Bonjour à tous! Nous revoici pour le dix-huitième OS !

Encore et toujours merci aux personnes qui ont pris le temps de laisser une review depuis la dernière fois : Tristana379, Will McHope, Berenice 05, nathydemon, The Nymph'Nagisa, Aliice-Klaine, Louisana NoGo, Misew et S10!

Encore une fois, je ne fais que traduire les histoires de la merveilleuse Mssmithlove. Vous pouvez retrouver son travail original sur AO3: / series / 224537

Résumé: Être amoureux de votre meilleur ami peut vous conduire à faire des choses stupides. Par exemple, vous pourriez potentiellement lui demander de prendre votre virginité pour que le connard qui fait de votre vie un enfer depuis quatre ans cesse de se moquer de vous à ce sujet. Tout du moins, c'est ce que Sherlock Holmes a fait.

Si vous n'avez pas pour habitude de lire les notes en fin de chapitre, je vous invite encore plus chaudement que d'habitude à le faire pour celui-ci !

Comme d'habitude, je vous laisse avec le petit mot de Mssmithlove:

Pour Supernova12, LadyKailitha.

Salut, salut ! Et bienvenu sur ce nouvel OS spécial St Valentin ! Je sais que je n'ai rien posté depuis un bout de temps sur ce recueil mais je promets que je travaille activement sur plusieurs projets et j'espère qu'ils verront tous le jour cette année !

Avertissement : Il est question de harcèlement, dans cet OS, soyez prudent si cela vous dérange !

Merci à tous ceux qui lisent ce recueil ! J'espère que vous passerez une merveilleuse St Valentin !

Un merci tout particulier à la fabuleuse ishaveforsherl qui me laisse écrire mes histoires dans les textos que je lui envoie alors que je suis techniquement supposée bosser. Tu es sérieusement LA MEILLEURE !

EGALEMENT, des mercis très très TRES spéciaux à LadyKailitha et Supernova12 qui m'ont envoyé ces MERVEILLEUSES prompts ! Vous êtes adorables ! XOXOX

Avertissement: Rien ne m'appartient, je ne fais que traduire l'histoire originale. L'univers de Sherlock et ses personnages appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle et à la BBC.

Qu'y a-t-il de mieux qu'un OS de Noël en plein mois d'août ? Je vous le donne en mille : un OS de St Valentin à la fin de ce même mois d'août ! Enjoy !


À Propos De l'Amour

Les cœurs scintillants et les banderoles violettes pendus au plafond, les ficelles roses et les guirlandes rouges accrochées aléatoirement aux casiers qui tapissent les murs des couloirs, indiquent parfaitement bien la période de l'année, impossible de passer à côté. On parierait que le Saint Valentin lui-même est venu dans le lycée de Sherlock et a vomi toutes ces décorations inutiles et aveuglantes. Ce qui ne serait pas surprenant si on prend compte du Comité Événementiel de l'établissement qui s'occupe de toutes ces célébrations, ces bals qui, honnêtement, ne doivent amuser que cinq filles de sa classe.

Soupirant lourdement, Sherlock observe ses semblables en ouvrant à la volée la porte de son casier, les paillettes qui s'en décollent ne sont absolument pas représentatives de son humeur.

Il avait presque oublié que la St Valentin jusqu'à ce qu'il fonce malencontreusement dans un ballon géant en forme de cœur en passant le portail du lycée. Ô joie.

Il prend ses livres et les fourre dans son sac, zieutant le stand tout en tentures roses dressé à côté du réfectoire, précédé d'une pancarte vantant une tombola avec un cœur géant en chocolat à la clé, sa partenaire de chimie Molly Hooper et un des membres de l'équipe de rugby Greg Lestrade, perchés derrière l'étalage, engagés dans une conversation animée avec un groupe de filles.

Sherlock grogne intérieurement, claque son casier plus fort qu'il n'aurait dû, même s'il doit bien avouer que le bruit est satisfaisant. Il ferait volontiers sans cette fête païenne, merci bien. C'est, au mieux, éreintant et, au pire, déprimant, et s'il pouvait y mette fin sur l'instant, ce serait idéal. Cette connerie inventée pour glorifier les couples et, au passage, aliéner les pauvres bougres qui n'ont personne de spécial dans leur vie, est difficile à avaler.

Surtout qu'à chaque fois que cette stupide réjouissance a lieu, Sherlock est seul. Toujours foutrement seul. Ce qui ne le dérangeait pourtant pas jusqu'à il y a deux ans.

Nostalgie quand tu nous tiens.

« Hey, le Taré ! »

Ah, évidemment. Naturellement, il faut que ça se produise maintenant.

Aujourd'hui, de tous les jours.

Le surnom est accompagné d'une bousculade, l'épaule de Sherlock percutant le casier en métal qu'il vient à peine de fermer, se débrouillant difficilement pour rester sur ses pieds alors que Phillip Anderson ricane. « Oops ! Faudrait faire un peu gaffe, hein la Fée ? »

Soufflant un juron entre ses dents, Sherlock réajuste la bandoulière de son sac sur son épaule. « Anderson, » sourit-il ironiquement, analysant rapidement les joueurs de l'équipe de foot qui l'accompagnent, tous une fille accrochée au bras. Tous rient de la petite scène comme les imbéciles qu'ils sont. « Quel plaisir. »

« Hey, pédé, » aboie Sebastian Wilkes en ricanant, cette brute a toujours fait preuve d'un manque d'imagination frappant, seulement capable d'imiter Anderson. « Tu profites bien de ta St Valentin ? C'est fabuleux pour les gays comme toi, pas vrai ? Tout ce rose, ce violet, ces fleurs ? » Il passe son bras autour de Sally Donovan à ses côtés, rayonnant de fierté alors qu'elle glousse stupidement comme s'il avait dit la blague la plus drôle de l'Histoire. Ces deux-là se sont toujours amusés à faire de la vie de Sherlock un enfer.

Sherlock lève ouvertement les yeux au ciel, cette routine est exaspérante, ils ont eu une discussion similaire la semaine dernière. Ça doit bien faire quatre ans que le harcèlement dure et Sherlock est fatigué. « Sally, Sebastian, » marmonne-t-il en hochant la tête, les regardant alternativement, recueillant discrètement les indices qui montrent que leur relation n'est pas aussi solide que tout le monde semble le penser. Il ricane. « Je vois que ça s'est finalement concrétisé. Pathétique, vraiment, quand on sait que Sally a passé la nuit dernière avec Anderson. »

Le petit groupe d'ados marque un temps de silence et Sherlock se réprimande intérieurement, souhaitant que sa grande gueule ne se soit pas ouverte seule et qu'il ait ainsi pu éviter la séance de tabassage à l'arrière du parking. Mais son cerveau trop rapide a contrôlé sa mâchoire sans consulter son instinct de survie. C'est la seule chose qu'il a pour riposter cotre ses harceleurs : son esprit. Il est un génie et ils le savent. Donc, au lieu de s'attaquer à son intelligence, ils s'attaquent à son statut social. C'est un territoire plus sûr. Ils détestent quand il en sait plus sur eux qu'il ne devrait.

Mais aujourd'hui, il baisse les yeux alors que l'équipe de foot le jauge, il se fustige lui-même comme Sally reste bouche bée de choc, le sourire de Sebastian fane immédiatement. « Quoi ? »

Anderson se retourne et dévisage Sherlock, ignorant le regard abasourdi de son coéquipier. Il pointe du doigt le visage du bouclé, désormais presque habitué aux déductions de Sherlock mais toujours aussi furieux qu'à l'époque où elles le prenaient encore de court.

« Tu ne sais pas de quoi tu parles, pédé, » crache Anderson comme l'idiot qu'il est, un brasier crépite au fond de ses pupilles.

« Bon point, » acquiesce Sherlock en feignant l'approbation. « Quel talent pour répéter cet ennuyeux sobriquet gay que ton ami a clamé i peine trente secondes- »

« Si tu sais ce qui est bon pour toi, tu vas fermer ta putain de gueule, » l'avertit Anderson, amorçant un pas en avant, mais Sherlock ne semble définitivement pas savoir ce qui est bon pour lui puisque les mots déferlent à nouveau sur sa langue.

« Tu as raison, toutes mes excuses, » accorde Sherlock en plissant dramatiquement le front, un remord fictif tire ses traits. « Sally est probablement juste venue bavarder et elle est restée la nuit. » Il lance un nouveau regard à la jeune fille avant de revenir au garçon qui s'empourpre de plus en plus. « Et je suppose qu'elle a également frotté le sol, à en juger par l'état de ses genoux. »

Le halètement peu discret de Sally est couplé de plusieurs paires d'yeux écarquillés braqués sur lui, mais aucune ne le fusille comme celle de Phillip Anderson, sa face assombrie de rage.

« Je t'ai dit de la fermer, » rugit-il, un autre pas menaçant en avant, mais Sherlock ne rate pas l'étincelle de quelque chose d'étranger qui persiste. Étincelle qui prouve qu'Anderson apprécie beaucoup trop ce qui se passe, que son emportement n'est que pour faire bonne figure devant la galerie, la chance de jeter Sherlock au sol et de le réduire à nouveau au néant est trop attrayante.

Déglutissant difficilement, Sherlock recule pour échapper à la réplique de la brute mais son dos frappe les casiers tandis qu'Anderson plane sur lui, un mélange de rage et de plaisir se répand sur le visage du footballeur sous la forme d'un rictus qui tord l'estomac de Sherlock.

« Tu te crois malin, Holmes, » gronde Anderson, sa voix est si basse que seul Sherlock peut l'entendre, le génie prend de plus en plus conscience de la situation. « Prétendre savoir des choses que tu ne devrais pas, te pavaner dans ces couloirs comme si tu valais mieux que nous, et maintenant ? Tu me traques ? Sale petite merde. »

« Pitié, je ne me donnerais jamais la peine de te traquer, » marmonne Sherlock, il peut entendre sa propre voix trembler, il ne sait pas où cette conversation va les mener, s'il doit se préparer à esquiver un poing ou se rendre simplement sourd aux tentatives d'Anderson de le déshumaniser. « Ce serait d'un ennui mortel. »

L'expression d'Anderson indique à Sherlock qu'il doit retravailler son jeu d'acteur et la brute se rapproche, le mépris suinte de chacun de ses mots. Quelque chose de concupiscent étire ses lèvres. « Tu es peut-être juste jaloux, hein Holmes ? Trop déprimant et écœurant pour avoir une vie sexuelle donc tu viens fourrer ton nez dans la mienne ? »

Frissonner de dégoût en s'imaginant vaguement Anderson copuler ne semble pas satisfaire le joueur de foot et les poils de Sherlock se hérissent quand Anderson s'insinue encore dans son oreille et dans ses pores comme de la vase qui l'étouffe dans une mer sombre et nauséeuse.

« Pas foutu de trouver quelqu'un qui accepterait de te toucher alors que j'ai deux minettes qui courent après ma bite, » ricane Anderson avant de secouer la tête, courant un regard désapprobateur sur le génie comme si Sherlock et lui étaient les gardiens d'un secret, comme si Anderson savait qu'il avait tapé droit dans le mille, qu'il venait de prononcer les mots qui trottent constamment dans la tête de Sherlock et qui le terrifient. Mais ce connard lui tourne finalement le dos. Sherlock se redresse un peu, quitte la fraîcheur du métal, mais la brute ne s'en contente pas et crache une dernière sentence par-dessus son épaule, assez fort pour que le reste du groupe comprenne, assez fort pour que Sherlock veuille se recroqueviller de nouveau. « Pauvre petit puceau. T'es qu'un taré. »

Les comparses d'Anderson explosent d'un rire confortable, les vérités balancées par Sherlock sont clairement oubliées, mais le bouclé peut toutefois admirer l'étrange éclat sur le visage de Sebastian Wilkes qui guette attentivement Anderson, incapable de décider s'il doit passer à autre chose ou non.

Sherlock, lui, ne se pose pas vraiment la question puisque Anderson a détruit le sol fragile sur lequel le génie marchait depuis ce qui s'apparente à une éternité. Ce n'est pas comme si Anderson savait réellement quoi que ce soit. Il a juste fait des suppositions, comme tous les autres, en se basant sur des faits de la vie privée de Sherlock qu'il adore utiliser contre lui, tirant des leviers et appuyant sur des boutons, décousant un fil jusqu'à obtenir une réaction et puis tout s'éteint.

Le génie sait que s'il veut que cette discussion prenne fin au plus vite, il ne doit pas riposter, mais c'est devenu de plus en plus difficile de faire profil bas ces derniers temps. C'est peut-être cette période de l'année qui focalise plus que de raison les gens sur l'amour, le sexe et les relations, certaines personnes se jettent à bras ouverts sur d'autres pour ne simplement pas être seuls en ce jour le plus romantique de l'année. La St Valentin aura déjà lieu la semaine prochaine et puisque Anderson tourne secrètement autour de deux femmes simultanément, il est logique que le harceleur devienne plus grossier et vicieux que d'habitude.

Mais ce n'est pas ce qui interpelle Sherlock. Ce n'est pas qu'Anderson soit plus brutal aujourd'hui.

C'est qu'il a putain de raison.

À n'importe quel autre moment, n'importe quel autre jour, Sherlock peut facilement balayer l'insulte. Il peut ignorer les piques sur son célibat et les insinuations sur sa sexualité et continuer d'avancer. Il peut lever les yeux au ciel et secouer la tête et ignorer les tourments qu'il subit au lycée. Aucun d'entre eux n'a d'effet permanent sur sa vie. Il sait qui il est et il n'a pas honte, même pas un peu, peu importe ce qu'ils disent, peu importe les efforts qu'ils y mettent.

Mais aujourd'hui...

Aujourd'hui, toutes sortes de symboles clamant la supériorité de l'amour ont envahi les couloirs de l'école en rouge, rose et violet, de fausses fleurs, des cœurs en papier et Sherlock ne le supporte tout simplement pas. Pas aujourd'hui. Pas cette année. Pas quand les douze mois précédents ont été une torture pour les sentiments, la libido et le cœur du génie.

C'est un putain de cauchemar.

Ce n'est pas parce que Anderson pense qu'il est vierge, c'est parce qu'il est vierge et qu'il aimerait énormément ne plus l'être, car il y a ce garçon. Un magnifique, parfait, merveilleux garçon par qui il voudrait tellement être pris et cajolé et aimé.

Il y a un garçon qui ne fera jamais aucune de ces choses à Sherlock Holmes. Et que le plus grand salopard de l'école le lui rappelle est abominable en ce jour.

Il sera toujours seul.

Il n'aura jamais ce qu'il veut.

Il n'aura jamais qui il veut.

Ignorant la douleur dans sa poitrine, Sherlock ne fait pas le moindre mouvement avant que la bande de footballeurs s'éloigne, puis il se précipite dans la direction opposée, ajustant la lanière à son épaule. Il se sent déjà drainé et ce n'est que la première heure de la journée. Il essaie de faire comme si les mots d'Anderson ne rebondissaient pas dans sa tête et n'enserraient pas son cœur, mais il échoue.

« Hey, Sherlock ! » l'interpelle Molly Hooper derrière la table du stand quand Sherlock passe à côté, les cœurs en chocolat personnalisables de la vente annuelle en vue d'une collecte de fonds s'étalent devant elle. Greg se tourne vers lui également pour lui sourire et agiter la main.

« Hey, » les salue Sherlock, soupirant quelque peu de soulagement en voyant ces deux personnes, qu'il considère vaguement comme ses amis, et non pas un autre connard qui le bloquerait dans un coin. Il se sent en sécurité, mais toujours secoué par cet échange effrayant.

« Ça va, mec ? » demande Greg, inclinant la tête en direction du casier de Sherlock. « Qu'est-ce que ce branleur d'Anderson voulait ? »

« La même chose que d'habitude, » répond Sherlock, ignorant le regard soucieux de Molly. « Je suis un taré et un pédé et, apparemment, je le suis chez lui pour l'épier. »

« Oh, Sherlock, » compatit Molly, se tordant les mains, son inquiétude touche Sherlock, mais il préférerait mourir que parler de ses tourments à ses amis. Sherlock fixe un défaut sur la nappe avec embarras. « Je suis tellement désolée. »

« Je déteste ce gars, » grince Greg, fusillant l'angle de mur derrière lequel la petite bande a disparu. « Il a besoin d'un bon redressement. J'en parlerai à John. On s'assurera qu'il fasse plus attention à son comportement. »

« Non ! » s'écrie Sherlock un peu trop promptement et un peu trop fort, deux paires d'yeux le dévisagent avec surprise. Il déglutit d'embarras et regarde au sol. Ses amis essaient simplement de l'aider mais mêler John Watson à un quelconque plan le fait paniquer, juste entendre ce nom assèche sa gorge et affole son cœur. Il inspire et expire profondément. « Je- je veux dire... Ne le dis pas à John. Ne... Il n'a pas besoin de... de savoir. Tu sais comment il réagirait. »

« Pourquoi pas ? » Molly fronce les sourcils, ses traits se tendent. « Il est le capitaine de l'équipe de rugby, Sherlock. Il peut sûrement faire quelque chose pour pour que ça s'arrête. Tu ne mérites pas ce qu'il t'arrive. »

« Ça fait quatre ans, » se renfrogne Sherlock. « Ça ne s'est jamais calmé. »

« Parce que tu ne nous as jamais laissés le dire à John, » contre Greg. « Tu sais qu'il s'inquiète pour toi- »

« Exactement, » le coupe Sherlock. « C'est exactement pour ça qu'il ne faut pas lui dire. »

« Mais- » commence à protester Greg avant que Sherlock ne lève une main pour l'interrompre.

« Je vais le faire, » assène-t-il calmement. « Restez en dehors de tout ça. »

Car il va gérer. Il s'expliquera avec John Watson en des mots qui ne feront pas voir rouge à son meilleur ami et chasser quiconque a rabaissé Sherlock Holmes plus bas que terre car John Watson est à ce point téméraire, exaspérant et merveilleux.

Et ça ne ferait qu'empirer la situation, John voudrait jouer les chevaliers servants en armure étincelante comme si Sherlock était une demoiselle en détresse et comment le garçon aux cheveux boulés pourrait-il s'en sortir ? Comment est-il supposé refréner ses sentiments pour John Watson alors que John Watson est constamment parfait et magnifique ?

Car John Watson est ce garçon. Ce garçon qui tord l'estomac de Sherlock chaque fois qu'il le regarde, ce garçon qui illumine ses journées sombres et marécageuses dans ce lycée, ce garçon qui possède le cœur délicat et fragile de Sherlock sans même le savoir.

John Watson est ce garçon.

Et Sherlock ne supporterait pas qu'il agisse encore plus parfaitement qu'il ne le fait déjà.

Non, Sherlock va s'en occuper. Il s'en occupera sans déclencher la sonnette d'alarme et sans forcer John à venir à se rescousse.

« D'accord, » râle Greg, croisant les bras sur sa poitrine. « Mais tu ferais mieux d'agir avant la fin des cours. J'ai entraînement avec lui en fin de journée et si tu ne lui as pas dit à ce moment là, je le ferai. »

« Oh, pour l'amour de Dieu, » s'impatiente Sherlock en roulant des yeux. « Ce n'était qu'une simple discussion. Aucun coup. C'est bon. »

Échangeant un regard lourd de sens, Molly et Greg semblent converser silencieusement. L'inquiétude de Molly se transforme en résignation, Greg secoue toujours la tête mais semble lâcher l'affaire. « D'accord, » soupire Molly avant de lui offrir un petit sourire rusé et d'agiter ses sourcils. « Mais puisque tu es , veux-tu envoyer un cœur à quelqu'un de spécial ? C'est totalement anonyme. »

« Non, » répond platement Sherlock, ignorant leurs gloussements agaçants.

« S'il te plaît ? » demande encore Greg en souriant, attrapant un formulaire de commande et le glissant sur la nappe insupportablement rose. « C'est pour la bonne cause ! »

« Quoi, l'équipe de rugby a besoin de nouveaux uniformes ? » rétorque Sherlock, ricanant au coup d'œil mauvais que lui lance Greg.

« Nope. » Molly secoue la tête, fouillant entre les prospectus et les divers papiers. « C'est pour une- euh- association caritative. »

« Vraiment, » déclare Sherlock, sceptique. « Quelle association ? »

Ses doutes sont confirmés quand Molly pivote rapidement vers Greg qui babille sans assurance. « Uh-... c'est pour... c'est le uhm... »

« Joli mensonge, Molly, » grimace Sherlock, levant un pouce sarcastique. « Très bien pensé. »

« Oh, ferme-la, » rit Molly, les joues plus rouges mais ce sourire naturel toujours aux lèvres. « L'argent est reversé aux clubs extra-scolaires, okay ? »

« Donc il est réellement question des uniformes de l'équipe de rugby ? » répète Sherlock avec arrogance.

« Allez, c'est drôle ! » l'encourage Greg, son air benêt mais adorable habituel plaqué sur la face. « Ça coûte deux livres, ce n'est rien pour ton cul de bourge. »

« Il y a forcément quelqu'un de spécial à qui tu pourrais en envoyer un, » roucoule Molly, comme s'ils partageaient un secret.

Clignant plusieurs fois des cils pour effacer l'insinuation, l'inquiétude que Molly puisse savoir quelque chose racle l'arrière de sa nuque. Son cerveau s'arrête en imaginant que, peut-être, elle lui suggère d'envoyer un cœur anonyme à son meilleur ami, ce qui déclencherait la fin du monde, il le sait, avant de finalement réaliser qu'elle ne fait que le taquiner et Sherlock renifle de dérision, mitraillant le formulaire de commande avec dédain. « Non merci. »

« S'il te plaît ? » insiste Molly, ses grandes iris noisettes le percent, la moquerie a disparu et Sherlock se sent étrangement soulagé. « Les ventes ne sont pas florissantes pour le moment et... et tu as raison, la majorité de la recette ira à l'équipe de rugby mais si nous récoltons assez, une partie reviendra au club de sciences et nous pourrions vraiment utiliser cet argent pour participer à des salons, cette année. » Ses yeux se sont humidifiés et elle fixe la table. « Certains d'entre nous ont besoin de cette visibilité pour leurs bourses d'études, tu sais ? »

Se tournant juste à temps pour voir son comparse ajuster son masque de circonstance, Sherlock observe Greg hocher la tête avec sympathie et placer une main dans son dos pour la réconforter. « Ce serait génial, Molls, » confirme-t-il. « Espérons que nous réunirons assez de fonds pour tout ça. »

Et Sherlock sait, il sait qu'il se fait manipuler par la jolie bouille, le cœur trop grand et l'amour des sciences de sa partenaire de labo. Il sait qu'elle joue avec son âme, exposant que les pauvres membres club de sciences ont besoin d'aller à ces salons et de montrer leurs talents pour accéder aux meilleurs universités et aux meilleurs cursus de chimie et de biologie. Fichue Molly Hooper.

C'est sans danger, n'est-ce pas ? Il pourrait envoyer un cœur. C'est anonyme. Personne ne saura.

La question de savoir à qui il va l'envoyer ne se pose même pas, c'est risqué et dangereux, mais les grands yeux de Molly le supplient toujours et il ne peut pas retenir un petit frisson en imaginant John Watson recevoir un cœur en chocolat de la part d'un admirateur secret qui est en réalité son meilleur ami. De plus, John adore les fêtes, Sherlock ne pourra jamais oublier ce Noël où le joueur de rugby l'a traîné dans la neige pour chanter des cantiques avec lui, joues roses et tout sourire. Il adorerait une surprise de ce genre pour la St Valentin, Sherlock en est sûr et certain.

« Ouais, d'accord, calme-toi, » marmonne Sherlock, ignorant sa vraie motivation, arrachant le formulaire des mains de Greg et griffonnant quelques mots d'une main rapide avant de plier la feuille pour cacher son secret. Il sort son porte-feuille de sa poche arrière et claque l'argent sur la table. « Voilà. Heureuse ? »

Ses deux amis restent longuement bouche bée avant de lui offrir des sourires éclatants. « Oui, oui ! Merci beaucoup, Sherlock ! » s'écrie Molly alors que Sherlock glisse le formulaire dans l'urne au bout de la table. L'excitation de Molly ne ressemble pas à celle d'une étudiante en difficulté qui voit dans son geste la possibilité d'intégrer une bonne université. Son sourire insinue plutôt que Sherlock vient de faire quelque chose de délicieusement choquant, celui de Greg la reflète parfaitement.

« Pas de problème, » marmotte-t-il, s'éloignant tandis que les deux autres lui sourient d'un air idiot et s'enfonçant dans la masse de lycéens pour se rendre à son premier cours de la matinée, ignorant la sensation étrange à la base de son crâne, comme s'il avait raté quelque chose.

S'ébrouant pour s'en débarrasser, il sort son portable de sa poche et fixe l'écran avant que la cloche ne retentisse. Il découvre un nouveau message de ce garçon auquel il ne peut pas arrêter de penser, le monde qui l'entoure n'existe plus quand il lit les deux mots tous simples.

Bibliothèque aujourd'hui ?

Tapant sa réponse aussi vite que possible, Sherlock l'envoie et compte d'ors et déjà le temps qui le sépare de sa prochaine heure de trou, rayonnant en arrivant dans sa salle de maths.

J'y serai – SH


« Si je vois encore le moindre cœur, réel, papier ou paillette, je hurle. »

Reniflant dans son cahier et prenant le temps de se recomposer avant de tomber face à face avec des yeux bleus étincelants et un sourire lumineux, Sherlock se mord les lèvres et lève le regard, pour être accueilli par une vue à fendre l'âme. Quelle naïveté de se penser près à affronter un tel spectacle.

John Watson, capitaine de l'équipe de rugby, vêtu de sa veste de rugby bleu marine qui fait ressortir ses iris, un C blanc cousu du côté gauche de sa poitrine alors que ses initiales ornent le droit. Ses cheveux blonds tombent sur son front alors qu'il se jette glorieusement sur la chaise en face du génie à leur table habituelle et Sherlock remercie sa bonne étoile que John préfère fouiller dans son sac plutôt que de le regarder alors tente d'adopter une voix stable.

« Bonjour à toi aussi, » l'embête Sherlock, espérant que ses tremblements ne s'entendent pas dans ses mots, car il lui a fallu concentrer toutes ses forces pour les formuler.

« Sérieusement ? » John s'installe, ouvre son cahier et tapote l'extrémité de son stylo sur le bureau en bois. « Celui qui a permis de décorer le lycée comme ça devrait être viré. C'est too much. »

« Pas fan de la St Valentin ? » s'étonne stupidement Sherlock et John rit, lui offrant un sourire qui fait définitivement chavirer le cœur de Sherlock.

« Non, non, ce n'est pas ça, » glousse le blond. « Je pense juste que c'est trop, chaque centimètre carré des couloirs est occupé par une babiole en papier et des guirlandes. » Il fait une grimace, comme si les guirlandes l'avaient personnellement offensé il y a fort longtemps. « C'est plus chiant qu'autre chose. »

« Nous sommes bien d'accord, » ronchonne Sherlock en secouant la tête affectueusement, retournant à ses notes pour reprendre une respiration normale, le rire de John a toujours eu un effet étrange sur son rythme cardiaque.

« Hm. Alors. » John s'appuie contre son dossier et croise les bras. « J'ai entendu dire que quelqu'un avait eu une altercation avec notre brute régionale, ce matin. »

Et juste comme ça, le sort se brise et l'estomac de Sherlock se plombe.

Fait chier.

Greg Lestrade et sa grande gueule.

Se statufiant un instant avant de soupirer sa résignation, Sherlock lève des yeux plissés avec un regard de défi. « Ce n'était pas grand chose. »

« Oh, vraiment ? » s'enquière John, le transperçant. « Qu'a-t-il dit ? »

« Rien, » répond Sherlock en balayant les insultes d'Anderson et les questions de John d'un revers de main. « Rien d'inhabituel. »

« Tu vas bien ? » demande gentiment mais fermement John, se penchant pour reposer tout son poids sur ses coudes, laçant ses doigts devant lui et observant attentivement Sherlock.

C'est une habitude que John semble avoir toujours eue, être toujours au petit soin, s'inquiéter et être si foutrement merveilleux. C'est encore plus difficile de lui retourner franchement son regard quand il endosse son costume de futur médecin, étudiant la situation avec calme mais sérieux, toujours prévenant mais déterminé, accumulant toutes les informations qu'il peut soutirer pour diagnostiquer le souci et trouver la solution. C'est l'une des millions de raison pour laquelle Sherlock ne peut tout simplement pas s'en empêcher.

Il aime tellement ce garçon. Il l'aime plus qu'il ne pensait ça possible.

John Watson est le meilleur ami de Sherlock Holmes depuis maintenant trois ans. Un hiver, après avoir été témoin d'un passage à tabac de Sherlock par l'équipe de football sur le parking, John Watson ne se contenta pas de foncer dans le tas, il aida également Sherlock à se relever et l'emmena aux toilettes pour nettoyer son nez ensanglanté. Il voulu tout savoir de l'histoire pour faire un signalement au directeur et se porter garant de la protection de Sherlock face à des comportements similaires. Sherlock lui parla avec méfiance, mais ils échangèrent malgré tout leurs numéros, la nature inquiète de John n'acceptant aucun refus, et il fit promettre à Sherlock de l'appeler si ça se reproduisait. Ce que, évidemment, Sherlock ne fit pas mais John n'abandonna pas si facilement, suivant le génie partout pendant des jours jusqu'à ce que Sherlock ne le supporte plus et finisse par céder, le laissant évaluer la gravité de ses diverses blessures.

Depuis, ils furent inséparables.

Et durant ces trois dernières années, Sherlock Holmes tomba lentement mais sûrement amoureux de son si cher meilleur ami.

Il ne peut pas vraiment s'en blâmer puisque John Watson est... comme ça.

Ce sont les petites choses qui importent le plus et Sherlock est difficilement capable de regarder son ami sans rougir car John Watson agit toujours comme John Watson, que Sherlock veuille l'aimer ou non et il est injuste de supporter cette torture chaque jour, ce besoin d'être avec John à tout instant mélangé à ce besoin de ne plus jamais le voir pour éviter de s'humilier. Sherlock est assuré de s'humilier puisque toute cette putain d'école est amoureuse de John comme Sherlock l'est.

Capitaine de l'équipe de rugby et mec adorable en prime, John est absolument idolâtré dans leur lycée. Il est charmant, drôle et fondamentalement bienveillant, toujours une blague et un sourire aux lèvres pour alléger les journées mornes, le genre de type sur lequel on peut compter, qui protège nos arrières quoi qu'il arrive. À cette époque où Sherlock n'était pas conscient de l'importance que ce garçon prendra dans sa vie, à passer tous leurs week-ends ensemble, à regarder des films en mangeant du popcorn, Sherlock ne comprenait même pas ce que John fichait là. Il ne parvenait pas à savoir pourquoi ce mec incroyable passait autant de temps avec le génie alors qu'il pouvait faire d'innombrables autres choses avec d'innombrables autres personnes, faire bien mieux que tenir compagnie à Sherlock dans sa grande maison vide car ses parents voyagent constamment pour affaires, rentrant rarement.

Rétrospectivement, après ces années passées avec ce garçon, Sherlock sait que c'est tout simplement ce que John fait. Il est juste gentil et attentionné et s'il pouvait y faire quelque chose, il s'assurerait que Sherlock ne soit plus jamais ni blessé ni seul pour le reste de ses jours. Il est là pour Sherlock depuis trois belles années d'amitié, apprenant au génie ce que ça fait d'avoir un vrai ami, de supporter quelqu'un, de soutenir quelqu'un et d'aider quelqu'un à survivre à cette merde qu'est l'adolescence.

Et voilà Sherlock, gâchant tous ses efforts en tombant amoureux de lui comme l'idiot qu'il est.

« Ça va, » rumine-t-il, ses joues sont chaudes de son mensonge. « Ce n'était rien. »

« Lestrade m'a dit que tu avais l'air sacrément secoué, » annonce doucement John, avec toute la tendresse dont puisse faire preuve un si bon ami.

« Eh bien, Lestrade ne sait pas tout, » crache Sherlock en réponse, ses entrailles se tordent de culpabilité à la rudesse de ses paroles, mais il ne peut pas les retenir quand John le traite comme s'il était un chiot battu et Greg Lestrade ne peut pas garder sa grande gueule fermée.

« J'en suis bien conscient, » continue patiemment John, la phrase coule si aisément de sa bouche, comme s'il pouvait gaspiller tout son temps à raisonner Sherlock. « Nous voulons juste nous assurer que tu vas bien, tu sais. Nous nous inquiétons. »

« Eh bien, peut-être que vous ne devriez pas, » grogne Sherlock, poignardant son cahier d'un coup de stylo et gribouillant furieusement. « Je suis fatigué que les gens s'inquiètent pour moi, comme s'ils savaient tout. »

« Je te connais. » John fronce les sourcils. « Tu ne crois pas ? »

« Pas toi. » Sherlock roule des yeux, la colère enfle dans sa gorge. « Tous les autres. Ils agissent comme s'ils me connaissaient par cœur, comme s'ils savaient tout de moi. C'est exaspérant. »

« Je ne pense pas que ce soit l'intention de Lestrade, » argumente John, toujours doux et rassurant, gérant l'humeur de Sherlock avec précaution.

« Je sais bien, » aboie Sherlock, gagnant quelques coups d'œil accusateurs des occupants alentours mais il s'en fiche car il se ridiculise de plus en plus devant son meilleur ami. « Je n'ai pas dit que c'était son intention. »

Le silence s'installe entre eux et Sherlock en profite pour se calmer, son irritation irrationnelle n'est orientée ni vers Lestrade, ni vers John. Tous ces mots détestables dont il a été la cible ce matin brouillent son esprit.

« Sherlock, » dit finalement John et le génie daigne lever la tête et juste comme ça, John semble lire dans les pensées de Sherlock. « Que t'a dit Anderson, ce matin ? »

Clignant plusieurs fois des paupières, Sherlock baisse à nouveau le menton, frottant les marques qu'il a gravées dans le papier et secouant le chef. « Il n'est qu'un idiot, » articule-t-il. « C'est cette stupide fête. Ça semble le rendre encore pire, il a besoin de se moquer de moi... bref, c'est juste éreintant. »

Sans même le voir, Sherlock sait que l'expression de John s'est assombrie, lisant entre les lignes des propos de Sherlock. « Ce petit bâtard, » gronde John dans sa barbe avant que sa main n'entre dans le champ de vision de Sherlock. « Hey, » chuchote John pour capter son attention mais Sherlock ne peut pas se résoudre à le regarder. « Il n'y a rien de mal en toi, Sherlock Holmes, tu m'as bien compris ? »

Acquiesçant aux pages de son cahier et se sentant incroyablement bête d'avoir cette conversation, Sherlock ne peut toujours pas bouger. « Je sais que c'est ce que tu penses. »

« C'est ce que je sais, » réplique férocement John et Sherlock convoque tout son courage pour glisser un œil entre ses cils tandis que John parle encore. « Tu es absolument parfait comme tu es et Phillip Anderson peut aller se faire foutre. »

Leurs regards se connectent un long moment. Comme aspiré, Sherlock est désormais incapable de regarder ailleurs et John est déterminé à ne pas le lâcher un instant des yeux. Il veut lui faire comprendre la vérité dans ses mots, ses profondes iris bleues creusent en Sherlock.

C'est trop.

Sherlock doit détourner les yeux, c'est trop intense pour son petit cœur fragile, son estomac bouillonne. Ce garçon lui dit qu'il est parfait.

« D'accord, » murmure-t-il au mur, se forçant à se détendre et ignorant le magnifique blond en face de lui.

« Exactement, d'accord, » confirme John avec un souffle indigné. « J'ai raison. »

Retenant son sourire, Sherlock refuse encore de se tourner vers lui, mais le tendre gloussement qu'il entend lui rend la tâche difficile.

« Peu importe ce qu'il t'a dit... ne l'écoute tout simplement pas, okay ? » insiste John, clairement insatisfait que la discussion se conclut ainsi.

Sherlock soupire, les mots d'Anderson lui reviennent et une vague de rage assaille le génie en se remémorant l'ignoble grimace à laquelle il avait affaire quelques heures plus tôt, l'entaille qu'ont incisé les insultes est encore à vif. « J'aimerais qu'on me foute la paix avec ma vie sexuelle, » rouspète-t-il au papier. « Je n'arrive pas à comprendre en quoi ça l'intéresse. Ça ne regarde personne, surtout pas ce connard de Phillip Anderson. »

Une lourde pause suit sa déclaration et ses pommettes irradient jusqu'à ce que John réponde enfin, choisissant soigneusement ses termes. Le visage de Sherlock pourrait tout aussi bien prendre feu.

« Tu as raison, » clame lentement John. « Ce n'est pas un sujet qui devrait être abordé si tu n'en as pas envie. »

« Mais c'est bien là le problème, John ! » se plaint Sherlock, son embarras se mélange à la colère, le rendant anxieux et sur la défensive. C'est à John qu'il parle, après tout. John ne le ferait jamais se sentir mal avec ça. Mais tout de même, il continue de parler car tout son self-control semble l'avoir quitté. « Je ne donne jamais mon accord. Tout le monde s'imagine simplement quelque chose et ne cherche jamais à connaître ma vérité. Dans l'opinion collective, je suis donc le pauvre petit puceau du lycée et ça ne devrait pas m'atteindre, mais c'est comme ça et j'aimerais juste pouvoir y remédier et ne plus m'en inquiéter. »

Les derniers mots sortent avant que Sherlock ne puisse les contenir et il sent immédiatement la panique et l'incertitude compresser sa poitrine, menaçant de l'étouffer et ses yeux se dardent à ceux de John pour prendre compte des dégâts qu'a provoqué sa bouche intempestive.

Les traits de John traduisent une certaine complexité, comme s'il luttait entre la colère et la concentration, essayant de garder une face stoïque mais ses lèvres serrées tremblent. Son front est ridé, au-dessus de ses yeux bleus, ses joues bronzées sont pincées.

« Tu... » commence-t-il mais il s'interrompt, inspirant profondément avant de poursuivre, choisissant à nouveau judicieusement ses mots. « Tu ne veux... plus être vierge ? »

C'est tellement diplomate et tellement John, les lèvres de Sherlock convulsent l'espace d'un instant avant qu'il n'opine, appréciant les pincettes que prend son meilleur ami. Puis son subconscient revient à ce qui est important.

Oh Seigneur.

Oh putain.

Ce n'est pas un gros secret, il sait que tout le monde est au courant qu'il est vierge mais, bon sang, vient-il vraiment de le dire ? À voix haute ? À John Watson, en plus ?

Anderson a envahi sa tête et, maintenant, il se lamente sur sa virginité auprès du garçon dont il est fou amoureux. Il est officiellement fou à lier.

« Je... ce serait juste sympa de ne plus être embêté à cause de ça, » se défend Sherlock, bien que John et lui sachnt pertinemment qu'il ne va pas se vanter d'avoir eu des relations sexuelles. « Ce n'est pas comme si c'était une grosse affaire. Tout le monde l'a fait. »

Il observe si longtemps les réactions de John Watson que les joues du joueur de rugby virent au rose avant de reprendre contenance, comme s'ils n'avaient pas la conversation la plus étrange sur Terre. « Donc tu veux juste... quoi, exactement ? Sauter sur la première personne venue pour te dire que c'est bon, tu l'as fait ? »

Le ton de John est légèrement accusateur et horrifié et très inquiet mais tout ce que Sherlock peut faire est hausser les épaules. Il n'y a pas réfléchi dans tous les détails. Le sexe avec un étranger n'est pas très attrayant, mais ce serait agréable de ne plus être vu comme un taré que personne ne veut toucher, n'est-ce pas ? Non pas qu'il le clamerait haut et fort puisqu'il voudrait le faire avec un garçon et que les insultes seraient alors axées sur autre choses que sa virginité hypothétiquement perdue mais... mais pour sa propre tranquillité d'esprit, pour son propre tourment interne, il voudrait passer de l'autre côté de la ligne, ne plus être harcelé là-dessus car non, en fait, il ne serait plus vierge. Ce serait bien, non ? Ce serait bien d'être de ce côté, pas vrai ?

Mais cette activité implique la participation d'une autre personne et Sherlock ne peut pas s'imaginer quelqu'un d'autre que ce garçon assis en face de lui. Ce garçon très hétéro qui n'est aucunement intéressé par les hommes.

C'est perdu d'avance.

Mais pour le bien de cette conversation, Sherlock continue car il est déjà embourbé jusqu'au cou et qu'il ne voit de toute manière aucune porte de sortie. « Pas forcément quelqu'un au hasard, » annonce nonchalamment Sherlock comme si sa virginité ne revêtait aucune sorte d'importance. Et pour être tout à fait honnête, il ne sait pas quoi en penser. « Ce serait mieux si je connaissais la personne. »

La mâchoire de John tombe grande ouverte. « Tu es sérieux, » murmure-t-il, clignant compulsivement des paupières. « Tu veux... baiser avec quelqu'un juste histoire de dire que tu l'as fait ? »

« Je ne veux pas en faire toute une montagne, » contre Sherlock, ses oreilles s'échauffent à la vulgarité de John. « Simplement, ce serait cool d'en finir avec ça avant la fac. Pas la peine d'y traîner mon adorable réputation de taré. »

Plusieurs émotions se battent sur la face de John, déformant et tordant ses traits alors qu'il tente clairement de déterminer quelle réaction est la plus adéquate. Différentes choses passent dans ses yeux bleu profond, trop vite pour que Sherlock puisse les identifier. Les cils blonds qui battent les chassent les unes après les autres. Sherlock a le souffle coupé, il attend que le monde s'effondre, il ne sait pas comment cette discussion va se terminer.

Jusqu'à ce que John semble décider quelque chose, bombant le torse et acquiesçant légèrement pour lui-même, une résolution nouvelle s'ancre sur son visage.

Sherlock attend, incapable de bouger.

« D'accord, » dit fermement le joueur de rugby. « Je vais le faire. »

Fronçant les sourcils, Sherlock penche la tête sur le côté, trop absorbé par l'expression de John pour calculer la teneur de ses paroles. « Faire quoi ? »

Les yeux s'écarquillant l'espace d'une seconde et déglutissant difficilement comme si sa gorge était sèche, les doigts de John gigotent sur les coutures de sa veste. « Oh- eh bien, tu... tu as dit... Je- veux dire que si tu veux y remédier, je peux- je vais le faire. »

Le cerveau de Sherlock est court-circuité une trentaine de secondes, incapable de connecter les points essentiels de l'échange avec la conclusion, les mots de John sont flous dans sa tête, comme entendus sous l'eau, leur sens est incompréhensible.

Alors il bat des cils. Et bat. Et bat. Jusqu'à ce que ses yeux le picotent. John se balance inconfortablement sur sa chaise, sa proposition flotte dans l'air comme un éléphant géant qui trépignerait sans pour autant faire le moindre bruit.

Puis Sherlock retrouve sa voix, mais toujours pas ses neurones. « Mais tu es hétéro, » débite-t-il stupidement, comme si ça allait rendre la situation moins étrange.

Les joues de John prennent immédiatement d'adorables couleurs et Sherlock le fixe trop longtemps quand John finit par se racler la gorge, se frottant la nuque. « Euh- Ouais, je comptais t'en parler, en fait. Je... je pense que je suis bisexuel. »

Encore une fois, Sherlock reste bouche bée. Il y a trop de nouvelles informations et il est plutôt difficile de les assimiler, aucune ne semble avoir de sens. « Tu allais m'en parler ? »

« Bien sûr, » affirme John, quelque peu incrédule, comme si c'était la chose la plus évidente au monde. Et avec ce qui suit, Sherlock réalise que c'est probablement le cas. « Tu es mon meilleur ami. À qui d'autre pourrais-je me confier ? »

« Oh, » expire Sherlock, il sent une petite chaleur dans sa poitrine. « Je- ...merci. »

« Je veux dire, tu m'as dit que tu étais gay, pas vrai ? » John s'ébroue avec simplicité. « Les amis se disent ce genre de choses. »

« Évidemment, » concorde Sherlock, mordant sa lèvre pour contrôler son sourire.

« Donc je pourrais... je suis volontaire, » bredouille John, tirant sur sa manche. « Si ça te va. »

Formuler une réponse cohérente et compréhensible demande à Sherlock un effort monumental, tout ce qu'il se passe le chamboule, mais il parvient à tousser un « D'accord » tremblant avant que le silence ne les gagne de nouveau.

Ce n'est que quand John sourit brillamment d'une oreille à l'autre et informe Sherlock que sa mère est de garde de nuit dimanche, ce n'est que quand Sherlock répond que ses propres parents ne reviendront pas chez lui de toute la semaine, ce n'est que quand ils fomentent un plan pour que John passe la nuit de dimanche chez Sherlock et ce n'est que quand John disparaît avec un salut étrange de la main, que Sherlock réalise exactement ce qu'ils viennent de préparer.

Et puisque aujourd'hui est vendredi, il lui reste une quantité effroyable de temps pour piquer une crise de nerf.


Il a changé d'avis au moins dix-huit fois quand dix-neuf heures sonnent, ce dimanche soir. L'ampleur de ce qui va se produire ne l'a frappé que deux heures plus tôt, quand John lui a envoyé un message après un silence radio de deux jours.

C'est toujours okay pour ce soir ?

Et aussi rapidement que ces dernières quarante-huit heures se sont écoulées, les doigts de Sherlock scellent son sort d'un simple Oui, comme s'il n'avait pas passé la veille à nettoyer de fond en comble toute la résidence pour éviter de penser à ce qui allait se produire.

Le week-end se résume à un brouillard informe alors que l'horloge semble refuser d'accélérer pour enfin arriver au moment fatidique tant espéré et, sans même s'apercevoir qu'il est dimanche, la sonnette retentit et Sherlock est soudainement consumé par la réalité.

Il passa la journée à se préparer, lavant les draps, faisant puis refaisant le lit, repassant soigneusement son jean préféré et pliant à la perfection le col de sa chemise. Puis il traîna son corps transpirant dans un bain chaud pour se récurer sous toutes les coutures jusqu'à ce que sa peau soit rouge, à vif et prête, domptant ses boucles et tapotant subtilement de l'eau de Cologne sur ses poignets, gardant ses mains et son esprit occupés à perfectionner ce qui sera probablement le plus grand moment de sa vie, car il ne pouvait pas s'asseoir et rester tranquille sans sentir les prémices d'une attaque de panique. Ainsi sursaute-t-il en entendant la sonnette.

Et juste comme ça, le petit monde silencieux et calme du génie explose en mille morceaux. Son destin l'attend à quelques pas seulement. C'est déconcertant et terrifiant et réel.

Oh Seigneur.

Oh Seigneur... c'est réel. John Watson est en chair et en os, là pour prendre Sherlock Holmes et oh Seigneur. Oh Seigneur Tout-Puissant.

Ordonnant à ses mains d'arrêter de trembler, Sherlock se dresse sur ses jambes instables et marche à la porte d'entrée. Avec une dernière respiration profonde, il ouvre le battant, reniant toutes ces pensées que ce n'est peut-être pas une bonne idée, que John a peut-être décidé de se rétracter, qu'ils n'y ont peut-être pas réfléchi suffisamment, qu'ils devraient peut-être réévaluer la chose et peut-être ne pas le faire.

Bien. C'est bon.

John se tient de l'autre côté du seuil, vêtu tout de bleu foncé, chemise et jean, cette tenue lui va encore mieux que tout ce que Sherlock l'a vu porter auparavant. Il est absolument magnifique et tous les scénarios éventuels de discussion passent par la fenêtre comme la bouche de Sherlock s'emplit de salive et le désir creuse son abdomen. S'imaginer que John pourrait ne pas le baiser ce soir révulse son estomac. Il se sent surpassé par tout ce qui l'entoure, par ce garçon sous le porche.

Bon sang, il veut John Watson.

Il veut tellement que John Watson le prenne.

Même si c'est juste cette nuit. Même si c'est juste une fois.

Sherlock le veut. Sherlock veut tout de lui.

Tout aussi stupéfait, John oscille un long moment sur le pas de la porte, courant ses sublimes iris bleues sur la silhouette de Sherlock, étudiant et appréciant chaque élément avant de finalement sortir de sa transe, réalisant qu'il n'a pas encore dit le moindre mot et souriant d'un air d'excuse, tendant le sac en papier qui pend de sa main gauche.

« J'ai apporté le dîner, » dit-il, mais sa voix est rude et un peu flageolante, plus profonde que Sherlock ne l'a jamais entendue, comme si du chocolat fondu coulait de sa bouche, ses mots reflètent la chaleur qui irradie du corps de Sherlock. Et c'en est fini.

« Au diable le dîner, » grogne Sherlock avec une confiance nouvelle et John laisse tomber le sac sur le sol de l'entrée, claquant la porte d'un coup de talon sans se faire prier.

Puis ses bras épais et musclés sont à la taille de Sherlock et ses mains reposent sur le dos de Sherlock et son corps entre en collision avec le corps de Sherlock et c'est...

Nom d'un chien.

C'est encore plus que ce que Sherlock s'était permis d'imaginer.

Leurs lèvres qui se connectent sont comme des feux d'artifice. Le baiser est lent et passionné, doux et prévenant. Les orteils de Sherlock se recroquevillent d'euphorie tandis qu'il fond contre John, ses bras entourent les épaules de John, de la lave parcourt sa colonne vertébrale. John l'embrasse si tendrement, pinçant la lèvre inférieure de Sherlock entre les siennes et suçant avec application. C'est plein d'interrogations tentatrices et de promesses ardentes, de lentes ondulations de leurs bouches l'une contre l'autre, trouvant leur rythme rien qu'à eux. Le génie tremble déjà, la possibilité de plus les ronge alors qu'ils touchent et explorent et apprennent à connaître l'autre de cette manière qui leur est étrangère.

John recule et sourit presque timidement, rangeant une boucle égarée derrière l'oreille de Sherlock avant de lacer leurs doigts ensemble en inclinant discrètement le menton en direction de la chambre de Sherlock et le génie s'exécute avec déférence, presque incapable de croire ce qui arrive, agrippant la main de John comme si, en la lâchant, tout volerait en fumée.

Ils sont silencieux quand John ferme la porte derrière eux. Le lit de Sherlock n'attend qu'eux, de l'autre côté de la pièce, mais le blond ne l'y attire pas tout de suite. Il préfère l'envelopper de nouveau dans ses bras et le serrer fort, berçant son corps comme si Sherlock était quelque chose de précieux, quelque chose de délicat dont John devait prendre soin. Le cœur de Sherlock en souffre, la gentillesse dont John fait preuve fait remonter tant de sentiments, tant d'émotions pour lesquelles il n'aurait jamais pu être préparé, même avec les cours d'éducation sexuelle, même avec ses recherche internet sur ce que provoque le sexe.

Un pouce parcourt la pommette de Sherlock et il ouvre les paupières pour découvrir John qui l'observe avec adoration. « Ça va ? » murmure le joueur de rugby avec une autre caresse de son doigt sur sa peau.

« Oui, » souffle Sherlock, prenant la main de John et la guidant au premier bouton de sa chemise, transmettant ce qu'il ne parvient pas à formuler.

John sourit et le déshabille avec précaution, vérifiant son état à chaque nouveau centimètre de peau dévoilée et Sherlock lutte pour respirer normalement. La tendresse du toucher de John gonfle dangereusement son cœur comme John glisse sa chemise sur ses bras et dépose des baisers sur ses épaules dénudées.

« Tu es beau, » chuchote-t-il, effleurant des doigts pieux sur le torse de Sherlock, sentant les muscles rouler et envahissant son cou de bisous bouche ouverte. Sherlock jette sa tête en arrière et gémit sans y penser, il ne se serait jamais attendu à aimer ce genre de démonstration, si douce et affectueuse.

« Merde, » croasse John sur son épiderme, et Sherlock remarque que les mains de John tremblent et planent au-dessus de son ventre. Ses pouces migrent au bouton qui tient en place le jean de Sherlock.

L'urgence dans les mouvements du blond fait pulser quelque chose à la base de son échine et il se mord les lèvres alors que le pantalon s'ouvre. Il va définitivement aimer ça. Il ne s'inquiète pas de ce qui adviendra plus tard, que c'est juste l'histoire d'une fois, que demain, il verra John à l'école et ce sera comme si rien ne s'était jamais produit.

Non, il va prendre tout ce qu'il pourra. Se donner entièrement. Passer une nuit parfaite avec ce garçon parfait.

Donc il ramène son crâne en avant et capture à nouveaux les lèvres de John pour les dévorer gentiment, roulant sa langue dans la bouche de John quand celui-ci l'ouvre pour respirer, goûtant le thé qu'il a bu dans l'après-midi, la moiteur, le confort, tout ce qui fait John Watson. Le jean de Sherlock glisse au sol, entraînant par la même occasion son sous-vêtement, et John recueille son corps totalement nu au creux de ses bras en l'embrassant, une main voyage dans ses boucles et masse le cuir chevelu.

Les doigts de Sherlock se faufilent sous la chemise de John et se mettent au travail, déboutonnant, dézippant, déshabillant son meilleur ami jusqu'à ce qu'ils soient pressés l'un à l'autre, la peau nue contre la peau nue, s'enlaçant étroitement, épris par la peur de se noyer s'ils se lâchaient.

John ploie le premier, poussant Sherlock à reculons pour l'allonger sur le lit, rampant par-dessus lui et monopolisant encore ses lèvres. Le poids de John est plus que bienvenu, épinglant Sherlock au matelas. Les draps propres de Sherlock sont chauds et doux, l'atmosphère craque d'anticipation, de promesses, d'intentions entre eux et la chair nue frotte la chair nue. Des doigts emprisonnent les poignets fins de Sherlock et les tirent au-dessus de sa tête et Sherlock gémit comme John bloque ses mains d'une seule paume en se nourrissant de sa lèvre inférieure. Les hanches du génie ondulent et le sexe de John cogne contre le sien, envoyant des étincelles de pur plaisir dans le corps de Sherlock, le petit foyer au fond de son ventre vire au brasier infernal.

« Putain, » siffle John en cachant son visage dans le cou de Sherlock, geignant alors qu'ils bougent ensemble, frictionnant leurs érections à chaque poussée. « Oh mon Dieu, Sherlock. »

Les doigts de John descendent sur les bras de Sherlock et sa bouche longe son sternum, lapant la peau et tourbillonnant sa langue sur un téton. Les mains du génie se cramponnent aux draps tandis qu'il pousse son buste à la rencontre du toucher de John, à la rencontre de la stimulation de ses mamelons sensibles et la sensation de la queue dure de John qui rue contre lui brouille sa vision. « Ohh mon Dieu. »

John se redresse légèrement, attrapant la hanche de Sherlock pour engloutir son mamelon dans sa bouche et pincer l'autre entre son pouce et son index. Le génie sanglote, il se sent de plus en plus terrassé par le besoin, se tortillant à mesure que John joue avec son corps.

« Mon Dieu, tu es tellement réceptif, » murmure John, son sourire est clairement audible dans ses mots. « J'adore ça. »

« John, » répond Sherlock sans cohérence, se mordant la lèvre alors que John donne un autre coup de bassin et tire un peu plus sur son téton. « S'il te plaît. »

Gloussant contre sa peau, John descend peu à peu sur le corps de Sherlock qui est complètement avachi sur le matelas mais le brun se fiche de sa posture, son épiderme chante des prières pour les mains, les lèvres, les mots de John Watson, de micro-décharges électriques pulsent dans chacun de ses nerfs.

Suçotant et léchant, John se coulisse encore, et Sherlock se dresse sur ses coudes pour le regarder avec des yeux écarquillés qui se ferment bien vite comme la bouche de John presse sur sa hanche nue, sa langue parcourant la ligne de son bassin.

Son épiderme est déjà fleuri de chair de poule quand, soudainement, le plaisir engloutit son corps tandis qu'une chaleur obscènement humide engouffre sa verge et Sherlock pleurniche presque. C'est trop intense, il crie sans même s'en apercevoir, le son est pathétique, plein de besoin et de surprise et il ne peut pas, il ne peut pas, il ne peut pas-

« John, » halète Sherlock et, même à ses propres oreilles, ça ressemble à une supplique, une supplique pour que le garçon qui lui procure ce plaisir indescriptible arrête, se cramponnant à l'épaule et aux cheveux de John. « John. John ! S'il te plaît, John, arrête, arrête. »

Le blond entre ses jambes obéit immédiatement, le front plissé d'inquiétude en remontant pour faire face à Sherlock. « Quoi ? Ça va ? Je suis vraiment désolé, je t'ai fait mal ? »

Secouant frénétiquement la tête en hyperventilant, Sherlock passe la main dans les mèches de John pour le calmer alors qu'il rassemble des pensées cohérentes. Il ne veut pas que John croit qu'il a fait quelque chose de mal car, nom d'un chien, il n'a rien fait de mal, c'est juste... c'était juste...

« Je suis désolé, John- Je- Je suis trop excité, je suis trop... je ne peux pas- je vais jouir si tu continues, je jure que je vais jouir- »

L'expression anxieuse de John devient douce et tendre, l'affection éclaire ses traits de chérubin et il picore un baiser sur la tempe de Sherlock. « Je suis désolé, Amour, » ronronne-t-il. « Je ne voulais pas rendre ça écrasant. »

Sherlock s'assoit et enveloppe les épaules de John dans ses bras, son souffle revient finalement à la normal et il secoue à nouveau la tête. « Ce n'est pas ça, tu... tu étais tellement... c'était fantastique- c'est juste que je- je veux- ...je veux plus- ...je ne veux pas que ça se termine. »

La paume de John caresse d'un geste apaisant le dos de Sherlock, recouvrant sa gorge de bisous. « Ce n'est pas terminé, Bébé, » chuchote John à son oreille, lui offrant une autre vague de joie. « C'est loin d'être terminé. »

Merde, ça ressemble à une promesse et Sherlock émet un petit bruit alors que John le rallonge et voue un véritable culte à son corps, frôlant du bout des doigts, le faisant s'arquer et gémir.

Ses mains retombent finalement sur ses rotules et appuient sans forcer, et Sherlock écarte obligeamment les jambes, se sentant si exposé mais John ne rit pas et ne se moque pas, il glisse simplement sa paume sur l'estomac de Sherlock et plane légèrement au-dessus de son sexe, marmonnant quelques mots presque inintelligibles. « Tellement beau. Absolument magnifique, Sherlock. »

Sherlock frissonne sous le compliment, se focalisant sur la main de John à sa cuisse, statufié alors que l'autre fouille la table de chevet à la recherche des accessoires dont Sherlock avait la charge, il s'en est occupé le soir même de l'accord, avant que tout ceci ne devienne si réel, une petite boîte de préservatifs et un tube de lubrifiant achetés les doigts tremblants et les joues rouges sans jamais regarder directement le caissier.

Sherlock ferme les yeux et ignore le tressaillement qui s'attaque à l'arrière de son cou en entendant le snick d'un capuchon qu'on ouvre. Il sait ce qui vient ensuite et ses intestins semblent flotter.

Mais il ne s'y attend pas quand des lèvres tièdes et moelleuses capturent les siennes en un baiser chaste mais déterminé. John malaxe sa bouche jusqu'à pouvoir plonger sa langue contre celle de Sherlock, le détendant lentement mais sûrement.

Sherlock se laisse aller, ses os se transforment en gelée alors que John s'applique, frottant leurs langues ensemble si attentivement que Sherlock ne remarque presque pas la chaleur soudaine entre ses jambes.

« Détends-toi, » chuchote John quand Sherlock se tend et bloque son souffle. La pression de ses doigts derrière ses testicules est étrange et excitante à la fois, l'appréhension s'atténue alors que John atteint le cercle de muscles entre ses fesses, le lubrifiant aide à la fluidité des mouvements, ouvrant patiemment Sherlock.

« Ça va ? » s'enquiert tout bas John, sa voix est un peu rauque et grave et Sherlock miaule presque quand l'extrémité d'un doigt pénètre son corps.

« Uh-huh » répond-il vaillamment, ses talons creusent dans les draps et il tente de soulever les hanches pour plus, il s'offre à John tel une fleur qui s'épanouit, ses cuisses tremblent de l'effort de se hisser plus haut.

Les lèvres de John sont à son oreille et il susurre en introduisant son doigt en Sherlock, tétant son lobe. « Oh, Amour, tu es tellement chaud. Je veux te faire te sentir bien, Sherlock. Je veux te faire te sentir merveilleusement bien. Tu aimes ça ? »

La première phalange passe l'entrée plissée de Sherlock et ses mains volent aux biceps de John, s'y accrochant en poussant vers l'intrusion pour l'encourager. « Oh mon Dieu, » marmotte-t-il, ses yeux gris contemplent le poignet de John avant de se perdre dans ses iris bleues qui l'observent précautionneusement. Il fond comme du beurre au soleil, ses paupières papillonnent, c'est bon. « Oh mon Dieu. »

Et brusquement, il est ravagé. Comme un train sans frein dans une impasse, ça frappe sa poitrine et lui vide les poumons car quand il dit oh mon Dieu, il veut dire je t'aime et toutes ces absurdités à propos d'une seule et unique nuit parfaite le ramènent à sa propre fragilité car Sherlock ne peut pas se contenter d'une nuit, il ne peut pas se contenter de celle-ci, pas avec John, il ne survivrait pas sans ça, il va avoir besoin de ça pour toujours et il n'y aura pas de retour en arrière possible, après. De ça, il en est certain.

Alors il se cramponne à son John comme à sa propre vie et ravale l'amour qui brûle un trou dans son cœur. Il regarde John avec tout ce qu'il ne peut pas dire, ses yeux nuageux brillent de tout son amour, son adoration, son affection et le doigt de John s'immobilise un instant avant qu'un second ne rejoigne le premier et Dieu, il aime ce garçon, ce garçon qui lui délivre le plus exquis plaisir qu'il ait jamais senti, qui prend soin de lui, qui le tient contre lui et qui le caresse.

Et Sherlock sait qu'il ne voudra jamais personne d'autre. Il ne voudra jamais quiconque de la manière dont il veut John Watson.

Un calme le submerge, une réalisation que c'est ça, c'est exactement ce qu'il est sur le point d'avoir avant que son cœur ne tombe en miettes. Donc il sourit car la douleur n'est pas encore éveillée, pas maintenant, pas tant que John est encore sien, même si c'est la première et la dernière fois.

Donc il plie ses genoux sur son buste et se dresse pour un baiser langoureux. Puis il ne laisse plus d'autre choix à John, emprisonnant sa taille de ses jambes, murmurant « Je suis prêt John. S'il te plaît, je suis prêt. »

Le blond pousse ses doigts encore deux fois avant de les retirer et s'emparer d'un préservatif, déposant des baisers dans la gorge et sur la poitrine de Sherlock et le déroulant sur son sexe, se flattant rapidement d'une main généreusement lubrifiée. Mais il s'arrête, planant au-dessus de Sherlock et dégageant les boucles égarées sur son front. « Je voudrais que tu me le dises encore une fois, Amour, » chuchote-t-il tendrement. « Tu es sûr ? »

Ça donne envie à Sherlock de pleurer et de rire en même temps, ce qui se traduit par une sorte de sanglot mordu, fourrageant ses doigts dans les cheveux de John. « Je suis prêt, » souffle-t-il. « S'il te plaît, fais-le, John. »

Les joues de John sont rougies et chaudes quand Sherlock y pose sa main, ses traits sont doux, le cœur de Sherlock est douloureux et il prend le temps de mémoriser le visage de John, aimant et préoccupé, tous ces côtés de lui que Sherlock adore.

Et une fois fait, Sherlock cligne des paupières, sauvegardant ce souvenir dans sa mémoire pour toujours, et acquiesce de façon déterminée.

Et John le pénètre.

C'est tellement lent, les cils de John effleurent ses pommettes, ses yeux bleus sont aussi ronds que la lune et Sherlock est incapable de respirer durant un moment, son corps entier se sent comblé. Il siffle une expiration tremblante et étreint la hanche de John, le gardant immobile quelques secondes. « Juste une minute, » murmure Sherlock tandis qu'il sent son corps s'ajuster progressivement et John patiente, comme gelé sur place. Il commence immédiatement à psalmodier des excuse et à se retirer.

Les jambes de Sherlock le maintiennent, enveloppées autour du dos de John. « Non non, n'arrête pas, » supplie-t-il. « Donne... donne-moi juste une minute. »

John attend, son regard inquiet guette le moindre rictus, le moindre pincement, le moindre indice de douleur, et Sherlock lui sourit en retour, appréciant l'attention, frottant des mains câlines sur les flancs de John et inspirant. « Je vais bien, » susurre-t-il. « C'est juste nouveau. Il faut que je m'y habitue. »

John semble toujours peiné, faisant pleuvoir des bisous d'excuse sur chaque centimètre carré de Sherlock qu'il peut atteindre, ses joues, ses lèvres, son front. « Je ne veux pas te faire souffrir, » assène-t-il férocement. « Jamais. »

« Je sais, » réplique Sherlock, car il sait, John ne lui ferait jamais de mal volontairement.

Ce qui est triste puisque John n'a aucune idée de combien il va blesser Sherlock.

Mais c'est un problème qui appartient à demain. Car ce soir, Sherlock Holmes couche avec John Watson et il aimerait en profiter sans songer aux cauchemars de l'avenir.

Alors il met cette pensée de côté et se concentre jusqu'à sentir son corps s'adapter à l'intrusion et, sans prévenir, l'érection de John coule profondément en lui, ses parois internes accueillent le garçon jusqu'à la garde. John jure sur la joue de Sherlock et Sherlock gémit son accord. Puis les choses changent du tout au tout.

Ils ondulent lentement ensemble, roulent contre le corps ferme de l'autre, agrippent et grognent comme John glisse en et hors Sherlock avec velouté, une main refermée hermétiquement autour de la cuisse de Sherlock.

« Oh mon Dieu, Sherlock, putain, » geint John et Sherlock doit l'embrasser, doit l'enlacer fort. Il est enveloppé de chaleur, de passion et d'extase, goûtant les jurons et son propre nom dans la bouche de John et c'est fabuleux.

John fait de son mieux, des rides d'effort creusent son front. Sherlock hisse son bassin pour prendre plus qu'il ne peut, et-

« Oh ! » halète Sherlock, des étincelles éclatent derrière ses yeux et ses membres frissonnent sévèrement alors que John réitère ses assauts sur cette zone érogène à l'intérieur de lui, toute sa physionomie convulse. « Ohh- Mon Dieu, John. »

S'emparant de sa main, la détachant de sa hanche, John entrelace leurs doigts et tire son bras en arrière, au-dessus de sa tête, un point d'ancrage comme il martèle Sherlock. « Ouais, ouais, Bébé, » babille John, frappant encore et encore ce point si délicieux. Sherlock s'arque avec un sanglot.

« John. Oh- John, » crie-t-il, écrasant la main de John, le bouillonnement familier de l'orgasme inonde son bas-ventre. « John. John. S'il te plaît, John ! »

Une grande main tiède délaisse sa cuisse en faveur de sa verge, le masturbant de la base au gland sans jamais arrêter de le pistonner, le rythme parfait pour rendre Sherlock fou.

Ses yeux gris se verrouillent à ceux de John, s'approchant de plus en plus de l'échéance. Et juste quand les iris bleues de John brillent de quelque chose de si sincère, honnête et viscéral, Sherlock se perd dans la vague culminante de plaisir qui le ravage et fait s'effondrer son monde entier. Son corps est dominé par celui de John et il flotte dans les sensations. Une pensée fulgurante s'installe dans son crâne, s'il ne savait pas que c'était impossible, il pourrait interpréter le regard de son meilleur ami pour de l'amour.


C'est la lumière froide du petit jour qui jette au seau d'eau glacée sur le bonheur de Sherlock.

Il ne se faisait pas d'illusion, pas une seule, mais tout de même. Tout de même, il ne réalisait pas combien il était démuni face à ce qui l'attend.

Il sait désormais que les choses ne seront plus jamais les mêmes, balayant ses espoirs qu'il pourrait contourner les changements. Il était si naïf de penser pouvoir avoir une nuit, avoir finalement ce qu'il voulait, juste une fois et aller bien malgré tout, s'en sortir en un seul morceau, peut-être même revenir à la normal. Mais maintenant, il sait. Il sait qu'il n'ira jamais bien de nouveau.

John s'est évaporé tôt dans la matinée, sans doute pour éviter la conversation étrange et insupportable qu'ils devront avoir à un moment donné, mais pas tout de suite, pas quand les choses sont encore si à vif et nouvelles et douloureuses. Sherlock s'était réveillé, avait regardé John enfiler ses vêtements à la hâte, couvrant ce corps sublime qui avait fait des choses inqualifiable à Sherlock la nuit dernière, des choses qu'il n'expérimentera plus jamais avec le magnifique joueur de rugby.

Et le génie l'avait presque apostrophé. Lui avait presque demandé de se débarrasser de ces vêtements inutiles et de revenir au lit, le lit de Sherlock, sa véritable place, mais ça n'aurait fait que le ridiculiser. Il connaît la règle. Il sait exactement dans quoi il s'est fourré.

Donc, il est resté silencieusement allongé, enfonçant sa main à l'emplacement de son cœur dans une tentative désespérée de l'empêcher de s'effriter alors que John franchissait la porte.

Seigneur, ça a fait mal. Ça a fait bien plus mal que ce à quoi Sherlock s'attendait.

Mais même maintenant, tandis qu'il marche dans les couloirs de leur lycée, il sait que la douleur qu'il a ressentie ce matin n'est rien comparée à ce qui va arriver. Comparée à l'agonie de revoir John Watson après ce qu'ils ont partagé la veille. La douleur de ce matin n'est qu'une putain de promenade de santé.

Les couloirs sont heureusement bondés, ce matin. Pas un seul étudiant ne remarque Sherlock qui erre de son premier cours à son deuxième et maintenant à son casier. Il prévoit de rester aussi invisible que possible, la tristesse embrouille ses pensées et lui donne l'impression d'être encore plus insignifiant, encore plus seul qu'il ne l'a jamais été de toute sa courte vie.

Les cours sont passés comme de simples nuisances sonores et Sherlock est resté affalé sur sa chaise, à fixer le fond des abysses et à se demander comment il pourrait bien survivre sans ce qu'il a obtenu pour la première et la dernière fois, la veille.

Il ne savait pas. Il n'avait aucune idée de ce que lui procurerait le sexe. Ce que le sexe avec John Watson lui procurerait.

Et maintenant il sait, il putain de sait qu'il va payer pour ça. Il va payer le prix fort pour la nuit la plus fabuleuse qu'il connaîtra jamais.

Déverrouillant son casier, il voit un groupe de filles de son âge s'agiter dans tous les sens à quelques mètres de lui. Quatre d'entre elles entourent une cinquième qui parle assez bas pour que Sherlock n'entende rien. Mais le rose de ses joues et le sourire sur son visage en disent long. Elle rayonne presque et ses amies poussent des ooh et des aww et l'étreignent en émettant des petits cris joyeux. La curiosité l'emporte, Sherlock les observe vaguement. Son cerveau est plus qu'heureux de déduire pour se détourner de son tourment actuel. Alors il étudie le spectacle sans arrière-pensée. Le petit groupe se disloque progressivement, la fille au centre de l'attention est finalement totalement visible et Sherlock aperçoit quelque chose de rouge dans ses bras quand-

« Sherlock ? »

Ça fait mal d'entendre son nom de ce ton.

Ce n'est plus du chocolat liquide mais du miel chaud qui s'écoule des lèvres de John Watson, sa voix est la plus belle musique que Sherlock ait jamais entendue, hier comme aujourd'hui.

Ignorant les élancements qui attaquent son cœur, Sherlock respire profondément avant de pivoter et faire face à son meilleur ami, la douleur menace de l'avaler tout entier.

Les iris de John sont encore plus bleues, aujourd'hui, comme l'océan après une tempête particulièrement violente. L'opale, le turquoise, l'indigo et la menthe se combinent, hypnotisant Sherlock Holmes.

Bon sang, il suffoque de ne pas tendre les mains, de ne pas tirer John dans ses bras et l'enlacer comme il l'a fait la veille, de ne pas enfouir sa face dans le cou de John et sentir ce parfum qui imprègne toujours ses draps et son oreiller, qui s'est en quelque chose infiltrée dans sa peau et ne veut plus partir, cette fragrance qui éprend son nez et lui donne l'impression d'être en sécurité.

Ça le tue de ne pas toucher ce magnifique garçon.

« Je...- » commence le rugbyman mais il s'interrompt, ses grands yeux fuient ceux de Sherlock et descendent, fixant un petit objet qu'il serre contre son torse et que Sherlock ne remarque que maintenant. « J'ai reçu ton cadeau de St Valentin. »

Le cerveau de Sherlock Holmes n'est décidément pas opérationnel aujourd'hui et il cligne plusieurs fois des paupières, le jeune homme aspire toute son attention et la boite qu'il tient n'a aucun sens.

Mon Dieu, il est fatigué. Ça ne fait que deux heures et Sherlock est exténué. « Quoi ? » répond-il stupidement, car il n'a rien compris et il n'est pas sûr de vouloir comprendre. Plus rien n'a de sens, maintenant qu'il a eu John dans tous les sens du terme et qu'il ne l'aura plus jamais.

Comme des indices envoyés par une force divine, deux visages familiers pointent à un angle derrière John, Molly Hooper et Greg Lestrade discutent avec animation avant de prendre connaissance de la coquille vide de Sherlock qui les fixe et ils se statufient comme un seul homme, au beau milieu d'une phrase.

Sherlock voit les pupilles de Molly voyager de Sherlock au dos de John puis amorcer un pas de côté, dégageant sa vue de l'épaule de John et finalement entrevoir ce que ce dernier a dans les mains. Ses yeux s'écarquillent.

Et Sherlock continue de regarder, à moitié intéressé et plutôt décontenancé, Molly retenir une grimace et jeter un coup d'œil à Greg. Ils finissent tout deux par tourner les talons sans un regard en arrière pour Sherlock ou John, déguerpissant aussi vite qu'ils sont apparus. Ça prend une bonne minute à Sherlock pour connecter ses neurones. La petite scène est passée totalement inaperçue pour John Watson, si bien que Sherlock se demande s'il a complètement halluciné. Peut-être que John ne se tient pas présentement devant lui, que ce n'est qu'un délire de son imagination endolorie, peut-être qu'il devient complètement fou.

Et puis c'est comme si le monde advenait de nouveau. L'estomac de Sherlock se tord de rage et d'embarras et d'encore plus de cette foutue douleur. Les pièces du puzzle s'assemblent et Sherlock rougit.

Putain.

Oh putain, c'est la putain de St Valentin et... et Molly et Greg...

« Ces enfoirés, » gronde-t-il dans sa barbe, fusillant l'endroit où ses deux amis se tenaient il y a quelques instants comme s'ils étaient susceptibles de se matérialiser de nouveau à n'importe quel moment pour subir le lynchage verbal que Sherlock serait plus que ravi de leur livrer.

« Sherlock ? » La voix hésitante de John s'infiltre à travers la colère du génie et Sherlock revient vers son ami, toujours outragé. « Tu vas bien ? »

« Ces idiots ! » s'exclame Sherlock, pointant du doigt et mitraillant avec insistance cet emplacement vide, tout s'assemble horriblement. « Ils étaient supposés... c'était supposé être anonyme ! »

John l'observe comme si une seconde tête lui était poussée mais Sherlock ne peut pas passer à autre chose, pas quand il est assailli par ses émotions. Il ne peut pas se mettre en colère contre John pour la nuit dernière et le blond semble tout à fait à côté de la plaque. Mais ça. Il peut être furieux contre ça.

« De quoi tu parles ? » demande John avec inquiétude, en s'approchant, tentant de l'aider. « Le cœur ? »

« Oui ! » crie d'indignation Sherlock. « Ils ont dit que c'était anonyme. Personne n'était supposé savoir, ils ont promis que si je t'envoyais... que si j'envoyais- que je-… je...- »

Il grogne de frustration, ses pensées sont confuses, emmêlées et lentes. Il entend à peine son aveu mais John fait encore un pas en avant et Sherlock parvient enfin à se taire.

« Donc, c'est bien toi ? » murmure John, son regard est doux et empli de tant de sentiments que Sherlock voulait y voir depuis si longtemps. Il déplie un petit bout de papier scotché maladroitement sur le devant de la boite, révélant les dix mots qui secouent encore une fois le monde de Sherlock, la preuve visuelle est presque insupportable.

Pour : John Watson

Joyeuse St Valentin

Avec amour : Sherlock Holmes

C'est sa note, ce sont définitivement les mots qu'il a écrit mais il n'a certainement pas signé de son nom, merci bien. Ses yeux gris paniquent, son secret est exposé à la vue de tout le monde, à la vue de John.

« Tu me l'as envoyé ? » demande à nouveau John, ses mots sont un peu râpés et Sherlock daigne enfin le regarder, réalisant qu'il n'a nulle part où se réfugier, aucune colère derrière laquelle se cacher, aucun mensonge à déballer pour s'en sortir.

Alors il opine. Un simple mouvement du menton. En quelque sorte, l'aveu dépasse allègrement la carte attachée à la boite qui contient un cœur en chocolat. John ne se pare plus de la prudence dont il a fait preuve la veille, il se contente d'afficher un sourire plus éblouissant que le soleil lui-même.

« Vraiment ? » souffle-t-il, approchant juste un peu plus. « Avant... avant hier soir ? »

Un autre acquiescement, une autre confession, un autre secret que Sherlock ne se serait jamais attendu à révéler. Mais John le contemple de cette manière et le cœur de Sherlock ramasse ses propres miettes sans la permission, l'espoir gonfle sa poitrine.

« Oh, Sherlock, » chuchote John, fermant finalement la distance entre eux, passant ses doigts dans les boucles de Sherlock à l'arrière de son crâne et le tirant vers le bas.

La boite entre leurs corps s'écrabouille bruyamment mais Sherlock s'en fiche quand son monde entier renaît soudainement des cendres qui le consumaient ce matin. Les lèvres de John glissent contre les siennes dans cette tendresse désormais familière qui représente à elle seule John, toujours si prévenant, toujours si aimant, et Sherlock verrouille ses bras autour des épaules du joueur de rugby sans s'en rendre compte et refuse de le lâcher.

« Tout ce temps, » susurre John sur ses lèvres entre deux baisers. « Je te veux depuis tout ce temps, Sherlock. Depuis des années. »

C'est toujours incohérent, les mots de John tombent dans les oreilles d'un sourd et tout le corps de Sherlock se détend de la pression qui lui pesait toute la journée. Ce qu'il pensait avoir perdu est enveloppé dans ses bras, psalmodiant des mots doux, parfait de la tête aux pieds. « Des années ? » miaule-t-il, sans bouger d'un millimètre.

« Des années, » confirme John, appuyant un bisou chaste sur la pommette de Sherlock. « Et puis tu as débarqué à la bibliothèque vendredi après-midi en parlant de donner ta virginité à un étranger lambda- »

« Pas ce que j'ai dit. » Sherlock secoue la tête mais John continue, joignant leurs fronts.

« -et je ne pouvais plus le supporter, Amour. Je ne pouvais tout simplement pas te laisser faire ça. Je ne pouvais laisser personne d'autre t'avoir, il n'aurait pas pris soin de toi comme je le veux, Sherlock. Il ne t'aurait pas traité comme tu le mérites et mon Dieu, t'imaginer avec quelqu'un d'autre était insoutenable- »

« Je ne l'aurais jamais fait, John. Il n'y a personne d'autre, » siffle Sherlock, coupant John en envahissant sa bouche. « Il n'y a jamais eu personne d'autre que toi. Pas pour moi. Pas une seule seconde. »

Un doux sourire spécial courbe superbement les lèvres de John et Sherlock doit les embrasser, doit goûter ce sourire heureux fiché sur le visage de John.

« Je te crois, » murmure John, mouvant gentiment sa bouche contre celle de Sherlock. « Seigneur, Sherlock, j'avais tellement peur, ce matin. Je pensais que, peut-être, pendant la nuit, nous pourrions... mais je ne savais pas ce que tu ressentais, alors que moi... » Il prend une grande respiration, se requinquant avant de zieuter Sherlock par-dessous ses cils blonds. « Tu m'as envoyé un cœur, » chuchote-t-il, toujours un peu choqué. « Tu m'as envoyé un cœur pour la St Valentin. »

« Sans faire exprès, » précise Sherlock, souriant alors que John glousse. « Je veux dire, c'était voulu, mais tu n'étais pas supposé connaître l'identité du donateur. »

« Et c'était avant que nous décidions de... » grince John et Sherlock branle du chef. « Et tu n'as vraiment pas écrit ton nom ? » le taquine John, un sourire étendu d'une oreille à l'autre.

« Absolument pas, » ronchonne Sherlock, fixant le cœur en papier désormais froissé dans le poing de John, comme si cette petite carte l'avait personnellement offensé. « Mais je suis presque sûr de savoir qui l'a fait, » marmonne-t-il en regardant de côté. « Molly Hooper m'a amadoué avec une histoire larmoyante sur les salons scientifiques et les bourses universitaires qui seraient facilités par les fonds récoltés avec la vente de ces stupides cœurs en chocolat. »

Arrêtant le traitement réservé aux lèvres de Sherlock, John recule avec une moue amusée, les yeux brillants de malice. « Molly est déjà acceptée dans une université américaine, » ricane-t-il et Sherlock reste bouche bée. « Et la vente des cœurs n'avait pas pour but de récolter de l'argent. C'est juste qu'ils sont chers, alors l'école nous fait payer. »

« Oh mon Dieu, » grommelle Sherlock, vexé par la facilité de sa partenaire de chime à le berner. « Alors pourquoi... quel était l'intérêt de... »

La réponse flotte silencieusement entre eux, tous deux décontenancés. John se reprend le premier, plaquant Sherlock contre les casiers et l'enfermant au creux de ses bras, le bombardant de baisers après baisers tandis qu'ils pouffent comme des imbéciles, le ridicule de la situation ne les atteint même plus.

« Je suppose qu'il n'y avait plus que nous, n'est-ce pas ? » roucoule John, chatouillant les côtes de Sherlock d'un air joueur. « Tout le monde le savait à part nous ? »

En y repensant, la St Valentin n'est pas si mal si John Watson vous sourit comme ça.

Ce n'est pas mal du tout.


Le petit mot de fin de Mssmithlove:

MERCI D'AVOIR LU ! Vos commentaires sont adorables !

Nous nous amusons de plus en plus sur ma page tumblr ! Rejoignez-nous !

Avec ce chapitre, nous arrivons au terme des OS que contient ce recueil. C'est pour cela que cette entrée a été qualifiée de « complete ». Cependant, le recueil est également pourvu d'une fic à chapitres multiples, « I'd Probably Still Adore You With Your Hands Around My Neck », que je vous traduirai également, bien évidemment !

Une petite précision concernant la publication de cette fic : Elle se fera sur une histoire différente, indépendante de l'entrée des OS, pour éviter de tout mélanger si d'autres OS voient le jour avant la fin de cette fic. Restez donc attentifs à l'apparition d'une toute nouvelle histoire !

La publication du premier chapitre aura lieu le mercredi 27 septembre, je vous y donne donc rendez-vous. J'espère vous y retrouver aussi nombreux et aussi enthousiastes !

Vous l'aurez probablement remarqué, il y a donc un délai de quatre semaines qui nous sépare de la publication du premier chapitre ! Je me permets donc une petite pause dans le recueil mais cela ne veut aucunement dire que je ne posterai rien durant ce laps de temps ! J'ai traduit un OS Mystrade, « Exes and Ohs », d'un auteur différent, qui sera publié le mercredi 13 septembre. Je vous invite donc également à passer y faire un tour si vous êtes tentés, histoire de patienter dans la joie et la bonne humeur !

Ce que je vous propose, en attendant, est de me noter en review les OS que vous avez préférés, les classer, pourquoi pas? Je serais très curieuse de savoir! ;)

Je vous dis à bientôt !