Disclamer : Les personnages et l'univers appartiennent à JK Rowling

Personnages : Drago et Hermione

Titre : P.A.R.C.H.E.M.I.N.

Note d'auteur : Tout d'abord : Merci ! Merci d'être toujours au rendez-vous pour les chapitres de cette fic, merci d'être de plus en plus nombreux et merci de votre soutien. Voila le dernier chapitre. J'espère qu'il vous plaira. J'ai eu énormément de mal à l'écrire car il clôt une histoire que j'ai pris un immense plaisir à écrire. J'attends vos avis avec énormément d'impatience. Bonne lecture.

Réponses aux reviews des non inscrits :

Guest : Merci pour ta review et tes compliments. J'espère que cette suite te plaira.

Garfield : Tu es toute excusée. Le Ministère a clairement utilisé la Guerre pour s'enrichir sur le dos des perdants. C'est malheureusement une pratique qu'on a vu se répéter dans l'histoire et qui n'a pas donné des résultats très positifs. Je pense que ce chapitre ne suffira pas à répondre à toutes tes questions, mais je suis toujours ravie d'échanger par mp ensuite sur tous les petits détails qui ne figurent pas dans la fic. Bonne lecture et merci pour ta review.

Audreymjlt : Merci pour tous tes compliments. Ils me font chaud au cœur. J'espère que le dernier chapitre apaisera un peu ta frustration. Désolée d'avoir mis autant de temps ^^. Bonne lecture.


Chapitre 7 / 26 décembre 2006 (mercredi)

Londres, le 24 décembre 2006

Bonjour,

Je vous écris aujourd'hui du coin bibliothèque de mon appartement. Le soleil levant nappe mon intérieur de belles couleurs hivernales. C'est magnifique. Je vais faire court, car je suis attendue chez des amis pour les fêtes de Noël.

J'ai bien reçu votre précédente lettre et vous attendrais pour votre sortie. Je serais l'employée du Ministère avec le sourire. J'ai hâte de pouvoir enfin vous parler de vive voix, même si je redoute la situation. Peut-être allez-vous finalement me trouver insupportable, ou encore que ma voix vos fera mal aux oreilles. J'espère de tout cœur que ça ne sera pas le cas.

Comme toujours, je vous ai joint un petit cadeau. Mais cette fois-ci, il s'agit d'une plume sorcière. C'est ma marque préférée, je les trouve très confortable. Je me suis dit que ça sera un joli cadeau pour vous souhaiter bonne chance pour votre réinsertion dans le monde des sorciers. J'espère qu'elle vous donnera du courage et vous portera chance dans ce que vous entreprendrez.

Je vous dis à très bientôt,

Votre amie.

Drago replia le parchemin qu'il venait tout juste de recevoir de sa correspondante. Il le déposa dans la boîte qui contenait déjà tous les autres courriers qu'ils avaient échangés. La boîte débordait de parchemins, crayons et cartes postales, symboles des échanges enflammés qu'ils avaient eu au cours des cinq dernières années. Sa Serdaigle l'avait accompagné au cours de ces années d'enfermement et d'isolement et il n'avait qu'une hâte : pouvoir la remercier en personne.

Délicatement, il saisit la plume qu'elle venait de lui envoyer. Elle était d'un bleu presque aussi clair que ses yeux et lui rappelait le ciel clair qui avait été son seul contact avec le monde extérieur depuis huit ans. Il était le dernier cadeau de sa correspondante, symbolisant, à ses dires, le début de sa réinsertion dans le monde des sorciers et la fin d'une époque. Ce cadeau l'avait énormément ému, bien plus qu'il ne l'aurait cru, et il savait qu'il chérirait longtemps ce présent.

Il serra la plume dans sa main et ferma les yeux un instant. Il s'apprêtait à quitter ces murs de pierre qui l'avaient vu dépérir puis mûrir. Qui l'avait vu au plus bas, lors de l'annonce du décès de sa mère, mais aussi dans de grands moments de joie, à la lecture de certains courriers. Ces murs froids et sans vie avaient été les choses les plus stables dans sa vie depuis des années. Il rouvrit les yeux et son regard se posa sur ces trois cent vingt-quatre plaques qui composaient toujours le plafond de sa cellule. Cela faisait bien longtemps qu'ils ne les avaient pas comptées et réalisa alors tout le bien que lui avait fait le P.A.R.C.H.E.M.I.N..

Sans ce programme providentiel, il serait certainement devenu fou à tourner en rond, à hacher finement des ingrédients de potions ou à lire les inepties de la Gazette du Sorcier sur Saint Potter. Sans ce programme, il n'aurait pas découvert le monde d'un autre point de vue. Sans ce programme, il n'aurait jamais survécu à ces huit années d'emprisonnement. Sans ce programme, il n'aurait pas été prêt à affronter le nouveau chapitre qui s'ouvrait devant lui.

Le sorcier blond avait néanmoins conscience que ce ne serait pas facile et que de nombreux freins se dressaient déjà face à lui. Il avait certes réussi à louer une chambre chez un ancien repris de justice pour avoir un toit sur sa tête. Il avait aussi décroché un poste de préparateur d'ingrédient pour un petit apothicaire du Yorkshire du Sud. Ce n'était pas la vie dont il rêvait en entrant à Poudlard, mais il avait conscience de la difficulté de s'appeler Malefoy dans le monde d'après Guerre et d'être simplement un repris de justice. Il savait qu'il avait déjà de la chance d'avoir trouvé tout cela. Il avait à présent envie de se battre et de se prouver à lui-même qu'il pouvait y arriver. Il voulait être digne de sa Serdaigle qui se battait au quotidien pour des causes qu'il aurait cru perdues et qui pourtant obtenait des résultats spectaculaires.

Entendant les pas des gardes s'approcher de sa cellule, Drago attrapa la précieuse boîte qui était posée sur son lit et attendit de les suivre. Il connaissait la procédure, elle lui avait été expliqué un nombre incalculable de fois lors des préparations de libération. Mais l'émotion qui le saisit en quittant sa cellule le prit au dépourvu. Pour se redonner une constance, il se passa la main dans les cheveux.

Rapidement, ses accompagnants le firent pénétrer dans une salle de la prison : la salle des départs. Il s'agissait d'une salle très particulière, à l'usage uniquement des prisonniers en voie de libération. Les murs étaient blancs et aucune fenêtre ne venaient couper cet océan de pureté. La porte se referma derrière lui et il se sentit instantanément minuscule. Une voix non-identifiable lui parvint :

« Départ du prisonnier 3458 Drago Malefoy dans trois, deux, un. »

Soudainement, Drago se sentit aspiré comme dans un tourbillon. Il ferma les yeux en attendant que la sensation cesse. Au bout d'un moment, le monde autour de lui sembla être à nouveau stable. Il manqua faire un bond en ouvrant les yeux : un homme au visage dur se tenait à moins d'un mètre de lui, le scrutant.

« Déclinez votre identité, l'apostropha immédiatement l'employé du Ministère.

- Drago Malefoy, répondit-il immédiatement.

- Numéro d'identification ?

- 3458, grommela Drago espérant que ce serait la dernière fois qu'il aurait à énoncer ce terrible numéro.

- Très bien, suivez-moi. »

Sans un regard dans sa direction, l'homme fit demi-tour et prit la direction d'un long couloir. Drago le suivit en tenant toujours contre lui sa précieuse boîte. Il passa une grande arche magique qui lui glaça le sang, puis arriva devant un comptoir. Cela lui faisait penser à la réception d'un grand hôtel. Derrière le guichet, un autre employé du Ministère jouait avec sa plume. Le mur du fond était tapissé de petits coffres à code.

L'homme qui l'avait accompagné lui fit signe d'attendre devant le comptoir. Il salua son collègue et partit d'où il était venu en silence. Le jeune posa sa plume, leva le regard vers Drago et soupira.

« Déclinez votre identité.

- Drago Malefoy. »

L'employé ne réagit pas, attendant certainement qu'il complète par son numéro de prisonnier. Drago prononça à nouveau ce code en espérant réellement que ce serait la dernière fois. L'homme se leva alors, et prit sa baguette. Ce geste choqua presque Drago. Cela faisait huit ans qu'il n'avait pas vu un sorcier avec sa baguette. A la prison, les gardes ne la portaient jamais sur eux. Ils avaient à la place des objets enchantés pour les sortir de situations difficiles en cas de besoin. Le sorcier se rendit alors compte que la réinsertion risquait d'être bien plus difficile que prévue.

L'employé du Ministère, indifférents aux états d'âme qui animaient Drago se dirigea vers un des coffres et réalisa un sort complexe face à l'un d'eux. Il en sortit un carton qu'il posa devant lui. Le sorcier blond se pencha au-dessus du carton et reconnut les affaires qu'il avait avec lui lors de son arrestation : ses vêtements, sa montre, son portefeuille et quelques babioles dont il avait oublié l'existence. Il remarqua aussi immédiatement qu'il manquait sa baguette. L'employé haussa les épaules lorsqu'il le signala et il lui répondit qu'elle lui serait rendue au dernier moment. Il lui indiqua ensuite la porte d'un vestiaire où il pourrait se changer tranquillement.

En ôtant son ancien uniforme et en passant sa robe de sorcier, Drago eut l'impression de redevenir lui-même. Il se sentit plus légitime pour affronter le nouveau monde des sorciers qui l'attendait. Il se sentait aussi plus sûr de lui pour rencontrer sa correspondante qui l'attendait à la sortie du Département de la Justice, du moins c'est ce qu'elle lui avait promis. Il ne savait pas encore exactement comment il allait réagir en la voyant. Dans ses rêves les plus fous, elle se jetterait à son cou et il la serrerait contre lui. Mais il se doutait que la réalité serait plus tendue que cela.

Il ne lui avait pas non plus dit qu'il avait demandé la levée de l'anonymat une semaine auparavant. C'était avant de savoir qu'elle le rejoindrait à sa sortie de prison. Si jamais elle ne se présentait pas, mais qu'elle accédait à sa requête, il pourrait toujours lui faire la surprise de la rejoindre à son bureau. Il n'envisageait pas sa vie à l'extérieur sans sa présence, ou au moins sans leurs échanges.

Inspirant un grand coup, Drago franchit la porte qui le séparait des derniers aurors présents. Il récupéra sa baguette, se sentant complet à nouveau et il traversa une dernière grande arche qui se présentait face à lui. Il était, enfin, libre.

~.~.~

Hermione posa doucement sa plume sur son bureau et contempla quelques instants l'enveloppe cachetée qu'elle s'apprêtait à déposer dans la boîte aux lettres du Département de la Justice. Elle avait finalement décidé de demander la levée de l'anonymat. Elle avait très longuement hésité et finit par céder à l'appel de la raison malgré les railleries de ses amis. Elle se rappelait encore la discussion agitée qu'elle avait eue avec Ginny à ce sujet deux jours auparavant.

Ils étaient tous les deux installés dans sa cuisine avec une bierraubeurre alors que la fête battait son plein dans le salon. La sorcière rousse l'avait attiré à l'écart et avait immédiatement lancé la conversation sur le P.A.R.C.H.E.M.I.N. et ses conséquences.

« Qu'est-ce que tu vas faire quand il sortira de prison ?

- Comment ça ? répondit Hermione en rougissant.

- Tu vas continuer à participer au parchemin ?

- C'est P.A.R.C.H.E.M.I.N. Ginny, et je ne sais pas. Ça dépendra du Ministère je suppose. »

Hermione n'avait pas du tout envisagé que pour le programme, la libération de son correspondant entrainerait le changement de son interlocuteur, mais rien de plus. Elle n'avait pas envie de ça. Elle aurait l'impression de trahir son Serdaigle en entamant une relation épistolaire avec une autre personne. Dans le même temps, sa motivation première pour participer au programme ministériel était toujours présente et son aide pourrait peut-être améliorer le quotidien d'un autre détenu.

« Et ton correspondant actuel ? Tu vas garder contact ? questionna Ginny sur un ton un peu moqueur. »

Depuis que ses amis savaient que la libération de son ami approchait, ils n'arrêtaient pas de la taquiner à ce sujet. Harry et Ginny n'ignoraient rien des sentiments que la sorcière avait développée envers le détenu au fil des années et espéraient que cette histoire aurait un heureux dénouement. Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils semblaient prendre un malin plaisir à harceler Hermione sur ses projets et espoirs à ce sujet.

« Je dois le rencontrer dans deux jours, chuchota Hermione timidement.

- Dans deux jours ? répéta Ginny étonnée. Comment peux-tu être aussi précise ?

- Dans sa dernière lettre il m'a donné la date de sa sortie.

- Comment a-t-il fait ? C'est pas confidentiel ?

- J'ai l'impression qu'avec le temps le Ministère a oublié cette histoire de censure. Ça fait longtemps que je n'ai pas reçu de courrier complètement censuré, expliqua la sorcière.

- Mais, dans ce cas, tu connais son nom, son âge, sa maison à Poudlard ?

- Oula, doucement, ne met pas la diligence avant les sombrals. Je sais juste qu'il sort dans deux jours.

- J'ai du mal à te suivre. Comment peux-tu retrouver quelqu'un dont tu ignores tout ? Vous avez fixé un point de rendez-vous ? C'est impossible que le Ministère ait laissé passer ça !

- Non, je vais simplement l'attendre à la sortie du Département de la Justice.

- Tu vas l'attendre toute la journée ? »

Face au silence de Hermione, Ginny enchaîna sur une autre question.

« Et s'il ne sort pas ce jour-là, ou que tu arrives trop tard ? Quel est ton plan ?

- Je vais demander la levée de l'anonymat. »

Ginny éclata d'un rire franc et finit sa bierraubeurre. Elle avait ensuite taquiné Hermione jusqu'à ce que cette dernière la pousse hors de la cuisine.

Passant la main dans ses cheveux, Hermione se reconcentra sur le temps présent. Elle se leva de son bureau, dans lequel elle était depuis une heure beaucoup trop matinale et passa sa tenue en revue. Elle portait un simple tailleur bien ajusté qui mettait sa taille et sa poitrine en valeur. Elle avait laissé ses cheveux détachés pour casser le coté stricte de sa tenue ministérielle et elle portait par-dessus sa robe de sorcière au col rougeoyant. Elle avait passé énormément de temps à choisir une tenue qui la mette en valeur, tout en étant une tenue de travail respectable. Elle était très satisfaite du résultat.

Une fois son bilan achevé, elle récupéra sur son bureau la fameuse enveloppe, la pile de ses dossiers à traiter dans la journée ainsi que quelques plumes et son encrier. Elle était parée pour attendre son correspondant à la sortie du Département de la Justice. Elle avait hâte.

Après avoir déposé son enveloppe au bureau idoine, elle s'installa dans le couloir d'attente en face du Département et commença à travailler. Elle entendait parfois les murmures des autres employés s'étonnant de la trouver ici. Mais elle n'y prêta pas attention. Vers dix heures, Harry la vit en allant prendre sa pause et lui proposa un endroit plus stratégique pour s'installer : le couloir face à la porte de sortie des prisonniers. La sorcière était ravie, elle n'était plus dans le passage et le brouhaha constant des allers et venues des aurors. Et le plus important : elle pouvait surveiller directement les personnes qui passaient la fameuse porte.

Lorsque vint l'heure de la pause déjeuner, aucun sorcier n'avait franchi la porte. Hermione regardait les agents se retrouver pour aller se restaurer, mais aucun prisonnier ne se présenta face à elle. Harry lui apporta un sandwich en revenant, la contraignant à reprendre des forces. Elle le mangea sans y prêter attention. Elle était focalisée sur ses dossiers, mais surtout sur la fameuse porte.

En milieu d'après-midi, alors qu'Hermione tentait de mettre au clair ses notes sur les restrictions concernant les charmes pour les êtres de l'eau, de la lumière éclaira l'encadrement de la porte avant que celle-ci ne s'ouvre doucement. Un sorcier la franchit rapidement, mais la scène sembla se dérouler au ralenti pour la brune qui avait passé la majorité de sa journée à l'attendre. Elle le reconnut immédiatement malgré les années qui s'étaient écoulées : Drago Malefoy. Il avait les mêmes cheveux blond platine et les mêmes yeux gris. Sa démarche était moins assurée et surtout il portait dans ses mains un carton miteux. Sur le dessus du carton, une plume sorcière d'un bleu très clair qu'elle reconnut immédiatement.

Son cerveau refusait de faire le point sur la situation. Elle avait reconnu cette plume. Elle se trouvait dans ce couloir pour une seule raison et cette raison était devant elle. De tous les scénarii qu'elle s'était imaginés, jamais elle n'aurait pensé ne pas savoir quoi faire. Après un instant d'hésitation, elle le vit commencer à regarder autour de lui, cherchant visiblement quelque chose, ou quelqu'un. Hermione savait qu'elle aurait dû aller à sa rencontre et lui faire un signe. Mais elle restait collée à sa chaise comme si on lui avait lancé un sortilège de glue perpétuelle. Enfin, au bout d'instants infiniment longs, le regard de Drago croisa celui d'Hermione et s'arrêta sur elle.

Il eut d'abord l'air surpris de la voir là, sans faire le lien. Il lui accorda un simple signe de tête avant de reprendre sa recherche. Une seconde après avoir détourné le regard, il la fixa à nouveau. Son visage devint encore plus pâle et il sembla la questionner du regard. Hermione prit alors son courage de Gryffondor à deux mains, se leva et s'avança vers lui.

Elle avait prévu toute une tirade qu'elle faite à son correspondant pour lancer la conversation et faciliter leurs échanges, mais son esprit était vide de tout. Elle se contenta de s'arrêter face à Drago en arborant un sourire à la limite de la grimace. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis changea d'avis. Il prit une grande respiration, comme s'il allait lancer la conversation, mais il fit à la place un pas en arrière. La situation était pour le moins étonnante et l'atmosphère plus qu'électrique.

Son cerveau n'arrivait pas à faire la mise au point. Devant elle, elle avait le garçon qu'elle avait détesté pendant toute sa scolarité, mais elle avait aussi l'homme qui lui avait dit les plus beaux mots. L'homme qui avait toujours su quoi lui écrire en toute situation. L'homme dont elle était, doucement mais sûrement, tombée amoureuse. Elle ne pouvait pas laisser les choses en plan comme ça, elle devait faire quelque chose.

« Euh… Ça te dirait de boire un café dans un bar moldu à proximité ? »

Devant le mutisme de son interlocuteur, elle s'empressa d'ajouter.

« Vu la situation, je me dis qu'on pourrait parler un peu. Et un pub sorcier, ça me semble trop exposé. La Gazette aime faire sa une sur n'importe quoi et je n'ai pas env…

- D'accord, la coupa-t-il, je te suis. »

~.~.~

Le trajet les menant au pub fut des plus étranges. Drago ne savait pas commencer se comporter. Le monde autour de lui semblait étranger. Même si les couloirs du Ministère étaient relativement vides en plein après-midi, ils croisèrent quand même beaucoup de sorciers allant et venant. L'ancien détenu qu'il se sentait néanmoins étouffé par la présence d'autant de personnes et de visages inconnus. Il venait de vivre pendant huit ans coupé du monde, entouré d'une trentaine de visages. Certains étaient amicaux, d'autres indifférents ou encore haineux, mais il les connaissait tous et avait pris l'habitude de les gérer. Il avait l'impression de devoir réapprendre comment se comporter en société.

Du fond de sa cellule, Drago s'était inquiété du regard que les autres porteraient sur lui lorsqu'il tenterait de se réinsérer. Mais il comprenait maintenant que le défi serait bien plus grand. Il allait avant tout falloir qu'il se réhabitue à toutes les choses futiles du quotidien et auxquelles il n'avait pas songé. Ce serait un défi bien plus grand encore qu'il n'avait jamais vécu seul, loin du giron d'une autorité de référence. Il avait vécu chouchouté au Manoir, puis il avait grandi entre les murs rassurants de Poudlard, il avait ensuite survécu à une guerre brève mais éprouvante, pour finir étouffés entre les murs d'une prison. Il avait tant de choses à apprendre et découvrir que sa tête lui tournait.

Après quelques minutes de marche, serrant toujours son carton contre lui, le sorcier prit le temps de plus détailler le monde qui l'entourait. Certes les murs du Ministère étaient toujours les même, mais il voyait distinctement que le monde avait évolué en son absence. L'exemple le plus frappant étant les tenues des sorciers autours de lui. La mode avait clairement évolué vers des couleurs moins criardes pour les robes de sorciers et les chapeaux semblaient être plus hauts et plus pointus que dans ses souvenirs. Le changement le plus marquant, cependant, était le nombre important de sorciers vêtus comme des moldus. Dans son enfance, il n'aurait jamais envisagé voir autant de personne porter ces foutus pantalons et autres jeans de malheur, mais cela ne semblait pas déranger ses compatriotes.

En pensant à cela, son attention se reporta sur Granger. Elle marchait devant lui, la tête haute et le pas décidé. Elle portait une robe bleue nuit sur un tailleur qui la mettait en valeur et le cerveau de Drago avait du mal à gérer la situation. Dire qu'il avait été surpris en comprenant qu'elle était sa Serdaigle était un doux euphémisme. Pourtant le doute n'était pas permis. Elle l'avait attendu sur son banc, tout en travaillant évidemment. Elle l'avait immédiatement reconnu et n'avait pas été désagréable avec lui. Alors que c'est ce qui se serait produit bien des années auparavant s'ils s'étaient croisés.

Lorsqu'il avait croisé son regard, il avait été déboussolé. Il avait, dans un premier temps, refusé d'admettre que c'était elle la femme avec laquelle il avait tant parlé. La femme à laquelle il s'était tant confié. Mais il n'était pas du genre à nier la réalité. Elle était sans aucun doute la personne qui lui avait permis de survivre à Azkaban sans devenir fou. Malgré tout, il lui était difficile de totalement accepter que la correspondante pour laquelle il avait des sentiments si forts était en réalité l'amie de son rival d'enfance, la fameuse Hermione Granger.

Tout en marchant, il se demandait comment il avait fait pour ne pas s'en rendre compte. Elle lui avait dit qu'elle avait des amis qui étaient très importants pour elle, qu'elle était constamment rattrapée par ses actions pendant la Guerre, et plein de petits détails qui lui auraient certainement permis de comprendre bien plus vite son identité s'il l'avait mieux connu à l'époque de Poudlard. Etait-elle déjà engagée dans la défense des droits des créatures magiques ? Se désintéressait-elle du Quidditch ? Il n'avait jamais vraiment fait attention à elle, à part pour la blesser.

A présent, elle se tenait face à lui, à l'entrée d'un café moldu et elle le regardait de manière interrogative. Il se contenta de hocher la tête. Elle semblait comprendre qu'il avait besoin d'un peu de temps pour faire face à tout ce qui lui tombait sur la tête. Elle devait avoir besoin d'un peu de temps elle-même. Il savait qu'elle aimait prendre son temps et réfléchir avant de faire quelque chose qu'elle regretterait. Et tous deux profitaient de ce silence pour faire le point et accepter la situation.

Ils s'installèrent en silence, l'un face à l'autre. Drago tenta de croiser le regard d'Hermione à nouveau, mais elle semblait perdue dans ses pensées. Ils commandèrent chacun un café et attendirent que leur commande arrive. Une fois les breuvages face à eux, la sorcière prit la parole, comme si son café était l'interrupteur dont elle avait eu besoin pour débuter la conversation.

« Donc… C'est toi, dit-elle simplement. »

Drago ne savait pas trop quoi répondre à cette affirmation. Il avait toujours pensé que le jour où il rencontrerait sa Serdaigle, ils parleraient tous les deux jusqu'à ce qu'un sinistros viennent les déranger. Mais la situation était clairement différente et la conversation ne serait pas aussi naturelle qu'il l'avait au départ envisagé, pour d'évidentes raisons.

« Oui. Je croyais que tu étais à Serdaigle, tenta-t-il pour lancer la conversation.

- Je pensais que TU étais à Serdaigle, répondit-elle du tac au tac. Faut croire qu'on s'est trompés tous les deux.

- Comment pouvais-tu penser que j'étais à Serdaigle ? demanda-t-il incrédule.

- Tu as dit avoir été attrapeur pour ton équipe de Quidditch et avoir gagné plusieurs fois la coupe. Et tu semblais avoir mon âge. J'avais raison pour ce dernier point d'ailleurs. Comme je savais de source sûre que tu n'étais ni Charlie, ni Harry – deux attrapeurs de notre âge plus talentueux, j'en ai déduit que tu devais faire partie de l'équipe de Serdaigle. Tu sais, celle qui a gagné la coupe lors de… »

Alors qu'elle parlait, son regard avait commencé à s'éclairer et Drago avait vu qu'elle reprenait du poil de la créature. Mais, en cours de vol, elle s'était à nouveau éteinte et avait conclu sa phrase dans un mur. Il n'était sans doute pas la seul à avoir du mal à accorder l'image de sa correspondante qu'il s'était créé et la réalité qu'il avait en face de lui.

« Je n'ai peut-être pas tant gagné la coupe de Quidditch, admit-il en tentant de détendre un peu l'atmosphère. J'ai été victime de terribles injustices en affrontant l'équipe de Gryffondor. Je ne sais pas si tu en as entendu parler. »

La tentative d'humour de Drago tira un maigre sourire sur le visage de la sorcier et le jeune homme se dit que la situation n'était peut-être pas perdue d'avance. Il pourrait peut-être continuer à au moins lui écrire, même si elle refusait qu'ils passent du temps ensemble. Il saurait faire le deuil d'une relation potentielle, mais pas de l'amitié épistolaire qui les avait liés pendant ces cinq dernières années.

« Difficile de passer à côté du Quidditch quand on étudie à Poudlard.

- Comment vont Potter et Weasley d'ailleurs ? tenta de s'intéresser le sorcier.

- Ils sont tous les deux aurors. Harry et Ginny ont deux enfants. Je suis la marraine de l'aîné, James. Je suppose que toutes ces infos n'ont pas passé la censure.

- Non, je ne me doutais pas que tu parlais d'eux. Comment j'ai pu ne pas faire le lien entre leur mariage et celui dont tu m'as parlé.

- Encore une preuve que tu n'es pas un Serdaigle. »

Drago ne se vexa pas à la petite pique d'Hermione. Il savourait au contraire ce petit éclat de malice qu'il voyait à présent briller dans ces yeux.

« Attends, dans la Gazette ils ont dit que tu étais en couple avec Weasley à ce moment-là. Je croyais que tu étais célibataire et que tu vivais chez ton horrible ex-copain.

- T'as drôlement suivi toute l'histoire, se moqua-t-elle.

- Vous êtes tous les trois en une de la Gazette au moins une fois par semaine. Difficile d'y échapper. Tu n'as pas répondu à ma question.

- On était séparé à ce moment-là avec Ron. Je ne t'ai pas menti. On ne voulait juste pas que ça fasse les gros titres et que les gens ne parlent que de ça. On n'a jamais demandé à être « célèbres » et je me passerais sans problème de tous ces articles de journaux.

- Tu sortais avec Weasley ? s'étonna-t-il. »

Elle hocha la tête pour confirmer et il hésita à lui raconter qu'il avait pensé que ton petit-ami était affreusement riche et qu'il l'avait détesté pour ça. Il avait fait fausse route et ne se sentait pas assez à l'aise face à elle pour admettre ce moment de faiblesse. Il changea donc de sujet de conversation.

« Comment se passe ton projet actuel au Ministère ? questionna-t-il. »

Il espérait la lancer dans un sujet qui la passionnerait et qui lui permettrait de voir à nouveau les étoiles briller dans ses yeux. Mais sa réaction fut toute autre, à la grande surprise de Drago. Elle se renferma à nouveau, fixa sa tasse de café à présent vide et resta silencieuse un instant. Hermione leva ensuite le regard. Drago fut glacé par les yeux qui l'observaient. Ils étaient à nouveau froids et distants.

« Ecoute, Malefoy, je suis désolée, mais je ne vais pas pouvoir faire ça, commença-t-elle sous l'air incrédule de Drago. Quand j'ai appris que Goyle allait épouser Audrey, j'étais super contente.

- Gregory va se marier ? la coupa-t-il.

- Oui, c'est le premier mariage de personnes qui se sont rencontrés via le P.A.R.C.H.E.M.I.N.. C'est un beau message. Laisse-moi finir. Quand j'ai appris qu'ils allaient se marier, je me suis dit qu'il y avait un espoir pour moi et mon mystérieux correspondant. Je me suis dit que je n'étais peut-être pas si folle d'avoir des sentiments pour lui et de m'imaginer toutes ces choses. Mais, je te fais face. Je fais face à la réalité et je ne peux pas faire ça. Je ne suis pas prête à passer par-dessus tout ce que tu m'as fait, tout ce que tu as fait à mes amis. Je ne peux pas faire ça. Je te souhaite quand même une heureuse vie. »

A ces mots, et sans que Drago ait le temps de réagir, elle se leva, posa quelques livres sterlings sur la table et quitta le café. Il était encore sous le choc. Elle venait de lui dire à deux mots qu'elle aussi avait des sentiments pour lui. Il voulait lui dire de ne pas fuir, que c'était réciproque, mais c'était trop tard. Il était seul, assis à une table d'un café moldu et il avait l'impression de s'être fait plaqué de la plus belle histoire qu'il avait vécu. Alors que cette histoire n'avait finalement jamais commencé.

Certes, sa Serdaigle était une Gryffondor. Certes la femme qui peuplait ses nuits était Hermione Granger, la justicière au grand cœur. Mais elle n'en restait pas moins la femme passionnée, volontaire, et envoutante. Il ne voulait pas tirer un trait sur quelque chose qui lui semblait si prometteur et qui aurait pu les emplir de joie tous les deux. Il n'admettait pas qu'elle ait pris ses jambes à son cou et fuit lâchement. Il ne laisserait pas les choses se terminer comme ça.

~.~.~

30 mars 2007 (samedi)

Mademoiselle Granger,

Suite à la demande de levée d'anonymat qui nous a été adressé par votre correspondant et vous-même dans le cadeau du Programme d'Aide à la Réinsertion des Condamnés Hôtes des Établissements Ministériels d'Incarcération, dit P.A.R.C.H.E.M.I.N, le Département de la Justice Magique répond à votre requête. Vous trouverez, ci-joint, le nom de votre correspondant :

DETENU n°3458 : Drago Malefoy

Nous sommes à votre disposition pour toute demande d'informations complémentaires.

Le Directeur de Département de la Justice Magique

Elias Digman

Hermione reposa le courrier qu'elle avait reçu deux mois plus tôt et qu'elle connaissait maintenant par cœur. Il ne faisait que confirmer une vérité qu'elle avait du mal à appréhender. Son mystérieux correspondant, l'homme qui avait tant fait battre son cœur n'était autre que l'effroyable Serpentard qui avait hanté ses cauchemars plus jeune.

Depuis le fameux jour de la rencontre, la sorcière avait pris le temps de relire tous les courriers qu'elle avait précieusement gardé. La vérité lui avait alors sauté aux yeux. Il ne lui avait pas menti sur sa famille intolérante, ni sur le rejet de la société vis-à-vis de sa mère. Malgré la censure, elle aurait dû comprendre à qui elle s'adressait, à qui elle se confiait et surtout à qui elle ouvrait son cœur.

A présent, la jeune femme était complètement déboussolée. Elle ne savait plus quoi faire. Hermione n'avait révélé à personne l'identité du fameux détenu 3458, malgré les questions incessantes des Potter. Harry avait débarqué chez elle, le soir-même, pour discuter et en savoir plus, mais elle ne se sentait pas prête à lui raconter ce qui c'était passé. Elle avait besoin de prendre du recul sur la situation et de prendre le temps de comprendre par elle-même ce qu'elle ressentait vis-à-vis de cette situation pour le moins compliquée.

La sorcière ne s'était pas non plus réinscrite au P.A.R.C.H.E.M.I.N., se sentant incapable de baisser la garde une seconde fois. Elle ne voulait pas prendre le risque de se lier d'amitié avec quelqu'un qu'elle regretterait ensuite. Alors, elle avait laissé le temps passer, se plongeant dans son travail et délaissant ses relations amicales. Les seules personnes qu'elle côtoyait ces derniers temps étaient ses collègues. Et elle ne prenait même pas la peine de masquer son manque de motivation au quotidien.

Hermione réalisait qu'une chose essentielle lui manquait : sa correspondance avec son ami. Depuis plus d'un mois, elle avait noirci des centaines de parchemins de l'espoir d'arriver à lui écrire et d'essayer de réparer cette relation irréparable. Elle voulait lui expliquer ce qu'elle avait ressenti lorsqu'ils s'étaient retrouvés face à face. Mais surtout, elle voulait lui expliquer sa réaction dans ce café moldu. Pourtant, aucun parchemin n'avait trouvé grâce à ses yeux et aucun n'avait finalement été envoyé.

Sur son bureau, trônait donc une pile de papiers froissés portant les stigmates des peurs et des insécurités d'Hermione, mais aussi de son espoir qu'un jour tout s'améliore. Elle avait essayé de lui dire qu'elle avait pris peur, elle, la Gryffondor, qu'elle n'avait pas osé assumé ce qu'elle ressentait réellement et qu'elle avait préféré fuir, pensant qu'elle pourrait oublier toutes ces années passées à discuter. Elle avait aussi essayé de lui écrire qu'elle s'en voulait de l'avoir blessé et rejeté et qu'il ne méritait pas l'accueil froid qu'elle lui avait réservé.

Après avoir relu tous les courriers échangés, elle ne pouvait nier que Drago Malefoy était une bonne personne et qu'il avait malheureusement eu la malchance de naître à la mauvaise époque. Il lui avait prouvé au cours de leurs échanges, qu'il était bien plus ouvert et à l'écoute que lorsqu'ils étaient adolescents. Il avait aussi conscience de tout le mal que ses actions ont pu générer et en portait le poids constant.

Seule dans son salon, Hermione s'en voulait tout simplement d'avoir abandonné cet ami si cher dans un moment de sa vie aussi décisif. Il avait toujours été là pour elle à travers leurs courriers et elle le laissait tomber au pire moment. Elle n'était pas la sorcière qu'elle espérait être. Elle était tout ce qu'elle aurait pu reprocher au jeune Drago Malefoy : elle était égoïste, arrogante et fermée sur d'anciennes positions loin de la réalité.

Prenant une grande inspiration, Hermione s'installa face à son bureau, saisit une plume et se mit à écrire. Elle se promit que quoi qu'elle trace sur le parchemin, elle l'enverrait. Elle affronterait ses craintes et ses peurs et peut-être que les choses s'amélioreraient. La lettre une fois achevée, elle ne la relut pas et la glissa immédiatement dans une enveloppe. Une fois cachetée, Hermione se leva pour la glisser dans son sac en prévision du lendemain où elle pourrait la remettre à la poste sorcière.

Alors qu'elle se dirigeait vers son sac, elle entendit du bruit sur son pallier. Elle attrapa immédiatement sa baguette, dans un réflexe hérité de la Guerre et la glissa dans son dos. Son arme ainsi dissimulée pour ne pas faire peur à un voisin moldu un peu trop curieux, elle tourna la poigné et ouvrit la porte. Elle ne put retenir un cri de surprise en découvrant son invité surprise sur la pas de la porte, la main levée, prête à frapper : le fameux Drago Malefoy.

Ce dernier fut aussi surpris qu'elle. Il avait le regard fuyant, les cheveux en bataille et portait un étrange costume moldu qui semblait beaucoup trop grand pour lui. Il ne semblait pas très à l'aise sur son pallier et donnait l'impression de vouloir s'enfuir à tout moment. Puis, il passa une main dans ses cheveux et se ressaisit. D'une voix douce, il salua Hermione.

« Bonjour, tu partais quelque part ? questionna-t-il. »

Hermione se contenta de nier en bougeant la tête sans rien dire. Elle était complètement désarçonnée. Quelques minutes auparavant, elle lui ouvrait son cœur sur un morceau de papier et il se trouvait maintenant devant elle, en chair et en os.

« Je… Euh…, hésita-t-il. Je peux entrer ? »

Sans un mot, elle se décala pour le laisser pénétrer dans son appartement. Elle referma la porte et prit quelques instants pour réaliser ce qu'il se passait. Drago Malefoy se tenait maladroitement au milieu de son salon. Un homme se trouvait chez elle et elle ne se souvenait même pas la dernière fois qu'elle avait rangé, fait le ménage, ni encore ce qu'elle portait et si elle avait l'air présentable. Son cerveau commença à bouillonner à feu fort jusqu'à qu'elle soit interrompue par le regard perçant du sorcier. Elle passa une main dans ses cheveux pour se calmer et fit un signe en direction de la cuisine.

« Tu veux du thé ?

- Avec plaisir, répondit-il dans un souffle. »

Hermione se réfugia dans la pièce et tenta de se ressaisir en faisant des gestes simples de son quotidien. Perdue dans ses pensées quant à la situation, la jeune femme ne se rendit pas compte qu'elle était restée près de sa théière jusqu'à ce que l'eau se mette à bouillir. Elle apporta le nécessaire pour le thé dans la pièce principale et s'aperçut que Drago n'avait pas bougé. Elle posa le plateau sur la table basse tout en lui indiquant un siège.

Alors qu'elle faisait le service, elle se demandait ce qu'il pouvait bien faire chez elle, et surtout comment il avait obtenu son adresse. Elle finit par chasser ses pensées et se focalisa sur le plus important : ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire. Concentrée sur ses gestes, elle ne réalisa pas immédiatement qu'elle lui tendait une tasse de thé, jusqu'à ce que leurs doigts s'effleurent. Elle retira prestement sa main, prit sa propre tasse et s'assit le plus loin possible de lui.

Il y eut un silence embarrassant où chacun hésitait à prendre la parole sans oser passer à l'acte. Puis, lorsque les tasses furent vides, Drago prit une grande inspiration et posa le récipient. Il lui tendit ensuite quelque chose qu'elle attrapa délicatement, curieuse. A sa grande stupéfaction, elle s'aperçut qu'il s'agissait d'une lettre glissée dans une enveloppe. Elle explosa de rire sous le regard réprobateur de Drago qui semblait penser qu'elle se moquait de lui.

Courrier toujours en main, elle se leva prestement et se dirigea vers la console près de l'entrée où elle avait posé sa propre enveloppe précédemment. Elle lui tendit alors et ils échangèrent une sourire complice, le premier depuis la sortie de prison du Serpentard. Sans la quitter du regard, il posa le parchemin à coté de lui et prit la parole.

« On dirait que les grands esprits de rencontrent.

- Apparemment, tu es venu ici pour me donner cette lettre ? Pourquoi ne pas l'avoir envoyée ?

- C'est ce que je voulais faire au départ, avoua-t-il. Puis, j'ai eu peur que tu ne l'ouvres pas, ou que tu ne la reçoives pas. J'ai décidé de venir en personne.

- Comment as-tu eu mon adresse ? »

A cette question, le sorcier détourna un instant le regard puis reprenant constance, il plongea son regard dans le sien avant de répondre :

« Je t'ai suivie.

- Tu m'as… suivie ? répéta-t-elle surprise.

- Je ne savais pas comment faire autrement. Il n'y a pas d'annuaire chez les sorciers.

- D'annuaires ? D'où tu connais les annuaires ?

- Tu m'en as parlé dans une de tes lettres. Comme tu vis chez les moldus, j'ai pensé que peut-être je te trouverais dedans, mais non. Du coup, j'ai demandé à quelqu'un de regarder sur internet, mais tu n'y étais pas non plus. Alors je t'ai suivie. »

Hermione était abasourdie par toutes ses révélations. Elle ne savait pas quoi en penser. Il s'était réellement donné du mal pour la retrouver. Elle aurait pu lui éviter tout ça en ne fuyant pas lors de leur précédente rencontre ou encore en allant directement le voir à son travail. Elle en connaissait l'adresse par la Gazette du Sorcier qui avait consacré un numéro spécial à la libération du sorcier.

« Je ne sais honnêtement pas quoi penser de ça. Mais tu devrais éviter de suivre les gens.

- Je ne voyais pas comment faire autrement, avoua-t-il.

- Très Serpentard de ta part, répondit-elle en faisant un clin d'œil. »

Face au regard bienveillant et un peu incertain de Drago, Hermione se détendit. Il n'arborait plus l'air hautain du jeune adolescent se sentant supérieur. Il était juste un adulte, partageant une tasse de thé et désirant discuter. Il voulait simplement devenir son ami, ou plutôt être cet ami qu'il avait été pendant tant d'années. La sorcière souhaitait elle-aussi la présence de Drago dans sa vie. Elle ne savait pas encore quelle place elle lui accorderait, mais elle ne se voyait pas vivre sans lui, les mois précédents l'avaient prouvés.

« Comment se passe ton travail chez l'apothicaire ?

- Ce n'est pas épanouissant, mais au moins je peux payer des courses et un loyer. Je fais finalement quasiment la même chose qu'à Azkaban, mais je n'ai pas à subir mes désobligeants camarades.

- Ils n'étaient pas tous si terribles je suis sûre… tenta-t-elle de détendre son interlocuteur.

- C'est parce que tu n'as pas côtoyé Evario. Celui-là était vraiment étrange.

- Evario Monkurso ? Harry m'a parlé de lui. Il a été déplacé à Nurmengard, il était recherché là-bas aussi. Un drôle de personnage parait-il.

- J'ai aussi revu Greg et rencontré Audrey. Je ne sais pas si j'ai le droit d'en parler, mais elle est enceinte. Il est extatique. Il cherche un travail plus conséquent maintenant. C'est un bosseur, il devrait y arriver.

- Je suis contente que leur histoire soit aussi positive. Ça fait du bien de voir que les barrières continuent de tomber et que le programme du Ministère fonctionne., répondit Hermione le sourire aux lèvres.

- Ça fonctionne, je ne serai pas là sinon. »

La sorcière hocha la tête sans répondre, et reprit sa tasse dans un geste réflexe avant de se rappeler que cette dernière était vide.

« Je te ressers ?

- Non merci, ça ira. Est-ce que tu pourrais m'indiquer la salle de bain, si ça ne t'embête pas. »

Hermione lui indiqua et commença à ranger la théière ainsi que les tasses dans sa cuisine. Remarquant l'enveloppe que lui avait remis Drago toujours posée sur la table, elle la ramassa et se rendit dans son bureau pour la poser avec les autres, se promettant de la lire immédiatement après son départ. Elle entendit la porte de la salle de bain se refermer et se dirigea vers son hôte.

~.~.~

Drago entra dans la pièce que lui avait indiqué Hermione précédemment. Il ne prit même pas le temps d'observer son environnement, et croisa son propre regard dans le miroir. Il était déçu de lui-même. Il était venu chez la sorcière avec un but précis. Il voulait la convaincre de leur laisser une chance. Il voulait lui expliquer pourquoi leur relation valait le coup et pourquoi elle était si importante à ses yeux. Et son attitude jusque-là ne faisait que le décevoir. Il avait été presque mutique, n'avait pas prononcé le moindre mot du discours qu'il avait tant répété et pire que tout, il n'avait absolument pas convaincu Hermione de quoi que ce soit. La sorcière ne semblait même pas se rendre compte de sa détresse.

Le sorcier prit une grande inspiration, il se recoiffa rapidement et sortit d'un pas décidé. Il croisa le regard d'Hermione qui était dans une pièce à proximité. Elle lui sourit timidement et il s'approcha d'elle. Ayant peur de perdre le peu de confiance accumulé quelques minutes auparavant, Drago se lança.

« Ecoute Hermione, murmura-t-il. Je n'ai pas prévu de grand discours, mais je tenais à m'excuser en personne. J'ai été un crétin quand nous étions à Poudlard, je ne savais pas ce que je disais et la plupart du temps, j'étais juste énervé après Potter. Tu ne méritais pas la moitié de ce que je t'ai fait endurer, et pour ça, je te demande d'accepter mes excuses.

- Je ne sais pas si c'est la Guerre ou la prison, mais tu as changé Drago. Tu n'es plus cet adolescent en colère. Et si je dois être totalement honnête, nous n'avons pas été des plus sympa avec toi non plus, quand nous étions plus jeunes. On peut peut-être mettre ça de côté et tenter de devenir de bons amis ?

- Je ne sais pas si j'ai réellement envie qu'on soit amis Hermione, souffla-t-il doucement en plongeant ses yeux dans les siens. »

A ces mots, la respiration d'Hermione se coupa. Elle ne voyait plus que le gris sans fin des yeux de Drago qui semblaient vouloir lui parler pendant des heures. Elle se sentit immédiatement attiré vers ce sorcier si envoutant. Elle prit une grande inspiration, puis sans détourner le regard dit :

« Je ne t'ai pas fait visiter, tu veux faire le tour ? »

Drago hocha la tête, n'osant pas rompre le contact visuel si palpable. A cet instant, il l'aurait suivie au bout du monde si elle le lui avait demandé. Mais elle le conduisit seulement dans la pièce adjacente : son bureau / bibliothèque. Elle commença à lui parler doucement de l'installation de ses livres et de comment elle les avait ordonnés. La sorcière brune le regardait toujours avec intensité et Drago ne put résister une seconde de plus. Il saisit son visage avec ses deux mains et posa délicatement ses lèvres sur les siennes.

Il avait rêvé de ce baiser pendant des années, et les sensations qui l'assaillirent furent au-delà de tout ce qu'il aurait pu imaginer. A cet instant, il savait qu'il était à sa place auprès d'elle. L'explosion ne fut que plus importante quand elle répondit à son baiser. Après un temps, il s'éloigna d'elle à regret pour respirer. Les yeux toujours plongés dans les siens, il lui murmura d'un ton presque implorant :

« S'il te plait Hermione, laisse-nous une chance. »

Elle prit une grande inspiration. Posa un léger baiser sur ses lèvres encore proches et répondit sur le même ton :

« D'accord, donnons-nous une chance »


J'espère que ça vous a plu et que toute l'histoire vous a plu ^^.

Quel a été votre passage ou moment préféré ?

L'histoire s'arrête ici. Mais la vie d'Hermione et Drago ne fait que commencer. Je n'écrirais pas d'épilogue, ni de suite. Mais je serais ravie de discuter avec vous de l'avenir de ces personnages si attachants.

Des milliers de remerciements à Bewitch-Tales et Haraban qui m'ont encouragé à écrire cette fic et qui ont corrigé les chapitres depuis le début. Merci également à Fraidieponge et Molly's Lips pour avoir rejoint la team.

Et enfin, merci à Bewicht-Tales, AddictDoctorWho, MiaChanNie, Juju, Mande21, Swangranger, Yzeute, The Fraidieponge, Alec, Sabou, Zofra, OliLaBulle, Maxine3482, Roxane-JamesHP, myvaughn-sark, Talia Caldin, Damelith, AydenQuileute, Fleur d'Ange, cookiePradou, Garfield, Yoko78, Lilie147, Siwann, Claire-de-Plume, PollyM Zabini, StephAliC, chamax22, Kami Cam's, chapou69, Saboumg, Lamelis, irema94, Maddie, Vivet-Dore, , Naema, SarahMattMello, Anya Jay Parker, Nekozuni, AnnaKoupaiaGaid, PralinePaMa, Mad'Girl 17, avadamoi, MlleDream, dramione7980, elephantor14, Liag Kab, Cilou, Flopette, Enelica, NickyMarolle, Dame Lylith, Saeh, whtabtu, zuzulachouette, Audreymjlt, loveXdray pour avoir laissé au moins une review au cours de cette fic. Chaque review laissée m'a touchée et fait plaisir. Vous êtes les meilleurs =).