neige, en montant sûrement, je pourrai m'arranger pour la faire fondre et la purifier après…
Puis je continue mon escalade. Je ne pense pas être filmé en ce moment, je ne fais rien d'extraordinaire et le coup de canon que j'ai entendu signifie que les carrières ont sans doute trouvé une victime ou qu'un tribut est tombé dans un piège. Comme la montée se fait de plus en plus pénible, je ralentis le pas. Je ne veux pas me fatiguer. Par moments je me rabroue moi même d'avoir choisis de jouer les escaladeurs et par moments je me félicite. Je ne peux même pas essayer de savoir l'heure qu'il est à cause des nuages qui cachent le soleil. Mais au fil de ma journée, je sens la lumière sombrer petit à petit et le vent souffler de plus en plus fort, me faisant pleurer malgré moi. J'entends encore un coup de canon. Onze morts. Le public doit se régaler. Je songe à toutes ses années à regarder les tributs lutter pour leur survie, soit en se battant contre la nature elle même ou les uns contre les autres. Je ne sais pas ce qui me terrifiait le plus quand j'étais petit. Voir les tributs avaler par erreur une baie toxique et mourir quelques heures plus tard, suivant l'intensité du poison, les voir se faire emporter par une avalanche, un torrent, se faire dévorer par une bête sauvage ou alors les voir s'entre-tuer. Je me rappelle des l'année de mes sept ans, l'arène était caillouteuse. La tribut du Cinq avait gagné en fracassant le crâne de ses adversaires contre les pierres et les rochers, faisant preuve d'une rare violence pour un district qui n'est pas un de carrière. J'avais beaucoup pleuré et caché mon visage dans la robe de ma mère, comme beaucoup d'autres gamins présents dans la Prairie. J'avais rêvé pendant deux semaines de pierres et de sang, réveillant mes parents toutes les nuits. Je me souviens encore de mon père me berçant doucement et me chantonnant une berceuse pour me calmer. De me chatouiller jusqu'à ce que je ris. Comme il me manque ! J'ai toujours eu une relation très particulière avec lui. Je suis très proche de ma mère, mais ce n'est pas la même chose avec mon père. Je crois que c'est notre caractère calme et serviable qui nous lie mais aussi parce que j'ai toujours ressentis une certaine fragilité venant de lui, me poussant à toujours me montrer obéissant, serviable et gentil pour ne pas le blesser. Je sais que mon père a eu une enfance encore plus dure que la mienne. Ajoutez à ça que je lui ressemble beaucoup physiquement, même peau mate, même yeux et cheveux sombres et on peut comprends que mon père représente quelque chose de particulier pour moi. Avec ma mère notre relation est plus franche, plus amicale. Elle a quelques problèmes de santé mais elle est plus forte mentalement que mon père. Plusieurs fois elle n'a pas hésité à tenir tête aux pacificateurs qui venaient l'embêter. Je crois que ce qui l'a sauvé d'un fouettement public ou d'une balle dans la tête c'est que le chef des pacificateurs était assez conciliant parce qu'il savait qu'elle était mère et qu'il avait lui même un gosse resté au Capitole. Sans doute ne voulait-il pas faire d'orphelin. Puis il est partit et le nouveau chef, Ford était bien plus sévère, bien plus pervers aussi. Ma mère a du apprendre à se taire. A la place elle s'est mise à me raconter des histoires et à m'encourager à écrire les miennes dans mon cahier. Et puis il y a eu sa grossesse. Ma mère a fait une fausse couche au bout de quelques semaines, faute de pouvoir payer un suivis et des soins suffisants. J'avais huit ans, j'avais arrêté d'aller à l'école. Mes parents essayaient de ne rien laisser paraître devant moi mais je n'étais pas dupe, je savais qu'ils pleuraient avant que je ne rentre dans la pièce. Je m'en voulais de ne pas savoir quoi faire pour leur remonter le moral, même mes histoires dans mon ancien cahier d'écriture ne faisaient pas sourire mon père. Je n'aime pas trop repenser à cette époque, c'est une accumulation de mauvais souvenirs.
Ma marche n'en finis pas, j'ai l'impression de ne pas avoir avancé beaucoup depuis ce matin alors que mes jambes et mes pieds me font un mal de chien. Un autre coup de canon me fait sursauter. Ça fait déjà trois morts dans la même journée et le deuxième jour ! J'imagine les habitants du Capitole se délecter dans leur salon, confortablement installés dans leur canapé à manger un bon repas chaud et consistant, faisant des paris sur les survivants. Alors que dans les districts, les gens doivent regarder, parfois le ventre vide, pas du tout heureux de voir des gamins se faire tuer pour le plaisir d'un régime autoritaire. Au bout d'un long moment, j'arrive en haut d'un sommet. Je m'arrête avec joie. Je suis épuisé mais je suis arrivé à un point assez haut. De là haut je suis sûr que je peux faire le point de ma localisation. Je résiste tout de même à l'envie de me laisser tomber sur le sol. Je m'appuie fermement sur mon bâton et regarde autour de moi, lève la tête. Il fait sombre mais je peut encore distinguer ce qui m'entoure. Le sommet de la montagne est encore très haut, mais je suis arrivé à une hauteur convenable quand on sait que je n'ai jamais escaladé de relief montagneux. Sous mes pieds la forêt semble moins immense. Je plisse les yeux pour voir si un campement quelconque est visible. Je ne vois pas grand-chose… Alors je me tourne et je regarde en bas, de l'autre côté. J'aperçois une vallée avec une rivière ou un fleuve, je ne saurai dire. Je note qu'il n'y a pas beaucoup de végétation ni d'endroits pour se cacher, c'est assez plat et à découvert. J'hésite à descendre de ce côté. Si je m'éloigne trop, les Juges vont m'envoyer un piège pour me pousser à rebrousser chemin. Mais la source d'eau m'attire. Pesant le pour le contre, je décide de descendre. Peut-être qu'en me faisant discret je vais réussir à me faire oublier pendant un moment. J'avale l'autre moitié de biscuit avant de reprendre ma route. Si je veux tenir longtemps, il va falloir que je trouve quelque chose de bien plus consistant, de la viande ou des fruits plus riches en vitamines. Mais je ne sais pas chasser. Et même en réussissant à attraper un gibier, il faudra bien que je le vide et le cuise, la viande crue peut rendre malade. Et je réalise que plus de vingt-quatre heures se sont écoulées depuis le début des Jeux et que je suis en vie. Je suis en vie. J'ai envie de sourire et de rire. Mais je ne me réjouis pas trop vite, qui sait sur quoi je vais tomber demain ou d'ici une heure ? Je tombe de fatigue mais je me force à parcourir encore quelques kilomètres, de trouver un coin qui ne soit pas trop en pente ou escarpé pour dormir. L'hymne retentit. Je lève la tête. Le visage du garçon du Sept apparaît dans le ciel, vient ensuite la fille du Neuf et le garçon du Onze. Je ne sais pas ce qui les as tués et je ne veux pas le savoir. Je continue ma descente, ignorant les protestations de mon corps qui me réclame à manger et à boire, de me reposer. Le terrain est trop dangereux. Je pense qu'on me filme dans ma progression, les gens doivent être curieux de savoir jusqu'où je serai capable d'aller. Et bien je vais leur montrer à quel point je peux être résistant, endurer. Après tout je travaille depuis que j'ai huit ans, j'ai enchaîné tellement de boulots que je ne saurai pas en dresser la liste complète. Je suis resté des heures sous le soleil ou sous la pluie à veiller sur les troupeaux, à récolter et semer des fruits et des légumes pour des gens aisés. Une fois j'ai entièrement repeint la grange d'un propriétaire quand j'avais dix ans. Quatre jours passés sous un soleil brûlant à repeindre cette grange, petite par rapport à d'autres mais qui représentait quand même un travail colossal. Le propriétaire ne me proposait pas de lui même de l'eau, je devais me rationner. Pas une seule fois je ne me suis plaint ou je suis tombé dans les pommes. De toutes les façons dans mon district ou le Onze et le Douze, il vaut mieux être résistant et savoir endurer pour vivre.
Les températures baissent bien trop vite à mon goût. Je ressens à nouveau la morsure du froid sur mon visage. Je ne m'en plains pas, elle me tient parfaitement éveillé. Mon bâton se montre utile pour me guider. Mais je dois bien me rendre à l'évidence. Il fait bien trop sombre pour continuer, je risque de tomber quelque part et me blesser. Seul l'éclat faible de la lune m'offre un peu de lumière, assez pour que je distingue où je pose mes pieds et ce qui m'entoure dans un petit rayon. Pas d'arbres pour me protéger. Pas de grotte, rien. Juste une petite crevasse qui ne me dit rien du tout. Je jette un coup d'œil autour de moi. Un peu plus pas, à quelques pas se trouve un gros rocher contre lequel je peux m'appuyer, mais j'ai peur qu'il se détache. Si seulement je pouvais retrouver un petit coin plat comme hier. Je continue d'avancer, espérant trouver un endroit ou dormir. Finalement je trouve un endroit où se dressent plusieurs rochers, qui me semblent bien encastrés dans le sol et qui pourraient m'empêcher de glisser. Je me laisse tomber et m'installe entre les rochers. Ma nuit ne sera pas confortable mais devant mon état de fatigue je crois que je pourrai dormir sur un matelas de ronces sans soucis. Je me roule en boule en pensant que les Juges seraient bien capables de provoquer un éboulement, au moment où je rabats ma capuche sur ma tête. N'importe quoi pour m'éliminer. Mais nous ne sommes que le deuxième jour et à par marcher et cueillir des baies, je n'ai pas fait grand-chose d'extraordinaire. Rien qui ne vas attirer l'attention du public ou des Juges. Si ils veulent s'amuser avec moi, c'est en m'envoyant une meute de mutations génétiques ou autre chose, quelque chose qui va me forcer à lutter pour ma vie. Un éboulement serai bien trop facile. Ou à cause d'une journée bien trop creuse, bien trop vide, quelque chose pour divertir les spectateurs. Je pense qu'ils ont eu leur compte aujourd'hui. Malgré ça je ne dors que d'un œil, prêt à décamper au moindre bruit suspect.
C'est la morsure du froid sur mon visage qui me réveille. Derrière le ciel gris, j'entre aperçois de vague nuances de rose et d'orange. Le jour est en train de se lever. Je passe mes mains sur mon visage pour le réchauffer un peu avant de manger ce qu'il me reste de baies et de prendre quelques gorgées d'eau. J'évalue la distance qu'il me reste entre l'endroit où je me trouve et la vallée. Quelques heures de marche. Je suis encore fatigué mais je me sens de tenir le coup, malgré la soif qui me tiraille le corps. Je continue alors mon chemin, fidèle à mon programme. Qui est encore en vie ? Les carrières, les tributs du Trois, le garçon du Neuf, et Moi. Ah oui et la fille du Onze. La moitié des tributs sont morts. Qui sera le prochain ?
La matinée doit être bien entamée quand j'arrive en bas de la montagne. Il m'a fallu presque trois jours pour la traverser et j'en suis assez fier. Maintenant que je suis en bas, je vais peut-être même pouvoir faire un peu de feu, du moment que la fumée ne soit pas trop épaisse : le temps que les carrières rappliquent je serai déjà loin.
Je m'approche de la rivière avec prudence, qui sait ce qu'elle peut bien cacher. Malgré ma soif, je n'oublie pas de la purifier et d'attendre. L'eau est fraîche et je vide une gourde entière, profitant pleinement d'avoir une source d'eau à moi tout seul. Mais si je suis bien hydraté, mon estomac gronde. Il ne vas pas tolérer de biscuits encore une fois. Je jette un coup d'œil dans la rivière. Il y a des poissons mais je ne sais pas pêcher, pas le moins du monde. Il faut du temps et de la patience, de la rapidité. Je n'ai que la patience. Je fais un point sur mes réserves : je n'ai plus que cinq biscuits. Je me mordille la lèvre, me demandant que que je vais bien pouvoir faire. Je décide de partir en exploration, de trouver quelque chose à me mettre sous la dent, quelque chose qui sera, j'espère, consistant. Je parcours la vallée pendant deux heures, sans succès. J'ai faim mais je résiste. J'ai connu bien pire, il m'est arrivé plusieurs fois de passer une journée sans manger et d'aller me coucher le ventre vide. Finalement je décide de tenter le coup et de me mettre à la pêche. Après tout des tributs avant moi ont du le faire et y sont parvenus, alors qu'ils n'avaient jamais chassé ou pêché avant. Mais d'abord il faut que j'ai de quoi pêcher. C'est là que ma lime intervient. Prenant mon bâton, je commence à limer le bout en pointe, assez rapidement grâce à la lime qui est neuve et au bois qui n'est pas trop difficile à travailler. Quand enfin j'estime que la pointe est suffisamment pointue pour transpercer un poisson, je décide de me lancer. J'essaye de me souvenir des quelques leçons suivies lors des entraînements. Je ne me suis pas réellement attardé à cet atelier et je le regrette maintenant. Je me hisse sur un rocher plat et je me penche, veillant à ne pas faire de bruit pour ne pas faire fuir les poissons. Je me souviens que l'instructrice nous avait dit de faire attention à la manière dont nous visions, parce que l'eau engendrait un système de réfraction ou quelque chose du genre. Mon premier essais est désastreux. Tout comme mes six essais suivants. Je m'apprête à baisser les bras après une dernière tentative, d'autant plus que je me sais filmé en ce moment même et sûrement la risée du district Quatre. J'abaisse mon bâton que j'ai du retailler. Je le plonge dans l'eau et le ressort dénué de tout poisson. En revanche je m'aperçois qu'il y a un peu de sang dessus. Je me penche et je souris. J'ai réussi à blesser un poisson qui nage faiblement dans l'eau claire. Alors vite je retire mes gants et le sors de l'eau et finis de l'achever. J'essaye de deviner quel type de poisson c'est : un saumon je crois, il est assez gros, ce qui explique que j'ai pu le blesser facilement. Je sais qu'on peut manger le poisson cru en prenant garde à vider les entrailles pour éviter d'avaler d'éventuels vers qui nous intoxiqueraient. Je me sers de mon poinçon pour le vider, assez maladroitement mais une fois fait, j'ai une quantité assez incroyable de chair. Je dévore alors le poisson, cru, tombant assez souvent sur des arrêtes. Je pourrai très bien le faire cuire après tout je suis assez éloigné des carrières, mais je ne sais pas où se trouvent les autres. Et puis même, si jamais quelqu'un voyait la fumée il pourrait rappliquer ici. Et mis à pars les allumettes, je n'ai rien pour faire du feu, alors je me contente de ce que j'ai, priant juste pour ne pas tomber malade. Je prends mon temps pour tout avaler. C'est la première fois que j'ai le droit à quelque chose pour moi tout seul et surtout du poisson. On en a très peu chez nous et j'ai du en manger trois ou quatre fois. Même la viande est rare dans nos assiettes, tout pars pour le Capitole. Nous devons acheter nous même notre viande et c'est une des denrées les plus chères, même chez nous. La journée passe lentement. Je marche le long de la rivière, je m'arrête, vérifie que tout va bien et je reprends mon chemin. Quand je sens que la luminosité stagne, je me dis qu'il est temps de me mettre à l'abri. Je choisis de m'installer au pied d'une des montagnes. Le désavantage de la vallée est qu'elle est assez plate et à découvert. Je finis par trouver un abri près d'un autre regroupement de rochers comme hier. C'est tout ce qu'il y a en plus des quelques arbustes que m'offre la vallée. Je m'assure d'être bien caché mais de pouvoir aussi m'échapper en vitesse au cas où les Juges décideraient de m'envoyer un piège pour me faire sortir d'ici. Je scrute le ciel mais aucun visage ne s'affiche. Je n'ai entendu aucun canon aujourd'hui mais j'ai très bien pu en manquer un ce matin pendant que je dormais. J'en conclu que j'ai du être filmé une bonne partie de la journée tout comme les autres à moins que les carrières aient mis la main sur un tribut qui a réussi à leur échapper.
Je cale le sac entre mes jambes et je m'appuie contre la pierre. Si seulement j'avais un sac de couchage ! Quels trésors les carrières ont bien pu trouver dans la Corne ? Pour les armes il me semble qu'il n'y avait que des couteaux mais peut-être y avait-il un arc, une arbalète ou une épée cachés, bien au fond.
Le sommeil me gagne peu à peu. Je porte la main à ma poitrine, près du cœur, là où se trouve la photo de ma famille. J'ai l'impression de ne pas être seul, que mes parents sont là avec moi, dans l'arène. Je repense à mes soirées d'enfance, mon père me chantant une berceuse, ma mère me racontant une histoire en faisant des ombres sur le mur, mon père se joignant parfois à elle, faisant des grimaces pour imiter les méchants et faisant le mort quand le méchant était battu à la fin de l'histoire. C'était toujours comme ça : mon père chantait pour m'endormir, ma mère me racontait une histoire. Je m'endors, le visage de mes parents à l'esprit, veillant sur moi.