Hello. Ça faisait longtemps, mais j'oublie pas les fictions pas finies. Bonne lecture !

Chapitre 5

Akaashi partit se coucher aussitôt. Il avait soudainement la nausée. Sur le chemin, il sentit ses jambes trembler. Il s'effondra soudainement sur le plancher de l'hôtel. Il ne sut qu'il pleurait que lorsqu'un sanglot quitta sa bouche. Il se maudit d'être aussi facilement en proie à la moindre émotion ces derniers temps.

Pourquoi Bokuto-san lui faisait-il subir ça ? Pourquoi lui avait-il dit ces mots ? Eu ces gestes ? Le brun se recroquevilla sur lui-même. Il avait eu très peur. Un peu plus et son capitaine allait abuser de lui… abuser de lui ! Après tout ce qu'il avait fait, après toute l'aide qu'il lui avait apporté ces derniers jours. Pourquoi se comportait-il comme cela maintenant ? Tout cela n'avait-il été que du vent ? Si ça se trouve, il s'était juste arrangé de se rapprocher de lui pour pouvoir mieux le contrôler après. En fait, il était comme les autres. Akaashi devait se faire une raison : il n'était que le visage de l'équipe, ses qualités d'humains étaient inexistantes. Même après ce que les autres avaient dit. Pour lui, si son meilleur ami n'était pas honnête, alors personne ne pouvait l'être. Il allait devoir se résoudre à accepter cette vie comme elle était.

Le pire… le pire c'est qu'il était prêt à partager ses sentiments avec lui. Il lui avait déjà fait entrevoir plusieurs fois son opinion à ce sujet, mais Bokuto-san en avait trop demandé, trop voulu, et cela trop vite.

Il se releva et partit s'enterrer dans ses draps, essayant de cacher sa tristesse de la meilleure manière dont il était capable.

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Bokuto se maudissait intérieurement. S'il en avait eu l'occasion, il se serait planté un poignard dans le ventre, comme les samouraïs. Il venait non seulement de se déshonorer mais aussi de perdre toute crédibilité auprès d'Akaashi. Il venait sûrement de le perdre à jamais, alors qu'ils avaient été si proches… si proches

Il retourna cahin-caha vers les deux commères qui avaient commencé à cuver dans la petite salle où tout avait dérapé quelques minutes plus tôt.

- Alors ? demanda Konoha.

- J'ai totalement merdé…

- Où est Akaashi ?

- Je ne sais pas… sûrement parti se coucher… Écoutez, j'ai pas trop envie de parler de ça. Je vais y aller aussi. Bonne nuit.

Quand il entra dans le dortoir où la plupart de l'équipe dormait, il chercha aussitôt Akaashi du regard. Il s'était recroquevillé dans son futon et était de dos au sien. Oh comme Bokuto avait envie de lui dire combien il était désolé, de le prendre dans ses bras, de lui demander de le pardonner, de lui dire combien il tenait à lui… Mais il était trop tôt, Akaashi ne devait pas encore avoir digéré le coup qu'il lui avait fait. Que pensait-il de lui maintenant ? Bokuto lui-même comprenait le dégoût qu'il inspirait au brun. C'était comme si son corps avait agi tout seul, sous une impulsion maligne, et éméché comme il était, il ne s'était rendu compte de rien. Imbécile ! Quel imbécile il était !

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Lorsqu'Akaashi se réveilla le matin, il ne se trouvait pas dans les bras de Bokuto-san comme il en avait eu l'habitude ces derniers jours. Bien sûr que cela lui manquait, mais sa douleur était encore trop grande pour qu'il s'autorise le moindre contact avec son aîné. Il le regarda du coin de l'œil : il dormait encore. Le brun se leva et se dirigea vers la salle de petit-déjeuner. Plusieurs furent intérieurement surpris de ne pas voir l'argenté avec le passeur. Normal, personne ne pouvait savoir, mis à part Konoha et Komi.

Ces derniers vinrent s'asseoir à ses côtés.

- Tout va bien, Akaashi ?

Le reste du groupe parlait de son côté. Les deux terminales décidèrent de ne pas hausser la voix pour parler de ce sujet.

- J'ai pas envie d'en parler…

- Bokuto nous a dit la même chose, le prévint le blond. Écoute, on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé entre vous hier soir, mais on tenait à s'excuser… Après tout, c'est nous qui avons proposé ce jeu stupide d'alcool…

- Ce n'est pas votre faute. On aurait dû faire plus attention, c'est tout.

- C'est grave ce qu'il s'est passé entre vous deux ?

- Je vous ai dit : je n'ai pas envie d'en parler.

Vu le ton glacial qu'il avait pris, les deux garçons décidèrent d'abandonner.

- Très bien, comme tu veux… En tout cas, ne va pas t'imaginer des trucs idiots à côté, hein ? Ce qu'on a dit l'autre jour, c'est toujours valable, hein. No selfharm.

Le brun hocha la tête distraitement.

- Au fait, dit Komi, tu te souviens de tout ce qu'il s'est passé hier ? Je veux dire, pendant le jeu ?

- Je ne préfère pas…

- Je pense que ce serait mieux au cas où Bokuto t'en parle. Regarde.

Komi lui montra son portable. Une vidéo était lancée dessus. On voyait Akaashi leur dire quelque chose, pas très frais. Le son n'était pas mis pour ne pas éveiller l'attention des autres. Soudain, le brun prit Bokuto à part, pris son visage dans ses mains et l'embrassa. Il recommença un peu plus tard et ils échangèrent un baiser plutôt passionné.

Akaashi regardait la vidéo sans rien dire. Non, il ne se souvenait plus très bien de cette scène. Il savait qu'il avait dû embrasser son capitaine à un moment donné, mais pas à ce point-là. Il rougit jusqu'aux oreilles. Il finit par détourner le regard.

- Vous voulez faire quoi avec ça ? Me faire chanter ?

- Quoi ? Ça va pas la tête ?! Non, on ne va rien en faire. On la supprime maintenant, d'ailleurs. On voulait juste que tu saches ce qui s'est passé exactement.

- Hm...

Akaashi n'était pas vraiment convaincu, mais il s'en fichait. Il n'en avait plus rien à faire, maintenant.

Bokuto-san arriva finalement et dit bonjour à tout le monde. Akaashi décida de se lever, prétextant d'aller faire ses bagages. En effet, leur petit séjour prenait fin et il fallait commencer à ranger. Cela faisait plusieurs minutes qu'il ramassait ses affaires lorsqu'une voix bien trop familière le fit sursauter.

- Akaashi…

- Je pense que ça serait mieux pour tous les deux si cette conversation ne se produisait pas.

- Je suis désolé, Akaashi, s'excusa quand même l'argenté. Je suis profondément désolé. J'ai agi comme un idiot et… et je m'en veux vraiment. Je n'aurais pas dû te sauter dessus comme je l'ai fait, c'était déplacé et je… je t'ai blessé à tous points de vue.

Le brun se retourna vers son aîné, les yeux brillants.

- Je pensais que je pouvais avoir confiance en toi, Bokuto-san. Tu m'as trahi. Je… je ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé et revenir vers toi comme ça. Il va me falloir du temps et… et je pense que… ce serait mieux qu'on mette un peu de distance entre nous.

Bokuto ne répondit rien. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma aussitôt. Il tourna des talons, la tête baissée, et quitta la pièce.

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Les jours suivants se passèrent sous la même ambiance oppressante. Akaashi ne voulait plus voir Bokuto, et Bokuto ne pouvait plus voir Akaashi parce que ce dernier évitait toute forme d'approche.

Bokuto était très malheureux. Il ne dormait plus la nuit et se doutait qu'Akaashi était dans le même état. L'argenté repensait à toutes ces fois où ils avaient bien failli s'embrasser… et les quelques fois où cela s'était produit. Leur seul souvenir libéra des papillons fanés dans sa poitrine. Il l'aimait. Bon sang ce qu'il l'aimait… mais il avait laissé passer sa chance… peut-être à jamais. Il voyait dans son esprit son passeur s'éloigner doucement de lui et il avait beau tendre la main pour le rattraper, il ne pouvait pas le toucher. Chaque pas fait dans sa direction le faisait s'éloigner : un cercle vicieux, somme toute. Il avait guéri le malheur d'Akaashi par un autre malheur. Comment pouvait-il espérer se racheter après cela ?

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Un matin, alors que le brun rentrait dans la cour de son lycée, un autre problème survint. Il n'avait quasiment pas dormi ces derniers jours et était en proie à la moindre émotion. Cela était difficile d'aller au lycée et faire semblant de prétendre que tout allait bien. Mais bon, il prenait sur lui.

- Akaashi !

Le concerné se retourna, en même temps que toutes les personnes environnantes. Cette voix, il l'avait reconnue entre toutes.

- Espèce de connard !

Ça y est, cette conne allait lui faire un scandale en plein milieu du lycée. Il tourna des talons pour poursuivre sa route.

- Hé ! Tu m'ignores pas, ok ?

- Anoke, lâche-moi, on n'a rien à se dire.

- Rien à se dire ? Ah tu crois ?

Il continuait à marcher, Anoke à ses basques. Il ne répondit rien.

- Je t'ai dit que t'allais pas t'en sortir aussi facilement ! Kouri va venir te faire la peau !

- Ah ? Avant de créer des histoires, je pense que tu devrais essayer de te remettre en question.

- Inverse pas les rôles ! C'est toi l'imbécile de l'histoire ! C'est toi qui m'a fait souffrir !

Akaashi leva les yeux au ciel et soupira. Ses propos étaient tellement stupides et dénués de sens qu'il n'avait pas envie de perdre son énergie à y répondre. Il partit vers sa salle de classe. Anoke le suivit en lui criant dessus, faisant se retourner au passage tous les élèves présents dans le couloir.

- Tu vas regretter de m'avoir planté comme tu l'as fait ! Tu es sans cœur ! Sans personnalité ! Sans rien ! En fait, tu avais juste peur ! Peur que la seule personne qui t'accepte t'abandonne ! Maintenant, plus personne n'aura de pitié pour toi ! Kouri va bien te le faire comprendre ! Tu vas voir, il va te mettre en pièces ! En pièces !

- Fais ce que tu veux, ça ne m'atteint pas.

Voyant qu'elle n'arrivait pas à l'énerver un tant soit peu, la lycéenne joua sa dernière carte.

- Oh, tu crois ? Regarde (elle lui montra son portable avec une page web ouverte dessus) : j'ai posté toutes les photos que j'avais de toi et j'ai expliqué ce que tu m'avais fait. Je peux te dire que tout le monde se lâche, et la plupart sont des gens sont du lycée ! « Quel enculé, cet Akaashi ! Moi qui pensait que c'était un mec bien… », « Qu'il aille brûler en enfer ! », « Je vois bien le genre de mec que c'est : juste parce qu'il a un joli minois, tout le monde est à ses pieds, et il profite de la situation », « Va mourir Akaashi ! », « Belle gueule, cœur pourri ! », « Va te suic- »

Anoke fut interrompue dans sa lecture de commentaires par le passeur qui la poussa violemment loin de lui. Elle se cogna contre le mur, pas assez fort au goût d'Akaashi qui ne l'avait poussé que très légèrement. Il saisit son portable et le jeta au sol. Il tapa du poing tout près du visage de la jeune fille et la toisa froidement de son mètre quatre-vingt-deux. Jamais il n'avait employé le ton avec lequel il lui parla :

- Écoute-moi bien, sale petite prétentieuse. J'en ai marre que tu me fasses perdre mon temps. Au lieu d'inventer des histoires, va plutôt essayer de te construire une vie, et de laisser les autres en paix. Toi et moi, on sait que tout ce que tu as dit sur mon compte est faux, alors si tu ne veux pas que tout le monde découvre celle que tu es vraiment, je te conseille d'enlever les mensonges que tu as publiés. Je ne pense pas que tu aies envie de me voir énervé.

Anoke était sans voix. Elle le regardait comme un animal apeuré. Il dit ces derniers mots plus bas et insista bien sur chacun d'entre eux :

- Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

Il la regarda droit dans les yeux pour percer son regard. Il hocha la tête, terrifiée. Puis le passeur s'en alla, la laissant crispée contre le mur comme une idiote. Mêmes les élèves autour d'eux n'osaient plus faire un geste. Akaashi était quelqu'un d'extrêmement calme en temps normal, alors le voir s'énerver d'un coup était vraiment choquant… Et encore, s'énerver n'était pas vraiment le terme exact, il était trop calme justement. Et c'était ça qui était terrifiant, une aura glaciale se dégageait de lui. Même si personne n'avait compris ce qui était en train de se passer, ils comprirent que cette histoire était loin d'avoir peu d'importance.

Le passeur rentra dans sa classe et s'assit à sa place, cette même aura se dégageant toujours de lui. Personne n'osa s'approcher de lui, encore moins lui parler. Tant mieux, Akaashi était dans un état qui ne permettait pas le dialogue. Il en avait marre que cette pinbèche vienne lui chercher des problèmes. Encore plus en ce moment, il en avait déjà assez à s'occuper. Son esprit vagabonda jusqu'à trouver l'image de Bokuto-san. Sans qu'il ne s'en aperçoive, son expression se fit plus douloureuse. À cet instant précis, il aurait tout donné pour qu'il soit là à le réconforter, à lui dire d'ignorer Anoke, à lui dire de ne pas être touché par ce qu'elle pouvait lui, à lui dire qu'il avait tellement de valeur, à lui dire qu'il comptait pour lui, à le laisser aller à ses émotions, à le prendre tout contre lui… à caresser ses cheveux… à rapprocher son visage du sien… à briser les lois du temps… à venir effleurer ses lèvres des siennes… à le faire languir d'attente… à finalement les unir-

Il se reprit en sursauts, à quoi pensait-il ? Non, tout cela n'était plus possible parce qu'il avait rejeté l'argenté. Leur destin était déjà écrit. C'était comme ça. Ils ne pouvaient plus revenir en arrière.

La matinée était passée à une vitesse fulgurante. Akaashi n'avait eu de pensées que pour le capitaine de son équipe. Cela faisait quatre jours qu'ils ne s'étaient pas adressés la parole. C'était dur à supporter. Keiji ne savait pas s'il pourrait encore tenir longtemps sans lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Bien sûr qu'il savait que l'alcool n'y était pas pour rien, mais les mots y étaient et même si le brun voulait lui pardonner, lui pardonner de tout son cœur, il ne s'en sentait pas le courage. Empêtré dans les fils du destin, nous ne sommes plus que des pantins à sa charge, essayer de nous en libérer nous emmêle encore plus dedans, alors à quoi bon lutter ?

L'entraînement de volley arriva assez vite.

Comme avant chaque entraînement, il allait courir autour du terrain de sport qu'il y avait dans leur lycée. Courir en plein Tokyo était juste du suicide, autant profiter de la piste de course du lycée. Akaashi avait préféré rester à l'écart du groupe. Pour leur bien. Pour le bien de Bokuto. Et pour son propre bien en priorité. Il courait donc derrière le groupe, tout en ruminant une fois de plus ses malheurs.

Soudain, de derrière un des buissons qui bordait le terrain, deux mains le saisirent en le tirèrent dedans. Akaashi fut sonné l'espace d'une seconde jusqu'à ce qu'il reconnaisse ce qui allait être son agresseur : Kouri. Il devina tout de suite qui l'avait envoyé et ce qu'il s'apprêtait à lui faire.

Kouri était quasiment aussi baraqué que Bokuto-san, Akaashi allait avoir du mal à lui échapper. Soudain, sans même un mot, le garçon lui décocha un poing en plein visage. Akaashi eut l'impression que sa joue explosa. Il sentit le sang affluer dans sa bouche. Un poids léger et oppressant enveloppa sa joue. Il n'eut pas le temps de parler qu'un autre coup dans le ventre lui ôta tout souffle. Il se plia en deux, incapable de crier pour appeler à l'aide. Kouri, toujours sans un mot, comme une machine (comme Terminator penserai plus tard Akaashi), lui assenait des coups. Il essayait de se défendre, mais c'était peine perdue il n'était pas en position de faire la moindre tentative. Après quelques minutes il arrêta, et balança Akaashi comme on balance les ordures de l'autre côté du buisson. Le brun se releva et boîta jusqu'au groupe.

- Akaashi ! T'étais passé où ? demanda Konoha.

- C'est quoi ces blessures ? S'inquiéta Shirofuku.

- C-… C'est rien…

Il vit Bokuto-san vouloir aller vers lui, mais hésiter. Akaashi n'était pas prêt… pas maintenant. Heureusement, la manager lui sauva indirectement la mise.

- Viens avec moi, on va aller désinfecter tout ça…

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- Il s'est fait tabasser, déclara Washio quand Shirofuku et Akaashi furent partis.

- Oui, ça m'en a tout l'air…, renchéri Konoha. Qui pourrait bien lui en vouloir ? Akaashi est quand même le dernier mec de la Terre à avoir des embrouilles ! C'est impossible que ce soit Anoke, il ne l'aurait pas laissé faire, et elle n'aurait pas été capable de faire ça !

- Kouri… souffla Bokuto.

- Quoi ?

- C'est Kouri, son nouveau mec. Elle trompait Akaashi avec, déjà. Elle lui a fait des menaces et elle vient de les mettre à exécution…

- Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, renchérit Komi, mais ce matin, Akaashi s'est pris la tête avec Anoke, mais genre vraiment sérieusement. Il était super flippant à ce qu'on m'a dit.

- Si je croise l'un ou l'autre, je vous jure que je me les faits ! S'énerva Bokuto.

- Calme-toi, on n'a aucune preuve de toute façon…

- Je me fiche d'avoir des preuves ! Anoke est tellement stupide et rancunière qu'Akaashi pourrait vraiment être en danger !

Personne ne répondit rien à cela. Bien sûr qu'ils s'inquiétaient tous pour le passeur. Ils allaient le surveiller pour être sûrs que rien ne lui arrive.

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La manager et le passeur étaient à l'infirmerie. Il n'y avait personne d'autre qu'eux. Tout le chemin s'était fait dans le silence. Ils étaient entrés et la rousse avait demandé au brun de s'assoir. Elle lui avait donné une poche de glace pour sa joue, un bleu commençait à y éclore. Elle regarda son état : il avait des écorchures sur les jambes, sur les bras et sur le visage. Elle avait commencé à le désinfecter, toujours dans le silence. Elle voyait bien qu'il était mal. Qu'il était très mal même. Konoha et Komi lui avaient vaguement expliqué qu'il était arrivé quelque chose entre lui et Bokuto et qu'ils ne se parlaient plus depuis lors. Elle avait bien senti le changement d'atmosphère le jour où ils étaient repartis de leur week-end. Depuis, c'était la guerre froide entre ces deux-là. Elle avait compris que c'était surtout Akaashi qui en voulait à Bokuto puisque ce dernier semblait avoir envie d'aller lui parler. Elle s'arrêta un instant dans ce qu'elle faisait et observa le brun. Son regard était baissé et il regardait un point sur le côté tout en tenant d'une main la poche de glace. Il était à bout, cela se voyait. Ça devait faire plusieurs nuits qu'il ne dormait plus correctement, vu les cernes qu'il avait sous les yeux. La jeune fille ne pouvait pas rester là à rien faire et laisser son cher petit cadet souffrir dans son coin. Elle se remit à le soigner et lui dit :

- Si tu as quelque chose à dire, je suis là pour écouter, si tu veux.

- Je n'ai rien à dire, répondit-il sur un ton monotone.

- C'est pas la grande forme en ce moment, hein ?

- Pas vraiment, non…

- Anoke ?

- Entre autres…

- Bokuto ?

Akaashi ne dit rien. Son regard devint plus douloureux et il se mordit la lèvre.

- Tu sais, quoi qu'il t'ait dit ou quoi qu'il t'ait fait, il ne le pensait pas.

- … il y a toujours une part de vérité…

- Akaashi.

Elle s'assit à côté de lui sur le lit et entreprit de soigner ses bras. Elle continua :

- Cela fait longtemps que je connais Bokuto et je peux t'assurer que lorsqu'il apprécie grandement quelqu'un, jamais, mais alors jamais il ne dira ni ne fera quoi que ce soit qui puisse blesser cette personne. Si c'est quand même arrivé, alors dis-toi que les évènements ont influencé ses paroles. Bokuto tiens beaucoup à toi, tu n'as pas idée à quel point. Jamais il ne ferait la moindre chose qui puisse nuire à votre relation, il aurait trop peur de te perdre.

- Alors… c'est moi l'imbécile dans l'histoire…

- Non, Akaashi, loin de là. Ta réaction est normale. Tu as le droit de lui en vouloir, c'est même normal. Mais saches que si tu souffres, lui aussi souffre dans son coin. Je suis sûre qu'il sait qu'il a fait une bêtise, il n'est pas du genre à ne pas prendre conscience de ses actes. Même par rapport à nous, il est mal à l'aise, ça se voit et ça se sent. Ce n'est pas pour le défendre que je dis ça. C'est juste à titre informationnel.

Elle le regarda fixer le sol, le regard rempli de chagrin.

- Il te manques, n'est-ce pas ?

Les traits d'Akaashi se contractèrent et son expression se fit encore plus douloureuse qu'elle ne l'était déjà. Il hocha la tête et ses yeux se firent plus brillant que jamais. Elle lui avait dit tout ce qu'elle avait à lui dire et espérait que cela puisse le rassurer.

- Akaashi, quand tu sentiras que ce sera le moment, va lui parler. Dis-lui tout ce que tu as sur le cœur. Tu verras, tu iras beaucoup mieux après.

Elle lui sourit avec bienveillance. Il hocha de nouveau la tête, toujours sans la regarder. Qu'est-ce que la manager ne ferait-elle pas pour voir cette histoire d'amour finir comme elle l'espérait ?

- Allez, on y retourne, déclara-t-elle doucement.

Elle se leva, sortit dans le couloir et attendit son cadet. Elle regarda quand même discrètement dans l'encadrement de la porte, et tant mieux pour elle, Akaashi était de dos. Elle le vit s'essuyer les yeux avec le revers de son bras. Il se leva à son tour et la rejoignit.

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L'entraînement se fit normalement. Akaashi voyait bien que ses coéquipiers s'en faisaient pour lui, il voyait leurs regards inquiets sur lui. Après tout, ils étaient honnêtes avec lui, il avait eu tort de douter une fois de plus d'eux. Shirofuku-san avait raison : à un moment donné, il devrait s'expliquer avec Bokuto-san. S'il ne faisait rien, la fin de toute cette histoire ne serait sûrement pas heureuse. Akaashi ne savait juste pas combien de temps attendre. Ce qu'il avait fait était grave et il ne pouvait pas revenir vers lui comme si de rien n'était… seulement, il en souffrait, il en souffrait de trop. Toutes les nuits, il faisait le même rêve : il reparlait à Bokuto qui le serrait dans ses bras et le câlinait. À un moment donné, il relevait son menton et l'embrassait doucement sur les lèvres. Venait ensuite un regard dans lequel on pouvait lire beaucoup d'amour. C'était un beau rêve, il est vrai. Mais c'était aussi un faux rêve. Après ce qu'il s'était passé, jamais plus ils ne pourraient avoir la même relation.

Keiji rentra chez lui une fois l'entraînement terminé. Seul. Il n'avait toujours pas été parlé à son aîné. Parce qu'en définitive, il attendait que ce soit lui qui fasse le premier pas…

Alors qu'il était perdu dans ses songes, il ne vit pas l'ombre se profiler derrière lui.

Elle se jeta sur lui.

Il ne put rien faire.

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Bokuto avait un présentiment. Si Kouri – parce qu'il était sûr qu'il s'agissait de lui – avait passé Akaashi à tabac, il était capable de faire bien pire si Anoke le lui demandait. Ils en avaient parlé pendant qu'Akaashi était parti se faire soigner avec la manager. Demain, ils iraient tout raconter au proviseur. Pas question que ces deux-là s'en sortent indemnes. Seulement, son inconscient lui criait que ce n'était que le début. Raisonnant que l'affaire se terminerait le lendemain (car oui, les deux autres devaient se douter que l'équipe de volley savait ce qu'ils avaient fait et qu'ils allaient ébruiter l'affaire), Bokuto en déduis que le prochain coup allait arriver ce soir. Akaashi était parti très rapidement. Heureusement que Bokuto savait où le brun habitait. Il prit son chemin en marchant tout de même assez rapidement.

Il tourna à un angle et se pétrifia. Son cerveau ne mit cependant pas beaucoup de temps à redémarrer. Kouri était là. Il avait saisi Akaashi à la gorge et le tenait en ce moment-même au-dessus du sol. Le brun essayait de se débattre, sans aucun résultat, ses jambes ne touchaient que de l'air. Ses forces diminuaient trop rapidement pour qu'il puisse faire la moindre chose.

Bokuto arriva si rapidement sur Kouri que celui-ci ne le vit qu'au dernier moment. Il lui décocha un coup de poing d'une violence qu'il ne se connaissait pas. Kouri lâcha Akaashi qui tomba lourdement au sol. Kouri, un peu sonné, se jeta sur Bokuto, prêt à en démordre. La colère de Bokuto était si grande que l'adrénaline lui donna une force surhumaine. Il arrêta le poing de Kouri, lui donna un violent coup de genou dans le ventre et un autre coup au visage. Il le repoussa d'eux avec un coup de pied. Kouri détalla comme un lapin, ayant compris qui était le plus fort des deux.

Bokuto reporta son attention sur son ami qui était à terre.

- Akaashi !

Il était assis sur le sol, se tenait la gorge et essayait de remplir de nouveau ses poumons. Sa respiration était rauque, presque sifflante. Il releva la tête et vit son sauveur. Il ne le quitta pas du regard pendant quelques instants et ses yeux ne tardèrent pas à s'embuer de larmes.

- Bo… Bokuto-…san…

- Tout va bien maintenant, je suis là. Il ne reviendra pas après la râclée qu'il s'est pris.

Bokuto l'enlaça pour le rassurer et Akaashi s'effondra en larmes. Il avait si peur, en l'espace d'un instant il avait presque vu sa vie défiler devant ses yeux. Si Bokuto n'était pas arrivé à temps, il aurait pu y rester ou en garder de sérieuses séquelles. Sa gorge le brûlait, mais ce n'était rien à côté de ses poumons.

- Akaashi, veux-tu que j'appelle les secours ?

- N-Non… laisse… laisse-moi juste… un peu de temps…

L'argenté couvrit le corps de son ami de caresses. Au bout d'un moment, le brun décidant qu'il allait un peu mieux, lui dit, toujours en pleurs :

- Je… suis désolé… Je n'aurai jamais dû essayer de couper les ponts entre nous… Je… Je t'aime tellement, mais… mais après ce qu'il s'est passé, je… tout s'est embrouillé et… et ça m'a rendu encore plus malheureux… Je-… Je ne veux plus-… être séparé de toi…

- Arrête de t'excuser… C'est-… C'est moi qui devrait le faire. J'ai agi de la manière la plus stupide qui soit et… jamais je ne pourrai assez m'excuser pour que tu me pardonnes complètement.

- Je… je n'en peux plus de cette situation… je veux rester à tes côtés…

Après ces mots, il enlaça son aîné au cou.

Au bout d'un moment, Bokuto aida Akaashi à se relever. Il le raccompagna chez lui. Sur le pas de sa porte, le brun lui dit.

- Merci de m'avoir sauvé…

- Si tu ne te sens pas bien, tu m'appelles, hein (il imita son téléphone avec la main) ! J'arriverai aussi vite que possible !

- D'accord, c'est promis.

- Bon… eh bien, je vais y retourner.

Il prit la direction de la rue.

- Oublie pas, appelle-m-

- Bokuto-san !

L'argenté fut surpris de comment son cadet venait de l'interpeller, c'était comme s'il avait oublié de lui dire quelque chose d'important. Il se retourna.

- Est-ce que… ça te dirait d'entrer ? Juste quelques minutes ?

Bokuto lui sourit doucement. « Allons-y ».

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Ils s'étaient installés sur le canapé du salon. Bokuto avait été préparer du thé après avoir demandé au passeur où se trouvait le matériel. Il revint avec deux tasses qu'ils sirotèrent lentement.

- Tu te sens un peu mieux ?

Le brun hocha la tête.

- En revanche, je ne sens pas vraiment la journée de demain…

- Ne t'en fais pas, si jamais Kouri essaye quoi que ce soit, je serai là pour le stopper !

- Il n'y a pas que ça… Anoke a déjà commencé à me pourrir mon image.

- Qu'est-ce qu'elle a fait ?

- Elle a publié une fausse histoire sur le net et des élèves de Fukurodani m'ont incendié en commentaire, du genre assez agressif…

Le brun avait posé sa tasse sur la table et fixait douloureusement ses mains – qu'il était en train de triturer – posées sur ses cuisses. Bokuto le remarqua aussitôt.

- Tu as l'adresse IP de cette histoire ?

- Sur son Facebook je crois…

- Elle va avoir une surprise demain.

- Quand elle m'a lu tous ces commentaires… j'ai fait semblant de ne pas être touché, mais… mais en réalité, ça fait vraiment mal…

Avant qu'il ne craque, parce que Bokuto sentait qu'il allait craquer, il se rapprocha de lui et colla l'épaule du passeur contre son torse. Il l'enlaça tendrement. Cela lui faisait bizarre après autant de jours à ne plus le sentir contre lui.

- Tout ça, ce sont des conneries, Akaashi. N'écoute pas ce que les gens disent sur internet. On leur vend de la fausse information et ils tombent tous dans le panneau.

- Tu sais, reprit Akaashi, à ce moment-là, je veux dire, après qu'elle m'ait dit ça, je… j'ai vraiment espéré que tu viendrais me réconforter…

Bokuto ne répondit rien. Il savait très bien la raison pour laquelle il n'était pas venu et que tout ça était de sa faute. Le moment des explications allait arriver plus vite que prévu. Ils ne dirent rien pendant un moment. Puis le brun déclara soudain :

- Tu n'aurais pas dû faire ça, Bokuto-san…

- Non... C'était la chose la plus stupide que j'ai jamais faite de ma vie. Akaashi…

Il se leva du canapé et s'agenouilla sur le sol devant le brun, et colla son front sur le tapis.

- Accepte mes plus plates excuses. Je sais que je t'ai dégoûté, sûrement pas au point où je me dégoûte à l'heure actuelle, et jamais je ne pourrais assez m'excuser pour les gestes que j'ai faits et les mots que j'ai dits.

- Bokuto-san…

- Il me faudra sûrement plus d'une vie pour que tu me pardonnes totalement, mais saches que si je pouvais remonter le temps, je ferai en sorte que tout ce qui s'est passé ne se reproduise pas.

- Redresse-toi… je t'en prie…

Akaashi souffla un moment, un peu tendu par l'atmosphère.

- Oui, il me faudra sûrement du temps, comme tu dis… Mais d'ici là, je veux qu'on recommence à vivre des choses ensemble. Je… Je ne m'imagine pas vivre une vie où tu n'es pas dedans.

Bokuto releva la tête et le regarda un instant. Il sourit un peu, rassuré que le brun ne l'ait pas rejeté de sa vie. Lui aussi voulait continuer à vivre des choses avec lui, et quelque chose lui disait que les choses positives qu'ils avaient vécues à l'auberge allaient grandement évoluer dans les mois à venir.

x.X.x

Bokuto repartit chez lui après ça. Les deux garçons se quittèrent le cœur plus léger. Cependant, une ombre planait toujours sur le pauvre passeur. Son calvaire était loin d'être fini. Il commençait à aller mieux vis-à-vis de sa tentative de meurtre, mieux physiquement du moins. Il pensa à ce qui allait lui arriver le lendemain. S'il se retrouvait au mauvais endroit, au mauvais moment, il pouvait y rester.

Différents scénarios lui envahirent l'esprit à tel point qu'il ne put fermer l'œil de la nuit. Lorsqu'il y arrivait, c'était pour se réveiller en sursaut, assailli par des cauchemars terrifiants.

De son côté, Bokuto pensait à la manière dont il allait gérer ce satané Kouri pour qu'il ne blesse pas Akaashi. Et aussi une manière de coincer cette Anoke. Il partit regarder ce qu'elle avait posté sur Akaashi sur internet. Elle n'y était pas allée de main morte, cette garce. Même ses récits n'étaient pas cohérents : un coup, elle disait qu'Akaashi était « trop coincé pour coucher » et l'autre, qu'il « lui avait littéralement sauté dessus alors qu'elle lui avait dit non ». Ce n'était que des mensonges de ce genre. Il était d'ailleurs étonné que ses lecteurs n'aient rien remarqué, à part un ou deux ayant relevé ces petites erreurs…

Mais cette fille oubliait une chose : Bokuto aussi avait des informations compromettantes à son sujet. Est-ce qu'il comptait s'en servir ? Eh bien… comme on dit, œil pour œil, dent pour dent.


Le prochain chapitre sera sûrement le dernier.

J'attends vos impressions ! Je posterai le prochain chapitre quand j'aurai eu des retours ;)

Sur ce, j'espère que ce chapitre vous a quand même plu et à la prochaine !