Hello le monde!

Ici Easyan pour une toute nouvelle aventure.

Alors voila voila. Autant je suis amoureuse de mon travail avec My Beautiful Beast, autant je suis de plus en plus incapable d'écrire convenablement parce que cette PESTE de fic me trotte dans la tête H24.

Je vais donc tenter une expérience inédite! Je vais mener de front deux batailles!

Les chapitres 46 et l'Epilogue de MBB seront mis en ligne ce weekend! Si tout se passe comme prévu, le chapitre 46 sera en ligne Samedi 5 Février. Sinon il sera mis en ligne en même temps que l'Epilogue le Dimanche 6 Février! J'espère que les habitués seront au rendez-vous!

En ce qui concerne ce tout nouveau bébé...qu'en dire? Euuuh, il sera...long. Et terriblement différent en un sens de My Beautiful Beast. Disons que j'ai à présent plus confiance en qui concerne plusieurs choses et que...bon! Vous verrez bien!

Je travaillerais Sygma en semaine et MBB le weekend! J'espère vraiment réussir à trouver une équipe de Reviewers aussi soudée et formidable que pour MBB!

Si certaines ont le courage de me suivre sur cette double épreuve, alors j'en serais honorée! J'aurais besoin de soutien je pense!

Je vous laisse découvrir tout ça et j'ai hâte de lire vos retours!

Bonne lecture!


SYGMA

Prologue

La hiérarchie.

Classification, rang, grade.

Beaucoup de mots pour en réalité ne désigner qu'une seule et même chose. Le simple fait que dans ce monde, le fort mangeait le faible. Que le pouvoir dictait les lois et que l'avenir appartenait aux puissants. Tout était soigneusement étiqueté. Un ordre immuable. On se hâtait immédiatement d'éliminer les anomalies qui menaçaient de perturber la grande machine qu'était leur existence. Chacun se pliait à son rôle sans faire de vagues. Et d'ailleurs, pourquoi en feraient-ils ? Tout fonctionnait merveilleusement bien en état. Pourquoi changer les choses à ce stade ? N'était-ce pas plus vivable quand tout était si simple ?

Dès la naissance, on vous tatouait au fer rouge votre destinée.

Personne n'avait jamais pu la braver sans en payer chèrement le prix.

C'était un monde où un simple gène pouvait décider de tout. Tout d'abord, de votre Catégorie. Alpha, Bêta ou Omega. Les Alphas, ne représentant en tout et pour tout que 15% de la population mondiale était pourtant ceux qui avaient le droit et le pouvoir, de décider de tout. Ils étaient l'élite. Des êtres supérieurs dont un seul regard pouvait faire ployer la volonté de celui sur qui il se posait.

Les Bêtas qui eux, composaient au moins 80% de cette population mondiale étaient destinés à faire partie de la 'norme', la vulgaire 'populace' qu'on méprisait et encadrait comme on mène un troupeau. Et ils s'en contentaient avec reconnaissance.

Puis les Omega, pour un très faible pourcentage de 5 %. Rares et précieux, ils étaient vus davantage comme une possession de prestige que comme de véritables êtres vivants. Protégés, appartenant à une famille noble d'Alphas qu'ils y soient nés ou non, ils avaient une fonction principalement reproductive.

Ce même gène, cette simple catégorie, vous condamnait d'entrée de jeu à un avenir ou un autre.

Sur Terra Matera, tous naissaient avec un Chorus, une sorte de cristal incrusté à la base de la nuque. D'un blanc immaculé, formé de 'cinq branches' auxquelles du centre se trouvait une tâche de naissance héréditaire. L'étoile de cristal était à l'origine des pouvoirs que possédait chaque habitant. Soigneusement répertoriés en six appartenances élémentaires, Feu, Vent, Eau, Psyché, Terre et Lumière, les pouvoirs d'un individu ne pouvaient surpasser un certain Niveau de puissance selon sa Catégorie.

Il existait cinq Niveaux qui déterminaient les capacités de chacun. Les Alphas dès la naissance se situaient sur une échelle allant du 3 au 5, les Omégas du 4 au 5, tandis que les Bêtas étaient condamnés aux Niveaux 1 à 3. Une injustice qui les positionnait, avant même qu'ils n'aient eu la chance de combattre, du côté des perdants et des soumis.

La hiérarchie était le principe fondamental qui dirigeait ce monde.

Le faible sert le fort. Le fort a en contrepartie le devoir absolu de prodiguer sécurité, nourriture, paix et prospérité à ses sujets.

C'était ça, la réciproque.

Tout était question de réciproque.

Livaï Ackermann, 21 ans. Catégorie Alpha de Niveau 5. Une présentation qui disait en tout et pour tout, tout ce qu'il y avait et aurait jamais à savoir à son sujet de toute son existence. Oui, cela déterminait tout. Sa mère, Kuchel Ackermann était une Omega, arrivée dans le pays de Sina en tant que réfugiée politique, elle s'était dissimulée dans les bas-fonds de la capitale, Stohess. Jusqu'à ce que des rabatteurs travaillant pour le compte du Tyran de l'Est, Kenny Herr, le Roi fou, la retrouvent avec une poignée de ses compatriotes et les massacrent tous. Livaï avait été sauvé in extremis par une équipe de soldats du Bataillon Ailé. Les forces spéciales chargées de combattre les 'Dégénérés' et de repousser toute attaque étrangère sur le sol de Sina.

Et c'était pour payer le prix de sa vie épargnée qu'une fois dûment catégorisé Alpha et évalué Niveau 5 Livaï était devenu l'une des recrues de ce même Bataillon.

Il travaillait à présent sous leurs ordres en tant que 'Sentinelle'. Vous voyez ? Tout était une question de réciproque. Le seul problème avec cette situation, c'était que son statut d'Alpha qu'il en hérite ou non, le propulsait immédiatement au rang de noble. Lui donnait droit à des biens et des responsabilités qui étaient inhérents à cette classe sociale. Raison pour laquelle Livaï se retrouvait, une fois par mois, comme le lui ordonnait Erwin Smith son Commandant, à devoir faire acte de présence dans divers galas.

On lui demandait de participer activement à la vie en société.

D'exprimer son avis sur tout et surtout, de l'imposer à quiconque était plus faible que lui. Si en plus il pouvait le faire de façon ostentatoire, alors c'était encore mieux. Livaï qu'il le veuille ou non, était la crème de la crème et devait se comporter comme telle.

Le paradoxe ?

C'était que bien qu'obligé de s'y montrer, son statut supérieur lui permettait aussi, très justement, de n'avoir absolument aucun intérêt pour ces mondanités. Il pouvait donc imposer à tous sa mauvaise humeur et son mépris pendant une ou deux heures avant de tranquillement retourner vaquer à ses occupations. Ce qui pour tout autre invité aurait été d'une incorrection sans limite, on le lui pardonnait comme étant 'l'apanage des puissants'. La force du rang octroyait le droit de ne pas se conformer à toutes les attentes de la société… pour peu qu'on remplisse en contrepartie comme il se devait tous nos devoirs.

Lorsqu'il avait réussi à devenir, en à peine cinq ans, le soldat le plus puissant de l'Ordre que servait son Bataillon, Livaï avait plus que largement remplit sa part du contrat.

Il poussa un long soupire et acheva de nouer sa lavallière. Si Hanji ne lui avait pas promis de l'emmener à une vraie fête dans les bas-fonds dès qu'ils trouveraient un créneau pour s'éclipser de la salle de bal, Livaï aurait sans doute prétexté être malade plutôt que d'obéir à Erwin et se présenter à ce maudit gala…

Une fois paré, il ne perdit pas une minute avant de se mettre en route.

Plus vite il serait arrivé, plus tôt il pourrait s'en aller.

OoOOoOoOoOoOoooooOOoOoOoOoOoO

Eren voyait le monde comme une gigantesque boule à facettes.

Qu'on se place dans un angle ou dans un autre et il pouvait changer de tout au tout de couleur, d'éclat et de sens. Aussi selon les cartes qu'on avait en main on pouvait même mettre au tapis la vie elle-même et prendre sa revanche sur l'infortune.

Ce qu'Eren voulait dire par là ?

Eh bien, qu'il suffisait de ne jamais être le premier à baisser les poings pour être le vainqueur d'un combat. Mais Eren Aurions était le genre d'individu que rien n'arrêtait, dont la volonté de fer était inébranlable et qui, soyons sincères deux minutes, était un véritable tyran… : « Je n'arrive pas à croire que t'ai réussi à me convaincre de faire ça… » Eren sourit de toutes ses dents : « Oh allez, Jean, ne me dis pas que t'as les chocottes ? Qu'est-ce que tu risques en vrai? Personne ne me reconnaitra ! Tout simplement parce que personne ne me connait… » Jean grommela quelques paroles inintelligibles dans sa barbe et ils s'avancèrent d'un pas décidé vers le héraut.

Jean présenta la nuque et d'un coup d'œil l'homme reconnut la marque de son Chorus. Eren s'était tout simplement figé et jouait à merveilles son rôle de potiche souriante. Jean glissa rapidement : « C'est un ami que m'a présenté mon père récemment, il n'a pas de titre… » Façon subtile d'annoncer que son compagnon, bien qu'il soit joli comme un cœur, n'était qu'un vulgaire Bêta sans aucune importance. Le héraut hocha discrètement la tête en signe d'assentiment. Ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il voyait un Alpha s'amuser aux dépends de Bêtas. Tous savaient qu'à la fin, un Alpha finissait toujours par épouser un Alpha ou, s'il avait une chance inouïe, un Omega qui pourrait lui donner des enfants d'une puissance et d'une robustesse qui ferai pâlir d'envie toute la Haute.

Les Catégories supplantaient toute logique des sexes. Il n'était vraiment pas rare de voir des couples homosexuels dans ce milieu, personnes ne s'en formalisaient du moment que le partenaire final de l'Alpha considéré soit un mâle Omega avec qui il serait donc capable de procréer. Qu'il joue auparavant avec d'autres mâles ? C'était son choix et celui de sa famille. A la fin tout ne serait qu'une question de prix et d'offres.

Combien serait prêt à payer le patriarche de la famille Kirstein à une famille noble possédant un Omega mâle pour assurer sa descendance maintenant qu'il savait que son fils était gay ?

Le héraut annonça fièrement : « Jean Kirstein, premier du nom. Fils de Gérard Kirstein troisième du nom et de Christine Kirstein née Archibald première du nom. Alpha de Niveau 4. » Quelques regards coulèrent dans leur direction mais déjà l'homme annonçait d'autres invités. Jean ne perdit pas une seconde et il entraîna Eren, qui s'accrochait à son bras comme à une bouée de sauvetage, vers les buffets. Là où ils pourraient se fondre dans la masse. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'aurait jamais dû l'emmener ici…le fait qu'Eren sache parfaitement dissimuler son aura et son odeur n'était peut-être pas suffisant pour que… : « Jean ! Relaxe ! Puisque je te dis que personne ne va me reconnaître ! Profite de la fête ! Et essayons de te trouver un mec ! » Jean roula des yeux : « Mais bien sûr, t'as l'air de croire que ça court les rues un Omega mâle qui en plus serait à mon goût… » Eren avait déjà saisi une coupe de champagne et son regard émerveillé dévorait la salle des yeux.

Lustres en cristal, dalles marbrées, gigantesques portes vitrées, argenteries, vêtements somptueux. Un gala de nobles dans toute sa splendeur. Impossible pour un enfant de la rue, comme l'était Eren de ne pas en avoir plein les mirettes. Jean ne put s'empêcher de l'admirer un instant. Des traits fins, des yeux rieurs d'un splendide vert émeraude au creux desquels étincelait une tâche dorée qui parfois pouvait prendre la teinte de la lave en fusion. Il avait les cheveux couleur chocolat et la peau hâlée. Jean se sentit tout à coup encore plus angoissé. Eren était bien trop beau pour n'être qu'un simple Bêta, tout le monde allait s'en rendre compte…Jean avait même déjà l'impression de sentir peser sur eux leurs regards inquisiteurs…

Comme s'il avait lu dans ses pensées Eren fronça les sourcils et s'écria : « Tu commences sérieusement à m'agacer à t'inquiéter comme ça ! Pète un coup !

- Eren, ici, personne ne parle de ses flatulences…tu voulais voir à quoi ressemblait une soirée de nobles ? Alors essaie au moins de te comporter comme l'un d'entre eux… » D'un vague geste de la main Eren lui indiqua qu'il ne l'écoutait déjà plus : « Oui, oui j'ai compris. Tu sais, oublions un peu le fait de te trouver un copain ! Je veux dire, tu cherches clairement l'impossible ! Un mâle Omega, qui te plaise et qui puisse supporter le fait que tu sois aussi casse-pieds ?! Soit réaliste mon pauvre Jean, tu finiras tout seul... » Jean saisit une coupe de champagne à son tour et d'un sourire parfaitement hypocrite il répliqua : « Va te faire foutre Eren Aurions. Avec toutes mes amitiés. » Eren explosa de rire : « Je croyais qu'on devait être poli ! Et si quelqu'un t'avait entendu ?!

- J'aurais alors continué en disant que je planifiais à haute voix le reste de notre soirée en amoureux… » Eren plissa le nez et agita la tête : « Coucher avec toi, ce serait comme coucher avec Armin ou mon père. » Jean haussa les épaules : « A ce qu'il parait ce sont des choses qui se font chez certaines familles nobles…

- Berk…

- Je ne te le fais pas dire… » Eren jeta encore quelques coups d'œil à la salle, aux invités puis il commença à trépigner sur place. Jean connaissait ce regard, il espérait seulement que l'excitation d'Eren ne finirait pas par leur apporter les ennuis qu'il n'avait cessé de voir venir des kilomètres à la ronde depuis leur arrivée dans cette salle de bal. Non, il savait qu'il allait regretter sa décision même avant ça. Jean l'avait su dès qu'Eren avait appris qu'il y aurait un gala et qu'il s'était ingénument exclamé : « Et si tu m'y emmenais ?! ».

Eren s'approcha un peu plus de lui et lui saisit à nouveau le bras, comme il voyait certaines potiches le faire. C'était presque hilarant quand on savait que même le grand Alpha à la tête du Conseil de l'Ordre n'arriverait sûrement pas à lui faire ployer l'échine… : « C'est parti Jean ! Raconte-moi tout ce que tu sais sur ce beau monde !» Eren se comportait comme s'il était au zoo…Jean commençait sincèrement à se demander si Grisha savait vraiment ce qu'il faisait en tenant Eren à l'écart du beau monde…ça lui donnait un caractère aussi excentrique que celui pour lequel était réputé le Docteur Jaëger. Bien qu'il ait décidé de le rendre invisible aux yeux de la Haute société pour d'évidentes questions de sécurité, il était déjà clair comme de l'eau de roche qu'Eren ne pourrait jamais plus entrer dans le moule…

Et puis ça n'aurait pas été plus mal qu'au moins l'un de ces deux-là n'aient pas une réputation de désaxé…

Pourtant, comme à chaque fois, Jean se plia aux quatre volontés d'Eren et joua le jeu. Il entreprit de lui parler de tous les invités qu'il connaissait, de leurs fonctions, des potins qui circulaient à leur sujet, de qui allait sûrement épouser qui, de ce qui en découlerait comme alliance, tout en usant de la voix guindée et terriblement grinçante du 'gay qui adore les ragots de couloir'. Eren riait, soufflait du nez ou ricanait selon l'anecdote. Au final, même Jean s'amusait tellement qu'il ne vit pas le temps passer. Ils se retrouvèrent, en même temps que deux ou trois autres couples sur la grande terrasse à prendre l'air un peu avant 23h. Et cela faisait déjà près de deux heures que Jean jouait les guides sans s'en lasser. Il allait demander à Eren s'il était satisfait de son petit tour de piste et s'ils pouvaient enfin s'éclipser quand celui-ci se figea à ses côtés.

Jean suivit son regard, intrigué.

Puis il renifla et agita la tête : « Oh mais bien sûr ! » Pour celui-ci, il n'allait pas prendre de voix débile. C'était un trop gros poisson. Alors il exposa simplement : « Tu as de la chance. Ce n'est pas si souvent que son Altesse daigne nous honorer de sa présence… » Eren savait sans doute que Jean n'avait donné ce titre à l'homme que par raillerie. Après tout, la royauté avait été renversée et abolie depuis des siècles et des siècles. Le seul pays qui possédait encore un Roi était sous la coupe d'un terrible tyran. Kenny Herr, Roi de Kämpfer Wiedergeburt ou K.W pour les gens qui voulaient se la jouer cultivé, et l'Enfer pour tous les autres. Un pays où les 'Dégénérés', appelés les 'Darks', faisaient la loi et où les habitants normaux servaient littéralement de garde-manger pour monstres affamés.

Après mûre réflexion, Jean trouvait que ce titre allait comme un gant à l'homme qu'ils dévisageaient sans ciller.

Livaï Ackermann. Un Alpha d'1m67 à peine mais en qui était concentré une telle quantité de pouvoir qu'on avait même songé à inventer un Niveau de puissance qu'on n'utiliserait que pour le désigner. Son Chorus de Psyché était renommé dans tout le pays. Et personne n'ignorait non plus toutes les folles histoires qui circulaient à son sujet. Austère, rigide, insensible et excentrique, il était sans doute le noble le plus étrange après Grisha Jaëger ou Hanji Zoé. Sa chevelure noire corbeau était taillée en une undercut nette. Une coiffure que peu de personnes osaient porter parce qu'elle laissait leur Chorus parfaitement visible, à la vue et au su de tous. Or, par principe, tout le monde faisait en sorte de garder les cheveux mi- longs ou longs, par pudeur et par crainte aussi qu'un jour ce fameux Chorus ne se mette tout à coup à changer de couleur… La voix d'Eren le tira de ses sombres pensées : « Comment il s'appelle ? » Jean déclama à la manière du héraut : « Livaï Ackermann premier du nom. Fils d'absolument personne. Alpha de Niveau 5. » Les yeux d'Eren s'illuminèrent et il répéta dans un souffle : « Niveau 5… » Et là Jean sut, au moment même où ces mots quittaient ses lèvres, qu'ils allaient avoir des ennuis.

Avant qu'il ne puisse lui retenir le bras, Eren était déjà en train de se diriger vers Livaï et Hanji Zoe.

Ces deux-là se connaissaient depuis quasiment toujours et bien qu'Hanji soit un peu (beaucoup) réputée pour être complètement barjo, elle faisait l'objet de nombreuses convoitises et faisait la fierté de sa famille. Il était aussi rare de rencontrer un si beau Mix, Catégorie Alpha de Niveau 4 qu'il l'était de rencontrer un Alpha de Niveau 5. En général, les éléments de pouvoir avaient tendance à refuser de se mélanger. L'enfant d'un Chorus de type Eau et d'un Chorus de type Vent s'avérait soit du premier, soit du second. Mais pas Hanji. Elle était ce que les médecins appelaient une 'Mousson' et conjuguait par conséquent les pouvoirs d'Eau et de Vent sans pouvoir utiliser aucun des deux. Sa 'magie' était unique en son genre, c'était un élément à mi-chemin entre l'un et l'autre.

Sa particularité magique était sans doute la raison pour laquelle on tolérait aussi bien sa présence aux côtés d'un spécimen de niveau 5 comme l'était Livaï.

La plupart des gens s'attendaient même à ce qu'un jour, ils décident de se marier…

Lorsqu'ils arrivèrent à leur hauteur, Livaï et Hanji mirent fin à leur conversation. Eren et Jean n'en avaient à peine entendu qu'un bout mais ça avait l'air de parler de langue de bœuf et d'abats humains. Jean préféra se dire qu'ils avaient mal entendus. Les regards de leurs vis-à-vis étaient déjà bien assez embarrassants à supporter, sans qu'en plus il y ajoute le malaise de penser qu'ils étaient en train de parler de manger l'un des convives présents dans les jardins en contrebas….

Hanji Zoe était coiffée d'une haute queue de cheval dont plusieurs épis fous s'échappaient, son regard marron qui tirait vers l'ambre se posa sur eux et une lueur étrange le traversa. Jean eut envie de rebrousser chemin sur le coup. C'était un peu comme si elle voyait à travers les vêtements, non, bien plus loin que ça, à travers la peau. Et qu'elle décortiquait soigneusement chacun de vos muscles mis à nu, comme un rapace dépècerait sa proie.

Mais bien entendu, Eren était parfaitement imperméable à tout ça.

Lui, il n'avait d'yeux que pour Livaï. Quelle ne fut pas la surprise de Jean lorsqu'il se rendit compte que l'intérêt que portait Eren lui était rendu ! D'autant plus que Livaï était réputé pour son indifférence pathologique. Pourtant, il était indéniable que son perçant regard bleu acier était résolument braqué sur celui d'Eren…qui ne baissait toujours pas les yeux ! Nom d'un chien ! Jean lui tira la manche d'un geste brusque qu'il espérait discret. Même entre Alphas on respectait une certaine hiérarchie, surtout lors des présentations. Bien que beaucoup d'invités ce soir soient plus âgés, plus riches, plus influents que l'était Livaï, aucun n'aurait hésité une seconde avant de baisser le regard en sa présence…c'était instinctif. C'était inscrit au plus profond de leurs gènes. Le dominant et le dominé. Les bêtes qui sommeillaient en chacun d'entre eux y portaient une importance capitale…

Celle qui dormait en Eren devait être déjà morte à sa naissance. C'était pour ça qu'il n'avait absolument AUCUN instinct de survie.

Finalement, Eren capta le message et détourna légèrement les yeux. Jean pria pour que le mal ne soit pas déjà fait. Mais bon, les Alphas qui avaient déjà perdu un membre à cause de ce genre de manquement n'avaient même pas eu le temps de voir le coup venir. Alors si Livaï n'avait pas encore sorti les griffes et les crocs pour amputer Eren d'un œil c'était forcément que celui-ci n'avait pas soutenu son regard assez longtemps pour qu'il y ait affront. Une voix un peu nasillarde et extrêmement enjouée ramena Jean à la réalité : « Bonsoir, Eren. » Jean redressa la tête d'un coup, effaré. Hanji Zoe connaissait Eren… ?! Eren sourit : « Bonsoir Hanji ! » Jean se hâta d'intervenir pour les empêcher d'entamer un sujet qui pourrait s'avérer épineux : « Bonsoir, je m'appelle Jean Kirstein et voici Eren Aurions, un ami Bêta à qui j'ai voulu faire découvrir un peu le beau monde… » Il espérait que si elle le connaissait, ne serait-ce qu'un peu, alors Hanji saurait aussi à quoi s'en tenir et qu'elle capterait son message subliminal...

Elle acquiesça gravement de la tête : « Oh ! Je vois…Eren Aurions donc… » Livaï était toujours silencieux. Son regard n'avait pas une seconde cessé de scruter Eren. Pendant un instant, Jean eut l'impression de sentir l'incroyable tension qui s'était élevée entre eux comme si elle s'était matérialisée en champ électrique palpable. Il déglutit, peut-être qu'il avait tout faux, peut-être que Livaï était une putain de bombe à retardement et que d'une minute à l'autre il allait bondir sur Eren…Jean serra le poing, il était prêt à protéger Eren de sa vie s'il le fallait vraiment…mais il espérait VRAIMENT ne pas avoir à en arriver là. Il avait entendu dire que Livaï possédait toutes les Capacités inhérentes aux Chorus de Psyché, il était Télépathe, Télékinésiste et capable de vous manipuler comme une marionnette…sans même avoir besoin de vous toucher.

Hanji intervint à nouveau, visiblement assez amusée par la situation : « Hum…j'étais certaine qu'Eren avait quelque chose à nous dire mais j'ai dû me tromper visiblement…Tu avais l'air tellement décidé en arrivant… » Eren sembla tout à coup retrouver sa langue, même s'il était étrangement mal à l'aise : « Je t'ai reconnue alors j'ai juste voulu dire bonjour… » Hanji sourit d'un air avenant : « Tu vois Livaï, Eren que voilà est pour moi l'un sept plus grand Mystère de Stohess ! Ce garçon se trouve toujours dans les endroits les plus inattendus. Je ne sais pas qui il est et à vrai dire, il pourrait être n'importe qui. Mais il traîne absolument avec tout le monde… » Eren ricana : « Je ne suis pas si mystérieux que tu veux bien le croire Hanji…juste un enfant des rues qui a eu la chance de tomber sur la bonne personne au bon moment…

- Oui, le docteur Grisha, mon mentor, tu souviens que je t'en ai parlé Livaï? Sa femme était une Omega, elle était née à Shinganshina, dans les bas-fonds. Un jour qu'elle avait besoin d'argent, elle a choisi de se faire recenser par le gouvernement. Malgré son âge avancé, elle avait vingt ans si je me souviens bien de l'histoire, elle a été adoptée et a rencontré Grisha Jäeger lors d'un gala comme celui-ci. Et ça a été le coup de foudre. Mais personne ne pouvait ni comprendre, ni même arrêter Carla quand elle avait une idée en tête. Elle a pris la décision de retourner vivre à Shinganshina et d'y aider les pauvres gens. Grisha fou d'amour l'y a suivie. Ils ne faisaient plus que passer à Stohess de temps en temps et géraient les multiples hôpitaux possédés par la famille Jaëger…Même si Carla est morte, assassinée par l'un des seuls Dégénérés de niveau 5 que l'Histoire ait jamais connue, Grisha a continué d'œuvrer pour les pauvres… » Eren hocha de la tête, comme si elle était en train de résumé une anecdote anodine : « Et c'est là que j'entre en piste. Le Docteur Jaëger est très connu et respecté à Shinganshina. Sans lui, je ne serais sûrement pas de ce monde…disons qu'il me laisse faire un peu tout ce que je veux…peut-être parce qu'il ne peut pas se permettre de gâter son fils comme il le voudrait vraiment ? Je suis sûrement une sorte de substitut… » Tout le monde savait que l'enfant qu'avaient eu Grisha et Carla Jaëger était déficient.

Tout le monde ignorait juste dans quelles mesures. Etait-il difforme ? Débile ? Ou pire encore…était-ce comme beaucoup le chuchotait en sous-main, un Dégénéré de naissance ? Hanji doutait grandement de cette dernière hypothèse, la femme de Grisha Jaëger avait été sauvagement tué par l'une de ces créatures, fils ou non, l'homme ne prendrait pas le risque d'élever un tel monstre. Et puis, il savait ce qu'il encourrait si le Bataillon Ailé apprenait qu'il avait dissimulé un enfant Dégénéré…

Jean était visiblement très mal à l'aise en leur compagnie : « Bien, maintenant qu'Eren a pu dire bonjour à Hanji, je pense que nous allons... » Hanji lui coupa la parole : « Je connais moi aussi du monde à Shinganshina depuis que je suis devenue l'apprentie du Docteur. Et figurez-vous que ce soir, une fête démentielle a lieu chez un de mes amis. Est-ce que ça vous dirait de venir avec nous ? » Jean ne sentait absolument pas ce plan, il s'apprêtait à refuser poliment quand Eren demanda : « C'est quoi le nom de ton ami ? » Avant même qu'Hanji ne réponde, une voix grave et suave demanda à son tour : « Qu'est-ce que ça peut te faire ? Shinganshina est immense. Tu ne connais sûrement pas le nom de tous les habitants… » Eren haussa un sourcil.

Jean lui tira la manche comme pour lui faire comprendre qu'en général lorsqu'un Alpha se montrait légèrement revêche ou autoritaire envers un Bêta comme il était censé l'être putain de merde ! Ce dit Bêta baissait au moins un peu la tête et qu'il ne répondait surtout pas à la provocation… Eren croisa les bras et répliqua : « Dis toujours Hanji, je pourrais vous étonner... » Hanji ricana : « Oh ! Mais mon petit Eren, je crois que c'est déjà le cas ! C'est la première fois que quelqu'un réussi à inspirer une réponse de plus de deux mots au Prince Grognon dans ce genre de gala… » Livaï croisa les bras à son tour : « Hmpf… » Jean écarquilla les yeux en détaillant les muscles plutôt saillants qui se dessinaient sous ses yeux. Il n'avait ABSOLUMENT aucune envie de se prendre un coup de poing de la part de ce type…au diable sa petite taille. Jean se promit de ne plus jamais se moquer de lui en secret…Hanji déclara : « On va chez Frédéric Berr…

- Oh ! Le fils aîné d'Hanneth ? J'ai aussi entendu parler de cette fête… » Livaï intervint à nouveau, presque dédaigneux : « … mais comme Berr n'a pas cru bon d'inviter des gamins, vous vous êtes retrouvés à déambuler dans un gala tout pourri… » Hanji posa un regard faussement étonné vers son compagnon : « Attention mon chou, tu risques de griller ton crédit verbal du mois en une fois…

- La ferme Quatr'yeux.

- T'es cruel ! Ils ne savaient pas eux que je portais des lunettes ! » Eren avait froncé les sourcils : « Tu vois Jean, t'es bien le seul à t'inquiéter de la politesse ici… » Hanji agita la main : « Livaï ne compte pas ! Il a beau avoir passé bientôt l'autre moitié de sa vie parmi les gens de la Haute, il continue de parler comme il le faisait quand il vivait à Shinganshina à l'époque…

- Qui t'as dit de leur raconter ma vie ? Hein ? » L'aura qui entourait Livaï devint glacial mais Hanji se contenta de rire comme s'il venait de faire une blague. Jean se fit la réflexion qu'il venait sans doute de trouver une autre personne qui n'avait absolument AUCUN instinct de survie… Eren les interrompit : « Mais pour répondre à son Altesse Livaï, qui n'a jamais dû quitter sa petite tour doré depuis qu'on l'a sacré Alpha, il n'y a pas besoin d'invitation pour se rendre à une fête de ce genre. On y va et c'est tout. Personne à Shinganshina n'a les moyens de se payer de videurs. » L'adolescent avait presque l'air narquois lorsqu'il ajouta : «…et la raison pour laquelle je me trouve ici, c'est parce que contrairement à un gala, des fêtes comme celle de Frédéric, j'en ai déjà vécu des tas…

- Tu n'arriveras pas à me faire croire que t'as plus de douze ans, morveux…

- J'ai une peau de bébé, ça ne veut pas dire que j'en suis un. Toi qui est si instruit et tellement classe, tu n'as jamais entendu le proverbe, l'habit de ne fait pas le moine ? » Leurs regards lançaient des éclairs. L'atmosphère entre eux était clairement électrique. Jean avait envie d'hurler, d'agripper Eren par le bras et de s'enfuir en courant. Mais quelle mouche l'avait piquée ?! Est-ce qu'il voulait déclencher une guerre mondiale ? Hanji s'exclama : « Ouah ! L'ambiance entre vous deux est…survoltée ! Si on m'avait dit un jour que je verrais un Bêta qui puisse…

- Eren ! Je ne veux pas casser l'ambiance mais j'ai promis au Docteur de te ramener, sain et sauf…tu sais très bien que son fils ne supporte pas quand tu t'en vas trop longtemps ! » Un rictus se dessina sur les lèvres de Livaï : « Ecoute donc ton baby-sitter Aurions et rentre sagement torcher les fesses du gamin de ce bon vieux Docteur… » Eren serra le poing : « Je viens avec vous. » Jean s'étrangla à moitié : « Quoi ?! Non ! » Livaï paraissait de plus en plus amusé et une lueur bleutée dansait dans son regard d'acier : « Qu'est-ce qu'il t'arrive Kirstein ? C'est un Bêta, non ? Alors pourquoi est-ce que tu ne lui ordonnes pas de te suivre, tout simplement ? Après tout, tu es un Alpha. De niveau 4 en plus… » Jean essaya de ne pas perdre la face.

Il prit un air outré : « Parce qu'à moi, on a appris la politesse Ackermann ! On ne peut pas utiliser son Commandement d'Alpha à tout va pour ordonner aux gens de faire nos quatre volontés. C'est malpoli et très mal vu ! » Hanji joignit les mains comme pour prier : « Amen Kirstein. Amen. S'il t'écoutait, il arrêterait d'utiliser le pouvoir de son Chorus pour me faire taire…c'est super vexant !

- Tu me cherches. Et tu ne t'arrêtes jamais de parler quand je le demande gentiment…

- Livaï, combien de fois il faut que je te le dise ? Nous avons été dotés de la parole pour une raison bien précise et c'est celle d'exprimer notre pensée profonde et bien entendu de …

-…Hanji la ferme. » Eren et Jean sentirent comme un courant d'air glacial leur courir sous la peau. Leurs poils se hérissèrent et une lueur violette passa dans le regard d'Hanji. Sa bouche se referma d'un coup sec. Jean était terrifié. Est-ce que ce type venait vraiment, là comme ça, de faire usage de ses pouvoirs ?! Hanji paraissait courroucée mais elle ne pouvait toujours pas desserrer les lèvres…

Eren de son côté n'avait pas l'air de vouloir saisir les enjeux de la situation, il s'écria visiblement admiratif : « C'est trop génial ! T'as vu ça Jean ?

- Oh oui, j'ai vu. C'est très exactement le genre de démonstration qui en général te font te dire qu'il ne faut ABSOLUMENT pas que t'ais le moindre rapport avec ce type de psychopa …

- Quand est-ce que vous partez pour la fête ?

- …et tu ne m'écoutes pas du tout. Comme d'habitude… » La lueur violette quitta les prunelles d'ambre d'Hanji. Elle lança à peine un regard noir à Levi et répondit, toute sa bonne humeur déjà retrouvée, comme si elle avait l'habitude d'être muselée : « Tout de suite ! Venez avec nous en voiture, ce sera plus sympa ! » Jean était sûr maintenant qu'ils n'avaient absolument pas la même définition du mot sympa.

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Hanji parlait tellement que le trajet avait été moins terrible que ce à quoi Jean s'était attendu.

Pendant tout ce temps, Livaï s'était contenté de fixer sa vitre d'un air ennuyé et d'y regarder défiler les paysages. En réalité, il n'y avait eu qu'Eren pour écouter et répondre aux délires d'Hanji. Une fois qu'ils furent arrivés non loin des lieux où se déroulait la fête, celle-ci déchira une bonne partie de sa robe de soirée pour se donner un air beaucoup plus négligé. Livaï se contenta d'ôter sa lavallière, d'enlever sa veste et d'entrouvrir sa chemise. Même Jean se retint de déglutir face à tant de sexe attitude. Il tourna les yeux quand un mouvement attira son regard vers Eren. Celui-ci était en train d'utiliser un couteau, que Jean ignorait en sa possession, pour lacérer son pantalon et ôter les manches de sa veste. Jean essaya de ne pas verser une larme en pensant au prix que lui avait coûté cette tenue. Eren semblait frapper au hasard mais à la fin il avait réussi à se donner un air sauvage qui transpirait la sensualité. Hanji siffla son appréciation et Jean s'imagina ce qu'allait lui faire subir le docteur Grisha à leur retour…

Il était tellement préoccupé qu'il ne remarqua pas la lueur flamboyante qui s'était allumé dans les regards d'Eren et Livaï alors qu'ils se dévoraient des yeux.

Le volume des enceintes était à fond. Aucun voisin n'allait s'en plaindre. La fête organisée par Frédéric Berr se déroulait dans un coin désaffecté de Shinganshina. L'un de ses lieux maudits où quelques mois auparavant, des Dégénérés avaient attaqués et tués plusieurs dizaines de citoyens. Un évènement tragique qui dissuaderait pendant un certain temps tout nouvel habitant d'investir les lieux mais qui du coup laissait le champ libre à une jeunesse en quête de sensation forte et de débauche pour organiser des soirées démentielles tout en usant de peu de moyens financiers.

L'endroit était noir de monde. On dansait, buvait et se bécotait à chaque endroit où Eren pouvait poser les yeux.

Le son était si fort qu'il n'entendit pas un traitre mot de ce que disait Hanji. Elle avait l'air survoltée et gesticulait dans tous les sens tout en sautillant sur place. Elle montra d'un grand geste le coin bar et Eren comprit qu'elle allait se chercher de quoi boire. Elle attira Jean à sa suite dans un élan d'hystérie. Son ami lui jeta un regard désespéré tout en disparaissant dans la marée humaine de corps en mouvement. Eren ne put retenir un éclat de rire. Jean s'inquiétait vraiment pour rien. Il connaissait le quartier comme sa poche, il n'aurait aucun mal à retrouver tout seul et à pieds le chemin de sa maison. Et plus important, personne à Shinganshina ne lui ferait jamais aucun mal…

Il posa les yeux sur Livaï alors qu'une nouvelle musique, aux consonances électro retentissait. Eren ne pouvait pas en expliquer très exactement la provenance mais il sentait comme une atmosphère électrique entre eux depuis qu'il avait posé les yeux sur cet homme. Il savait que Livaï était différent sans pouvoir se l'expliquer. Absolument chacune de ses cellules entraient en ébullition à chaque fois que leur regard se croisait. C'était étrange et grisant. Eren adorait les sensations fortes et alors même qu'ils ne se touchaient pas encore, Livaï était déjà en passe de devenir sa drogue préférée. Il n'avait jamais croisé d'Alpha de Niveau 5 avant ça, peut-être était-ce la raison pour laquelle il lui faisait cet effet ?

Au fond, Eren se fichait éperdument des raisons pour laquelle il se sentait aussi bizarre.

Tout ce qu'il savait c'était qu'il ne reverrait sans doute jamais Livaï Ackermann de sa vie. Leurs deux mondes étaient si différents l'un de l'autre qu'ils n'avaient aucune autre chance de voir une telle occasion se représenter. Eren était du genre à profiter de ce genre d'instant volé. Surtout s'il n'arrivait qu'une seule fois de toute une vie. La musique commença à lui vibrer dans les os alors que les basses accéléraient son rythme cardiaque. D'un large sourire il invita Livaï à se joindre à lui sur la piste. Suggestion muette qui fit ledit Livaï légèrement écarquillé les yeux avant de nier de la tête. Eren eut l'impression qu'il essayait de lui faire comprendre qu'il ne savait pas danser mais il choisit de faire comme s'il ne saisissait rien et l'attira à sa suite en lui agrippant le poignet.

Aussitôt que leur peau fut en contact, un délicieux courant électrique traversa Eren de part en part. Il frissonna de plaisir. Les Alphas, c'était clairement autre chose ! Et non, il ne pouvait pas considérer Jean comme un Alpha, il l'avait déjà humilié trop de fois pendant leur entraînement en duo pour le prendre au sérieux…Livaï parut lui aussi ressentir cette décharge. Sa résistance s'en retrouva amoindri et avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait il fut englouti par une vague de corps en mouvement. Sa seule bouée de sauvetage ? Ce garçon bizarre qui lui souriait de toutes ses dents. Eren lui agrippa le poignet plus fermement et comme pour lui montrer comment faire commença à suivre les ondulations et les rebonds de la foule. Son corps tout d'abord un peu maladroit prit très vite le rythme et bientôt chacun des battements de basse de la musique parurent se répercuter dans ses pas.

Tantôt sensuels et lents, puis ondoyants, les gestes d'Eren finirent par l'envouter totalement. Ils étaient au cœur d'une foule de monde mais Livaï ne voyait plus que ses membres déliés, ses parcelles de peau illuminées par la lumière bleue qui rendaient brillants le blanc et les couleurs. Eren paraissait sorti tout droit d'un rêve érotique. Quand la musique changea soudain de tempo pour devenir lancinante et que la voix grave du chanteur commença à s'envoler sur un rythme bien plus chaud, Eren se rapprocha dangereusement de lui. Leurs corps entrèrent en contact et Livaï sentit tous ses muscles se contracter.

Une chaleur indescriptible venait de l'envahir. Etait-ce la température naturelle d'Eren ? Il devait avoir un Chorus de Feu, c'était à n'en pas douter. L'adolescent lui passa les mains à l'arrière de la nuque et la lui effleura d'une exquise caresse alors que son bassin commençait à onduler contre le sien. Il caressa ensuite les bras de Livaï sur toute leur longueur, lui saisit les mains et les plaça ses hanches. En quelques instants, le rythme endiablé des tambours qui battaient la mesure des basses de la nouvelle phase musicale s'était imposé comme une évidence et Livaï se retrouva à bouger sur le rythme du corps bouillant qui le guidait sur le tempo. Leurs regards se fondirent l'un dans l'autre. Livaï retint son souffle quand la tâche dorée qui se trouvait au centre des pupilles vertes s'illumina d'un orangé hypnotisant. Il avait eu raison, un Chorus de Feu…Eren lui sourit et Livaï pu détailler sa bouche, ses canines étaient saillantes et ses lèvres incroyablement pulpeuses.

Qu'on le damne si ce gars était vraiment un Bêta.

Livaï n'avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle un Alpha comme Eren se planquait dans les bas-fonds et actuellement il s'en fichait pas mal. Tout ce qui importait c'était l'incroyable sensation qui lui assaillait les tripes et lui retournait si agréablement l'estomac. La musique changea à nouveau et se fit plus mouvementée, Eren continua de l'entraîner dans ses pas. Livaï n'avait jamais été aussi à l'écoute de son corps et de ses instincts. D'ailleurs il ne s'était jamais laissé aller de cette manière. C'était peut-être parce qu'il s'agissait d'un inconnu complet, d'un type un peu louche qu'il ne reverrait jamais de sa vie. C'était peut-être aussi parce que toute cette scène allait délicieusement à l'encontre de l'ordre préétabli. Cet ordre qui tendait tellement à le rendre malade ces jours-ci…

Oui, Eren était sûrement un Alpha. Peut-être même de Niveau 4, tout comme Jean. Ce qui expliquait pourquoi il ne lui obéissait pas du tout et s'était évertué à défier Livaï… quoiqu'il soit en train de se passer entre eux, c'était sans avenir et passablement tabou. Parce qu'aucune descendance n'en résulterait.

C'était plus excitant que tout ce que Livaï avait déjà vécu de toute sa vie.

Eren se retourna et colla les fesses contre son bassin avant de lentement descendre les hanches sur le rythme saccadé des basses de la chanson qui venait de débuter. Livaï se retrouva à suivre le mouvement sans même réfléchir, se refusant à perdre la connexion qui s'était établie entre leur deux corps. Les mains posées sur l'adolescent il se sentit brûler du désir de le contrôler et de s'approcher encore et encore jusqu'à laisser son empreinte imprimée sur sa peau. Eren rejeta la tête en arrière et Livaï posa les lèvres à la base de son cou sans même y penser. Ce fut à cet instant précis que le parfum le plus ensorcelant de l'univers lui emplit les narines. Il sentit son esprit partir à la dérive et ses canines lui percèrent soudain la lèvre inférieure. Eren fit volteface, une étrange lueur dans le regard, la musique importait peu à présent, ce qui comptait c'était les frictions de leurs deux corps et la pression de ses doigts contre ses hanches.

Eren se pencha et l'embrassa.

Livaï eut un très léger mouvement de recul avant que son instinct ne prenne totalement le dessus. Il sentit un lourd grondement lui rouler dans le torse avant de lui franchir les lèvres. L'une de ses mains quitta la hanche qu'elle comprimait pour venir empoigner les cheveux de son partenaire et doucement lui tirer la tête vers l'arrière. Livaï captura les lèvres entrouvertes qui s'offraient à lui et sans même prendre la peine de réfléchir il se retrouva à caresser sa langue de la sienne. Leurs deux langues s'engagèrent dans une lutte rythmée. Elles s'effleurèrent, se frôlèrent et s'enroulèrent. Puis celle d'Eren cessa soudain leur ballet sensuel pour venir lécher ses canines. Le parfum enivrant qui l'avait assailli quelques minutes plus tôt devenait de plus en plus suffocant.

Si envoutant en réalité que Livaï en perdit pieds et tout sens de la réalité.

Lorsqu'il reprit un semblant de conscience, ils se trouvaient tous les deux dans sa chambre.

Chez lui.

Et il était incapable de se souvenir de la manière dont ils avaient bien pu faire tout ce trajet. Après tout, c'était Hanji qui avait la voiture... Eren était en train de l'embrasser avec ardeur alors que Livaï le déshabillait d'une main fébrile. Quand l'un des boutons de la chemise qu'il tenait entre ses doigts lui résista, Livaï se contenta de l'arracher d'un geste brusque. Suivant son exemple, Eren les yeux pétillants de passion, arracha les quelques vêtements qui se dressaient encore sur sa route.

En quelques minutes ils étaient nus, allongés sur le large lit de Livaï et frottaient leurs deux membres érigés l'un contre l'autre avec avidité.

Des irruptions de laves avaient remplacés le sang qui coulait dans ses veines. Il suait et haletait alors que des flammes de plaisir pur consumaient sa raison. Il n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de se passer mais il avait l'impression d'être sous l'emprise d'une drogue particulièrement puissante. Impossible de penser ou même de formuler la moindre idée cohérente. Un désir primal et impérieux s'était emparé de son être tout entier. Prendre, réclamer, posséder. Tout de suite. Il souleva légèrement les jambes d'Eren avant de les écarter pour se libérer une place entre ses cuisses. Son regard se délecta de la vision de ce corps tremblant et haletant qui frissonnait de désir sous son poids. Sans même s'assurer qu'il était prêt, Livaï pénétra l'antre bouillant et humide qui frémit sur son passage. Eren poussa un long râle rauque avant de le supplier d'une voix essoufflée : « C'est… c'est si bon !... Ah ! T'es si…j'en…j'en veux plus… Livaï, bouge… » L'adolescent avait agité les hanches à ces mots et une nouvelle décharge électrique avait traversé tout le corps de Livaï. Une toute minuscule part lui-même lui hurlait que quelque chose clochait. Que c'était trop simple. Surtout pour deux Alphas. Un détail faisait tâche dans les informations qu'il pensait posséder au sujet de son partenaire…

Mais cette part raisonnable n'avait pas voix au chapitre.

L'instinct et le désir avait pris le pas sur tout le reste.

Cette sensation était tout simplement céleste. Cette chaleur, la moiteur, les palpitations contre son entrejambe dressé. De mémoire Livaï n'avait jamais été aussi excité, ni aussi dur de sa vie. L'odeur qui continuait de lui tourner la tête, lui donnait des envies irrationnelles. Mordre, posséder. L'urgence de son désir était presque douloureuse. Il n'avait jamais rien connu de tel. Il s'empala le plus profondément possible, arrachant un cri de douleur à Eren. L'adolescent lui enfonça les griffes dans le dos avant de descendre les mains vers ses fesses et de lui intimer d'une pression de recommencer. Livaï ne se fit pas prier. Il entama de brusques mouvements de va-et-vient. Les cris qu'il parvenait à arracher à son partenaire l'enflammait un peu plus à chaque coup de butoir : « Ah ! Oui, continue, encore, plus fort…oui ! Encore… » La voix d'Eren lui faisait l'effet d'un aphrodisiaque, ses gémissements le portait au bord de l'évanouissement.

Et puis il y avait ce parfum, divin, étouffant…

Ce soir-là, Livaï avait été incapable de compter combien de fois ils avaient couché ensemble. Combien de fois la voix enrouée et suppliante d'Eren était parvenue à raviver ses ardeurs comme s'ils ne venaient pas tout juste de s'adonner à la partie de jambes en l'air la plus éprouvante et passionné de leur vie. Il avait été comme pris de frénésie, prisonnier d'un tourbillon sans fin. Tout lien avec sa raison, sa conscience ou toute autre instance de réflexion avait complètement été coupé par son appétit sans fin pour le corps qu'il avait fait ployer sous ses caresses.

Quand ils s'étaient enfin endormi, il faisait presque jour dehors.

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Livaï ouvrit les yeux sur le plafond de sa chambre.

Blanc. Immaculé.

Il avait des courbatures et se sentait complètement vidé. Il était épuisé et avait l'impression de se remettre de la pire gueule de bois de son existence. Il avait froid. Très froid. Il fronça les sourcils et tapota ses côtés. Il y avait quelque chose avant, quelque chose qui recouvrait une partie de son corps et dont l'incroyable chaleur était…il s'assit d'un coup et grimaça. La chambre était vide. Son placard était ouvert. On avait visiblement pris l'un de ses pantalons et l'un de ses t-shirts. Les vestiges de leur tenue de la veille étaient encore éparpillés par terre. Une très légère trace du parfum d'Eren flottait encore dans la pièce.

Et déjà, Livaï ressentait les effets du manque…

Bon sang !

C'était qui ce type ?

Et qu'est-ce qu'il s'était passé hier soir ?

Il se redressa et jeta rapidement un œil à son appartement. L'adolescent n'avait absolument rien volé. A part bien sûr des vêtements de rechange. A part ça, il s'était contenté de se volatiliser... Ils avaient sans doute vécu la meilleure nuit de leur vie et lui, il s'enfuyait sans rien dire ? Livaï se fit violence pour ne pas mal le prendre ou ne pas se sentir blesser dans sa fierté. Mais en réalité, il l'était. Ce qu'ils avaient partagé, s'il n'était pas devenu complètement fou…c'était spécial, non ? Livaï n'avait jamais entendu parler de deux Mates (ou Ames Sœurs) qui seraient tous les deux Alphas mais…ce ne serait pas la première chose qui ne tournerait absolument pas rond chez lui. Si Eren l'avait ressenti lui aussi, cette certitude, cet irrépressible besoin, alors … pourquoi avoir pris la fuite ?

Sans même prendre la peine d'en discuter avant…

Les Mates étaient sacrés dans leur monde. Alors même s'ils étaient tous les deux anormaux, la société aurait compris que le lien qui les unissait était tout à fait acceptable…qu'importait leur Catégorie...

…une minute…

Livaï pensait déjà comme s'il avait vraiment envie de se retrouver lié à cet étrange gamin des rues…il devait se reprendre ! C'était encore ce foutu parfum qui parlait à sa place et lui mettait le cerveau en pagaille ! C'était les effets secondaires de cette nuit délirante qui lui donnait des idées farfelues. Mais à bien y réfléchir, Livaï n'avait absolument aucune intention de se retrouver marier avec qui que ce soit ! Sa vie lui plaisait telle quelle. Pour la première fois, il savait qui il était et où il allait. Il prenait à peine le rythme…

Il fallait vraiment qu'il se ressaisisse.

Hier soir, il avait voulu transgresser l'ordre établis et passer par-dessus ses obligations et ses responsabilités.

Cette nuit avait été incroyable.

Tout simplement…incroyable.

Et il n'en vivrait peut-être plus jamais d'aussi formidable mais…Eren avait bien fait de s'enfuir comme un voleur. C'était exactement ce dont ils étaient convenus sans même en parler au préalable. Cette incroyable tension sexuelle qui les avait pris aux tripes dès le premier regard, cette atmosphère surchargée en phéromones en tous genres…et enfin, le sexe. C'était une note de fin parfaite.

Pour la première fois Livaï avait agi de façon inconsidérée et s'était laissé aller.

Il avait même dansé !

Lui qui s'en croyait incapable !

Les nuits sans lendemain n'étaient pas dans ses habitudes mais la nuit dernière avait été une entorse exceptionnelle à ses habitudes…alors…il devait tirer un trait sur ce qu'il s'était passé. C'était une nuit sans conséquence, une anecdote épicée à raconter dans une soirée entre amis. Le meilleur coup de sa vie. Eren Aurions, l'un des sept Mystères de Stohess serait à jamais l'un de ces souvenirs on ne repense qu'au soir où on se sentait un peu seul et frustré. Mais qui en aucun cas n'ont le moindre impact sur votre vie de tous les jours.

Livaï se dirigea vers la salle de bain alors qu'il achevait de se convaincre qu'il était tout à fait capable de ne plus repenser à cette nuit que pour profiter de son souvenir.

Au bout d'un mois à peine, il dut se rendre à l'évidence. Il mourrait d'envie de revoir Eren.

Il s'était donc rendu à tous les galas possibles dans l'espoir de l'y croiser. Il avait interrogé Hanji et même Jean Kirstein. Mais ils lui avaient fourni la même réponse. Ils ignoraient où habitait Eren. Ils ne savaient pas non plus quel était son lien exact avec le Docteur Jaëger. Ils l'avaient juste vu de temps à autre en sa compagnie. Qu'ils mentent ou non, Livaï n'irait pas jusqu'à fouiller leur cerveau et risquer de leur infliger des lésions irréparables pour remettre la main sur son 'coup d'un soir'.

Même lorsqu'il se risqua à arpenter Shinganshina à la recherche de l'adolescent, celui-ci resta parfaitement introuvable.

C'était très exactement comme s'il n'avait jamais existé.

Au bout de trois mois de recherches infructueuses, Livaï dût se rendre à l'évidence. Qu'ils aient réellement été des Mates ou non, Eren avait visiblement décidé de ne pas le laisser entrer dans sa vie.

Livaï n'avait plus qu'à tourner la page.


En voila un prologue!

Alors qu'en avez-vous pensez? Des idées pour Eren? Que lui est-il arrivé? Qui est-il vraiment? (rire)

Qui a des idées de la façon dont ils vont se revoir par la suite? Je serais plus que choquée si quelqu'un réussi à trouver la réponse! (rire)

Sur ce, je vous laisse et me dirige lentement mais sûrement vers mon lit!

Plein de love sur vous!