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Revenge

« Tout comme il y a deux versions à chaque histoire, il y a deux versions à chaque personne. Une version que nous révélons au monde et l'autre que nous gardons cachée... Une dualité gouvernée par l'équilibre de la lumière et de l'obscurité. Chacun de nous a la capacité d'accomplir le bien et le mal mais ceux qui sont capables de brouiller la ligne de division morale détiennent le vrai pouvoir. »

Citation extraite de la série ''Revenge''.


Albus Dumbledore était assis derrière son bureau, entouré d'une pile de parchemins qu'il devait examiner avant la fin de la semaine lorsqu'un léger bruit de pas frappant contre de la pierre le prévint qu'une personne montait les marches d'escaliers qui menaient jusqu'à son bureau. Il leva les yeux pour voir s'approcher une personne dont le visage était recouvert par une cape. Il déposa sa plume et afficha un sourire affectueux, l'un de ces sourires qu'il ne réservait qu'à des proches.

« Emma, mon enfant ! »

« Grand-oncle Albus » fit-elle d'une voix neutre.

« Assieds-toi donc. Thé ? » proposa-t-il.

« Non, merci. »

La femme retira sa capuche et révéla une chevelure d'un roux éclatant. Elle s'assit et rencontra le regard bleu vif parfaitement identique au sien de son grand-oncle.

« Comment vas-tu ? Et ma petite Ariana ? » s'enquit-il. « Il y a longtemps que je n'ai pas vu cette douce enfant. »

« Épargne-moi tes salades, veux-tu ? » s'irrita Emma.

« Emma… »

« Je suis venue ici uniquement pour faire mon rapport. J'ai été récupéré mon époux à Azkaban et j'ai livré le colis comme tu le souhaitais. »

« Comment était-il ? » l'interrogea Albus.

« Maigre, sale, presque maladif et pratiquement silencieux. Il a prononcé que quelques mots et il a compris ce que j'essayais de lui dire alors je suppose que mentalement il va bien. Aussi bien que l'on puisse aller dans cet enfer » répondit franchement la rouquine.

« Bien » dit le directeur. « Puis-je au moins savoir comment va Daniel ? »

Emma se leva brusquement de sa chaise et lança un regard si froid au vieux sorcier à lunettes en demi-lune qu'il aurait pu geler en un instant si les yeux de la rousse étaient capables d'un tel exploit.

« N'ose même pas prétendre te soucier de lui après tout ce qui s'est passé ! » gronda Emma en colère.

« J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour lui venir en aide. Je lui ai permis d'échapper à un emprisonnement à vie » lui rappela-t-il d'un ton calme.

« Tout ce qui était en ton pouvoir ? » ricana amèrement Emma. « Tu n'as fait que ce qui t'arrangeait, grand-oncle Albus ! Daniel ne méritait en aucun cas de passer ne serait-ce qu'un seul jour dans cet endroit maudit. Oui, il avait fait usage d'un sortilège de magie noir mais uniquement pour faire une expérience et dans le cadre de son travail ! Il n'avait fait de mal à personne ! Tu sais très bien quel genre de personne il est, il ne ferait jamais de mal à une mouche. Ce sortilège, il l'avait testé sur lui-même, bon sang ! »

« Je sais que tu es en colère contre moi mais je t'assure mon enfant que j'ai tout essayé pour lui éviter… »

« Sale menteur ! » le coupa sèchement Emma. « Tu mens ! Si vraiment tu te souciais du bien-être de mon mari, de la santé mentale du père de ton arrière petite-fille, tu aurais usé de ton influence au ministère pour éviter à un innocent la prison. Si ce n'était pas pour Daniel, tu aurais pu le faire pour Ariana et moi. Mais non, il te fallait un pion pour tes plans tordus et tu avais désigné mon homme ! Qu'importe les conséquences de ce qui allait se passer, tu l'avais choisi pour accomplir l'un de tes odieux plans. »

« Emma » souffla le vieil homme, chagriné par la pensée que la jeune femme puisse penser ou même croire une telle chose.

« Épargne-moi ces faux airs d'homme innocent quand en réalité tu n'es qu'un manipulateur sadique » siffla la rousse d'un ton acide. « Bon sang de Merlin ! Sais-tu seulement dans quel état je l'ai retrouvé ? Anéanti et brisé une fois encore… »

Emma ferma les yeux et recula de quelques pas pour mettre un peu de distance entre elle et cet homme qu'elle avait idolâtré pendant toute son enfance. Un rictus amer fit courber ses lèvres tandis que de grosses gouttes d'eau salée glissèrent le long de ses pommettes rondes. L'image de son mari amaigri et affaibli par ces trois années à Azkaban apparut dans son esprit et un immense sentiment de culpabilité la plongea dans un profond état de détresse et de rage.

« Daniel ne l'avait pas mérité surtout pas après les souffrances qu'il a dû endurer dans son enfance. Sais-tu combien de temps il m'a fallut pour briser sa carapace et arriver à l'atteindre ? Combien de temps il a fallu pour qu'il me laisse le toucher et ne serait-ce que prendre sa main ? Combien j'ai dû lutter pour qu'il cesse de se rabaisser et se croire inférieur aux autres ? Sais-tu combien de fois j'ai dû le rassurer la nuit après un cauchemar horrible et presque douloureux ?! » hurla-t-elle en larmes. « Seigneur… »

Emma éclata en sanglots et pensa à son époux, le père de son enfant. Cet homme qu'elle aimait plus que sa propre vie et qu'elle avait juré de protéger mais elle n'y était pas arrivée. Elle avait trahi sa promesse et par conséquent, Daniel avait été blessé une fois de plus sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit pour l'aider, si ce n'était qu'assister à sa chute jusqu'aux enfers. Quelque part, elle savait que c'était de sa faute. Après tout, rien de tout cela ne serait arrivé si elle n'avait pas été la petite-nièce d'Albus Dumbledore.

« Maintenant je comprends pourquoi maman te voue une si grande haine. Elle a raison de dire que ton amour est un poison lent et douloureux. Tu ne peux aimer sans faire du mal aux gens qui t'entourent et je regrette que mon mari ait eu à faire les frais de cet amour empoisonné que tu sembles éprouver à mon égard » confia-t-elle presque dans in murmure à peine audible.

« Je m'excuse sincèrement si je vous ai fait du mal à toi et à Daniel. Ce n'était guère dans mon intention de vous blesser » se repentit Albus.

Emma fut secouée par un rire désabusé et jeta un regard dégoûté à son grand-oncle.

« Tu n'as donc rien compris, n'est-ce pas ? »

« Compris quoi ? » demanda le plus grand mage d'Angleterre, dérouté.

« Que tu fais du mal à tout le monde en les manipulant sans aucun remord. C'est à croire que tu te complais dans la souffrance qu'éprouve tes proches. Tu proclames servir le bien mais tu ne sers que tes propres intérêts, rien de plus. Tu n'as pas changé depuis le décès de grand-tante Ariana. En fait, plus le temps avance et plus j'ai l'impression que tu deviens machiavélique. »

Albus se mura dans le silence et Emma sut qu'elle avait touché un point extrêmement sensible. Il était quasiment impossible de rendre cet homme silencieux car il semblait toujours avoir réponses à tout et détourner un sujet de conversation en sa faveur. Il était un homme de mots et pouvait mettre une personne à terre rien qu'en s'exprimant avec cette voix suave et douce qui faisait succomber chaque sorcier qui osait croire son chemin et le rallier à sa cause. Malgré les nombreuses mises en garde de sa mère au sujet de cet homme, devenu célèbre grâce à un duel contre un puissant mage noir dont il sortit vainqueur, Emma n'avait pu s'empêcher de se trouver fascinée par son grand-oncle et à le vénérer presque comme un dieu jusqu'à ce que les masques tombent et qu'elle se rende compte que le dieu dont elle chantait les louanges depuis toute petite n'était que le diable qui s'était déguisé en une divinité pour la tromper.

« Emma, mon enfant, je puis t'assurer que tout ce que j'ai jamais fait pour toi était uniquement par amour. Je suis navré d'apprendre que je t'ai blessé et attristé de voir combien j'ai perdu dans ton estime » dit Albus.

« Amour ? » cracha-t-elle avec dédain. « C'est parce que tu aimes, papi, que tu lui as fait autant souffrir ? Était-ce de l'amour lorsque tu as forcé papi à…à… Merde ! »

Emma s'arracha pratiquement les cheveux de sa tête et se déplaça dans le bureau de Dumbledore, agitée et blessée comme un animal en cage.

« Je regrette sincèrement d'appartenir à une famille comme la nôtre » avoua-t-elle, la voix rocailleuse. « J'espère que ce sera la dernière fois que nous nous verrons et je te prierais de ne plus jamais t'approcher de mon époux et de ma fille. Je ne sais pas pourquoi tu es intéressé par cet homme ni pourquoi tu tiens tant à ce qu'il conserve un état de santé mentale correct et je suis désolée pour lui qu'il ait à faire à toi mais je ne veux pas que tes merdes me retombent dessus. »

« Ta mission est terminée et ne t'en fais pas, rien de cette histoire ne remontera jusqu'à toi » la rassura-t-il.

« Bien » fit-elle, satisfaite. « Nos chemins se séparent ici. »

Emma regarda une dernière fois son grand-oncle et malgré la haine qu'elle pouvait vouer à ce grand sorcier, il lui était impossible de supprimer d'un seul coup l'affection qu'elle lui avait porté pendant toutes ces années.

« Emma » la retient-il encore un instant.

« Oui. »

« Je suis profondément désolé » s'excusa Dumbledore avec une touche de sincérité dans sa voix.

« Pas autant que moi » répliqua-t-elle simplement.

Et sur ces dernières paroles, la jeune femme quitta le bureau du directeur de Poudlard et quitta promptement le château. Dumbledore retira ses lunettes et les posa sur la table avant de s'affaler contre le dossier de son fauteuil. Fumseck qui se tenait sur son perchoir se mit à chanter doucement, apaisant lentement le cœur meurtri de son maître.

« Je les perds tous, Fumseck. Tous… » murmura-t-il douloureusement, une larme perlant au coin de son œil.


Emma effaça les traces de ses larmes et marcha lentement à travers les rues de Pré-au-Lard. Elle observa les maisons qui bordaient les rues et fut heureuse de parcourir à nouveau ce village qui l'avait vu naître et grandir. Elle prit une rue latérale à la grand-rue et poussa les portes d'un établissement qui faisait office de pub en plus d'auberge. À l'entrée, il y avait une tête de sanglier suspendue à une vieille potence en bois. Les fenêtres étaient tellement incrustées de saletés que la lumière du jour avait du mal à les traverser. Le sol semblait en terre battue mais c'était plutôt un sol de pierre sous des couches de salissures. L'endroit était plutôt miteux, petit, crasseux et imprégné d'une forte odeur de chèvre et était loin d'être aussi populaire que son concurrent, les Trois Balais. Emma remarqua qu'il y avait quelques clients assis dans un coin de la salle aux allures douteuses. Elle s'avança vers le bar derrière lequel se tenait un homme grand et mince avec beaucoup de longs cheveux gris et filandreux et il portait une barbe. L'homme plongea son regard bleu à travers ses lunettes dans les siens et elle sourit tendrement au barman avant de s'asseoir.

« Soir, papi » le salua-t-elle avec une fausse gaieté.

« Tu es allée voir Albus » déclara son grand-père.

La rousse savait qu'il était inutile de nier alors elle hocha tout simplement la tête.

« Je lui ai fait mes adieux. »

Son grand-père continua le nettoyage de ses verres puis lorsqu'il eût fini, il servit à la jeune femme un verre de whisky pur-feu.

« Cul-sec » conseilla-t-il.

Elle fit comme il dit et sentit l'alcool brûler doucement l'intérieur de sa gorge. Elle se sentait nettement mieux que tout à l'heure après avoir quitté le bureau de Dumbledore.

« Comment va Daniel ? » l'interrogea son grand-père.

« Mal » répondit-elle.

Emma était sûre et certaine qu'il comprendrait tout de suite rien qu'avec un seul mot. Abelforth Dumbledore était très peu connu du monde sorcier mais était aussi intelligent et perspicace que son frère aîné. Il était d'apparence bourru et grincheux, parfois opiniâtre et sardonique, mais c'était quelqu'un de vif et de compréhensif.

« C'est un garçon faible mais il saura se relever. Tant que tu restes forte pour lui, tout ira bien » dit Abelforth.

D'une autre personne, Emma aurait piqué une mouche et se serait insurgée mais venant de son grand-père, elle savait que c n'était pas une insulte et qu'il estimait énormément Daniel, qu'il le considérait même comme son petit-fils, parfois presque comme un fils. Il ne faisait qu'émettre une évidence connue de leur famille. Daniel était faible en raison de son passé mais cela ne voulait pas dire qu'il était inutile et incapable de quoi que ce soit, bien au contraire.

« Nous partons demain pour le Japon. Là-bas, il y a une clinique spécialisée qui pourra le prendre en charge. »

Abelforth approuva d'un acquiescement.

« Une bonne chose » valida-t-il. « Tes parents partent aussi, je suppose. »

« Oui » confirma la rouquine. « Maman et papa ont émis le souhait de nous épauler dans cette épreuve. Ils pensent qu'avec le traitement de Dani, je n'aurais pas assez de temps à consacrer à Aria et pendant que je serais occupée à soutenir Daniel, ils prendront soin de la petite en mon absence. »

« Et ta mère ? » demanda le barman.

Emma lâcha un soupir contrit et lança un regard désolé à son grand-père.

« Elle reste intraitable sur le sujet, papi. Tant que tu continueras à être proche de lui, elle ne voudra pas te voir. »

« Je vois. »

« Je suis désolée. »

« Au moins, elle a su trouver la force en elle de pardonner mes péchés » dit-il.

« Ce ne sont pas tes péchés, papi ! Ce sont les siens » protesta la jeune femme.

« Je suis autant coupable dans cette histoire que lui. J'aurais très bien pu lui dire non et ne jamais céder mais je l'ai fait » répliqua Abelforth.

« Non, papi ! Il n'a aucune excuse pour ce qu'il t'a fait. Arrête donc de le protéger et de vouloir prendre les torts à sa place. Maman m'a tout raconté. »

« Elle ne sait que ce qu'elle veut bien imaginer » rétorqua-t-il. « Elle ne sait rien de mon histoire, de ce qui s'est passé à cette époque-là. »

« Alors raconte-le nous. Nous avons besoin de connaître la vérité, j'en ai besoin. Pendant mon enfance, j'ai vu maman adorer grand-oncle Albus puis tout à coup, elle s'est mise à le haïr du jour au lendemain sans me donner une explication tandis que toi tu alternais entre le chaud et le froid avec lui. Tu disais le détester mais toutes tes actions démontraient le contraire. Ensuite, j'ai fini par apprendre une version de l'histoire par maman mais apparemment elle n'est pas complète. Dis-moi, papi. Parle-moi… . J'ai besoin de comprendre car je me sens perdue à présent. Qui sommes-nous réellement ? Qui êtes-vous vraiment ? » supplia-t-elle.

Elle implorait pour obtenir des réponses, pour déchiffrer le mystère qui pesait sur sa famille depuis de nombreuses années et qui les détruisait tous un par un.

« Que t'a dit ta mère ? » soupira Abelforth.

« L'essentiel » répondit-elle évasivement à dessein.

Abelforth la dévisagea intensément et elle résista à se tortiller sur sa chaise, mal à l'aise. Elle savait que son grand-père avait vu à travers son jeu.

« Tout est vrai, Emma. »

« Alors maman est aussi…elle…c'est…vraiment…lui…je… » bredouilla-t-elle incohérente.

« Oui » affirma-t-il.

« Alors il est mon… »

« Oui. »

« Par les couilles momifiées de Merlin ! » jura-t-elle, choquée.

Abelforth esquissa un sourire amusé au langage de charretier de sa petite-fille.

« J'ai besoin d'un autre verre » dit-elle, assommée. « Non, la bouteille serait mieux » reprit-elle.

« Pourquoi sembles-tu si choquée si ta mère te l'avait déjà raconté ? » l'interrogea son grand-père.

« Comment aurais-je pu croire à des trucs pareils ? Maman le haïssait et pouvait bien me raconter n'importe quoi pour que je le déteste à mon tour. L'histoire de votre enfance et de ce qu'il t'a fait était déjà assez difficile à encaisser mais ça ! Ça, papi, c'est encore pire. Comment a-t-il pu te faire ça ? Comment a-t-il pu oser ? » fit Emma, bouillonnante de colère.

« Tout doux, rebelle. Ta mère et toi ne connaissez qu'une partie de l'histoire » lui rappela-t-il.

« Je ne vais pas me calmer mais plutôt aller éviscérer ce salopard et lui faire avaler ses tripes » grogna la rouquine.

« Tu ne feras rien de tel. »

« Mais papi… »

« Non, Emma. Comme je te l'ai dit, ta mère et toi ne connaissez pas toute l'histoire » la coupa-t-il sèchement. « Et c'est une histoire que je ne souhaite pas partager. Lui et moi, nous vous avons assez fait de mal comme ça. Inutile de créer d'autres blessures qui entacheront un peu plus notre famille. »

« Juste une dernière question, s'il te plaît. »

« Je t'écoute. »

« Était-ce…hum… était-ce à peu près semblable à ce que… »

« Arrête-toi là jeune fille » gronda Abelforth. « Je sais que tu es en colère contre Albus et que tu as tout à fait le droit de le haïr mais n'essaie jamais plus de comparer ma situation à celle de ce pauvre garçon. Je me répète et tu le répèteras à ta mère qui est aussi entêtée qu'une chèvre, que je n'étais pas une victime comme elle semble le penser. Tout comme Albus, j'ai des fautes là-dedans. »

Emma laissa tomber le sujet et jeta un coup d'œil à l'horloge pendue à l'entrée. Elle rencontra le regard de son grand-père et finit par pousser un soupir.

« Il y a des moments où je ne te comprends pas, tu sais. Tantôt il est coupable de tous les malheurs tantôt il a des circonstances atténuantes ou il n'a pas tout les torts. Tu le repousses à chaque fois qu'il essaie de renouer des liens avec toi mais tu vis tout de même près de lui et l'autorises à venir prendre un verre dans ton pub. Il représente quoi finalement pour toi ? »

« Tu apprendras, ma belle rebelle, que dans ce monde, ce n'est pas nous qui choisissons si on nous fait du mal ou non, en revanche on peut choisir qui nous fait du mal. J'aime mes choix. J'espère que vous aimerez les vôtres » déclara le propriétaire de l'auberge.

« Alors tu admets qu'il t'a fait du mal » dit Emma.

« Uniquement parce que je l'ai choisi » affirma-t-il.

Emma secoua la tête puis se pinça l'arête du nez avant de contourner le bar et de prendre son grand-père dans ses bras. Abelforth retourna l'étreinte de la jeune femme et sourit tristement dans ses cheveux roux.

« Promets-moi une chose. »

« Quoi ? »

« Ne le laisse pas sombrer et devenir comme Voldemort. Je le déteste et le haïrais toute ma vie du plus profond de mon âme pour ce qu'il a osé faire à Daniel mais je ne souhaite pas qu'il devienne aussi fou que ce mage noir. En dépit de moi, de ma fureur, ma rage et ma haine, il occupe toujours une place importante dans mon cœur » murmura-t-elle.

« Je le ferais » promit son grand-père.

Emma se retira de l'accolade et essuya les larmes qui avaient perlé sans qu'elle ne s'en rende compte.

« Par contre je me demande comment cela est-il possible que maman soit normale. N'aurait-elle pas dû être malade ou un truc du genre ? » questionna-t-elle, perplexe.

« Une question à laquelle je n'ai pas de réponse car la génétique est un domaine qui m'est inconnu. »

« Je ferais des recherches à ce sujet. »

« Comme tu le souhaites. Embrasse ma petite-fille pour moi et passe le bonsoir à tes parents et au garçon de ma part » dit Abelforth.

« Je le ferais » sourit-elle. « Au revoir, papi. »

« Au revoir, ma belle rebelle. »

Emma déposa un baiser sur la joue de son grand-père et s'en alla en traversant la cheminée du pub.

Abelforth, après le départ de sa petite-fille, s'occupa des derniers clients et était bientôt sur le point de fermer puis de monter se coucher lorsque son frère aîné entra dans le pub et riva son regard sur lui. Pendant un long moment, ils restèrent immobiles, yeux dans les yeux. Abelforth se déplaça et rangea les chaises, ignorant la présence de son aîné dans don pub.

« Je l'ai perdu, n'est-ce pas ? »

« Emma n'est pas Morgana. Cette petite est bien trop bonne pour te haïr toute sa vie, même si elle en a toutes les raisons. Elle reviendra vers toi lorsque le garçon sera rétabli. »

« Je n'ai jamais voulu faire de mal à ce garçon. J'ai vraiment essayé tout ce que je pouvais pour lui éviter la prison » renchérit Dumbledore.

Abelforth se redressa et posa un regard indéchiffrable sur son aîné. Il connaissait si bien le directeur de Poudlard qu'il était capable de détecter un mensonge quand il en voyait un et étonnamment, Albus ne mentait pas.

« Qu'est-ce que tu as fait pour qu'elle doute de toi à ce point hormis l'histoire concernant Morgana ? » l'interrogea-t-il, intrigué.

Albus poussa un profond soupir et alla s'asseoir sur une table près du bar. Abelforth croisa les bras sur sa poitrine, attendant avec patience une réponse de son aîné.

« Je lui ai demandé de veiller à ce que Sirius Black ait toute sa tête et qu'il ne devienne pas fou comme tant d'autres prisonniers d'Azkaban » répondit Albus.

Son cadet fronça les sourcils, intrigué.

« Et je suppose que tu ne lui as pas expliqué pourquoi elle devait veiller à la santé mentale d'un dangereux criminel, un partisan de Voldemort » déduisit Abelforth.

Albus garda le silence et le barman eût sa réponse. Abelforth se sentit épuisé subitement et il savait que c'était l'une des conséquences d'être aussi proche d'un homme comme son frère. Il récupéra une bouteille de whisky pur-feu ainsi que deux verres et alla s'asseoir aux côtés d'Albus.

« Sirius est innocent » déclara Albus.

« Bien sûr qu'il est innocent. Ce gamin n'aurait jamais fait de mal aux Potter » acquiesça Abelforth. « Mais ma question est la suivante : Pourquoi laisses-tu un innocent moisir là-bas ? Il y a été enfermé sans procès alors que tu aurais pu faire quelque chose pour lui. »

Albus se servit un verre d'alcool et l'avala cul-sec avant de s'en servir un autre. Il paraissait abattu et plein de remords. Il se redressa et croisa le regard bleu vif de son cadet qui le dévisageait d'un air impassible. Il leva son bras et voulut poser sa main sur la joue du barman mais ce dernier le retint à temps et redéposa son bras sur la table.

« Tu ferais peut-être mieux de t'en aller » dit sèchement Abelforth.

« Non ! Je… suis désolé… je ne le referais plus. »

« Alors ? » s'impatienta son cadet.

« Je ne pouvais pas lui venir en aide à cette époque-là. Il n'était, certes, pas coupable du meurtre des Potter et de celui de douze moldus ainsi que la disparition de Peter Pettigrow mais il était en partie responsable de la déchéance de mon tout petit. J'ai permis à cet homme et à ses amis de faire du mal à mon fils. Quand il est revenu vers moi, il était tellement brisé que je ne savais pas par où commencer pour recoller les morceaux. J'étais en colère, Ab. En colère contre eux mais surtout contre moi-même pour n'avoir pas réagi lorsque je le devais. Mon fils avait souffert, Ab… »

« Et ils devaient payer » supposa Abelforth.

« Oui » confirma Albus. « Sirius avait attenté à la vie de Severus lorsqu'ils étaient en cinquième année. À ce moment-là, je n'avais pas puni le garçon pour son acte. Je me suis rendu compte trop tard que toutes mes inactions avaient été la cause de la chute de Severus. Sans m'en rendre compte, je jouais le jeu de Voldemort et c'était comme si je lui avais remis, moi-même, Severus entre ses mains. J'avais fait trop d'erreurs à l'époque et je ne pouvais continuer ainsi. Sirius devait apprendre de ses erreurs. »

« Et toi ? Quand apprendras-tu des tiennes ? » le questionna durement Abelforth.

Abelforth se leva et foudroya Albus du regard.

« Tu répètes encore et toujours les mêmes erreurs. Tu l'as toi-même souligné, Albus, tu es responsable de la chute de Severus. Sans ton laxisme et la haine que tu sembles vouer à la maison Serpentard, il n'aurait jamais eu une enfance aussi abusive. S'il avait été un Serdaigle ou un Gryffondor ou même un Poufsouffle, je suis certain que tu aurais agi autrement mais qu'il soit un Serpentard t'a tout de suite fait croire qu'il était comme lui. Tu n'as jamais donné la chance à ce gamin de te prouver qu'il était différent et qu'il pouvait être quelqu'un de bien sous cette carapace qu'il s'était créé pour se protéger du monde. Et puis lorsque le mal a été fait, que cet enfant a traversé les enfers et est revenu complètement brisé, tu ouvres soudainement les yeux ?! Lorsque plus rien ne peut être réparé, tu t'autoproclames juge tout d'un coup ?! À quoi joues-tu, Albus ? Comment peux-tu devenir aussi inhumain et te servir de tes proches comme des pions que tu déplaces et sacrifies à ta guise ? » s'époumona Abelforth.

Albus baissa la tête, honteux.

« Réponds-moi » exigea son cadet, furieux.

Abelforth l'attrapa par le col de sa robe et le secoua sèchement.

« Quand apprendras-tu donc de tes erreurs et à nous traiter comme des êtres humains et non comme des pièces d'un échiquier géant ?! »

Albus ne répondit pas et son silence augmenta un peu plus la fureur de son frère cadet qui le relâcha après lui avoir asséné un bon coup de poing au visage. Albus chancela et s'accrocha à la table pour ne pas tomber. Il sentit un goût métallique emplir sa bouche et une douleur intense se propager sur sa mâchoire.

Abelforth serra douloureusement ses poings, la mâchoire crispée. Il ne s'était jamais senti aussi en colère depuis le décès de leur sœur, Ariana, et n'avait qu'une seule envie à l'instant : sortir sa baguette et lancer un impardonnable à son frère car ce dernier l'aurait bien mérité.

« Je veux savoir, Albus, que comptes-tu faire de Black ? Quel rôle a-t-il jouer dans tes plans tordus ? » l'interrogea-t-il d'un ton acide.

« Je…je vais demander à Amélia qu'un procès soit ouvert pour Sirius » répondit Albus.

« Ensuite ? Parce que je suis absolument certain qu'il y a toujours une suite avec toi. Tu ne ferais pas sortir le gamin de cette prison sans une autre raison. »

« Voldemort n'a pas complètement disparu. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne revienne parmi nous et qu'il ne crée à nouveau le chaos dans notre monde. J'ai besoin d'autant d'alliés que possible pour vaincre cet homme. Sirius a dû changer depuis la dernière fois que je l'ai vu. Je suppose qu'il a mûri et qu'il a appris de ses erreurs. Il a un passé lourd et avec ça, il pourrait devenir un bon atout pour l'Ordre. »

« Pourquoi ai-je l'impression que tu ne me dis pas tout ? » demanda son cadet, suspicieux.

« Et j'ai aussi besoin de Sirius pour qu'il veille sur Harry et Orion » ajouta finalement Albus.

« Veiller sur eux ? »

« Je ne serais peut-être pas toujours là pour eux et ils ont besoin tous les deux d'adultes responsables dans leur vie. Sirius a été assez puni comme ça et il mérite maintenant d'avoir une seconde chance. Tous les trois le méritent… »

« Qu'as-tu fait, Albus ? »


Quelques mois plus tôt…

Albus Dumbledore était un homme difficile à surprendre mais surtout impossible à mettre au pied du mur et pourtant, aujourd'hui, il se trouvait surpris et sans solutions. Cela faisait près d'un mois qu'il était à la recherche d'une idée pour se sortir du merdier dans lequel il se trouvait mais jusqu'à présent, aucune n'avait illuminé son esprit. Il retournait le problème dans tous les sens, essayait de changer d'angle pour y voir plus clair mais rien n'y faisait. C'était le brouillard total.

Il caressa les plumes de son phénix, le regard vide.

« Albus. »

Il se retira de ses pensées et tourna la tête vers son adjointe qui venait de faire irruption dans ses appartements, les yeux rougis, une lettre dans la main.

« C'est horrible » pleura Minerva McGonagall.

« Qu'y a-t-il ? » demanda-t-il en se précipitant vers la femme bouleversée. « Est-ce Severus ? Lui est-il arrivé quelque chose ? Poppy m'a assuré qu'il se réveillerait bientôt et que sa vie n'était pas en danger. Dites-moi, Minerva. Est-ce mon petit ? »

Il se retint avec difficulté de ne pas secouer la femme pour obtenir les réponses à ses questions. Son cœur se mit à battre à tout rompre tandis qu'il pensait à son jeune maître des potions.

« Non…non, ce n'est pas Severus. Il va bien » dit Minerva.

Albus la relâcha et fut submergé par un profond sentiment de soulagement. Severus était en sécurité à l'infirmerie du château. Son petit ne craignait rien.

« Qu'est-ce qui vous bouleverse donc à ce point ? » s'enquit-il.

« Artemis, Albus. Artemisia Viridian est décédée et son fils a contracté la même maladie. D'après les médecins, il n'y survivra pas » l'informa-t-elle avant de lui tendre la lettre qu'elle avait reçu ce matin.

Il lut le contenu du courrier et fut affligé d'apprendre le décès de la jeune femme. Elle aurait contracté une maladie mortelle et contagieuse lors d'un de ses voyages en Amérique du Sud et était décédée à Paris en France dans un hôpital moldu. Son fils, Orion Viridian, était dans un état critique. Tous les médecins étaient unanimes, il n'y survivrait pas.

« Par Godric ! » fit Minerva, abattue.

La directrice des lions tout comme Dumbledore connaissaient la jeune femme car elle était un membre de l'Ordre. Elle avait combattu à leurs côtés durant la première guerre des sorciers. Ils la connaissaient si bien qu'ils savaient que la jeune femme était tombée enceinte de Sirius Black et que ce dernier n'avait pas été mis au courant de sa paternité car à l'époque, l'héritier de la famille Black avait, semble-t-il, multiplié les conquêtes et préféré sa liberté que de s'attacher à une femme et à fonder une famille. Artemisia avait pris la responsabilité de s'occuper de l'enfant toute seule en obtenant le soutien de Lily, Marlene et Alice qui avaient été mises au courant ainsi que celui de Dumbledore pour obtenir sa protection car ils étaient en temps de guerre et de McGonagall car cette dernière était comme une mère pour la jeune femme.

Albus se perdit dans ses pensées et réfléchit à la situation lorsqu'il eût soudain une idée brillante. Il n'y avait plus rien à faire pour l'enfant et il en était désolé mais si le gamin venait totalement à disparaître, c'était trois familles de Sang-Pur qui disparaîtrait avec lui. Il avait en lui le sang des Viridian et des Prince par sa mère ainsi que celui des Black par son père. Il était l'héritier de trois puissantes familles, toutes riches. Avec la guerre qui se profilait à l'horizon, il aurait besoin de gros financement. On ne gagnait pas une guère sans argent et Artemisia avait grandement contribué aux finances de l'Ordre. Il ne pouvait pas perdre un tel héritage et le laisser aux mains des Gobelins ou même du Ministère. De plus, Severus avait besoin d'une nouvelle identité s'il devait se fier aux dires de Renwood et il était désormais presque impossible de nos jours de se créer une seconde identité. Même avec les nombreux contacts qu'il avait, il ne pourrait pas créer aussi facilement une identité à son homme de confiance. Et là, il avait une chance inestimable de régler tous ses problèmes. À croire c'était la volonté du destin qu'Orion Viridian puisse continuer d'exister.


Harry avait toujours cru qu'il était impossible de rencontrer quelqu'un d'aussi détestable que Dudley, mais c'était avant de faire la connaissance de Ronald Weasley. Le roux était encore plus détestable que Draco Malfoy. Il avait appris plus tard, un jeudi soir, que le Gryffondor avait été horrible envers Neville lors du cours de Vol qu'ils avaient en commun avec les Serpentard. Bien avant le cours de Vol, beaucoup d'étudiants avaient vanté leurs exploits à qui voulait l'entendre. Malfoy avait été l'un d'entre eux car il parlait beaucoup de balais volants. Il racontait sans cesse des histoires dont il était le héros et qui se terminaient invariablement par une poursuite haletante à l'issue de laquelle il échappait de justesse à un hélicoptère piloté par des Moldus. Tout comme le Serpentard, les Gryffondor n'avaient pas été en reste en matière de vantardise. À l'en croire, Seamus Finnigan avait également passé le plus clair de son enfance à faire des acrobaties aériennes en pleine campagne. Même Ronald Weasley racontait à qui voulait l'entendre qu'il avait failli, entrer en collision avec un deltaplane alors qu'il pilotait le vieux balai de son frère aîné, Charlie.

Neville, en revanche, n'était jamais monté sur un balai. Sa grand-mère s'y était toujours opposée. Harry songeait en son for intérieur que c'était une sage décision, étant donné le nombre incroyable d'accidents que Neville avait déjà eu dans sa vie en restant les deux pieds sur terre. Il ne se moquait pas de son ami et savait que cette maladresse constante était due à sa timidité, que le Gryffondor aurait moins d'accidents lorsqu'il commencerait à vaincre cette timidité qui le rendait charmant à bien des égards et qui lui permettait d'obtenir la protection des jumeaux Weasley qui adoraient le première année.

À la suite de cette information, lors de leur premier cours de Vol, Ronald n'avait eu cesse de taquiner Neville qui avait de grandes difficultés à manier son balai et incapable de se concentrer à cause des railleries du roux, Neville était tombé de son balai et s'était cassé le bras. En l'absence du professeur de Vol, il eut une bagarre entre les Gryffondor et les Serpentard. Le groupe de Weasley contre celui de Malfoy. Ils avaient tous fini avec une détention chez Rusard pendant deux semaines et avec un retrait de points considérable.

« Comment va ton bras ? » demanda-t-il au blond qui venait de prendre place à côté de lui.

« Oh très bien » répondit Neville. « Madame Pomfresh m'a arrangé ça en deux minutes. »

« Ravi de l'entendre. »

« Je me souviens du premier cours de Vol de Charly » ébaucha Cedric.

« Si tu oses raconter cette histoire, Diggory, je te jure que tu finis eunuque avant minuit » menaça Charly.

« Ah oui ! Je m'en souviens ! » s'écria Marilyn, un rire dans la voix. « C'était vraiment le cours de Vol le plus drôle auquel j'ai jamais assisté. »

« Avons-nous…

- bien entendu ?

- Seriez-vous en train de parler…

- du jour le plus mémorable de L'Histoire de Poudlard ? » s'interrogèrent les jumeaux Weasley.

« Pitié » se lamenta Charly.

« C'est quoi l'histoire ? » demanda Rolf, curieux.

Fred drapa son bras autour de l'épaule du jeune Serdaigle et échangea un sourire goguenard avec son jumeau.

« Laissez-nous donc vous conter la fabuleuse histoire… » commença-t-il.

« … de Charly qui courrait plus vite que l'ombre de son balai » termina Fred.

« Je vous massacrerais tous ! Je vous ferais manger les poils de miss Teigne, vous donnerais en pâture à Rusard, vous…hum… »

Cedric avait placé sa main sur la bouche de la rousse qui tentait tout de même de menacer ses amis à travers la paume de son meilleur ami. Elle croisa les iris d'un gris d'acier du blaireau qui brillaient d'un éclat malicieux. Elle continua de marmonner à travers la main de Cedric, faisant sourire ce dernier.

« Tu sais très bien que tu ne peux pas y échapper » lui dit-il.

Elle le fusilla du regard et finit par abandonner la partie uniquement pour cette fois-ci.

« La suite » s'impatienta Harry.

« Charly était une étudiante de la maison Poufsouffle et lors d'un cours commun de Vol avec la maison Gryffondor, il se passa quelque chose d'inattendu » poursuivit Fred d'une voix basse.

« Lorsque madame Bibine demanda à tous les étudiants de lever leur balai, ils suivirent les instructions de leur professeur. Certains réussirent mieux que d'autres tandis que Charly accomplit un exploit avec son balai » continua George.

« Elle leva son balai mais plus encore… il se mit tout à coup à sa poursuite » narrèrent les jumeaux.

« Nous vîmes une jeune fille à la chevelure de feu se faire courser par un balai fou ! » reprit Fred en augmentant quelque peu le son de sa voix.

« Charly courrait tellement vite que même le balai avait du mal à tenir le rythme et pour échapper à son balai… »

« …elle se jeta dans le lac » termina Fred.

Et tout le monde se mit à rire. Charly pesta légèrement contre eux mais ses yeux bleus brillaient d'amusement au souvenir grotesque de ce premier cours de Vol.

« Tu as pu t'améliorer par la suite ? » demanda Hermione à la rousse.

« Pas du tout » répondit Cedric à la place de son amie. « C'est une catastrophe ambulante sur un balai. Mieux vaut pas qu'elle s'en approche à plus de cent mètres. Par contre, elle est une excellente supportrice. »

Cedric avait posé sa main sur celle de Charly qui rougit au compliment du blaireau.

« Oh ! » fit Hermione clairement déçue d'apprendre que la rouquine n'avait pas pu s'améliorer en matière de vol.

Il était connu par tout le groupe que la jeune fille redoutait son premier cours de Vol qui avait lieu vendredi après-midi car c'était quelque chose qu'on ne pouvait pas apprendre par cœur dans un livre et pourtant elle avait essayé tout en lisant Le Quidditch à travers les âges.

« Ne t'en fais pas, Mione, je suis sûr que tu sauras te débrouiller » essaya Harry de la rassurer.

Harry avait commencé à surnommer la jeune fille ainsi et trouvait que c'était un surnom qui lui allait parfaitement bien que cette dernière détestait que son prénom soit raccourci. Si bien que, pour l'embêter, Orion l'appelait désormais de cette façon, délaissant le Granger ou la Miss-Je-Veux-Tout-Savoir pour un Mione railleur.

« Oui, Mione, nous sommes sûrs que tu sauras être à la hauteur en te ridiculisant de façon intelligente » railla Orion, un sourire narquois au coin des lèvres.

« Parlerais-tu pour toi ou pour moi ? » répliqua-t-elle avec ironie.

Orion jeta un regard noir à la Serdaigle qui sourit avec triomphe, sachant pertinemment qu'elle venait de toucher un point sensible. Elle était finalement moins inquiète que tout à l'heure, sachant qu'elle ne serait peut-être pas la seule à se montrer ridicule lors de ce cours.

Le lendemain à trois heures et demie de l'après-midi, les élèves de Poufsouffle sortirent dans le parc pour se rendre sur le lieu de leur première leçon de vol. Le ciel était clair et les vastes pelouses ondulaient sous une faible brise. Le terrain se trouvait du côté opposé à la Forêt interdite dont on voyait les arbres se balancer au loin.

Les Serdaigle étaient déjà là, ainsi qu'une vingtaine de balais soigneusement alignés sur le sol. Harry avait entendu Fred et George ainsi que Cedric se plaindre de la qualité des balais de l'école qui se mettaient à vibrer quand on volait trop haut ou qui tiraient un peu trop à gauche.

Madame Bibine, le professeur de vol, arriva bientôt. Elle avait des cheveux courts et gris et des yeux jaunes comme ceux d'un faucon.

« Alors, qu'est-ce que vous attendez ? » aboya-t-elle. « Mettez-vous chacun devant un balai. Allez, dépêchez-vous ! »

Harry jeta un coup d'œil à son balai : il était vieux et pas en très bon état.

« Tendez la main droite au-dessus du balai » ordonna Madame Bibine. « Et dites : ''Debout !''»

« Debout ! » crièrent les élèves à l'unisson.

Le balai de Harry lui sauta aussitôt dans la main, mais ce fut un des rares à le faire. Celui d'Hermione fit simplement un tour sur lui-même et celui d'Orion ne bougea pas. Les balais étaient peut-être comme les chevaux, songea Harry, quand on avait peur, ils le sentaient et le tremblement dans la voix de son meilleur ami indiquait clairement qu'il aurait préféré garder les deux pieds sur terre. Il avait été loin de se douter que son ami aurait peur de monter sur un balai. Il était surprenant pour lui de découvrir que comme tout le monde, Orion avait des faiblesses et des craintes.

Madame Bibine leur montra ensuite comment enfourcher le manche sans glisser. Elle passa devant chacun pour corriger la position.

« Et maintenant » dit le professeur. « À mon coup de sifflet, vous donnez un coup de pied par terre pour vous lancer. Frappez fort. Vous tiendrez vos balais bien droits, vous vous élèverez d'un ou deux mètres et vous reviendrez immédiatement au sol en vous penchant légèrement en avant. Attention au coup de sifflet. Trois, deux... »

Mais Orion était si nerveux et il avait si peur de ne pas réussir à décoller qu'il se lança avant que Madame Bibine ait eu le temps de porter le sifflet à ses lèvres.

« Redescends, mon garçon ! » ordonna-t-elle.

Mais Orion s'éleva dans les airs comme un bouchon de champagne. Il était déjà à trois mètres. Il monta jusqu'à six mètres. Harry vit son visage se décomposer tandis qu'il regardait le sol s'éloigner. Orion n'avait aucun contrôle sur son balai et paniquait de plus en plus, son teint devint blafard puis verdâtre. Il continua de s'élever de plus en plus haut, puis dériva lentement vers la Forêt interdite.

Harry détestait voir son ami dans un tel état et aussi, il enfourcha le balai, donna un grand coup de pied par terre et s'éleva à toute vitesse. L'air lui sifflait aux oreilles et sa robe de sorcier flottait derrière lui.

Il ressentit une joie intense en découvrant soudain qu'il savait faire voler un balai sans avoir eu besoin d'apprendre. C'était quelque chose qui lui paraissait très naturel, très facile, et qui lui donnait une sensation merveilleuse. Lorsqu'il tira sur le manche pour monter encore un peu plus haut, il entendit s'élever de la pelouse les hurlements des filles qui le suivaient des yeux et une exclamation admirative de Rolf.

Harry prit alors un virage serré pour faire face à Orion qui oublia un moment sa peur du vide.

« Donne-moi la main, Orion. »

Le potionniste secoua la tête, incapable de sortir un mot. Il s'accrocha au manche de son balai et ferma les yeux pour ne pas les laisser glisser sur le sol qui devait être très très bas.

« Je ne te laisserais pas tomber » promit Harry.

Le balai d'Orion fit à nouveau des siennes et Harry qui n'avait pas lâché le balai du regard put agir avec rapidité. Il se pencha en avant, serra les mains sur le manche et son balai fonça sur Orion comme un javelot. Le balai d'Orion se secoua d'un autre côté mais Harry suivit le mouvement et fondit sur son meilleur ami. En bas, des élèves applaudirent.

« Orion, ta main ! »

Orion secoua à nouveau la tête, les yeux fermés. Il était hors de question pour lui d'essayer de lâcher le manche de son balai car s'il le faisait, c'était la chute assurée.

Comme dans un film au ralenti, Harry vit Orion s'élever dans les airs puis avoir un haut-le-corps puis glissa du balai. Il se pencha aussitôt en avant, abaissa le manche à balai et poursuivit son meilleur ami qui fonçait vers le sol. Des cris se mêlaient au sifflement du vent dans ses oreilles, tandis qu'il fendait l'air à une vitesse vertigineuse. Soudain, il tendit la main et réussit à rattraper Orion à une cinquantaine de centimètres du sol, juste à temps pour pouvoir redresser le manche de son balai et atterrir en douceur sur la pelouse, en tenant fermement son meilleur ami par la taille.

Harry descendit de son balai, Orion toujours contre lui. Il sentit qu'il était plus lourd que tout à l'heure et constata que le potionniste s'était évanoui.

« POTTER ! »

Cette fois, ce fut son cœur qui sembla plonger dans sa poitrine à la même vitesse que le balai. Le professeur Bibine courait vers eux. Harry se releva, les jambes tremblantes.

« Jamais depuis que je suis à Poudlard... »

Elle était dans un tel état de choc qu'elle n'arrivait presque plus à parler.

« Comment avez-vous pu oser... ? Vous… »

Harry blêmît soudainement.

« Vous avez été très héroïque aujourd'hui, monsieur Potter » finit par déclarer Bibine.

Et puis tout à coup, un tonnerre d'applaudissements se fit entendre dans toute la cour. Il eût quelques sifflets de joie des garçons et des sourires de la part des filles.

Bibine se pencha par la suite sur Orion qui était inconscient sur la pelouse.

« Granger et Dragonneau amenez-le à l'infirmerie » ordonna-t-elle après avoir lancé un sort de lévitation sur Orion. « Le cours est annulé. Potter, venez avec moi. »

« Orion ? »

« Vous le verrez plus tard. Maintenant allons-y ! » aboya-t-elle.

Harry savait qu'il allait être renvoyé car même si Orion était en difficulté, il n'était pas professeur et ce n'était pas à lui de superviser la leçon de vol. Il aurait voulu dire quelque chose pour se défendre, mais il avait l'impression que sa voix refusait de lui obéir. Le professeur Bibine avançait à grands pas sans même le regarder et il lui fallait courir pour la suivre. Il n'avait pas tenu deux semaines. Dans dix minutes, il devrait faire sa valise. Il ne verrait plus Orion et rien que d'y penser, son cœur se serra douloureusement. Il ne voulait pas être séparé de son ami, du tout premier ami qui il s'était fait et qui avait apporté tant de bonheur dans sa misérable vie.

Il monta les marches de pierre, puis l'escalier de marbre. Le professeur Bibine ne disait toujours rien. Elle ouvrait les portes à la volée et arpentait les couloirs, Harry sur ses talons. Peut-être l'emmenait-elle dans le bureau de Dumbledore. Il pensa à Hagrid qui s'était fait renvoyer mais qui avait pu rester à Poudlard comme garde-chasse. Peut-être pourrait-il devenir son assistant ? Il sentit son estomac se nouer à l'idée de voir Orion et les autres devenir sorciers tandis qu'il serait condamné à suivre Hagrid en portant son sac.

Le professeur s'arrêta soudain devant une salle de classe. Elle ouvrit la porte et jeta un coup d'œil par l'entrebâillement.

« Excusez-moi » dit-elle au professeur qui donnait son cours dans la salle.

C'était Pomona Chourave, le professeur de Botanique et accessoirement, sa directrice de maison.

« Puis-je vous parler quelques instants en compagnie de Diggory ? »

Cedric ? Pourquoi demanderait-elle après son ami ? se demanda Harry, déconcerté.

Pomona acquiesça et demanda à Cedric de la suivre. Avant de fermer la porte derrière elle, la directrice des blaireaux ordonna à ses élèves de poursuivre le cours en silence.

« Nous ferions mieux d'en discuter dans un endroit calme » dit Bibine.

Ils la suivirent le long du couloir. Cedric lançait à Harry des regards interrogateurs.

Elle les fit entrer dans une classe vide où Peeves était occupé à écrire des gros mots au tableau.

« Dehors, Peeves ! » aboya-t-elle.

Peeves lança la craie dans une corbeille et fila dans le couloir en poussant des jurons. Le professeur Bibine claqua la porte derrière lui et se tourna vers Pomona avec un grand sourire.

« Je crois vous avoir trouvé un excellent attrapeur » annonça-t-elle. « Sans aucune offense, Cedric. »

« Aucune, madame Bibine » la rassura-t-il. « On sait tous que j'occupe ce poste uniquement parce que nous n'avions pas d'attrapeur décent sous la main sinon j'aime être poursuiveur. »

« Vous parlez sérieusement, Renée ? »

« Très sérieusement » répondit le professeur Bibine. « Ce garçon a un don. Je n'ai jamais rien vu de semblable. C'était la première fois que vous montiez sur un balai, Potter ? »

Harry approuva d'un signe de tête. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait, mais apparemment, on n'avait pas l'intention de l'exclure.

« Il a rattrapé ce gamin après une descente en piqué de quinze mètres » dit le professeur Bibine. « Et ils s'en sont tirés sans la moindre égratignure. Même Charlie Weasley n'aurait pas été capable d'en faire autant. »

« Il y a eu des problèmes durant le cours de Vol ? » s'inquiéta Pomona.

« Viridian a perdu le contrôle sur son balai et a manqué de se rompre le cou si Potter n'avait pas été le chercher » raconta Bibine. « Il n'a rien eu de bien grave grâce à Potter. Juste un évanouissement dû aux trop fortes émotions. »

Cedric avait à présent la tête de quelqu'un dont le rêve le plus cher vient de se réaliser.

« Tu as déjà assisté à un match de Quidditch, Harry ? » lui demanda Cedric d'une voix enthousiaste.

« Diggory a été récemment promu au poste de capitaine de notre équipe de Quidditch. Le plus jeune capitaine de Poudlard depuis près d'un demi siècle » précisa le professeur Chourave avec une pointe de fierté dans sa voix.

« Il a le physique parfait pour un attrapeur » dit Cedric qui tournait tout autour de Harry pour l'examiner en détail. « Léger, rapide... Il va falloir lui trouver un bon balai. Peut-être un Nimbus 2000 ou un Astiqueur 7. »

« Je vais aller voir le professeur Dumbledore pour lui demander si on peut faire une entorse au règlement et fournir un balai à un élève de première année. Merlin sait que nous avons besoin d'une meilleure équipe que celle de l'année dernière. Nous avons été littéralement écrasés par les autres maisons. »

Le professeur Chourave observa Harry d'un air grave mais ses yeux étincelaient de joie.

« Je veux que vous suiviez un entraînement intensif, Potter. Vous avez intérêt à vous donner du mal et à faire gagner cette coupe à notre maison » dit-elle d'une voix ferme. « Votre père aurait été fier de vous. Lui aussi était un excellent joueur de Quidditch » ajouta-t-elle en souriant.


C'était l'heure du dîner lorsqu'Harry se rendit dans la Grande Salle et qu'il retrouva Orion. Il prit ce dernier dans ses bras et ne voulut plus le lâcher.

« J'ai eu si peur tout à l'heure » murmura Harry, un sanglot dans la voix.

Pendant un instant, il avait cru qu'il perdrait son meilleur ami. Ce fut horrible pour lui de voir Orion suspendu dans les airs, incapable de redescendre sur terre par ses propres moyens et lorsqu'il glissa de son balai, il avait pensé ne pas être capable de le rattraper à temps.

De sentir le corps chaud d'Orion presser contre le sien, de pouvoir percevoir les battements de son cœur, de le savoir vivant était une grande bouffée d'oxygène pour le jeune survivant.

Orion était resté raide pendant quelques secondes, surpris par l'étreinte du garçon. Il n'était guère habitué à être enlacé, plus encore, à être touché. Harry avait été le seul à pénétrer son espace personnel sans aucune crainte. Même Lily qui fut sa meilleure amie ne l'avait jamais touché, pas une seule fois. Et soudain, il y avait Harry, ce petit cornichon insupportable qui avait fait irruption dans sa vie et qui l'avait mise sens dessus dessous. Harry ne paraissait pas dégoûté par lui et semblait toujours chercher sa présence, retrouvant tout à coup le sourire lorsqu'il pénétrait dans une pièce, se mettant toujours à ses côtés, brossant autant que possible son épaule contre la sienne. Harry n'avait jamais eu honte de lui et recherchait constamment son approbation, comme un enfant rechercherait celle de son parent. Harry ne le jugeait pas et l'acceptait tel qu'il était : sarcastique à souhait, irritable de façon constante, grognon à tout moment, tranchant sur tous les bords. Il était accepté ainsi et Harry ne lui demandait pas de changer, n'essayait jamais de le faire comme aurait tenté Lily. La Gryffondor qui lui demandait sans arrêt d'essayer de faire des efforts, d'être un peu plus aimable et plus poli, d'arrêter d'être méchant, de se comporter comme tout le monde, de ne pas fréquenter telle personne car ils n'étaient pas de bonnes fréquentations, qu'il faudrait qu'il apprenne à accepter ses amis de Gryffondor.

Harry était différent de Lily. Il n'essayait pas de le façonner en quelqu'un d'autre. Non, il s'adaptait à son caractère, se moulant parfaitement à son comportement. Harry était devenu une extension de son être. Il était l'obscurité tandis que le survivant était sa lumière. Aussi complémentaires que le Yin et le Yang.

Il enlaça en retour le garçon à la cicatrice en forme d'éclair et ferma les yeux pour savourer l'une des rares étreintes qu'il obtiendrait dans sa pathétique existence.

Il était difficile de se l'avouer mais il avait eu peur tout à l'heure pendant le cours de Vol. Il avait perdu ses moyens et n'avait pas su garder son calme comme l'adulte qu'il était. Il avait paniqué et indubitablement, il avait perdu le contrôle de son balai. Il s'était ridiculisé devant toute une classe et bien que ce ne soit pas un moment traumatisant pour lui, il détestait tout de même se faire humilié. Cette humiliation importait peu lorsqu'il avait été au final secouru par Harry, par son Harry.

Orion resserra son étreinte autour du survivant et sentit un puissant sentiment de possession grandir en lui. C'était son Harry, le sien. Ce gamin qui l'avait accepté tout entier sans aucun jugement sur sa personne, cet enfant naïf et candide qui l'aimait sans aucune restriction, ce garçon insolent et malicieux qui égayait sa vie, la rendant plus savoureuse.

Peut-être était-ce ça, être parent. Avoir un enfant qui vous idolâtrait et qui faisait fi de vos défauts. Un enfant qui vous aimait pleinement et dont cet amour vous grandissait bien plus que les autres.

Peut-être était-ce pour cela qu'il était aussi en colère contre le gamin pour avoir risqué sa vie alors qu'il n'était jamais monté sur un balai.

« POTTER ! » gronda-t-il en repoussant brusquement le survivant. « Stupide cornichon ! Mais à quoi pensais-tu tout à l'heure ? Ta vie a donc si peu de valeur que tu te permets de la risquer avec des acrobaties stupides ?! »

Harry regarda Orion, décontenancé, puis sourit de manière effronté.


La nuit était très avancée sur Pré-au-Lard lorsque l'ombre d'un chien apparut au coin d'une rue. Le chien était de couleur aussi sombre que les ténèbres, il était très maigre, comme s'il avait souffert de famine. Son regard brillait d'une intelligence peu commune à des êtres de sa race. Il fixait depuis un moment déjà, le château qui était à quelques kilomètres du village.

Il se rapprocha du château qui était endormi depuis quelques heures déjà et à la place du chien noir apparut un homme au teint maladif, très maigre et qui tenait difficilement sur ses jambes. Il était près des grilles de la bâtisse et grinça des dents, ses yeux plein de fureur et de haine.

« L'heure de la vengeance vient de sonner. »


À cause de ces fichus vacances, j'ai accumulé du retard dans mon histoire. Nous ne sommes qu'au sixième chapitre et j'ai l'impression que ça n'avance pas. J'arrête de me plaindre car mine de rien, j'adore l'été sans mon aîné.

Guest 1 : Je n'avais pas l'intention de laisser tomber cette intrigue car justement, Sirius sera l'un des personnages principaux de l'histoire.

Aya31 : Merci beaucoup. J'ai été ravie de surprendre beaucoup de personnes avec cette répartition.

Melissa : Ça fait toujours plaisir de le lire. Je te remercie. Bises.

Guest : Thank you for the reviews.

Lylli-narcissa M : je pense que Dumbledore a toujours été un personnage très manipulateur. Même dans le canon, il garde ce côté qui fait de lui un homme complexe et intriguant.