Voici le chapitre 55 ! J'espère que vous passez de bonnes fêtes :)
Merci à Mouka-mo pour sa review et à Kelewan pour m'avoir signalée une faute. J'espère que ce chapitre vous plaira !
-Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me voir ?
-Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me voir, corrigea Albus.
-Je suis là, Al', répondit son père.
Il se tut. Albus n'avait même pas la force de le regarder dans les yeux. Face à lui, son père prit une profonde inspiration.
-Écoute, Albus, dit-il. Je sais que... je n'ai pas toujours été là pour toi. Mais je m'en veux. Et je sais aussi que je ne te l'ai jamais dit en face, mais j'espère que tu me croiras quand je te dirais que je suis désolé. Je suis désolé, Al'.
Albus releva la tête et croisa son regard. Il était assis sur son lit et son père se tenait debout face à lui. Et il le regardait avec un air de sincérité dans les yeux qui fit douter Albus de la colère que lui-même affichait actuellement sur son visage. Lorsqu'il le vit ainsi, Albus se demanda s'il disait la vérité et à cette idée, l'émotion lui prit à la gorge.
-Pourquoi tu n'étais jamais là ? lui demanda-t-il, et sa voix se brisa.
Il connaissait la réponse. La guerre, le traumatisme, la pression médiatique, tout ça. Mais Albus voulait l'entendre de sa voix. Le visage de son père se tordit comme s'il ne parvenait pas à mettre des mots sur ses pensées.
-Je n'ai jamais vraiment eu... de famille, Albus, réussit-il enfin à articuler.
-Ouais, je sais, ça, répondit celui-ci. J'ai lu ta biographie. Elle parle plus que toi.
Son père déglutit avec difficulté. Albus savait ce qu'on pourrait penser. Son père l'avait simplement abandonné, laissé livrer à lui-même pendant presque toute son adolescence et pendant les moments où il avait le plus besoin de lui, fait pleurer sa sœur et laissé sa mère élever seule trois enfants. C'est vrai il ne méritait clairement pas une remarque sarcastique. Quelle ingratitude, Albus. Les jeunes, de nos jours...
-Oui, eh bien, reprit malgré tout son père. J'ai fait de mon mieux j'ai essayé. Et j'ai réussi : j'ai élevé Teddy, et puis James, et puis... j'ai échoué. Ces dernières années n'ont pas été simples. Je me suis dit que, puisque toi et Lily étaient enfin à Poudlard, mon travail était fini. J'ai reçu à Poudlard une meilleure éducation que nul part ailleurs, et je croyais que cela suffirait. J'avais tord et je le savais mais je ne voulais pas l'admettre. Je suppose que j'ai mieux élevé Teddy et James que je t'ai élevé, Albus. Et si je te dis tout ça, c'est car je veux être honnête avec toi. Je suis désolé, Albus. Mais je suis là, maintenant.
Albus garda la tête baissée et se mordit la lèvre pour s'empêcher de sourire.
-D'accord, dit-il entre ses lèvres.
-On pourrait... faire des trucs ensemble, reprit son père. Aller voir des films. Infinity War. Je crois que tu aimes les super-héros.
Son cœur s'était mis à battre un peu plus vite à l'idée de cette perspective. Cette fois, Albus ne parvint pas à rester stoïque. Il leva les yeux vers son père et eut un sourire.
-Papa, dit-il. Infinity War est sorti il y a plus de cinq ans. Et puis, qu'est-ce que tu connais des super-héros ?
-Eh bien, ça te surprendra peut-être, mais quand j'étais plus jeune, j'avais l'habitude de voler ceux de mon cousin lorsque ma famille était absente.
Les sourcils d'Albus se haussèrent sous l'étonnement.
-Vraiment ? souffla-t-il.
Son père rit mais ne s'étendit pas. Il replongea dans ses pensées.
-On pourrait faire des activités père-fils, répéta-t-il. Et... je devrais essayer de parler à ta mère.
Albus pensa à sa mère. Elle était au Chemin de Traverse, à faire des courses avec Lily. Elle lui avait laissé la maison libre, à James et à lui, en partie parce qu'elle savait qu'Harry viendrait aujourd'hui.
-Elle est amie avec Mr. Malefoy, maintenant, lui apprit Albus. Tu le sais ?
Son père hésita un instant, puis haussa les épaules.
-C'est bien pour elle, dit-il. Je devrais sûrement suivre son exemple.
-Et je suis ami avec le fils de Mr. Malefoy, aussi, renchérit Albus.
Il ne voulait pas tendre la main à son père, mais celui-ci parut saisir le message.
-Très bien, Albus, dit-il. Je serai ami avec Mr. Malefoy, si ça te fait plaisir.
Albus sourit jusqu'aux oreilles.
-Ça me fait plaisir, dit-il alors.
Son père lui rendit son sourire. Il se redressa, lui ébouriffa les cheveux, ce qui fit rentrer la tête dans les épaules à Albus, et s'approcha de la porte.
-Tu m'enverras un hibou, pendant les vacances, d'accord, Al' ? Rien qu'un. S'il te plaît.
L'expression d'Albus se radoucit.
-Pas de problème, dit-il.
Son père s'avança vers la sortie et franchit le seuil de la porte, ce qui poussa Albus à le retenir en s'exclamant :
-Hé, papa. Je suis gay.
Il ne savait même pas pourquoi il l'avait dit. À présent, il scrutait l'expression de son père avec appréhension et une lueur de défi dans le regard. Il se mit à se tordre les pouces. Enfin, il se retourna vers lui :
-Eh bien, ça ne nous empêche pas de voir un film, si ?
-J'espère que non, répondit Albus.
Son père lui adressa un dernier sourire.
-Bonne journée, Al'.
-Bonne journée, papa, répondit-il.
Il referma la porte derrière lui. Albus resta seul dans sa chambre. Il poussa un profond soupir et s'étendit sur son lit. Il resta silencieux un instant, jusqu'à ce qu'il entende la porte de sa chambre s'ouvrir de nouveau.
-Il est parti ? demanda-t-il.
-Ouaip, répondit James. Il vient de transplaner. Alors, qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas passer du temps avec lui ?
-Je pense, dit Albus. Et toi ?
-Bien sûr, répondit son frère. C'est bon pour la presse.
Albus se redressa. Son frère lui envoya le souaffle qu'il tenait entre les mains. Albus eut un mouvement de recul et grogna.
-Tout n'est pas lié à la presse, James, dit-il.
-Sûrement. Mais je pense à mon avenir.
-Comment il se présente ?
James eut un grand sourire. Albus lui renvoya la balle et il la rattrapa des deux mains.
-Parfaitement bien, répondit-il.
Il lui lança le souaffle. Cette fois, Albus le saisit.
-Tu es venu pour me parler de ta célébrité ?
-Non, répondit James. Je suis venu pour te dire qu'un type te demande à la porte.
-Qui ça ?
James fronça les sourcils et fit un effort conséquent pour faire travailler sa mémoire.
-Anson, je crois.
-Pardon ? s'étrangla Albus.
Il bondit sur ses pieds et se précipita vers la fenêtre. Albus écarta lentement les rideaux et jeta un coup d'œil à la rue, en contre-bas. Oui, c'était Anson. Il pâlit. Il avait grandi depuis leur dernière conversation, il y a deux ans. Ses cheveux étaient toujours blonds et ses vêtements un peu trop grands pour lui. Albus s'écarta de la fenêtre et s'adossa précipitamment contre le mur.
-Dis-lui que je ne suis pas là, lança-t-il.
James grimaça.
-Je lui ai déjà dit que tu étais dans ta chambre, annonça-t-il.
-James ! s'exclama Albus.
-Hé, qu'est-ce que tu crains, de toute façon ? répondit celui-ci. C'est pas comme si c'était ton ex.
Albus eut un rire nerveux. Il se retourna vers la fenêtre.
-Non, bien sûr.
Il prit une profonde inspiration et rassembla ses forces.
-On se voit plus tard, dit-il. Et n'écoute pas aux portes.
Albus s'avança vers la porte. Il descendit les marches de l'escalier et arriva devant la porte d'entrée. Une nouvelle fois, il reprit son souffle. Il tira la poignée.
-Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il aussitôt.
-Albus ! s'exclama Anson, sans prêter attention à ce qu'il venait de dire. J'ai besoin de te parler. C'est important.
Albus s'avança, sortit sur le perron et referma la porte derrière lui.
-Qu'est-ce que tu veux, Anson ? répéta-t-il.
-Carey a gagné le concours, Albus, lança celui-ci. Il part dans quelques semaines. On peut être ensemble, maintenant !
Albus se retourna subitement et jeta un regard à la fenêtre de sa chambre. Il vit la silhouette de son frère se détacher sous la lumière. Il poussa un soupir et entraîna Anson par le bras plus loin le long du trottoir.
-Qu'est-ce que tu veux dire par 'on peut être ensemble' ? s'exclama-t-il.
-Eh bien, on peut sortir ensemble, fit Anson. Encore.
Albus sentit une pointe d'indignation grandir en lui.
-Tu te moques de moi ? rétorqua-t-il. On a rompu il y a plus d'un an, maintenant. Je suis passé à autre chose, Anson.
Son expression s'évanouit soudainement. Anson cligna des yeux.
-V-Vraiment ?
-Oui, insista Albus. Un an. Un an. Je n'allais pas rester à t'attendre alors que, toi, tu avais l'air de bien t'amuser avec April Fork de Serdaigle.
Il s'interrompit et hésita avant de poursuivre :
-Et puis... tu as rendu assez clair qu'on ne devait plus se parler et que tu avais des problèmes à régler. Tu m'as fait me sentir mal pendant plusieurs mois. Alors je n'avais pas spécialement envie d'attendre.
Anson restait immobile en silence.
-Alors... je ne t'intéresse plus ? demanda-t-il lentement après un moment.
Albus scruta avec attention son visage. Ses sourcils étaient froncés sous l'appréhension. Il n'avait pas été si près de son visage depuis des mois. Et il réalisa, avec surprise et à la fois une certaine amertume, que cette proximité ne lui faisait rien.
-Non, répondit-il.
-D'accord, dit Anson d'une voix tremblante. Désolé de t'avoir dérangé, alors.
Il se retourna et fit un pas pour s'éloigner, mais une impulsion poussa Albus à tendre le bras, resserrer sa main autour de son bras pour le retenir. Il sentit Anson tressaillir. Il se retourna vers lui.
-Hé, on peut toujours être amis, dit Albus. On est tous les deux à Serpentard, et tu habites pas loin, et puis... c'est sympa, de traîner avec toi.
-Vraiment ?
-Oui, insista Albus. Hé, Scorpius fait une soirée ce soir. Je ne sais pas si tu y es invité... mais j'y serai.
Le visage d'Anson se brisa en un sourire faible.
-Pas de problème, dit-il.
-On se verra là-bas, alors.
Albus répondit à son sourire, et puis tourna les talons et retourna vers sa maison.
-À ce soir, Albus, lança la voix d'Anson, dans son dos.
oOo
Il faisait nuit depuis une heure mais c'était presque comme s'il faisait encore jour. Les salles du rez-de-chaussée étaient illuminées par des lumières moldues. Pour ça, ceux qui voulaient faire de la magie devaient sortir à l'extérieur. Par les fenêtres du salon, Albus voyait parfois des filets lumineux, rouges, blancs, jaunes, volaient jusqu'aux étoiles. Partout, il entendait des voix, des discussions, des rires, des bruits de pas, de la musique.
Même si la lumière était allumée, il ne pouvait pas bien distinguer tout le monde. La salle était bondée. Il était arrivé avec Phebe mais elle s'était éloignée il y a un moment maintenant avec Freida pour aller chercher à boire. Il avait croisé Anson mais leur conversation n'avait pas duré plus de deux minutes.
Albus cherchait du regard quelqu'un qu'il reconnaissait. Ni Augustus ni Scorpius n'était en vue. Finalement, il reconnut la silhouette d'une de ses cousines et il poussa un soupire de soulagement. C'était une règle générale : il y avait au moins trois Weasley dans une soirée. En général, il s'agissait de James, de Fred ou de Roxanne. Ici, c'était Roxanne. Albus se demandait comment elle était arrivée ici puisqu'elle était plus jeune que n'importe qui ici. Elle avait un verre dans les mains.
-Hé, Albus ! s'exclama-t-elle avec un grand sourire en s'approchant de lui. Qu'est-ce que tu fais ici ?
-C'est la maison de mon meilleur ami, se justifia-t-il. Et toi ?
-Wright Dickman m'a invitée, expliqua-t-elle.
-De Serpentard ?
-Oui, répondit-elle.
La situation ne semblait pas logique aux yeux d'Albus, mais il décida de ne pas poser plus de questions.
-Rose n'est pas là ? demanda-t-il.
-Non, grimaça Roxanne. Pas surprenant, d'ailleurs, si tu veux mon avis. Elle m'a parlée de Scorpius et de la manière dont leur relation s'était finie – je ne serais pas venue non plus, à sa place.
Elle lui adressa un clin d'œil malicieux.
-Pourquoi ? demanda-t-il. C'est elle qui a rompu avec lui.
-Peut-être, mais il n'en a pas paru très affecté, commenta Roxanne.
Elle inspecta suspicieusement son verre, puis jeta un regard en biais à la table dressée contre le mur du fond, qui débordait de gobelets usagés.
-Tu penses que ça va dégénérer ?
-Chez Scorpius ? fit Albus. Non. Aucune chance.
-Pourtant, il y a de l'alcool dans mon verre, souffla Roxanne.
-Mais c'est toi qui l'a mis dedans.
Roxanne rit.
-C'est vrai, se rappela-t-elle. Alors, quoi de neuf ? Par Merlin, Albus, tu es au courant pour Hassie Collins et Silas Gregory ? Zenobia est venue me trouver après le cours d'arithmancie et Dominick Goslan les aurait surpris en train de...
-Hé, Roxanne ! appela la voix d'Elwood Tow, derrière eux, brandissant une bouteille. Tu veux jouer ?
-J'arrive ! répondit-elle.
Fantastique, se dit Albus. Ma cousine traîne plus souvent avec les gens de mon année que moi. Albus ne connaissait qu'à peine les personnes dont elle venait de parler. Elle lui adressa un sourire.
-On se voit plus tard, lança-t-elle avant de s'éloigner.
Près des fauteuils, assis sur le sol, se trouvait un groupe d'élèves. Albus vit surtout des Poufsouffle et des Serpentard. Quand il les regarda, Albus vit Howell Fidget et Elvira Holmes s'embrasser avec un peu trop de passion que ce n'était sûrement conseillé. Elwood et Wright discutaient à voix haute, et Roxanne prit place à côté d'eux. Une fille de Gryffondor intervint pour séparer Elvira et Howell, et elle tourna de nouveau la bouteille.
Anson était également assis sur le sol, bien qu'un peu timidement, et April Fork n'était pas loin de lui. Il semblait l'avoir remarqué, et il adressa un regard de détresse à Albus. Celui-ci se retrouva un peu mal à l'aise. Il tenta de répondre du mieux qu'il put. Il sourit maladroitement et s'esquiva dans la foule. Dans le hall, il aperçut enfin Freida et Phebe. Celle-ci était pliée en deux, riant aux éclats. Albus échangea un regard avec Freida.
-À l'aide, dit-elle.
-Elle va bien ? demanda Albus, même si c'était inutile.
-Il y a clairement pire, fit Freida. Mais j'espère qu'elle ne boira plus rien.
-Tes cheveux sont tout bouclés... c'est fascinant, commenta Phebe avant de rire de nouveau, passant sa main dans les cheveux de Freida.
Celle-ci lui adressa un sourire qui disparut aussitôt lorsqu'elle se retourna vers Albus.
-Je vais chercher Scorpius, annonça-t-il.
Freida approuva d'un hochement rigoureux de la tête. Albus s'élança le long du couloir. La musique chaotique du salon était moins forte, la porte d'entrée était ouverte, il y avait moins de monde, il faisait moins chaud. C'était mieux. Une seule chanson lui parvenait, plus basse et distincte. Un nuage de fumée de tabac s'était formée près de la sortie. Il le traversa et toussota. Albus monta les marches des escaliers et arriva au premier étage.
Les bruits qui lui provenaient d'en-bas n'étaient plus qu'une masse faible et informe, qui battait lentement. Albus croisa Jeremiah McIntyre et Amelia Gilbert de Serpentard en train de s'embrasser dans un coin des voix lui parvenaient à l'angle. Il tourna.
Il s'arrêta et resta immobile sous la surprise pendant un instant. C'était Dominique et Augustus.
-Écoute, disait Augustus, d'une voix plus douce qu'Albus ne lui connaissait. Je suis désolé pour cette année. Peut-être que tu ne comprends pas pourquoi j'ai agis comme un connard. Même moi je ne le sais pas. Même maintenant que j'essaie de te l'expliquer, je ne sais pas ce que je dis. Au fait, je ne sais rien. Je suis plutôt stupide. Surtout avec les filles. Surtout avec toi. Désolé.
Tout en parlant, il avait pris la main de Dominique. Celle-ci ouvrit la bouche pour répondre mais s'arrêta lorsqu'elle aperçut Albus. Augustus suivit son regard. Il fronça les sourcils.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je cherche Scorpius. Qu'est-ce que vous faites là ?
-On...
Augustus croisa le regard de Dominique.
-... se dispute.
-Vraiment ? demanda Albus. À propos de quoi ?
-À propos de... la meilleure carte de chocogrenouille, fit Augustus.
-La meilleure, c'est celle de Norbert Dagonneau, avança Dominique.
Augustus parut s'étouffer et afficha un air indigné. Il se détourna complètement d'Albus.
-Norbert Dragonneau ? répéta-t-il. Et la carte de McGonagall, alors ?
-Celle de Norbert est plus rare.
-Ce n'est pas le plus important !
Albus en profita pour s'écarter et les contourner. Il poursuivit le long du couloir. Enfin, il arriva face à la porte de sa chambre. Il s'arrêta et frappa avant d'entrer.
Scorpius était allongé sur ses couvertures, fixait le plafond. Quand il entra, il releva la tête et le salua d'un signe de tête.
-Je m'ennuie, avoua-t-il.
Albus aurait ri. Il s'assit sur la chaise de son bureau.
-Vraiment ? C'est ta soirée.
-Il y a trop de bruit, commenta Scorpius.
Il se redressa lentement et s'adossa contre son mur. Albus pouvait voir à l'air sur sa tête qu'il était fatigué.
-Et un peu trop de monde, grimaça-t-il. J'aurais aimé qu'il y ait moins de Gryffondor.
-Pourquoi ? lui demanda Albus.
Scorpius lui adressa un sourire au travers de sa fatigue.
-Car la plupart sont des amis de Rose, dit-il. C'est embarrassant. Ils me mettent un peu mal à l'aise. Et puis, Rose n'est même pas venue. J'ai envie de lui écrire une lettre – hé, Albus, tu penses que j'ai été trop dur lorsqu'on a rompu ?
-Non, répondit-il. Tu as bien agi.
-Tu le penses ?
Albus hocha la tête.
-Oui, dit-il.
Il se redressa et se mit à examiner les étagères. Il y avait des encyclopédies, des manuels de science. Des bandes dessinées, à sa plus grande fierté.
-Aussi, et ne le répète pas, ajouta Scorpius. Les Gryffondor sont vraiment plus bruyants que les Poufsouffle ou les Serpentard.
Albus rit. Il se saisit d'une pierre qui était posée sur les étagères et l'examina.
-C'est une jolie roche, commenta-t-il.
-Ouais, fit Scorpius avec un sourire. C'est de l'époque où je collectionnais les pierres. Tu savais qu'en fonction de ses origines, une pierre peut être plus ou moins perméable aux liquides ? Et dans ce cas-là, elle permet de conserver les matières organiques et...
Il s'interrompit de lui-même. Albus se retourna vers lui.
-Et ? répéta-t-il.
-C'est comme ça qu'on a des fossiles, acheva Scorpius.
-Cool, lança Albus.
-Ce sont juste des cailloux, fit Scorpius en haussant les épaules.
Mais il avait l'air un peu plus réveillé, maintenant. Albus reposa la pierre sur son étagère et se retourna vers Scorpius.
-Anson veut qu'on sorte ensemble, dit-il. Encore.
Le visage de Scorpius se voilà aussitôt.
-Oh.
-Tu ne penses pas que je devrais accepter ?
-Non, ce n'est pas ça, s'empressa de dire Scorpius. C'est juste que... maintenant... je pensais... enfin...
Albus le regarda en fronçant les sourcils, mais Scorpius évitait son regard.
-Je ne sors plus avec Rose, maintenant, finit-il par dire. On aurait pu être célibataires tous les deux. Ça aurait été sympa. On aurait pu redevenir proches. Faire des sorties entre amis. On a pas pu faire ça pendant près de deux ans, avec Rose, et Anson. Tu sais, on en parlait l'autre jour. Comment on s'était éloignés depuis qu'on avait commencé à sortir avec d'autres gens. J'aurais aimé qu'on prenne du temps pour nous deux.
Albus aurait voulu se frapper le front. Il n'avait même pas pensé à tout ça. C'était vrai, pourtant. Scorpius lui manquait un peu. Ils s'étaient beaucoup moins vus ces derniers mois et Albus aimerait passer plus de temps avec lui.
Il soupira.
-C'est vrai, Scorpius, dit-il alors. Mais... on pourra toujours être proches. Même si je vais passer plus de temps avec lui qu'avec mes amis.
-Car si vous sortez ensemble, vous allez... je veux dire, tu sais... sortir ensemble publiquement ?
Albus poussa un soupir. Il se laissa tomber sur le lit, à côté de Scorpius. Il avait les yeux rivés vers le vague. Penser à toutes ces éventualités lui donnait mal à la tête.
-Je ne sais pas, admit-il lentement. Je crois bien que oui.
-Et donc... vous allez sortir ensemble ? demanda Scorpius, même si cette phrase semblait plus être une certitude qu'autre chose. C'était bien ça, le problème, quand vous sortiez ensemble. C'était le fait que ce ne soit pas publique.
Il rit doucement mais il n'avait pas l'air de trouver ça drôle.
-Donc vous sortez ensemble publiquement, et comme ça vous serez tous les deux heureux, résuma-t-il. C'est une bonne idée. Tu devrais accepter.
-Tu penses ?
-C'est ce que tu veux, non ?
Il s'était retourné vers lui et il croisa son regard. Albus hésita. Il hésita un long moment.
-Je ne sais pas, souffla-t-il d'une voix traînante. Sûrement. Oui. Je suppose.
Scorpius haussa les épaules. Il détourna le regard.
-Mais on peut toujours être proches, insista Albus. Ce n'est pas exclusif.
-Comment ça ?
-Comme ça, répondit Albus.
Sa main se referma sur la taie d'oreiller qui était posée sur les couvertures, à côté de lui. Il leva le poing et envoya l'oreiller contre le visage de Scorpius. Il resta silencieux un moment. Albus avait lâché l'oreiller. Scorpius s'en saisit. Il l'écarta de son visage. Il riait.
-Par Merlin, Al' ! s'exclama-t-il. Tu m'as pris en traître !
-Je suis un Serpentard, se justifia-t-il en haussant les épaules.
-Ne te trouve pas d'excuses, répondit Scorpius.
Il saisit l'oreiller par la taie et l'abattit contre le visage d'Albus. Il perdit un instant l'équilibre alors que l'oreiller retombait au sol et il s'appuya sur son épaule. Le contact de sa main près de son cou persévéra un instant de trop. Et elle ne bougea pas. Albus se força à déglutir. Il n'osait pas croiser son regard.
-Peut-être qu'on... Peut-être qu'on devrait retourner à la fête, suggéra-t-il d'une voix à peine audible.
Le silence régnait dans la chambre. Il pouvait entendre la respiration, distincte, de Scorpius, percevoir son souffle proche de lui.
-Je suis en pyjama, répondit-il alors.
Scorpius avait parlé sur un ton sérieux, mais c'était si inattendu, Albus était aussi si nerveux, qu'il éclata d'un rire franc – puis le rire coupa court.
-Hum... est-ce que cela te dérangerait... si...
Les mots se heurtèrent et s'emmêlèrent. Albus sentit la chaleur monter jusqu'à ses joues et brûler ses dernières capacités cognitives. Il n'osait pas demander, et aussi... il ne savait pas s'il avait le droit de demander.
-Si... recommença-t-il.
Il n'y arrivait pas. Il releva lentement les yeux, presque dans l'appréhension de sa réaction. Finalement, il tomba sur le regard de Scorpius. Il semblait un petit peu nerveux, aussi. Finalement, il secoua la tête en signe de négation.
-Non, souffla Scorpius.
Mais Scorpius était grand – plus grand que lui, et Albus était resté assis. Alors, presque avec précaution, Scorpius s'agenouilla face à lui. Albus sentait toujours la main de Scorpius sur son épaule. Il répondit à son étreinte, et, trop anxieux pour respirer, il s'approcha de lui, s'approcha de son visage, délicatement, embrassa ses lèvres. Il recula.
-Hum... marmonna-t-il, à la recherche de ses mots (qu'est-ce qu'on devait dire dans ce genre de situation ?)
Scorpius l'interrompit. Il l'embrassa à son tour. Mais plus longtemps, avec plus d'énergie, mais aussi plus de douceur.
Albus répondit à son baiser. L'emprise que ses doigts avaient sur son pull se desserra. Sa main glissa et remonta jusqu'à la nuque de Scorpius. Et Albus trouva que c'était mieux qu'embrasser Anson. Il sentit les mains de Scorpius se poser sur le côté de son visage.
Oui. Bien mieux qu'embrasser Anson.
Peut-être que c'était ce qu'il avait toujours voulu faire.
Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? N'hésitez pas à me donner votre avis :)