Chapitre 1 : Un Terrier

.

.
Nivea Croupton, la directrice de l'agence immobilière magique Le Hobgoblin, avait désespéré de vendre un jour cette bicoque. Mais apparemment, « bicoque » n'était ni un critère éliminatoire pour ses clients du jour, ni la définition qu'ils auraient fait de l'ancienne porcherie que la famille Jorkins tentait de vendre depuis une bonne quarantaine d'années. Nivea décolla son talon aiguille de l'argile boueuse en cachant une grimace de dégoût, chassa une mouche de la main et réajusta la pince de son porte-document. Avec le sourire le plus commercial (comprenez : « hypocrite ») dont elle fut capable, elle s'approcha du jeune couple aux cheveux flamboyants et de leur marmaille (3 garçons, dont le dernier ne tenait pas encore debout).

L'un des deux aînés avait visiblement déjà décidé d'apprivoiser les deux fourmis qui se trouvaient dans le creux de sa paume. Le plus grand portait son regard bleu sur chaque détail du jardin mal entretenu, de la maison branlante et de la cour boueuse. Comme ses parents, il ne semblait pas avoir d'a priori sur l'endroit.

C'était bien la première fois que des acheteurs ne lui riaient pas au nez quand elle leur présentait ce bien immobilier. Mais après tout, elle-même avait failli leur rire au nez quand ils avaient annoncé leur budget (héritage familial et prêt bancaire compris).

La maison était considérée comme une blague dans l'agence : on confiait son dossier aux nouvelles recrues, comme une forme de défi – ou de mission-impossible. Son supérieur avait seulement mis la maison dans sa brochure parce qu'il avait été trop poli pour refuser…

« Pense positif »se répéta Nivea.

- Comme vous le voyez, la maison est isolée et les arbres cachent la maison aux Moldus qui pourraient emprunter le chemin. C'est idéal pour jouer au Quidditch en été et pour ne pas risquer d'être découvert. Les terres du fond sont cultivables et il y a déjà plusieurs arbres fruitiers. Aujourd'hui, il ne fait pas très beau mais je peux vous assurer qu'en été, cette maison est un vrai petit coin de paradis !

Mr et Mrs Weasley ne réagirent pas vraiment à ce commentaire, leurs yeux semblant analyser la façade.

« Fais-leur un beau sourire » pensa Nivea.

- Combien de chambres y a-t-il ? demanda Molly Weasley.

Visiblement, ce n'était pas la sécurité de ses enfants et les risques de tétanos qui l'inquiétait le plus, mais le nombre de chambres. Par la barbe de Merlin, elles n'avaient clairement pas les mêmes priorités en tant que mamans.

- La demeure principale compte trois chambres, dit Nivea. Un salon, une cuisine, une arrière-cuisine et une salle de bain. La maison est de style Tudor, le saviez-vous ? Regardez ces magnifiques colombages et ces petits toits pointus…

- A quels enchantements la maison a-t-elle été soumise par ses précédents propriétaires ? l'interrompit poliment Arthur.

Ah. C'était un des rares bons points de la maison.

- La totale typique des années 20 : Incartabilité, protections élémentaires, Anti-transplanage activable ou non par la famille résidente, et d'autres petites bricoles que vous pourrez trouver dans la description du dossier.

Molly et Arthur échangèrent un regard. C'était la meilleure option possible, compte-tenu de leur budget. Les garçons seraient un peu serrés en grandissant, mais on s'arrangerait. Le bricolage magique était après tout la spécialité d'Arthur, et Molly se débrouillait aussi. Leur seule autre option était une véritable ruine perdue dans la lande écossaise et aussi ouverte aux vents qu'aux maléfices. Ils ne pouvaient pas le risquer maintenant que Voldermort était en marche.

Les Weasley avaient le regard de ceux qui se projettent et qui agissent dans le monde dans lequel ils vivaient. La maison aurait bien sûr besoin d'être retapée et le jardin entretenu. Mais ça ferait l'affaire. Ils avaient la campagne. Un toit. Des voisins sorciers, puisque les Diggory avaient récemment achetés un élégant cottage à quelques lieues d'ici, et que les maisons familiales des Faucett et des Lovegood se trouvaient quelques collines plus loin. Molly aurait de quoi faire le potager qu'elle voulait, lui le cabanon de jardin où il pourrait ranger ses objets moldus sans que les enfants risquent d'y toucher.

Ils lancèrent un regard à leurs enfants. Bébé Percy semblait circonspect mais apaisé par le paysage (ils avaient pourtant dé-tes-té l'arrivée par Transplanage), Bill regardait vers le bois avec la nette envie de courir aller y jouer, si Arthur lâchait un seul instant sa main, et Charlie était déjà parti explorer les herbes alentours. Il brandit un ver de terre vers eux, comme en signe d'assentiment. La nature l'aimait, pensa Molly, et il lui rendait bien.

Arthur échangea un regard avec elle. Puis ils se tournèrent tous les deux vers Nivea Croupton.

- Pensez-vous qu'on puisse négocier le prix avec les Jorkins ?

Le sourire de Mrs Croupton s'élargit. Ça, ça voulait toujours dire oui.

- Je m'en charge.

Et une bicoque de moins sur le marché de l'immobilier magique… Ses collègues n'allaient vraiment pas y croire…

.

.
.

On n'achète pas une maison sans la visiter, disait l'adage. Ils s'étaient attendus à trouver des choses pas très agréables dans une ancienne maison de sorcier abandonnée pendant 50 ans. Arthur s'était chargé des premiers Epouvantards, Molly de surveiller les garçons dans le jardin tout en commençant le Dégnomage massif qui s'imposait. Avec un peu de chance et un peu d'aide de la famille, la maison serait habitable avant la fin de la semaine. Bilius, Fabian et Gideon s'étaient déjà proposé d'aider.

Bill dirigeait Charlie dans le nettoyage des clapiers et du poulailler. L'huile de coude, ils avaient appris tôt à s'en servir. Percy jouait dans son parc. C'était un bébé plutôt sage.

Molly entendit Arthur crier à l'intérieur de la maison.

- Bill, surveille tes frères, dit-elle précipitamment avant de courir vers la maison.

Ses yeux eurent besoin de quelques minutes pour s'habituer au changement de luminosité et la densité de l'air (poussiéreux et magique).

- Arthur ! cria-t-elle. Arthur !

- Ici, chérie, dit son mari d'une pauvre voix.

Elle le vit dans le salon, en train de s'épousseter.

- Un Kobold frustré d'avoir été abandonné par son ancienne famille, ne t'inquiète pas. Et j'ai entendu la goule rire quand je suis tombé de l'escabeau… Je pense qu'elle nous aime bien.

- Si on lui trouve un coin, elle pourra rester, soupira Molly. Rien de cassé ?

- Rien de bien méchant, dit-il en l'embrassant sur le nez. Les marches juste avant le palier sont vermoulues, par contre.

Molly acquiesça et amena quelques planches avec un Sort d'Attraction. Un deuxième sort lui apporta un marteau moldu.

- Tu es la meilleure. Les garçons sont occupés ?

- Sages come des images, dit Molly, la bouche déjà pleine de clous.

Elle arracha les lattes avec la magie et s'attela au travail. Arthur explorait déjà la plus petite chambre, celle du premier étage, qui serait sûrement celle de Charlie, le temps qu'ils aménagent l'étage.

- Il va falloir obstruer les cheminées, dit Arthur quelques minutes plus tard.

- Tu veux déjà les priver de Cheminettes personnelles ? On avait dit pas avant 17 ans, mais là, tu t'y prends tôt… plaisanta-t-elle.

- Nos fils ont beau être de futurs sex-symbols, je pensais plutôt au fait que ces Cheminettes ne sont pas sécurisées.

Ca jeta un froid. Mais ils ne pouvaient pas ignorer ce qui se passait dehors. Les deux frères de Molly, des Aurors, manquaient à l'appel presqu'un dimanche sur deux chez la tante Muriel, et ils passaient de plus en plus dans leur appartement londonien pour demander à Molly de les rafistoler sans passer par Sainte-Mangouste. Vu les heures à laquelle ils débarquaient le nez en sang, parfois accompagnés par d'autres sorciers en piteux état, elle devinait que ces heures sup' ne dépendaient pas du Ministère et que les registres de l'hôpital ne devaient, par conséquent, pas mentionner leurs noms.

Molly avait cessé de poser des questions depuis longtemps. Mais elle était presque certaine qu'ils œuvraient contre Voldemort sur leur temps libre. De quelque forme que ce soit. C'était la même intuition Prewett qui l'alertait autrefois quand ses frères s'approchaient trop près de son journal intime ou essayait de glisser des scarabées dans sa chambre.

Arthur se gratta la tête, l'air de chercher un moyen de détendre l'atmosphère.

- J'ai entendu la secrétaire de Croupton hier… visiblement les Jorkins ont accepté de baisser le prix de la maison si Nivea faisait en sorte que son mari prennent leur fille Bertha en stage… Et ça fait une semaine qu'il le regrette amèrement. Cette fille a deux pieds gauches et une mémoire de poisson rouge…

Molly eut un petit sourire.

- En parlant de poissons… demain, je m'attaque au nettoyage de la mare.

- Tu as le droit de te reposer un peu, aussi…

- Arthur, dit-elle très sérieusement. Je veux qu'on emménage ici avant la semaine prochaine. Tu as entendu Gidéon. Les Mangemorts commencent à faire du porte à porte, et même le Chemin de Traverse n'est plus sûr… On sera à l'abri ici.

Pas un jour ne passait sans que la Gazette n'apporte de nouvelles mauvaises nouvelles. Meurtres de Nés-Moldus, fuite de sorciers vers la France ou les Etats-Unis, où le MACUSA était débordé, déclin de confiance dans l'économie britannique, qui faisait atteindre des prix faramineux à la poudre de Cheminette, et elle en passait…

- Si on apprend aux gnomes à marcher au pas, on aurait une véritable armée pour défendre la maison, sourit Arthur.

- Je ne veux pas de ces bestioles dans mon jardin, gronda-t-elle gentiment.

- Ils sont amusants, avoue-le… Pittoresques…

- Pas autant que mes rosiers.

.

.

L'épisode « Bill à l'école moldue » fut bref, mais savoureux.

Il fut décidé qu'on essaierait de l'inscrire à l'école de Loutry Saint Chaspoule pour la rentrée de septembre suivant leur installation. Le directeur pinça les lèvres en voyant qu'aucun numéro de téléphone n'avait été mis sur le dossier d'inscription, mais rien qu'un petit sort de Confusion ne puisse arranger. Bill était un garçon sage, qui savait déjà lire et écrire : on l'accepta facilement. Bien moins de difficultés, en tous cas, qu'on n'en ferait quand, quelques années plus tard, Xenophilius Lovegood se présenterait aux portes du même établissement.

Pourtant, il ne fallut pas plus de deux mois avant que la directrice de l'établissement convoque les parents Weasley (via Bill, en l'absence d'adresse ou numéro moldu). Arthur ne pouvait pas venir et Molly semblait tout à fait paniquée. Elle avait eu beau remettre le nez dans les notes qu'Arthur avait pris en cours d'Etude des Moldus (des notes appliquées qui ne l'avait pas empêché d'être toujours le deuxième, derrière une certaine Charity à qui il tenait légèrement rancune), aucun chapitre ne mentionnait les mots « parents d'élèves », « école » ou « rendez-vous non-initié par le sorcier ». Ça allait être une expérience sociologique intéressante. Un vrai cas d'école.

La femme commença à lui parler des monstres et choses extraordinaires dont son fils parlait à longueur de temps à ses petits camarades. Molly lui avait dit d'être discret avec les adultes, mais les enfants avaient si bien cru aux histoires de Bill que celles-ci étaient remontées aux oreilles des parents d'élève et des professeurs. On avait interrogé Bill, qui avait répondu avec aplomb à toutes leurs questions.

- Non, bien sûr que le Bogey-man n'existe pas. Les seules choses qui peuvent habiter les placards, ce sont les Epouvantards… les goules préfèrent des endroits plus larges. A la limite, un nid de Doxys…

Et ainsi de suite. Bill déballa devant des adultes ébahis tout le contenu de ce qu'ils pensaient être son imagination. Rien qu'ils ne gobent assez pour faire déplacer le service des Oubliators.

- Mrs Weasley, dit calmement le directeur quand elle fut assise dans son bureau. Votre fils a une imagination débordante… mais légèrement perturbante. Sa maîtresse n'a pas pu s'empêcher de constater que les histoires qu'il raconte sont très sombres et font référence à des notions de sorcellerie qu'elle-même a dû chercher dans de très vieux livres…

- Oui, mon mari est expert en histoire médiévale, dit Molly en sentant ses oreilles rougir, comme toujours lorsqu'elle mentait ou qu'elle était gêné (un très bon indicateur d'attirance, du temps où Arthur avait commencé à la courtiser à Poudlard). Il est possible que Bill ait entendu certaines histoires et les…

- Non, vraiment, je pense que votre fils fait une fixation vraiment étrange sur des histoires auxquelles il ne devrait plus croire à son âge… or, il n'en démord pas ! Je voulais vous voir pour vous conseiller le numéro du psychologue scolaire la plus proche…

- Vous insinuez que mon fils est déséquilibré ?

- … ne vous inquiétez pas, il est tout à fait habitué à ce genre de situation… dit le directeur en la jaugeant. Et aux… petits budgets...

En moins d'une minute, le directeur avait fait l'exploit de blesser son orgueil et d'insulter un enfant premier-né devant sa mère (nota bene : ce n'est jamais une bonne idée… surtout quand la mère en question est armée d'une baguette magique et se nomme Molly Weasley).

Et puis, Molly était enceinte d'un mois et demi, et autant dire que les hormones ne lui réussissaient pas. Alors Molly changea la calvitie du directeur en de rigolotes frisettes vertes, destinées à repousser chaque matin, malgré tous ses efforts pour les raser. Qu'on lui envoie le Service des Usages Abusifs de la magie… elle était mariée au principal employé.

- Je ne vous remercie pas, monsieur. Oh, et n'attendez pas William lundi…

Arthur insisterait sans doute pour qu'ils modifient les mémoires des professeurs et élèves.

- Viens, Bill, on rentre à la maison, dit Molly en refermant la porte derrière elle, alors que Monsieur le Directeur venait de voir son reflet dans le miroir de son bureau.

- Mais maman, Percy a rendez-vous chez le pédiatre aujourd'hui… tu l'as dit hier.

Le pédiatre, maintenant, pensa Molly en fermant brièvement les yeux. C'était vraiment son jour. Bill dut le sentir, car il attrapa Charlie et Percy (qu'il avait occupé pendant les dernières minutes en parfait grand-frère qu'il était) chacun par une main et la suivit dehors. C'était l'heure de la sortie de l'école et Molly dut affronter bravement les regards qui se tournaient vers sa tribu aux cheveux flamboyants. Percy sourit d'un air absent à une mère qui examinait dédaigneusement son pull rapiécé aux coudes.

Sainte-Mangouste était presque vide pour un vendredi soir. Molly évita ainsi les commentaires habituels du personnel infirmier et des autres patients (« les petits traîtres à leur sang » étant souvent le commentaire le plus gentil qu'elle entende).

Myriam Strout.

Gé-nial. Molly n'aurait pas pu rêver mieux comme responsable de la garderie. Célibataire sans enfant très prône aux jugements rapides.

- Soyez sages, d'accord ? dit-elle à Bill et Charlie, qui, de toute façon, étaient sages. (Enfin, 90% du temps).

- Mme Weasley, dit la Médicomage avec son sourire le plus hypocrite de bienveillance. On est très occupée, je vois…

- Occupée ? dit Molly, perdue.

- Avec trois garçons à la maison, c'est normal de ne pas avoir le temps de faire de la couture ou de soigner sa mise… Mais montrer l'exemple aux enfants devrait être une motivation pour tous les parents…

Molly mit quelques secondes à additionner deux plus deux. Strout venait de lui dire qu'elle était mal attifée et/ou coiffée et qu'elle devrait davantage prendre soin de ses enfants et de leurs vêtements. C'était pourtant dans les manuels de survie les plus élémentaires : ne jamais dire à une mère comment élever ses enfants…

- Viens, Percy, on ne va pas faire attendre le docteur Val Helsings…

- Ça va, maman ? Tu es toute rouge…

- Ça va, chéri… Cette… cette… cette « gourgandine » ! grommela-t-elle furieusement entre ces dents.

Pour ne pas arranger son humeur, le pédiatre les prit en retard (une fois n'est pas coutume) et découvrit à Percy un début de myopie. Acheter des lunettes allait coûter cher. Autant dire qu'elle n'était pas de très bonne humeur quand Arthur rentra, l'embrassa et s'assit à table. Elle lui dit à mi-mots ce qui s'était passé à l'école.

Arthur tenta de la raisonner, mais elle avait déjà pris sa décision. Elle ferait l'école à la maison à ses fils comme ça avait été le cas pour elle et ses frères et pour la famille d'Arthur elle-même. Les expériences foireuses avaient assez duré : les enfants sorciers n'étaient pas faits pour vivre dans le même milieu que des enfants moldus tant qu'il n'avait pas une certaine conscience et un certain contrôle de leur magie, fin de la discussion. Arthur n'insista pas. Il aurait le temps d'apprendre la tolérance et l'interculturel à ses enfants. Il alla coucher les garçons pendant que Molly faisait du thé pour eux deux. Encore une longue soirée à gérer les comptes de la maison et considérer les nouvelles coupes budgétaires encore possibles.

Après que Percy a encore demandé et écouté l'histoire de Babbitty Lapina, il posa la première question redoutée par tout parent (en concurrence avec « Comment on fait les bébés ? », certes) :

- Papa ? C'est quoi une gourgandine ?

Et Arthur de sentir ses oreilles rougir. Dire que ce n'était que le début…

.
.

.
.

- Tu es sûre ?

- Tu vas me poser la question à chaque fois ?

Alors Arthur lui fit un gros sourire.

- Wouhou !

Bill, Charlie et Percy se regardèrent d'un air perdu en voyant leur père serrer leur mère contre lui. Bill émit un « bééééérk » sonore en les voyant s'embrasser.

- Les Tornades ont gagné au Quidditch ? demanda-t-il ensuite avec curiosité.

Arthur et Molly éclatèrent de rire.

- Non. Vous allez avoir un petit frère ou une petite sœur.

- Encore un ? soupira dramatiquement Bill en regardant ses frères d'un air agacé.

Molly vit les larmes monter dans les yeux de Charlie.

- Bill !

- Quoi ? Il y a pas de place pour lui, dit-il en montrant le ventre de Molly (il ne connaissait pas les détails, mais il se souvenait que Charlie et Percy étaient venus de là-dedans et son intuition lui disait que les fabriques à bébés ne changeaient pas de place entre deux grossesses).

- On demandera à Bertie de se pousser un peu, rit Molly en posant une main réconfortante sur l'épaule de Charlie.

Comme pour protester, la goule frappa sur les tuyaux à ce moment-là.

- Je demanderai à Bilius de m'aider à monter un étage de plus, dit Arthur d'un air pensif.

- On s'occupera de la logistique plus tard, d'accord ?

Le Terrier semblait acquiescer. Il ignorait que pendant les prochains mois et années, il subirait plus d'une transformation. Un étage pour commencer, puis un second. Tout pour accommoder cette famille débordante d'amour… et incidemment, d'enfants. La goule se rapatrierait dans un creux sous le toit, qui s'élèverait au fur et à mesure que les familles Prewett et Weasley joueraient au lego avec des morceaux de maisons et châteaux abandonnés des alentours. La maison ignorait encore tout ce qu'elle vivrait : les jambes et bras cassées, les rires, les chocolats chauds renversés sur le sol de terre battue, les accidents de cheminette, les courses de gnomes sur le tapis du salon (jusqu'à ce que Molly y mette un terme), les pleurs de bébés, les explosions dues aux potions expérimentales que les jumeaux qui naîtraient le 1er avril suivants mettraient au point dans leur chambre,...

Le Terrier ne savait pas encore tout ça, mais il aimait déjà tous ses petits habitants.

.

.
.

.