Blessé

Chapitre 8


Deux rires cristallins s'échappaient d'une fenêtre du premier étage. Le rire de deux personnes qui s'appréciaient. Rire complice, amical, chaleureux, amoureux même. Cela faisait maintenant une semaine qu'Oikawa s'était réconcilié avec Iwaizumi et que celui-ci avait fini par accepter les sentiments qu'il éprouvait pour son capitaine. Dès lors, la vie était devenue si belle pour eux deux qu'une météorite aurait pu s'abattre sur Terre que cela ne les aurait pas alarmés. Ils étaient ensemble et ils étaient bien. Pourquoi penser au reste ?

« Mais arrête je te dis que j'ai raison et que tu as tort. Arrête de vouloir prendre mon téléphone, je regarde. »

Des larmes de rire dans les yeux, ces mêmes larmes qui, quelques jours auparavant, témoignaient d'une détresse sans nom. On pouvait l'affirmer sans difficulté, Oikawa était redevenu celui qu'il était et ces dernières semaines n'étaient qu'un mauvais souvenir qu'il s'était empressé d'oublier au plus vite.

A l'heure actuelle, Iwaizumi était sur lui en train d'essayer de saisir le téléphone de son petit ami.

« Ah ça y est, ça a chargé ! Eh biiiiiim j'avais raison Iwa-chan ! J'ai gagnéééé ! »

D'un air triomphant, le numéro un d'Aoba Jôsai lui tendit le téléphone avant de lui faire un clin d'œil. C'était encore une histoire idiote de doubleur dans un anime qu'ils regardaient. Oikawa était sûr d'avoir reconnu la voix alors qu'Iwaizumi soutenait mordicus que son ami se trompait. Résultat des comptes, le châtain avait raison au grand damne du brun qui poussa un soupir avant de poser le téléphone juste à côté de lui, ne changeant pas de position pour autant, restant à califourchon sur lui.

« Et donc, qu'est-ce que tu as gagné si je ne suis pas trop indiscret, Shittykawa ? »

Le passeur sembla réfléchir un instant d'avant de passer ses bras autour du cou de son vice-capitaine.

« Ça, je ne l'ai pas encore décidé. Mais ça viendra… » Murmura-t-il avant de l'attirer à lui, déposant un tendre baiser sur ces lèvres.

Baiser qui en l'espace de quelques secondes devint bien plus passionné, les deux langues mutines se battant l'une contre l'autre, poursuivant cette lutte acharnée d'une manière bien plus plaisante. A bout de souffle, l'attaquant se recula doucement avant d'ébouriffer les cheveux de son vis-à-vis.

« Tu obtiens toujours ce que tu veux toi. Gamin. »

« Gamin toi-même. Et puis, ose me dire que tu n'aimes pas cela. »

Un soupir. Puis un sourire qui étira lentement les lèvres du brun qui se laissa tomber sur son petit ami, profitant un instant de ses bras puissants qui l'enlacèrent.

« Ça, je ne le dirais plus jamais de ma vie. »

Par réflexe plus qu'autre chose, Oikawa avait posé une de ses mains dans son dos pendant que l'autre jouait amoureusement avec ses cheveux. Qu'il n'oserait plus jamais le dire, il s'en doutait. Ils avaient bien trop souffert ces dernières semaines pour relancer les hostilités aussi bêtement. Et puis, il n'y avait plus aucune question à se poser puisqu'ils se sentaient bien ensemble. Après tout, c'était le principal non ?

« On fait quoi aujourd'hui ? Je me disais qu'on pourrait aller se promener. Tu veux ? »

Ces paroles avaient été susurrées à l'oreille de son petit-ami qui frissonna. Un sourire naquit sur les lèvres d'Oikawa qui sentit la chair de poule s'étendre peu à peu sur son corps et ce notamment dans son dos.

« Si tu veux oui. »

Mais pour autant, aucun des deux ne semblaient bouger, comme s'ils attendaient que l'un se décidât pour que l'autre bougeât enfin. Qu'il était agréable de profiter de ces moments de douceur une fois la gêne disparue, une fois l'inquiétude constante que votre famille, vos amis, vous demandent ce que vous faisiez. Les parents des deux jeunes hommes avaient eu une longue discussion qui avait abouti à la conclusion suivante : Ils ne pouvaient pas demeurer malheureux aussi longtemps. Ils s'aimaient ? Et bien soit, qu'ils s'aimaient. Dès lors, leur couple avait été accepté dans les deux familles même si les garçons conservaient les marques d'affection pour les moments où ils étaient seuls afin de ne mettre personne mal à l'aise.

Poussant un léger soupir de lassitude, Iwaizumi finit par se lever au bout de longues minutes avant d'aller chercher sa veste. Son petit ami le rejoignit rapidement et tous deux sortirent se promener un peu. Depuis que l'attaquant l'avait embrassé en pleine rue, plus personne n'était étonné de voir ce couple d'hommes qui se tenaient la main. Et quand bien même des regards dédaigneux se posaient sur eux, un large sourire illuminait tant leurs visages que la gêne naissait chez les passants qui finissaient par détourner le regard. Finalement, apprendre à vivre avec le regard des autres n'était pas si difficile. Iwaizumi l'avait compris quand il s'était rendu compte que le soutien d'Oikawa était nécessaire. A deux, on était toujours plus fort. A deux, on pouvait déplacer des montagnes.

Le passeur n'avait plus besoin de ses béquilles mais il les amenait toujours avec lui lorsqu'ils sortaient se balader afin de pouvoir les reprendre si jamais il se sentait fatigué. Il demeurait frustré de ne pouvoir faire du volley mais il savait que s'il voulait être capable de jouer au niveau d'autrefois, il fallait faire un effort et prendre sur soi. En plus, qu'il était agréable de se plaindre à Iwa-chan qui finissait par le faire taire en l'embrassant. C'était devenu un jeu entre eux. Jeu qu'Oikawa appréciait particulièrement par ailleurs.

Arrivés dans un parc où les pétales des fleurs de cerisiers volaient au vent, les garçons s'assirent tranquillement. Le ballon de volley déjà sorti, Iwaizumi envoya la balle au passeur qui la lui renvoya. Certes, le capitaine d'Aoba Jôsai ne pouvait plus faire de volley, mais ça, c'était seulement debout. Alors autant poursuivre un entraînement qui ne concernaient exclusivement que les passes. L'attaquant avait trouvé cela afin de satisfaire l'appétit volley ballistique de son petit ami qui se plaignait un peu trop à son goût.

« Ouais mais tu ne peux pas attaquer c'est nul ! » se lamenta le passeur au bout d'un moment, une moue boudeuse présente au coin de ses lèvres.

« On se fiche de me faire attaquer, ce qu'il faut pour le moment, c'est que toi tu fasses des passes. Tu ne vas pas te laisser distancer par Tobio quand même ? »

En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, la moue dite boudeuse s'était transformée en un rictus méprisant.

« Je le surpasse déjà ce morveux ! »

Alors qu'Iwaizumi allait dire quelque chose, un rire s'éleva derrière eux. Ce rire, Oikawa l'aurait reconnu entre mille maintenant qu'il avait appris à le reconnaître. C'était celui de Nishinoya Yû. Immédiatement, le passeur sentit son petit ami se crisper. En même temps, avec le passif qu'ils avaient tous les deux, il y avait de quoi être tendu.

« Il te montrera par la suite que c'est lui le meilleur. Nous sommes les meilleurs Oikawa san. »

Le châtain reprit sa moue boudeuse face à l'attitude clairement provocante du petit libéro de Karasuno. Il le reconnaissait bien là il ne se laissait jamais démonter même si la situation était particulièrement étrange.

« En fait, je suis content de vous croiser ensemble. Je voulais vous présenter mes excuses pour le malentendu qu'il a pu y avoir. »

Iwaizumi sembla alors se détendre un peu bien que son regard demeurât méfiant. Il savait pertinemment que Noya chan, comme Oikawa aimait l'appeler, était tout à fait le genre d'homme à faire chavirer le cœur de son passeur.

« Tout est pardonné. Ne t'en fais pas. Tu es juste venu pour ça ? » répondit le châtain.

Nishinoya rougit malgré lui et détourna le visage. Il semblait mal à l'aise. Pourtant, ce n'était absolument pas son genre. Généralement, il rentrait dans le tas et se posait ensuite les bonnes questions. Bref, exactement l'attitude qu'il avait eu avec son aîné deux semaines auparavant.

« Allez, assied-toi et accouche. »

Le plus jeune obtempéra et poussa un soupir avant de s'expliquer :

« En fait, quand on s'est euh embrassé… enfin quand je t'ai embrassé… je me suis rendu compte que je ne ressentais pas ce que je pensais ressentir pour toi. Je… J'ai immédiatement pensé à quelqu'un d'autre en le faisant. »

Iwaizumi écoutait le brun à la mèche, ne sachant quelle attitude adopter vis-à-vis des révélations du plus jeune. Au fond, et il n'arriverait pas de si tôt à l'oublier, il avait juste envie de lui mettre la raclée du siècle. Mais en même temps, maintenant que tout s'était arrangé et que tous les deux s'étaient mis ensemble, tout avait changé. Même son ressentiment pour le lycéen de Karasuno.

De son côté, le capitaine d'Aoba Jôsai s'était mis à glousser. Il ne semblait pas prendre la nouvelle si mal que cela. Au contraire, il était assez content. Il n'avait donc pas brisé le cœur de ce jeune homme qu'il appréciait tant !

« Je peux savoir à qui tu pensais alors ? J'en ai bien le droit, non ? »

Nishinoya hocha la tête. Il semblait toutefois gêné et ne cessait de triturer un porte-clés qu'il avait dans les mains.

« Azumane Asahi. Tu sais, l'attaquant de mon équipe. »

« Aaah, le délinquant ? »

« Ouais, la grande perche qui fait peur car il a déjà des poils au menton ! » renchérit Oikawa lui s'approcha du plus jeune pour l'attraper par le cou et lui ébouriffer les cheveux affectueusement.

« Il n'est pas comme cela en réalité… Et puis, oh et puis zut, vous m'ennuyez. »

Il s'apprêtait à se relever mais déjà le passeur l'avait saisi par le poignet en lui adressant un sourire rassurant.

« Allez, je t'écoute. Qu'est-ce que tu veux ? »

Alors, le brun lui dévoila tout. Suite au baiser qu'ils avaient échangé, Asahi avait littéralement pété un plomb. Il était presque devenu violent et Sawamura et Sugawara avaient dû intervenir car il aurait été capable de le frapper. Depuis, ils ne s'adressaient plus la parole ce qui rendait le plus jeune malheureux. Il voulait tout simplement qu'Oikawa et Iwaizumi l'aident à lui expliquer la situation et surtout qu'ils lui donnent des conseils.

Bien sûr, tous deux auraient pu répondre que cela ne les concernait pas et encore moins venant d'un joueur d'une équipe adverse. Ils auraient pu lui dire de se débrouiller. Mais ce n'était pas ce qu'ils firent. Nishinoya avait lui aussi souffert de la tension qu'il y avait eu entre le capitaine et son second. Alors au fond, ils lui devaient bien cela. Ils passèrent donc l'après-midi à élaborer un plan leur permettant de faire tomber la grande perche délinquante comme l'appelait Oikawa dans les bras du petit corbeau.


J'avais promis de revenir avec une suite alors la voici ! Elle est bien plus légère comme promis et, comme vous pouvez le voir, je ne laisse pas Noya chan dans le pétrin dans lequel il était. Après tout, comme la trame principale est terminée, on peut bien s'occuper des autres personnages ;) !

J'en profite aussi pour vous dire que j'ai publié sur Wattpad (pseudo poisondouxamer) récemment une originale sur le thème du volley. Elle se nomme "De tes rêves à mes rêves". Elle n'est pas yaoi, mais si vous appréciez le volley, peut-être trouverez vous votre bonheur ;) !