Disclamer : Rien ne m'appartient. Vise-Versa appartient à Disney Pixar.

Les chapitres ne sont pas liées les uns aux autres. Aussi, ils peuvent être lus séparément.

Bonne lecture !


L'Âme Fendue


Le cortex cérébral était calme. La console centrale était géré par une Joie modérée et une Peur avenante. Dégoût, Colère et Tristesse observaient pour le moment, car l'on n'avait pas encore fait appel à eux.

Soudain, Peur sursauta. De son violet pastel naturel, il passa à un teint aubergine translucide. Il pointa quelque chose à côté de Joie, bégayant :

« C-C'est... Il y a... J-Joie... »

Joie se contenta d'aborder un calme qui découlait de son optimisme à toute épreuve.

« Ne te mets pas dans des états pareils, Peur, respire. Inspire et expire lentement... »

Peur s'exécuta. Il prit une bruyante inspiration. Il retint son souffle quelques secondes puis laissa l'air s'échapper de ses poumons. Joie approuva d'un petit signe de tête.

« Oui, Peur, expire. », appuya Joie.

Ses cheveux bleus se hérissèrent sur sa tête. Ce n'était pas elle qui avait parlé. Joie se retourna lentement. Sa première impression fut qu'elle se trouvait devant un miroir : une deuxième Joie se tenait là, bien planté dans le cortex cérébral. Joie sauta au cou de Peur qui tomba à la renverse.

- « Mais qu'est-ce que c'est que ça ?! Qui es-tu ?!, cria Joie.

- Je suis Joie, répondit la deuxième sur le ton de l'évidence.

- Ce n'est pas possible, je SUIS Joie », s'indigna la première.

La seconde était pareille à la première. Tout dans l'attitude, la voix et l'apparence renvoyait à la Joie elle-même.

Peur redevint livide et s'évanouit sur le sol avec un fracas dramatique. Il devait avoir perdu la tête pour voir double. Joie vit pourtant un deuxième Peur s'avancer, se rongeant les ongles d'une main, agitant frénétiquement un éventail de l'autre pour que le premier reviennent à lui.

« Oh mon Dieu, Oh mon Dieu, s'affola-t-il en agitant l'éventail d'autant plus vite, j'espère que ce n'est pas un signe d'apathie... Je n veux pas mourir ! »

Colère et Dégoût approchèrent du tableau de bord. Colère dégaina son journal telle une épée et pointa hargneusement les deux Joie et les deux Peur.

- « Qu'est-ce que c'est que ce cirque ?!, fulmina-t-il, une légère braise fumant sur sa tête.

- En tout cas, je ne pense pas que ce soit une idée lumineuse, commenta Dégoût avec flegme.

- Pourquoi vous êtes en double ?, poursuivit Colère.

- Mais je ne sais pas !, s'affola Joie. Ils sont apparus tout d'un coup... »

Joie attrapa Peur qu'elle traîna sur le sol et se cacha derrière ses amis. Deux Tristesses passèrent devant eux, entre les deux groupes séparés. Elles se tournèrent de part et d'autre puis murmurèrent en chœur, d'une voix lente et faible :

« Je pense que pleurer nous aidera à venir à bout de cette situation difficile ».

Un silence s'installa alors. Personne n'aurait sut dire si ce silence venait des propos de Tristesse ou si c'était l'apparition d'un autre double qui les stupéfiait.

Quelqu'un tapa du poing sur la tableau de bord, faisant raisonner l'ensemble du cortex cérébral.

- « Je pense plutôt qu'on devrait taper du poing, ça aidera plus, intervint un deuxième Colère.

- Tu sors d'où toi ?!, s'exclama le Colère original en pointant son némésis du doigt.

- On ne pointe pas les gens de son gros doigt rouge ! », s'offensa alors son interlocuteur.

Par ailleurs, il fit la même chose et pointa ostensiblement son index en direction de Colère.

« Si tu m'énerves, je vais te taper du poing sur la tête ! » hurlèrent-ils en même temps.

Surpris d'avoir prononcé la même phrase à l'encontre l'un de l'autre, ils se turent un bref instant... avant de reprendre, toujours avec une synchronisation millimétrée :

« Et je dirais un gros mot ! »

Ils grognèrent de rage. Le Colère original froissa le journal, qu'il jeta au sol avant de le piétiner.

Dégoût observait la scène, un sourire narquois sur ses lèvres. Toute cette discorde l'amusait un peu, cela va sans dire, même si, au fond, cela l'inquiétait aussi. Pourquoi aurait-il besoin de la même émotion en double ? Les doublons devaient venir d'un autre cortex cérébral. Tout ceci n'avait ni queue ni tête.

Les émotions originales et leurs némésis se disputaient à présent, se renvoyant les mêmes pics. Ceci créait un écho et une dissonance telle que ceci en était insupportable à l'oreille.

- « Mais je pense qu'on va prendre les choses en main, parce que c'est vraiment n'im-porte quoi, lança la deuxième Dégoût avec nonchalance.

- Et pourquoi ça ?, s'interposa la première, interloquée.

- On va gérer tout ça, mieux que vous. »

Ensuite, toutes les émotions tentèrent de prendre le contrôle du tableau de bord, là où se constituait tout le panel des actions. Si l'un appuyait sur un bouton, actionnait une manette, son double essayait alors de l'en empêcher, de contrecarrer son geste ou de provoquer une action diamétralement opposée. Toutes leurs paroles se renvoyèrent en écho, en miroir et le chaos commença.

Certaines touchent restaient enfoncées, créait des réactions inappropriées. Les deux Colère se bagarrèrent, roulèrent. Ils firent dérailler le Train de la Pensée. La locomotive fumante chuta sur le flan, entraînant les wagons à sa suite. Les pensées du jour roulèrent sur le sol, se mélangèrent. Il en résulta un discours dément et une pensée décousue, sans logique.

Et l'être humain, de qui toutes ses émotions étaient issues commença à entendre des voix dans sa tête, qu'il identifia comme n'étant la sienne. Il ressentit des émotions qui n'étaient pas à lui. Ses pensées se firent brumeuses et ses paroles incohérentes par instant. Il regarda autour de lui, persuadé que ces voix venaient de quelque part. Mais il fallait se rendre à l'évidence : tout cela se passait dans sa tête.

FIN.


Schizophrénie : Deux (ou plus) des symptômes suivants ont été présents une partie significative du temps pendant une période d'un mois (ou moins si traités avec succès). Au moins l'un d'entre eux doit être (1), (2) ou (3) :

(1)des idées délirantes

(2) des hallucinations

(3) un discours désorganisé (par exemple, fréquent déraillement ou incohérence) ;

(4) un comportement excessivement désorganisé ou catatonique

(5) des symptômes négatifs (c'est-à-dire, expression émotionnelle diminuée ou avolition (incapacité à initier et persister dans des activités dirigées vers un but)).


Notes :

La définition de la schizophrénie provient du DSM-5 ( Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).

Le mot schizophrénie est inventé par Eugen Bleuler. Il vient du grec et signifie littéralement "esprit fendu".

Certaines symptômes de la schizophrénie relève d'un dysfonctionnement physique. Le schizophrène perd de sa capacité à reconnaître sa pensée comme la sienne, ce qu'il interprète comme "des voix", parfois extérieures à lui.