Chèr-e-s lecteur-ice-s,

Que vous ayez suivi TALYPE au fil des semaines ou que vous arriviez ici après publication du dernier missing moment, vous n'avez pas pu passer à côté des différentes thématiques que j'y aborde et, en particulier, à côté de celui des transidentités.

Du mieux que je le peux, j'essaie d'être le plus inclusif possible. J'essaie d'inclure, à minima, des personnages avec leurs particularités, de montrer une certaine diversité en sachant que je ne peux pas être exhausif. Dans TALYPE, je parle beaucoup des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles et Transgenres (LGBT). Mais pas seulement. Hermione et Ginny sont dépressives. Ça fait référence à la santé mentale.

Je fais référence aussi, de manière plus discrète, au sexisme et au patriarcat : notre société nous donne des rôles, des attitudes, des comportements et y déroger signifie être hors normes. Il est question ici de divorce (même si c'est accepté à notre époque), d'interruption de grossesse, de relations avec des exs, de relations sexuelles pendant la grossesse, d'allaitement (ou pas), d'allaitement prolongé (ou pas), etc. Et même, à la fin de la fiction, avec un couple ayant une grande différence d'âges.

La question du mariage est également revenue à plusieurs reprises, beaucoup d'entre vous souhaitant que Drago et Hermione contractent une union légale : pour moi, ce n'était pas concevable, pas avec la vision des personnages telle qu'elle est dans cette histoire. Mais c'est également plus profond : non, le mariage n'est pas étape obligatoire, ça ne rend pas le couple plus sérieux ou plus durable, pas plus que l'absence de mariage ne fait perdre la notion de durabilité et de sincérité du couple. Ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas se marier. Chacun-e est libre d'un tel engagement, d'une telle symbolique, mais ça n'avait, à mon sens, pas de place dans cette histoire. Comprenez-le comme vous le voulez, mais un mariage est prévu dans une fiction à venir…

Mattheys. Mon chouchou. Au-delà du fait qu'il porte le prénom d'une personne réelle que je porte dans mon cœur, il représente en quelque sorte le point central de cette fiction. Mattheys est queer ou, comme beaucoup l'ont appelé, « le bad boy ». Ce qui note déjà le côté « mauvais », le cancre de la société. Personnellement, ça m'attire beaucoup ce genre de personnes : elles font fi des règles instaurées arbitrairement, elles sont ce qu'elles sont, qu'importe ce que peuvent bien en penser les autres. Certain-e-s l'ont mal perçu, l'ont déshumanisé pour lui faire porter tous les maux, un peu comme Papa Drago qui a peur pour sa fille. On peut penser ce que l'on veut de son attitude. Être d'accord ou pas. Là n'est pas la question finalement. La question est : est-ce que vous ne l'aimez pas (pour celleux qui ne l'aiment pas, évidemment) parce qu'il est particulier, ou parce qu'il vous dépasse les barrières invisibles de notre société, ces mêmes barrières que… bah que l'on ne voit pas, en fait ? J'aurai l'occasion d'y revenir à travers mes futurs écrits, mais je vous en touche déjà un mot maintenant : queer est un mot politisé, clairement militant. On s'autodéfinit queer quand on remet en question la société, mais on ne catégorise pas quelqu'un-e de queer, sauf si cette personne se nomme ainsi (mais bon, de manière générale, le mieux est de laisser les personnes se définir elles-mêmes et ne pas leur imposer une étiquette, de toute façon).

Queer, je le suis. Je m'inscris dans une démarche militante à travers mes écrits, et je pense que vous avez pu remarquer l'évolution si vous avez lu mes premières fanfictions. Il y a une promesse que je me fais, et que je vais vous faire par la même occasion. À travers mes histoires, je vais faire au mieux pour être le plus inclusif possible. Apprendre à montrer de la diversité. Apprendre, à minima, à avoir des personnages diversifiés, même s'ils sont peu présents et juste nommés : des personnages trans, homo, bi, asexuels, mais également non valides, neuroatypiques, racisés, etc. J'aimerais que chacun-e se sente légitime et inclus-e quand iel lit mes fictions. Que chacun-e ressente qu'iel a une place dans la société, une place pour être, pour exister qu'importe qui iel est, qu'importe sa particularité. J'aimerais aussi que vous découvriez de nouvelles choses en me lisant, que vous vous rendiez compte de réalités dont vous n'aviez pas conscience.

Je ne peux évidemment pas rendre compte du vécu de chacun-e : déjà, parce que chaque histoire est unique. Mais, en plus, parce que je n'ai pas les ressources nécessaires pour aborder tout sans être moi-même concerné. Mais je me renseigne, je lis beaucoup, je fais un travail sur moi-même et, comme je le disais, j'essaie à minima d'avoir une représentation, même si elle est factuelle et pas abordée en profondeur. Puis je ne veux pas être en mode « warrior » d'autres oppressions que je ne vis pas.

À présent, j'ai une confession à vous faire. TALYPE n'est pas du tout ce que j'avais envisagé au début. L'idée de base est née en juin 2016, alors que j'écrivais encore Oxymoron desti. Entre temps, j'ai grandi, évolué, découvert beaucoup de choses de mon côté, bien que l'histoire se construisait petit à petit. J'en suis arrivé à un point où le Dramione n'était plus possible pour moi, mais je ne voulais pas abandonner tout ce que j'avais imaginé. Je ne voulais pas abandonner Élia qui ne pouvait pas avoir d'existence sans cette histoire. Alors je me suis défié moi-même. J'ai décidé d'écrire des histoires parallèles au développement du Dramione, me permettant, en même temps, de le faire évoluer doucement, naturellement, sans vous plonger dans l'ennui.

Ainsi, j'ai pu parler de mon couple lesbien préféré, avec Ginny et Pansy, en parlant au passage d'asexualité (j'y reviendrai dans mes écrits). J'ai parlé de Mia et du fait qu'elle soit Cracmole, ce que l'on pourrait comparer avec une mutation génétique. Bien que différente, elle pourra mener une vie en parfaite autonomie et comblée d'amour, et c'est cela le plus important. J'ai parlé aussi d'aromantisme, du fait d'être LGBTQ au sein d'un établissement scolaire. J'ai parlé d'émois amoureux et de construction de l'identité à l'adolescence, et ça aussi, c'était un fameux défi, finalement.

À ce propos, j'aimerais revenir sur quelque chose qui m'a beaucoup étonné, mais que je retrouve, en fait, beaucoup dans les reportages TV et dans recherches scientifiques concernant les transidentités. Vous m'avez tous-tes (ou presque) parlé à un moment donné de la souffrance de Teddy. Alors non, n'allons pas jusque-là parce qu'on parle de transidentités. On peut en souffrir, évidemment. Mais ce n'est pas obligatoire ni systématique. D'ailleurs, Teddy vit bien le fait d'être transgenre. Ce qui est difficile, c'est qu'iel est adolescent-e, et c'est là le cœur de ses tourments. Iel est en pleine construction de son identité et, ça, c'est compliqué, parce qu'iel est perdu-e. Je ne sais pas si vous vous rappelez de votre propre adolescence ou si vous êtes en train de la vivre. Mais c'est compliqué, fondamentalement. Même si vous êtes un homme hétéro, cisgenre, dyadique (personne non intersexe), allosexuel (le contraire d'asexuel), blanc, neurotypique, valide… c'est compliqué. Parce que ça demande un temps pour apprendre à se connaître, à se comprendre, à une période où tout est bouleversé et où tout change très rapidement, dans notre tête et dans notre corps. Le fait que les transidentités soient inscrites comme maladie mentale (oui. C'est toujours le cas. Grrr) et que les psychiatres parlent explicitement de souffrance nous induit en erreur. La souffrance n'est pas automatique. Et si souffrance il y a, elle est principalement due à la construction binaire, qui nous impose des cases. Et ça, ça vaut aussi pour les personnes cisgenres, même si c'est moins flagrant. La souffrance n'est pas due au fait d'être trans. Au contraire même, le fait de se reconnaître trans est une véritable libération, une ouverture au monde. La souffrance vient du rejet et du fait d'être vu-e comme illégitime, monstrueux-se, malade, bizarre et d'être infantilisé-e, comme si on savait mieux que nous comment être heureux-se et bien intégré-e. Le bonheur vient dans le fait de s'accueillir les un-e-s les autres dans nos différences. Ce qui ne veut pas dire qu'on doit aimer tout le monde. Mais accepter, respecter et laisser vivre les autres, même si on ne les comprend pas, même si on ne pense pas de la même façon qu'elleux.

On en reparlera. J'en reparlerai encore à travers mes écrits.

Si j'avais un regret avec TALYPE ? Ce serait d'avoir invisibilisé les personnes intersexes. J'en ai conscience aujourd'hui, et j'y réfléchis, pour ne pas faire d'impairs, pour ne pas causer plus de torts. Pour visibiliser, intégrer, faire connaître, mais en gardant ma place de personne dyadique. Auprès des personnes inter, je tiens à m'excuser, sincèrement.

Flux énergétique de scarabée sur vous tous-tes, qui que vous soyez. Vous êtes beaux-elles, légitimes.

Cailean Charmeleon.