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CHAPITRE TREIZIÈME


Les mots de Washio avait profondément blessé Bokuto. Il pleurait sur l'épaule de Shirofuku qui avait fini par le prendre dans ses bras pour l'envelopper avec elle dans le plaid et tenté de le réconforter. Mais il était inconsolable. Sûrement le lendemain une colère noire s'emparerait de lui et il faudrait toute la patience de Kuroo et Kenma pour l'empêcher de faire une connerie, mais pour l'heure…

La théorie tenait. Yukie l'avait confirmé avec maints exemples en regardant son ami d'un air désolé. Washio tout comme elle se disait que si il en avait fait part à Akaashi en temps voulut, ils ne seraient pas là tout les cinq à parler de ce sujet. Mais il était trop tard maintenant pour revenir sur ce qui aurait pu être dit ou fait.

_ Qu'est-ce qu'on peut faire ? questionna Tetsuro désarmé.

La situation était tellement abracadabrante qu'il ne savait absolument pas comment réagir face à elle. C'était tellement, tellement… Y avait-il un mot pour définir une situation impossible qui défiait totalement le réel pour s'inscrire dans ce qui devrait être une terrible mauvaise scène d'un film en tout point révoltant. Pas à ses yeux. Être confronté à cela, à cette cruauté gratuite, le révoltait au plus haut point.

_ Confronter sa mère ? proposa Washio.

_ Et lui permettre de tout nier en bloc puis de disparaître ? Il faut qu'on la joue fine.

_ Ah oui et quelle fine équipe pour cela…

Epuisés ils finirent par tous s'endormir dans le salon. Les questions étaient repoussées au lendemain.

Kuroo dû faire promettre à Kotaro de ne rien révéler parce qu'il était bien trop tôt et qu'il était évident que cela nuirait à leur cause. Ils se rendaient à leur café pour rendre visite à Akashi Kei. Shirofuku et Washio les accompagnaient cette fois. Ils n'avaient pas écoutés les arguments des autres comme quoi ça pourrait perturber le plus jeune : peu importe ils devaient le voir. Le trajet c'était fait dans un silence inhabituel juste entrecoupé par le peu de questions qui venait à leur deux 'invités'.

Une fois arrivés, ils s'installèrent sur la grande table tout au fond de la salle et passèrent commande. Ils avaient un peu d'avance ce qui leur permit de se mettre d'accord sur les sujets à ne surtout pas évoquer et à ceux à évoquer de manière détournés pour en apprendre un maximum. Il fallait qu'ils en apprennent plus d'une manière ou d'un autre.

L'arrivée du brun ramena le silence. Il eut un mouvement de recul et un éclair de panique traversa son regard en constatant la présence des deux inconnus à la table où il était attendu. Il prit une longue inspiration et alla s'asseoir, tendu. Les présentations furent rapides et tous commencèrent à parler de sujet léger. Le temps qu'il s'acclimate à la présence des deux étrangers. Les minutes s'envolaient tranquillement au rythme de leur conversation.

_ Alors que comptes-tu faire ce weekend ? demanda Washio sous l'impulsion de Yukie. Nous il faut absolument que l'on se refasse un match de volley !

_ Oh… euh, balbutia Akashi Kei. Je… Enfin, ma mère s'absente jusqu'à lundi matin… Du coup j'avais prévu de réviser pour les examens.

Un sourire calculateur orna les lèvres de Shirofuku. Seul pendant presque trois jours. Tetsuro haussa un sourcil interrogatif alors que le regard de Kenma s'illuminait en comprenant l'idée.

_ Il faut absolument que tu viennes ! s'enthousiasma-t-elle. Bokuto et Kuroo pourront t'héberger une ou deux nuits sans problèmes ! Je suis certaine que tu aimeras faire du volley avec nous en plus !

_ C'est que…

_ Ne t'inquiète pas, si tu n'as pas envie tu pourras juste regarder, bien sûr.

_ Enfin… Ma mère ne voudra jamais… Avec ma santé…

Les cinq froncèrent les sourcils de concert.

_ Ce que ta mère ne sait pas, ne peut pas lui faire de mal, déclara aussitôt Washio pourtant le plus sage du groupe. Et pour ta santé, nous ferons attention bien entendu. Prépare un sac avec des vêtements et tes éventuels traitements.

_ C-c'est que… Enfin… je ne voudrais pas m'imposer, bafouilla-t-il.

_ On te le propose ! appuya Bokuto.

Piégé.

Il ouvrit la bouche pour décliner encore une fois.

Mais les sourires satisfaits et l'effet de groupe eurent raison de lui.

_ Bon… D'accord. Je suppose…

_ Nous veillerons à ce que ta mère ne l'apprenne jamais.

Du moins pas maintenant.

Les cinq jours suivant il fallut décider qui mettre au courant ou non. Le risque que quelque chose échappe à l'un d'entre eux augmentait à chaque nouveau confident. Ainsi Yamato Saruikui, Harukui Komi et Akinori Konoha furent ajoutés du côté de Fukurodani. Kuroo fut d'avis que la présence de Morisuke Yaku était nécessaire. Et d'avis à Kenma ça commençait à faire beaucoup trop de monde. Néanmoins la présence du petit groupe lui permettrait sans trop de mal de farfouiller dans les affaires de leur invité pour trouver en quoi ses médicaments consistaient, en dernier recours bien entendu. D'après lui cela pouvait être une clef contre tout cela.

Ils veillèrent à créer une atmosphère détendu qui dissimulerait le but exact de la soirée.

Ils jouaient tranquillement aux jeux vidéos -se faisant un à un écraser par Kenma- en attendant que Kotaro revienne accompagné du sujet de toutes leurs conversations du moment.

_ Raaah je vais t'avoir Kenma ! s'exclama Komi enthousiasme.

A peine trente secondes plus tard, l'inévitable 'game over' s'afficha sur l'écran. Il n'eut pas le temps de râler que la porte s'ouvrait sur les deux jeunes hommes tant attendu.

_ Aaaah enfin !

_ Le métro était bondé, bougonna Bokuto. Trop chiant !

Akashi Kei se contenta d'un petit sourire gêné. Le métro n'était pas si plein que cela, il avait essayé de renégocier avec le volleyeur pour rester tranquillement chez lui à réviser. Vainement. S'il n'avait pas fait avancer ses pieds, Kotaro l'aurait sans aucun doute porté jusqu'ici. Vaincu, il avait traîné des pieds derrière ce qui se rapprochait d'un ami à ses yeux.

_ Konoha et Washio nous ont cuisinés des supers trucs, ça sent tellement bon ! Vous attendre était un supplice ! annonça Yukie tapant joyeusement dans ses mains. A table ! A table !

_ Laisses lui le temps de poser ses affaires, Shirofuku ! Tu vas nous l'effrayer. Et en plus on n'a pas encore été présenté. Je suis Morisuke Yaku.

Le petit brun mémorisa les prénoms avec précaution afin de ne froisser personne en les déformants. Il s'attabla avec eux, participa peu aux conversations malgré que les autres fassent tout pour l'y inclure. Souvent il restait évasif dans ses réponses mais aucun ne sembla s'y arrêter. L'ambiance joyeuse réchauffa un peu son cœur. C'était étrange. Il se sentait bien à cet instant.

En paix

Avec lui

Avec le monde.

Juste bien.

La présence de Bokuto assis à côté de lui avait quelque chose de tellement réconfortant. Parfois leurs bras se frôlaient et une explosion de chaleur avait lieu en lui. Tellement bien. Etre ainsi entouré avait quelque chose de réconfortant. Peut-être était-ce cela qui lui manquait depuis tout ce temps ? La présence de personne de son âge. Se sentir accepter dans un groupe et pouvoir s'amuser sans ce soucié du regard des autres. C'était tellement plaisant.

_ Ah ! Akashi ! Tu as déjà mangé quelque chose d'aussi bon ! Washio fait des miracles en cuisine, il a inventé cette recette pendant un de nos camps pour le volley ! Goûtes !

Il se saisit de ce que lui montrait Yaku et gouta comme demander. Une explosion de saveur eut lieu dans sa bouche. Ses papilles à l'extase. C'était réellement délicieux. Visiblement inédit. Pourtant cela lui rappelait quelque chose. Un souvenir brouillé et lointain… Sûrement rien de bien important, décida-t-il. Il félicita Washio pour sa création et ajouté le terme divin à la longue liste de compliments de cette recette.

Son téléphone bipa.

Ramenant un silence incertain.

_ Ta mère ? demanda Kuroo inquiet qu'il soit déjà grillé.

_ Non c'est juste l'heure de mon médicament.

Il sortit une boîte de sa poche dedans était repartit quatre gélules différentes. Son traitement imposé pour ne jamais retourner à l'hôpital.

_ Docteur Takao, lut Komi pensif.

_ Le docteur charlatan ! s'exclama Konoha. Ce lui qui pense qu'on peut soigner tout par ses cachets colorés ! Tu sais je t'en ai parlé l'autre jour, Komi. J'ai un pote de la fac qui suit à fond ses travaux. Genre dans une de ses interviews il disait pouvoir soigner l'homosexualité et ooohh…

Il blanchit d'un coup. Regardant les personnes autour de la table en quête de soutien. Kuroo avait un masque de colère sur le visage. C'était donc ça.

_ Si ce médecin est aussi controversé, tu ne devrais peut-être pas prendre son traitement, Akashi, souligna prudemment Shirofuku.

_ Mais c'est juste pour m'éviter une baisse de forme qui me ramènerait à une hospitalisation, se justifia le brun.

_ Tu voudrais bien ne pas en reprendre le temps que je vérifie de quel traitement il s'agit précisément, demanda à tout hasards Yaku. Pour mes études je suis en lien avec plusieurs médecins.

Il pourrait se rendre chez son maître de stage le lendemain à la première heure juste pour savoir. Si une recherche sur internet pourrait rapidement les aiguiller, rien ne valait l'expertise d'un professionnel.

_ On va faire attention à ne pas surmener, promis !

_ Bon très bien… Je suppose que ce n'est pas un ou deux jours sans qui me fera faire une rechute.

Le lendemain quand tous se réveillèrent, Yaku était déjà partit. Si ce que Konoha avait soulevé était fondé : il y avait urgence. Personne ne ré-aborda le sujet histoire de ne pas créer un stress inutile.

En fin de matinée, après avoir préparé un copieux pique-nique, ils se dirigèrent gaiement vers les terrains de volley. Ils avaient vraiment hâte de pouvoir rejouer ensemble. Bokuto menait le groupe avançant joyeusement même si en son fort intérieur il hurlait de rage.

_ Je vais arbitrer, annonça Yukie. Tu te sens de jouer un peu, Akashi ? Sans forcé bien sûr. Tu pourrais être le passeur de la seconde équipe ? Si ça ne va vraiment pas, tu sors du terrain bien sûr.

Ne souhaitant pas s'exclure de ce petit groupe qu'il commençait à apprécier : il accepta. Kenma lui expliqua brièvement le rôle du passeur lui offrant une petite démonstration au passage. Il le mit en garde contre le fait que Bokuto était un attaquant plus difficile que Kuroo au niveau des passes. Le premier match débuta après un bref échauffement.

Akashi s'adapta rapidement à son rôle. Ses coéquipiers le soulageant au maximum. Faire les passes à Bokuto était un exercice intéressant. Comme l'avait souligné Kenma, il n'avait rien avoir avec la technique de Kuroo. Alors il se pliait à un exercice d'adaptation permanente. Le jeu de son attaquant était tellement changeant, il trouvait ça incroyable. Il permettrait à n'importe quel passeur d'évoluer en permanence. Il finit par remarquer certaines mimiques que revêtait l'As avant d'attaquer indiquant plus ou moins ce qu'il allait faire. Les passes d'Akashi se firent plus précises à partir de cette déduction. Pour le plus grand bonheur de Bokuto.

Le match se clôtura sur un score nul avec l'arrivée de Yaku. Qui d'après son faciès n'apportait pas spécialement des bonnes nouvelles. Bokuto se rapprocha imperceptiblement du plus jeune en s'installant à ses côtés sur l'une des couvertures qu'ils avaient apportées. Akashi avait la tête basse et semblait vouloir se faire tout petit afin de disparaître.

_ Konoha avait raison, déclara de but en blanc Yaku, l'air écœuré.

_ J'y crois pas ! Sérieusement ?! C'est n'importe quoi, grogna Kuroo. Comme ci l'orientation sexuelle ça se changeait avec deux comprimés.

_ V-vous êtes sûr ? demanda le concerné.

Il avait l'air d'être à deux doigts de s'écrouler sous le poids de la nouvelle. Ce traitement et sa santé étaient tout ce qui l'avaient toujours entravés dans sa vie parce qu'il devait faire extrêmement attention.

_ Les effets secondaires peuvent être diverses, débuta Yaku incertain.

_ C'est-à-dire ? grinça Kuroo essayant de contenir la colère qui l'envahissait.

Le libéro de Nekoma fixa le plus jeune attendant une autorisation silencieuse. Il se sentait gêné d'avoir à lui annoncer cela. Le mensonge qui rythmait sa vie depuis une année. Ses amis ayant connaissance de la sombre vérité avaient déjà plus où moins saisie en quoi pouvait les effets secondaires. Akashi, lui, ne s'y attendrait certainement pas.

_ J-je veux savoir, déclara Akashi la voix tremblante de peur à peine contenu.

_ Pris en dose régulière qui ne permette pas à l'organisme d'évacuer les toxines, ce traitement peut entraîner une altération de la mémoire. Puis sur une plus longue période une détérioration physique. Je pense que pour toi, on en est dans la seconde phase. Les efforts physiques vont devenir de plus en plus pénibles. Certains ont aussi des troubles du comportement, de la personnalité dû à la perte de mémoire. Si en effet, on peut bien te faire oublier ce que l'on souhaite, les conséquences sont graves. Et à ce jour personne ne sait ce qu'une prise sur une trop longue période peut entraîner.

Un silence grave s'imposa. Bokuto essayant de contenir ses larmes serra de toutes ses forces la main de Kuroo. A cet instant la présence du brun était la seule chose qui le maintenait tranquille.

_ Comme la souligné Konoha, hier… Cette couleur du traitement est associée à la sexualité.

_ M-mais pourquoi me faire prendre ça… Je n'ai même pas réellement d'amis, je ne sors jamais sauf pour vous voir…J-je n'ai… Enfin je n'ai jamais songé à si j'aimais plus les hommes que les femmes…

Ils contemplèrent la détresse de leur ami avec désarroi. Ils savaient pertinemment que la vérité serait très difficile à faire entendre au jeune homme. Surtout qu'il n'avait aucun réel souvenir d'eux avant sa rencontre avec Bokuto. Aucun d'eux ne savait comment le réconforter. Akaashi, celui qu'ils avaient connu, aurait été facile à comprendre, ses anciens coéquipiers n'auraient eu aucun mal à savoir quoi faire pour le faire aller mieux. Mais lui, il était un étranger dans le corps de leur ami.

_ Quelle est la première chose de ton enfance dont tu te souviennes ? demanda Kenma.

Il avait posé la question la plus importante. Il était le seul à avoir eu le courage de le faire.

_ J-je… C'était il y a un an à peu près… Je… J'ai eu une sorte d'accident et j'ai été hospitalisé pendant une longue période et quand je suis sorti j'avais ce traitement. Ma mère m'a expliqué que j'avais dû mal le prendre avant et que je devais faire attention maintenant… Je n'ai aucun souvenir d'avant ça.

Akaashi Keiji.

Tout coïncidait !

C'était lui. C'était évident.

_ Akaashi Keiji aussi a eut un accident, il y a un an…

La voix douce de Shirofuku avait percé le silence. Le plus jeune redressa la tête, les yeux écarquillés.

_ Il avait souvent des trous de mémoires dans cette période. Il disait que c'était la fatigue avec l'entraînement, les cours, les révisions et les sortis qu'on faisait. Il s'est même arrêté deux trois jours une semaine avant son accident, son corps fatiguait plus rapidement.

Shirofuku soupira. Se souvenir de cette période la rendait à la fois nostalgique et triste. Le petit brun la regardait, attendant la suite, les larmes aux yeux.

_ Sa mère lui disait toujours de rester chez lui. D'arrêter le volley pour se consacrer à ses études. C'est une femme au visage anguleux et aux yeux noirs, le tout encadré par une coupe au carré. Elle avait toujours au bras un bracelet avec une pierre bleue. Un collier avec un médaillon ancien. Elle aime porter des vêtements qui lui donnent un air strict. Mais s'il y a bien une chose à retenir d'elle, c'était les regards emplit de dégout et de haine qu'elle jetait à Bokuto à chaque fois qu'elle pensait que personne ne le regardait. Son sourire chaleureux était une façade habile.

Akashi Kei trembla de tout son corps.

La description de Yukie.

Elle ressemblait tellement à sa mère.

Et le bracelet.

Le collier.

Trop de coïncidences.

_ As-tu déjà vu une photo de Akaashi Keiji ? acheva Komi.

_ J-je… Oui… Je suis… Je…

_ Tu es son portrait exact, termina Konoha.

Il comprenait où ils voulaient tous en venir, mais… C'était impossible n'est-ce pas ? Il enfonça sa tête dans ses mains tentant de camoufler ses larmes.

_ C'est impossible, nia-t-il finalement.

Washio sortit son téléphone, impitoyable. L'heure était à la révélation, ce n'était plus le moment de tenter de ménager qui que ce soit.

_ J'ai une photo, annonça-t-il calmement. Elle date de deux mois avant l'accident. Fukurodani avait fait une réunion et les parents étaient conviés.

Le plus jeune tendit les mains pour se saisir de l'appareil. Il tremblait tellement. Il fixa l'écran. Aucun son ne sortit de sa bouche. Ses yeux ne parvenaient plus à s'en éloigner. Là, sous ses yeux : ses parents.

_ C-c'est mes parents, hoqueta-t-il blême.

_ Il n'y a plus aucun doute à avoir désormais, trancha Yaku.

Ils étaient rentrés à l'appartement juste après. Bokuto et Shirofuku avaient allongés Akaashi dans le lit de l'ace. Mentalement épuisé par les découvertes, il avait somnolé tout au long du chemin en essayant de contenir ses larmes. Yaku avait contacté le médecin chez qui il effectuait son stage afin que celui-ci se déplace pour ausculter Keiji dès qu'il serait en état pour cela.

Dépassé par les évènements, ils avaient fini par convenir de contacter la mère de Bokuto et le père de Komi, les deux travaillant dans le domaine du droit. Shirofuku appela sa sœur qui était psychologue. Il était évident qu'ils ne pourraient pas gérer la situation eux-mêmes, après tout ils n'étaient que des étudiants et lycéens ayant découvert quelque chose de totalement improbable et ayant leur ami soi-disant mort dans leur appartement.

La journée fut longue. Très longue. Des décisions furent prises, malgré les protestations de Akaashi souhaitant à tout prix protéger sa mère qu'il ne pouvait absolument pas imaginer faire quelque chose d'aussi monstrueux. Personne ne plia devant ses pleures et supplications. Bokuto fit tout son possible pour l'apaiser. Mais c'était compliqué, très compliqué.

La mère de Bokuto mena l'affaire avec fermeté, épaulée par le père de Komi. Les deux se sentaient aussi en colère que pouvaient l'être leurs enfants. Ils ne cédèrent à aucun instant. Ils devaient protéger le passeur. Soit il s'agissait de sa mère, mais elle était indéniablement malade et un danger pour son propre enfant. L'affaire fit grand bruit à Tokyo quant elle éclata au grand jour. Les preuves furent analysée et les sentences appliquées.

Il fallut plus de trois mois à Akaashi pour retrouver un peu de sa mémoire. Seules quelques brides lui revenaient, il lui était difficile de faire le tri. Son démon n'était pas revenu et le livre commençait à livrer ses secrets. Ses amis évoquaient souvent des souvenirs qu'ils avaient en commun et les lui détaillaient au maximum espérant déclencher le souvenir chez lui. Il prenait soin de les noter dans le carnet que lui avait offert Bokuto. Il était absolument horrible, mais il lui vouait une affection toute particulière comme il s'agissait d'un présent de son ancien capitaine.

Il vivait un moment pénible de sa vie, essayant de trouver le juste milieu entre deux identités, deux vies différentes. Il ne pourrait jamais tout à fait redevenir Akaashi Keiji désormais. Même une fois les toxines du traitement évacuées de son corps. Il avait été quelqu'un d'autre trop longtemps. La seule constante finalement, c'était Bokuto. Lui ne l'avait à aucun moment abandonné allant même jusqu'à faire une pause dans son parcours pour être joueur professionnel afin de veiller sur lui. Ainsi il avait eut quelqu'un sur qui s'appuyer quand il était au plus mal, une épaule sur laquelle pleurer quand il se réveillait en hurlant suite à un cauchemar… Il s'accrocha à ça afin de pouvoir avancer dans sa vie malgré tout.

Akaashi posa son livre sur la table de chevet et se retourna sur le ventre pour pouvoir regarder par-dessus l'épaule de Bokuto. Celui-ci serrait dans ses bras une peluche- il lui avait expliqué que c'était lui qui la lui avait offerte et qu'il y tenait plus que tout. L'ancien capitaine de Fokurodani était perdu dans ses pensées et il sursauta quand il sentit les doigts du passeur retracer les contours du tatouage qui s'étendait sur son épaule, son avant-bras et le haut de son dos. Il sentait le souffle du brun s'échouer sur sa nuque. Et à cet instant il se sentit mieux. Keiji, son Keiji était la auprès de lui.

_ Tout ira bien Bokuto-san, finit par murmurer Keiji. Demain tu seras sélectionné. Tu me l'as promis, non ?

Sa mémoire lui faisait peut-être défaut mais son cœur n'avait pas oublié qu'il aimait Bokuto Kotaro. Il posa sa tête sur l'épaule de Kotaro et le serra dans ses bras. Tout irait bien maintenant. Enfin l'absence qui le hantait était comblée.

- END -


[Chapitre final publié le : 06 septembre 2019]


Voici la fin des aventures de Kotaro et Aka(a)shi !

Sa mère était atteinte du syndrome de Münchhausen couplé à une bonne dose d'homophobie. Qui avait deviné ?

J'espère que cette histoire vous aura plus, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Et surtout un grand merci à toutes les personnes qui ont eut la patience de suivre TAMH malgré mes temps de publication affreusement long. A bientôt pour d'autres histoires.