Hellow ! Pour information, l'histoire avec le code, c'est que c'étaient les numéros des mois d'anniversaire d'Akaashi et de Bokuto (1209). Comme s'il y avait déjà des prémisses du côté d'Akaashi... M'enfin, je dis ça, je dis rien...

Chapitre 4 – La disparition de l'iceberg

Akaashi arriva chez lui en trombe. Il poussa violemment la porte et écarquilla les yeux. Sa sœur était étendue sur le sol dans une mare de sang. Sa gorge était fendue en deux, l'arme du crime posée à côté d'elle. Il cria et se précipita sur elle. Son regard vitreux fixait un point du plafond, ses petites lèvres étaient entrouvertes et du sang couvrait son menton. Son teint était pâle, blanc comme la neige. Il cria son nom encore et encore, espérant que peut-être cela pouvait la réveiller, mais non, rien ne le pourrait puisqu'elle avait été plongée dans un sommeil éternel. Il pleura, pleura toute les larmes de son corps, il ne pouvait plus arrêter. Il étreignait le petit corps désormais sans vie de sa sœur dans ses bras. On aurait dit qu'elle le regardait comme pour le remercier de tout ce qu'il avait accompli pour elle toutes ces années, mais que maintenant elle s'en était allée dans un autre monde, un monde sûrement bien meilleur qu'ici-bas.

Il cria de nouveau de désespoir, déposa le corps de sa sœur sur le sol, en lui fermant les yeux et se jeta sur son père avachi dans son sofa. Il avait un couteau dans les mains, celui qui avait servi à tuer Eri. Mais au moment où il allait l'atteindre, son paternel fit volte-face, un pistolet à la main. Il tira sans même attendre, en plein dans la tête de Keiji.

Il se réveilla en sueur et en larmes. Il ne saisit pas tout de suite où il était. C'était un environnement inconnu. Tout était blanc. Une lampe de chevet éclairait faiblement la pièce. Ça ressemblait à une chambre d'hôpital. Il s'assit sur son lit et se rendit compte que son bras avait été mis dans une atèle. Un cauchemar, dites-moi que c'était un cauchemar. Dans le coin de la pièce, il remarqua Bokuto-san, somnolant dans un fauteuil et couvert d'une couverture. Ce devait être la nuit. Il ne se rappelait de rien après qu'il soit entré dans l'ambulance. Et Eri ? Où était Eri ?!

Il se leva et déambula jusqu'à la porte de la chambre. Il ne voulait pas réveiller Bokuto-san, il avait dû veiller sur lui depuis tout ce temps. Mais, alors qu'il mettait une main sur la poignée de la porte, une voix endormie l'interpella derrière lui :

- Akaashi, tu devrais aller te recoucher.

- Eri, où est Eri ? demanda-t-il avec une pointe de terreur dans la voix.

- T'en fais pas, ils la gardent dans la chambre d'à côté. Elle a juste besoin de récupérer. Apparemment, elle a reçu un choc dans le dos, et ça lui a coupé la respiration. Ils ont dit qu'heureusement qu'elle avait reçu les premiers gestes de secours… sinon elle y serait peut-être restée. En tout cas, elle est hors de danger, ils la transfèreront dans la même chambre que toi bientôt, sûrement demain matin.

Akaashi souffla d'apaisement.

- Je vais quand même aller la voir… juste pour voir qu'elle va bien, j'en ai besoin.

- Je t'accompagne.

Il ne refusa pas l'aide de son aîné : il était encore tremblant sur ses jambes. Il avait tout donné quand il avait… tué ses parents. Ou plutôt ''les tortionnaires qui se faisaient appeler parents''. Il se cramponna au bras de Bokuto, presque par réflexe. Aucun ne réalisa vraiment la situation : ils se tenaient quand même presque la main, mais leurs pensées étaient dirigées vers une autre personne.

Ils arrivèrent rapidement à la porte d'à côté, qui donnait sur la chambre où était sa sœur. Akaashi poussa doucement la porte et ils entrèrent sans un bruit. La petite fille était allongée sur un lit trois fois trop grand pour elle. Elle avait un appareil pour aider sa respiration sur le visage. Keiji eu un petit pincement au cœur. Jamais il n'avait voulu qu'elle se retrouve comme ça. Il lâcha Bokuto, se dirigea vers elle et l'embrassa sur le front. Il rejoignit son capitaine et ils sortirent de la chambre.

Bokuto aida Akaashi à se recoucher. Ils devaient être en plein milieu de la nuit. Le brun ne mit pas longtemps avant de se rendormir.

o.x.O.x.o

Il refit le même cauchemar. Il allait d'ailleurs le faire pendant de nombreuses nuits. Cependant, ensuite, il fit un rêve beaucoup plus agréable. Il y avait Bokuto-san. L'ambiance était apaisante, sereine. Cela le changea du cauchemar d'avant, il s'apaisa. Son rêve était indescriptible. Bokuto-san ne se comportait plus bizarrement, ou quoi que ce soit : il ne l'embrassa pas, ni le prit dans ses bras, mais Akaashi sentit que l'air était rempli d'une sensation indescriptible, et qui lui faisait du bien. Bokuto-san le regardait avec des yeux plein de tendresse. Il lui envoyait comme des ondes positives et Akaashi y était incroyablement réceptif. Il sentait son cœur battre plus vite, il sentait aussi de nouveau cette sensation étrange qui avait grandi en lui lorsque Bokuto-san l'embrassait. C'était comme ça qu'il voulait se sentir pour le reste de sa vie. C'est là qu'il comprit.

o.x.O.x.o

Quand il se réveilla le matin, il faisait déjà jour dans la chambre. Il ouvrit difficilement les yeux, ébloui par les rayons du soleil se reflétant sur les murs clairs de la chambre. Il inspecta la pièce d'un rapide coup d'œil. Bokuto-san n'était plus là, et le lit de sa sœur était arrivé juste à côté de lui. Elle dormait. Il voyait le haut de son corps se soulever et s'abaisser au rythme de sa pulsation cardiaque. On lui avait retiré son appareil respiratoire. Quel soulagement.

La porte s'ouvrit, et Bokuto entra dans la chambre. Il était parti chercher deux-trois choses à manger pour le petit-déjeuner.

- Akaashi ! Content de voir que tu es réveillé ! J'ai ramené plein de trucs pour tous les trois ! Dit-il en chuchotant et le sourire aux lèvres.

Une vague d'un sentiment agréable traversa le corps du passeur quand il vit l'ace. Pourquoi lui faisait-il cet effet ? Il rougit un peu de son manque de contrôle sur son corps. Bokuto-san déposa la nourriture sur une petite table près du fauteuil où il avait passé la nuit et vint s'asseoir sur le lit d'Akaashi.

- J'ai oublié de te demander, tout à l'heure, il s'est passé quoi dans l'ambulance ? Je ne me souviens de rien…

- Ah ça ! Tu t'es évanoui d'un coup ! C'était super flippant ! Ta sœur ne voulait pas te lâcher, elle avait peur que tu sois… mort. On avait beau lui expliquer que tu étais juste endormi, elle ne voulait pas nous croire. Elle a fini par se fatiguer. La suite, tu la connais.

- Je vois… Merci d'être resté avec nous au fait, tu n'étais pas obligé.

- Vu ce qui s'est passé, un peu que si… Je t'ai quand même aidé à tuer ton père…

Akaashi blêmit. Il avait oublié ce détail. Il n'avait pas voulu que ça se passe comme ça, il n'avait pas voulu transformer Bokuto-san en meurtrier. C'était parce qu'il avait été trop faible.

- Bokuto-san, je-

- Je sais ce que tu vas dire, Akaashi. Mais ce n'est pas ta faute.

Il se rapprocha de lui.

- Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour vous sauver. J'aurais très bien pu l'assommer ou le ligoter, mais je savais que si c'était le cas, il s'en serait sorti, et peut-être qu'il vous serait arrivé ensuite quelque chose d'encore pire… Héhé, tu vois ça m'arrive de réfléchir (il sourit tristement et baissa les yeux). Mais tu vois, étrangement, je ne ressens rien… quand tu m'as dit qui il était et ensuite quand j'ai reçu ton appel pour me dire que tu étais en danger, ça m'a fait prendre conscience de la détresse dans laquelle tu étais. Et finalement, je me suis dit que si je ne l'avais pas fait, c'est lui qui aurait fini par le faire. Et ça, je ne pouvais pas le permettre. C'est aussi pour ça que je t'ai laissé te défouler sur lui, ça aussi t'en avais besoin.

Akaashi le regarda d'un air triste. Malgré les paroles de Bokuto-san, il se sentait quand même responsable. Un temps passa sans que ni l'un ni l'autre ne prononce un mot. Puis le brun se décida à poser une question qui lui brûlait les lèvres.

- Bokuto-san ?

- Oui ?

- Pourquoi tu m'as embrassé ?

Il ne précisa pas quand, mais pour les deux garçons, il s'agissait des exactement sept fois où leurs lèvres étaient rentrées en contact.

- Heu… Très sincèrement, j'en ai aucune idée. C'est mon corps qui a parlé à ma place, je ne saurais pas dire pourquoi… Mais toi aussi t'as répondu à un moment !

Le passeur s'attendait à cette remarque. Il acquiesça.

- Pour être honnête, j'ai d'abord pensé comme toi, que c'était mon corps qui parlait à ma place. Et je me suis dit qu'il était temps d'arrêter de me voiler la face. Bokuto-san, que te dit ton cœur ?

- Je ne suis pas sûr de te suivre…

- Dans mon cas, je t'ai répondu parce que quand nous sommes aussi proches et quand tu m'as embrassé ces quelques fois, ça m'a permis de faire le vide. Je ressentais enfin quelque chose de positif. J'ai tellement souffert que c'étaient franchement les seules fois où je me suis enfin dit : ''Je me sens bien''. Je voulais revivre ce sentiment, et c'est pour ça que je me suis laissé faire. Après que j'aie tué mon père, quand tu es venu vers moi alors que j'étais encore en train de planter le couteau dans son corps encore et encore, et que tu as posé tes lèvres sur les miennes, non seulement ça m'a permis de me calmer, mais je me suis surtout senti délivré.

Bokuto l'écoutait attentivement.

- Mais ça, c'était le langage de mon corps. J'ai repensé à tout ça après coup, et je me suis dit qu'il fallait que je sois honnête avec moi-même et que je dise ce que j'ai réellement sur le cœur. Ce sentiment qui parcourt mon corps et fait accélérer mon pouls, c'est bien plus qu'un simple sentiment d'apaisement et de sécurité. Au début, je ne le comprenais pas très bien, et toi, tu as donné ce petit plus à tes baisers et c'est sûrement ça qui m'a fait inconsciemment avoir le déclic. J'ai compris que j'avais des sentiments forts pour toi.

Bokuto se raidit un peu et rougit. Akaashi l'encouragea :

- Bokuto-san, je voudrais que tu arrêtes de parler avec ton corps et que tu exprimes ce que dis ton cœur pendant ces moments-là.

- Et bien je… Je crois qu'en fait, depuis que tu es arrivé dans l'équipe, j'ai été fasciné par toi… Oh ne le prends pas mal, hein ! Je ne suis pas une sorte de stalker ou quelque chose du genre ! Non, en fait… En fait, je voyais que tu avais de l'admiration pour moi et j'en étais vraiment honoré, je le suis toujours d'ailleurs. Tu as quelque chose de plus que les autres, je ne sais pas ce que c'est, ça doit être un détail de ton caractère ou ta personnalité, mais quoi que ce soit, ça m'a fait développer un sentiment unique pour toi. J'avais envie de mieux te connaître, parce que je savais que cet air calme n'était que la partie visible de l'iceberg, et je n'avais pas tort : j'ai découvert petit à petit toutes ces petites facettes qui font ce que tu es. J'aime passer du temps avec toi, j'aime faire du volley avec toi, j'aime entendre ta voix, j'aime ton regard, je… Je pourrais passer des heures à énumérer tout ce qui me plaît chez toi, haha ! Mais, plus sérieusement, j'aime la personne que tu es car il y a un je-ne-sais quoi de fascinant chez toi que j'ai envie de plus découvrir, aussi parce que je ressens le besoin de te protéger, de veiller sur toi, en somme : de faire tout ce que je peux pour que tu ne sois plus triste !... Akaashi, tu m'as demandé de dire ce que j'avais sur le cœur, alors voilà : je crois que je t'aime.

Ça y est, ils s'étaient confié à l'autre. Akaashi ne dit rien. Il se contenta de regarder Bokuto. Ce dernier vit une nouvelle lueur dans son regard. Le brun regarda les lèvres de l'argenté, puis ses yeux. Il comprit tout de suite la signification de ce geste. Doucement, Bokuto s'approcha de lui et l'embrassa. Ils fermèrent les yeux et profitèrent cet instant de répit. Quelques secondes après le début du baiser, Akaashi décida de l'approfondir. Il se sentait tellement bien qu'il se sentait prêt à repousser les limites qu'ils avaient instauré implicitement jusqu'ici. Une nouvelle vague de sensation lui parcourut le corps. C'était comme si toute l'angoisse qu'il avait accumulé pendant sa vie était réduite à néant le temps d'un instant. Il plaça ses mains sur les joues de Bokuto pour l'attirer encore plus à lui. Il était bien… si bien… il n'avait jamais ressenti ça avant. Il repensa à tout ce que lui et Eri avaient endurés jusqu'à présent, tout ça était fini. Plus de claques, plus de coups, plus de mépris, plus d'insultes, plus d'abus, plus d'attouchements, non, tout était terminé ! Une larme roula sur sa joue. Ils étaient enfin libres. Il sentit toute cette douleur malsaine sortir de son corps et être remplacé par quelque chose de nouveau et de pur.

- Est-ce qu'il te fait mal, nii-san ?

Ils s'interrompirent dans leur baiser passionné pour se tourner vers l'origine de la voix. Eri avait quitté son lit et était debout au pied de celui de son frère. Bokuto regarda Akaashi à son tour il pleurait. Cela expliquait la réaction de sa sœur.

- Non… non, il ne me fait pas mal, Eri. Plus personne ne nous fera de mal, la rassura-t-il en s'essuyant les joue du revers de la main.

La petite fille grimpa sur le lit et vint s'asseoir sur les cuisses de son frère pour se blottir contre lui.

- Je ne veux plus te voir souffrir, Keiji-nii.

C'était la première fois que sa sœur lui disait ça. Il la serra contre lui. C'était fini. Ils ne souffriraient plus maintenant. Ils étaient libres.

o.x.O.x.o

Ils restèrent encore une journée à l'hôpital. Des policiers vinrent les voir pour leur poser des questions complémentaires. Ils y répondirent en toute honnêteté, de toute façon, qu'avaient-ils à cacher ? Une femme – une assistante sociale – elle aussi leur rendit visite. Elle leur dit qu'ils allaient être placés en famille, mais que cela prendrait peut-être un peu de temps, il fallait qu'ils en trouvent une qui accepte et cela était compliqué niveau procédures. Keiji n'avait pas envie d'être placé où que ce soit. Il était assez autonome pour s'installer dans un petit appartement avec sa sœur et y vivre en paix. Bien sûr, ils ne les croiraient jamais s'il leur disait que finalement, ils étaient devenus, lui et Eri, quasiment indépendants à tous points de vue. Mais pour cette bonne femme, ils étaient juste deux pauvres gamins orphelins, comme elle doit en voir tous les jours, qui avaient ''perdus'' leurs parents de ''manière brutale'' et qui avait besoin d'une tutelle parce qu'ils avaient gardé un ''traumatisme'' de cette mort violente. S'il y avait bien quelque chose qu'ils n'étaient pas, lui et sa sœur, c'étaient ''traumatisés'' par cet évènement. Leurs parents morts étaient un peu ce qu'ils avaient attendus secrètement toute leur vie. D'ailleurs, plus tard, quand Eri parlerait de ses parents à l'école, elle serait très froide et ferait des dessins d'eux morts. Beaucoup s'inquièteraient pour elle, mais la petite fille vivrait cela tout à fait normalement. C'est là que Keiji comprendrait qu'ils avaient développés (tous les deux) une certaine insensibilité sur ce sujet précis. Le traumatisme n'était pas dû à la violente mort de leurs parents, mais plutôt à tout ce qui l'avait précédée au fil des années. Ils avaient tous les deux vu la mort de très près (dans le genre ''failli mourir''), ils se sentaient un peu comme des survivants et se disaient qu'ils pouvaient dès lors tout affronter.

Il dit à la femme qu'il y réfléchirait. De toute façon, il était en âge de vivre dans un appartement à ses frais, donc pourquoi pas y emmener Eri ? Il allait falloir qu'il use de ses dons de persuasion… Pour le moment, ils n'étaient pas tellement prêts à avoir de nouveau des ''parents'' il leur faudrait un peu de temps.

Bokuto proposa qu'ils viennent chez lui, le temps que leur situation s'améliore. Il avait une grande maison, et une chambre d'ami assez grande pour qu'ils puissent y dormir tous les deux. Et puis, c'étaient ses parents qui avaient proposés, quand ils avaient lu la nouvelle dans les journaux le lendemain. Akaashi accepta et remercia Bokuto. Sa vie allait changer dans les semaines à venir, et il allait falloir qu'ils s'y préparent, Eri et lui.

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Le frère et la sœur emménagèrent donc temporairement chez les Bokuto le lendemain. Keiji était retourné dans leur ancienne maison pour prendre quelques affaires. Il avait dit à sa sœur de rester avec l'argenté, mais elle ne voulait pas se séparer de lui. Cela embêtait un peu Keiji, vu qu'il s'apprêtait à retourner dans un endroit marqué de mauvais souvenirs. Les agents de la criminelle avaient tout nettoyé, même la traînée de sang que son père avait laissée quand il avait rampé jusqu'à eux avant de rendre son dernier souffle. Keiji sentait que l'atmosphère de sa chambre (ancienne chambre) était lourde. Il n'aimait pas ça, il se sentait mal. Il prit quelques affaires à la volée, pareil pour la chambre de sa sœur et partit aussitôt après.

Les parents de Bokuto-san étaient des gens très gentils et accueillants. Le genre de parents qu'il aurait aimé avoir. Le genre de parents normaux. Ils s'installèrent dans la chambre d'ami. C'était la première fois que Keiji venait chez son aîné. L'atmosphère qui régnait dans sa maison n'était pas du tout la même que celle qui régnait chez lui. Il s'y sentait bien, et trouva même Eri plus détendue. Une bonne chose. Bokuto-san avait aussi une petite sœur, de onze ans, qui accueillit Eri à bras ouverts. Elle avait exactement la même personnalité que son frère. Eri en avait un peu peur au début, mais Masae la mit rapidement en confiance, et au bout de quelques jours, Eri décida de lui adresser la parole.

Keiji remercia les parents de son ''ami'' du fond de son cœur. Sans eux, il n'aurait pas su quoi faire ou même où aller. Au début, ils ne savaient pas comment se comporter dans ce nouveau foyer. Ils n'osaient pas trop bouger, de peur d'embêter les habitants de la maison. Mais Bokuto fit de son mieux pour que les Akaashi se sentent à l'aise.

- Tu sais, pour éviter les confusions, tu devrais m'appeler par mon prénom ! Dit Bokuto quand ils s'installèrent.

- C'est hors de question, Bokuto-san.

- Oh allez ! On vit sous le même toit maintenant ! Et puis, on est devenu un peu plus intimes, on peut s'appeler par nos prénoms respectifs… Keiji.

- Arrête ça, c'est trop bizarre.

- Je ne peux pas continuer de t'appeler par ton nom de famille ! Je dis bien Eri, je peux dire Keiji !

Keiji soupira. Il était irrattrapable.

- C'est d'accord, mais seulement chez toi. Au lycée, tout redevient normal.

- C'est d'accord ! Sourit l'argenté. Vas-y, essaie, toi !

- Essayer quoi ?

- Bah de m'appeler par mon prénom !

- Tu en fais vraiment une montagne…

Le capitaine l'engagea à continuer.

- … Koutarou… -san…

- Non, non ! Pas d'honorifiques ici ! On fait quasiment partie de la même famille maintenant ! Ne sois pas si formel. Allez, deuxième chance.

- … K-… Koutarou… ?

- Ouiii ! Ça fait super, Keiji !

Il souriait de toutes ses dents. Keiji détourna le regard et rougit un peu. Personne n'avait jamais prononcé son prénom avec autant de douceur, excepté sa sœur. Et, alors qu'il pensait à ce petit détail, deux mains se posèrent sur ses joues, tournèrent sa tête et Bokuto l'embrassa. Son cœur s'emballa. Ce fut un baiser bref. Peut-être que Bok-(Non !) Koutarou voulait juste sceller ce nouveau pacte qu'ils venaient de passer.

Quand ils furent séparés, Keiji regarda son aîné dans les yeux, les joues en feu.

- On devrait peut-être éviter de faire ça chez toi… je veux dire, si tes parents débarquent…

- Hey, 'y a aucun souci. Ils ne sont pas du genre à surveiller tout ce que je fais vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et puis, même s'ils nous surprenaient, qu'est-ce que ça ferait ?

- Je ne sais pas… Ils pourraient décider de nous mettre dehors avec Eri… ?

- Haha ! T'en fais pas de ce côté ! Ils ne feront jamais ça ! Et puis, ils sont super ouverts ! S'ils nous voient tous les deux ensembles, ils ne diront rien.

Il regarda Keiji de nouveau.

- Allez, fais pas cette tête ! Tout ira bien, je te le promets.

Keiji acquiesça distraitement. Beaucoup trop de choses arrivaient en même temps dans sa vie. D'abord le ''meurtre'' de ses parents, et maintenant il découvrait qu'il était amoureux, et pas de n'importe laquelle des personnes : juste son capitaine et meilleur ami. S'il se plantait avec lui, il se retrouverait sans doute seul, alors était-ce une si bonne idée ? Il n'avait pas envie de tout faire foirer.

Ceci acheva leur première soirée sous le même toit. Ils allèrent se coucher dans leurs chambres respectives.

- Au fait, Keiji, si jamais ça ne va pas, ma porte est ouverte, hein. Tu peux passer la nuit ici si tu veux.

- C'est gentil, mais il faut que je sois avec Eri, elle ne peut plus dormir seule après ce qu'il s'est passé, elle a encore un peu peur.

- Je comprends, je comprends… mais si jamais tu as besoin de moi, n'hésites pas.

Keiji hocha la tête en guise de réponse. Il partit se coucher.

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Les trois premières nuits se passèrent plutôt bien. Plutôt bien par rapport à ce qu'il se passait quand ils étaient encore dans leur ancienne maison. Le lit était confortable. Cependant, Keiji n'arrêtait pas de rêver de la mort de sa sœur et se réveillait toujours en pleurs. C'était insupportable. Et à chaque fois, il tâtait la place à côté de lui pour vérifier qu'elle y était toujours, ne sait-on jamais… Il n'y avait qu'un lit double dans la chambre d'ami, mais ça ne posait pas de problème à la fratrie : ils dormaient souvent ensemble pendant les moments durs et étant donné les circonstances, ils préféraient être l'un à côté de l'autre.

Keiji était donc assailli de mauvais rêves. Parfois, il se demandait si c'était bien une fiction ou non, il avait été tellement traumatisé au cours de sa vie… Eri aussi cauchemardait la nuit. Elle réveillait son frère, toute tremblante, et il la prenait dans ses bras en la berçant et en lui parlant pour dissiper toutes ces mauvaises pensées. Elle se rendormait toujours contre lui.

Ils ne retournèrent pas dans leur école pendant une semaine. Ils essayaient d'abord de se remettre de leurs émotions, et ce n'était pas gagné. Des années de thérapie étaient nécessaires, selon Keiji. Le troisième jour, ils allèrent chez le médecin pour qu'il voit l'évolution de leurs blessures. Keiji lui parla des problèmes de sommeil de sa sœur. Il lui prescrit des somnifères. Elle était trop jeune pour en prendre, donc il lui donna un dérivé avec une dose beaucoup moins forte. C'était juste pour qu'elle ait un peu de sommeil. Keiji n'en demanda pas pour lui. Il fallait qu'il y fasse face seul. Prendre des somnifères serait avouer sa défaite face à son père… ou plutôt face au fantôme de son père.

La famille de Bokuto-s- de Koutarou était parfaite. Ses parents étaient si gentils. Ils leur demandaient tout le temps s'ils avaient besoin de quelque chose. Keiji avait du mal à s'y habituer : ils avaient toujours été indépendants avec Eri et s'étaient toujours eux-mêmes procuré tous ce qu'il leur fallait.

- N'hésite pas à nous dire si tu veux qu'on t'achète la moindre chose à toi ou à ta sœur, si vous avez des préférences pour les repas ou même s'il vous faut des vêtements !

Il avait remercié Mme Bokuto en lui promettant de lui dire ses besoins s'il en avait. Mais il ne savait pas comment demander et, pire que ça, il avait du mal à intégrer le concept que les parents payent des choses à leurs enfants.

En journée, ils sortaient parfois avec Eri, juste pour faire un tour, vu qu'ils n'avaient pas grand-chose à faire dans la maison. La mère de Koutarou avait pris des congés pour s'occuper d'eux et ils passèrent aussi beaucoup de temps ensemble, ou soit à parler, ou à faire des jeux (surtout pour occuper Eri). Keiji ne s'en rendit compte que quelques temps plus tard, mais il avait tissé des liens fort avec la famille Bokuto et il commençait de plus en plus à comprendre ce que c'était que de vivre dans une vraie famille.

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La quatrième nuit, Keiji se réveilla encore en sursauts. Son rêve avait été pire que les autres. Son père s'était infiltré dans la maison des Bokuto et avait tué tout le monde. Un massacre, il y avait du sang partout. Il n'arrivait pas à se calmer, son cœur battait à cent à l'heure. Eri dormait profondément, le médicament faisait son effet. Keiji décida de se lever. Il n'arriverait pas à se rendormir aussi facilement. Il tremblait. Il avait même du mal à marcher. En plus, il sentait son sang pulser dans chacune de ses blessures. On lui avait retiré son attelle au bras (celui dont le muscle avait été coupé par sa mère), et mis un petit plâtre à la main où son père lui avait cassé un doigt. Il avait mal de nouveau.

Il sortit dans le couloir et ses pas le menèrent directement à une pièce en particulier. Il frappa, entendit une voix endormie lui dire d'entrer, et il poussa la porte.

Bokut- Koutarou était encore dans son lit. Il avait allumé la lampe de chevet.

- Désolé de venir t'embêter, mais… mais j-je crois que je vais pas bien…

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- C-C'est… mon père… il… il-

Keiji s'écroula en larmes sur le sol. Rien que de le nommer l'avait fait repenser à tous ses cauchemars, mais aussi à tout ce qu'il s'était passé en réalité.

Koutarou bondit tout de suite hors de son lit et accouru auprès de son cadet. Comment ça, son père ? Il avait dû rêver de lui, c'était sûrement ça. Le pauvre… même s'il était mort, il était hanté par cet enfoiré. Il ferma la porte de sa chambre et aida Keiji à aller jusqu'au lit. Il l'assit dessus et se mit à ses côtés. Keiji était dévasté.

- Calme-toi… tout va bien. Raconte-moi ce qu'il s'est passé.

Le brun fit un effort pour contrôler sa respiration.

- Je… Je fais toujours le même rêve… Il est là et il tue tout le monde et… et c'est trop dur, je… je peux plus le supporter… Je veux pas qu'ils vous arrive du mal… s'il revient-

- Keiji, il ne reviendra pas. C'est fini tout ça. Il est mort, les morts ne reviennent pas pour tuer les vivants. C'est que dans les films, ça.

Le passeur se retourna vers lui, les yeux brillants de larmes.

- Et si ça arrivait ?

C'était incroyable de voir comment Keiji semblait avoir changé de personnalité. Il était toujours [plus ou moins] calme, mais c'était dans son langage. En temps normal, il n'aurait jamais dit ça, Koutarou était sûr que ça ne lui aurait jamais frôlé l'esprit Keiji était en temps normal quelqu'un de rationnel. C'était comme ça que le rendait son traumatisme, peut-être n'arrivait-il plus à faire la différence entre les évènements réels et ceux qui ne l'étaient pas. Bokuto ne voulait pas qu'il se replie sur lui-même et se mette à penser n'importe quoi. Il voulait l'aider dans son combat le laisser seul reviendrait à le perdre.

- Ça n'arrivera pas. Et même si c'était possible, je serai là pour lui mettre la misère à ce fantôme !

Il leva le poing pour montrer sa détermination. Keiji resta silencieux pendant un moment.

- … Merci… Koutarou.

- C'est rien ! C'est tout à fait naturel ! Et puis, je t'ai dit de venir me voir si tu avais besoin de quoi que ce soit !

Koutarou lui sourit.

- Allez, allonge-toi, l'encouragea-t-il.

- Hein ? Je… Je ne peux pas dormir à côté de toi !

- Ah ? Il y a une loi qui l'interdit ?

- Non, c'est pas ça… c'est juste que…

- Ta sœur a pris un somnifère, la mienne dort comme une bûche et mes parents sont à l'autre bout de la maison, comment veux-tu que ça se sache ? Et qui veux-tu que ça inquiète surtout ?

- … hm… Hé !

Koutarou l'avait doucement entraîné vers son matelas. Il dormait avec deux oreillers. Il en passa un à Keiji, et l'installa à côté de lui.

- Comme ça, si tu as encore besoin de moi cette nuit, tu n'auras pas besoin de te lever.

- … T'étais pas obligé…

Keiji rougissait un peu.

- Hahaha ! T'es vraiment mignon quand tu es gêné !

Il éteignit la lampe et plongea la chambre de nouveau dans l'obscurité. Keiji était encore plus rouge, à cause de ce que venait de lui dire Koutarou, heureusement que ça ne se voyait pas. L'argenté était vraiment proche de lui, très proche même. Étrangement, il ne se sentait pas oppressé. L'argenté l'embrassa dans les cheveux et un frisson traversa le corps de Keiji. Il avait envie qu'il recommence, mais savait que cela n'arriverait pas parce qu'il n'oserait jamais demander. Il s'endormit de nouveau, mais cette fois contre le garçon qui occupait ses pensées.

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Un bruit le réveilla, plus tard dans la nuit. Il faisait encore sombre. Keiji se redressa un peu regarder le réveil de Koutarou : 3:37. En plein milieu de la nuit. Une forme attira son attention dans le coin de la pièce. Il plissa les yeux et son cœur fit un bond. C'était son père. Il le reconnaîtrait entre mille.

Il se recoucha précipitamment dans le lit et se mit à trembler. Qu'est-ce qu'il allait lui faire ? Il était venu pour le tuer lui. Peut-être avait-il déjà tué tout le reste de la maison… avec Eri ? Non… non… pas Eri… pas elle. Attends, si ça se trouve, ce n'était qu'un rêve ! Oui ! Ça ne pouvait qu'être ça !

Il redressa la tête. Alors qu'il le pensait disparut, son père s'était au contraire rapproché, il était au milieu de la pièce maintenant. Keiji se cacha le visage dans les draps. Il commença à pleurer de peur. Son père était comme il l'avait laissé, une brûlure à vif sur tout le côté de la tête, la peau ayant engloutie une partie de son œil. Il souriait. Il se pressa contre le torse de Koutarou (qui était tourné vers lui).

Il tenta une nouvelle approche, mais à peine eut-il bougé la tête qu'il le vit dans son champ de vision : il était juste à côté du lit. Il enfouit son visage dans le t-shirt de Koutarou.

- K-Koutarou… Koutarou !

Il essayait de l'appeler en murmurant son nom, mais savait que c'était peine perdue. Il ne le disait pas assez fort. Si ça se trouve, il était déjà mort. Et si c'était le cas ? Qu'est-ce qu'il allait faire ? Allait-il mourir aussi ? Koutarou ne pouvait pas mourir, il lui avait promis de rester avec lui et de le protéger ! Il lui avait promis que rien ne leur arriverait ! Et il était la seule personne capable de le soutenir, sans lui, il s'effondrerait ! Et… Et… Et il l'aimait ! Il ne voulait pas le perdre… Alors pourquoi ? Pourquoi ne répondait-il pas ?!

Il tourna la tête vers le plafond et tomba nez-à-nez avec le visage souriant et ensanglanté de son père. Il cria.

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Koutarou se réveilla en sursauts. Keiji était collé contre lui et refusait de le lâcher. Il se torsionna pour allumer la petite lampe qui éclaira faiblement la pénombre.

- Keiji ! Keiji ! Qu'est-ce qu'il se passe ?!

Il ne pouvait pas parler, il était en état de choc. Il avait dû refaire ce cauchemar. Il l'enlaça et attendit. Il lui caressait les cheveux, espérant que ça pourrait l'apaiser ne serait-ce qu'un peu.

Il attendit de longues minutes avant qu'il ne se calme. Ses caresses le rassurèrent, a priori. Il restait toujours collé contre lui, comme s'il refusait d'ouvrir les yeux ou de regarder dans la moindre direction. Koutarou attendit le moment opportun et demanda :

- Qu'as-tu vu, Keiji ?

- Il… Il était là… mon père, il… il était dans la chambre… il était venu pour… pour nous tuer…

- C'était ton imagination, c'est fini maintenant, dit-il doucement.

- J-J'ai cru qu'il t'avait déjà tué… Kou… Koutarou… Je veux pas que tu meures… Je… Je tiens vraiment à toi…

- Keiji… Je peux t'assurer que ton père est bien mort. Il ne reviendra jamais, et encore moins pour nous tuer. Personne ne mourra.

Il essaya de le redresser un peu pour voir son visage. Keiji garda la tête baissée. S'il ne voulait pas le regarder, ce n'était pas grave, Koutarou comprenait. Du moment qu'il restait avec lui, c'était tout ce qui comptait. Il l'étreint encore dans ses bras et Keiji l'étreint aussi en retour, en posant ses mains derrière ses épaules. Le brun se blottit contre lui, toujours sans un mot. Koutarou éteignit la lampe et ils se recouchèrent, l'un dans les bras de l'autre.

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Les rayons du soleil envahirent la chambre du capitaine. Ce dernier fut le premier réveillé. Il se tourna pour admirer Keiji dormir. Il avait l'air beaucoup plus paisible que quelques heures auparavant. Il sourit : son passeur était vraiment mignon lorsqu'il était endormi. Tous ses traits étaient détendus et sa bouche entrouverte. Koutarou décida de lui offrir un bon réveil, histoire de lui faire oublier les évènements passés.

Avec délicatesse, il le poussa un peu pour qu'il se mette sur le dos, il était toujours endormi. Keiji avait la main placée à côté de sa tête, Koutarou la serra dans la sienne. L'argenté se positionna au-dessus de Keiji et approcha son visage du sien. Il l'embrassa une fois. Une deuxième fois. Keiji ouvrit difficilement les yeux et ne fut pas effrayé de voir Koutarou au-dessus de lui. Il serra la main de son amoureux à son tour et répondit au troisième de ses baisers. Celui-ci fut plus long, plus langoureux aussi. Les deux garçons sentirent leur propre cœur – et celui de l'autre – s'affoler. Une sensation de désir envahit leur corps, à mesure que leurs lèvres se mêlaient avec toujours plus de passion.

Koutarou décida d'aller plus loin et glissa une main sur le t-shirt de son beau brun pour lui caresser la peau.

Dès qu'il sentit la main de Koutarou sur son ventre, Keiji sursauta. Il lui saisit la main et interrompit le baiser.

- Koutarou, pas maintenant… J'ai encore trop de mauvais souvenirs. Je… Je ne suis pas encore prêt…

Il avait directement eu un flash-back où il voyait, même sentait sa mère lui faire toutes sortes d'attouchements. C'était toujours par le ventre que ça commençait et le fait que Koutarou fasse de même… Non, il n'était vraiment pas prêt…

- Ah !... Excuse-moi ! Je ne voulais pas te faire peur ! Ça ne fait rien, j'attendrai le moment où tu iras mieux.

Koutarou lui sourit, visiblement aucunement vexé par ce refus. Keiji était très gêné. D'un côté, il sentait que leur relation prenait un nouveau tournant, tournant dans lequel il avait vraiment envie de s'investir mais de l'autre, il restait encore trop de traces de traumatismes dans sa tête et chaque action, chaque geste, pouvait en faire ressortir un, indépendamment de sa volonté.

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Keiji et Eri retournèrent dans leurs établissements scolaires respectifs quelques jours plus tard. La bande qui avait bizuté Keiji avait été partiellement exclue du lycée pour deux semaines, et les parents de Kadota avaient reçu une belle lettre de blâme signée de la main du proviseur.

Dès que Keiji arriva au lycée, aux côtés de Koutarou bien sûr, tous les regards se tournèrent vers lui. Il avait quand même tué ses parents le même jour où il y avait eu cette fameuse altercation. Beaucoup avaient beaucoup d'admiration pour lui. Les journaux avaient expliqué sa situation familiale et la plupart voyaient en Keiji un garçon qui avait su prendre son courage à deux mains pour retrouver sa liberté. Ils étaient d'autant plus de son côté depuis qu'ils avaient vu (et certains entendu) ce qu'il s'était passé entre lui et Kadota. De plus, ils savaient ce qu'il était en train de traverser, donc beaucoup lui offrirent leur soutient dans les jours à venir. Même durant leurs prochains matchs, il serait plusieurs fois acclamé pour ses passes précises avant un point.

Son regard avait changé. Akaashi avait toujours un garçon qui paraissait sûr de lui, et maintenant il y avait cette nouvelle lueur qui disait : « Qu'importe ce qu'il m'arrive maintenant, j'en ai suffisamment vécu pour pouvoir tout affronter désormais ». Koutarou découvrit que Keiji avait développé comme deux personnalités différentes : il y avait celle avec laquelle il apparaissait en public, un Keiji droit, calme, sûr de lui et déterminé et celle que seul le capitaine connaissait, un Keiji en manque et besoin d'affection et de protection. Mais cette dernière ne surgissait que la nuit, lorsqu'il faisait ces cauchemars terrifiants.

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La vie reprit donc son cours.

Keiji ne pouvait pas encore retourner sur le terrain, étant donné l'état de sa main et de son épaule. Il serait opérationnel deux mois plus tard. Ses parents lui avaient quand même laissé de beaux cadeaux avant de monter au ciel. Ou plutôt descendre aux Enfers, espérait Keiji.

Il restait beaucoup avec Koutarou. Il ne l'appelait plus que comme cela maintenant. En une semaine, ses relations avec son capitaine avaient changé du tout au tout. Plus de ''Bokuto-san''. La première fois que les gars de l'équipe l'avaient entendu l'appeler par son prénom, ils avaient failli s'étouffer. C'était impossible de concevoir qu'un jour un tel évènement puisse se produire, et il était arrivé ! Cela tenait du miracle. Des billets s'échangèrent secrètement, des paris ayant été remportés.

Ils ne montraient pas que leur relation était devenue encore plus intime que ça. Leur façon de se comporter l'un envers l'autre en public changeait juste dans la façon dont ils s'appelaient.

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Alors que Keiji et Eri entamaient leur troisième semaine chez les Bokuto, on leur annonça une bonne nouvelle.

- Les voisins sont une famille d'accueil, cela fait une semaine que j'essaie de m'arranger avec eux pour savoir s'ils pouvaient vous prendre sous leur aile. Et je viens d'apprendre qu'ils ont accepté avec plaisir ! Si cela ne tenait qu'à moi, vous seriez restés ici aussi longtemps que vous auriez voulu, mais au niveau administratif, on aurait eu de petits problèmes… Enfin, vous serez toujours les bienvenus ! Vous serez dans la maison d'à côté, donc si vous avez besoin de quoi que ce soit, notre porte est ouverte !

La mère de Koutarou venait de leur annoncer la grande nouvelle le sourire illuminant son visage. C'était bien que quelqu'un ait accepté de les accueillir, après tout, Keiji se considérait un peu comme un meurtrier, cela aurait pu en effrayer plus d'un. Il aurait préféré aller vivre avec Eri autre part, mais l'avantage de cette famille était qu'elle était proche des Bokuto. Il pourrait le voir à sa guise.

Ils furent donc accueillis par les Yamada. C'était un couple ayant tous deux la quarantaine. Des gens charmants. Ils leur montrèrent leur chambre et leur firent visiter la maison. Keiji était rassuré : non seulement il n'aurait pas besoin de quitter Fukurodani, et en plus Koutarou vivait juste à côté. Leur nouveau ''chez eux'' était très bien.

Les premiers jours furent un peu tendus, Keiji et Eri n'étant pas encore totalement à leur aise. Les repas se passaient dans le silence, le frère et la sœur ayant été élevés à ne pas discuter pendant les repas. Chez les Bokuto, ils se le permettaient car Koutarou et sa famille les mettaient à l'aise et l'argenté était l'ami de Keiji. Ici, M. et Mme Yamada avaient beau être des gens chaleureux, ils avaient du mal à engager la conversation à table. Se retrouver à quatre, comme cela, comme avant, les déboussolait quelque peu.

De plus, le frère et la sœur continuaient de mener leur vie individuellement comme ils avaient eu l'habitude de faire. Ils étaient autonomes depuis longtemps, c'était dur de régresser. C'était surtout difficile de se reposer sur quelqu'un, un adulte en particulier. Keiji eut une discussion avec les Yamada pour leur expliquer comment ils se débrouillaient tous les deux depuis toutes ces années, comment il avait élevé seul Eri et pourquoi cela était difficile pour eux de s'adapter à un véritable climat familial. Il leur promit de faire des efforts. Les Yamada ne leur en voulurent pas le moins du monde. Ils comprenaient très bien et dirent à Keiji d'aller à leur rythme : s'ils se sentaient mieux ainsi, ils n'allaient pas les contraindre à faire selon une volonté qui n'était pas la leur. Les Yamada savaient aussi qu'ils avaient dû être souvent sous le joug de la contrainte avec leurs ''vrais parents'' alors un peu de liberté ne leur ferait pas de mal.

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Keiji et Koutarou se voyaient tous les jours, même le week-end. Trop de changements se produisaient dans la vie de Keiji et il avait besoin de souffler quelques fois, et de partager ses craintes et espoirs avec quelqu'un.

Parfois il allait passer la nuit chez Koutarou. Il savait qu'Eri était en sécurité où elle était, il n'avait donc aucun remord à se séparer d'elle pour la nuit. Il faisait encore parfois des cauchemars et avait besoin de réconfort. L'image de son père le hanta de moins en moins, et il réussit à perdre cette étrange deuxième personnalité que Koutarou avait remarquée. Il devint beaucoup moins craintif la nuit. De plus en plus, il venait s'installer dans le lit de son compagnon comme s'il l'avait fait toute sa vie. Il se glissait dans les draps et calait sa tête contre le biceps de l'argenté ou, parfois, ce dernier l'invitait à dormir dans ses bras.

Keiji aimait dormir contre Koutarou. C'était une des choses les plus agréables qu'il connaissait. Ça et l'embrasser.

À chaque fois que ses lèvres se posaient sur les siennes, il était transporté dans un nouveau monde. De l'excitation grandissait dans son ventre et se diffusait dans tout son corps tels de doux courant électriques.

Il y eut cette nuit en particulier, un mois après qu'il soit arrivé chez les Yamada. Alors qu'ils étaient en train de s'embrasser, Keiji avait décidé qu'il était temps qu'il se défasse de ses vieux démons. Tout en bougeant avidement sa bouche contre la sienne, il guida la main de Koutarou jusqu'à sous son t-shirt. Ce geste fit arrêter l'argenté. « Tu es sûr ? » avait-il demandé, et Keiji avait hoché la tête en signe d'acquiescement. Ils avaient repris leur fougueux échange labial et Koutarou avait découvert à tâtons le torse et l'abdomen de son compagnon. Il y sentait quelques cicatrices, ce qu'il le poussa à faire preuve de la plus extrême des délicatesses pour ne pas risquer de lui faire mal.

Pendant qu'il s'attelait à découvrir le corps de son bien-aimé, ce dernier passait les mains dans ses cheveux décolorés. Quand il posa la main au niveau de son cœur, Koutarou s'aperçut qu'il battait la chamade. Il se douta que le sien devait être dans le même état. Ils se faisaient mutuellement beaucoup d'effet et leurs caresses ne faisait qu'attiser ce feu passionné.

Au moment où Koutarou effleura ses tétons avec son pouce, Keiji frémit. Encouragé, l'argenté continua ses caresses à cet endroit bien précis. Keiji rompait parfois leur baiser pour reprendre son souffle, coupé par les battements irréguliers de son cœur. Le brun sentait que beaucoup de cette excitation se concentrait dans son entrejambe, mais n'osait faire un seul geste pour s'en soulager.

Koutarou eut vite fait de s'en rendre compte lorsqu'il mit sa cuisse entre les jambes de son passeur. Keiji eut honte et se cacha le visage de ses mains. Koutarou sourit, attendrit par la gêne de son beau brun. Doucement, il lui prit sa main valide et l'amena vers son propre entrejambe. Keiji sentit qu'il n'était pas le seul que la passion consumait. Koutarou maintenait sa main contre la bosse de son caleçon, encourageant Keiji à la bouger, et c'est ce qu'il fit. Koutarou gémissait sous les massages de Keiji : il pétrissait doucement son entrejambe de ses longs doigts de passeur. Qui aurait pu croire qu'il était aussi doué ? Pour ne pas le laisser de côté et l'initier à ce nouveau plaisir, il offrit à son amoureux le même toucher.

Bientôt, ils furent tous deux à bout de souffle. L'argenté murmurait des « Keiji… Keiji… Ah… » pendant que l'autre ne laissait filtrer de ses lèvres que de petits gémissements.

Koutarou décida d'aller plus loin et glissa la main sous le caleçon du passeur qui tressaillit au nouveau contact. Il fit de même.

Ils ne tardèrent pas à atteindre leur paroxysme, chacun encouragé par les mouvements de l'autre. Keiji n'avait plus peur, il était désormais totalement en confiance, et ce grâce à Koutarou. Ils étaient tous les deux haletants dans le lit. Koutarou aimait les respirations aigues que produisait son aimé, à l'occasion, il aimerait bien les entendre de nouveau. Il se coucha à côté de lui, après qu'ils aient tous les deux remis leurs vêtements en ordre, et le prit dans ses bras. Keiji rapprocha son visage du sien et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Je t'aime, Koutarou, lui annonça-t-il avant de sombrer dans un profond sommeil.

Il l'avait enfin dit. Était-ce parce qu'il venait de vivre un moment magique ou parce que tout s'améliorait enfin dans sa vie ? Koutarou était heureux que tout s'arrange enfin pour lui et sa sœur. Apparemment le fantôme de son père ne venait plus du tout le déranger, il ne reviendrait pas. Fini les visions, fini les cauchemars, ils étaient libérés de tous leurs tourments. Koutarou sourit.

- Moi aussi, lui répondit-il en le suivant dans les bras de Morphée.


Voilà, cette fiction est finie ! J'espère qu'elle vous a plu !

Laissez vos impressions en coms, ça me fera très plaisir ;)

À bientôt et merci d'avoir été au bout de cette fiction !