Disclaimer : J. K. Rowling possède Harry Potter ainsi que ses personnages

Rating : M

Genre : Romance / Hurt/Comfort

Univers : Cela se passe après T.7, la chronologie reste relativement la même à deux trois détails près dont je parlerais

Pairing : Harry x Salazar

Evénement : Concours de Jelyel pour From Past, with love

On étend la lumière pour le début de la projection ! Nox !

Et voilà, on enchaine avec la partie 3 de Je suis ton Ombre plus ou moins rapidement si vous découvrez cette petite histoire maintenant ou si vous attendiez la suite. Normalement, cette partie 3 doit clôturer l'histoire.

Non, mais je dis ça car à l'origine, cette histoire devait être un one-shot, puis je me suis aperçu pendant l'écriture (et avant j'avais quelques doutes) que cela ne suffirait pas. Puis, à la moitié la partie 2, je me suis dit… Oh zut ! Mais la partie 2 va être démesuré, ça ne marchera pas. Et donc voilà la partie 3.

Bon, donc on se retrouve pour la partie 3, de nouveau des scènes « coupés » j'espère en tout cas que ce format vous plaît. Il n'y a plus rien à dire de plus, alors…

Bonne lecture mes petits Sorciers !

Et merci pour toutes vos reviews, cela m'a fait super plaisir, gros bisous

°0o0°

Je suis ton Ombre – Partie 3

22 Décembre 1998 – Pentagone de Lumière – Salle d'étude n°4

Le plafond blanc lui faisait mal aux yeux. Mais il ne pouvait que le regarder. Ses yeux étaient à moitié ouverts, mais bouger les paupières pour se soustraire à cette luminosité agressive lui demandait trop d'efforts. Il avait à peine la force de remuer un doigt, alors fermer les yeux… Non, c'était bien trop douloureux, il n'y arriverait jamais. De plus, il n'était pas sûr que les ténèbres soient meilleures pour lui. Il pourrait en perdre la tête… Enfin, ce qui lui en restait.

Il ne se pensait pas encore fou, mais son esprit dérivait peu à peu vers à la folie, à cause de ce qu'on lui faisait, à cause de ce qu'on lui injectait et surtout à cause de son éloignement avec Salazar. Ah… Penser à lui était autant salvateur que funeste. Il savait qu'il pouvait compter sur ses amis et son compagnon pour venir l'aider, le sauver. Mais ne pas savoir quand est-ce que cela arriverait rendait son espoir fragile. Au début, il était déterminé à ne pas sombrer, à ne pas douter, à tenir bon pour le Fondateur, pour lui-même. Cependant il avait rapidement compris dans quel genre d'endroit il avait atterri.

La première semaine de son arrivée, on l'avait laissé tranquille, personne n'était venu le droguer ou le contraindre d'une quelconque manière. Pendant un instant, il avait cru aux bonnes intentions de ses geôliers, peut-être pensaient-ils sincèrement protéger le reste du monde sorcier d'eux en agissant ainsi ? Mais le regard vide des autres Ombres l'avait rappelé à l'ordre. S'ils avaient réellement eu de bonnes intentions, les membres de son espèce ne serait pas dans cet état ! Puis, il avait compris la raison pour laquelle il était épargné pour l'instant : une représentante du Ministère était venue lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles, vérifier que tout se passait bien pour lui.

Il fallait donc qu'il soit au meilleur de sa forme pour la rassurer. Et en effet, il ne pouvait se plaindre de rien, puisqu'on ne lui avait encore rien fait. Il n'avait qu'un horrible pressentiment, mais il savait déjà qu'en parler ne ferait que déclencher quelques rires de la part de son interlocutrice. On ne pouvait guère juger ou condamner des gens sur un mauvais présage. Non, il ne pouvait rien dire, ne prévenir personne. S'il criait au loup sans preuve, on ne le croirait plus lorsque la meute serait véritablement là. Alors il s'était contenté d'acquiescer à ses questions et la bonne femme s'en était contenté, jugeant sûrement qu'il en voulait encore au gouvernement et que c'était pour cette raison qu'il n'ouvrait pas la bouche. Mais en réalité, si Harry la gardait close, c'était pour s'empêcher de divulguer par mégarde le fond de sa pensée.

Ainsi son premier entretien avec la représentante du Ministère se termina. Il fut encore laissé tranquille deux ou trois jours, le temps de s'assurer que personne ne revenait faire une visite surprise. Et là, les portes de l'Enfer s'étaient ouvertes devant lui… Au début, il ne s'était retrouvé qu'attaché à une table d'opération où on lui fit de nombreuses prises de sang ainsi que des relevés de son énergie magique. C'était à peine désagréable, mais il n'aimait guère l'idée qu'on l'étudiait comme un insecte. Si cela s'était arrêté là, il aurait pu tenir le coup pendant des mois et peut-être des années sans même avoir l'idée de flancher. Mais ils n'en n'avaient pas fini avec lui, au contraire ils ne faisaient que commencer.

Quand ils se décidèrent à passer aux choses sérieuses, il fit la « connaissance » de la salle d'étude n°4, un endroit qui lui était spécialement réservé car le sceau qui avait été tracé au sol, avait été conçu uniquement pour lui. Quelle délicate attention, il s'en serait bien passé. Si dans les premiers instants, il n'avait pas compris à quoi servirait ce sceau, il ne lui avait fallu qu'attendre son activation pour découvrir l'étendu de la cupidité de ces hommes et de ces femmes. Il s'était retrouvé enchainé au centre d'un cercle magique qui avait pour unique but de détacher la magie de son corps pour la sceller dans un autre récipient par la suite.

Il avait connu la douleur incommensurable de non seulement se voir arracher sa magie, mais en plus celle de la sentir hors de son corps. Car contrairement à la fois où il l'avait fait avec Voldemort et où son esprit avait accompagné sa magie, cette fois son esprit restait dans son corps et il ressentait la douleur de celui-ci. Il s'était débattu de longues heures, son corps se tordant dans tous les sens à cause des spasmes de douleur, il avait crié et hurlé sa souffrance mais aussi sa haine jusqu'à s'en écorché la voix. Mais il n'avait rien pu faire… Autant pour les en empêcher que pour faire cesser cette peine qui lui avait fait monter les larmes aux yeux.

Toutefois dans son malheur, il avait la satisfaction sadique de savoir qu'ils n'arrivaient pas à lui arracher sa magie. D'après ce qu'il avait compris les premières fois – quand il était assez conscient pour faire attention à son environnement – ils extrayaient la magie des Ombres petit à petit, c'est pour ça que plusieurs séances étaient nécessaires. Mais cela ne semblait pas du tout fonctionner avec lui. Harry s'en réjouissait, appréciant leur colère et leur incompréhension. Il avait sa propre théorie là-dessus : sa magie avait fait l'expérience une fois d'être séparé de son corps, lors de son duel contre le Lord Noir, mais elle avait réussi à revenir dans son corps, peut-être qu'après ça, elle s'y était plus attachée que pour d'autres Sorciers ou Ombres ? C'était du moins ce qu'il supposait et pour une fois, il se félicitait d'être étrange et anormal, après tout, quel Sorcier ordinaire aurait imaginé ce qu'il avait fait pour vaincre Voldemort ?

En tout cas ils n'ont pas réussi à n'obtenir ne serait-ce qu'une miette de sa magie et cela l'amusait beaucoup de les voir aussi frustrés. Après chaque séance, on le droguait ensuite, pour qu'il puisse se tenir tranquille et ne pas ressentir le contrecoup violent de ce rituel barbare. Car même s'il ne perdait pas sa magie, on tentait tout de même de l'arracher et elle se détachait partiellement de son corps. A force de répéter cette torture, il ne devrait même plus pouvoir bouger, mais dopé à la morphine, il ne sentait pas son corps protestant contre chaque mouvement. Sachant malgré tout qu'il avait besoin de repos, il essayait de se reposer le plus possible, mais les quelques heures qu'il passait immobile dans son lit, n'arrangeait ni sa santé mentale, ni sa santé physique car le temps de récupération n'était pas assez long entre chaque séance et celles-ci se multipliaient de plus en plus.

Aujourd'hui encore, il se trouvait dans cette salle. La douleur l'empêchait de bouger, à l'exception de quelques tressaillements, sa gorge en feu l'empêchait de crier sa souffrance, ses cris n'étaient plus que des gargouillis rauques et presqu'inaudibles, la morphine qui n'avait pas eu le temps de s'estomper embrumait son esprit, lui permettait pourtant de se détacher un peu de la réalité et sa magie libérée aiguisait ses sens, en bien comme en mal. A chaque fois qu'une pensée arrivait à se former dans son esprit, elle tournait autour de Salazar. Son compagnon et petit-ami était sa seule ancre solide à laquelle il pouvait se rattacher. Il avait bien évidemment confiance en Severus et en Draco pour l'aider, mais son lien avec le Fondateur était bien plus fort.

Vaguement, il se souvint que les préparatifs de Noël commençaient dans le centre. Le jour de la commémoration, des représentants du Ministère venaient apporter les cadeaux envoyés par les familles et les amis des Ombres. Pour ce beau jour, les Ombres devaient être impeccables, alors les expériences se termineraient aujourd'hui pour que les prochains jours, les Sorciers redonnent une apparence respectable à leurs cobayes, afin de ne pas attirer l'attention sur eux. Mais bien sûr, il y avait fort à parier qu'ils seraient tellement shootés, qu'aucun d'eux ne pourrait prévenir les autorités compétentes du malheur qu'ils vivaient dans ce centre.

Et pourtant, la seule chose qui tourmentait Harry, c'était qu'il s'agirait de son premier Noël depuis l'arrivée de Salazar et qu'il ne le passerait pas avec lui. Il se sentait tellement mal à cette idée ! Il avait une vague idée de la raison de ce malaise atroce : les Ombres étaient naturellement en symbiose avec la Magie, d'après les cours que Severus lui avait donnés, et Noël signifiait également la Fête de Yule, un évènement magique important qui durait plusieurs jours chez les Sorciers… Et qu'il passerait seul et sans sa moitié… C'était un sentiment atroce qui l'étreignait à cette pensée.

Une larme coula de long de sa joue, venant s'écraser sur le sceau du rituel. Il avait même l'impression que sa magie pleurait avec lui. Il avait de nouveau un mauvais pressentiment… Celui que peut-être, ne pas être prêt de Salazar pendant cette période de fête, aurait plus de conséquences que prévu…

oOo

1er Janvier 1999 – Poudlard – Parc

Salazar prenait l'air dans le parc. C'était la première fois depuis quelques semaines qu'il arrivait à ignorer la douleur insupportable qui lui étreignait le cœur. Il savait pourquoi aujourd'hui était différent : ce soir serait le dernier jour de fête pour Yule, la Magie flottait dans l'air à ses yeux et elle l'avait calmée. Les deux dernières semaines avaient été particulièrement atroce pour lui, il avait senti sa magie chercher désespérément la présence d'Harry, lui rappelant sans cesse que ce dernier n'était pas là avec lui, mais entre les mains d'hommes et de femmes qui le faisaient souffrir. Cela avait été les deux pires semaines de sa vie.

Mais aujourd'hui, la douleur s'était atténuée, comme si elle avait été emprisonnée dans une cage de verre et il y voyait un signe, celui d'agir maintenant, pendant qu'il en était encore temps. Severus et Draco étaient d'accord avec lui, eux aussi y voyaient un présage de la Magie et ils se préparaient justement à infiltrer le Pentagone de Lumière. Ils comptaient si possible libérer toutes les Ombres emprisonnées là-bas, sinon ils se contenteraient de sortir Harry de cet Enfer, les autres attendraient. Oui, c'était égoïste, terriblement même, mais les autres n'étaient rien pour lui, seul le petit Gryffondor était son Compagnon, alors seul lui comptait.

Pour lui, il était prêt à déplacer des montagnes, à condamner des mondes, à perpétuer des génocides et à punir les trahisons. Tout comme il serait capable de renoncer à Poudlard ou aux serpents, peut-être même à la magie. D'ailleurs, il ne s'était pas gêné pour faire de la vie de deux traîtres, un enfer. Il avait d'abord voulu laisser ce soin à Severus puisqu'il les avait personnellement menacés, mais comme il se trouvait bien occupé par sa potion qui devrait les aider à disparaître des radars, il s'en était chargé pour lui.

Du jour au lendemain, Ron et Hermione n'étaient plus seulement ignorés comme cela avait été le cas après l'arrivée des Aurors, mais ce fut un véritable lynchage social auquel ils eurent le droit. Et ceux qui ne voulaient pas participer, pour des questions de moral, se contentaient de fermer les yeux et de ne rien voir, les isolant complètement.

Le premier jour, Salazar changea les mots de passe de chaque maison avec l'accord de Poudlard et fit passer le message que les Gryffondors Hermione et Ron ne devaient en aucun cas être mis au courant du changement. Ils le découvrirent après leur premier cours de la matinée, alors qu'ils pensaient retourner dans les dortoirs pour prendre leurs livres de l'après-midi. Ils avaient passé dix minutes à essayer tous les mots de passe possibles et imaginables sans trouver le bon. Salazar avait ouvert une autre sortie pour que les autres Gryffondors puissent aller et venir sans devoir attendre que les deux indésirables partent. Le soir-même, ils se mêlèrent à la foule de Gryffondors pour rentrer au dortoir, mais ces derniers les avaient distancés et le tableau s'était refermé sur eux.

Les deux traîtres s'étaient décidés à passer la nuit dans la Salle sur Demande mais peu importe le nombre de fois qu'ils passèrent devant, la porte n'apparut jamais pour eux. Poudlard refusait de les laisser entrer et toutes les salles de classes furent closes pour eux. Désespérés, ils étaient allés voir leur Directrice de Maison, mais elle ne vint pas leur ouvrir, et bien sûr ils ne connaissaient pas le mot de passe qui aurait pu leur permettre de monter discuter avec le Directeur de Poudlard. Ils eurent l'audace de venir déambuler près des appartements privés d'Harry, espérant peut-être y trouver refuge, mais ils furent dignement accueilli par Salazar qui leur cracha quelques insanités à la figure.

Fourbus et épuisés, ils s'étaient endormis dans une alcôve d'un couloir… Pour se faire réveiller trois heures plus tard par Rusard et Miss Teigne. Ils avaient bien tenté de lui expliquer l'histoire totalement irréelle qui leur arrivait, ils écopèrent d'une semaine de retenue et le vieux concierge refusa de les aider en allant voir un professeur. Même le Cracmol n'avait pas apprécié leur attitude : il détestait déjà les Sorciers pour leur magie, mais si en plus ceux-ci n'avaient plus ni d'honneur, ni de respect envers leurs amis et leurs familles, alors Rusard n'aurait véritablement aucune pitié pour eux.

Le lendemain, les deux Gryffondors se hâtèrent à la table des professeurs, et ce fut à ce moment-là qu'ils comprirent que leur pénible journée d'hier n'était que le début de leurs mésaventures. Le Professeur McGonagall les avait toisés avec une telle froideur, qu'elle avait pu rendre Snape fier. Elle leur avait sifflé le mot de passe du bout des lèvres, sachant que celui-ci avait déjà été changé le matin même, mais avant qu'ils ne se précipitent dans leur dortoir, elle leur avait demandé de venir la voir après le repas. Une fois devant le tableau, les deux Gryffondors s'étaient senti au bord de la crise de nerfs lorsque la Grosse Dame leur avait sèchement savoir que le mot de passe était incorrect depuis tout juste une heure.

Les épaules voutées, ils s'étaient rendus au bureau de l'écossaise pour obtenir des explications et pour avoir la discussion qu'elle souhaitait vraisemblablement avoir avec eux. Pendant cette entrevue, ils furent destitués de leurs prérogatives de Préfets. Hermione éclata en larmes dans le bureau et Ron haussa la voix. Ils reçurent deux nouvelles semaines de retenu et ils furent renvoyés à leurs cours. Toute la semaine qui suivit fut un véritable calvaire pour eux, ils n'avaient pas pu se changer ou se laver depuis sept jours – hors de question de risquer une pneumonie en se laver dans le Lac Noir – et comme ils n'avaient pas pu non plus récupérer leurs affaires de cours, ils obtenaient de nouvelles retenues à chaque cours pour lesquels ils n'avaient pas les livres demandés.

Hermione se vit refuser l'emprunt de tous les livres qu'elle voulait lire, pour se changer les idées et Ron ne réussit à ouvrir aucun passage secret du château. Chaque soir, ils étaient réveillés par Rusard alors qu'ils dormaient dans les couloirs, obtenaient de nouvelles retenues. Leurs notes chutèrent significativement car ils étaient de plus en plus fatigués et qu'ils n'avaient pas le temps de faire leurs devoirs, en courant partout pour résoudre le problème qu'ils avaient. Mais le pire était encore à venir.

Finalement, au bout d'une semaine, on leur annonça qu'une solution avait été trouvé et ils avaient reçus des chambres à l'extérieur du dortoir. Enfin, des chambres, en réalité cela tenait plus du cagibi : un lit simple collé dans un mur de pierre, une armoire tout juste droite et un bureau d'école pour chacun d'eux, avec à peine de la place pour circuler. La literie était dure, grattait et le sommeil fut dur à trouver pour les deux amis. Heureusement, leurs affaires avaient été rapatriées dans leurs nouvelles « chambres » et ils purent se changer après s'être sommairement lavé dans un grand baquet d'eau glacée.

Ils entrèrent dans la Grande Salle, avec une mine un peu plus réjouie que celle hystérique qu'ils avaient eu toute la semaine, mais alors qu'ils s'asseyaient à la table des Gryffondors, près des portes et très loin de leurs camarades, ils furent violemment éjectés des bancs par la magie du château. Une petite et misérable table bancale apparut devant leur nez et flotta jusqu'au coin le plus sombre et le plus délaissé de la salle. Un drapeau gris germa au-dessus de la table, avec une indication sanglante… « Traîtres ». Ron et Hermione pâlirent de peur lorsque leurs cravates et leurs écharpes rouges et or prirent la même teinte que le drapeau. Ils comprirent enfin ce qu'il se passait depuis la semaine dernière. Jusque-là, ils avaient réellement cru à la plaisanterie malsaine d'un élève, mais même les jumeaux Weasley n'auraient eu le culot de faire une telle chose.

Hermione s'effondra une fois de plus en larmes, son visage ruisselant dans ses mains, sanglotant une litanie d'excuses. Ron lui, commença à s'énerver, ne trouvant pas ça drôle, qu'ils devraient plutôt le remercier pour les avoir mis hors de danger, qu'ils n'avaient pas le droit d'agir ainsi puisqu'ils avaient bien accepté des Mangemorts à Serpentard en période de guerre, car Poudlard se devait d'être impartial, et que surtout, il avait agi pour le bien de tous. Ses mots avaient glacé Severus d'effroi, alors qu'il se souvenait de tout ce que Dumbledore avait sacrifié et voulu sacrifié pour « le plus grand bien ». Apparemment l'homme avait eu le temps de planter les graines de ses idées dans le cerveau pourri du dernier fils Weasley.

Severus s'était levé alors de sa chaise, faisant claqué ses mains sur le bois de la table et il avait commencé à réciter des noms. D'innombrables noms. Une liste interminable. Des sanglots ou des hoquets de tristesse se firent entendre dans la Grande Salle certaine fois. Même Ron se figea quand il entendit les prénoms de ses deux oncles – les frères jumeaux de sa mère – qu'il n'avait jamais rencontrés et qui étaient morts pendant la première guerre. Neville serra les dents et les poings lorsque ses parents furent cités. Draco écarquilla les yeux d'horreur lorsque Severus termina sa longue liste par son nom et celui d'Harry. Un long silence avait régné quelques minutes après cela, alors que leur Directeur reprenait son souffle et terminait son monologue par un désagréable : « Tous ces gens sont morts au nom du plus grand bien, sous les ordres de Dumbledore, M. Weasley. Alors mesurez vos paroles. »

Le rouquin n'avait plus prononcé le moindre mot après ça. Pas seulement pour le reste de la soirée, non. Cela faisait plusieurs semaines maintenant qu'il s'obstinait dans le mutisme. Hermione essayait vainement de retrouver un peu d'attention, quelques soutiens, mais sans succès. Les professeurs ne les interrogeaient plus, ne leur parlaient plus que pour les coller en retenus si cela était justifié et tous les élèves les fuyaient comme la peste, les ignorant ou leur crachant des insultes au visage. Salazar avait été très heureux d'assister à cela et il s'était délecter du malheur des anciens « amis » de son Compagnon d'Ombre. Les Ombres ne rassemblaient peut-être pas les gens autour de leur cause, mais visiblement, le nom de son petit-ami, si.

Et ce soir, oui ce soir, ils sortiraient Harry de son enfer personnel. Ce serait leur seule chance, il le sentait au plus profond de lui. S'ils n'agissaient pas avant la fin des fêtes de Yule… Il ne préférait pas penser à ce qu'il pourrait se passer. Car ils réussiraient, il en était sûr et certain. Puis quand son Ombre irait mieux, ils iraient réparer la Magie, comme ils en avaient la mission. Salazar se demanda un instant, après avoir vu la solidarité des élèves de Poudlard contre les traîtres, comme cette dernière allait réagir… Il ne tenait pas à les voir devenir Cracmol alors qu'ils avaient voulu protéger Harry et qu'ils avaient participer à sa vengeance. Peut-être pourrait-il avoir une prière pour eux lorsqu'il entrerait en contact avec la Magie ? Oui, il ferait ça.

oOo

2 Janvier 1999 – Poudlard – Appartement privé

Il se sentait étrangement bien, comme s'il flottait dans du coton dans le ciel. Il ressentait la même sensation de liberté que lorsqu'il s'élevait dans les airs sur son balai. Pourtant il était sûr et certain d'être encore sur terre. Parfois il se demandait si la Magie ne s'était pas trompée quelque part en le faisant Sorcier, il aurait sans doute été plus heureux comme oiseau. Il aurait pu voler autant qu'il l'aurait voulu, il aurait pu visiter des lieux sans que des personnes ne fixent son front, il n'y aurait jamais eu de murmures sur son chemin, la vie difficile des hommes ne l'aurait jamais touché. Il aurait vécu libre, plus libre que n'importe qui d'autre. Oui, cette vie ne lui aurait pas déplu…

Mais il savait aussi qu'il pouvait se permettre de penser ainsi justement parce qu'il avait vécu sa propre vie, car comme dit le dicton « L'herbe est toujours plus verte dans le jardin d'à côté ». Sans penser à tous les mauvais moments de sa vie, il en avait passé aussi des bons, sa découverte du monde magique, les amis qu'ils s'étaient faits, tous les moments qu'il avait passé avec ses deux meilleurs a… Ses deux ex-meilleurs amis, Severus, Draco et surtout, surtout Salazar… Oui, pour le Fondateur, être un humain – une Ombre – n'était finalement pas si mal. Et puis, il savait que même pour devenir un oiseau, il ne serait pas non plus prêt à renoncer à sa magie, à la Magie, il l'aimait trop pour ça.

La Magie et Salazar, voilà ses deux meilleures raisons pour se battre et revenir à la réalité. Il avait confiance en Severus, Draco et son Ombre pour le sortir de là. Il ne pouvait donc que se battre pour tenir bon.

Ouvrant difficilement les yeux, Harry se demanda ce qui l'attendait aujourd'hui… Hier, grâce à la fête du nouvel an organisé par le personnel du Pentagone de Lumière, il avait pu passer une journée très calme, sans aucune convocation dans sa petite salle d'étude personnalisée. Peut-être que leur gueule de bois serait trop douloureuse pour venir le sortir de sa chambre ? Quel doux espoir, les potions contre ce petit problème étaient aussi populaires que les Chocogrenouilles, cela ne risquait pas d'arriver.

Mais à tout à ses pensées, la jeune Ombre remarqua quelque chose d'étrange avec le plafond : il était aussi blanc que celui de sa chambre, mais il y manquait la fissure qui parcourait la moitié de la surface et qui lui rappelait un arbre dont les branches s'étendent de toutes parts du tronc. Etait-il dans une autre chambre ? Peut-être, mais pourquoi ?

Soudain une main se posa sur son front, balayant quelques mèches, caressant sa tempe, glissant sur sa pommette, avant de s'échouer sur sa joue. Un gémissement de bonheur s'échappa des lèvres d'Harry qui ne sursauta pas à ce contact. Il l'avait immédiatement reconnu, lui et la présence qu'il apercevait enfin, à côté de lui.

« Salazar… » Souffla-t-il, sa gorge trop abimée pour parler plus fort.

« Oui, c'est moi ma petite Ombre, je suis là. »

La voix de son compagnon n'était pas plus forte que la sienne, mais Harry savait que c'était l'émotion. L'émotion de le retrouver enfin, après tant de temps. Harry avait l'impression que cela faisait au moins une année qu'il ne l'avait plus vu, et pourtant cela ne faisait que deux mois. Mais c'était tout de même trop long. Il n'aurait jamais dû le quitter. Il avait eu tellement mal… Et pas seulement à cause de leur rituel, mais tout autant à cause de leur éloignement !

« Shh, je suis là maintenant. » Murmura le Fondateur en essuyant les larmes de sa moitié.

« Serre-moi… » Réclama plaintivement Harry, qui ne s'était pas rendu compte des larmes qui coulaient à profusion de ses yeux trop verts.

Avec des gestes lents et doux, Salazar le redressa lentement dans le lit et vint se placer dans son dos, pour le laisser ensuite se reposer contre lui. Harry se blottit dans les bras de son aimé et apprécia à sa juste valeur cette sensation de réconfort et de sécurité qui revenait enfin après tant de jours plongé dans le froid de l'inconnu et dans l'attente d'une nouvelle séance douloureuse. Il n'était à sa place que dans ces bras. Il n'était plus Harry Potter, il n'était plus le Survivant ou le Sauveur, il n'était plus le Vainqueur de Voldemort, il n'était plus l'ancien Gryffondor, il était Harry, juste Harry. Avec ses peurs et ses angoisses, ses joies et ses peines, sa détermination et son courage. Il n'avait plus besoin de se forcer à être celui qu'on voulait qu'il soit, car Salazar l'accepterait toujours, peu importe ce qu'il était ou ce qu'il montrait.

Cela faisait tellement de bien ! Il avait déjà vécu quelque chose de similaire avec Draco, mais leur relation s'était déroulée en temps de guerre, il n'avait donc jamais pu se détendre complètement. Peut-être que s'il n'était pas devenu une Ombre, il aurait pu faire totalement tomber les masques, ou alors il n'aurait jamais perdu cette habitude de toujours cacher une petite part de lui au fond de son inconscient – cette partie qui n'était autre que l'enfant dans le placard, celui qui rêvait d'un échappatoire, celui qui pleurait cette famille qui ne l'aimait pas, celui qui voulait faire ses preuves, celui qui haïssait les coups qu'il recevait, celui qui était devenu un Sorcier du jour au lendemain, celui qui avait été projeté dans un monde d'adultes, celui qui avait été lancé sur le champ d'une bataille qui n'aurait pu être la sienne. Il n'était pas sûr qu'il aurait pu autorisé Draco à voir cette partie de lui, mais Salazar était apparu et il était devenu une Ombre – son Ombre – et Harry avait su instinctivement qu'il pouvait se dévoiler entièrement au Fondateur.

Oui, sa place était ici, avec Salazar.

Comme s'il avait perçu ses pensées, les bras de l'autre Ombre se resserrèrent autour de lui et son visage plongea dans son cou pour inspirer profondément son odeur. Finalement, peut-être n'avait-il pas entendu ses réflexions, mais qu'il avait besoin de se rassurer, comme lui, que tout ça, était bien réel. Harry se coula dans cette étreinte, l'appréciant tout particulièrement avec ses deux longs mois loin de lui.

« Madame Pomfresh a dit que tu étais relativement en bonne forme pour une séquestration de deux mois, mais que tu avais besoin de repos car tu es en fatigue musculaire globale… Et que tu avais des lésions nerveuses de moindre importance… »

Harry ne sut que répondre à cela. Son état ne le surprenait pas, il devait physiquement être impeccable pour les visites du Ministère, toutefois la douleur qu'il avait ressentie devait bien venir de quelque part. L'Ombre avait l'intense impression que s'il se contentait de se reposer, son corps ne reviendrait jamais à un état normal, mais Madame Pomfresh – bien qu'elle soit une excellente infirmière – ne réfléchissait qu'à travers la magie. Or ses tortionnaires avaient utilisé des méthodes moldus pour le maîtriser.

« Tu pourras demander à Severus de trouver un autre Médicomage, qui s'y connaisse en médecine moldue aussi bien qu'en médecine magique ? » Murmura Harry.

Bien qu'il ne le vît pas, il sentit la tension de son compagnon et Harry devina son visage crispé par l'inquiétude. Il laissa donc courir ses doigts sur l'un des bras qui encerclait sa taille.

« Je n'ai pas mal, mais j'irais mieux si je suis soigné correctement. »

« Madame Pomfresh ne peut pas faire ça ? »

« Elle pense trop avec la magie. » Répondit Harry calmement.

Et il ne mentait pas, il n'avait pas mal, il ne ressentait aucune douleur. Pourtant son corps lui donnait l'impression de peser une tonne ou deux. Chaque mouvement semblait lui demander beaucoup trop d'énergie. Il soupçonnait d'être encore sous morphine ou qu'on lui ait fait boire une potion anti-douleur, mais ce n'est pas parce qu'il ne ressentait pas la souffrance que son corps était guéri. Il sentait que cela ne passerait pas avec seulement du repos, que s'il ne faisait rien de plus, il souffrirait de douleurs chroniques tout le reste de sa vie.

Il avait besoin de voir un autre Médicomage qui saurait prévenir ce genre de problèmes, auquel Madame Pomfresh n'avait sûrement pas pensé.

« Je ferais ça. » Lui assura Salazar.

Harry hocha la tête et ferma les yeux pour replonger dans le sommeil bienfaiteur dont il avait tant manqué. Il était hors de danger maintenant, Severus, Draco et Salazar étaient venus, comme ils l'avaient silencieusement promis.

Le Fondateur serra son Ombre contre lui en le sentant se détendre petit à petit, au rythme de son esprit sombrant dans les rêves. Le Directeur de Poudlard et le jeune Serpentard avaient peut-être soulagés en le voyant intacte, mais lui qui avait senti sa douleur tout au long de ses semaines loin de lui – ce n'était pas vraiment sa douleur qu'il avait ressentie, mais l'impression diffuse de son malheur – il savait à quel point il avait souffert. Il n'avait pas pu quitter son chevet et si le diagnostic de l'infirmière de Poudlard l'avait rassuré, la demande de son compagnon avait eu l'effet inverse.

Mais pour l'instant, il refusait encore de le quitter et de le laisser seul. Il attendrait que Draco ou Severus vienne prendre de ses nouvelles pour faire passer son message. Cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps car les deux membres de sa maison étaient déjà venus plusieurs fois en coup de vent, entre deux montagnes de paperasse ou entre deux cours. Bientôt tout irait mieux, il l'espérait sincèrement.

oOo

14 Janvier 1999 – Poudlard – Bureau du Directeur

Confortablement installés l'un à côté de l'autre, dans un canapé du petit salon jouxtant le bureau de Severus, Salazar et Harry attendaient tranquillement que le Directeur n'arrive avec quelques personnes de confiance. Ils étaient en réalité un peu anxieux car aujourd'hui ils allaient changer d'identité et de parents, grâce à la potion créée par les soins de Severus.

Pour l'occasion, Severus allait ramener les futurs possibles « parents ». Bien sûr, aux yeux de la loi, ils ne seront pas réellement leurs parents, mais ils feront partis de leurs familles, ils allaient porter de nouveau nom de famille et avoir une toute nouvelle vie. Pourtant ce n'était pas le fait de s'inventer une autre vie qui inquiétait les deux Ombres, mais bien celui de rencontrer des personnes qui pourraient les dénoncer. Ils avaient tous les deux confiances en le Directeur de Poudlard – surtout Harry – mais ils ne pouvaient s'en empêcher, pas après la trahison des deux meilleurs amis du plus jeune.

Harry avait reçu l'autorisation de sortir du lit il y a trois jours, le Médicomage trouvé par Severus – un ancien collègue d'université magique d'après ce qui leur avait dit – avait fait des miracles et il avait perçu les mêmes problèmes que ceux qu'Harry avait ressenti. En effet, ses nerfs avaient été mis à mal, comme s'il avait reçu des Doloris de moindre puissance mais sur une plus longue durée, tandis que certains muscles étaient déchirés ou endommagés au point qu'il avait des réflexes musculaires involontaires.

Aux yeux de Madame Pomfresh qui avait été une infirmière de guerre, des détails aussi subtils étaient passés entre les mailles du filet et elle n'avait pas de connaissances approfondies sur le corps humain, au contraire des Moldus. Or comme demandé par Harry – qui savait bien que dans certains domaines, les Sorciers étaient encore loin derrière – le Médicomage avait de bonnes bases de médecine moldue. Il lui avait également diagnostiqué une addiction à la Morphine et il espérait qu'une désensibilisation pas à pas suffirait, plutôt qu'un sevrage drastique : il recevait donc toujours des doses de cette substance anti-douleur, mais la quantité diminuait petit à petit pour qu'il prenne l'habitude d'en avoir de moins en moins et surtout pour lui réapprendre à connaître la douleur.

Il devait toujours prendre de nombreuses potions et quelques médicaments moldus tous les jours, mais il allait mieux, assez pour pouvoir prendre la potion de Severus qui modifierait son code génétique. Salazar lui, était plus inquiet au sujet des personnes qui allaient débarquer dans le salon, que par le fait qu'il allait rayer ses parents de sa vie : il n'aurait pas dû naître à la même époque que Godric, Helga et Rowena, et il n'avait jamais vraiment aimé sa mère ou son père, donc ce n'était pas une grande perte pour lui. Harry n'y avait pas pensé à vrai dire, James et Lily lui avaient donné naissance et ils avaient ensuite donné leur vie pour lui, mais il ne les avait pas réellement connus. Il se sentait reconnaissant envers eux et il les aimait sincèrement, mais il avait du mal à les voir comme ses parents, alors à l'instar de Salazar, il ne se sentait pas anxieux de changer d'identité.

Finalement des coups furent portés avec un rythme particulier, ils l'avaient décidé dès qu'un membre de leur groupe entrait dans une pièce où pouvait se trouver les Ombres. Harry et Salazar regardèrent les cinq nouveau arrivants, l'ancien Gryffondor reconnut sans mal Susan Bones, une Poufsouffle, Luna Lovegood, sa loufoque amie de Serdaigle, Marcus Flint, l'ancien capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard, et Draco accompagné de Severus. Le jeune adulte aurait menti s'il avait dit ne pas être surpris de les voir entrer. Il pouvait comprendre la présence de Luna qu'il appréciait tout particulièrement, mais il n'avait que très peu parlé avec Susan en dehors des cours de l'AD et il ne connaissait Marcus qu'à travers les matchs de Quidditch qu'ils avaient disputés.

Tous les cinq s'assirent en silence dans le salon, prenant possession des autres fauteuils de l'espace. Severus fut le dernier à s'asseoir et son premier geste fut de déposer deux flacons étiquetés sur la table basse. Harry se pencha vers eux en voyant qu'il ne s'agissait pas de la potion et son souffle se bloqua lorsqu'il lut les prénoms de son parrain et son parrain de cœur dessus. Il releva un regard incertain vers Severus, pour en savoir un peu plus. Ce dernier s'était installé plus confortablement dans son fauteuil et regardait les deux Ombres avec calme.

« Je tiens à vous dire tout d'abord, que nos invités ont été mis sous Serment de silence et qu'ils savent déjà pourquoi ils sont là. » Commença Draco en s'adressant à Salazar et à Harry.

« Normalement, vous n'auriez pas besoin de cette potion Salazar, puisque personne ne connait votre identité et votre apparence. Toutefois, pour des raisons de sécurité, je ne peux que fortement vous conseillez de la prendre également. » Fit le Directeur de Poudlard.

Salazar acquiesça silencieusement. Il était vrai que lui n'en n'avait pas spécialement besoin et que de faux papiers lui suffiraient, mais il n'y avait même pas pensé. Il semblait normal pour lui de changer également d'identité, au moins pour couper les ponts avec cette vie qui n'aurait pas dû être à la sienne.

« Bien. » Severus sortit cette fois les deux fioles de la potion qu'il avait mis au point et en versa le contenu dans deux verres. « Pour que cette potion devienne autre chose qu'un amas d'ingrédients, il faut y ajouter deux ADN, celui d'une « mère » et celui d'un « père ». Selon vos choix, une histoire vous sera créée et des liens avec votre nouvelle famille créée. » Son attention se porta sur Harry qui fixait toujours les deux petites fioles étiquetées. « De leur vivant, Sirius et Remus m'avaient donné quelques cheveux au cas où l'Ordre aurait besoin de prendre leur apparence. Tu peux les utiliser Harry si tu veux. »

Le susnommé se mordilla la lèvre inférieure, fixant avec insistance les deux flacons… Il avait la chance de devenir le fils de Sirius ou de Remus, les deux adultes qui avaient le plus compté pour lui ! Ceux avec qui il avait voulu former une famille il y a quelques années, ceux qui étaient maintenant morts dans la guerre contre Voldemort… Il pourrait honorer la mémoire de l'un d'entre eux en devenant le fils de l'un, mais…

Mais aujourd'hui il y avait quelqu'un d'autre qui comptait pour lui, un autre adulte qui avait pris soin de lui pendant des années alors qu'il ne le soupçonnait pas. Son regard croisa celui sombre du Directeur qui attendait son choix, ne semblant pas douter qu'il choisirait l'un des deux Maraudeurs. Juste avant la fin de la guerre, s'il avait eu le choix à ce moment-là, c'est sûrement ce qu'il aurait fait, ce fut pourquoi il surprit tout le monde quand il se redressa et qu'il répondit, avec un petit sourire.

« Je préfèrerais que ce soit toi mon père, Severus… »

Il savait que l'ancien professeur de potions tenait à lui, mais il craignait quand même un refus.

« Pourq… »

Il ne put continuer car il fut coupé par son interlocuteur.

« Toi aussi tu comptes énormément pour moi. Tu as pris soin de moi pendant des années, depuis bien plus longtemps que Sirius ou Remus. Cela ne semble pas t'avoir traversé l'esprit, mais tu mérites tout autant de faire partis de ce choix. Et puis… Je… J'ai déjà commencé à te considérer un peu comme mon père ces derniers mois… » Termina-t-il d'une petite voix.

Il ne s'était pas départi de son sourire, mais il avait baissé un peu la tête, cette fois embarrassé et gêné de tenir de tels propos devant d'autres personnes. C'était quelque chose d'assez intime à ses yeux, ses véritables sentiments l'avaient toujours été pour lui. Il n'y avait qu'auprès de Draco, Salazar, Severus, – autrefois Ron et Hermione – Sirius et Remus, qu'il osait les dévoiler de manière plus ou moins franche.

Severus dut se faire violence pour ne pas se lever et serrer cet enfant dans ses bras. Il n'était pas très démonstratif et encore moins en public. Mais il transmit le moindre de ses sentiments par un regard dès qu'Harry releva les yeux pour le regarder faire tomber un cheveu dans la potion d'Harry. Bientôt, il serait son fils… Oh Merlin ! Son cœur semblait vouloir sortir de son torse. C'était à la fois douloureux et chaleureux. Il déglutit silencieusement, pour continuer, sentant sur lui le regard ravi de son filleul qui observait cette scène avec bienveillance.

« Maintenant pour, l'ADN de la mère… »

Mais une fois de plus il fut coupé quand Luna se précipita sur la potion d'Harry et y fit tomber un de ses longs cheveux blonds, déclarant fièrement :

« C'est moi ! »

Harry pouffa doucement, faisant un grand sourire éclatant à Luna, ne cherchant même pas à contester son choix, l'acceptant très naturellement. C'était après tout le choix qu'il aurait lui-même fait, cela lui permettait de ne pas avoir à s'expliquer ou à bafouiller des excuses envers Susan. Celle-ci semblait à peine surprise également, après tout Luna était une amie d'Harry, ce choix allait de lui-même et tout le monde pensait ainsi. La nièce d'Amélia se leva à son tour et laissa tomber un de ses cheveux dans la potion de Salazar en souriant doucement à ce dernier.

L'homme la remercia d'un hochement de tête et se tourna vers les autres hommes de la salle, son regard dérivant un instant aussi sur les fioles étiquetées aux noms des deux adultes qui furent si importants pour son compagnon. Il réfléchissait avec soin à celui qui deviendrait son « père ». Finalement, un sourire en coin s'afficha sur son visage et il se tourna vers Draco. Le blond le regarda en fronçant les sourcils, il n'allait quand même pas le choisir, si ?

« Désolé Draco, je me doute que tu voulais que je te choisisse, pour alimenter ton égo, mais mon choix ne se portera pas sur toi. » Répliqua Salazar avec un sourire narquois, observant avec amusement l'expression faussement outrée de l'ancien petit-ami de son compagnon.

Il se concentra plutôt pour attirer l'une des fioles posées sur la table et se tourna vers sa moitié, dévoilant le nom de celui qu'il avait choisi.

« Comme ça, tu seras toujours lié à Teddy. » Lui expliqua-t-il alors qu'Harry regardait l'élégante calligraphie de son futur père former le nom de Remus Lupin.

Emu, le Sauveur embrassa le coin des lèvres de Salazar. Lui aussi n'était pas friand des démonstrations d'amour et d'affection en public, sur ce point il ressemblait déjà à son futur père. Le Fondateur de la maison des serpents s'en contenta et il versa le cheveu du parrain de cœur de son Ombre. Ils attrapèrent tous les deux leur potion et Harry fut le premier à la porter à ses lèvres, presque désireux de devenir le fils de Severus le plus rapidement possible. Le voyant faire, Salazar l'imita, tandis que Draco s'occupait avec Marcus de leur créer une nouvelle vie et un passé qui tiendrait la route.

oOo

20 Mars 1999 – Equateur – Localisation précise inconnue

Alors que les Sorciers fêtaient l'Equinoxe de Printemps en famille, dans les divers villages Sorciers d'Angleterre, deux hommes venaient de transplaner bien loin de leur maison, l'esprit tourner bien loin des festivités. Ils avaient une mission importante à réaliser. Ils auraient dû venir ici – où que soit cet endroit – à la dernière fête de la Magie, mais ils n'étaient pas encore réunis à ce moment-là.

Il s'agissait bien d'Harry et Salazar, portant désormais respectivement les noms d'Hadrien Snape et de Lazar Lupin, selon leurs nouveaux papiers. Hadrien était le fils de Severus Snape et de la jeune sœur de Pandora, la mère de Luna, créée de toute pièce, qui serait morte durant la première guerre et dont il aurait caché l'existence en le confiant à son beau-frère – une version que Xenophilius confirmerait à qui voudrait bien l'entendre. Lazar était quant à lui le petit frère de Remus et cette fois, il n'y aurait personne pour vérifier ses dires puisque Remus était malheureusement décédé, tout comme ses parents, cependant il avait été adopté par les Bones à la mort de ses « parents » car il était trop jeune pour être à la charge de son grand frère.

Tous les papiers nécessaires à leur nouvelle vie avaient été discrètement rangés dans les archives par Marcus, à la demande de Draco. Les deux Serpentards avaient un travail quasiment parfait en utilisant même du parchemin qui datait de leurs années de naissance. Seul l'encre était récente, mais il était impossible de trouver véritablement une encre datant de 20, 30 ou 40 ans. Ils avaient ensuite vieilli les papiers à la manière moldue, pour n'utiliser aucun sort détectable par les Aurors si jamais ces derniers souhaitaient soudain vérifier leur identité ou qu'il ne s'agisse pas de faux papiers. Bien sûr, ils n'étaient pas à l'abri d'un Auror aux yeux de faucons, spécialiste en falsification moldue, faisant un excès de zèle ou d'une requête juridique de fournir l'arbre généalogique de la famille – cependant il était nécessaire d'être accusé de fraude à l'héritage pour ce genre de réclamation.

En tout cas, même si on venait à découvrir des irrégularités dans leurs identités, personne n'irait s'imaginer qu'Hadrian Snape était en réalité Harry Potter ou que Lazar Lupin était Salazar Serpentard ayant voyagé fait un bond dans le futur de plus de mille ans : la potion d'adoption avait fait son œuvre pour chacun d'entre eux et ils ne ressemblaient plus vraiment à ceux qu'ils étaient.

Harry avait gardé une silhouette assez petite et gracile, à l'image de celle de Luna, mais il avait gagné en largeur d'épaules, donnant une impression de puissance à son corps. Ses traits étaient devenus plus droit, mais il avait hérité du nez en trompette de sa « mère » avec un menton un peu plus pointu. Ses cheveux bruns et indisciplinés s'étaient changés en un rideau de cheveux noirs souples, mais nécessitant des shampoings réguliers pour éviter qu'ils ne deviennent trop vite gras. Il avait eu un petit pincement au cœur lorsqu'on lui avait dit qu'il n'avait plus les yeux verts de sa mère, mais sa légère tristesse avait disparue quand il s'était venu dans un miroir. Au lieu de l'habituel intensité de son regard Avada, ses iris étaient du même argent brillant que Luna, à l'exception de centre de sa pupille, du même noir d'encre que son père. Apparemment, cela s'appelait de l'hétérochromie centrale et cela rendait surtout son regard encore plus envoutant. D'après Salazar, ses yeux pouvaient même devenir plus lumineux ou plus sombre en fonction de la luminosité et de son humeur.

Salazar lui, avait pris une bonne poignée de centimètres, à l'instar de Remus qui était très grand et il s'était étoffé. Ses traits s'étaient adoucis, un petit cadeau des Bones visiblement, ils étaient maintenant moins cassants, un poil plus doux. Son nez droit et princier s'était arrondi au bout, amusant beaucoup Harry qui le taquinait en le comparant au nez d'un petit enfant. Les cheveux déjà châtains foncés de Salazar s'étaient éclaircis et avaient pris des reflets roux qui n'étaient pas sans lui rappeler la chevelure plus foncée de son vieil ami Godric. Ils avaient également perdu de leur soyeux pour devenir un peu plus rêche, mais Salazar n'avait qu'haussé les épaules, indifférent. Ce qui lui avait grandement plus toutefois, ce fut d'apprendre que ses yeux étaient passés du bleu cobalt, à un vert forêt sombre et magnétique. Draco s'était même moqué de lui : il avait fallu qu'il fasse un voyage dans le temps de mille ans pour enfin s'accorder aux couleurs de sa maison.

Au début, les deux Ombres avaient un peu maladroit l'un envers l'autre, car c'était un changement physique tout de même conséquent, mais finalement, leurs âmes étaient toujours les mêmes et elles étaient toujours accordées, alors ils avaient réussi au cours de la deuxième semaine, à redevenir aussi proche et câlin qu'avant – dans l'intimité de leur appartement bien évidemment. Pendant ces derniers mois, ils s'étaient également emménagés dans la partie inutilisée et fermée du château et Severus leur avait parlé de son projet d'ouvrir une nouvelle école pour y déménager les élèves de Poudlard, mais le château leur appartenait par la Magie qui y habitait et par le statut de Fondateur de Salazar. Le couple ne savait pas encore si cela pourrait réellement se faire, le Ministère n'accepterait pas un tel changement aussi facilement et les Sorciers anglais encore moins, mais quand Severus leur avait proposé de faire par la suite du château un refuge pour les Ombres ou pour d'autres Créatures Magiques, le doute s'était insinué et des idées leur étaient naturellement venues sur le futur du château.

Cependant ils n'étaient pas là aujourd'hui pour parler de ça ou même pour y penser. Non, aujourd'hui ils allaient devoir faire ce pourquoi ils avaient été envoyés à cette époque : réparer les dégâts des Hommes et des Sorciers sur la Magie, afin de lui permettre de nouveau de couler librement dans la terre et dans ses enfants de magie. Pour cela, ils avaient transplané à un nœud magique, quelque part aux alentours de l'équateur. Leur travail simple en apparence allait leur demander beaucoup de concentration, d'énergie et de temps.

Ils rejoignirent d'un pas confiant le puit de magie qu'ils arrivaient à percevoir grâce à leurs sens d'Ombre et grâce à cette date spéciale qu'était l'Equinoxe de Printemps où la magie était plus forte et présente dans l'air. Ils savaient ce qu'ils devaient faire alors que c'était bien la première fois qu'ils allaient s'y atteler. C'était un procédé inscrit dans leurs âmes et c'était ainsi pour chaque couple d'Ombres. Normalement, ils auraient dû vérifier qu'aucun autre couple d'Ombres ne venaient à ce nœud de magie à cette date, mais malheureusement ils étaient le seul couple d'Ombres actif, les autres étaient encore alités à cause de leur séjour au Pentagone de Lumière, ils n'étaient pas assez en forme pour réaliser le rituel de restauration. En effet, Draco, Severus, Salazar ainsi que quelques combattants d'extrême confiance, avaient réussi à s'attaquer à cette institution afin de la renverser et de libérer les Ombres qui y étaient enfermés contre leur gré. Les membres de cette organisation avaient été arrêtés et enfermés quelques jours le temps d'obtenir un dossier sur chacun d'eux afin de pouvoir les mener en justice pour divers délits et pour maltraitance, séquestration et expériences illégales sur des Créatures Magiques. Le procès avait fait beaucoup de bruit, mais le Pentagone de Lumière avait été dissous et ses membres étaient maintenant sous haute surveillance ou à Azkaban, considérés comme des terroristes. La peur de la puissance du Ministère leur avait finalement bien servi.

Ils s'installèrent en tailleur au-dessus du nœud de magie, qu'ils percevaient comme un puits de lumière, ils lièrent leur main, formant un cercle parfait avec leurs bras, puis ils plongèrent petit à petit en état de méditation afin d'étendre leur conscience jusqu'à la Magie. Harry fut le premier à percevoir sa douce présence car il était né à cette époque, au contraire de Salazar qui avait un peu plus de mal à synchroniser. Le jeune homme s'étonna de la sentir agitée et colérique. Quelle bêtise avait encore fait les Sorciers pour qu'elle soit aussi noire ? Harry désespérait de voir les Sorciers arriver un jour à s'accorder à la Magie, mais cela n'était pas entièrement de leur faute, c'était leur nature d'Homme qui les poussait à la guerre tout comme à la passion. Ils semblaient vivre leurs émotions à l'extrême, peu importe le contexte et c'était aussi son cas autrefois, son impulsivité était certes une part de son masque de Survivant et de Gryffondor, mais elle était aussi une partie de lui.

« Mon tout petit… » Murmura une voix maternelle qui le fit tout de suite se sentir aimé et détendu.

Il ne voyait pas vraiment de silhouette, mais il percevait une présence chaleureuse qui semblait s'enrouler autour de lui, lui donnant l'impressionnant d'être pris dans une douce étreinte. Harry se laissa fondre dans cet étrange sentiment, appréciant de sentir la Magie caresser la sienne. Il avait l'impression d'avoir retrouvé quelque chose qu'il avait perdu, une partie de son âme ou bien était-ce un membre de sa famille ? Il ne savait pas trop, mais il l'avait retrouvé.

« Tu as tellement souffert… Je suis tellement désolé pour toi mon tout petit. »

Harry comprit vaguement, l'esprit cotonneux, que la source de la colère de la Magie n'était autre que le traitement que lui et les autres Ombres avaient reçu au Pentagone de Lumière.

« Je leur ferais payer, ils regretteront leurs actes ! »

Le jeune homme sentait la colère de sa Mère, celle qui avait façonnée son âme, gonfler et il se rappela toujours aussi confusément, les informations avaient du mal à monter à son cerveau à cause de l'air saturé de magie et de la présence de sa Mère, des nombreux désastres associés aux Ombres et au malheur qu'il porte. Cette information le fit à peine réagir alors que les catastrophes naturelles défilaient devant ses yeux. Mais soudain la pensée que Draco, Severus, Luna ou Teddy meurs à cause de sa Mère, le sortit brutalement de sa torpeur.

« Non ! »

Son cri résonna étrangement dans ce monde de magie. Il sentit la présence s'éloigner et un étrange courant d'air froid comme la mort le parcourut l'espace d'un instant. Mais il resta concentré sur son esprit de nouveau vif, ignorant les sentiments qui l'assaillaient et qui n'étaient pas les siens mais ceux de la Magie.

« Pourquoi refuses-tu la vengeance ? » Lui demanda cette voix désincarnée directement dans sa tête.

Son intonation était stupéfaite, comme si elle ne comprenait véritablement pas sa réaction et peut-être était-ce le cas. La Magie ne pouvait converser qu'avec ses enfants d'Ombres, elle ressentait leurs émotions avec beaucoup plus de force que celles qui se déversait dans la magie en temps habituel. Et pendant des siècles elle n'avait perçu de ses enfants que la douleur, la peur et la colère. Elle avait senti la même chose en Harry et elle pensait que comme les autres Ombres avant lui, il accepterait qu'elle punisse les Sorciers pour leurs actes. Et pourtant…

« Tu ne peux pas tous les punir pour les erreurs de quelques-uns. »

Il devait se montrer fort face à la Magie, face à sa Mère. S'il arrivait quelque chose à Severus, Teddy, Draco ou Luna parce qu'il n'avait pas réussi, il s'en voudrait toute sa vie ! Il ne se suiciderait pas, car cela ferait bien trop de mal à Salazar et qu'il se refusait à lui faire du mal, mais il ne serait plus que l'ombre de lui-même – cela ferait de lui l'ombre d'une Ombre, quelle ironie…

« Je peux épargner ceux auxquels tu tiens. » Murmura doucement la Magie, tentatrice.

L'espace d'un instant, Harry se détendit, un sentiment de soulagement l'envahissant, mais il se rendit compte que ce n'était pas le sien et cela eu l'effet d'un électrochoc pour lui. La Magie, comme la Mère qu'elle était, voulait prendre soin de ses enfants et les garder dans un cocon sécuritaire et il ne pouvait pas le lui reprocher, il aurait ça quand il était enfant. Mais voilà, il était maintenant adulte et il avait vu le monde.

« Non. Je ne connais pas tous les Sorciers de ce monde, je ne peux pas les juger ainsi. » La détermination brillait dans son regard, il était après tout un Gryffondor ! « Et le passé d'une personne ne fait pas son futur. Un homme mauvais peut racheter ses fautes et devenir un homme bon, tout comme un homme bon peut devenir mauvais à cause de la haine. Je ne suis pas tout puissant, je n'ai aucun droit de juger cela et de te demander justice. »

« Mais moi je le perçois, toute cette haine, toute cette folie. »

« C'est vrai. Elle existe. Mais elle n'est pas tout. Si tu as du mal à percevoir l'amour des Hommes, j'emmagasinerais leurs bons sentiments pour toi et je te les livrerais. »

La Magie scruta l'âme de son fils, elle avait perdue de sa luminosité, mais elle était toujours aussi pure et chaleureuse. Oui, elle ferait confiance à son fils. Elle l'avait après tout créé à son image, comme toutes les Ombres, s'il disait qu'il y avait de l'espoir, alors elle y croirait. Elle retourna entourer son fils, et murmura tout de même à son intention :

« Je donnerais tout de même une bonne leçon à ceux qui t'on personnellement fait du mal ! »

Harry ne répliqua rien à cela, répondre que ce n'était pas ce qu'il voulait aurait été un horrible mensonge et il ne pouvait pas lui mentir. Pas à elle. Pas à sa Mère.

Enfin Salazar réussit à être en concordance avec la Magie de cette époque et ce fut comme si un verrou venait de sauter. Il se sentait enfin entier. C'était comme si une gêne venait de disparaître. Il perçut, sans le voir, Harry à ses côtés, alors qu'une présence venait le plonger dans un état secondaire. Comme sa moitié avant lui, il comprit instinctivement qu'il s'agissait de la Magie et de sa Mère. Il l'accueillit avec respect et joie. Quand cette dernière lui souffla une demande à l'oreille, il n'hésita pas un instant à donner les noms de ceux qui avaient fait du mal à son compagnon, les Dursley, Ron et Hermione, les membres du Pentagone de Lumière et les Aurors qui avaient été bien trop heureux de l'emmener loin de lui.

« Je suis désolé de ne pas pouvoir te venger de ceux qui s'en sont pris aussi à toi à ton époque. Terriblement désolé mon tout petit… »

Mais Salazar ne se sentait pas désolé. Elle l'avait emmené loin d'eux, elle avait réussi à le mener jusqu'à sa moitié et maintenant elle vengeait sa petite Ombre, c'était plus qu'assez pour lui. Et puis…

« Ceux qui m'ont fait le plus de mal, ce sont ceux qui ont fait du mal à Harry. »

Il ressentit un léger rire autour de lui et un sentiment de félicité et fierté gonfla sa poitrine lorsque sa Mère lui répondit :

« Je vous aime mes touts petits, je vous aime car je vous ai créés, mais aussi parce que vous vous aimez et que vous veillez l'un sur l'autre. Je suis fier de vous mes touts petits. »

La confiance coulant désormais abondamment dans leurs veines, ils s'attelèrent à leur tâche première, offrant de leur magie pour renforcer celle de leur Mère, et usant de leur clairvoyance pour renouer petit à petit le nœud magique à la magie ambiante.

Désormais, ce serait leur tâche pour toutes les années à venir, ils reviendraient ici pour accomplir ce rituel, car restaurer la Magie ne se faisait pas en une seule fois.

oOo

31 Décembre 1999 – Poudlard – Appartement privé

Harry était posté devant la fenêtre de son appartement, observant la neige qui tombait à gros flocons dehors. Minuit allait bientôt sonner et il faisait le bilan de ces deux dernières années. Voldemort était mort, il l'avait tué et cette fois il ne reviendrait pas car il avait pris soin, avec Ron et Hermione, de détruire tous ses Horcruxes. Puis il avait découvert son héritage d'Ombre et perdu ses deux meilleurs amis qui l'avaient dénoncé au Ministère. Il avait connu une douleur déchirante au Pentagone de Lumière, mais Salazar, Severus et Draco étaient venus le sortir de là. Il était ensuite le fils de Severus et Luna, tandis que Salazar était devenu celui de Remus et Susan.

Ils avaient effectué ensemble leur premier rituel auprès de leur Mère, la Magie et il avait plus ou moins réussi à épargner au monde sorcier sa colère, mais ceux qui l'avaient trahi ou blessé avaient définitivement perdu leur magie et ils avaient été obligé d'aller vivre dans le monde Moldu. Salazar avait fait valoir son lien fraternel avec Remus pour faire partie de la vie de Teddy et lui permettre de faire de même. Harry était d'ailleurs certain qu'Andromeda soupçonnait quelque chose, mais elle n'avait rien dit et il savait de Draco qu'elle avait modifié son testament pour que la garde de son filleul leur revienne si jamais il lui arrivait quelque chose. Le couple d'Ombres avait fêté leur anniversaire respectif ensemble et pendant les vacances d'été, ils avaient commencé à mettre au point le projet de construction proposé par Severus, d'une nouvelle école remplaçant Poudlard.

La partie interdite et fermée aux élèves du château, accueillait déjà toutes les autres Ombres qui avaient été sauvés du Pentagone de Lumière et bientôt, l'année prochaine ou dans deux ans selon les estimations de Draco, le château serait entièrement ouvert pour accueillir toute sorte de Créatures Magiques. Bien sûr, il faudrait quelques petites modifications, mais tout devrait bien se passer, Harry en était persuadé. La prochaine génération de Sorciers à sortir de Poudlard serait en faveur des Ombres après l'affaire d'Harry Potter et réclamer le château devrait être plus simple qu'ils ne l'avaient imaginé.

Des bras s'entourèrent autour de lui et Harry se blottit contre Salazar.

« Tu es bien calme. » Lui fit remarquer le Fondateur.

« Je faisais le point. »

« Oh. Je trouve que nous avons fait du bon travail pour l'instant. Les Créatures Magiques que nous avons rencontrées nous ont affirmés que les naissances étaient en hausse. »

« Il y a encore beaucoup de choses à faire. D'ailleurs, je me demandais si nous ne pourrions pas emmener Teddy avec nous au prochain rituel. » Murmura Harry pensivement.

« Tu penses que l'on peut faire ça ? »

« La Magie ne l'a jamais interdit. »

« C'est vrai. Mais je préférerais que nous reportions ce genre de questions à plus tard. » Répondit Salazar en commençant à embrasser son cou. « C'est le nouvel an et j'aimerais bien mieux le fêter avec toi. »

Harry sourit en se retournant et captura les lèvres de son compagnon. Salazar était son Ombre et il était l'Ombre de Salazar. Ils étaient deux êtres distincts et ils étaient à la fois un. L'ancien Gryffondor se demandait comment il n'avait pas pu se rendre compte avant son arrivée, de tout ce qui lui manquait. Vivre sans lui serait une telle torture et pourtant il avait réussi à survivre jusqu'à leur rencontre, sans trop savoir comment. Cependant maintenant qu'il l'avait trouvé, sa moitié d'âme, il ne le laisserait pas disparaître sans lui.

« Je t'aime. » Chuchota le plus jeune avec dévotion.

« Moi aussi. » Répliqua son amant contre ses lèvres avant de l'embrasser de nouveau.

FIN

°0o0°

Voilà, j'ai une petite semaine de retard, mais avec ça, on conclut définitivement ce One Shot qui est devenu un Two-Shot puis un Three-Shot ! XD

Bon, tout est terminé cette fois et pour de bon. J'ai bien aimé faire cette partie qui tourne un peu plus autour de la relation entre Salazar et Harry, et pas seulement amoureuse, mais bien fusionnelle, ce qu'ils sont l'un pour l'autre, ce qu'ils représentent, etc. Pour le titre vous savez maintenant aussi qu'il parlait aussi bien à Salazar qu'à la Magie.

Si jamais vous avez des questions, je me ferais évidemment une joie d'y répondre ^^

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Je vous donc à bientôt pour la suite !

Une petite review ça vous dit ? Moi oui !