Bonjour, voici un nouveau Two-shot !

Fandom : Sherlock / Pairing : Mystrade / Thème : Livre

Disclaimers : Rien pour moi, tout à la BBC, juste l'histoire à moi. Je ne gagne rien.

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Merci à Crimy pour avoir corriger ce texte !


La paisibilité d'une bibliothèque


Contrairement à son frère, Mycroft avait toujours aimé lire. C'était plus qu'un passe-temps, c'était sa pause, sa bouffée d'air frais. Le temps n'y avait rien changé encore maintenant, celui dont dépend la sécurité du monde libre est un avare de livre. Plus il gravissait les échelons du pouvoir, plus il avait besoin de décompresser. C'est alors qu'il n'avait rien acquis de mieux qu'une bibliothèque, la garnissant d'innombrables livres tous plus intéressants les uns que les autres. On ne peut pas dire qu'en s'adonnant à cette activité tous ses maux s'envolaient, mais au moins une partie d'entre eux.

Il avait pris une habitude. Il mettait de côté tout son travail — en tout cas, tout ce qui y touchait —, s'asseyait dans son fauteuil, prenait un verre de bourbon et entamait ou continuait un livre pris au hasard dans l'immense étagère. Cette dernière, installée à un point stratégique, bordait l'un des endroits les plus importants de sa demeure. Mesurant une surface non négligeable, elle avait le mérite d'être chaleureuse. Le mur face à la porte était peint d'une imposante cheminée qui délivrait une lueur divine. Devant celle-ci étaient installés deux sièges ils étaient rouge, faits de bois sombre et de velours, accueillant gracieusement n'importe quelle silhouette entre eux, une table basse. Association de verre et de dorures, elle éclairait ainsi l'ensemble. Près de l'un des meubles, était disposée une lampe au style singulièrement baroque, utilisée lors des chaudes soirées d'été. Deux larges fenêtres tapissées de rideau laissaient l'air et la lumière rentrer tandis que quelques bibliothèques créaient une surface totalement meublée. Toutes accoudées dans l'antre, elles ne dépassaient pas les hanches d'un quelconque invité et étaient au nombre de huit. L'ensemble, capharnaüm de bois, n'était ni désagréable au regard ni compliqué d'accès. Le chemin jusqu'aux chaises était indiqué par un large tapis gris anthracite, lui aussi de velours.

De ce fait, depuis le début de sa liaison avec l'inspecteur Lestrade, ce dernier savait toujours où le trouver quand il n'allait pas bien. Le rouquin, même en s'étant adouci, n'en restait pas moins fidèle à lui-même et il fallait beaucoup de choses pour qu'il craque. Ce jour-là était l'un d'eux. Il avait passé deux longues – deux très longues semaines –, et même lui n'arrivait plus à les supporter. En rentrant chez lui après ses deux semaines de déplacement, il s'était directement cloîtré dans cette pièce si chère à ses yeux. Elles n'étaient pas vraiment éprouvantes mais en plus de cela, il avait dû supporter les textos intempestif de son cadet, les appels de sa mère lui rappelant que « c'est bientôt noël alors tu n'oublies pas de venir avec Gregory ». En plus de cela, il avait subi un décalage horaire plutôt conséquent, des discussions tendus avec les Coréens (se sont toujours eux qui posent problème) et la distance entre lui et son amant. Ce dernier, d'ailleurs, était sur une affaire avec ledit cadet et ne pouvait pas lui accorder une seule seconde dû à la complexité du cas. Le plus improbable était sûrement le fait que Sherlock y arrivait, lui.

Alors il se retrouvait ici, habillé de sa tenue habituelle (mise à part sa cravate et son veston), les coudes sur les genoux, un verre de scotch à la main pestant contre ses stupides asiatiques. Ils lui avaient gâché ces deux semaines et ils lui gâchaient encore son début de soirée. Il était vingt heures et il n'arrivait pas à se détendre, même ici. Il aurait tué pour dormir et ne pas se réveiller avant une bonne semaine... Rares étaient ses jours de congés. Quand on a une place aussi importante que la sienne on ne peut décemment pas se permettre de prendre des vacances, Dieu qu'il en aurait eu grand besoin !

Greg venait de rentrer, on pouvait entendre la clé pénétrer la serrure et vouloir tourner les deux tours. Il était le seul à faire cela fermer à doubles tours. Mycroft, lui, n'en faisait qu'un seul. C'est souvent grâce à cela que l'inspecteur savait quand son amant était rentré. Et aujourd'hui, il était rentré. Gregory ouvrit la porte et déposa toutes ses affaires il venait de boucler un dossier et avait pris son ébauche de rapport pensant qu'il serait encore seul ce soir. Il avait tort, il était là, il était enfin revenu. Après avoir fait ses petites affaires, il se dirigea vers la grande bibliothèque. Il était sûr de le trouver là et, évidemment, il y était. Silver fox s'approcha lentement de l'homme assis, il avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas, tout était inscrit dans la position tendu et peu avenante de son cher et tendre. Posant un genou au sol, il se pencha et passa lentement une main dans les cheveux auburn du politicien. Ce dernier releva imperceptiblement la tête, le regard surpris.

« Tu ne m'avais pas entendu arriver ? »

Il n'avait pas besoin de réponse formelle, toute l'attitude de l'homme parlait pour lui. Mycroft se redressa et se mit au fond de son siège, fermant les yeux. La main précédemment dans sa tignasse était maintenant en train de former de petits cercles sur le dos de sa main, réconfortants.

« Non » dit-il quand même.

C'était un souffle, une expiration lasse. Son verre de scotch sur la table lui titillait l'esprit, il l'aurait bien empoigné pour le terminer cul-sec. Il était sûr que la brûlure familière lui aurait apporté un petit peu de réconfort. Il amorça un léger mouvement qui fut stoppé avant son aboutissement.

« N'y pense pas. »

Fichant ses yeux dans les orbes de son conjoint, il fronça les sourcils.

« Pourquoi cela ? »

L'homme grisonnant émit un petit rire dont la signification échappa à l'esprit embrumé de Mycroft. Il ne lui répondit pas.

« Qui-a-t-il de si drôle ? »

Son ton acerbe ne laissait place à aucune tergiversation ou compréhension alternative. Il était vexé. Vexé et frustré de ne pas avoir d'explication.

« Devine » lui dit-il.

Il soupira, il n'avait pas envie. Pas du tout envie. Il ne fit rien et son vis-à-vis non plus. Il s'était simplement assis, à ses pieds, et avait posé sa tête sur son genou comme un chiot qui venait réconforter son maître. La comparaison n'était très glorifiante mais représentait bien le caractère fidèle de Lestrade. Il avait un léger sourire sur le visage, doux.

« Pas envie. »

Il avait, tout d'un coup, l'impression d'être un gamin devant sa mère qui ne voulait pas lui révéler un secret. C'était tout bonnement frustrant. Cette remarque provoqua un frémissement dans la gorge de l'autre, cela ressemblait à un rire. C'était cependant trop discret.

« Boire ne changera pas les mauvais moments que tu as passé Myc'. Et tu le sais. »

Il avait appuyé le dernier mot. Il n'avait pas tort. C'était la pire chose à faire mais sur le moment, cela paraissait être une bonne option.

« Et que dois-je faire pour oublier ces mauvais moments ? »

Il avait pris, sans vraiment le vouloir, un ton bien trop cassant et tranchant. Sa voix basse avait, en même temps, accentué la claque qu'était sa parole.

« Te laisser aller. »

Il devait se ficher de lui. Avant d'avoir pu renchérir l'autre se corrigea :

« Te laissais aller avec moi. »

Oh. Cela changeait beaucoup de chose.

« Et qu'allons-nous faire ? »

L'homme au sol releva la tête et planta ses pupilles dans celle de son comparse.

« Que veux-tu faire, toi ? »

On ne lui avait pas souvent proposé cela. C'était rare. Pourtant, l'offre tendue, quelle que soit sa nature, était des plus alléchantes.

« Juste… être avec toi et aller dormir. »

Il n'avait pas voulu dire cela, mais ne s'était pas non plus corrigé.

« Bien. Alors allons-y. »

Il se releva et tendit sa main pour que l'autre s'en saisisse. Une fois prise, il laissa le feu comme il était et l'amena dans leur chambre. Ils allaient enfin pouvoir passer un peu de temps ensemble.

« C'était si ...

- Oui. »

Une réponse brève, ni tranchante, ni cassante mais pas pour autant douce. C'était une réponse neutre.

« Viens voir là toi. »

Gregory contourna le lit et, se plaçant devant son amant, entoura son cou de ses bras.

« Je peux concevoir que tu ne sois pas de bonne humeur mais pourrais-tu faire un petit effort pour être sympathique ? Juste avec moi. »

Le concerné maugréa dans sa barbe mais acquiesça lentement. Il n'allait pas faire l'enfoiré et risquer de perdre ce poisson rouge intellectuellement plus avancé que la populace autour d'eux — et plus intéressant aussi, bien que cela il ne le disait jamais de vive voix.

« Aller. Viens dormir, ça te fera du bien. »

Il opina du chef et, enlevant rapidement tous ses vêtements, se blottit dans les bras plus qu'hospitaliers de son aîné. Le sommeil le gagnait lentement. C'était un maigre répit dans sa vie plus que mouvementée.

« Merci, Greg. »

Le plus âgé lui répondit mais il n'écoutait déjà plus, être abandonné aux bras de Morphée.


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