Résumé de « La Grande Perturbation (Partie 1) » : Harry va passer sa dernière année à Poudlard. Il est enfin débarrassé de son ennemi, mais une ultime tuile lui tombe dessus avant qu'il ne puisse atteindre le bonheur. Créature!fic. Slash. Drarry.

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Genre : Romance / Friendship

Rated : M : Relations homosexuelles explicites (dès le 2ème chapitre) – mots violents – viol (chapitre 6).

Contexte : Post-tome 7 (sans prise en compte de détails mineurs de la Bataille Finale). Ne prend pas en compte l'épilogue. Seules autres différences majeures avec le canon : la majorité sorcière est à 18 ans. Colin Crivey n'est pas mort.

État de la fiction : partie 1 terminée (8 chapitres) soit 30 000 mots, partie 2 sous forme de notes résumées (devrait être à peu de chose près de la même taille).

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Chapitre 1

Drago était arrivé seul sur la voie 9 ¾. Seul, comme il l'était depuis la fin de la guerre. Il vivait seul. Son père était mort pendant le combat de la main d'un Auror et sa mère était enfermée à Azkaban. Si elle n'avait pas reçu le baiser des détraqueurs, c'était uniquement grâce à Harry qui avait transmis au Ministère le geste qu'elle avait eu le soir de la bataille, dans la Forêt Interdite.

Heureusement, Drago avait atteint sa majorité peu avant la fin de l'année précédente et il avait déjà reçu tout son héritage ainsi que les pleins droits sur le manoir et toutes les propriétés Malfoy. Ça lui avait surtout servit à ne pas être envoyé chez un tuteur, un quelconque membre de la famille lointaine qu'il ne connaissait pas et n'avait pas envie de connaître.

Ainsi, après le jugement de sa mère, il avait emménagé dans l'un de ses manoirs. Il n'était pas retourné dans celui où il avait grandi. Trop de mauvais souvenirs. Il en avait choisi un, un peu plus petit mais beaucoup plus chaleureux, avait demander à ses elfes de maison de détruire tous les artefacts de magie noire qui étaient disséminés dans toutes ses propriétés et rassembler tous les livres dans celui où il avait emménagé, laissant seulement les doubles, triples, voire quadruples exemplaires à leur place. Tous les objets de valeur sentimentale, très peu nombreux en vérité, qui étaient dans son ancien manoir avaient été placés dans son coffre avant qu'ils ne soient vendu avec tous les autres objets luxueux. Tous autant qu'ils furent, ils lui rappelaient indéniablement son ancienne vie et tous les malheurs qui l'accompagnait.

Un psychologue n'aurait sûrement pas approuvé qu'il se coupe si drastiquement de son enfance, mais lui en avait besoin pour tourner la page et surtout reprendre une vie qu'il voulait saine et heureuse.

Après le mois de mai, qui avait été consacré à l'après-guerre, aux enterrements, commémorations et discours officiels, il avait passé son été à régler tous les problèmes juridiques et administratifs concernant son héritage. Les deux seules interruptions dans son programme très chargé avaient été le procès de sa mère et la cérémonie de commémoration pour les morts au combat du Ministère.

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Il était tout juste 9h et seules deux ou trois familles étaient déjà présentes sur le quai. Il monta donc dans le train et s'installa dans un compartiment. Une fois sa valise placée dans les filets, il sortit un livre et patienta. Il n'eut cependant pas à attendre longtemps avant qu'un jeune homme châtain aux yeux bleu foncé ne frappe à la vitre.

Drago redressa la tête et lui fit signe d'entrer.

- Théo ! Content de te revoir.

Le jeune homme lui sourit et lui offrit une brève étreinte.

- Vivre seul n'est pas des plus agréables. Je suis heureux de revenir à Poudlard.

Théodore Nott était dans la même situation que Drago. Sauf que lui était désormais orphelin. Sa mère étant décédée lorsqu'il était enfant, son père était son dernier parent avant qu'il ne meure, lui aussi, de la main d'un Auror pendant le combat final. Ainsi, il avait également été très pris durant son été, entre les démarches administratives pour son héritage et son emménagement dans son ancien manoir. Il n'avait pas de nombreuses propriétés, il n'était pas aussi riche que les Malfoy. Les quelques autres maisons qu'il possédait se trouvaient à l'étranger, mais il voulait finir sa scolarité à Poudlard. Et surtout, plus que tout, il ne voulait quitter l'Angleterre et les seuls amis qu'il avait.

Drago observa son ami s'installer et sortir, lui aussi, un bouquin. Théo n'était pas bavard, c'était même plutôt le contraire. Il était très discret et ne parlait que quand c'était utile. Une personne très curieuse, souvent plongée dans les livres. Certes, taciturne, mais un ami cher qui avait accompagné le blond et son groupe de Serpentard dès sa première année. Il était souvent de bon conseil. Très rusé et sachant faire preuve de tactique, il avait de nombreuses fois sortit ses amis de situations peu commodes. Et c'était, en outre, un excellent confident.

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Le train se remplissait doucement, mais personne ne vint les déranger. Près d'une heure et demi s'était écoulée quand un grand garçon, noir de peau aux yeux étonnement clairs, pénétra sans frapper dans leur compartiment.

- Salut les mecs ! Heureux de vous revoir !

Si Drago Malfoy était souvent qualifié de « Prince des Serpentard » par les élèves de sa propre maison et donc du « plus Serpentard de tous », Blaise Zabini était de toute évidence son contraire. Son caractère enjoué réchauffait souvent l'ambiance glaciale des cachots. Il était pourtant le meilleur ami du blond.

- Blaise, le salua simplement Drago en se levant pour lui donner une accolade, tandis que Théodore hochait de la tête sans relever le nez de son livre.

- Qui d'autre doit venir ? Demanda-t-il.

- Je crois que nous serons les seuls redoublant, mon ami, répondit Drago.

- C'est triste, dit Théo toujours plongé dans son histoire.

Les deux garçons encore debout rangèrent les bagages du nouvel arrivant dans le silence jusqu'à ce que le blond reprenne en s'asseyant :

- Seule Greengrass aurait pu revenir, seulement ses parents ont préféré quitter le pays.

Blaise acquiesça.

- Drago, tu m'as dit, dans une de tes lettres, que tu avais quelque chose à me dire, mais que tu préférais le faire de vive voix.

Théo releva la tête et jeta un regard à Drago.

- Dois-je vous laisser un instant ?

- Pas la peine, mon ami. Tu peux entendre ce que j'ai a dire, répondit le blond en lui souriant. J'ai entièrement confiance en vous pour garder cela secret.

Ses deux amis hochèrent la tête. Drago lança un sort d'intimité sur leur compartiment et se lança :

- Bien. Vous le savez, comme vous, j'ai passé l'âge de la majorité magique. J'ai donc reçu mon héritage.

Il souffla puis continua :

- Hormis le fait que j'ai acquis plus de puissance, comme tout sorcier qui se respecte, j'ai aussi appris que certains gènes qui sommeillaient dans mon ADN s'étaient réveillés …

- Drago, cesse de tourner autour du pot, pour une fois, et dis-nous, par Merlin, quel héritage tu as reçu ! Fais-tu parti de ceux touchés par la Grande Perturbation ? Le pressa Blaise.

Le train siffla trois fois et s'ébranla alors qu'il démarrait.

- Oui. Je suis un Veela.

Un silence accueilli la nouvelle. Théodore le regardait d'un air songeur et Blaise avait écarquillé les yeux. Ils savaient parfaitement tous les trois ce que cela signifiait.

- Est-ce-que ça va ? Demanda Théo.

Drago le regarda. Il n'y avait qu'avec eux deux qu'il arrivait à être totalement détendu et confiant. Eux seuls connaissaient son véritable visage et recevaient ses souries sincères. Avec eux, pas besoin de porter de masque ni de cacher ses sentiments.

Il lui sourit et le rassura :

- Oui, je ne sens qu'un faible tiraillement dans la poitrine et j'ai une envie irrépressible de faire le beau, mais ça va.

- Ce n'est pas comme si tu n'avais pas toujours été impeccable devant du public, pouffa Blaise. Tu passes déjà une heure dans la salle de bain chaque matin ! J'espère que tu ne vas pas monopoliser la salle d'eau plus longtemps maintenant que t'es une foutue créature de séduction !

- Merci pour ton soutient, Blaise. Je ne te remercierais jamais assez, répondit Drago de façon théâtrale.

Théodore sourit et replongea dans son livre tandis que Blaise continuait à charrier le blond.

- Comment est-ce arrivé ?

Drago lui jeta un regard de connivence.

- Je sais comment c'est arrivé, souffla Blaise. Comment ça s'est passé, je veux dire ?

Le blond prit une inspiration, regarda son ami dans les yeux et fit un sourire en coin.

- Tu veux des détails, hein ?

- Yep !

Drago ricana.

- Et bien … Tout a commencé une sombre nuit de printemps, un fameux 5 juin 1998 …

- Oh, je t'en prie Dray ! Accouche !

Drago rit franchement et même Théodore, toujours plongé dans son livre, sourit au son cristallin.

- Très bien, très bien. En fait, le jour même, je n'ai pas vu de grandes différences. Mon physique avait un peu changé, mais ça n'était pas flagrant. J'ai gagné quelques centimètres, un ou deux, rien d'extraordinaire …

- Ouais, enfin, tu mesurais déjà 1m85 donc bon …

- Mmm oui … Tu me laisses finir ou je me tais ?

- Vas-y, tête de mule !

- Donc. J'ai grandi, mais je me suis surtout développé musculairement. Et, clou du spectacle, ma peau déjà si belle est devenue parfaite !

Blaise éclata de rire.

- Et tes chevilles, elles n'ont pas enflé, elles ?

- C'est le propre d'un Veela très cher, rétorqua Drago avec un sourire en coin et les yeux pétillants.

- Et ensuite ?

- La suite est moins glorieuse. Le lendemain je me suis rendu à Gringott pour mettre à jour des papiers. J'ai cru que j'allais mourir étouffé sous une marée humaine.

Blaise haussa un sourcil.

- Je n'avais encore rencontré personne depuis mon héritage, alors quand je suis sorti et que j'ai transplanné directement sur le chemin de Traverse … Tu imagines la suite.

- Quelle idée de plonger dans la foule, aussi ? Ne pouvais-tu pas commencer par une seule personne ? Tu aurais appris à maîtriser ta transformation !

- Certes. Mais je ne m'étais pas rendu compte de ma transformation.

- Aïe !

- Comme tu dis. C'est donc en pleine rue, à une heure de pointe, que s'est révélée ma nouvelle nature.

Le noir grimaça.

- Et maintenant, tu maîtrises ?

- Évidemment.

- Montre !

Drago leva les yeux au ciel. Il se débarrassa de sa cape, se leva et ferma les yeux. Théo avait posé son livre et l'observait intensément, comme Blaise.

Le blond, après quelques secondes dans un silence total, se mit à briller, littéralement. Sa peau était comme source de lumière, lumineuse. Il rouvrit les yeux et ceux-ci, déjà d'un gris peu commun à l'origine, étaient étincelants, époustouflants. Son dos se cambra soudainement et, en un mouvement, de grandes ailes d'un noir de jais surgirent, perçant sa chemise, et envahirent l'espace. Sa magie tourbillonnait autour de lui, comme une aura des plus attractives. Tout son corps appelait les regards.

Puis Drago s'ébroua et son aspect redevint normal, jusqu'à son vêtement qui retrouva son état originel. Théo cligna des yeux et reprit son livre.

Drago le regarda bizarrement. Blaise, lui, bavait presque.

- Ferme la bouche, Blaise ! Se moqua gentiment Drago.

Voilà qui était plus normal comme réaction. La transformation avait le pouvoir d'hypnotiser quiconque jetait son regard sur lui. Comment son ami aux cheveux châtain arrivait-il à s'en défaire aussi facilement, c'était un mystère.

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Après avoir fait le discours habituel de bienvenue aux nouveaux élèves et de bon retour aux anciens, la nouvelle directrice, le Professeur McGonagall, entama une harangue sur la nécessité d'entente et d'entraide entre tous les élèves, de toutes les maisons comme de toutes les années. Les élèves, ceux qui avaient choisi, eux ou leurs parents, de revenir à Poudlard au lendemain de la guerre s'étaient préparés à entendre ce genre de paroles, mais les mots qui suivirent en surprirent plus d'un.

- Les nombreux sortilèges, maléfices, qu'ils aient été utilisés pour se battre, pour se défendre, pour se protéger, … Les abominations, tortures et meurtres qui ont été perpétrés, … Les sacrifices et actes héroïques, trahisons ou alliances que ce soit chez les moldus, les sorciers ou les créatures magiques, quelles qu'elles soient … La guerre qui a agité notre monde ces dernières années a chamboulé la magie jusque dans son noyau.

McGonagall fit le tour de la salle de son regard perçant et repris, toujours aussi solennelle.

- Et celle-ci, pour se remettre, pour rééquilibrer les forces, a agi de son plein gré. Ce genre d'événements s'est déjà produit au cours des siècles. C'est lors de l'un d'entre eux qu'a été créée cette école. Aujourd'hui, cela se manifeste d'une tout autre manière. Les Grandes Perturbations magiques de ces dernières années ont conduit au réveil d'un nombre particulièrement importants de gènes de créatures magique.

Elle laissa ses élèves accusé le coup, puis continua :

- Peut-être connaissez-vous déjà quelqu'un qui a senti des changements, ou bien vous-même, chez les élèves de huitième année, avez éprouvé des modifications dans votre morphologie ou dans votre caractère.

Tous les élèves se tournèrent vers les plus âgés, les quelques rares qui avaient redoublé leur septième année par choix ou obligation.

- Pour tous ceux qui sont dans ce cas-là, vous pouvez demander des informations à l'infirmerie. Madame Pomfresh vous renseignera sur chacune d'entre elles. Pour les élèves ayant connu leur majorité magique et qui sont sujet à une transformation, qu'elle vous soit connue ou inconnue, je vous demande de vous rendre, en toute discrétion, si vous le souhaitez, dans mon bureau à la fin de cette soirée.

Le brouhaha dans la grande salle se faisait de plus en plus bruyant.

- S'il vous plaît, rappela à l'ordre la directrice. Il n'y a aucun risque à fréquenter une créature magique. Je vous demande de faire preuve d'intelligence, de maturité, de tolérance et de respect les uns envers les autres.

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- Bonjour, Drago. Nous nous sommes inquiétés, hier.

- Bonjour à toi, Blaise. Théo. Je suis navré, la directrice ne m'a pas laissé vous informer de ma nouvelle situation.

- Nouvelle situation ? Releva son ami tout en observant les Serdaigle autour d'eux, qui patientaient aussi devant la salle de sortilège.

Les bleus et bronze étaient au complet. Dix Serdaigle pour trois Serpentard, comment allaient-ils pouvoir rivaliser cette année ? Que ce soit en cours ou en Quidditch, ils allaient devoir se battre deux fois plus que les autres pour rapporter des points. Enfin, était-ce finalement bien important ?

- J'ai un apparemment privé, répondit le jeune homme, ramenant Théo à leur conversation.

- Comme c'est commode, remarqua Blaise avec un sourire en coin.

Ses deux amis levèrent les yeux au ciel.

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- T'as une sale tête mec !

Harry jeta un coup d'œil à son meilleur ami et renifla.

- C'est vrai ! T'as vu ta tronche ? Déjà que d'habitude tes cheveux sont pas vraiment ce qu'on appelle coiffés, mais là ils sont carrément en pétard ! Et regardes-moi ces cernes ! OK, on a fait la fête hier pour nos retrouvailles, mais quand même ! On s'est pas couché si tard que ça !

Le petit brun grogna en simple réponse et, la tête basse, se dirigea vers son premier cours.

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- Ouvrez vos livres page 36, indiqua le nouveau professeur de métamorphose.

Monsieur O'Vide prit place derrière son bureau tandis que les derniers élèves s'installaient.

- Dis-moi, Ron, chuchota Dean en se penchant sur sa table. Vous avez tardé longtemps après qu'on soit monté, hier ?

Son voisin de devant balança sa chaise sur les pieds arrière et lui répondit sur le même ton :

- Pas longtemps après que vous soyez montés, il devait être tout juste une heure du matin, pourquoi ?

- Et Harry, il est monté avec toi ?

Le roux hocha la tête.

- Tu l'as entendu faire un cauchemars cette nuit ?

- Messieurs, je vous prierais de vous concentrer sur mon cours.

Ron remit sa chaise sur quatre pieds et, pour répondre à son ami, secoua la tête de droite à gauche avant de jeter un œil inquiet à son meilleur ami. Celui-ci était avachi sur sa table. La tête calée sur un coude, les yeux mi-clos, il frottait nerveusement sa cuisse de sa main libre. Il avait éludé les questions sur son état et n'avait pas prononcé un mot depuis qu'ils s'étaient levés.

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- Drago, n'y prête pas attention. Ce sont des abrutis, tout ce qu'il y a de plus couard.

- Mais ils ont raison sur un point, Blaise. Nous aurions pu faire bien plus.

- Malheureusement Théo dit vrai, soupira Drago.

- Nous n'allons pas nous mettre à nous cacher de notre propre maison ! Les autres nous font déjà payer suffisamment cher !

- Blaise, parle moins fort, je t'en prie.

Le black regarda autour de lui mais seuls deux première année étaient attablés dans un coin de leur salle commune, occupés à lire. Les autres Serpentard devaient être en cours ou dehors, ce mercredi de rentrée était plutôt ensoleillé. Il haussa les épaules et s'assit sur le canapé, devant le foyer de la cheminée éteint, entre ses deux amis.

- Pas deux jours que nous sommes à Poudlard et déjà je regrette.

Le blond passa une main sur son visage.

- Ah non ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi, Drago. Notre place est ici.

- Théo dit vrai, encore ! Drago, nous avons besoin de ce diplôme. Nous devons aussi redorer notre blason officiellement et participer à la reconstruction de Poudlard. Et surtout, nous avons tous les droits d'être ici, par Merlin. Autant que les autres. Il est vrai que nous ne faisions pas partie de ceux qui ont participé activement à la Résistance, ni de ceux qui se sont battus lors du combat final. Cependant, nous n'étions pas cachés non plus ! C'était, en revanche, le cas de certains qui nous ont lancé des piques aujourd'hui. Nos actes pour la Lumière n'étaient certes pas nombreux, ni mirobolant, mais ils étaient. Ils ont eu le mérite d'exister et ont été utiles à leur échelle.

- Parle pour toi ! Je n'ai fait que donner des noms, quelques lieux et dates d'attaques.

- Et ça a sauvé des vies ! Les Aurors et l'Ordre ont pu intervenir à temps, assura Blaise.

- Mais nous n'étions pas présents lors de la bataille à Poudlard ! Avança Drago.

- Toi, tu étais blessé, répondit son voisin.

- Une malheureuse entorse à cause d'un accident domestique. Bonjour la blessure de guerre !

- Théo aidait Madame Pomfresh, continua-t-il comme s'il n'avait pas été coupé. Et moi, j'étais encore au chevet de ma mère en Italie. Comment, par Salazar, aurions-nous pu être sur le champ de bataille ?

- Nous n'avons même tué personne ! Continua d'argumenter Drago.

- Et j'en suis heureux, rétorqua Théodore en frissonnant.

- J'avais tous ces Mangemorts chez moi, quotidiennement ! Si j'avais eu le courage de les tuer … J'en ai eu mille fois l'occasion !

- Tu voulais quoi ? Faire exploser ta maison ? Toi à l'intérieur, comme un kamikaze ? Merlin merci, tu ne l'as pas fait. Nous sommes à peine majeurs, nous n'étions que des gamins quand cette guerre a commencé, même pas nés quand le Seigneur des Ténèbres est apparu pour la première fois. Je trouve que nous avons fait ce qu'il fallait. Ni plus, ni moins. Je ne crois pas en l'acte héroïque d'une seule personne. Même Potter n'était pas seul.

- Hum, je ne suis pas d'accord, Potter était seul, au moins face Lui, mais là n'est pas la question. Personnellement, j'aurais été incapable de tuer ou même de blesser quelqu'un, qui qu'il fut. Voir les corps défiler à l'infirmerie … je m'en souviendrais toute ma vie. C'était si triste, comment peut-on ne serait-ce que songer ôter la vie à quelqu'un ?

- Mon père ne s'est pas gêné !

- Tout comme le mien, Drago. Cela ne signifie pas que nous ayons ça dans le sang, si c'est ce que tu as en tête, dit sagement Théodore.

- Merlin, c'est à ça que tu penses ? Parce que ton père et ton grand père étaient des Mangemorts, tu as le meurtre dans le sang ? Tu vas nous dire aussi que tu as une dette envers la société ?

- Non ! Bien sûr que non, je n'ai aucune dette ! S'insurgea Drago.

- Drago, ta ressemblance avec tes aïeuls est purement et seulement physique. Dumbledore l'a toujours dit : « Ce sont nos actes qui font de nous ce que nous sommes ».

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- Hermione, chuchota Ron le plus bas possible, la bouche encore pleine et se penchant légèrement sur la jeune fille. Tu ne le trouves pas bizarre ? Déjà, j'ai rien dis quand il nous a écrit qu'il ne venait pas en train avec nous et rien non plus lors de la fête, mardi soir, alors qu'il est resté dans son coin, mais hier, il n'a pas décroché un mot et a tiré la tronche toute la journée ! Et ce matin sa tête n'est pas meilleure, voire pire ! Et il n'a toujours rien dit …

Ron jeta un œil à son meilleur ami, en face de lui. Il n'avait touché à rien, ses mains étaient restées sous la table et il se frottait les bras, comme s'il avait froid. Pourtant il faisait plutôt chaud en ce début de septembre.

Neville observa, lui aussi, d'un regard inquiet le petit brun assis à côté de lui et lança un regard interrogateur à ses camarades de chambre. Un sourcil levé, les autres secouèrent la tête. Leur ami n'avait pas fait de cauchemars.

Ils s'étaient mis au point avec ses camarades de dortoir, après la quatrième année, quand ils avaient découvert que Harry plaçait un sort de silence sur son lit tous les soirs pour dissimuler ses cris nocturnes. Ils lui avaient alors passé un sacré savon et lui avaient interdit d'y remédier à nouveau, tant pis s'ils étaient réveillés. Ils se relayaient alors chaque nuit si nécessaire pour le soutenir, le rassurer ou lui tenir compagnie dans les cas où il n'arrivait pas à se rendormir. Ainsi, ils suivaient l'état du sommeil de leur ami sans que toute la tablée ne soit au courant et que les autres élèves ne voient le Survivant – censé les sauver – défaillir. La pression sur ses épaules était déjà bien suffisante pour y ajouter une quelconque angoisse mal placée.

Et depuis peu, il n'était plus le seul à faire des cauchemars.

Hermione soupira. Elle était inquiète, bien sûr, mais son petit ami était, lui semblait-elle, trop souvent sur le dos de Harry.

- Laisse-le un peu tranquille, Ron. Laisse-le se remettre à son rythme. Il a vécu pas mal de choses traumatisantes et qui doivent le travailler. C'est normal. Et puis, tu sais à quel point il culpabilise pour tout … Maintenant, je pense que nous lui avons suffisamment montré qu'il pouvait compter sur nous. S'il veut en parler … Et bien, je suis sûre qu'il le fera quand il sera prêt. On garde tous un œil sur lui. Il faut juste penser à le distraire de temps en temps, mais sans être omniprésent !

C'était au tour du roux de soupirer. Hermione n'avait pas tort, mais il trouvait que son meilleur ami agissait quelque peu bizarrement depuis la rentrée. Il avait été un peu déprimé cet été au Terrier, c'était vrai, mais entouré de tous ses amis, ça aurait du être mieux. Surtout que Poudlard ne gardait aucune séquelle de la bataille finale, tout avait été reconstruit comme avant.

Ron ne put que s'inquiéter encore.

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