Bonsoir,

Comment allez-vous ? Oui, cinq mois cette fois... Mais on y croit. Et dire que j'avais annoncé des chapitres de quatre mille mots... La blague, celui-ci en fait treize mille. Mais comment écrire dix ans de vie de notre cher Ron en si peu de mots ? Oui, je me suis enflammée en imaginant sa vie, et encore, je me suis contrôlée. Voici donc l'avant dernier chapitre.

Merci beaucoup pour vos commentaires qui sont de plus en plus nombreux, ça me touche.

Oh, et ce chapitre est classé M, l'histoire change de catégorie, vous êtes prévenus.

Réponses aux non inscrits :

SayuriUzumaki : Bonsoir ! Quel plaisir de voir que cette histoire reste en mémoire, et, c'est toujours un plaisir de voir Ron si apprécié. Je suis vraiment ravie de voir que ma vision d'un Ron à Serpentard est crédible. Et puis, si tu aimes le Dron, que demander de plus ? Merci beaucoup pour tes compliments, j'espère te retrouver pour celui-ci !

Na : Merci d'aimer cette histoire, et oui, si j'ai écrit cette histoire, c'est bien que Ron est le plus délaissé du trio, voir Harry ou Hermione dans une autre maison c'est courant, mais Ron ? Il fallait en parler. Concernant Draco, il n'a pas fini d'évoluer...

Lyly2171 : Rah, merci à toi aussi pour tes compliments, ça me touche !

Bonne lecture.


Mars 2004

« Tu as l'air anxieux. » Déclara Ronald.

Il déboucha la bouteille de vin, et, d'un geste simple du poignet, il versa l'alcool dans le verre du jeune homme. Faussement impassible comme à son habitude, Draco ne lui répondit pas. Il se contentait de garder sa posture noble et son costume élégant lui donnait des airs de grand seigneur qui impressionnaient toujours le roux. Mais ce dernier avait fini par comprendre qu'il s'agissait seulement du paraître.

Ron observa l'homme porter le verre à ses lèvres pour y boire une gorgée. Il attrapa le second verre pour se servir, puis alla s'installer dans le fauteuil qui faisait face au blond.

« Tu as peut-être peur de voir surgir à l'improviste Astoria de la cheminée ? » Se moqua-t-il doucement.

La moue que fit Draco lui indiqua tout de suite qu'il n'avait pas apprécié la plaisanterie. Draco semblait plus sec. Pourtant, la soirée avait bien débuté, ils avaient dîné dans un calme que Ron n'aurait jamais soupçonné. Aujourd'hui, après trois mois de fréquentations, il saisissait mieux les mimiques de l'homme. Encore plus depuis qu'ils avaient de réels tête-à-tête, et non seulement quelques rendez-vous dans des lieux publics afin de mieux se connaître. Se connaître sincèrement, au-delà des rancunes tenaces.

Ils avaient opté pour la demeure de Malfoy pour leurs nouveaux rendez-vous, du moins, lorsqu'Astoria ne s'y trouvait pas.

« Tu ne fais rien de mal, tu sais ? Ce n'est pas mal. »

Avec surprise, Ronald avait découvert un soupçon de culpabilité chez le blond, chose qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Pourtant, elle était bien là, la culpabilité d'avoir une relation extra-conjugale. Crainte qui n'avait jamais effleurée Ron grâce à l'accord mutuel qu'il avait eu avec Pansy.

« Ce n'est pas ça. » Répondit finalement Draco.

Le roux parut visiblement étonné.

« La soirée ne te plaît pas ? » Questionna-t-il avec précaution.

Il secoua la tête, obstiné à ne pas répondre. Ronald préféra ne pas insister davantage, profitant de son verre de vin. Quelques minutes plus tard, tous deux se déridèrent, discutant à nouveau avec légèreté. Ce n'était pas évident de s'adapter à Malfoy, pourtant Ron ne le regrettait pas.

X

L'ancien Serpentard remit sa veste sur les coups des deux heures du matin. Il se dirigea vers la cheminette, suivi de près par le propriétaire. Et, avant de se saisir de la poudre de cheminette, il embrassa le blond en guise d'au revoir. Merlin, que ça lui paraissait encore incongrue cette proximité ! Il pouvait encore sentir son ventre se tordre comme durant leur premier baiser.

« On se dit jeudi prochain ? »

Un simple « hm » se fit entendre et le roux ne put réprimer un ricanement tout contre les lèvres de l'homme.

« Je te connais plus loquace lorsque tu bois !

- Malheureusement pour toi, j'ai été raisonnable. »

Ronald pouvait sentir la poigne ferme de l'homme au-dessus de ses coudes, comme pour s'assurer qu'il ne s'éloigne pas de l'étreinte. Draco en profita pour venir l'embrasser une nouvelle fois, beaucoup trop brusquement pour être un baiser d'au revoir mais le roux le laissa faire. Quelque peu provocateur, il souhaita dominer le baiser en y imposant son propre rythme une de ses mains se libéra pour venir se poser fermement contre la nuque du blond. Ce dernier se fondit un peu plus contre lui, tandis que ses bras l'encerclèrent. Les corps emboîtaient l'un contre l'autre, Ronald se sentit pantelant. Il cessa le baiser afin de contrôler sa respiration. Cependant, Draco dessina de ses lèvres sa mâchoire avant de s'attaquer à sa gorge. Le roux dut se concentrer pour ne pas se laisser submerger, mais il ne put réprimer un soupir en sentant la langue jouer contre sa peau. Il ne put non plus réprimer un faible gémissement, l'autre accentua la caresse.

« Doucement… »

Mais Malfoy n'en fit qu'à sa tête, continuant son manège. Seules ses mains migrèrent jusqu'à sa taille pour venir saisir sa ceinture. D'un geste brusque, le blond vint coller son bassin contre le sien et un son à mi-chemin entre le gémissement et le glapissement s'échappa du roux. Il eut tout le mal du monde pour éloigner leur érection, Draco se montrait déterminé à le garder tout contre lui.

« Putain Draco… Qu'est-ce qui te prend ? »

Mais Ronald ne se plaignait pas réellement de la tournure de la situation. Draco arrêta ses baisers, dévoilant à l'autre un visage rougi par le plaisir, ou l'embarras, Ron n'arrivait pas à se décider. Sans un mot, l'hôte l'intima à le suivre jusqu'au sofa pour l'y asseoir. Déconcerté, Ronald observa l'homme s'installer sur ses cuisses, pressant intimement son aine contre son érection.

Jamais, ô grand jamais, Malfoy s'était comporté ainsi avec lui ces dernières semaines. Contre toute attente, c'était habituellement le roux qui se montrait directif dans leur relation, et maintenant que c'était l'inverse, il ne savait pas comment agir. Il était perdu face à ce comportement impulsif qui semblait si loin du caractère de l'homme.

Les doigts fin de l'héritier attaquèrent les boutons de sa chemise. Avec une certaine inertie, Ronald regarda les doigts s'affairer contre son vêtement. Ses propres mains étaient justes posées contre les coussins du sofa, ne participant pas à l'échange de caresses. Comme abasourdi, il restait immobile. Il fut même certain de sentir son érection diminuer malgré les mouvements lascifs de l'homme. Son regard était focalisé sur les doigts pâles. Il fut persuadé de les voir trembler au fur et à mesure qu'ils défaisaient les boutons.

Subitement, Ronald vint se saisir des poignets de l'autre, l'arrêtant net dans son entreprise. Il eut un moment de flottement où le blond garda la tête légèrement baissée, le regard fixé sur le torse dénudé.

« Draco, qu'est-ce que tu fous ?

- Ça me semble pourtant très clair. » Argua-t-il.

Ronald fronça les sourcils face à la réponse agressive. D'un geste brusque, il défit sa poigne autour de ses poignets. Le blond était de toute évidence mécontent.

« Je parle de ton comportement quelque peu… entreprenant. Non pas que ça me déplaise.

- Ce n'est pas l'impression que j'ai. » Attaqua-t-il en faisant référence à son érection décroissante, alors qu'une moue mesquine se dessinait sur son visage.

Malfoy quitta les cuisses du roux et s'éloigna de lui. Ronald remarqua aussitôt la posture rigide de l'homme qui lui tournait le dos.

« J'ai juste l'impression que c'est précipité. »

Comme si ce qu'il venait de dire était la pire des insultes, Draco se retourna et explosa.

« Comme c'est galant de ta part Weasley ! », mugit-il en pointant son doigt dans sa direction, « Tu crois que je n'ai pas remarqué ton numéro de Gryffondor ? Tu oses vraiment me prendre pour une putain de vierge effarouchée ? Moi, sérieusement ?

- Qu…

- Tu agis comme si j'étais une foutue adolescente, sais-tu combien c'est humiliant de te voir agir avec autant de précautions ? Tu dois sans cesse me rappeler mon inexpérience, à mon âge !

- Ce n'est pas mon attention ! » S'exclama vivement Ron en se levant d'un bond, affolé par les suppositions qu'il entendait.

« Oh vraiment ? Tu veux me faire gober ça ? »

Le roux s'approcha prudemment sous le regard assassin de l'autre, mais Draco recula d'un pas. Le fabricant de baguette soupira, dépité.

« Par Salazar… Ne me dis pas que tu as imaginé ça toute la soirée ? » En l'absence de réponse, il reprit, « C'est pour ça que tu causais si peu ?

- Ose nier ton comportement complètement niaiseux. »

Ronald grimaça.

« C'est fou comment tes insultes m'avaient manqué…

- Je suis sérieux.

- Moi aussi. Tu réfléchis trop, ce n'est pas nouveau. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que j'ai envie de toi depuis des années ? »

L'héritier avait croisé les bras dans une posture défensive, le toisant sans sourciller.

« Merlin, j'ai envie de t'étriper quand tu te comportes en petit con…

- Je ne…

- Tais-toi. » Le coupa-t-il en levant sa main.

Lorsqu'il fut sûr que le blond n'allait pas reprendre la parole, il la baissa.

« Évidemment que j'ai envie de toi. Et oui, que tu le veuilles ou non, je prends en compte ton inexpérience. Mais je ne te juge pas, quoique tu puisses penser je suis passé par là moi aussi. Arrête de me regarder comme ça, je sais très bien à quoi tu penses… » Finit-il par grogner.

Les noms de Blaise et de Cédric étaient sur le point de sortir des lèvres du blond, il le savait.

« Tu crois que c'est humiliant de commencer tendrement ? Tu n'as pas à faire semblant d'être confiant. Je ne me moquerai pas si tu as des craintes, peut-être que c'est Gryffondor de ma part…

- À peine. » Grommela l'homme.

Ronald sourit faiblement à la réponse, et s'avança doucement vers lui. Il porta ses mains sur ses épaules, du bout du pouce, il exerça quelques caresses au niveau de la nuque. Draco se pinça les lèvres. Il était encore en proie à un énième débat intérieur.

« J'en ai vraiment envie, mais tu vas vouloir attendre ? » Finit-il par dire.

Le sourire du roux s'étira tandis qu'il se rapprochait de l'homme pour venir lui embrasser la joue.

« Non. On va seulement à ton rythme. Ni plus, ni moins. Allons dans ta chambre. »

Draco quémanda un baiser qu'il lui donna aussitôt. L'assurance de l'héritier s'était atténuée, laissant place à une sorte d'incertitude alors qu'il se dirigeait vers sa chambre. Le plancher du couloir craqua sous leur passage, l'un des sorciers retenait sa respiration tandis que l'autre se mordillait les lèvres.

Dans la chambre, Ronald ne put refréner sa curiosité et observa brièvement la pièce qu'il voyait pour la première fois. Et même s'il s'agissait de la première fois, il savait que ce n'était pas la chambre partagée par le couple Malfoy, il s'agissait bel et bien de celle de Draco. Il pouvait voir le cabinet couvert de parchemins contre la fenêtre, tandis que de l'autre côté, près de la cheminée, il pouvait voir une chemise de nuit posée négligemment contre un large fauteuil. Alors, sans peine, il imaginait l'héritier assis près du feu, un livre à la main afin d'échapper à son quotidien.

Il interrompit son observation pour contempler Draco, il encadra son visage et vint l'embrasser langoureusement. Il sentit un frisson parcourir le corps de l'homme. À cette réaction, ses mains glissèrent le long de la mâchoire jusqu'au col de la chemise qu'il commença à défaire. Alors que le torse pâle se dévoilait, Ronald l'effleura de ses lèvres provoquant un soupir chez l'héritier. Il fit glisser la chemise au sol sans interrompre ses caresses.

« Touche-moi… »

Ronald sentit les doigts fins de l'homme se perdre dans sa chevelure, ce genre de toucher qui apaisait étrangement le roux par sa douceur. Puis sa chemise fut défaite à son tour, avec plus d'assurance qu'auparavant, mais une certaine timidité persista lorsqu'il explora son torse. Ronald l'encouragea en capturant à nouveau ses lèvres qu'il taquina de sa langue pour approfondir l'échange. Un râle leur échappa.

Se sentant plus aventureux, les mains de Draco descendirent le long de la colonne vertébrale jusqu'au fessier qu'il effleura à travers le pantalon, sans pour autant oser entièrement y toucher. Ronald ricana contre la bouche de son amant qui se figea aussitôt, comme pris en faute.

« N'aie pas peur. » Le rassura-t-il, « Ne réfléchis pas autant. »

Soulagé, Draco vint défaire la ceinture et le pantalon, il glissa alors ses mains sous le boxer pour venir toucher les fesses de l'homme. À ce toucher, Ronald sentit sa virilité se durcir, il ferma les yeux. À son tour, Ronald défit les derniers vêtements de son amant. Et sans le presser, il l'attira sur le lit.

L'héritier s'y allongea dans toute sa nudité, le sexe dressé, et malgré la gêne persistante, il le fixait droit dans les yeux sans ciller. Se sentant mis au défi, Ronald s'agita pour libérer ses jambes de son pantalon, un sourire goguenard aux lèvres, il commença à se masturber avec lenteur.

Face à ce manège, Draco abdiqua et détourna le regard malgré l'excitation que provoquait cette vision. Ronald vint se plaquer contre le corps échauffé de l'homme. Instinctivement, il fut accueilli entre les jambes pâles, étroitement enlacé. Le roux l'embrassa langoureusement tandis qu'il cajolait le sexe dressé du blond, des burnes au gland suintant. Il étouffa le gémissement de son amant contre ses lèvres.

À l'entente de son propre gémissement, le blond se mit à rougir furieusement, jamais encore il n'avait expérimenté une telle intimité, ni émit un tel son. Ronald se joua de lui en renouvelant ses caresses contre son sexe.

Cette première relation, Draco l'avait fantasmé de toutes les manières depuis des années. Naïf, il s'était d'abord imaginé dans les bras d'un bel américain à l'accent stupide du temps de ses études. Plus tard, il avait imaginé se saouler à n'en plus tenir debout et baiser avec le premier venu. Plus les années passaient, plus il devenait aigre. Il le devenait encore plus au fil des échecs de grossesse d'Astoria…

Et puis il y avait Weasley, qui l'obsédait depuis Poudlard. Draco ne comptait plus les fois où il s'était imaginé avec lui. Il avait rejoué la scène tellement de fois qu'il avait été dépassé par sa propre imagination. À présent, il tremblait d'excitation en sentant Ron parsemer de baisers son torse, migrant dangereusement vers son entrejambe.

Il se mordit les lèvres à l'instant même où les lèvres du roux se refermèrent autour de son membre. Ça aussi, il l'avait imaginé peut-être de manière plus brutale et moins langoureuse. Plus le temps passé, plus son imagination lui soumettait des images crues, dénuées de toute sensualité. Il avait pris en horreur la délicatesse de l'homme à son égard, y voyant un moyen de se moquer de son inexpérience. Ce soir-là, il s'était imaginé un instant baiser avec Ron sur son canapé. Finalement, il se trouvait étendu sur son lit en train de gémir à chacune des caresses qu'il recevait.

Il sentit son ventre se tordre à l'instant où la main rugueuse délaissa ses bourses pour venir glisser le long de sa raie.

« Je n'ai pas de lubrifiant. » Informa-t-il précipitamment en relevant légèrement la tête.

Il se figea en voyant Ron avec son sexe enfoncé jusqu'à la garde dans sa bouche. Dans un bruit obscène qui manqua de le faire jouir, le roux quitta son érection.

« J'ai ce qu'il faut. »

Le roux tâta le sol à la recherche de sa baguette et lança un sort méconnu de l'hôte. Il sursauta à la fraîcheur incongrue qui le saisit puis, il sentit un doigt aventureux se frayer à l'entrée de son anus et y exercer une pression. Sa respiration se bloqua aussitôt.

« Est-ce que tu veux le faire ? »

Incapable de répondre, il hocha la tête et déglutit. Il dut se racler la gorge pour pouvoir parler :

« Oui. »

Les lèvres du roux effleurèrent l'intérieur de sa cuisse tandis que du bout du doigt il forçait l'entrée. Draco se pinça les lèvres, se forçant de se rappeler qu'il devait se détendre. Loin de se presser, Ronald progressait lentement dans l'intimité de son amant, masturbant de son autre main, le sexe.

« Chaque chose en son temps tu vois ? Ce n'est pas mieux que le canapé ?

- Hm.

- Ce sera pour un autre jour. J'aime l'idée de te voir me sauter dessus.

- Ha ? » Émit le blond, mais il siffla d'inconfort en sentant le majeur s'enfoncer entièrement en lui.

« Ouais, depuis le temps, j'en ai imaginé des trucs.

- Comme quoi ? » Demanda-t-il prudemment alors qu'il essayait de contrôler sa respiration.

« Comme te faire l'amour longuement. Ce que je vais faire cette nuit. »

Faire l'amour. Cela sonnait presque trop intime pour être vrai, pourtant son cœur s'emballait à cette idée. Sa respiration devint laborieuse lorsqu'un second doigt s'introduisit. Il se tortilla mais Ronald reprit :

« Je t'ai imaginé tout contre moi en train de gémir. Je t'ai imaginé passionné et exigeant, parfois plus directif comme tout à l'heure. Je t'ai imaginé provocateur... Je nous ai imaginé le faire précipitamment contre un mur sous le coup de l'impatience ou suite à une nouvelle prise de tête. C'est plutôt réaliste, non ? »

Malgré la douleur, Draco ricana. L'un ne rattrapait pas l'autre, il fallait qu'ils se lancent sans cesse des pics. Ils fonctionnaient comme ça.

« Je t'ai imaginé dans toute sorte de positions. Et je t'ai imaginé en train de me baiser profondément, aussi. »

Le sexe du blond eut un soubresaut et il lâcha un râle profond au moment où Ronald le reprit à pleine bouche, exerçant un mouvement soutenu sur le membre. Ron profita de la manœuvre pour faire des mouvements de ciseaux dans l'intimité de son amant qu'il suçait consciencieusement dans une veine distraction face à la douleur. Encore plus, lorsqu'il dut achever la préparation à l'aide d'un troisième doigt.

« Ça va ? Tu veux continuer ? »

Au lieu de s'énerver des précautions de l'homme, l'héritier se sentit rassuré, bien loin du sentiment de honte qu'il avait éprouvé auparavant.

« Oui. »

Il gigota légèrement quand les doigts sortirent de son intimité après ces longues minutes de préparation. Ronald lui saisit ses hanches qu'il cala sans peine contre ses cuisses. Le roux réajusta sa propre position, prenant garde de bien écarter les fesses.

Ainsi manipulé, l'homme se sentait exposé et l'idée que ce soit son ancien camarade qui le fasse l'excitait seulement davantage.

Dès qu'il sentit le gland contre son anus, le muscle se contracta d'anticipation. Le souffle coupé, il vit Ronald l'observer, comme s'il cherchait un dernier accord. Alors, il hocha une nouvelle fois la tête.

Il sentit le sexe s'immiscer sans précipitation en lui, et arrivé à la garde, il en eut le souffle coupé. Ronald patienta avant de bouger faiblement. Ce fut laborieux pour chacun durant le temps où le roux dut ajuster l'angle de la pénétration.

La pression immense qui pesait sur l'homme s'allégea seulement lorsqu'il vit la mâchoire du blond se desserrer pour laisser échapper de longs soupirs. Encouragé, il imposa des mouvements de bassin amples. Un sourire fendit son visage au premier cri de son amant qui était plus de surprise que de plaisir. Il savoura l'expression d'incrédulité qui peignait le visage du blond.

Draco leva une main dans sa direction, Ronald comprit l'invitation et vint se lover contre lui, imposant des mouvements toujours plus langoureux. Les bras pâles l'emprisonnèrent dans une étreinte étroite où il profita pleinement des cris et gémissements de son amant au creux de son oreille.

24 Décembre 2004

« Que fait un elfe de maison ici ? » Avait demandé Molly d'une voix incertaine.

Dizzy se tenait près de ses maîtres, ils venaient d'arriver pour le réveillon de Noël. La créature regardait avec fascination l'intérieur du Terrier, ainsi, c'était ici qu'avait grandi le maître. La pièce grouillait de têtes rousses, d'enfants et de bébés. De ce qu'avait compris Dizzy, le premier aîné du maître avait un troisième enfant, un certain Louis. De même pour Perceval qui avait une nouvelle fille, Lucy… Sans oublier, James Potter ! Que de bébés ! La créature fit un rapide calcul et fut impressionnée en réalisant qu'il y avait sept petits. Heureusement qu'elle était présente pour venir en aide à la famille de son maître. Sans prétention, Dizzy se trouvait sincèrement douée avec les enfants, elle était irréprochable avec Hugo. Oui, elle était fière d'elle.

« Elle nous accompagne. » Répondit simplement Pansy, « N'est-ce pas mieux que la laisser seule un jour de fête ?

- Oui bien sûr… Mais le… Pull ? »

Molly pointait du doigt l'elfe de maison, qui, à la plus grande surprise des invités présents, portait un pull, et pas n'importe quel pull. Il s'agissait du vieux pull, presque oublié, de Ron. Un pull rouge marqué d'un R doré. Ce vêtement qui avait été tricoté quinze ans plus tôt par la matriarche Weasley. Cependant l'ancien Serpentard n'avait plus jamais porté le cadeau de sa mère depuis sa répartition pour des raisons évidentes.

« Oh, Dizzy est tellement heureuse de porter un vêtement du maître ! Quel plaisir. C'est tellement généreux de la part du maître. »

L'arrivée du couple de Serpentard avait attiré les regards des invités, notamment Percy qui observait avec scepticisme la créature.

« Tu es un elfe libre ? »

Dizzy tourna la tête vers l'homme, garda quelques secondes le silence, ne comprenant pas la question.

« Dizzy est libre. » Répondit-elle comme une évidence.

« Et tu travailles encore ?

- Dizzy travaille pour les Parkinson depuis trente-huit ans. Dizzy ne veut pas quitter ses maîtres. Les maîtres sont très bons avec Dizzy. »

Cette réponse surprit l'assemblée, et encore plus en ce qui concernait Hermione Granger, qui défendait corps et âme les droits des créatures magiques depuis la fin de Poudlard. Mais en réalité, Dizzy avait été libérée un an plus tôt d'un commun accord du couple. Le sujet avait été abordé sans préméditation alors, horrifiée, Dizzy avait pensé être congédiée ce jour là… Après bien des larmes, Dizzy avait compris qu'elle pouvait être libre et continuer son travail.

« Mais ce n'est pas… »

Mais Percy fut interrompu par le crépitement de la cheminée. Charlie apparut, coupant net les interrogations de la famille.

« Mon chéri ! » S'exclama la matriarche véritablement heureuse de voir le dragonnier.

L'homme fut chaudement accueilli. Ses séjours en Angleterre se faisaient rares, ça devenait tout un événement lorsqu'il venait à la maison. En vérité, Ron le voyait plus souvent que le reste de leur famille. Charlie faisait quelques visites secrètes à Godric's Hollow.

Après avoir fait le tour de la famille, l'homme se dirigea vers son cadet et le serra dans ses bras dans une étreinte qui réchauffait toujours l'ancien Serpentard. Il enlaça aussi Pansy, Charlie avait été le seul aussi tactile avec la femme.

Puis, sentant qu'on lui encerclait vivement les jambes, il baissa la tête.

« Tonton ! » S'exclama Hugo.

Le dragonnier porta aussitôt le garçon de presque trois ans, ce dernier enserra l'adulte avec entrain. Cette familiarité entre Hugo et le dragonnier aurait sans doute dû interpeller les Weasley. Après tout, comment un enfant aussi jeune pouvait connaître si bien un oncle expatrié ? Pourtant, personne ne se fit la réflexion.

« Eh bien, nous allons pouvoir commencer le repas, installez-vous ! »

Comme toujours Molly s'était démenée pour cuisiner un repas gargantuesque, les bonnes odeurs envahirent la pièce lorsque la sorcière fit léviter les plats sur la table. Quelques minutes plus tard, Ron donnait une assiette de gratin de pommes de terre et de dinde à son elfe.

« Tu peux t'installer dans la cuisine.

- Merci maître.

- Elle peut manger ici, pourquoi la mettre à l'écart ? » Intervint Hermione.

Ronald la regarda, elle était visiblement offusquée.

« Elle préfère manger à l'écart.

- Comment peux-tu le savoir ? Tu ne lui as pas posé la question. » Fit remarquer Potter.

Ron soupira, il pouvait déjà voir la créature en train de s'agiter.

« Car je le sais.

- Dizzy peut retourner à la demeure. Dizzy ne veut pas vous embarrasser.

- Non. Va dans la cuisine, il n'y a pas de problème. » Parla cette fois Pansy.

Dizzy inclina la tête et se dirigea vers la cuisine sous le regard des Weasley. En face de lui, Ronald vit sans surprise Granger froncer les sourcils.

« Vous amenez votre elfe à une fête familiale pour finalement l'isoler ? C'est de la maltraitance.

- Douce Hermy, c'est un elfe libre. Parler de maltraitance est un peu fort. » Souleva Fred.

« Granger, je vais être succincte car ce n'est ni le lieu, ni le moment de faire un scandale. Je sais que tu travailles pour les droits des créatures magiques, mais, en dehors des elfes de Poudlard, que connais-tu de leurs coutumes ?

- Ils sont réduits à l'esclavage…

- Oui, il y a des abus, soit. Mais Dizzy n'est pas maltraitée. La vraie maltraitance aurait été de la forcer à manger ici. Vous l'auriez stressée à un point où elle aurait fini par se mutiler. Il faut prendre en compte la nature profonde d'un être. Tu ne peux pas forcer une créature à adopter un mode de vie qui n'est pas celui de sa race.

- Mais…

- Hermione, et si on abordait un sujet plus important ? » Coupa Fred qui préférait désamorcer un débat sensible.

L'ancienne Gryffondor jeta un regard rempli de reproches à son compagnon. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle aurait argumenté longuement. Elle respira profondément, comme pour reprendre ses esprits.

« Tu as raison.

- Comme j'apprécie les rares fois où tu le dis ! George, tu es prêt ?

- Toujours, cher frère. »

Les jumeaux, qui se trouvaient côte à côte à table, échangèrent un sourire entendu. George reprit la parole :

« Maman, papa, vous savez qu'on adore être sur la même longueur d'ondes…

- Merlin, on le sait bien… » Confirma avec amusement Arthur.

« Mais, promis, cette fois nous préparons rien de mauvais, au contraire. Nous sommes ravis de vous annoncer l'arrivée de deux futurs Weasley ! » Révéla Fred.

Fred et George tenaient chacun la main de leur épouse. Le volume sonore augmenta soudainement à cette annonce, tandis que tout le monde – même les deux Serpentard – félicitèrent Hermione et Angelina.

Dans une synchronisation presque parfaite, les jumeaux allaient devenir père, à trois semaines d'écart. Les naissances étaient prévues pour le mois de juin. Parfois, Ronald tentait de faire des estimations, calculant le nombre hypothétique d'enfants dans sa fratrie. Le nombre de marmots s'élevait maintenant à neuf. Heureusement que Ronald était certain de ne plus avoir d'enfant, tandis qu'il y avait peu de chance que Charlie devienne père, mais pour les autres ? Et si Bill décidait d'avoir cinq ou six gosses ? Il en était déjà à la moitié… Et puis, sincèrement, il imaginait difficilement les jumeaux ou Ginny en parents d'enfant unique. Quelle famille…

L'excitation de l'annonce retomba doucement, et ce fut à ce moment que la matriarche prit la parole :

« Je n'aurais jamais cru que Charlie serait le dernier à devenir père. »

Le dragonnier eut un rire nerveux.

« Ne dis pas que tu as peur de présenter ta chérie à ta famille ?

- Euh…

- Tu sais maman, il paraît que les dragonniers sont d'éternels célibataires !

- Effectivement Forge, surtout en Roumanie. Là-bas on se soucie peu des mariages et de tout le tralala. »

Ronald regarda son frère, son aîné était de toute évidence nerveux. La situation était inconfortable, surtout que Charlie n'échappait jamais à ce sujet.

« Je… N'ai pas de copine actuellement maman.

- Tu le dis à chaque fois mon chéri… À ton âge il faudrait arrêter d'être volage pour construire une famille. » Rouspéta Molly.

Nouveau rire gêné de la part de Charlie.

« Je ne veux vraiment pas d'une femme ou d'enfant, maman…

- Ne me dis pas que tu es gay ! » S'exclama la mère avant de se reprendre subitement, « Je veux dire, ce n'est pas un problème… »

Pansy et Ronald soupirèrent en chœur.

« Non… Comment dire ? Merlin, Ron dis-leur qu'on en finisse…

- Leur dire ? Tu veux ? » Demanda prudemment Ron.

C'était déroutant d'entendre Charlie lui demandait son aide alors que durant des années c'était Ron qui s'accrochait désespérément à son frère. Avec le recul, Ron se rappelait comment il avait été un sacré pleurnichard durant son enfance.

« Dire quoi ? »

Les regards allaient de Charlie à Ron.

« Si Charlie ne présente jamais de copine, et il n'en présentera jamais, c'est qu'il est asexuel… »

Un silence suivit.

« Il est quoi ? » Dirent plusieurs invités, confus.

« Granger, tu ne veux pas expliquer, toi qui connais tout ? » Provoqua Pansy.

Mais la jeune femme restait muette, pourtant Ron était certain qu'elle connaissait la définition de ce mot.

« Charlie n'a aucun désir sexuel, que ce soit avec des femmes ou des hommes. Et non, maman, ce n'est pas une histoire d'impuissance, ou je ne sais quoi.

- Mais, chéri… »

Molly regardait son second fils, visiblement inquiète :

« Comment ne pas t'aimer ? Une femme finira par t'aimer, ne t'en fais pas.

- Pitié maman… Je ne veux pas de vie de couple, ni enchaîner des relations courtes, ni… Merlin. Je ne veux pas et je m'en porte très bien. Je vous aime, j'aime mes dragons, j'aime mes amis, mes collègues… Mais je ne veux pas de relation amoureuse. » Déclara péniblement le trentenaire.

« Ni de relation sexuelle. » Compléta Pansy, et voyant le dragonnier rougir, elle reprit, « Quoi ? Il faut être clair, tu n'as jamais eu de relation sexuelle et ce n'est pas dans tes projets. Il faut le dire sinon ils se leurreront encore des années. »

Charlie semblait se liquéfier sur place. Tous les regards étaient sur lui.

« Peut-on passer à autre chose s'il vous plaît ? »

« Hé mec, ce n'est pas grave, tu sais ? » Intervint finalement Bill avec bienveillance.

Ron était certain que Charlie n'allait pas pouvoir échapper à un interrogatoire ; après les fêtes sa famille allait sans aucun doute le noyer de questions afin de mieux comprendre…

Mars 2006

Ronald arriva dans le salon du jeune couple Malfoy, vite suivi de Pansy. Il n'avait pas dormi de la nuit. À vrai dire, il n'avait pas réellement dormi depuis quatre jours. Il observa aussitôt Astoria qui était installée sur le sofa, tenant entre ses bras un nourrisson. Draco se tenait derrière, appuyé contre le dossier. Ron admira un instant l'état de contemplation du blond face à son enfant tout juste sorti de la maternité.

Son visage était curieusement apaisé après ces longs derniers mois d'angoisse qu'avait éprouvée l'homme. L'annonce de la grossesse d'Astoria avait été davantage un choc pour Draco que pour que Ron. Après des années d'échecs, Draco était devenu pessimiste sur la perspective d'avoir un héritier. Et étrangement, il émettait une sorte de remords de coucher avec sa propre femme alors que les deux sorciers étaient ensemble. Cela avait sincèrement surpris Ronald, puis avec recul, cela l'avait touché bien qu'il n'ait jamais éprouvé la moindre jalousie vis-à-vis de l'ancienne Serpentard. Cependant, le soulagement de la grossesse avait laissé place à des peurs de future paternité. Draco ne se sentait pas l'étoffe d'un père et il était difficile de faire taire ces peurs primaires.

Ils saluèrent le couple, le blond avait toutes les difficultés pour détacher son regard du nourrisson nommé Scorpius. Les félicitations furent de rigueur.

Un peu plus tard, alors que Pansy faisait la discussion avec la nouvelle mère, le maître de maison prit à part son invité dans la pièce adjacente.

« Je n'arrive pas à y croire… » Souffla le blond, « J'ai fait ça. » Continua-t-il en faisant référence au bébé.

« C'est fou ce qu'on peut faire, hein ? »

Ronald avait l'impression de se revoir à la naissance d'Hugo, il avait pensé pareil. Et qu'importe ce que pouvait croire Draco, Ronald savait qu'il serait à la hauteur. Le blond était difficile à vivre et à apprivoiser, il se montrait quelquefois imprévisible. Cependant, le sorcier ne doutait pas de sa capacité à élever cet enfant.

Le roux pressa la main de son amant contre la sienne et caressa le dos de la main de son pouce. Draco le regarda, il avait quelque chose de serein dans son visage.

« Est-ce que tu accepterais de devenir le parrain de Scorpius ? »

La demande désarçonna l'homme.

« Pardon ? Je… Ne te sens pas obligé vis-à-vis d'Hugo.

- Ce n'est pas le cas.

- Tu es certain ? On n'en a jamais parlé.

- Sûr. »

Ronald ne put que sourire et hocher la tête avant de venir embrasser son amant.

Novembre 2006

« Il ne se calme pas au fil des années… » Maugréa Blaise.

« Pourquoi tu continues à venir dans ce cas-là ? Tu es le seul qui peut se permettre de ne pas venir. » Souleva Theodore.

« Juste pour avoir la satisfaction d'être le seul sang-mêlé de l'assemblée. » Se justifia-t-il en saisissant une coupe de Champagne proposée par un elfe de maison, « Et l'alcool. »

« Comme si tu avais besoin de mendier durant les réceptions. » Ricana Ron.

Ils se trouvaient actuellement à la dernière réception de Zacharias Smith et de Daphné afin d'introduire la naissance de leur enfant, un garçon nommé Joachim. Une chose était sûre, il n'y avait que Smith pour organiser des réceptions aussi grotesques et tape à l'œil. L'ancien Poufsouffle faisait tout dans la démesure, ce qui faisait doucement rire n'importe quel Serpentard. Daphné était visiblement soulagée de cette naissance. La jeune femme n'avait jamais caché son inimitié envers son époux.

Le couple Smith était au cœur des attentions, cependant une autre personne attirait les regards pour une toute autre raison.

« Tu comptes répondre aux accusations de Rita Skeeter ? » Demanda Daphné.

« Si seulement il n'y avait qu'elle ! » S'exaspéra Pansy à la simple pensée de l'article de la Gazette du sorcier.

Ces derniers jours, des dizaines d'articles avaient été publiés dans les journaux du pays entier. Pansy avait annoncé publiquement l'ouverture de son cabinet médical et sa spécialité dans l'insémination artificielle, un concept complètement inconnu du monde sorcier qui voyait ce projet d'un œil scandalisé. Une plainte auprès du Ministère de la Magie avait déjà été déposée contre la femme. Cependant, l'ancienne Serpentard avait assuré ses arrières avec des contrats médicaux irréprochables d'un point de vue éthique.

Mais comment faire accepter au monde sorcier l'idée même qu'une femme puisse enfanter hors union ? De même, une des questions qui restait en suspens était : Où trouver des sorciers prêts à donner leur sperme pour un projet si scandaleux ? Pansy avait dû rentrer en contact avec des établissements étrangers pour résoudre cet aspect du problème.

« Seul le Chicaneur s'est montré favorable, j'ai un entretien avec Lovegood demain. Ce n'est pas du luxe mais j'imagine que je ne peux pas refuser cette publicité.

- Comme si un journal conservateur allait te tendre la main… » Dit Ronald, « Il faut toucher les marginaux, le Chicaneur a un lectorat fidèle. Aussi maigre soit-il.

- Comme Potter, Granger et le reste de ta famille ? » Se moqua la brune à l'adresse de son mari.

Le roux leva les yeux au ciel.

« Certes. Dis-toi que Lovegood est tellement perchée qu'elle en devient impartiale. Les rares fois où je la croise en compagnie de ma sœur, elle ne dit jamais rien de travers à mon encontre. Il y a juste… ses fantaisies qu'elle débite.

- Tout le monde sait que cette famille est illuminée. » Confirma Daphné.

Mais Pansy devait bien se rendre à l'évidence qu'elle ne pouvait pas cracher sur son seul soutien médiatique.

Février 2008

Les marches craquèrent sous le passage de l'enfant qui dévalait l'escalier à toute vitesse. Arrivé en bas, il sauta les deux dernières marches. Pendant une fraction de seconde, il parcourut du regard les différentes pièces, il opta pour le bureau de sa mère même si cette dernière lui interdisait l'accès. Avec délicatesse, le garçon ouvrit la porte, ce qui était bien inutile après le boucan qu'il venait de faire. Il fit bien attention de refermer celle-ci sur son passage et alla se cacher sous le bureau dans un ricanement candide. Il plaqua sa main contre sa bouche et attendit ainsi, à quatre pattes.

Quelques instants plus tard, l'enfant entendit un vague « pop », puis une porte s'ouvrir. Ce n'était pas celle du bureau. Il rigola en pensant à sa future victoire.

Et, alors qu'il criait victoire, la porte s'ouvrit et des légers pas se firent entendre.

« Jeune maître, Dizzy vous a déjà dit qu'il ne fallait pas se cacher ici. »

Hugo fit la moue sous le bureau mais ne bougea pas pour autant. L'elfe de maison tentait d'être autoritaire, mais elle n'y parvenait jamais, il le savait bien.

« Jeune maître voyons…

- Un problème Dizzy ? »

L'enfant sursauta en entendant la voix de son père s'élever. Il ne pouvait pas être déjà là ? Il devait rentrer après le goûter… Mais il garda secret sa cachette.

« Maître ! C'est de ma fau…

« Hugo, sors immédiatement. » Ordonna fermement le père sans écouter l'elfe.

Le ton était sans appel, l'enfant ne se fit pas prier et sortit tout de suite, se cognant la tête contre le plateau du bureau. Son père se tenait à l'entrée, grand, droit, impressionnant aux yeux de l'enfant de six ans. Il vit alors ses grands-parents. Il baissa la tête, tout penaud d'être pris sur le fait.

« Tu n'as rien à dire ? » Reprit Ronald.

« Je ne recommencerai plus, père… »

L'enfant se dandina. Il voulu se soustraire du regard sévère de son père. En plus, il y avait des témoins…

« Ta mère va arriver, va dans le salon. »

X

Les deux heures qui suivirent furent d'un ennui pour le jeune garçon qui devait se montrer irréprochable, hochant quelques fois la tête sans ciller. Ses parents et grands-parents débattaient sur les cours qu'il allait recevoir. Oui, il adorait observer son père fabriquer des baguettes. Même qu'il avait sa propre baguette depuis qu'il avait manifesté sa magie ! Ça, c'était vraiment cool.

Mais il n'allait pas recevoir des cours sur la fabrication des baguettes… Les adultes parlaient d'Histoire de la magie, de lecture, de noms compliqués… Le programme qui se profilait n'avait rien de transcendant.

Décidément, il n'avait pas hâte d'avoir des leçons privées.

X

Le couple Parkinson avait enfin pris la poudre de cheminette, au plus grand soulagement de l'enfant qui ne tenait plus en place. Il avait été sage et poli, mais il n'en pouvait plus. Pourtant, il ne se relâcha pas pour autant. Car, au fond de lui, il craignait que son père lui en veuille encore pour tout à l'heure. Sa mère lui avait fait des remontrances aussi. Toujours assis sur le canapé, il agitait ses jambes dans le vide. Il entendit son père se diriger vers lui, il n'osa pas lever tout de suite les yeux, même lorsque celui-ci soupira.

« Qu'est-ce qu'on avait dit à propos du bureau de ta mère ?

- Ne pas jouer à cache-cache… » Marmonna l'enfant.

Une main passa à travers les cheveux auburn de l'enfant avec un certain réconfort, Hugo leva les yeux. Au lieu de tomber sur un regard sévère, il découvrit un sourire compatissant.

« Je ne recommencerais plus…

- Bien. Et si tu allais te dégourdir les jambes ? »

Hugo le regarda sans trop comprendre.

« Je compte jusqu'à cinquante, d'accord ? »

L'incompréhension qui se lisait sur le visage de l'enfant se transforma en stupéfaction. Il bondit aussitôt sur ses pieds.

« C'est vrai ?! »

Ronald hocha la tête et son fils détala du salon à toute vitesse.

« Maman tu viens ! » Cria-t-il alors qu'il s'apprêtait à monter les escaliers.

Pansy jeta un regard vers son mari, ce dernier haussa les épaules.

« Quoi ? Ne me dis pas que tu n'as jamais profité d'une de tes grandes baraques pour jouer à cache-cache. »

La femme leva les yeux au ciel et alla rejoindre son fils.

Août 2010

« Mais papa, je ne veux pas…

- Hugo, s'il-te-plaît, juste aujourd'hui. Promis.

- Papa… » Maugréa l'enfant.

Ronald passa une main dans la chevelure de son fils, il n'était guère plus enthousiasmé que lui par la situation. Pourtant, ils étaient tous les deux-là, au Terrier, en ce jour de canicule. Par la fenêtre, l'ancien Serpentard pouvait voir certains de ses neveux et nièces en train de courir dans le jardin. De toute évidence Ginny et George avaient déposé leurs enfants. La maison familiale était devenue au fil des années une sorte de garderie gratuite. Ronald et Pansy avaient toujours fait en sorte d'éviter de faire appel à Molly et Arthur pour garder leur fils. Non pas qu'ils voulaient empêcher leur garçon de sociabiliser avec ses cousins, mais ce dernier s'était toujours montré retissant en venant au Terrier.

En vérité, Hugo n'appréciait pas particulièrement de passer plus de temps que nécessaire au Terrier qu'il jugeait trop bruyant, trop encombré lorsqu'il y avait ses cousins et cousines. Ronald avait alors du mal à réfuter l'argument, plus jeune, il avait pensé exactement la même chose.

« Eh bien, j'ai manqué quelque chose ? » Se fit entendre Molly qui entrait dans le salon les bras chargés de Lily et Roxane, les deux petites dernières.

« Bonjour, désolé de venir à l'improviste mais j'ai une livraison urgente à la boutique et Pansy est en déplacement…

- Papa, je peux aller chez marraine…

- Tu sais qu'elle travaille et parrain aussi avant que tu me le demandes. » Expliqua le père doucement avant de reprendre, « Est-ce que tu pourrais le garder juste quelques heures ?

- Je… » Commença Molly.

« Mais papa, tu vois bien qu'elle est déjà occupée ! » S'emporta légèrement l'enfant.

« Hugo, tu…

- Et Dizzy, hein ? »

Ronald soupira face à l'obstination de son fils. Molly, elle, fronçait les sourcils, peu ravie à l'idée qu'un elfe de maison garde seul un enfant.

« Hugo peut rester jouer, il y a James, Albus et Arthur(1) dans le jardin. » Déclara la matriarche.

Hugo jeta un dernier regard à son père dans le vain espoir d'y échapper mais l'homme n'avait pas changé d'avis, il restait ferme. Alors, il soupira et resserra ses bras autour du sac qu'il tenait contre lui.

« Je préfère lire si c'est ça. » Marmonna-t-il en se dirigeant vers la cuisine sans un au revoir pour son père.

Ronald regarda sa mère, quelque peu désolé, quoique pressé.

« Je m'en occupe. »

Ronald n'attendit pas plus pour reprendre la poudre de cheminette. Molly regarda vers la cuisine et vit Hugo déjà installé à la table de la cuisine, un livre sous les yeux. Dans ses bras à elle, les deux bambins de deux ans s'agitaient, elle les mise à terre et les fillettes s'installèrent sur le tapis pour jouer avec des figurines de créatures magiques.

La grand-mère observa l'enfant de loin qui n'avait même pas un seul instant songé à rejoindre ses cousins.

« Hé mamie, viens voir ! » Cria James depuis le jardin.

Molly hésita un instant, puis se dirigea vers le jardin où James avait décidé de réaliser des cascades avec son balai de quidditch.

« Tu vas te briser les jambes mon chéri ! » Gronda la femme.

X

À l'approche de l'heure du goûter, Molly retourna dans la maison afin de s'attaquer à la confection de biscuits pour nourrir les enfants turbulents. Toutefois, elle s'immobilisa à l'entrée de la cuisine pour observer Hugo qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'il s'était installé. Il avait toujours le nez plongé dans un livre épais, dont elle ignorait le contenu, l'air concentré malgré le temps ensoleillé.

Malgré les années, elle n'avait pas réussi à apprivoiser l'enfant, et, elle détestait l'avouer : Hugo lui faisait ressentir le même sentiment d'incompréhension que Ron à son âge. Elle détestait cette impression de déjà-vu qu'elle ressentait parfois avec le petit Albus d'ailleurs.

Cependant, Hugo était un garçon terriblement silencieux qui était capable de garder un silence de mort si on ne s'adressait pas directement à lui. Il avait la capacité de s'effacer, chose bien difficile à accomplir au Terrier.

Molly ne pouvait pas s'empêcher de voir d'un mauvais œil l'éducation que devait recevoir l'enfant. En réalité, elle ignorait l'éducation en question, elle n'avait jamais osé poser la question à son fils. Mais était-ce un hasard si le seul enfant effacé parmi ses petits-enfants était issu d'un mariage arrangé entre Serpentard ? Elle avait appris à modérer ses propos envers la maison des vipères mais elle ne pouvait effacer la réputation de celle-ci de sa mémoire. Alors, pour Molly, ce n'était pas le fruit du hasard.

« Je peux faire des pâtisseries ? Ou ça te dérange ? » Demanda-t-elle doucement.

Le garçon ne leva pas les yeux de sa lecture :

« Ça ne me dérange pas. »

C'était pour le moins concis, toujours doucement, elle reprit :

« Que lis-tu avec autant de sérieux ?

- Un manuel sur comment élever un bébé dragon.

- Oh, ton oncle Charlie serait ravi d'un tel livre je suis sûre. » Déclara la femme sur le ton de la discussion.

« C'est oncle Charlie que me l'a offert.

- Ha ? »

L'enfant était impassible, comme fermé à toute forme de discussion et la grand-mère s'agita.

« Tu as une question grand-mère ?

- Comment ça ? » Rétorqua-t-elle, déconcertée.

« C'est l'impression que ça donne. »

L'enfant haussa les épaules, ce qui décontenança davantage Molly.

« Pas forcément… Je me demandais, tout à l'heure, ton elfe de maison, Dizzy c'est ça ? Il te garde souvent quand papa et maman sont absents ?

- Bah non, et puis Dizzy est une fille, tu l'as déjà vue pourtant. » Déclara l'enfant en levant son regard, « Il y a marraine et Severus, parrain, aussi. Ça dépend. Il y a aussi grand-père et grand-mère qui me donnent des cours la semaine. »

Un frisson parcouru le corps de la matriarche en s'imaginant le couple d'anciens mangemorts donné des cours particuliers au garçon.

« Tu étudies quoi ? C'est intéressant ?

« De la théorie, sur le monde magique, sur l'Histoire… Marraine et Severus aiment bien s'occuper des potions. Papa s'occupe du vol mais je n'aime pas trop donc on a arrêté. On préfère sortir le week-end et s'amuser avec maman. »

Molly était incapable d'imaginer un seul instant Pansy Parkinson « s'amuser » avec son fils. La femme restait incroyablement froide lors de ses rares visites, elle ne l'avait jamais vu sourire. La brune restait impassible. Elle n'avait rien de maternel selon Molly. Si c'était le cas, Hugo serait un enfant bien plus joyeux.

« Tout se passe bien avec tes parents ? Ils s'entendent bien papa et maman ? »

Hugo fronça les sourcils et ferma son livre. Il observa sa grand-mère durant plusieurs secondes.

« Je ne comprends pas. Il y a un problème ? » Émit l'enfant, « Je n'aime pas ça. »

La voix d'Hugo vibra étrangement, son visage perdit de son impassibilité.

« Désolée mon garçon, ces questions sont bêtes, excuse-moi. » S'expliqua la matriarche en se levant du banc, mal à l'aise.

« C'est mal poli. » Continua le garçon, piqué à vif.

« Je suis vraiment désolée… »

Et elle l'était sincèrement, elle voyait qu'elle avait dépassé les limites à cause de sa curiosité et la culpabilité la saisissait.

« C'est toujours la même chose ici ! »

Hugo se leva d'un bond, furieux et quitta la cuisine. Molly dut s'asseoir tant cette réaction lui avait coupé le souffle. Les larmes s'amassaient dans ses yeux alors qu'elle entendait son petit-fils grimper les escaliers.

X

La soirée débutait, George était venu récupérer Arthur et Roxane. Il était d'ailleurs parvenu à attirer Hugo hors de sa cachette pour discuter avec lui, l'enfant s'était légèrement radouci. Puis, un quart d'heure plus tard, quelqu'un toqua à la porte. Quelle ne fut pas la surprise de Molly de découvrir Luna à sa porte.

« Oh, bonsoir ma belle ! Je ne m'y attendais pas.

- Bonsoir Molly. » Salua la blonde de sa voix chantante.

La rousse laissa rentrer la femme qu'elle voyait encore régulièrement depuis la fin de l'école. L'ancienne Serdaigle entretenait une relation très étroite avec Ginny, il n'était pas rare qu'elle s'occupe de temps en temps de ses petits-enfants. Elle avait cette douceur incroyable, presque angélique, et cette approche pédagogique qui ravisaient le cœur des plus jeunes. C'était à ces moments-là que Molly regrettait de voir Luna encore seule du haut de ses trente ans.

« Comment tu vas ?

- Ça va, ce n'était pas trop dur avec les enfants ?

- James manque de se briser les jambes mais rien de nouveau. Ginny t'a demandé de récupérer les enfants ?

- Non ce n'est pas prévu, du moins pas ce soir. C'est…

- Luna ! » Cria Hugo en déboulant du salon.

L'enfant se précipita vers la blonde, se plaçant tout près d'elle, un grand sourire aux lèvres. Luna vint ébouriffer les cheveux auburn. Molly observa la scène, déconcertée par cet échange.

« Salut toi !

- On fait quoi ce soir ?

- Je te fais manger à la maison. Papa et maman seront de retour avant l'heure du coucher.

- Cool. » Répondit Hugo ravi par le programme annoncé.

« Tu viens chercher Hugo ? » Demanda perdue la grand-mère.

Luna eut un léger sourire avant de hocher la tête. L'enfant regarda la matriarche, il leva fièrement le menton et lui offrit un sourire dédaigneux digne de sa mère.

« C'est l'amoureuse de maman. »

Mai 2011

Les deux hommes firent flotter leurs bagages à travers les escaliers jusqu'à la chambre. Malgré que le lieu soit inhabité depuis des années, la demeure était bien entretenue. Sans doute grâce à la présence ponctuelle d'elfes de maison pour la nettoyer. Ronald et Draco se trouvaient dans l'une des maisons de vacances de ce dernier. Une charmante petite demeure perdue dans un champ qui se situait en plein cœur de la Normandie, en France. Draco observa la chambre, la dernière fois qu'il était venu ici, il devait être enfant. Il jeta un regard par la fenêtre où la pluie battante frappait les vitres.

« Ça ne change pas de l'Angleterre…

- Ne sois pas si grincheux. On ne va pas rester cloîtré trois semaines ici.

- J'espère bien, on s'entretuerait.

- Toujours en train de dramatiser. On a survécu des années, alors on peut tenir encore quelques semaines. » Se moqua gentiment le roux en passant un bras autour des épaules de son amant.

« Ce n'est pas pareil…

- Je sens venir la question existentielle…

- Je suis sérieux. » S'agaça l'homme.

Le blond se mit face à Ronald, il avait cette expression trop sérieuse qui ne promettait jamais rien de bien bon.

« Tu ne vois pas comme un problème de rester trois semaines seuls ensemble alors qu'on ne l'a jamais été plus de trois jours en sept ans ?

- Hugo et Scorpius nous rejoignent dans une semaine. »

Pansy était parvenue à mettre en place deux semaines de vacances entre pères et fils bien que l'idée n'enchantait pas particulièrement Astoria. Alors, Ronald avait fait des pieds et des mains pour garantir une semaine en tête-à-tête avec Draco.

« Ne ferme pas les yeux. Tu sais que j'ai raison. »

Le roux soupira. Il n'était pas aveugle au problème que soulevait l'homme.

« Qu'est-ce que tu crains ? De ne pas supporter ma présence ?

- Ou toi, la mienne. »

Draco fronçait les sourcils. Au fil des années, il n'avait pas perdu l'habitude d'analyser le moindre détail. Pourtant, ce n'était pas faute d'essayer de se canaliser.

« Crois-tu qu'on serait encore ensemble si on était incapable de se tolérer ?

- Je ne sais pas. Les prochaines semaines vont sembler tellement plus… orthodoxes et traditionnelles. Et Merlin, tu imagines avec les enfants ? On va…

- On aura l'air d'un fantastique couple de pères au foyer avec leurs gosses. » Coupa avec légèreté Ronald en prenant en coupe le visage de son amant.

Il vint l'embrasser, comme pour faire taire ses doutes. Mais cela ne fonctionna pas, pas cette fois.

« Sois sérieux deux minutes. Je ne sais pas si on peut se faire à ce mode de vie. Et si on n'était juste pas fait pour ça ? »

Cette crainte, Ronald la partageait aussi, mais, contrairement au blond, il faisait son possible pour la refréner. Il ne pouvait pas se permettre de céder à cette peur latente. À chaque année qui passait, Ron se surprenait à s'imaginer une vie commune dans le futur. Rien que tous les deux, avec les enfants. Il s'imaginait une vie ensemble où il n'y aurait plus Astoria, ni Pansy, où ils pourraient profiter pleinement de l'autre sans devoir se cacher.

Oui, comme Draco, il craignait ce genre de changement drastique. Mais il voulait y croire, qu'un jour, ils vivraient sous le même toit. Même s'ils avaient le temps de se déchirer d'ici-là.

« On a trois semaines pour s'entraîner. Chaque chose en son temps, n'oublie pas. »

Peu convaincu, le blond hocha néanmoins la tête. Satisfait, Ronald le serra étroitement dans ses bras. Il passa une main réconfortante le long de son dos. Il entendit Draco soupirer avant de se détendre un peu.

« Je t'aime. » Souffla Ron.

Ce « je t'aime » qui avait été dit pour la première fois deux ans plus tôt mais qui sortait rarement de la bouche de l'un comme de l'autre. Pourtant, les rares fois il se faisait entendre, il sonnait comme une vérité absolue.

Août 2011

Ronald regarda l'enfant partir joyeusement de sa boutique avec ses parents. Il fallait chaque année se préparer à une vague de futurs élèves lors du mois d'août. Il y avait toujours des élèves excités par la rentrée scolaire, d'autres étaient plus anxieux, alors Ron les rassurait. Plus le temps passait, plus il se disait qu'il faisait le métier le plus incroyable. La fascination du roux pour cette profession ne faiblissait jamais, au contraire, elle grossissait sans cesse. Alors, une vague d'excitation s'emparait de l'homme à un tel point qu'il avait l'impression de redevenir un enfant.

« Arrête de rêvasser mon garçon, tu as du travail qui t'attend. »

L'homme regarda le portrait magique qui se trouvait derrière lui, au niveau du comptoir.

« Je ne rêvasse pas. » Protesta-t-il, « Bon, peut-être un peu. » Avoua-t-il.

Même en peinture Ollivander restait impressionnant, mais Ronald ne regrettait pas d'avoir cette peinture qui trônait ici depuis le décès du fabricant, deux ans plus tôt.

La clochette tinta et le propriétaire se reconcentra.

« Bienvenue. » Salua-t-il avec un certain entrain avant de se figer. « Bonjour Bill.

- Bonjour Ron. » Dit son aîné en rentrant dans la boutique alors que Victoire s'était précipitée au comptoir.

« Bonjour oncle Ron, je vais enfin avoir ma baguette ! » S'exclama la jeune fille.

Le Serpentard ne risquait pas de l'oublier, la petite blonde – le portrait craché de sa mère – était la première de la tribu à faire sa rentrée à Poudlard. C'était certainement le sujet de discussion de tout le monde cet été.

« Je me doute, impatiente alors ?

- Carrément. En plus, maman a eu une promotion au travail. Elle a promis de m'acheter la plus belle chouette !

- Oh j'ai hâte de la voir au prochain repas. » Puis regardant son frère, « Félicitations pour Fleur, ça ne m'étonne pas.

- Merci. Mais inutile d'en faire plus que nécessaire. »

Chaque compliment sortant de la bouche du Serpentard semblait être pris avec des pincettes, notamment avec Bill. Cela ne surprenait plus le cadet. Sous ses yeux, il pouvait voir la jeune fille faire la moue, mécontente de différer l'achat de sa baguette.

« Sérieusement Bill, arrête de voir le mal partout. Magda m'avait prévenu qu'elle voulait promouvoir Fleur.

- Magda Günthers ? » Demanda le briseur de sort, dérouté.

« Pardon, j'avais oublié que Magda avait gardé son nom de jeune fille dans le cadre de son travail à Gringotts. »

En réalité, Ronald n'avait pas du tout oublié ce fait. Mais la perspective de voir son frère se décomposer était tentante. La famille de Magda travaillait depuis des générations dans la finance, la femme avait de ce fait gardé ce nom influent dans le cadre professionnel.

« Il s'agit de Magda Nott, tu ne savais pas ? » Continua-t-il innocemment.

« Qu…

- Je voudrais bien ma baguette moi. » Interrompit Victoire.

« Pardon jeune fille ! On se connaît un peu nous deux, non ? »

L'enfant hocha la tête, elle ne connaissait pas très bien son oncle, mais elle le voyait quand même lors des repas de famille.

« J'ai déjà quelques idées pour toi. Laisse-moi chercher ça tout de suite. »

Ronald contourna le comptoir et s'approcha des étagères. Il sembla réfléchir quelques secondes, puis il se saisit de l'échelle pour chercher des baguettes. Alors qu'il plissait les yeux à la recherche de baguettes particulières, son frère sortit de sa torpeur.

« Ce n'est pas possible, tu parles bien d'elle ? De l'Allemande avec quatre enfants ?

- Tu veux dire Elvira, Aurelius, Constanze et Hilda ? Oui, pas de doute, je suis le parrain d'Aurelius. On est de bons amis. Après tout, je connais Theodore Nott depuis vingt ans. » Déclara le Serpentard sur le ton de la discussion alors qu'il sortait un écrin de baguette poussiéreux.

« Mais ?

- Laisse-moi deviner ? Comment une femme si douce, certes sang pur, a-t-elle pu épouser un si vile Serpentard, fils de mangemorts ? Pire encore, comment un sang pur comme Nott peut-il avoir quatre enfants alors qu'il avait un héritier mâle dès la seconde grossesse de sa femme ? »

Le ton de Ronald transpirait le cynisme, et il adorait énoncer ce discours si ridicule à ses yeux.

« J'ai bien peur de t'avouer que Nott aime sa femme et qu'ils sont comblés par leur vie de famille. Ha, voilà la baguette que je cherchais ! »

L'homme descendit de son échelle pour déposer deux écrins devant les yeux pétillants de Victoire.

« Tu vas faire une syncope ou tu viens voir ta fille trouver sa première baguette ?

- J'hallucine… » Souffla l'aîné qui digérait mal l'information.

Cependant, il se plaça derrière sa fille et regarda son frère dévoiler deux baguettes. D'un geste de la main il désigna celle de gauche.

« Premier choix : bois de saule, vingt-sept centimètres, flexible et crin de licorne. Je pense que le saule et le crin de licorne te correspondent bien. Prends-la pour voir. »

La fille ne se fit pas prier et vint saisir la baguette, elle l'observa et sursauta légèrement lorsque des étincelles rouges jaillirent. Ron grimaça et attrapa la baguette pour la ranger.

« Bon, peut-être que non. Tentons celle-ci : chêne blanc, trente centimètre, rigide et crin de licorne. »

Une deuxième tentative qui se solda par un échec. L'enfant parut dépitée.

« Et pourquoi pas des cheveux de vélane comme la baguette de maman ?

- C'est un cœur de baguette atypique. En Angleterre, le crin de licorne, la vésicule de dragon et la plume de phénix sont les principaux. Même s'il m'arrive de travailler avec d'autres cœurs lorsque je reçois des commandes venant de l'étranger.

- Ha ? Je ne savais pas… »

Avec étonnement, Ron constata que son frère l'écoutait avec attention. Comme s'il réalisait qu'il était réellement le nouveau fabricant de baguette de ce pays.

« J'ai peut-être une idée, attends Victoire. »

Et, alors que le Serpentard allait se rendre dans l'arrière-boutique, la porte tinta.

« Par Salazar, Ronald Weasley ! Je n'arrive pas à croire mes yeux ! » Retentit une voix joyeuse.

L'interpellé et les membres de sa famille parurent surpris par cette arrivée remarquée. Il s'agissait d'une jeune femme, de vingt-cinq ans peut-être. Petite, blonde, charmante, et surtout, habillée à la moldue. Ron la détailla de la tête aux pieds, cherchant dans sa mémoire.

« Amanda ? Amanda White ? »

Sa voix trahissait son ébahissement. Il ne l'avait pas vue depuis la fin de Poudlard. Elle devait avoir treize ans à l'époque. La jeune femme s'avança vers lui, d'un pas léger et élégant, tandis qu'elle affichait un sourire doux. Elle salua Bill et sa fille avant de s'adresser à son ancien préfet.

« C'est vraiment incroyable que tu sois là, mais ça ne m'étonne pas.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? Tu es retournée chez les moldus vu ta tenue, non ?

- En vrai, j'étais partie au Canada, côté magique. Mais je viens d'emménager à Flagley-le-Haut. Et puis ça... » Elle désigna ses vêtements, « J'ai passé quelques jours chez mes parents à Londres et mon neveu a cassé ma baguette en jouant avec… Me voilà donc ici. Mais je vais attendre que tu finisses avec cette jeune fille. »

Le roux hocha la tête, souriant face à ces retrouvailles agréables. Il alla chercher une nouvelle baguette pour sa nièce. Cependant, même en se trouvant dans l'arrière-boutique, il pouvait entendre la voix de Victoire.

« Vous êtes une née-moldue madame ?

- C'est ça.

- Comme ma tante, n'est-ce pas papa ?

- Oui… Et, vous connaissez Ron ?

- Connaître, c'est un bien grand mot. J'avais quatre ans de moins que lui à Poudlard mais Ronald était un excellent préfet de maison, tellement impliqué. Celui qui lui a suivi était nettement moins heureux de se retrouver avec quelques sangs-de-bourbe à Seprentard.

- Je vois… »

Le Serpentard revint dans la pièce avec une nouvelle baguette.

« Comme tu es mignonne toi. » Rigola l'homme sur un ton léger alors qu'Amanda lui offrait un clin d'œil, « Bois de peuplier, vingt-neuf centimètre, souple et plume de phénix. Ça correspond très bien à ta personnalité. Et puis, comme tu peux le voir, elle est fine et délicate. Un parfait rappel à la culture française à mon avis. » Révéla-t-il sur un ton confiant.

« Comme tu peux le savoir ?

- Je vais te dire un secret…

- Oui, enfin, pas trop de secrets mon garçon. » Grommela Ollivander.

« Promis patron ! » Et se mettant à chuchoter sur le ton de la confidence, « Il y a une centaine de bois possibles pour fabriquer des baguettes, et chacun a des propriétés uniques qui s'accordent avec la personnalité du sorcier…

- Assez de secrets ! »

Ronald leva les mains en l'air et se tut, ne voulant s'attirer davantage les foudres de son maître. Victoire prit la baguette, l'agita, et cette fois des étincelles harmonieuses apparurent sous l'exclamation surprise de l'enfant.

« Félicitations, je pense que tu as trouvé ta baguette.

- T'as vu papa ?

- Oui, ça y est, tu rentres dans le monde des grands. »

Bill passa sa main sur l'épaule de sa fille, visiblement fier d'assister à cette grande étape importante de son enfant.

« Monsieur Ollivander, vous voulez la voir ? » Demanda-t-elle joyeusement.

Elle se dirigea vers le portrait magique, fière de son acquisition. Ron et Bill la regardèrent amusés. Puis, le Serpentard porta à nouveau son attention sur la blonde.

« Tu voudrais une baguette similaire à ton ancienne ?

- Dans l'idéal oui, bois d'érable et vésicule de dragon. Tu as ?

- Évidemment. »

Il trouva en une en quelques secondes.

« Trente et un centimètres, souple. »

Amanda testa la baguette, avec satisfaction elle lança un wingardium leviosa réussi.

« Parfait, je te la prends.

- Allez, j'en profite qu'Ollivander soit occupé pour te faire une petite ristourne, huit gallions.

- Ça te dit de prendre un verre après ta journée ?

- Je suis un homme marié chère Amanda. » Se moqua gentiment l'homme alors qu'il encaissait les pièces.

À côté, ils entendirent Bill se racler la gorge, mais la née moldue ne s'en offusqua pas.

« Alors que Parkinson est lesbienne ? Ne me dis pas le contraire. »

Cette fois l'aîné Weasley toussota comme s'il avait avalé de travers.

« J'appelle les secours maintenant Bill ou ça va aller ? » Puis reportant son attention sur la femme, « Comment tu sais ça toi ?

- J'ai toujours trouvé que Parkinson agissait comme ma sœur lesbienne. C'était juste une supposition mais puisque tu confirmes… »

Ronald ricana, elle avait bien changé la petite Amanda qui avait le trac lors de sa répartition. Mais, quelque part, ça lui plaisait.

« Bien joué. Salazar m'en est témoin, ça aurait été avec plaisir, vraiment, mais je suis avec quelqu'un de quelque peu jaloux. Tu m'en excuseras.

- Pas de problème, on peut prendre un verre en tout bien, tout honneur. Allez, à la prochaine ! »

La jeune femme garda son sourire en sortant de la boutique. Elle était devenue amusante et Merlin savait à quel point elle était son type de femme physiquement ! Mais là n'était pas la question. Reprenant un peu de son sérieux, il s'adressa à son frère :

« Ça fera neuf gallions et trois morilles pour Victoire. »

Son frère compta les pièces et lui tendit.

« Tu vas t'en remettre de toutes ces informations ? Entre Theodore et Magda Nott, puis une née-moldue à Serpentard ? D'ailleurs la préfète de la maison était aussi une née-moldue lors de ma première année. Ça ne fait pas trop à assimiler ? »

Il ne manqua pas la crispation qui saisit son frère, ni le pincement de lèvres. Bill ne pouvait ni nier que Madga était une personne aimante, ni nier les origines de la camarade de son frère. Lui, qui avait été si virulent à son égard depuis sa répartition.

« C'est… déroutant, j'admets…

- Je prendrais ça pour un compliment dans ce cas.

- Peut-être que j'ai été un peu rude par moments avec toi. »

Ronald aurait voulu lui dire qu'il s'agissait d'un euphémisme, cependant, il était lui-même déstabilisé par cette forme d'excuse qu'il n'avait plus espérée depuis des années.

« Merci.

- Tu… » Continua, plus hésitant, Bill, « fréquentes vraiment quelqu'un en ce moment ?

- Euh, oui. »

Cette fois c'était Ron qui était incertain face à la tournure de la discussion.

« C'est bien j'imagine… Depuis longtemps ?

- Sept ans. »

Pourquoi sa réponse sonnait comme une question ? Bill écarquilla les yeux, cherchant ses mots.

« Aussi longtemps et tu n'as rien dit ?

- Disons qu'aucun de mes projets de vie n'a été réellement approuvé par vous, et, je doute que celui-ci le soit plus que les autres.

Oserait-il seulement avouer un jour qu'il était en couple avec Draco ? Il ne l'imaginait pas. Il avait même interdit formellement à son fils de faire la moindre allusion. Ce qui devait être difficile étant donné que Malfoy était son parrain…

« Parce que c'est un homme ? »

Ronald se crispa et fit mine de dépoussiérer une étagère pour éviter de répondre.

« Ce n'est pas grave. »

Le Serpentard ricana.

« Ça ne sonne pas vraiment sincère, Bill. Mais j'imagine que je ne suis plus à un scandale près, hein ? »

Son frère s'apprêta à parler lorsque la porte de la boutique s'ouvrit sur une mère et son enfant.

« Victoire, viens, nous allons acheter ta chouette. »

La fille se détourna du portrait magique à regret et rejoignit son père sans réellement prêter attention à son malaise.

« Merci pour la baguette Ron et… Et si tu veux passer un jour à la maison, tu… Ça ferait plaisir. »

Juillet 2013

« Vous allez bien ? » Questionna Hugo dont les parents étaient assis devant lui, « C'est à propos de la rentrée ? »

Du haut de ses onze ans, Hugo Weasley allait faire sa rentrée à Poudlard. Le temps passait vite même si Ronald détestait ce genre de dicton bateau. Mais lorsqu'il voyait son fils, il ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. La ressemblance entre le père et l'enfant était frappante malgré les yeux marron et les cheveux auburn d'Hugo. D'un caractère calme et attentif, l'homme se demandait souvent comment il avait pu élever un tel enfant avec une éducation hybride qui reniait à la fois l'éducation des sangs purs et celle des Weasley.

Il suffisait de voir Hugo lors des repas de famille au Terrier. D'un côté le garçon était perçu trop traditionnel, trop sérieux, à côté de ses cousins et cousines ; de l'autre, il possédait une curiosité et d'une ouverture d'esprit rares pour un sang pur.

« Tout va bien. » Rassura le père, « Tu n'es pas inquiet pour Poudlard ?

- Vous allez parler de la répartition ? » Demanda l'enfant alors que son regard se posait sur sa mère.

« Non, même s'il s'agit d'une étape importante. Tu vas quitter la maison, même si tu rentreras pour chaque vacance…

- Ha, vous voulez parler de votre divorce. » Dit Hugo, l'air de rien.

Pansy ricana faiblement.

« Tout à fait. » Confirma-t-elle.

Le couple n'avait jamais caché leur situation à leur fils, ni même leur sexualité respective. C'était certainement en révélant cette sexualité que l'enfant avait accepté aussi facilement la perspective de voir un jour ses parents divorcer. Depuis tout petit, Hugo n'avait jamais ignoré ce que représentait son parrain pour son père, ou, Luna pour sa mère. Et, aussi atypique que pouvait être leur famille, les relations étaient saines, chacun avait trouvé sa place.

« Il y a un problème ? Vous n'allez plus divorcer ? » Demanda le fils avec un semblant de déception.

« Si bien sûr, du moins si ça te convient. Nous pouvons repousser la question à la fin de tes études. » Rassura Ronald.

Même si, dans l'absolu, Pansy et lui avaient convenu de divorcer à l'entrée d'Hugo à Poudlard ils préféraient avoir l'accord de ce dernier.

« Tu vas vivre avec Luna, c'est bien. Oh, est-ce que ça veut dire que tu vas te marier avec elle ? » Demanda-t-il vivement, comme ravi par cette idée.

« Du calme jeune homme, on n'y est pas.

- C'est tout comme. Et toi, papa ?

- Eh bien quoi ?

- Parrain va aussi divorcer ? »

Ronald écarquilla les yeux à la question et ne sut quoi rétorquer à cela.

« Scorpius est encore un peu jeune pour que parrain divorce. » Intervint Pansy.

Le garçon sembla réfléchir un instant avant de hocher la tête, l'argument se tenait. Ronald, lui, savait qu'il ne s'agissait que d'une parade pour ne pas répondre à la question. Car, plus son divorce approchait, moins Draco se montrait enclin à se projeter ensemble au quotidien. Et ce comportement l'effrayait.

1er Septembre 2013

Malgré le divorce qui venait d'être officialisé, Pansy et Ronald se trouvaient au Terrier en ce jour de rentrée scolaire. Avec une émotion toute particulière, l'ancien Serpentard avait accompagné son fils sur les quais de la gare, ce qui lui avait fait remonter de nombreux souvenirs en mémoire. Le souvenir de son propre départ lui était revenu avec précision. Il s'était rappelé de cette angoisse sourde qui l'avait saisi ce jour là, du départ précipité de la maison, de la foule à la gare, de sa mère dépassée, des plaisanteries des jumeaux qui voulaient lui faire peur à propos de Serpentard… Plus de vingt ans plus tard, ces plaisanteries le faisaient rire.

Sa scolarité avait été sans aucun doute un fiasco, alors il refusait de faire peser cette même peur sur les épaules d'Hugo. Sur le quai, il avait dit à l'enfant qu'il serait fier de le voir réparti à Serpentard, cette maison avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui. Néanmoins, il avait bien insisté sur le fait que ce n'était pas une finalité. Pansy avait d'abord grommelé que ce serait tout de même bien qu'il aille dans leur ancienne maison, du moins avant d'admettre que ce n'était pas une obligation.

Et puis, forcément, ils avaient croisé Percy et Audrey avec leurs filles, la jeune Molly faisait elle aussi sa rentrée. Par la même occasion, Bill et Fleur étaient présents, leurs filles aînées rentraient en seconde et troisième année.

Les relations avec Bill s'étaient adoucies, sans pour autant tomber dans des démonstrations incroyables d'amitié. Mais, depuis deux ans, Ronald devait reconnaître les efforts de son frère. Ils étaient tous deux moins sur la défensive ou prêts à attaquer au moindre sous-entendu. C'était en soi assez extraordinaire au vu de leur passif.

C'était d'ailleurs Bill qui était venu les saluer, même Pansy – là encore Ron appréciait l'effort –, pour les inviter au Terrier au débotté le soir même.

Ainsi, Ronald et Pansy se trouvaient dans le salon, en train de boire un thé en cette fin de dîner. Percy et Bill s'y trouvaient avec leur compagne, il y avait aussi Ginny et Potter quoiqu'aucun de leur enfant ne soit en âge d'aller à Poudlard. Mais de ce qu'avait compris l'ancien Serpentard, Potter avait demandé à Neville Longdubat de les contacter par cheminette juste après la répartition, afin de connaître celle des nouveaux élèves. Ronald ignorait que l'homme était devenu professeur, il se demandait par quel miracle s'était arrivé.

Aux yeux du fils, la famille Weasley restait bien trop obnubilée par la répartition de la nouvelle génération. Chaque répartition à Gryffondor réconfortait certaines personnes, confirmant un peu plus que Ronald était le vilain petit botruc de la famille. Victoire et Dominique avaient donc fait honneur à la réputation des Weasley et rejoignant les lions.

La cheminette crépita, la matriarche se dirigea devant la cheminée pour accepter la communication. Après quelques secondes, la voix du professeur de botanique s'éleva :

« Bonsoir Molly, comment vous vous sentez ?

- Très bien mon garçon, impatiente comme tu peux l'imaginer. La soirée s'est bien déroulée ?

- Un peu la cohue comme chaque année, mais rien d'ingérable. Les petits nouveaux viennent de s'installer dans les dortoirs.

- Et la petite Molly ? »

La grand-mère était incapable d'entretenir davantage la conversation de courtoisie, encore plus lorsque cela concernait l'enfant qui portait son prénom.

« Elle est à Gryffondor. »

Une exclamation de joie sortit de la matriarche tandis que des félicitations s'élevèrent dans le salon à l'adresse de Percy et d'Audrey. Ronald fit l'effort de féliciter bien qu'il trouvât absurde de congratuler les parents pour quelque chose qui concernait uniquement leur enfant.

« Et… vous voulez savoir pour Hugo ? » Reprit le professeur.

« Ça ne vous dérange pas ? » Questionna Arthur à l'adresse des Serpentard.

Ronald regarda Pansy qui lui lançait un regard ennuyé. Au point où on en était, pensait-elle sûrement. Ce genre de petite soirée n'était clairement pas ce qu'elle appréciait le plus.

« Allons bon, continuons les festivités. » Déclara l'homme.

De toute manière, il savait que la répartition de son fils allait faire jaser, s'il était à Serpentard ce serait de sa faute ; s'il était à Gryffondor, ce serait une erreur…

« C'est un peu embarrassant à vrai dire…

- Accouche Longdubat ! » S'exaspéra Pansy qui détestait ce genre de manière.

« Il est à Poufsouffle. »

Personne n'osa parler, absolument personne dans la pièce, pas même les parents du concerné. Ronald avait retenu sa respiration et avait regardé vivement son ancienne épouse. Cette dernière était perplexe, il pouvait voir les commissures de ses lèvres tressaillirent.

Personne ne fit attention au départ de Neville. Puis, l'attention de la famille Weasley se focalisa sur les deux anciens Serpentard, dans l'attente de leur réaction.

Car s'il n'y avait pas pire insulte d'avoir un Serpentard en tant que Gryffondor ; il n'y avait pas pire pour un Serpentard d'avoir un Pousouffle…

Leur fils était à Pousouffle. La maison invisible de Poudlard, cette même maison dont Ron se moquait avec ses amis lors de sa scolarité. Il y avait tant à dire sur les blaireaux.

Ronald éclata de rire. D'un rire puissant, loin d'être contenu. Il ne put s'empêcher d'en rire jusqu'à se tordre sur le canapé, laissant sa famille interloquée. Cela contrastait avec violence avec la rigidité habituelle de l'homme lors de ses visites au Terrier.

« Évidemment, il fallait qu'elle ait raison ! » S'exclama alors la brune d'un ton incrédule, « Arrête de rire !

- Par Salazar, c'est excellent ! » Parvint à dire le fabricant de baguette qui peinait à reprendre sa respiration.

« Je n'arrive pas à croire que Luna puisse avoir raison sur ce coup, j'avais dit Serdaigle à la rigueur… Mais Poufsouffle ?

- Est-ce une si grande surprise avec le mode de vie auquel on l'a habitué ? » Plaisanta-t-il.

« Une vie bien trop fantaisiste, si tu veux mon avis. » Rétorqua-t-elle.

Si la femme sonnait désappointée, Ronald la connaissait suffisamment pour deviner qu'elle était plus agacée d'avoir perdu ses pronostiques qu'autre chose. Bien sûr qu'elle aurait voulu voir Hugo à Serpentard, Ron aussi. Peut-être que si elle n'avait pas partagé une partie de sa vie avec le roux, elle n'aurait jamais accepté cette répartition… Sans doute que Ronald était parvenu à la tempérer au fil des ans.

Et Ronald, lui, ne pouvait que rire de cette nouvelle.

« Tel père, tel fils, faut croire. »

En aucun cas, il était en position de remettre en cause la décision du Choixpeau magique. Il n'était personne pour juger.


(1) Le fils de George s'appelle normalement Fred II en hommage à son frère mais puisque Fred est vivant dans cette histoire, j'ai décidé d'appeler son fils, Arthur.

Alors ? Il s'agit d'un gros chapitre mais est-ce qu'il vous a plus au moins ? J'ai essayé d'aborder un maximum d'aspects sur la vie de famille de Ron mais aussi sur sa relation avec Draco. Et que pensez-vous de la répartition de Hugo ?

A très bientôt, je me lance le défi de publier le dernier chapitre avant le nouvel an. Sur ce,

Enjoy.