Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Anthony Horowitz.

Note : L'histoire se situe après le 4eme tome d'Alex Rider Jeu de tueur. Donc Alex et Yassen croient que John Rider était un tueur. No slash dans cette fic !

LOVE WITHOUT TRUST

Chapitre 1 : Alexander Ryder

-Avez-vous lu le rapport concernant l'affaire CRAY? Demanda Tulipe Jones.

Elle était entrée sans prendre la peine de frapper avant.

Alan Blunt ne manifesta aucune surprise à son apparition. Seule sa codirectrice bénéficiait de ce privilège.

Alan tenait le rapport en question dans sa main. Bien sûr qu'il l'avait lu.

Madame Jones s'avança vers le bureau et prit place en face du directeur du MI6.

Son visage ne trahissait aucune émotion, pourtant Tulipe sentait une légère pointe d'agacement dans son attitude.

Il aurait préféré obtenir ce document beaucoup plus tôt. Il fit part de son désarroi à sa collaboratrice.

- Je le sais, Alan. Mais Alex n'était pas d'humeur à ...se montrer coopératif.

Tout en effeuillant le témoignage du jeune espion, le directeur insista de nouveau.

-Nous parlons de sécurité nationale. Internationale même, je dirai. Nos agents doivent être capables de se remettre au plus vite de leur choc.

-Alex ne se considère par comme l'un des nôtres, s'efforça de rappela Tulipe en vain. Par ailleurs, je suis heureuse qu'il ait prit la peine de nous faire part de son témoignage compte tenu du fait que nous l'ayons pas aidé pour cette mission.

Alan toussota. La codirectrice ne s'en voulut pas de l'avoir brièvement mis mal à l'aise.

Au moins Alan pouvait ressentir ce qu'elle-même éprouvait depuis déjà plusieurs jours.

Alex était venu les voir pour les avertir des agissements de la pop star Damian Cray. Pour la première fois depuis qu'il côtoyait le MI6, il leur avait demandé de l'aide.

Mais personne ne l'avait écouté, personne ne lui avait apporté de l'aide -hormis Smithers- avait appris par la suite Madame Jones.

- Nous aurions dû en effet nous pencher davantage sur la question, concéda Monsieur Blunt avec hésitation. Mais cette épreuve lui aura permis de se rendre compte d'une chose : bien qu'il affirme le contraire, Alex est fait pour ce métier. Son instinct, ses réflexes, son sens de la justice font de lui un agent hors pair.

Tulipe se leva en signe de protestation.

-Nous étions d'accord pour ne plus faire appel à lui, Alan.

-Cela ne dépend pas de nous, et vous le savez bien, déclara l'homme sur un ton plat.

Il rangea le document dans le tiroir de son bureau.

Tulipe préféra se taire plutôt que de répliquer quelque chose d'insolent. Son directeur était dépourvu de toute sensibilité. Cela le rendait agaçant au plus haut point. Mais c'était aussi pour cette raison qu'il était d'une efficacité redoutable.

-Vous ne trouvez pas cela curieux? Que nous n'ayons toujours pas retrouvé le corps de Yassen Gregorovich ?

Alan Blunt joignit ses mains et posa son menton sur le bout de ses doigts.

-Cela m'a parut étrange en effet. Mais, selon Alex, Gregorovich est décédé en même temps que Cray: ils ont tous les deux fait une chute depuis l'avion. Nous avons retrouvé des traces de sang qui corroborent les faits. Pour ma part, nous avons terminé de pourchasser ce criminel continuellement.

Tulipe hocha la tête.

Puis en atteignant la porte du bureau, elle se ravisa. Un détail lui était resté en mémoire. Rien d'important mais il lui semblait qu'elle devait tout de même en parler.

-Au fait, il y a une chose qui me perturbe depuis ma lecture du rapport.

-Je vous écoute, lui prêta attention Alan.

-Cette fois, il ne s'agit pas de ce qui est consigné de le rapport d'Alex mais dans celui des secouristes. Lors de leur intervention, ils ont prétendu qu'ils avaient emmené Alex à l'hôpital parce qu'il avait été blessé par balle.

-Sauf qu'il n'a été que légèrement touché : il portait le gilet par balle que Smithers lui avait offert.

-Oui, approuva Tulipe. Smithers s'est toujours soucié d'Alex davantage que nous.

Encore une fois, Alan Blunt s'efforça de cacher son mal l'aise.

-Pourtant, reprit l'adjointe, le médecin qui s'est occupé de lui a noté qu'il avait été hospitalisé plusieurs jours.

-Cela est impossible, fit Blunt l'air surpris, D'autant plus que vous avez vous-même vu Alex.

-Je l'ai vu quelques jours après, en effet. Mais j'ai la preuve qu'Alex a bien suivi un traitement à l'hôpital.

-Avez-vous pu obtenir son dossier médical ?

-Non, admit Tulipe. Lorsque je l'ai demandé, on m'a affirmé que les soins avaient été administrés pour un certain Alexander Ryder. Il n'y avait aucune trace de dossier concernant un adolescent prénommé Alex Rider. Il s'agit peut être d'une erreur administrative. Mais cette coïncidence entre les noms me laisse perplexe.

-Je vois qu'une seule solution pour démêler tout ce mystère : faites venir Alex ici. Nous nous entretiendrons avec lui.

-Je l'ai déjà convoqué. Il viendra demain en fin d'après-midi.

Tulipe s'en alla et Alan médita un instant sur les informations que lui avaient apporté sa seconde.

Cela n'avait aucun sens. Le plus simple serait de croire à une erreur d'enregistrement, comme l'avait suggérer Tulipe.

Mais pour avoir côtoyé longtemps le milieu de l'espionnage, Alan Blunt se méfiait instinctivement des solutions qui paraissaient le plus simple.

Seul Alex pourrait éclaircir ses doutes.

Alan prit son mal en patience et se plongea dans la lecture d'un autre dossier. Celui d'un agent qui n'avait pas survécu, contrairement au jeune espion.


-Assieds-toi, Alex je t'en prie, l'accueillit Madame Jones.

L'adolescent prit place avec nonchalance. Retrouver le bureau gris et sans vie du directeur du MI6 n'avait jamais été un plaisir pour lui. C'était même la source de ses ennuis.

-Alex ! S'exclama Alan Blunt d'un ton qui se voulait amical. Je suis content de te revoir en pleine forme.

-Le plaisir n'est pas partagé, répliqua l'adolescent d'un ton cinglant.

Alan encaissa la remarque sans broncher, il s'était mis le premier ministre et plusieurs de ses collègues à dos parce qu'il avait fait appel à un garçon de 14 ans pour sauver le monde. Il avait eu son lot de remarques désagréables.

-Alex, nous avons tenu à te voir pour reprendre certains points qui n'apparaissent pas dans ton rapport, intervint Madame Jones.

Le visage d'Alex afficha un air ennuyé. Il s'affaissa sur le dossier de son fauteuil.

-Ce serait bien la première fois que vous me faites venir simplement pour me poser des questions, fit-il remarquer.

-Je te promets Alex que nous souhaitons simplement clore une bonne fois pour toute le dossier Cray. Il ne s'agit que de cela.

Alex détendit légèrement ses traits et soupira :

-Je vous écoute.

Alan s'empara du rapport, pas celui d'Alex mais celui des secouristes qui étaient à bord d'Air Force One.

-Selon tes dires, Damian Cray t'a tiré dessus avec son revolver. Mais tu n'as pas été blessé parce que tu portais un gilet par balle.

-Je n'ai pas été transpercé par la balle. Mais j'ai été projeté au sol à cause de l'impact, détailla t-il.

-Oui. J'imagine que cela a du être désagréable.

-Vous avez déjà reçu une balle à bout portant ? Demanda Alex avec insolence.

Tulipe Jones trouva qu'il était temps qu'elle reprenne la parole. De toute évidence, Alex ne supportait plus son directeur.

-Alex, d'après les médecins, tu as été hospitalisé suite à une blessure par balle. Nous voulons simplement savoir ce qu'il en est.

Alex ne chercha pas à masquer sa surprise.

-C'est faux. Ils se sont trompés, contesta t-il calmement.

-J'ai pensé aussi qu'il s'agissait d'une erreur. Tu n'aurais jamais pu te remettre aussi rapidement d'une telle blessure.

-Alors pourquoi avez-vous des doutes ? Je ne vous l'aurais pas caché, si ça avait été le cas.

Il faisait preuve de sincérité et son interlocutrice décida d'en faire autant.

-Le jour où tu as achevé ta mission, une personne répondant au nom d'Alexander Ryder a été soigné suite à balle reçu dans la poitrine, lui apprit Madame Jones.

-C'est... étrange, admit Alex.

-En examinant de près certains éléments, j'ai découvert deux choses : premièrement que tu t'étais souvent rendu dans l'hôpital dans lequel séjournait Alexander Ryder. Par ailleurs, cet homme a mystérieusement disparu. Sans l'accord des médecins.

-Je ne connais pas d'Alexander Ryder, répéta de nouveau Alex.

-Alors pourquoi ceux qui t'ont porté secours t'ont enregistré sous ce nom ? Renouvela la femme.

Alex fit un effort de mémoire.

-J'étais à demi évanoui. J'avais demandé à Sabina d'activer l'autodestruction des missiles. Quand on m'a demandé mon nom j'ai balbutié. Je me souviens l'avoir répété plusieurs fois. Ils l'ont peut-être mal écrit.

Tulipe regarda Alan. Il ne semblait pas ébranlé par les propos d'Alex.

-Mais tu reconnais être allé à l'hôpital à plusieurs reprises, après l'incident? Insista Madame Jones laissant planer le doute.

Alex gigota sur la chaise. Puis il finit par admettre sur un ton las :

-Je m'y suis rendu tous les jours.

Aucun des deux interlocuteurs ne s'attendaient à un tel aveu.

-Pour quelle raison Alex ? Demanda t-elle d'une voix douce.

-Je ne sais pas. Enfin si, il y a un groupe de parole pour les jeunes qui ont subi un traumatisme. Je...

Alex se tut tandis qu'Alan plongea son regard dans le sien.

-Je sais que je n'ai pas le droit de parler de mes missions. Je n'en ai même pas envie. Mais j'ai besoin de savoir que je ne suis pas le seul à me réveiller en hurlant, fit Alex sur un ton amer.

Une lueur de tristesse traversa le regard de Madame Jones. Elle posa sa main sur l'épaule d'Alex.

-Alex, si tu as besoin de suivre une thérapie, nous avons une équipe à ta disposition.

Il eut un rictus.

-Ouais, une équipe qui va me prendre de haut en me disant que j'étais trop jeune vivre tout cela mais qui ne s'opposera pas à vous si l'envie vous prenait de faire de nouveau appel à moi, fit l'adolescent d'un ton sarcastique.

Blunt tenta de nouveau de se voir accorder la confiance d'une jeune homme.

-Rien de ce que nous pourrons te dire ne pourra effacer ces pénibles souvenirs, Alex. Mais ce que tu dois te rappeler à chaque fois que tu te sens triste ou en colère c'est que grâce à toi, nous avons évité le pire.

-En effet, appuya Tulipe. Je pense que tu dois te sentir soulagé en sachant que tu ne croiseras plus jamais l'assassin de ton oncle.

-Vous avez retrouvé son corps ?

-Non, admit Alan. Mais nous le considérons officiellement porté disparu.

Alex avait entendu exactement ce qu'il avait souhaité entendre en venant ici. Il se leva.

-Si vous me confirmez qu'il est bien mort alors ça me va. Je n'ai plus rien à ajouter.

Il s'en alla.


-Qu'en pensez-vous, demanda Tulipe une fois que l'adolescent fut parti.

Alan était las de cette situation qui ne semblait avoir ni queue ni tête.

-Je dirai la même chose qu'Alex : je n'ai plus rien à ajouter. Il s'agit d'une simple erreur administrative.

-Mais il y a pourtant un homme qui a bien disparu de l'hôpital , fit remarque Madame Jones.

-Alex a été formel : cet homme n'a rien à voir avec lui. Il n'a donc rien à voir avec nous. Le dossier est clos.


En quittant l'immeuble, Alex s'autorisa enfin à sourire.

Alex avait longuement travaillé son témoignage avant d'être convoqué par Tulipe Jones.

Il était sûr que le MI6 allait noté des incohérences et qu'il allait ensuite être interrogé.

Pour une fois, il avait tout anticipé avant eux. Il était même allé jusqu'à jouer sur la fibre maternelle de la codirectrice du MI6 pour être certaine qu'elle le laisserait tranquille.

Il avait échafaudé son plan au moment où il se trouvait à bord d'Air Force One.

Madame Jones ne s'était pas trompée: il y avait bien un homme appelé Alexander qui avait séjourné à l'hôpital.

Alex s'y était rendu tous les jours pour le voir. Il s'était aussi réellement présenté aux réunions du groupe de parole en guise de prétexte.

Évidemment, c'était aussi Alex qui avait communiqué le nom d'Alexander Ryder aux secouristes.

Il l'avait choisi exprès en raison de la similitude avec son propre nom. Comme ça, il pouvait prétendre qu'on avait commis une erreur en relevant son identité.

A présent Alex n'avait plus besoin de se rendre à l'hôpital.

Parce que le dénommé Alexander Ryder avait disparu.

Mais cela ne dérangeait pas Alex. Puisqu'il savait où le trouver.


L'adolescent prit son vélo et regagna pédala en direction de Chelsea, l'endroit où il vivait.

Il arriva assez rapidement, il vérifia que personne ne l'avait suivi puis ouvrit la porte avec sa clef. Sa gouvernante s'était absentée depuis quelques jours, elle ne reviendrait que le lendemain soir.

Mais Alex n'était pas tout à fait seul chez lui.

Il grimpa doucement les marches de l'escalier pour faire le moins de bruit possible.

Il ouvrit doucement la porte de la chambre.

Alexander était encore endormi sur le lit de la chambre d'ami dans lequel Alex l'avait installé.

Sauf que son vrai nom n'était pas Alexander Ryder. Il s'appelait en réalité Yassen Gregorovich.