...

Be Bad

Celui qu'on croyait être le protagoniste devient finalement l'antagoniste.


La caméra suspendue au plafond m'observe. Encore.

Quelle sensation désagréable d'être à ce point enfermé. Mes moindres faits et gestes étaient épiés, analysés. Si j'éternuais, Kuroda débarquait dans la seconde pour me poser une arme sous le menton.

J'étais de nouveau un lycéen. Non pas Shinichi Kudo, mais Conan, 17 ans. J'avais défendu les lois de ce pays pour mettre sous les barreaux des criminels puissants. Aujourd'hui, c'est moi qui suis à leur place, parce que j'ai commis des crimes. Je ne peux plus être détective. Était-ce la punition du tout puissant pour la barbarie dont j'ai fait preuve ?

Le vieil homme entre. Il tient sur sa main un plateau comprenant deux tasses de café. Peut-être qu'il s'agissait d'une récompense pour le début de mon récit. Peut-être que ça valait les morts.

- Alors, prêt à continuer ? Le temps approche. Le soleil va se coucher.

- Oh, tu tiens à tes horaires pas vrai ?

Regard froid. Un orage se préparait.

[==]

18 mois plus tôt,

Haibara ne dit rien.

Assise sur la table de travail, muni de sa blouse blanche, elle contemplait le visage de l'homme qu'elle aimait. Conan. Adolescent travaillant pour l'Organisation, parfois il était bon de prendre du repos.

L'APTX ne se préparait pas en une journée. C'était Rum lui-même qui l'avait dit, défendant les deux recrues, il y a maintenant plusieurs mois.

Le détective déposait des baisers dans le cou de la petite scientifique. Elle haletait et avait du mal à respirer. La journée allait bientôt toucher à sa fin, et ils avaient fait du bon travail aujourd'hui.

Lorsque Conan voulut se détacher de l'étreinte d'Haibara pour ranger les affaires, cette dernière tira sur la veste qu'il portait pour l'empêcher de partir. La chaleur qui se dégageait de son corps envieux était une source inépuisable de remontant puissant au moral. Et puis, l'amour était un sentiment qu'elle n'avait jamais vraiment exploré auparavant.

Surpris, le rajeuni ne dit rien. Sa main monta jusqu'à la joue de sa partenaire, puis son visage se mit au même niveau que le sien. Doucement, leurs lèvres s'effleurèrent, jusqu'à l'ouverture de la porte.

- Fino, Sherry, c'est fini pour aujourd'hui, vous pouvez ranger vos affaires. Ne laissez rien trainer.

Rum dit cela tout en ignorant la position étrange et suspecte des deux membres de l'Organisation.

- D'après tes diagnostics, ce sera prêt d'ici quand ? demanda une nouvelle fois le bras droit du Boss. Je calme les ardeurs de Gin, mais ça ne pourra pas durer éternellement.

- Au moins un an. Vous n'avez plus le matériel, ni les composants, ni les sujets de test. Dix-huit ans pour faire un poison, je ne pourrais pas le recréer en quatre mois, expliqua Sherry.

L'homme en noir saisit le bras de la jeune fille.

- Je ne voudrais pas en arriver au scénario du viol. Gin te voit comme un objet sexuel, et il sait faire pression sur les fêtards. Ne trainez pas. Je ne peux pas faire plus.

Il quitta la salle du laboratoire sans dire un mot de plus, muni de son calme habituel.

Conan fronça les sourcils. Depuis leur intégration, Rum s'était anormalement montré très agréable avec les deux tourtereaux. Une situation qui ne dérangeait pas la collègue du jeune homme mais qui soulevait des questions.

Pourquoi le second de l'Organisation défendait-il les deux pions du bas de l'échelle au point de faire face et contredire l'un des assassins les plus respectés du syndicat ? Même Vermouth n'avait pas autant défendu Shinichi lors des confrontations, et surtout, le premier jour de leur intégration dans le quartier général.

Soupirant, le détective dut faire une croix sur un moment romantique avec sa belle. C'est ce qu'il pensait du moins jusqu'à ce qu'elle l'attrape par l'arrière, tournant sa tête à toute vitesse.

Ses lèvres chaudes et douces sur les siennes faisaient battre son cœur bien plus vite qu'il ne le pensait. Un rythme cardiaque accéléré, une boule au ventre qui explose à ce contact, et un sentiment de bien-être fou. Impossible de le décrire davantage.

Les bras de la jeune fille entouraient le cou du détective, l'empêchant de quitter à nouveau l'étreinte. Une éternité plus tard les ramena à la réalité.

- Tu as raison. C'est notre chance de pouvoir y mettre fin. Avec une bonne organisation, on peut réussir à les faire tomber. Nous sommes dans leur quartier général après tout.

Un sourire s'étira sur son visage.

- Tu as enfin changé d'avis. Pourquoi ? s'étonna-t-il.

- Parce que je veux profiter d'une plus longue vie en ta compagnie.

Un silence plus tard, Conan libéra sa camarade de ses bras.

- Tu sais qu'il y a des risques ? Tu sais qu'on sera considérés comme des criminels ?

- Nous le sommes déjà du fait d'être dans leur camp. C'est si on échoue que cela risque d'être compliqué.

- La mort n'a rien de compliqué. Quand on est mort, c'est terminé. Définitivement.

« Merci Sherlock. » pensa Ai amusée.

Après avoir fini de ranger la pièce, les deux rajeunis quittèrent les lieux. Une nouvelle fois, chacun allait dormir dans sa propre chambre, propre local. C'était le règlement, peu importe qui tient de qui.

Dans son lit, au coucher, Conan croisa les bras derrière sa nuque. S'il devait y avoir une révolte, une dernière journée, c'était à ce moment qu'il fallait en profiter pour fuir le plus loin possible et assaisonner le coup final. S'ils venaient à ne pas réussir, les deux solutions étaient simples : fuir loin, ou mourir. C'était très concis dans le syndicat, ils le savaient.

Des voix dans le couloir surprirent le détective qui s'approchait d'un long sommeil. C'était Vodka qui remettait les clés à un de ces subordonnés. Il devait veiller à fermer la salle de stockage de cet étage, plongé dans l'obscurité.

L'acolyte de Gin enfin parti, l'homme en noir referma la salle. « Clak ».

« Clak. Il l'a mal fermé. »

Deux fois pour correctement fermer une porte. Parfois à double tour pour la sécurité. Elles étaient très solides et une simple explosion ne suffirait presque pas à la renverser complètement, tout comme les murs.

Fino quitta sa chambre et se plongea dans la mer noire. Il nageait dans un océan sombre, ne distinguant que très brièvement le décor. Plusieurs pas plus loin, la pièce concernée. Une simple pression de la poignée de porte avec sa main droite suffit à lui faire comprendre que sa déduction était juste et que cette dernière était mal fermée. Libre accès.

« Parfait. » pensa-t-il en entrant.

Il referma derrière lui. C'était l'occasion de préparer le plan. S'évader. Tout détruire sur son passage. Recommencer une vie, loin, très loin.

Pourquoi revenir à Tokyo quand on était considéré comme complices de l'Organisation ? Les morts de la dernière confrontation avaient suffi.

La lampe torche du détective éclaira des barils. Les seules capables de détruire un mur dans cet immense quartier général. Un sourire s'étira sur le visage fatigué de la seule personne présente dans la salle.

- Ils vont regretter.

[==]

Amuro étudiait les documents sur son bureau avec attention.

Il savait que Conan et Ai étaient entre les mains de l'Organisation. Bien que considéré comme complices, l'agent du PSB devait trouver un moyen de pouvoir les sortir de cet enfer et de les protéger.

Mais si jamais un dérapage devait avoir lieu, ce serait inutile.

- Du nouveau ? demanda le blondinet en voyant son partenaire entrer.

Il répondit d'un signe de tête.

- Pfff, ça risque d'être difficile tout ça. Surtout que je suis obligé de me taper ta présence. Qu'en penses-tu ? Que devons-nous faire ?

Le concerné s'alluma une cigarette.

- Laisse-les faire, conseilla Shûichi. Plongés dans la gorge de ces loups, ils auront un pari risqué à respecter. Avec ou sans notre aide, rien ne changera. Et s'ils réussissent, ce sera la victoire assurée.


Mh.

Rare apparition de ces deux personnages, on ne les verra pas que très peu de fois. Ouais...

Reduced terminé, je peux continuer cette fiction tranquillement ! Il devrait y avoir entre cinq et sept chapitres. :)

Un grand merci à Mieko, Azias, Pyro et Margaux pour leur review !