Hellooooo la compagnie!

Comment ça va bien? Ce confinement se passe bien? Vous n'avez tué personne encore?

Moi ça y est j'en suis arrivée au stade où je passe la journée à me parler à moi-même à voix haute. Je n'avais jamais réalisé à quel point ma conversation était intéressante ^^

Bon trêve de plaisanterie, parlons de choses sérieuses: le chapitre! Avouez que vous ne pensiez pas qu'il arriverait si vite hein? Je voulais vous remercier pour tout vos retours sur le chapitre précédent! Merci de continuer d'être là et de me faire vos retours malgré mes 5 mois de délais de publication! Vous êtes toujours au top!

Par contre, je suis désolée d'avance, mais je pense que le prochain chapitre mettra un peu plus de temps à être publié. Et oui, les joies du télétravail... Mais je fais mon max! Promis!

Allez j'arrête de blablater et je vous laisse avec ce nouveau chapitre qui, j'espère, vous plaira!

Bonne lecture!

LSAfor

PS: Comme toujours, merci à Debo pour la correction du chapitre!


Chapitre 33 :

- J'ai eu peur, prononça doucement Lexa.

De longues secondes étaient passés depuis qu'elles s'étaient retrouvées et aucune des deux n'avait ni bougé ni parlé, leurs fronts toujours collés l'un à l'autre.

Lexa commençait à avoir mal au dos mais elle s'en fichait. Elle avait besoin de rester exactement là où elle était.

- Je sais… répondit Clarke.

Elle le savait oui. Parce qu'elle savait que si les situations avaient été inversées, si Lexa s'était trouvée à sa place, elle aurait surement perdu la tête.

Les yeux toujours fermés, Lexa se concentra sur la respiration de Clarke pour calmer le rythme de la sienne.

- Tu n'as pas le droit de me quitter. Jamais, déclara-t-elle d'une voix légèrement paniquée. Je te promets, je n'y survivrais pas…

- Je n'en ai aucune intention, lui assura Clarke avec un sourire.

- Je suis sérieuse Clarke, répondit Lexa en s'éloignant légèrement pour pouvoir la regarder dans les yeux.

Ses yeux étaient rouges et Clarke ne put s'empêcher de porter ses deux mains à son visage pour lui essuyer délicatement les larmes qui avaient coulé sur ses joues.

- Tu – tu dois attendre que je meure avant de mourir, okay?

Clarke savait qu'elle ne plaisantait pas mais elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

- C'est un peu injuste pour moi, non?

- M'en fiche, répondit Lexa. J'ai le droit d'être égoïste des fois…

Clarke laissa échapper un léger rire avant de grimacer presque immédiatement lorsque le haut de son abdomen lui fit mal. Lexa s'éloigna et la fixa, inquiète, mais Clarke esquissa un sourire pour la rassurer et s'empressa de lui répondre :

- Personne ne va mourir de sitôt. Toi et moi, on va vivre jusqu'à ce qu'on se retrouve en maison de retraite et qu'on passe notre temps à se chamailler…

- On passe déjà notre temps à se chamailler, lui fit-remarquer Lexa en esquissant à son tour un petit sourire.

Mais elle le perdit rapidement pour retrouver une mine inquiète et Clarke savait ce qu'elle allait lui demander avant même qu'elle n'ouvre la bouche.

- Comment te sens-tu réellement? questionna Lexa.

- Ça va, assura Clarke.

Elle savait que cette réponse ne suffirait pas à sa petite-amie, alors elle poursuivit:

- Je me sens très faible mais c'est normal après une anesthésie générale. La morphine fait encore effet donc je ne ressens pas vraiment les autres douleurs. La seule chose qui me gêne réellement c'est mon mal de tête. Mais il finira par passer quand la concussion se sera résorbée.

Lexa acquiesça de manière imperceptible avant de glisser sa main dans celle de Clarke. Elle ne quitta pas son visage des yeux et continua de l'étudier longuement.

- Tu devrais te reposer…

Clarke lui répondit par un acquiescement mais elle n'avait pas envie de voir ce moment se terminer. Elle s'était réveillée complètement perdue et désarçonnée. Et même après que le médecin l'ait vu, que Murphy lui ait expliqué ce qu'il s'était passé, elle n'avait réussi à retrouver réellement son calme que lorsque Lexa était arrivée.

- Comment va Bellamy? demanda-t-elle alors que ses pensées revenaient, pour la énième fois, à l'accident. Murphy m'a dit qu'il n'avait rien eu mais –

Elle s'interrompit lorsqu'elle entendit Lexa renifler dédaigneusement.

- Il va très bien, répondit cette dernière d'un ton irrité.

Clarke fronça des sourcils face à sa réaction.

- Qu'est-ce qu'il y a?

Lexa hésita quelques secondes avant de lui répondre:

- Disons que j'ai un peu perdu mon sang-froid avec lui et il est parti…

- Lexa! s'exclama Clarke en redressant la tête.

Mais elle se retrouva à la laisser immédiatement retomber sur son oreille en grimaçant lorsque son crâne lui donna l'impression d'être frappé par un électrochoc.

- Tu m'engueuleras plus tard, lui dit Lexa en se rapprochant d'elle. Là, il faut que tu te reposes…

- Ce n'est pas de sa faute, déclara Clarke en fermant les yeux.

Elle prit une profonde inspiration pour tenter de calmer sa douleur puis les rouvrit pour regarder Lexa qui continuait de la fixer, inquiète.

- Il m'a proposé de conduire lorsqu'il a vu que j'étais trop fatiguée pour conduire, expliqua-t-elle. Il voulait juste me rendre service…

- Et ça excuse le fait qu'il ait mis ta vie en danger? rétorqua Lexa.

- C'était un accident, rappela Clarke. Ça aurait pu arriver à n'importe qui et tu le sais…

Lexa sentit une pointe d'agacement dans sa poitrine mais elle disparut presque immédiatement. Elle porta une main jusqu'au front de Clarke et caressa tendrement les cheveux qui s'y trouvaient.

- Ça n'a pas d'importance, dit-elle doucement. La seule chose qui en a, c'est que tu ailles bien…

Clarke abdiqua à son tour en acquiesçant doucement. Elle ferma les yeux de longues secondes en savourant le toucher de Lexa qui continuait de la regarder sans détourner une seule fois les yeux puis les rouvrit et commença à bouger dans son lit.

- Qu'est-ce que tu fais? lui demanda Lexa qui s'était complètement figée, légèrement paniquée.

Clarke ne répondit pas immédiatement. Elle se concentra pour veiller à ne pas se faire mal et se décala lentement sur le côté pour faire de la place.

- Viens, intima-t-elle en tapotant le côté désormais vide du lit.

Comprenant ce qu'elle lui demandait, Lexa fronça des sourcils d'un air incertain.

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, je ne veux pas prendre le risque de te faire mal.

- Je suis médecin Lex, lui rappela Clarke. Je sais donc que je guérirais plus rapidement si je suis dans tes bras…

- Je ne savais pas que les câlins étaient un remède.

- C'est scientifiquement prouvé, assura Clarke.

- Je suis quasiment certaine que tu mens, lui dit Lexa.

- Lex.

- Bon d'accord…

Tout en se glissant dans le lit, Lexa se demanda ce que diraient ses plus grands partenaires d'affaires s'ils la voyaient céder aussi facilement à sa petite-amie. C'était juste incroyable le pouvoir qu'elle avait sur elle. Si elle n'était pas occupée à veiller à être la plus délicate possible, elle se serait surement mis un coup sur le front.

Elle se tourna sur le côté de sorte à prendre le moins de place possible et laissa Clarke se blottir contre elle. Cette dernière ferma les yeux en esquissant un petit sourire victorieux et attrapa une nouvelle fois sa main pour l'entremêler à la sienne. Face à cette vision, Lexa secoua la tête, exaspérée et amusée à la fois, avant de poser un baiser sur son front.

- Je t'aime à l'infini, Clarke Griffin…

- Et moi encore plus, lui répondit la nommée d'une voix endormie.

- Encore plus que l'infini? répéta Lexa, amusée.

- Tellement plus… soupira Clarke.


C ∞ L


Après plusieurs jours d'observation à l'hôpital, Clarke reçut enfin l'accord du médecin pour rentrer chez elle. Et elle n'avait aucune intention de perdre plus de temps.

Donc, après que l'infirmière lui ait retiré ses perfusions, elle s'était empressée de se lever pour s'habiller malgré les réprimandes de Lexa et de sa mère qui n'avaient cessé de lui dire de faire attention, et rangeait dorénavant ses affaires.

Elle allait mieux. Beaucoup mieux. Sa cicatrice à l'abdomen la tiraillait dès lors qu'elle faisait un mouvement assez brusque et ses côtes étaient encore sensibles mais la douleur avait presque disparu. Sa concussion, elle, s'était complètement résorbée et ses hématomes n'étaient presque plus visibles. En somme, elle était quasiment remise. Et elle n'avait qu'une hâte, c'était de quitter cette chambre.

Elle adorait cet hôpital. Cet endroit était sa seconde maison. Mais bon sang ce qu'elle pouvait détester être une patiente!

- Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on reste quelques jours de plus? lui demanda sa mère occupée à plier méticuleusement les habits de Clarke à côté d'elle.

Ce qui se révéla complètement inutile car, une fraction de seconde plus tard, cette dernière les attrapa sans aucun ménagement et les fourra dans le micmac qui composait son sac.

- Oui Maman, répondit Clarke. Je vais très bien, je rentre à la maison et je vous ai gardé assez longtemps ici avec moi.

- Je peux m'absenter quelques jours de plus, lui assura Abby. Et ton père aussi.

- Tu es Chef de Chirurgie Maman. C'est déjà énorme que tu aies pu venir. Et même si papa a son projet avec Lexa, il travaille encore pour Jaha. Vous ne pouvez pas rester ici indéfiniment…

Abby ne trouva rien à répondre à ses arguments mais Clarke remarqua qu'elle continuait d'être réticente à l'idée de la laisser.

- Maman, je peux t'assurer que tout va bien, tenta-t-elle de la rassurer un peu plus. Tu as entendu le Dr Pike, il a dit que j'étais presque complètement rétablie.

- Presque, lui fit remarquer sa mère. Même si tu rentres chez toi, tu dois faire attention. Tu ne sens peut-être plus de douleur mais la cicatrisation a besoin de beaucoup de temps…

Clarke laissa échapper un petit rire exaspéré avant de se tourner vers sa mère.

- Je sais déjà tout ça et je n'ai pas l'intention d'aller courir de marathon. Même en pleine forme, je déteste les exercices physiques donc il n'y a vraiment aucun risque!

Elle adorait sa mère et elle lui était vraiment reconnaissante de vouloir prendre soin d'elle et de s'assurer qu'elle allait bien.

Mais elle voulait sortir de cet hôpital et retrouver un semblant de normalité. Et avoir ses parents avec elle, à s'inquiéter dès lors qu'elle ferait le moindre geste, représenterait tout sauf de la normalité. Surtout lorsqu'elle avait déjà une petite-amie qui s'en chargeait parfaitement.

Elle laissa échapper un nouveau rire face à cette dernière pensée et, tout en reportant son attention sur ses affaires étalées sur son lit, elle ajouta:

- De toute façon, avec Lexa, même si je le voulais, je ne pourrais pas…

La porte de la chambre s'ouvrit à ce moment-là, laissant apparaitre l'objet même de leur discussion en pleine conversation avec Jake.

Mais dès lors que son regard se posa sur Clarke, Lexa s'interrompit immédiatement.

- Qu'est-ce que tu fais debout? la réprimanda-t-elle. Tu dois te ménager.

Clarke ne lui répondit pas et se tourna vers sa mère en lui disant « Tu vois, je te l'avais dit » avant de reporter son attention sur sa petite-amie qui s'était approchée d'elle.

- Lex, je ne suis pas infirme.

Lexa ignora ses mots et lui retira les vêtements des mains avant de l'obliger à s'assoir. Clarke poussa un soupir exaspéré mais se laissa tout de même faire tandis que ses parents échangeaient un regard amusé.

- J'ai rapproché la voiture, lui dit Lexa en rangeant ses affaires à sa place. Et j'ai fait venir une voiture pour vous, M. et Mme Griffin, ajouta-t-elle à l'adresse des parents de sa petite-amie. Je suis désolée, j'aurais voulu vous accompagner moi-même à l'aéroport mais je préfère ramener directement Clarke à la maison pour qu'elle se repose. J'espère que vous le comprenez…

Abby et Jake échangèrent un nouveau regard. Ils étaient réticents à l'idée de rentrer à Malibu alors que Clarke se remettait tout juste de son accident. Mais lorsqu'ils voyaient la ferveur avec laquelle Lexa prenait soin de leur fille, ils se sentaient beaucoup plus rassurés.

Elle ne pouvait être entre de meilleures mains.

- Bien sûr Lexa, répondit Jake. Ne t'excuse surtout pas de veiller sur notre têtue de fille.

- La têtue de fille est là je vous rappelle, grommela Clarke. Et elle entend tout ce que vous dites.

Lexa esquissa un sourire avant de poser un baiser sur son front en soufflant un petit « pardon ». Clarke perdit immédiatement sa moue boudeuse et lui adressa un sourire à son tour.

Ses parents suivirent l'échange silencieusement avant de se regarder et de sourire.

Oui, ils laissaient leur fille entre de bonnes mains…


Après avoir quitté l'hôpital et avoir dit au revoir à Jake et Abby, Clarke et Lexa arrivèrent enfin à leur appartement.

Lexa ouvrit la porte et se décala pour laisser Clarke rentrer avant de la suivre et de refermer la porte derrière elle. Elle posa le sac de voyage qu'elle portait au sol et observa sa petite-amie s'avancer dans le living-room.

- Je sais que ça ne fait qu'une semaine mais bon dieu que cet appartement m'a manqué! s'exclama Clarke.

Lexa laissa échapper un léger rire, tout en continuant de la regarder. À elle aussi voir Clarke chez elles lui avait manqué.

Terriblement.

- Comment te sens-tu? lui demanda-t-elle.

Clarke leva les yeux au ciel avant de se tourner vers elle et de lui adresser un regard à la fois amusé et exaspéré.

- Pour la millième fois mon amour, je vais bien! Tu as entendu ce qu'a dit le Docteur, encore quelques jours et cet accident ne sera qu'un mauvais souvenir.

- Ce Docteur Pike m'a l'air un peu téméraire, rétorqua Lexa.

Clarke pencha la tête sur le côté en esquissant un sourire.

- C'est le meilleur traumatologue du pays…

- Oui bon… concéda Lexa avec une moue boudeuse. Mais en attendant, tu dois te reposer…

- Lex –

- Chut, la coupa-t-elle. Tu l'as dit toi-même, tu as besoin de quelques jours encore.

Elle s'avança jusqu'à elle.

- Tu veux t'allonger ici, lui demanda-t-elle en indiquant le canapé. Ou dans notre chambre? Peut-être que le lit serait le mieux, dormir sur le canapé n'est pas bon pour le dos, tu le dis toi-même. Mais après, il faudrait aussi que tu évites de trop monter et descendre les escaliers, donc on devrait peut-être t'installer dans la chambre d'amis et –

Clarke s'approcha d'elle, pris son visage en éventail et l'embrassa. Elle avait très vite réalisé, dès le début de leur relation, qu'il s'agissait du meilleur moyen pour la faire taire. Ce qui se vérifia une nouvelle fois lorsque Lexa se tut immédiatement et fondit contre ses lèvres.

- Je – Clarke posa un baiser sur ses lèvres – vais – un nouveau baiser – bien…

Lexa laissa échapper l'inspiration qu'elle avait inconsciemment gardée et acquiesça doucement.

L'accident de Clarke l'avait bouleversée plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle savait qu'elle allait bien, son esprit avait parfaitement conscience qu'il y avait eu plus de peur que de mal et que, même si ça aurait pu être beaucoup plus grave, Clarke s'en sortait sans aucune séquelle permanente.

Elle le savait. Elle le voyait. Et elle savait qu'elle réagissait de manière excessive. Mais elle ne pouvait s'en empêcher.

Parce que, dès lors qu'elle s'arrêtait deux secondes et qu'elle repensait au moment où Anya lui avait annoncé l'accident, au moment d'incertitude qui avait suivi jusqu'à ce que le médecin vienne leur dire qu'elle allait bien, elle avait l'impression de suffoquer…

- Lex? prononça doucement Clarke.

Lexa focalisa son attention sur elle, réalisant qu'elle avait été complètement perdue dans ses pensées, ce que Clarke sembla avoir remarqué car elle la fixait avec un petit froncement de sourcils.

- Hmm?

- Ton téléphone est en train de vibrer.

Ce ne fut qu'à ce moment-là que Lexa sentit, qu'effectivement, il était entrain de bouger dans sa poche, ce qui sembla amuser un peu plus Clarke.

- Je ne sais pas à quoi tu pensais mais tu avais l'air complètement ailleurs, lui dit-elle.

- À toi, mon cœur. Je pense toujours à toi, répondit Lexa avec un clin d'œil en attrapant son téléphone.

Clarke laissa échapper un petit rire, un sentiment de soulagement inattendu la saisissant.

Elle retrouvait enfin sa Lexa. Son Casanova à elle. Celle qui ne manquait jamais une occasion de lui sortir une phrase de séduction toute faite pour la faire rire.

Et bon sang, ce que ça avait pu lui manquer.

Lexa avait passé toute la semaine où elle avait été à l'hôpital à ses côtés, s'absentant seulement quelques fois pour rentrer se laver ou récupérer des affaires. Elle avait été là pour elle, à ses petits soins. Et, alors qu'elle avait pensé que c'était juste impossible, Clarke n'en était que plus tombée amoureuse d'elle.

Mais elle l'avait vu inquiète. Beaucoup trop inquiète. À chaque fois qu'elle la regardait, elle pouvait lire dans son regard que son accident l'avait réellement effrayé. Et même s'il s'agissait d'une preuve de plus de son amour pour Clarke, cette dernière voulait que cette inquiétude, cette peur disparaisse. Elle voulait voir sa petite-amie respirer de nouveau.

Et elle allait tout faire pour que ça arrive le plus rapidement possible.

- C'est Anya, déclara Lexa en fixant le téléphone dans sa main.

Clarke la vit froncer des sourcils d'un air pensif et posa un baiser sur sa joue.

- Réponds-lui, lui dit-elle d'un ton encourageant avant de se retirer de leur étreinte et de s'éloigner, ne lui laissant ainsi pas d'autre choix que de décrocher.

Lexa avait assez négligé le monde extérieur pour elle.

Elle s'avança donc jusqu'au canapé sur lequel elle s'assit précautionneusement, veillant à ne pas trop tirer sur son abdomen encore sensible, tout en gardant son attention sur Lexa, désormais au téléphone. Elle vit l'expression de son visage devenir de plus en plus sérieuse au fur et à mesure qu'elle écoutait ce que lui disait sa cousine.

- Et ma mère? l'entendit-elle demander.

Clarke la regarda acquiescer plusieurs fois avant de lever les yeux vers elle. Et le tiraillement qu'elle put lire dans son regard l'amena à lui demander:

- Qu'est-ce qu'il y a?

Lexa dit à Anya qu'elle la rappelait avant de raccrocher et de s'approcher de Clarke.

- Le Conseil d'Administration est en train de se réunir sans que personne n'ait été mis au courant, lui expliqua-t-elle en s'asseyant face à elle sur la table basse. Ma mère s'en est rendu compte par hasard et a demandé à Anya de m'appeler immédiatement pendant qu'elle essayait de gagner du temps…

- Qu'est-ce que tu attends? demanda Clarke. Vas-y!

- Je ne veux pas te laisser seule, répondit Lexa.

Clarke leva les yeux au ciel.

- Je suis sûre que je peux rester quelques heures toute seule, lui assura-t-elle.

- Mais le médecin a dit –

- Lex! l'interrompit Clarke avant qu'elle ne termine sa phrase parce qu'elle savait pertinemment ce qu'elle allait lui dire. Je vais bien et je n'ai aucune intention de bouger de ce canapé. En plus, il y a Raven et Octavia qui ne vont pas tarder à arriver donc je ne serai pas toute seule. Alors vas-y!

Lexa continua de la regarder, toujours aussi hésitante.

- Tu es sûre?

- Oui! répondit Clarke dans un rire exaspéré. Ça fait des jours que je te dis de reprendre le travail!

Elle se redressa doucement et posa ses deux mains sur les genoux de Lexa, un sourire rassurant sur les lèvres.

- Il est temps que tu retrouves le monde extérieur et que tu arrêtes de m'utiliser comme alibi pour te défiler de tes responsabilités, lui dit-elle d'un ton taquin.

Lexa laissa échapper un léger rire avant de la fixer, pensive. Elle n'avait aucune envie de laisser Clarke mais elle savait qu'elle avait raison, elle avait trop négligé ses responsabilités. Et laisser le Conseil se réunir sans elle serait complètement irresponsable.

- Okay, murmura-t-elle avec un sourire.

Elle se leva avant de se pencher vers Clarke et capturer délicatement ses lèvres.

- Je fais au plus vite, promit-elle.


Vingt minutes plus tard, Lexa arriva à Woods & Co.

Elle se dirigea directement vers la salle de réunion où Anya lui avait dit que se tenait la réunion et trouva cette dernière qui l'attendait juste devant la porte.

- Ils viennent tout juste de rentrer, lui indiqua-t-elle.

- Ils sont tous là? questionna Lexa.

- Il semblerait oui.

- Et tu ne sais toujours pas pour quelle raison?

- Non désolée, répondit Anya.

Lexa lui répondit par un simple acquiescement, toujours aussi confuse par cette réunion soudaine.

Depuis l'accident de Clarke, elle s'était absentée de Woods & Co mais avait gardé un œil sur ce qu'il se passait. Elle avait veillé à contacter elle-même chaque membre de la future Coalition pour s'excuser et leur apporter un semblant de justification. Sa mère était restée à New-York pour assurer son intérim et lui avait garanti que tout allait bien. Alors que pouvait-il donc se passer?

Lexa adressa un petit sourire à sa cousine avant de s'efforcer à retrouver un visage impassible et ouvrir la porte.

Elle entendit immédiatement la voix de sa mère déclarer d'une voix forte :

- Nous ne pouvons tenir un conseil sans la présence du PDG!

- Cela fait plus d'une semaine que votre fille est portée disparue, lui répondit Nia. Elle est partie en pleine réunion, abandonnant lâchement dix de nos partenaires parce qu'elle n'assumait pas que son projet ne tenait pas la route!

Lexa sentit une vague de colère l'envahir. Elle choisit donc ce moment-là pour faire son apparition, épargnant ainsi à sa mère une réponse.

- Je vous prie de m'excuser pour le retard, déclara-t-elle en refermant la porte derrière elle, je n'ai été informée de cette réunion qu'à la dernière minute.

Elle adressa un léger signe de tête à sa mère qui ne put cacher son soulagement en la voyant. Puis elle porta son attention sur Nia et fut satisfaite de la voir surprise par sa présence.

Mais la surprise disparue presque immédiatement du visage de l'autre femme et un sourire goguenard se dessina sur ses lèvres.

- Mlle Woods, vous nous honorez enfin de votre présence, dit Nia sarcastiquement. Vous êtes-vous enfin souvenu que vous aviez des responsabilités?

Lexa décida de ne pas lui répondre directement et de se tourner vers tous les membres du Conseil.

- Effectivement, je n'ai pas été présente ces derniers jours, confirma-t-elle. Mais ce n'était absolument pas pour fuir mes responsabilités comme le suppose Mme Queen... J'ai juste eu un souci dans le cadre de ma vie privée qui m'a amené à prendre quelques jours…

M. Edwy, un des membres du conseil, hocha la tête d'un air grave et lui demanda:

- Nous avons entendu parler de l'accident de votre compagne. Comment se porte-t-elle?

Lexa se retrouva prise au dépourvu par la question. Elle ne s'était pas attendue à ce que les membres du conseil soient au courant de ce qui s'était passé. Et elle n'avait aucune envie d'utiliser Clarke comme excuse. Elle voulait la garder loin de tout ça.

Mais elle voyait très bien que la question était sincère. Que M. Edwy voulait réellement savoir comment allait Clarke et qu'il ne demandait pas par simple politesse.

Elle lança un regard autour d'elle et remarqua que plusieurs membres affichaient la même mine grave que le vieil homme et semblaient attendre sa réponse. Et elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire face à la vision.

Elle avait vu Clarke charmer chacun des membres du conseil à chaque gala où elle l'avait accompagnée. Mais ce ne fut qu'à cet instant précis que Lexa réalisa à quel point elle avait réussi à se faire apprécier. Par son sourire, par sa conversation toujours intéressante, par cette capacité qu'elle avait d'écouter une personne et lui donner l'impression d'être la personne la plus importante au monde.

Sa petite-amie était une véritable force de la nature et de voir qu'elle n'était pas la seule à être impactée par elle, de voir qu'elle pouvait s'attirer l'empathie de personnes qu'elle connaissait à peine juste parce qu'elle avait pu leur faire une bonne impression en les croisant, eu le don de créer une chaleur au creux de la poitrine de Lexa.

Elle avait hâte de rentrer et de le lui raconter. De lui montrer qu'elle était appréciée, même si ce n'était que par une bande de vieillards snobs, et que ses doutes à chaque fois qu'elle l'accompagnait à une soirée était loin d'être fondés.

- Elle va très bien, finit-elle par répondre en esquissant un sourire.

- Nous sommes ravis de l'entendre, assura M. Edwy.

Lexa et lui échangèrent un sourire qui disparut presque immédiatement lorsque Nia Queen reprit la parole.

- Oui, oui, nous sommes très ravis de l'entendre, renchérit cette dernière avec une pointe de sarcasme. Mais cela n'excuse en rien la négligence et l'irresponsabilité dont vous avez fait preuve en abandonnant cette réunion très importante…

Lexa tourna lentement son regard vers elle et s'efforça de garder son calme. Elle ne comprenait vraiment pas à quoi jouait l'autre femme.

Non en réalité, elle le savait très bien. Depuis qu'elle était arrivée à la tête de Woods & Co, elle avait cherché à la discréditer par tous les moyens. Mais le report de la mise en place de la Coalition jouait en sa faveur, n'était-elle pas de ceux qui étaient réticents à l'idée de signer aussi vite?

- J'ai parfaitement conscience que mon départ était précipité et inattendu mais je n'avais pas d'autre choix et je pense que vous le comprenez tous, finit par répondre Lexa. Malgré tout, je n'ai pas laissé cette réunion à l'abandon. Vous étiez là Nia, vous avez vu notre Vice-Présidente réussir à gérer et rassurer les futurs signataires. Qui plus est, je les ai contacté moi-même après, un par un, veillant à les rassurer sur la suite. Là aussi, vous le savez, vu que je vous ai également appelé…

Elle marqua une légère pause, garda son regard ancré dans celui de Nia quelques secondes supplémentaires avant de porter une nouvelle fois son attention sur tous les autres membres.

- Ils ont tous été compréhensifs, leur assura-t-elle. Voir même soulagés de gagner un peu plus de temps avant la signature du pacte. Et ils sont tous d'accord pour revenir dès que je le souhaiterais. Ils réalisent tous que ce projet peut sauver leurs entreprises. Je ne comprends donc pas quel est le problème?

Elle adressa cette question directement à Nia qui ne perdit pas une seconde avant de répondre véhément:

- Le problème est que tout ceci montre que votre projet est précipité et bâclé!

- Et pourtant, il vous permettra de sauver votre entreprise sans avoir à faire de sacrifice, rétorqua calmement Lexa. Mais je peux comprendre qu'il puisse paraître précipité, même s'il est loin d'être bâclé. C'est pour cette raison que j'ai décidé de ne pas refaire de réunion rapidement et de vous accorder plus de temps…

C'était un coup de bluff. Pur et simple. Elle n'avait pas encore réfléchi à la suite qu'elle allait donner à la mise en place de la Coalition. Elle avait juste cherché à sauver les meubles après son départ précipité auprès des onze autres membres et ça avait joué en sa faveur. Mais elle se retrouvait à concéder une des choses qu'elle ne voulait surtout pas céder: le temps.

Alors la meilleure des choses à faire était de la jouer fine et de faire comme si ces imprévus représentaient une opportunité et que ce délai supplémentaire était un choix de sa part.

Et, au vu du regard noir que lui adressa Nia, cette dernière avait parfaitement conscience de ce qu'elle faisait.

- Je peux comprendre que vous soyez inquiets, ajouta Lexa, mais je peux vous assurer que la situation est sous contrôle…

- Il faut croire que vos inquiétudes étaient infondés Nia, déclara M. Edwy à l'adresse de la nommée, cette réunion est inutile, Alexandria semble parfaitement savoir ce qu'elle fait contrairement à ce que vous nous avez dit…

- Il faut croire oui, se contenta de répondre Nia Queen, son regard perçant ne quittant pas Lexa.

Même si elle s'en doutait jusque-là, Lexa avait dorénavant la confirmation que cette réunion avait été faite à l'initiative de Nia Queen.

Elle esquissa donc un petit sourire à son adresse avant de se tourner une nouvelle fois vers M. Edwy qui discutait avec les autres membres du conseil. Il finit par reporter son attention sur elle et lui dit:

- Il est inutile que nous prolongions plus ce meeting. Nous avons parfaitement confiance en votre jugement, Mlle Woods…

La réunion se termina donc quelques minutes plus tard, Nia Queen quittant la salle la première. Lexa la regarda faire avec un froncement de sourcils, se demandant jusqu'où irait donc cette femme pour l'arrêter.

Elle fut sortie de ses pensées par un autre membre du Conseil qui vint lui serrer la main et lui demander des nouvelles de Clarke. Puis un second vint la voir et un troisième et elle se retrouva ainsi à discuter tour à tour avec chacun d'eux jusqu'à ce que la salle se vide complètement.

Sa mère referma la porte sur le dernier membre puis se tourna vers elle.

- Comme toujours, tu as réussi habilement à sauver la situation, la félicita-t-elle.

- Il s'en est fallu de peu, répondit Lexa avec un léger rire.

Son rire finit par s'évanouir mais elle garda un petit sourire en regardant sa mère.

- Merci, lui dit-elle doucement.

Puis, face au regard confus que lui adressa sa mère, elle ajouta:

- Tu as assuré mes arrières et tu as su parfaitement t'occuper de la situation en mon absence…

- Tu avais des choses plus importantes à gérer, répondit Mme Woods avec un mince sourire.

Lexa remarqua qu'il n'y avait aucune pique derrière ses mots. Sa mère le pensait réellement et ça la décontenança complètement. Elle ne savait pas quoi répondre alors elle se contenta d'acquiescer et détourna les yeux légèrement mal-à-l'aise.

Un léger silence suivit. Mais il fut rapidement interrompu par Mme Woods qui demanda d'une voix pleine d'hésitation:

- Comment va Clarke?

Là aussi, Lexa fut prise par surprise. Mais une agréable surprise qui l'amena à adresser un sourire sincère à sa mère.

- Elle va bien, répondit-elle. Elle se remet très bien. Tellement bien qu'elle ne devrait pas tarder à reprendre le travail, même si je préférais qu'elle attende un petit peu... Mais bon, quand Clarke a une idée, on a plus de chance de déplacer une montagne que de la faire changer d'avis…

Mme Woods se surprit elle-même à rire. Mais elle s'était retrouvée confrontée tellement de fois à la résistance de Clarke Griffin qu'elle ne pouvait que croire les mots de sa fille.

- Je suis contente de l'entendre, dit-elle sincèrement.

Elle hésita quelques secondes puis ajouta:

- Je voulais venir la voir à l'hôpital mais je ne savais pas si…

Elle ne termina pas sa phrase et se racla la gorge, gênée. Mais Lexa comprit parfaitement ce qu'elle ne lui disait pas.

Je ne savais pas si j'étais la bienvenue…

- Tu aurais dû, s'empressa-t-elle de dire sans réellement réfléchir. Ça aurait fait plaisir à Clarke…

Elle marqua une légère pause avant d'ajouter:

- Ça m'aurait fait plaisir…

- Vraiment? demanda Mme Woods, étonnée.

Lexa esquissa un léger sourire, tout en acquiesçant.

- Vraiment, assura-t-elle.

Et elle réalisa à quel point ses mots étaient sincères. Malgré le conflit qui continuait de sévir en elle au sujet de sa mère, elle savait que si elle était venue voir Clarke, elle aurait été heureuse.

- Je rentre à Los Angeles dans quelques jours. Peut-être que je pourrais passer la voir chez vous d'ici là? proposa-t-elle, incertaine.

- Oui bien sûr, répondit Lexa. Quand tu veux.

Le sourire que lui adressa sa mère à ce moment-là était resplendissant. Et même avec toute la volonté du monde, Lexa n'aurait pu empêcher le soubresaut qu'il causa dans sa poitrine.

Elle avait l'impression de redevenir une petite fille. Une petite fille qui tissait enfin un lien avec sa mère. Et cette fois-ci, elle laissa l'espoir qu'elle avait toujours fait disparaître dès le moment où il faisait son apparition, envahir sa poitrine.

Quelques minutes plus tard, lorsqu'elles se séparèrent, Lexa réalisa que, pour la première fois de sa vie, elle quittait sa mère avec le cœur plus léger.

Elle se dirigea donc jusqu'à son bureau, un sourire toujours présent sur les lèvres. Elle ouvrit la porte et se figea légèrement lorsqu'elle vit Anya, assise sur son fauteuil, les pieds sur le bureau et un verre de scotch à la main.

- Tu prends un peu trop tes aises je trouve, lui dit-elle en rentrant à l'intérieur.

Tandis qu'elle refermait la porte derrière elle et se tournait de nouveau vers sa cousine, cette dernière esquissa un grand sourire.

- J'ai toujours voulu faire ça, déclara-t-elle en buvant une gorgée de son verre. J'ai l'impression de diriger le Monde Libre d'ici!

Lexa laissa échapper un reniflement amusé avant de se diriger vers elle et de retirer ses pieds du bureau sans aucun ménagement.

- Tu assouviras tes fantasmes un autre jour s'il te plait. Et loin de mon bureau si possible…

- Tu crois que Raven accepterait de venir me voir ici? questionna Anya.

Lexa lui adressa un regard meurtrier qui lui fit perdre tout de suite son sérieux.

- Détends-toi, je plaisante, lui dit-elle dans un rire. On sait très bien que les bureaux c'est plutôt ton délire à toi...

Le regard meurtrier de Lexa se transforma en regard confus, ce qui eut le don de faire rire un peu plus Anya.

- Clarke, Los Angeles, retrouvailles, énuméra-t-elle avec un sourire moqueur.

Lexa enfouit son visage dans ses mains tout en grognant d'embarras.

- Mais comment tu sais ça? demanda-t-elle en reportant son regard sur sa cousine.

Cette dernière se leva du fauteuil et s'avança vers elle.

- Ta petite-amie parle beaucoup. Et la mienne aussi. Je te laisse faire le lien…

Elle lui tapota l'épaule d'un geste moqueur puis se dirigea vers le canapé sur lequel elle se laissa tomber.

- Je dois t'avouer que j'ai été très surprise, je n'aurais jamais pensé que tu aurais le courage de faire ça dans l'ancien bureau de ton père, se moqua un peu plus Anya.

Lexa attendit quelques secondes que son embarras faiblisse avant de se tourner vers elle.

Il fallait vraiment qu'elle discute avec Clarke et qu'elle lui rappelle qu'il y avait des aspects de leur couple qu'elle devait garder pour elle.

Ou alors qu'elle lui fournisse elle aussi des choses embarrassantes à savoir sur sa cousine.

- Bon alors cette réunion? demanda Anya après quelques secondes.

Elle venait de remplir son quota de « j'embête Lexa pour me divertir » de la journée, elle pouvait donc passer aux choses sérieuses.

- Il s'agissait de quoi finalement?

Lexa saisit immédiatement l'opportunité de changer de sujet et s'empressa de répondre.

- Il semblerait que Nia ait profité de mon absence impromptue pour convoquer le Conseil et tenter de me discréditer une nouvelle fois auprès d'eux, expliqua-t-elle.

D'un geste mécanique, elle fit quelques pas tout en réfléchissant.

- Je t'avoue que je suis surprise de voir qu'elle tente toujours d'empêcher la mise en place de la Coalition, poursuivit-elle.

- Tant que l'accord n'est pas signé, elle n'a aucune raison d'arrêter, fit remarquer Anya.

- C'est vrai, admit Lexa en se laissant tomber sur le canapé face à celui où se trouvait sa cousine. Mais je pensais qu'elle s'était rendue à l'évidence…

Anya se redressa légèrement pour pouvoir mieux voir sa cousine.

- Tu t'es lancée dans un bras de fer avec elle, lui dit-elle. Et le seul moyen de le gagner, c'est de signer ce pacte…

- Sauf que je viens de leur accorder un délai supplémentaire, déclara Lexa, son cerveau retrouvant peu à peu les mécanismes de réflexion propre à son côté Commandant. Je viens de lui redonner l'avantage et qui sait ce qu'elle a l'intention d'en faire…

- Tu ne pouvais pas faire autrement au vu des circonstances, tenta de la rassurer Anya. Clarke venait d'avoir un accident…

Pile au bon moment il faut croire, prononça la voix dans la tête de Lexa. Et elle eut l'effet d'un électrochoc.

Mais avant qu'elle ne puisse creuser un peu plus l'idée, le téléphone de son bureau sonna et elle se leva pour y répondre.

- Oui Costia?

- La sécurité vient d'appeler, il y aurait un certain Bellamy Blake à l'accueil qui demanderait à te voir, informa Costia.

Lexa échangea un regard surpris avec Anya avant de répondre:

- Tu peux leur dire qu'ils le laissent monter. Merci.

- Yep, pas de soucis!

Elle raccrocha puis, les sourcils froncés, elle se tourna vers Anya.

- Le gros bébé s'est enfin décidé à arrêter de bouder, bougonna cette dernière.

Lexa laissa échapper un léger rire.

- Arrête An' tu sais très bien que c'est moi qui ai déconné, lui dit-elle. Il n'a rien fait de mal.

- Peut-être mais il a agi comme un enfant.

Lexa secoua la tête, amusée par sa cousine, mais ne répondit pas.

En réalité, elle se sentait légèrement coupable de la manière dont elle avait traité Bellamy à l'hôpital. Surtout lorsqu'elle ne l'avait pas vu venir une seule fois voir Clarke ou l'appeler pour prendre de ses nouvelles. Sa petite-amie ne lui avait rien dit mais elle savait que ça l'attristait. Et elle savait que c'était de sa faute. Même si elle trouvait la réaction de l'aîné des Blake un tantinet immature.

Elle ne savait donc pas pourquoi il venait la voir mais elle avait l'intention de lui présenter ses excuses. Elle espérait qu'il comprendrait que la colère qu'elle avait eue contre lui n'avait été qu'une manifestation de la peur qu'elle avait éprouvée à l'idée qu'il soit arrivé quelque chose de grave à Clarke.

S'il le fallait, elle lui prêterait même sa moto pendant quelques temps pour se faire pardonner.

Bellamy fut escorté à son bureau quelques minutes plus tard par Costia. Cette dernière adressa un petit salut à Lexa et Anya avant de dire au revoir à Bellamy et de s'en aller.

- Bonjour Bellamy, salua Lexa avec un mince sourire. Je suis contente de te voir, je voulais –

- Je ne suis pas là pour ça, l'interrompit Bellamy.

Il s'avança jusqu'à elle et posa une enveloppe sur le bureau. Tandis qu'Anya se levait du canapé pour s'avancer vers eux, Lexa fronça des sourcils en observant le visage fermé du jeune homme avant de baisser les yeux vers l'enveloppe.

Elle l'attrapa lentement, l'ouvrit et en sortit le contenu. Il s'agissait d'une photo qui amena son rythme cardiaque à s'accélérer.

- Je savais que quelque chose n'allait pas, déclara Bellamy. Ils m'ont dit que j'avais perdu le contrôle de la voiture mais je me souviens avoir actionné le frein, d'avoir tout fait pour arrêter la voiture mais qu'elle ne répondait plus. J'en étais persuadé. Et je trouvais ça vraiment bizarre… Puis, je me suis souvenu que, ce soir-là, avant qu'on ne prenne la route, Clarke m'avait dit qu'elle avait eu l'impression d'apercevoir quelqu'un…

Au fur et à mesure de son récit, Lexa se sentit de plus en plus nauséeuse. Elle garda le regard ancré sur la photo et continua de l'écouter.

- Sur le coup, j'avais mis ça sur le compte de la fatigue mais j'ai décidé de creuser tout de même, poursuivit Bellamy, sa voix se faisant de plus en plus agitée. Alors, j'ai consulté les vidéos de surveillance du parking souterrain de l'hôpital – l'avantage à travailler dans la sécurité – et voilà ce que j'ai trouvé.

Il pointa du doigt le cliché toujours entre les mains de Lexa. Anya se décida à regarder par-dessus l'épaule de sa cousine et fronça des sourcils lorsqu'elle vit la photo.

- Et tu as trouvé quoi au juste? questionna-t-elle sarcastiquement. Le dos d'un agent de sécurité?

Bellamy ouvrit la bouche pour lui répondre mais Lexa le devança.

- Il porte la tenue des agents de sécurité de Woods & Co, déclara-t-elle d'une voix à peine audible.

- Exactement, renchérit Bellamy en esquissant un sourire mauvais. Mais ce n'est pas tout…

Il tendit ensuite son téléphone portable à Lexa qui hésita quelques secondes avant de l'attraper. Elle regarda l'écran et vit qu'il s'agissait d'une vidéo en pause.

- Vas-y, regarde là, lui dit Bellamy.

Elle appuya sur l'écran et la vidéo s'enclencha. Il s'agissait là aussi d'un extrait de vidéo surveillance où le même agent que sur la photo apparaissait, toujours dans le parking souterrain de l'hôpital. Elle le regarda s'avancer dans le parking jusqu'à s'arrêter devant une voiture qu'elle reconnut immédiatement.

La voiture du Clarke.

Il disparut plusieurs secondes derrière avant de réapparaitre dans le champ de la caméra. Mais au vu des minutes qui étaient affichées à l'écran, il était resté plus d'un quart d'heure derrière le véhicule. Il reprit son chemin et disparu. Lexa nota que, tout le long de la vidéo, il n'avait pas montré une seule fois son visage.

- Il est évident que cette personne a fait quelque chose à la voiture de Clarke, déclara Bellamy. La question est pourquoi?

Lexa détourna son regard du téléphone pour le poser sur lui et elle put lire sur son visage une animosité qu'elle n'avait jamais vue chez l'autre homme.

- Pourquoi un agent de sécurité de TON entreprise voudrait s'en prendre à Clarke, Lexa? questionna-t-il.

Lexa se retrouva incapable de prononcer quoi que ce soit mais Bellamy ne semblait pas attendre de réponse.

- Tu m'as accusé alors que la seule et unique responsable de l'accident c'est toi! s'exclama-t-il férocement.

Ses paroles eurent l'effet d'un coup de poing pour Lexa qui baissa de nouveau le regard vers la vidéo désormais terminée.

- Tu devrais la fermer si tu tiens un minimum à tes dents Blake, lui intima Anya d'une voix redoutable.

Mais il l'ignora, son regard toujours sur Lexa qui continuait de regarder le téléphone. Il la vit pianoter dessus mais n'y prêta aucune attention, complètement obnubilé par son absence de réponse.

- Et donc quoi, tu as perdu la parole? s'énerva-t-il un peu plus.

Lexa finit par lever les yeux vers lui et d'une voix sobre, elle lui demanda:

- À qui d'autre en as-tu parlé?

Bellamy, qui semblait attendre une toute autre réaction de sa part, fit un léger pas en arrière d'un geste déconcerté. Après toutes les révélations qu'il venait de faire, la seule et unique chose que Lexa trouvait à lui dire c'était ça?

- À personne encore, répondit-il en fronçant des sourcils. Mais –

- Mais rien du tout, l'interrompit Lexa. Si tu tiens à ta vie, tu ne vas rien faire du tout, tu ne vas rien dire à personne et tu vas faire comme si tu n'étais au courant de rien…

Bellamy laissa échapper un rire ironique tout en la fixant d'un regard à la fois incrédule et haineux.

- Tu ne sais donc t'exprimer qu'avec des menaces?! cracha-t-il. Décidément, Clarke mérite tellement mieux que toi…

Un nouveau coup de poing. Et cette fois-ci, Lexa avait envie de riposter. Cette fois-ci, elle voulait lui mettre un véritable pain dans la figure puis un autre et encore un autre jusqu'à ce qu'il ne puisse plus parler.

Mais, elle se retint et se contenta de serrer la mâchoire. Et, au moment où Anya, qui semblait avoir la même pensée qu'elle, esquissa un geste vers l'homme face à elle, elle lui fit barrage avec le bras.

- Je dis ça pour toi, dit-elle d'un ton étonnamment calme. Tout ça te dépasse et, crois-moi, tu n'as pas envie de t'y retrouver mêlé.

Lorsqu'elle vit qu'il continuait de la fixer avec mépris et colère, elle poussa un profond soupir et fit un pas vers lui. Inconsciemment, il recula et, si elle n'avait pas été pas aussi focalisée sur la situation, elle aurait pu rigoler.

- Je te promets que je vais m'en occuper, lui dit-elle doucement, je ne laisserais pas les choses comme elles sont. Mais si tu en parle, si tu continues de creuser, tu te mettras en danger…

Elle hésita puis ajouta:

- Si tu ne le fais pas pour moi, fais le pour Clarke…

La mâchoire de Bellamy se contracta et il resta silencieux de longues secondes. Il garda son regard ancré dans celui de Lexa, semblant pondérer son choix. Cette dernière s'efforça de garder son calme et de lui laisser le temps de répondre. Elle savait que s'il continuait de la défier, elle allait être obligée de réellement le menacer, de lui faire réellement peur et elle n'avait aucune envie d'en arriver là. Elle n'était pas très proche de Bellamy mais il était un ami du groupe. Il était un ami de Clarke.

Il était le frère d'Octavia.

- Bien, finit-il par dire. Je ne ferais rien et je ne dirais rien à personne… Mais tu as vraiment intérêt à t'en occuper. Et correctement.

Il fit un nouveau pas vers elle et ajouta:

- Et si tu aimes réellement Clarke comme tu le prétends si bien, tu la laisseras en dehors de tes magouilles une bonne fois pour toutes…

Son visage à seulement quelques centimètres du sien, Lexa ressenti une nouvelle fois l'envie de le tabasser. Elle puisait au plus profond d'elle-même pour ne rien faire, pour garder son sang-froid.

Après tout, avait-il tort?

Elle n'en était pas certaine…

- Va-t'en Blake, ordonna Anya.

Ce dernier continua de fixer Lexa de longues secondes avant de se décider à tourner les talons et de quitter la pièce.

Un silence de plomb suivit son départ. Silence durant lequel aucune des deux cousines ne bougea.

- Tu penses réellement qu'il va se taire? finit par demander Anya.

- Oui, répondit Lexa. Il n'est pas idiot…

- Tu devrais prendre tout ce qu'il a dit avec des pincettes, ajouta Anya. Il doit y avoir une autre explication que ses déblatérations complètement stupides…

Elle savait que ce que venait d'apporter Bellamy était loin d'être de simples élucubrations mais elle ne voulait pas voir sa cousine agir sans vraiment réfléchir.

Lexa ignora ce qu'elle dit, ne semblant plus du tout l'entendre. Son esprit était en train de dérailler, des conclusions hâtives s'y multipliant.

Elle devait réfléchir. Réfléchir avec la tête froide. C'était nécessaire, indispensable si elle voulait être sûre d'agir de la meilleure manière.

Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux.

Et lorsqu'elle les rouvrit, l'interrupteur de ses émotions s'actionna.

D'un geste mécanique, elle fit le tour de son bureau, se pencha vers le téléphone et composa un numéro. Il ne sonna qu'une fois avant qu'une voix ne réponde:

- Madame?

- Indra, pourriez-vous venir immédiatement à mon bureau s'il vous plait, intima Lexa.

- Bien sûr, répondit Indra. J'arrive immédiatement.

- Qu'est-ce que tu fais? demanda Anya alors que Lexa raccrochait.

De nouveau, cette dernière l'ignora. Anya la vit se tourner vers son ordinateur portable et l'ouvrir avant de tapoter sur les touches.

- Lexa! s'exaspéra-t-elle.

L'interpellée leva enfin les yeux vers elle au moment où on toqua à la porte.

- Entrez, lança Lexa.

Et la porte s'ouvrit sur Indra qui s'avança d'un pas décidé dans leur direction.

- Vous vouliez me voir, Mlle Woods? demanda-t-elle en inclinant légèrement la tête en signe de respect.

Lexa acquiesça doucement avant de se tourner vers Anya.

- Anya, tu te souviens de l'agent Indra Forrest, notre Chef de Sécurité? questionna-t-elle.

Anya lui répondit un vague « Oui » avant de se tourner vers l'autre femme et lui adresser un salut de la tête.

Indra était la Chef de la Sécurité de Woods & Co depuis aussi longtemps que Lexa s'en souvenait. Et elle était une des rares personnes de cette entreprise en qui elle avait confiance. Elle était douée, l'une des meilleurs dans son métier.

Et surtout, elle était intègre, loyale et discrète.

Elle était donc parfaite pour la mission qu'elle allait lui confier.

Lexa tourna donc son ordinateur portable de sorte à montrer l'écran à Indra et Anya vit la vidéo que Bellamy leur avait montrée s'afficher dessus. Elle laissa échapper un reniflement lorsqu'elle comprit que, pendant que ce dernier vociférait ses accusations, Lexa en avait profité pour se l'envoyer.

- Il s'agit d'un extrait de vidéo de surveillance du parking souterrain du New-York Presbytarian Hôpital, où travaille ma petite amie Clarke, le jour où elle a eu son accident, expliqua Lexa à Indra. Comme vous pouvez le constater, on aperçoit un homme en tenue d'agent de sécurité de Woods & Co disparaître pendant plusieurs minutes derrière la voiture de Clarke sans qu'on ne voit une seule fois son visage. Je veux que vous meniez une enquête.

Lexa prit une nouvelle inspiration et poursuivit:

- Faites faire une expertise complète de la voiture, consultez toutes les vidéos de surveillance nécessaires, interrogez tous vos hommes, tous les employés de la blanchisserie. Faites tout ce que vous pourriez juger utile pour que nous sachions ce qu'il s'est réellement passé…

Indra termina de visionner la vidéo avant d'acquiescer d'un geste solennel.

- Je m'en occupe, Mlle Woods.

- Je compte sur votre discrétion, Indra, ajouta Lexa. Cette histoire doit rester entre nous. Ni Titus, Ni Gustus, ni ma mère, ni aucune autre personne ne doit être au courant à part nous trois…

Indra acquiesça une nouvelle fois puis, après quelques détails et informations supplémentaires, elle quitta le bureau.

Anya reporta son regard sur Lexa et vit qu'elle avait une nouvelle fois porter son attention sur la vidéo, son regard ne quittant pas une seule fois l'écran.

- Je sais ce que tu es en train de faire, lui dit-elle doucement. Je sais à quoi tu penses. Et je te le dis dès maintenant Lexa: quoi qu'il arrive, quoi que trouve Indra, ce n'est pas de ta faute…

Lexa regarda une nouvelle fois l'homme sans visage disparaitre derrière la voiture de Clarke puis leva lentement les yeux vers Anya et lui répondit lentement:

- Laisse-moi en juger par moi-même…


~~##~~


Sooooo, vous en pensez quoi? ^^