- Je vois, déclara Dumbledore, les mains croisées sur ce qui se trouvait être à nouveau son bureau. Une lumière fine et douce émanait d'une des fenêtres, éclairant timidement la pièce circulaire d'un soleil matinal. Sous les regards critiques des anciens directeurs, le vieux sorcier s'approcha alors du perchoir où se tenait d'ordinaire Fumseck et sortit d'une poche intérieure de sa robe un minuscule oiseau, disgracieux et dépourvu de plumes, qu'il posa en douceur sur le plateau de cendres. Il se retourna ensuite vers son interlocuteur avant d'ajouter : Je vous remercie d'avoir été honnête avec moi, Severus. Le concerné esquissa un faible sourire de circonstance qui ressemblait davantage à un rictus. Il avait parfois la désagréable impression que tout n'était qu'apparence chez Dumbledore.
- Malheureusement, cela ne change en rien la situation, constata Rogue, le visage grave.
En effet, le Seigneur des Ténèbres s'était risqué à faire une apparition au ministère de la magie peu de temps après que Harry se soit lancé à la poursuite de Bellatrix Lestrange, ce qui avait fini par l'entraîner dans un duel frénétique l'opposant à Dumbledore. Cornelius Fudge, accompagné de ses fidèles subordonnés, l'avait alors aperçu pendant l'espace d'une seconde, et de fil en aiguille, la nouvelle avait fait le tour du monde des sorciers, faisant retrouver à Dumbledore son titre de directeur de Poudlard. Dolores Ombrage, quant à elle, demeurait introuvable, mais cela ne semblait pas inquiéter beaucoup de monde, et encore moins Severus Rogue. Ce dernier n'était plus obnibulé que par une chose : Le fait que sa couverture d'agent double soit définitivement fichue, ce qui le ferait bientôt apparaître comme étant inutile aux yeux de Dumbledore. Mais qui pouvait-il blâmer ? Tout cela était uniquement sa faute. Il n'avait aucune circonstance atténuante, si ce n'était avoir aimé. En voulant protéger Hermione et ses amis, le maître des potions avait condamné le rôle si précieux qu'il avait à jouer, chose qui était impardonnable. Il n'aurait jamais dû ensorceler le Choixpeau, il y a cinq ans, et l'avouer à Dumbledore n'y changeait rien.
- Je ne saurais vous contredire, reprit finalement le directeur, mais sur un plan spirituel, votre geste fait toute la différence, Severus. Le ton qu'il employait était empreint d'une telle solennité que cela donna bientôt au concerné l'envie d'être victime d'une combustion spontanée, comme l'avait fait Fumseck, quelques heures plus tôt. En étant honnête avec vous-même, vous avez encore une fois prouvé que, contrairement à Lord Voldemort, vous étiez capable de remords, ce qui fait de vous un homme bien..
- Et un homme bien se doit d'assumer les conséquences de ses actes, compléta Rogue d'une voix monocorde. La lumière du jour, qui se propageait lentement, mais sûrement dans la pièce, vint alors lui caresser le visage, lui donnant un aspect presque fantomatique.
- Vous n'êtes pas seul, Severus, lui assura Dumbledore en contournant son bureau. Au fond, nous sommes tous responsables de cette situation.. C'est pourquoi nous devrons tous donner un peu de nous-même en retour.
- C'est-à-dire ? demanda Rogue en fronçant légèrement les sourcils. Dumbledore lui avait déjà volé son âme, que pouvait-il bien vouloir de plus ?
- Un peu de notre temps, expliqua-t-il mystérieusement, ses yeux bleus pétillant avec une certaine ingéniosité. Le maître des potions ouvrit alors la bouche, puis la referma aussitôt. Vous savez, Severus, j'ai toujours su que vous y étiez pour quelque chose en ce qui concerne la maison de Miss Granger.. Seulement, je n'ai rien fait du tout. J'étais bien trop occupé pour remarquer que votre relation avait pris un nouveau..
- Monsieur le Directeur ? l'interrompit Rogue, visiblement peu enclin à l'idée de poursuivre sur ce sujet. Pour toute réponse, Dumbledore esquissa un léger sourire.
- Réunissez les membres de l'Ordre du Phénix ainsi que les élèves ayant participé à la bataille du Département des mystères, reprit-il alors, et Rogue remarqua que le semblant de sourire qui venait de se dessiner sur ses lèvres avait déjà disparu. Avec un peu de chance et de bonne volonté, nous pourrons modifier nos erreurs, et ainsi, sauver des âmes innocentes, ajouta-t-il en ayant une pensée à l'égard de Sirius Black, Tracey Davis et Pansy Parkinson. Son interlocuteur le jugea du regard, incertain quant à la pureté de ses intentions. Leur sort était-il ce qui comptait le plus à ses yeux ?
- Très bien, répondit poliment ce dernier, mais comme vous devez vous en douter, certains d'entre eux séjournent encore à l'hôpital St-Mangouste. De plus, un autre problème se pose également, Monsieur le Directeur. Les Weasley, le père Lovegood et la grand-mère de Londubat ne vont pas tarder à vouloir prendre contact avec..
- Je demanderai à Rusard de s'en occuper, rétorqua Dumbledore, presque sèchement. En attendant, faites votre possible pour réunir ceux qui sont disponibles. Rogue fronça à nouveau les sourcils, visiblement troublé. Ses mots, quoique mieux formulés, ressemblaient à un cynique « Tant pis pour les autres ».
- D'accord, se contenta-t-il toutefois de répondre dans un mouvement de cape.
- Severus ? l'appela une dernière fois Dumbledore, et le concerné s'arrêta net, prêt à recevoir d'autres instructions de sa part (peut-être les dernières). Laissez-moi parler à Harry. J'ai beaucoup de choses à lui dire, acheva le vieux sorcier d'une voix plus douce. Là-dessus, Rogue hocha légèrement la tête avant de déserter le bureau.
Pendant ce temps, Harry s'était enfin réveillé, mais ses paupières lui paraissaient si lourdes qu'il ne consentit pas à les ouvrir tout de suite. Il remua lentement les jambes, comme pour identifier l'environnement dans lequel il s'était endormi, et sentit ses pieds nus rentrer en contact avec des draps particulièrement doux, lui indiquant au passage qu'il se trouvait bel et bien dans un lit. Les restes d'une saveur amère semblaient encore habiter sa bouche, et ses membres étaient tellement engourdis qu'il avait l'impression que son corps ne faisait plus qu'un avec le matelas de plume. D'un instant à l'autre, Ron allait se mettre à ronfler bruyamment ou Neville se réveillerait, et une nouvelle journée commencerait à Poudlard. Harry laissa alors échapper un soupir de soulagement en réalisant que tout ce dont il avait rêvé n'avait été qu'imagination. Il allait bien, ses amis aussi, et il n'y avait jamais eu ne serait-ce l'ombre d'une prophétie. Sirius était vivant et en sécurité, et Voldemort, lui, demeurait loin d'ici. Le brun se retourna alors lentement, attendant qu'un bruit quelconque vienne le troubler dans son demi-sommeil. Ce ne fut qu'après avoir entendu le son de deux voix indistinctes qu'il daigna enfin ouvrir les yeux. Dans un mouvement raide, le Gryffondor tâtonna les environs, à la recherche de sa paire de lunettes qu'il enfila une fois trouvée. Celle-ci était posée sur une petite table de nuit, à côté de ce qui semblait être un reste de potion violette. Harry vit alors précisément les rideaux blancs qui s'étendaient tout autour de son lit, mais il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour les associer à l'infirmerie de Poudlard, qu'il avait pourtant si souvent fréquentée.
- Vous êtes sûre que votre cheville ne vous fait plus souffrir, ma petite ?
- Absolument, répondit une voix que Harry reconnut comme étant celle de Ginny.
- Vous êtes vraiment certaine de cela ? insista Mme Pomfresh, visiblement inquiète.
- Je vous le promet, répliqua la concernée d'un ton qui indiquait un certain agacement.
- Bien, alors si vous n'avez vraiment plus besoin de repos, vous pouvez aller rejoindre les autres et.. Attendez ! Pas si vite, Miss Weasley ! Vous allez encore vous blesser !
Harry entendit alors les portes de l'infirmerie claquer brusquement et son regard se perdit dans le vide pendant l'espace d'un instant. Son cœur manqua un battement lorsqu'il réalisa qu'il n'avait en réalité pas passé la nuit dans le dortoir des Gryffondor. Et si Ginny avait réellement eu la chevillée cassée, alors cela signifiait également que..
- Sirius est mort, déclara subitement la rousse.
Hermione, Ron, Neville et Luna l'avaient attendue devant l'infirmerie pendant que le reste des élèves préparaient leurs affaires pour emprunter le Poudlard Express en fin de matinée. Ils avaient déjà été mis au courant en ce qui concernait Sirius, mais réentendre la nouvelle de la bouche de Ginny leur fit tout de même quelque chose. Quelque part, il semblait y avoir une dysharmonie totale entre le groupe d'adolescents et leurs camarades, tant leur état d'esprit était différent en cet instant. Ils avaient l'étrange impression que le cours du temps avait été altéré, voire stoppé pour toujours.
- Sirius est mort, reprit Ginny, et Harry va bientôt se réveiller et s'en rendre compte.
L'inquiétude se lisait dans son regard, et Ron devina rapidement qu'elle s'attendait à ce qu'ils fassent quelque chose.. Mais quoi ? Comment allaient-ils s'y prendre pour réconforter Harry alors qu'il venait de perdre son parrain, son confident, et de surcroît, la personne qui était censée l'arracher à tout jamais des griffes des Dursley ?
- Je vais aller lui parler, dit finalement Hermione d'une voix mal assurée. Des bruits de pas qui lui étaient plus que familiers retentirent alors derrière elle, perçant au passage la petite bulle de solitude dans laquelle ils s'étaient tous les cinq réfugiés.
- Ce ne sera pas nécessaire, lui assura Rogue en posant sur elle un regard qui se voulait réconfortant. Pour une fois, Neville ne sursauta même pas en le voyant s'approcher, et Ron ne fit aucun commentaire désobligeant à son sujet. Le maître des potions leur avait sauvé la vie il y a de cela quelques heures, chose qui semblait les avoir guéris de l'animosité qu'ils ressentaient jadis à son égard. Dumbledore m'a confié qu'il allait s'en charger, leur expliqua brièvement ce dernier. Il vous attend d'ailleurs dans son bureau.
- Maintenant ? demandèrent Neville et Luna à l'unisson, tandis que Hermione ne le quittait pas des yeux. Rogue esquissa un faible sourire, mais celui-ci semblait forcé.
- Eh bien.. Je suppose que vous avez le temps de prendre un dernier petit-déjeuner, si ce n'est pas déjà fait, leur glissa-t-il alors.
Hermione fronça légèrement les sourcils. Cette dernière avait l'estomac bien trop noué pour songer à manger quoi que ce soit, mais Ron, lui, semblait trouver la proposition digne d'intérêt et se dirigea donc vers la Grande Salle en compagnie des trois autres.
- Tu devrais aller les rejoindre, lui conseilla Rogue dans un hochement de tête, mais la jeune sorcière ne semblait pas partager son avis.
- J'ai besoin de te parler, lui confia-t-elle en rougissant légèrement (elle venait d'apercevoir un élève de Serpentard embrasser une Gryffondor un peu plus loin). Rogue sembla sur le point de protester, mais se ravisa finalement.
- D'accord, répondit-il simplement avant de s'éloigner de l'infirmerie, Hermione sur ses talons. Le maître des potions et son ancienne assistante longèrent alors le couloir en silence, à la recherche d'un minimum d'intimité. Ils s'arrêtèrent bientôt non loin de la salle des trophées, mais Dean et Seamus ne tardèrent pas à en sortir en maudissant bruyamment Peeves qui venait de les chasser avec virulence. Le duo de Serpentard préféra donc rejoindre une salle de classe inutilisée après avoir menacé l'esprit frappeur d'appeler le Baron Sanglant.
- Ce n'est pas facile à dire, commença Hermione, nerveuse, en jouant avec ses doigts. Severus s'avança alors vers l'une des fenêtres et ouvrit les rideaux poussiéreux qui en recouvraient les vitres, comme pour lui laisser le temps de choisir ses mots. Les rayons du soleil perçaient le verre avec délicatesse, magnifiant la courbe de son nez imposant et réchauffant sa silhouette sombre et longiligne. La sensation était agréable, mais quelque part, il avait l'étrange impression de suffoquer dans cette pièce. Sans qu'il ne puisse l'expliquer, chacune des respirations qu'il prenait lui semblait douloureuse. Je t'avais dit que la prochaine fois que l'on se verrait.. J'aurais fait mon choix, reprit-elle lentement en s'approchant de lui. Cette fois-ci, on aurait dit que c'était Severus qui n'osait pas croiser le regard de son interlocutrice, et non Hermione Granger, qui, elle, cherchait désormais le sien avec une certaine obstination. Eh bien.. Je l'ai fait.
- Je sais, se contenta-t-il de répondre, le visage toujours tourné vers l'extérieur. Hermione secoua légèrement la tête, geste qui fit virevolter ses jolies boucles brunes.
- Oui, mais.. Je ne veux pas que tu le devines. Je veux être honnête avec toi.. Et également avec moi-même. Severus acquiesça à nouveau, l'invitant à continuer, et Hermione prit une profonde inspiration, comme pour se donner du courage. Harry, dit-elle alors, et ce prénom sembla résonner lentement dans la pièce. J'ai choisi Harry. À plusieurs mètres de là, Hagrid, lui aussi de retour, aidait le professeur Chourave à nettoyer les serres de botanique en cette fin d'année scolaire. Severus préféra focaliser son attention sur l'activité auquelle s'adonnaient ses deux collègues avant de répondre.
- D'accord.
Il s'en était douté, bien évidemment, mais la vérité n'était pas plus facile à accepter pour autant. En effet, à cet instant, l'ancien espion avait l'impression d'avoir avalé une lame d'une trentaine de centimètres, une sorte d'épée qui lui transperçait lentement le cœur. Toutefois, il fit de son mieux pour ne rien laisser paraître. Hermione le regarda esquisser un très léger sourire, puis se pencha pour ouvrir la fenêtre. Tout d'eux eurent alors la brève sensation d'être libérés d'un poids, tandis que la lumière s'engouffrait un peu plus dans la salle de classe et que de petits oiseaux virevoltaient en sifflotant.
- Severus ? l'appela-t-elle en s'appuyant contre la fenêtre pour savourer la brise.
- Oui ?
- Je veux que tu saches.. Que ça ne veut pas dire que je ne t'ai pas aimé.. Ou que je ne t'aime plus. Car ce n'est pas le cas, lui assura-t-elle avec honnêteté. Comme Severus ne répondit pas tout de suite, elle contempla l'horizon à son tour en se mordant la lèvre inférieure. Tu vas me dire que ça ne sert à rien de te dire ça maintenant, mais..
- Au contraire, lui répondit-il finalement en copiant sa posture. Tu aurais pu me détester, me haïr, voire m'ignorer.. Mais tu n'as rien fait de tout ça. Tu as préféré m'affronter et être honnête avec moi, et ce, avec cette gentillesse qui te caractérise si bien. Hermione se sentit rougir malgré elle. Seule une dizaine de centimètres les séparait à présent, et elle avait terriblement envie de le toucher, de lui prendre la main.
- Je voulais également te remercier, lui avoua-t-elle en chassant cette pensée.
- Me remercier ? répéta Severus avec un léger rire. C'est plutôt moi qui..
- Moi aussi, le coupa Hermione en le regardant droit dans les yeux. Je n'ose même pas imaginer ce qui aurait pu arriver à Ron, Ginny, Neville et Luna si tu n'étais pas venu à notre secours hier. Ils échangèrent un sourire triste en repensant à cette soirée plus que mouvementée. Ce soir-là, Ginny s'était brutalement cassée la cheville, Neville avait été victime d'une fracture de la mandibule, et Luna était revenue avec assez de sang sur elle pour attirer non pas un, mais plusieurs troupeaux de Sombrals. Ron, quant à lui, portait toujours d'étranges marques aux avant-bras, mais au final, ils étaient tous vivants, et c'était bien là l'essentiel. C'est peut-être un peu mièvre, mais.. Merci de m'avoir aidée, de m'avoir protégée.. Et de m'avoir aimée pendant tout ce temps, Severus, ajouta Hermione d'une voix qui trahissait une séparation future et inéluctable. Le visage du concerné s'empourpra devant cette soudaine déclaration, tandis qu'il essayait tant bien que mal de faire taire cette petite voix intérieure qui lui criait de tout abandonner pour s'enfuir avec l'élue de son cœur. En vérité, j'ai beaucoup appris grâce à toi.. Et sur bien des points. Qui aurait cru que toi et moi..
- Oui, c'était une mauvaise idée, compléta maladroitement Severus, les mains entrelacées contre la froideur de la pierre. Encore une fois, il perdait contre un Potter.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, lui répondit Hermione en observant un groupe de chouettes rejoindre le château avec le courrier du jour. C'était une idée, mais pas une mauvaise pour autant. Un ange passa dans la pièce. On aurait dit qu'ils avaient tous les deux longtemps appréhendé ce moment. Les souvenirs que l'on a partagés.. Sache que je ne les oublierai pour rien au monde, reprit-elle. Je te le promet. Hermione le considéra longuement, hésitant à lui frôler le bras ou la main pour lui témoigner son affection, mais à sa grande surprise, ce fut Severus lui-même qui initia le contact.
- J'ai bien peur qu'il ne te faille changer tes plans, Hermione, lui dit-il alors en posant délicatement sa main sur la sienne. Cette caresse fit frémir l'intéressée, mais elle n'eut aucun mouvement de recul. Au contraire, elle la serra affectueusement, oubliant pendant un instant qu'il y avait un monde hors de cette vieille salle de classe.
- Comment ça ?
Comme à son habitude, Severus Rogue s'était montré perspicace.. Peut-être trop, d'ailleurs. Ce dernier avait compris les intentions que Dumbledore avait dissimulées derrière ses phrases enjolivées, et choisit finalement de les partager avec Hermione. La vérité, c'était que dans quelques heures, ils remonteraient le cours du temps pour revenir à cette soirée précise où Severus avait ensorcelé le Choixpeau magique. Dans quelques heures, le futur qui les attendait s'évanouirait en même temps que le passé qu'ils avaient partagé, et ce, pour le plus grand bien. Ainsi, le Prince de Sang-Mêlé conserverait son précieux rôle d'espion, mais perdrait à jamais sa princesse. En sacrifiant la vie qu'ils s'étaient construits tous les deux, ils en sauveraient de nombreuses autres, celles de Tracey et Sirius en premières. Hermione serait envoyée dans la maison qui lui était destinée à l'origine, et le destin s'occuperait du reste.
- Quelque part, c'est comme si la fin du monde approchait.. La fin de mon monde, lui avoua Severus en réprimant un soupir. Hermione, visiblement ébranlée, elle aussi, lui caressa le bras pour tenter de le réconforter.
- Severus..
- Sans toi, c'est un peu mon monde qui s'écroule, Hermione, ajouta-t-il en échangeant un regard peiné avec la concernée. En entendant cela, la jeune fille resserra l'étreinte qu'elle exerçait sur le sorcier et s'efforça de lui offrir un sourire des plus chaleureux.
- Mais un autre se construira, lui fit-elle remarquer avec espoir avant de poser la tête sur son épaule. Un autre monde où Tracey et Sirius survivront, et où Pansy ne perdra pas ses pouvoirs.. Un monde dans lequel Voldemort ne voudra pas se débarrasser de toi. Ça vaut le coup, non ?
Hermione n'était pas certaine de ce qu'elle avançait en ce qui concernait Sirius, car sa relation avec Severus n'avait en rien entraîné sa mort soudaine, mais elle espérait de tout cœur qu'il puisse survivre dans l'univers alternatif qui les attendait. En tout cas, ses propos encourageants réussirent à arracher un vrai sourire au maître des potions.
- Je suppose que oui, lui répondit-il honnêtement avant de passer une main dans sa cascade de cheveux bouclés. Certes, il y avait quelque chose de triste dans le fait de se tenir ici, au soleil, avec elle, une toute dernière fois, mais cela avait également un côté réconfortant et épanouissant. Une sorte de plénitude semblait désormais envahir Severus, tandis qu'il écoutait attentivement le chant des oiseaux mêlé aux bruits de pas des élèves qui marchaient dans le couloir en bavardant. Au fond, peut-être était-ce ce monde-ci, l'univers alternatif ? Une dimension où il aimait et était aimé en retour ?
- Severus ? l'appela soudain Hermione en l'arrachant à ses pensées.
- Oui ? lui répondit-il d'une voix paisible. Il était prêt à écouter tout ce qu'elle avait à dire même si cela signifiait faire attendre Dumbledore, car bientôt, ils ne représenteraient plus rien l'un pour l'autre et leurs échanges se limiteraient aux cours et examens de potions. C'était maintenant ou jamais. Pour toute réponse, la brune leva les yeux vers lui et ouvrit la bouche d'un air hésitant. Avait-elle le droit de lui demander une chose pareille alors qu'elle venait de lui préférer Harry ? Au fond, elle voulait juste n'avoir aucun regret.
- Tu te souviens de la fois où je me suis endormie dans tes bras, car j'avais trop bu ? se risqua finalement Hermione. Severus émit un léger rire qui l'encouragea aussitôt.
- Comment pourrais-je l'oublier ? Je pensais plutôt que c'était toi qui ne t'en souviendrais pas..
- Eh bien, non, je m'en rappelle bel et bien. Enfin.. Pas tout à fait, mais je me souviens de la promesse que tu m'as faite, lui avoua-t-elle en rougissant brusquement.
- Mais encore ?
Severus regardait désormais Hermione avec une telle intensité qu'elle avait du mal à ne pas détourner le regard. Elle ne se souvenait que trop bien de toutes ces fois où son regard de braise l'avait déstabilisée (que ce fut en classe ou dans son laboratoire), mais cette fois-ci, c'était différent. Le peu de distance qui les séparait n'aidait pas non plus, mais au fond, elle savait ce que son cœur désirait et le sorcier lisait en elle comme dans un livre ouvert. Ce dernier prenait simplement un malin plaisir à la voir rougir en tentant d'expliciter sa requête. En effet, il avait toujours aimé la taquiner.
- Tu.. Tu m'avais promis que tu m'embrasserais si, et seulement si la fin du monde était proche, lui rappela Hermione en lui adressant un regard significatif. Severus esquissa un sourire goguenard avant de répondre, mais la jeune sorcière ne lui laissa cette fois-ci pas le temps de trouver une excuse. Tu sais.. J'aime Harry, et je l'ai choisi à ta place. Je le choisirais pour l'éternité. Alors.. Je peux au moins te choisir une fois. Et puis.. Il retrouvera Sirius dans l'autre monde. Alors je peux au moins..
- On dirait que tu as beaucoup réfléchi à la question, l'interrompit Severus en posant un doigt sur ses lèvres. La concernée lui lança un regard de reproche avant de sourire à son tour. Tu n'as pas besoin de me convaincre davantage, Hermione. Et puis, bien que je trouve ça regrettable.. Ce qui a lieu dans cette pièce restera dans cette pièce et disparaîtra en même temps que nous.
Hermione acquiesça timidement, partagée entre ce qu'elle s'apprêtait à vivre et tout ce qu'elle allait bientôt perdre. Elle n'avait évidemment aucune envie d'abandonner ses précieux souvenirs, mais ses états d'âme importaient peu. En effet, c'était du monde des sorciers dont il était question, et non de sa petite personne. Severus devait à tout prix conserver son rôle d'espion. Cela représentait un atout primordial et elle le comprenait, même si quelque part, elle détestait cette idée. Soudain, elle sentit ses jambes bouger malgré elle et réalisa que Severus l'attirait un peu plus loin, sa main dans la sienne. Il s'avança dans la pièce, de sorte à ce qu'ils ne soient plus visibles de la fenêtre, et adossa délicatement Hermione contre le mur en y posant son autre main. Les deux sorciers se considérèrent alors longuement, se perdant dans les yeux de l'un l'autre, comme s'ils voulaient chacun graver ce moment dans leur mémoire. Hermione pouvait sentir son coeur palpiter dans sa poitrine, et le rythme de ses battements était tellement rapide qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser en elle. Ce qu'elle ignorait, toutefois, c'était que celui de Severus suivait les même pulsations. Dans un geste délicat, le maître des potions se saisit alors du menton de son ancienne assistante et referma ses lèvres sur les siennes. Aussitôt, leur bouche se rencontrèrent et s'unirent tendrement dans le secret le plus total. Hermione gémit doucement en sentant les doigts de Severus se glisser dans ses cheveux, mais également le parfum qui émanait de lui, cette fragrance qu'elle aimait avec tant de passion. Le baiser s'intensifia tout en restant délicat, chacun s'accrochant à l'autre comme si sa vie en dépendait. Puis, finalement, ils se séparèrent, les joues rosies, et échangèrent un sourire rayonnant.
- Hermione ! s'écria Harry en la croisant au détour d'un couloir du deuxième étage, quelques minutes plus tard. À l'heure qu'il était, Ron et les autres devaient déjà avoir rejoint le bureau de Dumbledore, et c'était la raison pour laquelle Hermione se trouvait ici, et non plus bas. Rogue, quant à lui, s'en était allé réunir les membres de l'Ordre.
- Harry ! s'exclama-t-elle en se jetant dans ses bras avec inquiétude, comme elle l'avait si souvent fait ces cinq dernières années. Tu vas bien ? Comment va ta jambe ? Il la serra contre lui avant de la lâcher et de balayer ses questions d'un revers de main.
- Ça va, affirma-t-il rapidement avant de continuer sur ce qui lui semblait être le plus important. J'ai parlé à Dumbledore et.. Je veux le faire, Hermione, déclara-t-il d'un ton pressé, sans même songer au fait qu'elle aurait pu ne pas être au courant. Je.. Je veux remonter le temps. C'est notre seule chance de sauver Sirius. Je sais que tu..
- Je le veux aussi, le coupa-t-elle en lui prenant les mains, comme pour l'apaiser.
- Vraiment ? s'étonna Harry en accrochant son regard noisette rempli de tendresse. Aussitôt, ce simple contact le fit se sentir mieux : Son angoisse diminua et la douleur qu'il ressentait au niveau de la poitrine s'atténua. Il ne se sentait plus seul contre tous.
- Oui, lui assura Hermione après avoir pris une profonde inspiration. Je ferai tout pour toi, Harry, ajouta-t-elle en lui adressant un sourire significatif. Ce dernier le lui rendit et remarqua que ses yeux pétillaient avec détermination.. Ou étaient-ce des larmes ?
- Hermione, murmura-t-il alors en l'attirant un peu plus vers lui, mais elle baissa la tête. Harry fronça légèrement les sourcils. Il est vrai qu'il lui en demandait beaucoup.
- Il y a quelque chose que tu dois savoir, reprit-elle d'une petite voix, et le regard du brun se perdit sur ses lèvres qu'elle pinçait d'un air coupable. J'ai.. J'ai embrassé Severus tout à l'heure, lui avoua-t-elle en le regardant à nouveau. C'était.. Un baiser d'adieu. Harry ouvrit la bouche avec surprise, mais aucun son n'en sortit. À vrai dire, il ne ressentit pas grand-chose, ce qui, quelque part, l'étonna grandement. La nouvelle de la mort de Sirius avait été si dévastatrice qu'il trouvait celle-ci presque futile.
- Ce n'est pas grave, lui répondit-il finalement dans un demi-sourire. Enfin si, mais je te pardonne. Après tout.. J'ai bien embrassé Ginny.
- Quoi ? demanda Hermione, l'air interdit, mais le clin d'oeil que lui fit son petit ami lui indiqua qu'il plaisantait, ce qui l'amusa et la rassura en même temps. Cela n'avait d'ailleurs rien à voir avec Ginny : En vérité, la jeune fille avait eu peur qu'il ne puisse plus jamais rire, voire même sourire, après ce qui s'était passé hier. Et en ce qui concernait la rousse, elle était la petite sœur de Ron, et par extension, leur petite sœur à tous. Harry ne l'avait jamais vue autrement, au grand soulagement de son meilleur ami.
- Je sais que vous êtes proches, Rogue et toi, mais tu vas accepter de le perdre pour moi.. Alors, merci, reprit-il en appuyant son front contre le sien. Je t'aime, Hermione. Ces mots, elle les lui avait souvent dits, mais le contraire avait été plus rare, voilà pourquoi ils transcendèrent tout à cet instant, même n'importe quel baiser. Mais Harry ne comptait pas partir sans lui en offrir un, alors il se pencha vers elle et l'embrassa tendrement. Allons rejoindre les autres, lui dit-il ensuite en la prenant par la taille.
Lorsque les deux amoureux arrivèrent devant le bureau de Dumbledore, ils remarquèrent que la gargouille qui gardait d'ordinaire l'entrée avait été écartée, et que l'épaisse porte en chêne était, elle, grande ouverte. De toute évidence, Harry et Hermione étaient attendus avec impatience. Huits autres sorciers, dont la moitié, des membres de l'Ordre du Phénix, se trouvaient déjà à l'intérieur. En entendant le duo arriver, Ron et Ginny se levèrent de leurs fauteuils, et Luna et Neville, qui se tenaient à côté d'eux, firent aussitôt volte-face. Derrière l'énorme bureau était installé Dumbledore en personne, entouré de Rogue à sa gauche, et de McGonagall à sa droite. Le maître des potions semblait avoir retrouvé l'expression impassible que Harry lui connaissait si bien, mais l'on pouvait cette fois-ci deviner une certaine réticence dans son regard, de par la légère courbe que prenaient ses sourcils. Cette dernière était certainement causée par la présence de Lupin, qui se tenait à côté de lui, près de la fenêtre. Mais elle pouvait tout aussi bien être dû au fait qu'il s'apprêtait à perdre ses souvenirs pour sauver la peau de Black, tout en redevenant l'esclave du Seigneur des Ténèbres. Le professeur McGonagall, quant à elle, allait l'air d'aller mieux depuis son séjour à l'hôpital St-Mangouste, mais ses lèvres pincées, aussi fines qu'une ligne, trahissaient son inquiétude, ainsi qu'un certain scepticisme vis-à-vis de la situation. Ce fut néanmoins Dumbledore qui rompit le silence en premier, et non elle.
- Miss Granger ?
- Oui ? répondit la concernée d'une voix qui se voulait assurée.
- Je ne pense pas me tromper en supposant que Severus vous ait informé de la situation ?
- En effet, approuvèrent-ils en choeur avant d'échanger un sourire imperceptible.
- Tant mieux, car je dois dire que j'apprécie modérément avoir à me répéter. Les mots sont, selon moi, notre plus inépuisable source de magie, mais cela ne signifie pas pour autant que nous devons la gaspiller en verbiage, reprit le directeur de Poudlard sur un ton solennel. Rogue serra les dents avec contrariété, mais Ron, lui, préféra profiter du silence installé pour se rapprocher de ses deux meilleurs amis.
- Remonter le temps.. Ça vous convient vraiment à tous les deux ?
- Oui, répondit aussitôt Harry, presque brusquement. Hermione hocha la tête.
- Bien.. Alors, à moi aussi, décida Ron en esquissant un léger sourire.
- Le professeur Dumbledore nous a parlé des enjeux, Harry, déclara alors Neville. Si ça peut nous permettre de sauver Sirius et de garder un avantage sur Tu-Sais-Qui, alors nous le ferons. Luna, qui s'était penchée vers Fumseck pour le caresser, tourna aussitôt la tête vers Harry et le gratifia d'un sourire d'agrément, tandis que Ginny, les bras croisés, se contenta d'approuver d'un hochement de tête. Lupin en fit de même, mais il avait le visage grave et les traits tirés, comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours. Pourtant, la pleine lune se situait encore loin sur le calendrier.
- Mais voyons, Albus.. Comment allons-nous nous y prendre si cela s'avère faisable ? releva finalement McGonagall en s'adressant directement à lui. Vous semblez avoir oublié que tous les retourneurs de temps se trouvaient au ministère et qu'ils y ont été détruits hier..
À cet instant, Harry se tourna naturellement vers Hermione, espérant de façon presque irrationnelle qu'elle puisse contredire les suppositions de la directrice des Gryffondor. Mais celles-ci étaient malheureusement fondées, et la brune se mordit à nouveau les lèvres avec inquiétude. On aurait dit que Ron, et surtout Ginny, attendaient sa réponse avec une certaine appréhension. Au fond, le frère et la sœur avaient chacun une raison particulière qui les poussaient à vouloir rester dans le monde qu'ils avaient toujours connu, et toutes deux possédaient une chevelure blonde et de beaux yeux clairs.
- J'ai bien peur que le professeur McGonagall ait raison, avoua Hermione en évitant de regarder Harry, dont le visage venait de pâlir un peu plus. Tous les retourneurs de temps se trouvaient bel et bien au ministère de la magie.. Je ne me souviens pas avoir lu qu'il en existait d'autres ailleurs..
- Et à Gringotts ? s'enquit-il précipitamment. Il doit forcément y en avoir au moins un là-bas ! Dans une de ces fichues chambres fortes..
Le sorcier à la cicatrice en forme d'éclair commençait à s'agiter de nouveau, chose que Mme Pomfresh n'aurait certainement pas tolérée si ce dernier était resté à l'infirmerie. Mais Harry ne pouvait et ne voulait surtout pas croire qu'il allait perdre Sirius une seconde fois, alors que Dumbledore lui avait promis qu'ils se retrouveraient.
- Je suis désolée, Potter, lui confia McGonagall d'une voix plus douce qu'à l'ordinaire.
Le concerné l'ignora, supportant de moins en moins les regards peinés qu'ils lui adressaient tous (à l'exception de Rogue). C'était Sirius qui était à plaindre, et non lui.
- Si vous me permettez la remarque, Monsieur le Directeur, intervint Rogue qui n'avait rien dit depuis longtemps, je pense que vous auriez dû réfléchir à deux fois avant de promettre l'impossible à Mr Potter..
- Attendez, il doit bien y avoir une autre solution, l'interrompit Ron, qui, visiblement, aurait bien voulu sauver la situation. Professeur Rogue, vous en connaissez des rayons sur la magie noire, non ? N'y a-t-il pas une sorte d'incantation qui pourrait ramener Sirius à la vie ? On pourrait se servir de l'âme de cette saleté d'Ombrage comme objet du sacrifice ! Ou bien lui faire ingurgiter une potion.. Aïe !
Ginny venait de le frapper à la tête dans l'espoir de le ramener à la réalité. Hermione aurait juré avoir aperçu McGonagall sourire en l'écoutant parler, mais Severus, lui, ne semblait pas apprécier le fait que l'on puisse le croire capable de telles abominations.
- De deux choses l'une, Severus, reprit Dumbledore, dont l'expression paisible contrastait brutalement avec celle de son auditoire. Premièrement, l'impossible n'existe pas. Et deuxièmement, je n'aurais jamais promis à Harry quelque chose d'irréalisable.
- Alors ça veut dire que..
- Que j'ai pris mes précautions, compléta le vieux sorcier, les yeux soudain pétillants. Exactement, Mr Londubat. McGonagall et Hermione échangèrent un regard confus.
- Mais.. Il ne peut pas y avoir de retourneur de temps dans le château, si ? risqua timidement Hermione. Sinon, ce serait mentionné dans l'Histoire de Poudlard..
- Le Ronflak Cornu n'a jamais été mentionné nul part, mis à part dans le magazine de mon père, l'interrompit Luna d'une voix rêveuse. Ça ne veut pas pour autant dire qu'il n'existe pas. Son interlocutrice sembla sur le point de rétorquer quelque chose, mais Ron la coupa dans son élan.
- C'est vrai, et puis, tu as toi-même dit que l'Histoire de Poudlard devrait être revue..
- Tu écoutes ce que je dis maintenant ? répliqua Hermione, sur la défensive.
- Professeur ! s'exclama Harry d'une voix forte, comme pour rappeler ses deux meilleurs amis à l'ordre. Où est-il maintenant, ce fameux retourneur de temps ?
- Ici même, répondit Dumbledore en se levant de son trône. McGonagall lui lança un regard de reproche. Rassurez-vous, Minerva, je ne l'ai dissimulé ici que depuis peu.
- Et où était-il avant ? Attaché au cou du calmar géant ? lança-t-elle alors avec sarcasme. La situation ne s'y prêtait définitivement pas, mais l'humour piquant de la directrice des Gryffondor arracha néanmoins un rictus à Severus Rogue, son collègue.
- Il se trouvait dans les profondeurs d'une salle que Harry et ses amis, et même Severus, connaissent très bien..
- La Salle sur Demande, devina Neville, et ses amis le considérèrent avec surprise, comme s'ils ne s'attendaient pas à ce qu'il fasse preuve d'autant d'intelligibilité.
- Mais.. Vous-Savez-Qui aurait pu s'en emparer ! s'énerva McGonagall dont le teint venait de prendre à peu de chose près la couleur de l'ancien plumage de Fumseck.
- Et comment ? demanda Ron sur le ton de la conversation.
- Eh bien, par l'intermédiaire d'un autre, évidemment ! rétorqua la sorcière en le fustigeant du regard. Par Merlin, Albus ! Avez-vous déjà oublié ce qui s'est passé avec le professeur Quirrell ? Ou encore avec le journal de Jedusor ?
En entendant ces mots, Ginny fut parcourue d'un frisson qu'elle tenta de dissimuler aussitôt, mais Lupin le remarqua tout de même et lui adressa un sourire réconfortant.
- Lord Voldemort ne connait pas l'existence de ce retourneur de temps, assura fermement Dumbledore en traversant lentement la pièce. Je peux vous le garantir. Et même si c'était le cas, cet objet ne lui serait probablement d'aucune utilité.
Le directeur de Poudlard s'approcha alors d'une petite armoire que Harry reconnut comme étant celle abritant la Pensine. Seulement, lorsqu'il l'ouvrit à coup de baguette magique, le brun constata que le récipient en pierre ne s'y trouvait désormais plus. Harry cligna alors des yeux, pensant avoir mal vu, mais Dumbledore avait déjà refermé l'armoire en question. Il tenait maintenant dans sa main un épais collier en or massif au cœur duquel avait été forgé un sablier entouré de deux anneaux.
- Mais.. Ce retourneur de temps est différent de celui que j'ai utilisé en troisième année, fit remarquer Hermione, tandis que Ron, bouche bée, ne quittait pas l'objet des yeux. Il peut revenir des années en arrière, n'est-ce pas ? Alors pourquoi Voldemort n'aurait-il pas intérêt à se le procurer ?
- Car il nécessite quelque chose que Lord Voldemort ne pourrait donner, Miss Granger.
- De l'amour ? proposa Harry en fronçant les sourcils. À sa grande surprise, le vieux sorcier fit non de la tête. Il lui avait toujours appris que l'amour était la réponse à tout.
- Il lui faudrait pour cela donner sa parole.
- Et le Seigneur des Ténèbres n'en a aucune, déclara amèrement Rogue en pensant à la fois où il l'avait supplié d'épargner Lily, il y a presque quinze ans de cela.
- Euh, excusez-moi, intervint prudemment Ron en levant une main hésitante. Rogue et McGonagall se retournèrent alors dans sa direction, et Ginny eut l'étrange impression que son frère cherchait à disparaître derrière Luna (ce qui était peine perdue étant donné qu'il la dépassait aisément d'une tête). Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer de quoi il est question ? Comment ça marche, ce truc, exactement ?
- En somme, commença Lupin sans laisser à ses anciens collègues le temps de répondre, nous allons utiliser ce retourneur de temps pour revenir cinq ans en arrière et empêcher Severus d'ensorceler le Choixpeau. Le maître des potions lui lança un regard en biais. De toute évidence, il n'appréciait guère que l'un de ses anciens camarades de classe soit mêlé à tout cela, et encore moins qu'il se permette de relater les faits de la sorte, comme s'il connaissait tout sur tout. Seulement, pour que ça se fasse, il devra s'engager personnellement en passant un Serment Inviolable. Il s'agit là d'un accord entre deux sorciers qui ne peut pas être rompu, hormis par la mort, ajouta Lupin en entendant Harry demander des explications à Hermione. Si, par exemple, Voldemort tombait sur ce retourneur de temps, il chercherait forcément à revenir quinze ans en arrière pour éviter que le maléfice lancé à Harry ne ricoche. Ainsi, il ne perdrait jamais ses pouvoirs. Mais le fait est qu'il devrait forcément promettre de ne pas recommencer..
- Ce qui serait impossible, car il veut à tout prix me tuer, compléta aussitôt Harry.
- Et il ne pourrait pas non plus se risquer à rompre le Serment Inviolable, car il craint la mort plus que tout, acheva Ron, visiblement fier de sa déduction. Lupin acquiesça d'un signe de tête, mais Dumbledore, lui, fronça les sourcils, comme s'il réfléchissait.
- Êtes-vous réellement sûr de votre théorie, Albus ? lui demanda alors le professeur McGonagall, de nouveau plus inquiète qu'en colère. Et si.. Et si Vous-Savez-Qui avait finalement réussi à vaincre la mort ?
Elle avait prononcé cette dernière phrase d'une voix tremblante (chose que Harry ne manqua pas de remarquer), et une fois celle-ci achevée, Lupin se dirigea vers la fenêtre en prenant une profonde inspiration, tandis que Rogue considérait longuement Dumbledore. Hermione, elle aussi, semblait perturbée, mais Harry et les autres ne comprenaient pas pourquoi. Était-il possible de vaincre la mort ? Et si oui, comment ?
- Quoi qu'il en soit, ce retourneur de temps est à usage unique, répondit finalement Dumbledore, et Harry eut l'impression qu'il cherchait à éluder la véritable question. Il se brisera après utilisation, alors inutile de s'inquiéter davantage. Il adressa alors un sourire aux six jeunes sorciers, et cette intention sembla au moins les rassurer, à défaut de ne pas les convaincre entièrement.
- Bien, alors qu'est-ce que l'on doit faire maintenant ? demanda Ron en devançant Harry.
À cet instant, Hermione regarda ses deux meilleurs amis avec une certaine nervosité, quoique inspirée par leur courage. Luna, de son côté, posa la tête sur l'épaule de Ginny tout en prenant Neville par le bras, et Dumbledore jugea qu'il était temps de leur expliquer le plan en détail. Si tout se déroulait comme prévu, ils reviendraient cinq ans en arrière, mais ne devraient revivre que cette année-là. Toutefois, pour pouvoir utiliser correctement le retourneur de temps, il leur faudrait tout d'abord se positionner autour du sorcier qui allait invoquer ses pouvoirs : Albus Dumbledore, lui-même.
- Mr le Directeur ?
- Oui, Severus ?
- Je pense que nous allons avoir besoin d'une baguette supplémentaire, constata le maître des potions en observant les uns et les autres se placer sur ce que Harry associait à une sorte de pentagramme.
- Allons chercher Hagrid, proposa aussitôt ce dernier. Il est de retour, non ?
- Ce ne sera pas la peine, répondit Dumbledore, à la surprise générale.
- Pourquoi ? répliqua sèchement Harry, soudain piqué au vif. Comme souvent cette année, sa susceptibilité lui faisait tirer des conclusions hâtives. Hagrid est la personne qu'il nous faut et je suis certain qu'il serait ravi d'aider ! Je pensais que vous lui faisiez confiance.. Lui, en tout cas, a toujours eu beaucoup d'estime pour vous !
- Harry, le reprit gentiment Lupin, mais le concerné lui lança un regard noir.
- Je comprendrais que tu puisses ressentir de l'animosité à mon égard, Harry, mais je te prierai de ne pas te méprendre quant à mes intentions, reprit calmement Dumbledore. Je voulais simplement t'informer que nous n'aurons pas besoin d'aller chercher quelqu'un. Là-dessus, le directeur de Poudlard pointa sa baguette sur la lourde porte en chêne qui s'ouvrit à la volée, révélant la silhouette de Drago Malefoy.
- Drago ! s'exclama Ginny en accourant vers lui pour l'empêcher de tomber (il s'était appuyé contre le bois pour mieux entendre leur conversation).
- Une minute ! s'écria Ron en retenant sa sœur de justesse, et Harry et Neville ne purent s'empêcher d'esquisser un sourire moqueur en voyant le blond s'étaler de tout son long par terre. Tous les autres élèves sont déjà à bord du Poudlard Express à l'heure qu'il est ! Qu'est-ce qui te dit qu'il n'est pas venu espionner pour le compte de son père ?
- Lâche-moi, Ron ! protesta Ginny en se débattant. Si tu ne veux pas que je te..
- Je suis venu en tant qu'allié ! assura Drago après s'être relevé. Je.. J'aimerais sincèrement vous aider. Ron eut alors un petit ricanement. Apparemment, il ne lui faisait toujours pas entièrement confiance, même après son coup de main d'hier après-midi.
- Ah oui ? Toi, aider Sirius ? Alors que tu voulais accrocher la tête de Buck dans la salle commune des Gryffondor, il y a deux ans ! McGonagall fronça les sourcils, l'air sévère. On aurait dit qu'elle considérait l'anecdote comme une insulte personnelle.
- Ça suffit, Ron, rétorqua Hermione, qui venait de réaliser que les portraits représentant les anciens directeurs de Poudlard étaient désormais tous réveillés et qu'ils les observaient d'un œil critique.
- C'est vrai, je me fiche éperdument de Black ! avoua Drago avant de marmonner un bref « Désolé, Potter » à l'adresse de ce dernier. Mais j'aimerais vous aider à sauver Tracey.. Et Pansy également. C'est uniquement ma faute, ce qui leur est arrivé.. Alors laissez-moi me racheter. Je ne suis pas mon père, vous savez, ajouta-t-il franchement.
- Ça reste encore à prouver, répondit Ron à voix basse avant de lâcher Ginny. Cette dernière se jeta aussitôt dans les bras du blond, sous le nez de Phineas Nigellus Black qui maugréa : « Un Malefoy avec une Weasley ! Oh, Merlin.. On aura tout vu.. ».
- Vous pouvez nous rejoindre, Mr Malefoy, déclara finalement Dumbledore en lui indiquant sa place à l'aide de sa baguette. McGonagall et Rogue échangèrent alors un regard entendu, et le concerné s'avança pour se positionner sur le pentagramme.
- Attendez.. Quoi ? Vous êtes sérieux ? s'étonna Ron, mais Ginny ignora sa réaction.
- Professeur Dumbledore ?
- Oui, Miss Weasley ? lui répondit patiemment le directeur de Poudlard. La rousse ouvrit alors la bouche, puis la referma, hésitant à poser la question qui lui brûlait les lèvres. En effet, la vérité se révélait souvent bien plus douloureuse que l'ignorance.
- Je me demandais si.. S'il y avait une chance que Drago et moi soyons toujours ensemble dans la réalité qui nous attend ? s'enquit-elle avec courage.
- Je ne peux malheureusement pas vous apporter de réponse..
- Et pourquoi ça ? Je vous ai entendu tout à l'heure.. Vous avez dit que l'amitié qu'entretenaient Harry, Ron et Hermione demeurerait, et qu'elle en serait peut-être même renforcée si Hermione était envoyée à Gryffondor..
- Ginny.. Je suis désolée, mais.. Si vous vous êtes rapprochés, Drago et toi, c'est uniquement parce que j'ai été envoyée à Serpentard, lui expliqua la brune, l'air navré.
- Ouf, tu me rassures, lui lança alors Ron, mais celle-ci le fusilla du regard.
- Viens par là, Ginny, murmura le Serpentard en l'entourant de ses bras. Puis, en caressant délicatement sa chevelure flamboyante, il ajouta : Granger a raison, comme toujours, mais.. J'espère que je changerai malgré tout. Je ne veux pas redevenir l'horrible petite brute que j'étais. Ron s'efforça de ne pas le corriger, bien qu'il préférait largement le terme de « sale type aux cheveux décolorés ».
- Mr Malefoy, reprit Dumbledore d'un ton presque paternel, tandis que Harry et Rogue priaient mentalement pour qu'il ne se lance pas dans un énième discours philosophique. Comme je l'ai déjà expliqué à Harry, le fait d'avoir été profondément aimé offre à jamais une protection contre les autres, même lorsque la personne qui a manifesté cet amour n'est plus là. Ceci dit, l'amour peut accomplir bien d'autres miracles. Peut-être, je dis bien peut-être.. Qu'il vous aura changé définitivement.
- Je l'espère, répondit sincèrement le blond en échangeant un regard silencieux avec Ginny.
Il avait l'étrange impression que les yeux marrons de sa partenaire lui criaient les mots « Je ne veux pas te perdre », et que leur écho se reflétait dans sa propre iris. Cela lui fit se rappeler de la fois où Blaise et lui en étaient venus à parler du véritable amour, le seul et l'unique. Il se souvenait même des mots employés par son ami : « Si l'occasion se présente à toi, saisis-la. Car on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie ». L'occasion, Drago l'avait saisie.. Un peu trop tard, malheureusement. Le bonheur qui s'en était suivi allait disparaître de sa vie aussi vite qu'il n'y était arrivé. Un peu plus loin, Lupin esquissa un sourire triste en observant le jeune couple. Quelque part, tous deux lui faisaient penser à une version plus jeune de James et Lily, ses meilleurs amis. De son côté, Severus ne put s'empêcher de poser son regard sur Hermione en entendant les mots prononcés par Dumbledore. Il la considéra longuement dans le silence, comme s'il s'efforçait d'ancrer dans sa mémoire le moindre détail lui appartenant. Lui, qui l'avait si souvent critiquée en classe lors de ses premières années à Poudlard, avait désormais du mal à imaginer un univers dont elle ne serait pas le centre. Car ce que Severus Rogue ressentait envers Hermione Granger était un amour discret, mais incroyablement intense : C'était un amour qui transcendait tout, un sentiment qui guérissait toutes ses blessures. « L'amour peut accomplir bien d'autres miracles. Peut-être, je dis bien peut-être.. Qu'il vous aura changé définitivement ». Au fond de lui, le maître des potions espérait de tout cœur qu'une telle chose soit possible.
Au bout d'une minute ou deux, le professeur McGonagall s'éclaircit bruyamment la gorge en observant Dumbledore avec insistance. De toute évidence, elle semblait penser qu'il était temps de laisser les uns faire leurs adieux aux autres, et le fit comprendre au directeur de Poudlard. Certes, ils allaient tous se rencontrer une nouvelle fois, puis se fréquenter dans l'autre monde, mais leurs rapports seraient probablement différents. Ils passeraient sans doute d'amis à simples camarades de classe, d'amoureux à meilleurs amis, voire même ennemis, et ainsi de suite. Rien n'était écrit à l'avance, et en réalisant cela, Harry, qui avait pourtant était si pressé à l'idée de remonter le temps pour sauver son parrain, ne l'était soudain plus vraiment. La colère et la détresse qu'il avait ressenti quelques heures plus tôt semblaient finalement s'être dissipées pour laisser place à un sentiment d'espoir et de reconnaissance. Le jeune homme vit défiler ses camarades devant ses yeux, et se rendit compte qu'il était heureux et soulagé de les savoir tous en vie, ainsi qu'à ses côtés jusqu'à la fin. Il aperçut Ginny et Drago, main dans la main, s'éclipser discrètement à l'extérieur du bureau, puis Ron rougir au contact des lèvres de Luna frôlant sa joue.. Et très vite, ces échanges lui donnèrent envie de serrer sa petite amie contre lui, de lui témoigner toute son affection. Harry se mit alors à promener son regard à travers le bureau, à la recherche de celle qu'il aimait, mais contre toute attente, ce fut elle qui vint à lui. Dans un geste délicat, Hermione le saisit par le bras et se blottit contre lui, tout en posant la tête contre son épaule. Le couple échangea aussitôt un sourire complice, puis, après avoir écarté une de ses jolies mèches bouclées, Harry rapprocha son visage du sien pour déposer un baiser sur son front. Il était heureux qu'elle soit en vie, elle plus que n'importe qui d'autre, et à ses côtés jusqu'à la fin. Au bout de quelques secondes, cependant, une ombre se dressa dans le champ de vision du brun, emportant avec elle la lumière du jour. Harry leva alors légèrement la tête et aperçut la silhouette de Rogue se dessiner devant eux. Visiblement, il avait quelque chose à dire à Hermione. La concernée se détacha lentement de son petit ami et lui adressa un regard interrogatif, comme pour lui demander son approbation. Elle ne voulait rien faire qui puisse le blesser dans le moment présent, même si celui-ci n'allait pas tarder à disparaître avec d'autres souvenirs. Harry hocha la tête en guise de réponse, un demi-sourire accroché aux lèvres, et les regarda s'éloigner lentement de la foule de sorciers. Au fond, même s'il ne l'appréciait pas plus que cela, Rogue avait le droit de faire ses adieux, lui aussi.
- Hermione, commença le maître des potions en lui adressant un sourire triste.
- Je sais, Severus, l'interrompit-elle en le regardant avec intensité. Moi aussi.
Harry fronça les sourcils, la curiosité le poussant malgré lui à vouloir comprendre leur échange, aussi bref fut-il. Cependant, il n'en eut pas le temps, car Neville mit aussitôt fin à sa tentative en le prenant dans ses bras. Sur le coup, le maître des potions parut interloqué, mais n'en montra rien. Ce n'était, certes, pas la première fois que cela se produisait, mais il était toujours agréablement surpris de constater qu'ils pouvaient se comprendre sans même utiliser le langage. Toutefois, l'envie d'un contact physique se faisait également ressentir, en particulier après ce baiser échangé un peu plus tôt. Severus jeta alors un bref coup d'oeil aux alentours, puis, après s'être assuré que personne ne les regardait, prit la main de son ancienne assistante dans la sienne et la serra affectueusement. Quelque part, il avait l'étrange impression que ses doigts avaient été faits pour s'entrelacer dans les siens, tant ce simple geste lui procurait une sensation exquise. Hermione, qui s'efforçait de sourire pour ne pas pleurer, lui rendit silencieusement son étreinte en le regardant dans le blanc des yeux, puis s'en alla rejoindre Harry. Elle voulut se retourner à mi-chemin, mais au même moment, Ron accourut vers ses deux meilleurs amis pour les prendre dans ses bras, ce qui, curieusement, arracha un léger sourire à Severus. Quoi qu'il arrive, ces deux-là seraient là pour protéger celle qu'il aimait. Tandis que Harry, Ron et Hermione se détachaient les uns des autres, Ginny et Drago réapparurent derrière l'épaisse porte en chêne, les yeux rougis par les larmes. La rousse s'avança alors dans la pièce pour enlacer Hermione et Luna, puis chacun reprit sa place sur le pentagramme magique.
D'une main légèrement tremblante, le professeur McGonagall sortit sa baguette afin de procéder au Serment Inviolable destiné à lier Severus Rogue à Albus Dumbledore. Harry fut surpris, voire fasciné par la puissance de ce sortilège, ignorant qu'il allait bientôt assister à quelque chose d'encore plus grandiose. Ron et Hermione, quant à eux, parurent plus effrayés que subjugués par cette démonstration de haute magie, mais leurs peurs étaient fondées : En effet, Ron avait failli en passer un avec Fred et George lorsqu'il n'avait que cinq ans, et Hermione ne pouvait s'empêcher de se concentrer sur ce que l'on avait à perdre en y participant, à savoir la vie. Une fois cela fait, Dumbledore tira avec délicatesse sur la chaine suspendue à son cou, puis pointa sa baguette sur le sablier miniature à l'aide de son autre main. Harry fronça les sourcils, tandis que ses camarades et professeurs retenaient leur souffle. Maintenant qu'il le voyait de plus près, ce retourneur de temps lui paraissait en effet beaucoup plus épais que celui qu'avait utilisé Hermione en troisième année. Toutefois, la chaine, elle, n'avait pas l'air beaucoup plus longue. Comment Dumbledore allait-il donc s'y prendre pour la partager entre onze sorciers ? Et pourquoi pointait-il l'extrémité de sa baguette sur le sablier ? Ne fallait-il pas plutôt manipuler l'objet manuellement ?
- Vous n'aurez pas besoin de l'avoir au cou, déclara soudain le directeur de Poudlard en jetant un regard en biais à Harry, comme s'il avait lu dans ses pensées. Comme je l'ai déjà dit, ce retourneur de temps est différent de celui que j'avais prêté à Miss Granger. Il nécessite d'ailleurs une quantité assez considérable de puissance magique, voilà pourquoi je vais avoir besoin de ma baguette.. Et des vôtres.
- Je vois, dit alors Neville en rougissant légèrement. C'est pour ça que.. Que nous sommes placés de la sorte, n'est-ce pas ? Les professeurs en haut du pentagramme, et les élèves les plus jeunes et les moins doués en bas..
Il y eut un silence embarrassant durant lequel McGonagall et Lupin cherchèrent une réponse appropriée, tandis que Rogue et Drago se retenaient de ne pas approuver les tristes paroles du Gryffondor. En fin de compte, ce fut Dumbledore qui ajouta :
- Oh non, cela n'a rien à voir. J'ai toujours aimé rendre les choses plus esthétiques, les embellir un peu.. Il s'agit là d'un de mes petits plaisirs personnels, rien de plus..
- Hum, professeur ? l'appela Harry après s'être éclairci la gorge.
- Es-tu prêt, Harry ? reprit celui-ci sur un ton beaucoup plus sérieux.
Le concerné aurait voulu rétorquer qu'il l'était depuis une demi-heure, mais préféra laisser ses sarcasmes de côté et approuver d'un signe de tête. Les dix sorciers rassemblés autour du directeur de Poudlard levèrent alors leur baguette à l'unisson afin de lui prêter main forte. Aussitôt, le petit sablier se mit à tourner lentement, puis de plus en plus rapidement, et en voyant cela, Ron se décida à faire quelque chose qu'il n'aurait jamais osé faire à l'ordinaire : Il étira le bras vers Luna et lui prit la main. Harry et Hermione en firent de même, mais Drago et Ginny durent se contenter d'un sourire étant donné qu'ils se tenaient trop loin d'un de l'autre (Heureusement, ils avaient pensé à prendre les devants après être sortis du bureau tout à l'heure). Rogue jeta un dernier regard à Hermione, mais la lumière qui les enveloppait désormais était si intense qu'il la voyait de moins en moins clairement. Le retourneur de temps, en particulier, brillait de mille feux dans la main ridée de Dumbledore, mais cela ne semblait pas le déranger, contrairement à Harry qui devait maintenant plisser les yeux pour l'apercevoir. Il sentait ses forces le quitter peu à peu pour se concentrer dans sa baguette, tandis qu'un peu plus loin, Fumseck lançait un faible cri, doux et mélodieux, avant de retourner somnoler d'un air bienheureux.. Somnoler, oui, c'était ce que Harry voulait faire.. Pendant que Dumbledore retournerait le temps.. Ils reviendraient tous cinq ans en arrière.. Rogue ne toucherait pas au Choixpeau.. Et ils seraient automatiquement renvoyés au début de leur cinquième année.. Oui, c'était ce que Dumbledore lui avait promis.. Désormais, il ne voyait plus rien.. Il ne sentait plus que la main de Hermione dans la sienne, ainsi que la présence de ses amis à ses côtés..
- Et si on allait chercher un compartiment ? proposa Harry qui venait de monter à bord du Poudlard Express en compagnie de Ron, Hermione et Ginny. Vous savez comment c'est ici, il n'y aura bientôt plus de place si on ne se dépêche pas..
- Euh.. Bah, allez-y, Ginny et toi, lui répondit Ron en évitant de croiser son regard.
- Pourquoi ? demanda Harry, l'air confus, mais ce fut Hermione qui poursuivit.
- Eh bien, en fait, nous sommes censés rejoindre le wagon réservé au préfets, Ron et moi, lui expliqua-t-elle, un peu gênée. Je ne sais pas si l'on va devoir y rester durant tout le voyage, par contre.. Peut-être que l'on va juste aller prendre nos instructions auprès du préfet et de la préfète-en-chef, puis patrouiller dans les couloirs de temps en temps. Rien de passionnant. Hermione savait pertinemment que Harry aurait voulu obtenir ce titre et essayait donc de donner un air insipide à leurs nouvelles fonctions.
- J'espère juste ne pas avoir à faire tout le trajet avec les préfets de Serpentard, se lamenta Ron tout en se massant la nuque. Harry s'efforça de ne pas lever les yeux au ciel, mais il avait tout de même l'air agacé par les complaintes de Ron. Celui-ci venait d'être nommé préfet sans raison particulière et trouvait encore à redire. Peut-être était-ce la jalousie qui lui faisait penser cela, mais il avait l'impression d'entendre Percy.
- Tu viens, Harry ? l'appela Ginny en l'arrachant à ses pensées.
- Quoi ? Ah, euh, oui.. Allons-y, lui répondit-il vaguement avant de saisir la cage de Hedwige dans une main, et sa valise dans l'autre.
- À tout à l'heure ! s'exclama Hermione en accompagnant ses mots d'un signe de la main, tandis que Coquecigrue virevoltait gaiement dans sa cage. Harry lui adressa un faible sourire en guise de réponse, et bientôt, ils se séparèrent chacun de leur côté.
- Je te jure que je démissionne si jamais j'apprends que Malefoy a été nommé préfet, reprit Ron en se frayant un chemin dans le couloir. Imagine un peu l'horreur ! Il va se croire sorti de la baguette de Merlin ! Remarque, ça ne changera pas de d'habitude..
- Tu ne peux pas renoncer à tes fonctions pour si peu, Ron, lui rappela Hermione, mais ce dernier semblait déjà ne plus s'en soucier.
- Oh non, ça commence bien.. Voilà la chauve-souris des cachots en personne, soupira-t-il en croisant nul autre que le professeur Rogue, leur maître des potions.
- Bonjour, professeur, le salua poliment Hermione (elle venait de faire taire Ron en lui administrant un coup de coude dans les côtes).
- Bonjour, répéta le roux dans un marmonnement à peine audible.
Les deux amis s'attendaient à être ignorés sans même avoir le droit à un bref regard de sa part, mais à leur grande surprise, Rogue s'arrêta en chemin pour les saluer. Il se contenta d'abord d'un simple hochement de tête, puis considéra longuement Hermione en silence, comme s'il réfléchissait à quelque chose. La concernée se sentit alors rougir malgré elle, tandis que Ron, lui, commençait à s'impatienter. Qu'allait-il faire cette fois-ci ? Leur lancer une de ses fameuses répliques cinglantes ? Ou bien retirer vingt points à Gryffondor, car ils parlaient (voire respirer) trop fort dans le couloir ?
- Bon, c'est pas tout ça, mais on doit rejoindre notre compartiment, se risqua finalement Ron en tirant Hermione par le bras. Pour une fois, la préfète aux cheveux bouclés ne protesta pas et se laissa entraîner un peu plus loin, visiblement dubitative.
- La Princesse de Sang-Mêlé, murmura alors Rogue pour lui-même, tout en fronçant les sourcils. Ce nom lui était venu à l'esprit en apercevant Miss Granger, mais il ne saurait expliquer pourquoi. Lorsqu'il l'avait vue, des images toutes plus saugrenues les unes que les autres s'étaient succédées devant ses yeux inexpressifs, semblables aux souvenirs d'une vie perdue. C'était comme s'il s'était rappelé d'un songe fait il y a longtemps.. « Un rêve aussi étrange qu'impossible » marmonna-t-il en poursuivant finalement sa route, sa longue cape noire virevoltant derrière lui telle une ombre.
Note de l'auteure : Voilà, cette fanfiction touche à sa fin.. Pour tout vous dire, ça me fait bizarre de me dire qu'elle est terminée, car j'en ai commencé l'écriture en août 2015 ! À cette époque, je découvrais le couple Rogue/Hermione, ainsi que ce qui se cachait derrière ma plume. En fait, cette fanfiction représente mon premier véritable écrit, et c'est grâce à elle que j'ai progressé et que j'ai développé cette passion. J'ai pris du temps à l'écrire, certes, mais je l'ai vraiment fait sérieusement, alors j'en suis tout de même fière. En tout cas, j'espère que ce dernier chapitre vous aura plu autant qu'à moi, voire plus. Même si à la fin, ce choix n'a pas tellement d'importance (comme ils décident de remonter le temps), j'ai décidé de finir avec le couple Harry/Hermione, car c'est vraiment mon préféré depuis toujours. J'aime aussi énormément le Rogue/Hermione, alors ne m'en voulez pas trop ! ^^ Sinon, j'ai également beaucoup aimé m'essayer au Drago/Ginny, au Ron/Luna, etc.. Ainsi que manipuler tout cet éventail de personnages ! C'était vraiment amusant, surtout lorsque je glissais des blagues çà et là ! Ça passait crème à chaque fois, comme si l'humour de J.K. Rowling avait fini par me contaminer, haha. Que dire de plus ? J'ai l'impression de m'être rapprocher du tome 5 tellement je me suis penchée dessus. Je l'ai presque réécrit en fait xD Bref, merci beaucoup d'avoir lu cette fanfiction. Merci à ceux qui l'ont suivie depuis le début, ceux qui l'ont commencé après que j'en ai repris l'écriture sur cette plateforme.. Et également à ceux qui la liront dans le futur. Sachez que vos reviews m'ont vraiment motivé, elles m'ont réchauffé le cœur et m'ont réconforté, quelque part. Je me disais que ce que je faisais plaisait et divertissait, et c'était un superbe sentiment ! En espérant vous retrouver dans les reviews de mes prochains one-shots !
PS : C'est choquant de se dire que votre fanfiction comporte un peu plus de mots que Harry Potter et la Coupe de Feu ! ^^