Bonjour à vous tous, fidèles lecteurs et lectrices ! Comme promis, le chapitre 13 est publié quelques heures après le 12, pour me faire pardonner de ce long temps d'attente entre chaque chapitre...

J'espère que ça vous plaira ! Au programme : le tant attendu point de vue de Stiles ! Et, aussi, sa décision... :) Que choisira-t-il ? D'en vouloir encore à Jackson ? De revenir avec lui ? De sortir avec Malia ? De s'acoquiner avec Peter Hale pour assassiner Jackson ? De quitter la ville pour soigner son cœur brisé ? ...

Rappels : Teen Wolf n'est pas à moi. (Snif snif.) Cette fic' met en avant la relation de deux hommes gays. Pas aimer ? Pas lire. Cette fic' est dédiée à mon amie, ZephireBleue !

Enjoy !


CHAPITRE 13

C'est impossible, dit la Fierté
C'est risqué, dit l'Expérience
C'est sans issue, dit la Raison
Essayons, murmure le Cœur.

William Arthur Ward


Quand Stiles ouvrit son manuel d'économie à la page 156, il ne trouva pas que le topo traditionnel sur la dette mondiale. Il trouva des mots d'amour rédigés au feutre sur les deux pages, dans les moindres recoins.

Stiles, je t'aime. Par pitié, accepte de m'écouter. J'ai commis une énorme erreur, mais je t'assure que

Stiles referma son livre d'un coup sec.

Ça commençait à devenir lassant.

Quelqu'un s'amusait à l'obliger à lire ou écouter les innombrables messages sirupeux et hypocrites de Jackson, son EX petit-ami dont il ne voulait PLUS entendre parler.

Il trouvait des copies des lettres de Jackson collées dans son casier, collées sur les murs de sa chambre, glissées entre les pages de ses cahiers ou de ses livres et comics, sous son oreiller, dans son sac de cours. Il trouvait des bribes desdites lettres dans ses mails, dans son portefeuille, dans ses chaussures, griffonnées un peu partout.

Quelqu'un avait scanné l'une des lettres d'amour de Jackson pour la mettre en tant que fond d'écran sur son ordinateur, d'une telle façon qu'il ne pouvait pas la supprimer. Sur son iPad, quelqu'un avait remplacé toutes ses musiques par la bande son d'une vidéo enregistrée par Jackson et que Stiles avait refusé d'écouter. Sa sonnerie de portable avait été remplacée également. Il ne cessait de recevoir des alertes sur les réseaux sociaux, qui lui montraient, tour à tour, des photos de Jackson et lui, au temps où ils étaient heureux – non, au temps où Stiles ne savait pas encore de quelle traîtrise il était la victime ! – et d'autres qui lui montraient des photos d'un Jackson qui semblait à peine humain.

Ça commençait à devenir irritant.

Stiles en avait marre, marre, marre que tout le monde vienne lui dire qu'il avait dû se tromper, qu'il avait mal compris, que Jackson l'aimait. Lydia et Danny, c'était une chose. Son père et Scott, ça en était une autre ! Dire qu'il avait cru qu'ils comprendraient… qu'ils seraient de son côté !

Mais noooon, au lieu de ça, tout le monde venait lui rabâcher de soi-disant preuves qu'il se trompait, qui allaient depuis la lecture de lettres d'amour privées à des conclusions logiques dignes d'un Hercule Poirot sous LSD, des observations diverses et variées et des raisonnements à s'arracher les cheveux.

Mais ce que Stiles détestait le plus, ce n'était même pas la gigantesque traîtrise dont il était l'objet. Non, ce qu'il haïssait par-dessus tout, c'était qu'il ne pouvait même plus haïr Jackson en paix.

Parce que c'était Jackson qui était en tort ! Lui, Stiles, avait tout fait… tout ! Et si Jackson, vraiment, avait été la victime d'un terrible quiproquo, il aurait parlé plus tôt, pas vrai ? Ce n'était pas comme si Stiles ne lui avait pas laissé la moindre occasion. Au contraire, il n'avait fait que ça. Parce qu'il savait, bon sang, il s'en doutait !

Stiles soupira bruyamment, ouvrit sa trousse, la referma, tapa son pied contre le pied de son bureau, se tordit les doigts dans tous les sens, ses idées fusant dans tous les sens. Il ne pouvait pas se contrôler. Jambes. Doigts. Yeux. Mains. Jambe droite. Sourcil gauche. Déglutition. Son corps ne lui obéissait meme plus.

Tac tac tac toc tac bam toc, faisaient ses mains contre la table. Finstock lui renvoya un regard noir. Rien à foutre. Rien. rien. rien. rien. rien. rien rien rien rien rien.

Stiles posa sa tête contre la table, savourant la fraîcheur du matériau contre sa joue brûlante. Bon sang ce qu'il détestait Jackson de lui avoir fait subir ça ! Tout était trop parfait, il aurait dû s'en douter, et il s'en était douté, alors pourquoi y avait-il cru ! Quel idiot avait-il été ! Deux-trois baisers, un ou deux sourires, et Stiles cesse de réfléchir avec son cerveau !

Il avait envie de pleurer.

Il en voulait à Jackson, il en voulait à lui-même, il en voulait au monde entier de tenter de le convaincre que ce n'était qu'une erreur.

Il leur en voulait de lui faire se poser des questions.

Il en voulait au gigantesque et si ? qui planait dans sa tête comme une mouche enragée et maléfique sous amphètes.

Et si effectivement, il n'avait pas tout écouté ?

Et si Jackson ne lui avait pas menti ?

Et si tout avait été vrai ?

Et si il avait mal compris ?

Et si Jackson était réellement malheureux sans lui ?

Et si Jackson l'aimait vraiment ?

Et si Stiles l'aimait toujours ?

Non, non, non, tout ça, c'était faux. Jackson l'avait fait souffrir. Il le détestait. Jamais il ne lui accorderait la moindre chance, c'était bien pour ça qu'il fallait être attentif à se souvenir qu'il le détestait, car sinon il souffrirait de nouveau. C'était pour ça que Stiles devait soigneusement éviter de penser à tous les bons moments et à ne voir que les sous-titres, c'est-à-dire l'hypocrisie et les mensonges de Jackson. Il devait tirer un trait sur tous ces mois qu'il avait passés à admirer Jackson de loin, ses yeux, sa bouche, ses mains, son rire, son sourire, son visage, ses épaules parfaites, son odeur. Il devait tirer un trait sur tous les baisers, toutes les caresses, tous les mots doux et les regards tendres car ce n'était que du faux, du toc, du chiqué !

Il se souvenait du moment où il avait réalisé qu'il était fou amoureux de Jackson. C'était un jour après un match. Il avait vu Jackson, simplement adossé contre un casier, un doux sourire aux lèvres, simplement heureux et satisfait, et Stiles l'avait trouvé encore plus beau que d'habitude. Jackson avait ouvert les yeux, l'avait vu et avait souri – un sourire gentil et aimable – et Stiles avait vu le Jackson qu'il avait déjà pu deviner grâce à ses talents déductifs exceptionnels, le Jackson bien dissimulé sous trois épaisseurs d'arrogance, d'apparence et d'image soigneusement construite. Puis Jackson s'était levé, lui avait dit : « Bien joué, Stiles ! » en lui tapant l'épaule comme un pote. Il était vraiment de bonne humeur, c'était la première fois qu'il lui parlait gentiment, c'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom, c'était la première fois qu'il touchait Stiles, et Stiles en avait eu des frissons et des vertiges partout. Il avait recoupé tous les éléments – sa fascination pour Jackson, son admiration aussi, sa légère obsession pour lui – et avait compris. Il avait été surpris, bien sûr, qui aurait pu croire que lui aurait pu tomber amoureux de Jackson ? Mais depuis ce jour, chaque moue méprisante de Jackson lui était apparue adorable, chaque regard fier lui avait révélé le Jackson bien caché qu'il entrapercevait, lui, et pas les autres, et qui le faisait fondre, et chaque parole, aussi brutale soit-elle, lui faisait goûter les délices de sa voix et les espoirs qu'un jour, peut-être…

Oh ça oui, se morigéna violemment Stiles, un jour peut-être, ouais, il en avait bavé, ça avait été pour sa pomme ! Trahi, utilisé, manipulé, jeté comme une vieille chaussette une fois trop usé…

Ouais, dit la voix de Scott dans sa tête, mais il aurait pu trouver une autre façon de te jeter, s'il l'avait voulu, alors pourquoi le faire d'une façon aussi compliquée ?

Tais-toi, Scott ! Peut-être que quelqu'un avait fait pression sur lui… ou avait découvert son secret… ou qu'il avait voulu être sûr que Stiles ne revienne jamais et n'espère plus rien…

Et puis, ajouta Scott, il ne t'aurait pas jeté avant de coucher avec toi, c'est stupide ça… Il se sent peut-être vraiment coupable, tu y as pensé, à ça ?

Il l'avait trahi ! C'était tout !

Stiles ! s'exclama Scott. La vérité, c'est que tu fuis ! Parce que tu as peur de souffrir ! Alors tu préfères te convaincre que tu es en colère, que tu le détestes, plutôt que d'admettre la vérité !

Bien sûr qu'il avait peur de souffrir ! Bien sûr ! Qui n'aurait pas eu peur, à sa place, hein ?

Stiles secoua la tête. Il fusilla Scott du regard. Tout ça, c'était sa faute et celle des autres. C'était eux qui lui disaient tout ça, c'était eux qui lui faisaient parvenir les messages de Jackson de manière à ce qu'il ne puisse pas les éviter…

C'était de leur faute à eux, s'il se questionnait !

C'était de leur faute à eux, si la colère s'estompait pour laisser place au manque et au vide !

C'était à cause d'eux qu'il avait envie de pleurer en se rappelant les bons moments avec Jackson, qu'il se rappelait tout ce qu'il aimait chez lui… à cause d'eux, à cause de sa faiblesse… qu'il commençait à douter, à voir une autre version des faits, à voir tout autre chose, à vouloir revenir, que Jackson revienne, que Jackson fasse quelque chose…

Non, non, non ! Un rêve, une chimère, une illusion !

Il fallait qu'il passe à autre chose.

Il jeta un regard en coin à Malia, qui lui sourit. Etrange, Malia, ces derniers temps. Elle le collait, elle se montrait affectueuse et tactile. Stiles ne se faisait pas d'illusion, elle voulait sûrement sortir avec lui. Ce qui était tout de même un peu bizarre, parce qu'avant toute cette affaire, elle n'avait semblé le voir que comme son frère et meilleur ami. Et en fait, elle agissait toujours ainsi quand ils étaient seuls. Mais Malia était farouchement protectrice. Marquer son territoire, même fictif, était sûrement sa façon de le protéger d'un autre briseur de cœur.

Tant mieux, car il n'était pas intéressé.

Elle était belle, Malia. Elle était séduisante, sexy même, futée, rebelle, amusante, peu farouche, volontaire, têtue et, globalement, ils avaient les mêmes goûts. La copine idéale pour Stiles, en gros.

Sauf que… il n'avait pas vraiment envie de sortir avec elle. Il ne ressentait rien d'autre qu'une tendresse fraternelle envers elle. Et quand elle était d'humeur affectueuse et tactile, il regrettait que ce ne soit pas Jackson qui se trouverait là, à sa place.

Argh ! C'était à devenir fou !

Non, il fallait ignorer ce « et si » perpétuel, ça ne mènerait à rien de bon. Rien de bon à être amoureux de Jackson, rien de bon à regretter Jackson, rien de bon à penser à Jackson…

Alors pourquoi était-il là, toujours ? Pourquoi refusait-il de quitter ce cerveau qu'il squattait honteusement ?

Ses mains tremblaient de plus en plus nerveusement. Il se tordait les doigts. Ses yeux clignaient tout seuls, il sentait un tic nerveux agiter le coin droit de sa bouche et l'un de ses sourcils. Ses pieds martelaient le sol en produisant un tel vacarme que Lydia, douce Lydia, se retourna pour le foudroyer du regard.

Paupière talon mains bouche doigts yeux sourcils. Il ne tenait plus en place et sentait sa respiration s'alourdir.

Il était à deux doigts de la crise de panique.

Il fallait qu'il se calme.

Ne pas penser à Jackson serait un bon début.

Pas. Penser. A. Jackson.

Dur dur.

Il y pensait tout le temps.

On lui faisait penser à lui tout le temps.

Stiles y pensait même quand on ne lui rappelait pas. Ça avait juste empiré depuis que le monde entier s'entêtait à vouloir le convaincre du contraire.

Stiles n'avait juste pas envie qu'on lui rappelle qu'il aimait toujours Jackson. Il serait à deux doigts de retomber s'il lisait la moindre de ses lettres, écoutait la moindre de ses paroles.

Pas non plus comme si Jackson allait lui apporter la moindre preuve absolue de son amour et de son honnêteté, hein, puisque…

- Bonjour, lycée de Beacon Hills.

La voix qui retentit dans les haut-parleurs du lycée, à plein volume, n'avait rien en commun avec celle de Gerard Argent, le proviseur.

Rien.

- Jackson Whittemore au micro. Je suppose que vous m'avez reconnu.

Miséricorde.

Stiles laissa tomber son stylo au sol.

- Pas possible, marmonna Isaac. Il a pas pu entrer dans le bureau du proviseur, si ?

- Argent n'est pas là aujourd'hui, signala obligeamment Beth.

- Mais comment est-ce qu'il a eu la clé ? s'exclama Allison, stupéfaite. Il la range toujours hyper soigneusement !

Lydia eut un sourire carnassier. Le Coach détourna les yeux en un geste de culpabilité évidente. Danny eut un sourire lumineux. Scott jeta à Stiles un regard éloquent.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi le monde se liguait-il contre lui ?

Il n'avait pourtant rien fait de mal…

Stiles ramassa son stylo, son cœur battant à tout rompre. Non, il n'allait pas écouter Jackson. Il savait que c'était pour lui. Mais il ne pouvait pas. Il lui suffisait de mettre ses écouteurs et la musique à fond et…

Et ses écouteurs avaient disparu.

Erica lui adressa un sourire désolé qui n'était absolument pas contrit, mais plutôt satisfait.

Elle lui avait volé ses écouteurs.

Ou alors elle était juste contente qu'il ne puisse pas fuir Jackson cette fois-ci.

Pourquoi aurait-elle volé ses écouteurs ? C'était stupide. Et lui, il était simplement complètement parano.

- Je m'excuse d'accaparer ainsi le micro, poursuivit Jackson d'une voix assurée, mais j'ai un message très important à faire passer. J'espère que vous ne m'en voudrez pas.

- D'interrompre un cours chiant pour dire des trucs salaces ? Sûrement pas, mec ! beugla Greenberg.

- Ferme-la, Greenberg ! beugla le Coach. On veut entendre, nous !

- Ce message est pour toi, Stiles, poursuivit Jackson.

Il fallait vraiment bien connaître Jackson pour détecter le tremblement imperceptible de sa voix, comme si elle était sur le point de se briser. Stiles se détesta de savoir tout ça. Il se détesta d'espérer, et entreprit de verrouiller soigneusement son cœur.

- Je sais, reprit son ex-petit ami, que je me suis comporté comme le pire des connards. Ça, je ne vais pas le nier, c'est vrai. Simplement… la vérité n'est pas tout à fait celle que tu crois.

Stiles constata que ses mains ne tremblaient plus. Jackson avait-il fait passer sa crise de panique, rien qu'avec sa voix ?

Naaan. Ce devait être la surprise. La surprise était un excellent moyen pour couper court à la panique. Lydia le lui avait déjà prouvé une fois.

En revanche, son estomac le tiraillait et il avait une boule dans la gorge.

Il ne voulait pas écouter.

- Stiles, quand je t'ai fait cette première déclaration… d'accord, sur le coup, je mentais. Parce que je ne suis rien qu'un imbécile. J'avais peur – je n'étais pas capable d'assumer que… que ton plan avait fonctionné et que j'étais attiré par toi. Je ne l'ai réalisé que longtemps après. J'étais tellement bien avec toi, que j'ai cessé de me poser des questions. Je n'avais pas envie de tout arrêter, je voulais juste rester avec toi parce que je me sentais mieux que jamais.

Un concert de « ooooooooh » retentit dans la classe. Le volume était un peu fort, s'il ne s'agissait que de la classe. Stiles comprit avec horreur que le lycée entier avait fait « oooooooooh ».

Il refusait d'être ému. Même si c'était émouvant.

- C'est ta faute, aussi ! s'exclama Jackson. Tu t'es jeté sur moi et tu m'as roulé le patin du siècle ! Je suis devenu accro, moi !

Non, il n'avait pas envie de rire. Non. Noooooon. Il ne trouvait pas ça amusant. Il ne trouvait même pas ça mignon. Ça ne l'était pas. OK ?

Jackson tentait de l'acheter ! De le manipuler !

Vilain Jackson, pas bien !

Ne pas se laisser amadouer.

- Toute cette histoire, ajouta Jackson, ça n'a été que de ça. Plus je me disais qu'il valait mieux tout te dire, tout arrêter, tout recommencer, plus je trouvais de bonnes raisons de me taire et de laisser faire les choses, parce que tout était tellement bien et tellement bien parfait que je n'avais pas envie que ça s'arrête.

Bon sang. Stiles retrouvait le Jackson dont il était tombé amoureux et il ne savait même pas quoi en penser. Du déni, de l'arrogance, de l'angoisse, et du romantisme et de la gentillesse parfois, ça, c'était Jackson.

Malgré lui, il voyait défiler toutes les lettres, toutes les vidéos, toutes les photos, et il ne savait plus ce qu'il ressentait. Il ne savait plus contre qui il était en colère.

Il jeta un coup d'œil alentour. Tout le monde le regardait avec fascination.

Putain de merde. Ça ne ressemblait pas à Jackson, ça. Être romantique en public, se mettre à nu, dévoiler ce qu'il pensait.

Soit ce n'était pas Jackson.

Soit c'était la suite de cette mauvaise blague.

Soit Jackson était sincère et vraiment, vraiment désespéré.

Stiles ne savait pas quelle option était la meilleure. Pire, il ne savait quelle option il préférait.

- Au bout d'un moment, bien sûr, j'ai fini par tout t'avouer. Ça n'était pas pour te faire du mal.

Ça, par contre, ça donnait à Stiles envie de ricaner. Ouais, et si ce n'était pas pour ça, c'était pour quoi ?

- La vérité, c'est que… on était si proches, si fusionnels, et tu étais si franc et si honnête. J'ai fini par me dire que je ne te méritais pas. Je te mentais tout le temps, malgré moi, et je voulais une relation sincère avec toi. Je voulais tout avec toi, alors… je ne pouvais plus me taire.

Non, lui disait fermement son cerveau. Sa fierté, son expérience, sa raison, tout lui disait qu'il ne devait pas écouter, il ne devait pas croire Jackson.

Alors pourquoi est-ce que ça semblait logique, pourquoi est-ce que c'était convaincant ?

- Tout ce que j'ai dit et fait pendant qu'on était ensemble… reprit Jackson.

Stiles détecta le léger tremblement dans sa voix. Il ne sut pas ce que cela signifiait. Peut-être n'avait-il pas non plus envie de savoir.

- C'était sincère. C'était vrai. D'accord, à la base, c'était un gros, gros malentendu, un total quiproquo, et je n'ai fait qu'empirer les choses en essayant de les rectifier. Bon, ça, tu connais déjà l'histoire. Et, bon, on peut pas dire que j'ai été très doué. Il fallait bien que ça arrive un jour.

Toute la classe éclata de rire. Stiles se surprit à sourire, et il masqua ses lèvres avec son poing. Trop tard. Lydia l'avait vu. Et merde.

- Et petit à petit je suis tombé amoureux de toi. Ou j'ai découvert que je l'étais. Cette partie est encore un peu confuse. Les hormones, sûrement. Ce que je peux te dire, c'est que j'étais heureux avec toi, et que je veux vraiment qu'on sorte ensemble de nouveau. C'est la seule chose qui me rendrait vraiment heureux, Stiles. Donne-moi une seconde chance. Je ne peux pas être pardonné. Je ne peux pas rattraper ce que j'ai fait. Mais je veux qu'on recommence, et je veux te prouver que…

Stiles pouvait désormais mettre un nom sur le tremblement dans la voix de Jackson. Son ex. Jackson. Le garçon dont il était toujours amoureux. Et à qui il avait fichtrement envie de mettre son poing dans la figure.

C'était de la peur. De l'espoir. De la sincérité, aussi.

Ça faisait presque mal à Stiles.

- … Je t'aime, Stiles.

La classe éclata en hurlements et applaudissements.

Stiles les entendit à peine. Jackson ne parlait plus au micro et ça laissait un silence atroce.

Il regarda ses mains. Elles tremblaient légèrement.

Que devait-il faire ?

Il n'en avait pas la moindre idée. Avait-il été trahi, ou non ? Devait-il être en colère, ou pas ? Avait-il eu raison de faire ce qu'il avait fait, ou bien…

Scott se racla la gorge. Stiles leva les yeux – son meilleur ami souriait gentiment.

- Tu imagines à quel point ça a dû lui coûter de faire un truc pareil…

Le cœur de Stiles manqua un battement. Oui, ce n'était pas le genre de Jackson, tout ça. Il détestait s'ouvrir au monde entier. Il avait façonné toute son image et sa personnalité pour être le bad boy beau gosse insensible, inatteignable, intouchable. Sûrement, avait toujours songé Stiles, parce qu'il craignait d'être blessé s'il dévoilait qui il était, ce qu'il était.

Il n'y avait qu'avec Stiles qu'il s'était permis d'être son vrai lui…

Mais c'était un mensonge, non ?

Et là… ça en était encore un, pas vrai ?

Il jeta un coup d'œil alentour. Tout le monde le regardait, dans l'expectative. Mais… qu'attendaient-ils ? Un oui ? Un non ? Peu importe, ils attendaient une décision, et Stiles ne savait même s'il était réellement censé en prendre une, ni même vraiment ce qu'elle concernait. Il se sentait tellement… déconnecté.

Bip.

Stiles mit un petit moment avant de réaliser que c'était son portable qui venait de sonner. Un texto. Il avait un texto.

Jackson ?

Il s'en voulut de penser que c'était lui.

C'était son père.

Pour ce soir, je loue quel film ?

Stiles se sentit bizarrement ému. Son père avait toujours su lui donner les bons conseils. Il se rappelait une fois, ce qu'il lui avait dit un jour, longtemps auparavant, un jour où Stiles doutait de lui-même et se croyait en-dessous de tout.

- Stiles, je serai toujours fier de toi quels que soient tes choix. Fais-les en ton âme et conscience, et tout ira bien. Je te soutiendrai quels que soient tes choix. Personne d'autre que toi ne peut savoir ce que tu ressens.

Il y avait eu sa mère, aussi, bien plus loin dans ses souvenirs.

_ Stiles, mon chou, mieux vaut des remords que des regrets.

Il jeta un coup d'œil à la classe. Ils le regardaient, mais il perçut autre chose dans leurs regards. Ils étaient aussi paumés que lui.

Bien sûr. La déclaration avait beau être belle et merveilleuse et adorable et tout le tralala, eux non plus ne pouvaient pas oublier ce que Jackson avait fait. Stiles aurait pu parier qu'eux aussi étaient en train de choisir mentalement s'ils pardonnaient Jackson ou pas, s'ils se réconciliaient avec lui ou pas.

Et puis, Stiles avait entendu courir une rumeur selon laquelle Jackson l'aurait en réalité trompé avec une strip-teaseuse transsexuelle qui dealait de la drogue, dans le seul but de faire plonger le Shérif et mettre Mr Whittemore père à sa place. Pas sûr qu'ils aient bien tous compris de quoi il retournait.

Stiles, lui, savait.

Dilemme.

Oui. Il avait le choix. Qu'il choisisse selon son cœur.

Le problème, c'était qu'il ignorait quel choix faire.

Il ignorait ce que disait son cœur.

Il devait prendre une décision. Il le devait. Il le savait. Pour lui-même, pour son propre cœur à lui. Accepter, rejeter, c'était à lui de choisir.

Il aurait préféré ne pas avoir à choisir. Il aurait préféré que rien ne change. C'était plus facile d'en vouloir à Jackson, d'en vouloir au monde entier, que de tout remettre en question.

C'était à lui de donner à Jackson ce qu'il méritait. Lui qui avait souffert. Lui qui avait le seul droit de décider.

A lui de choisir.

_ Vous ne m'aidez pas beaucoup, marmonna-t-il.

Le regard de Scott se voila de culpabilité.

_ Oh, Stiles, on… on ne voulait pas te placer au pied du mur.

_ Vous l'avez tout de même un peu fait, rétorqua-t-il. Ou on n'a pas la même conception de ce qu'est au juste un mur.

Scott baissa la tête.

_ On voulait juste… que tu saches la vérité. Enfin… se reprit-il en avisant le regard sévère de Lydia, que tu voies l'autre point de vue. Pour que tu puisses voir les choses clairement. Moi aussi je pensais que c'était un connard. Je peux clairement pas lui pardonner ce qu'il t'a fait. Il t'a menti et tu es mon frère.

_ De toute façon, coupa Danny, c'est ton choix, pas le nôtre. (Il fusilla Lydia du regard. OK. Etait-ce Lydia qui était à l'origine de tout ça ? Elle allait entendre parler du pays.)

D'un signe de tête, il désigna le reste de la classe. Greenberg rigola comme un bossu, essentiellement parce qu'il n'avait pas dû comprendre.

Ouais. OK. Il se retrouvait seul à prendre la décision de sa vie. Point positif : il ne serait influencé par personne, il était maître de son destin. Point négatif : il n'avait pas la plus petite idée de ce qu'il devait faire.

Il devrait sûrement aller voir Jackson, songea-t-il finalement.

Il se leva et jeta ses affaires dans son sac. Pas comme si le cours allait réellement avoir lieu maintenant, de toute façon.

- Désolé, Coach. J'ai… quelque chose à faire, ânonna-t-il.

Finstock parut se réveiller en sursaut d'un long, long sommeil. Il avait les yeux humides – Seigneur ! – et il s'ébroua.

- Oui, fils, bien sûr, vas-y.

Malia le regardait d'un air encourageant; elle arborait à peu près la même tête que le jour où elle lui avait dit, en primaire : « Tu dois le faire ! Tu dois te réconcilier avec Scott ! Sinon, je t'écrabouille ! » (Longue histoire.) C'était… bizarre. Elle n'était pas censée s'intéresser à lui ? Stiles conclut qu'il avait raison et que ce n'était que du chiqué. Il s'en sentit soulagé.

Erica leva les deux pouces en guise d'encouragement, Lydia lui jeta un regard entendu. Danny, Scott et Isaac lui sourirent. Theo Raeken lui adressa une grimace – allez savoir pourquoi. Allison semblée mitigée. Kira Yukimura, l'autre nouvelle qui faisait de l'œil à Scott, avait l'air tout émue. Boyd haussa un sourcil qui signifiait : « Ben qu'est-ce que tu fais planté là ? T'attends quoi ? » Ou du moins, Stiles l'interpréta ainsi. Peut-être que ça signifiait simplement : "Pourquoi tu me regardes ?"

Vaincu, Stiles sortit de la salle d'économie. L'heure avait sonné d'affronter sa propre conscience.

Au moins, il savait où aller. Jackson devait l'attendre devant le bureau du proviseur. La vraie question, c'était de savoir si Stiles devait ou non lui coller un pain.

Dilemme épineux.

Il n'avait pas précisément envie de se laisser aller à la violence, mais d'un autre côté, Jackson s'amusait à jouer avec son cœur, à bouleverser sa vie et piétiner ses sentiments. Voilà qui méritait bien un châtiment.

Que celui qui a dit « Ooooh oui, punis-le, Stiles » d'un ton libidineux se taise immédiatement !

Et voilà, il parlait à sa propre conscience, maintenant.

Content, Jackson Whittemore ?

Oh oui, il devait jubiler, le bougre !

Furieux, Stiles accéléra le pas. Les couloirs étaient déserts. On n'entendait que le son de ses pieds qui martelaient le sol. Il tenta d'ignorer les visages qui se dessinaient à travers les portes entrouvertes – ça n'était pas le moment. Tout ceci ne concernait que Jackson et lui. Danny avait raison. Et puis, ils n'avaient qu'à accepter son choix final. Lorsque Stiles en aurait fait un.

Pas « Jackson et lui » en tant que couple, hein ! Non. Non… Non ?

Stiles tourna à l'angle du couloir. Il sut que Jackson était là avant même de le voir.

Il était bien là. Appuyé contre le mur d'un air qui se voulait nonchalant – mais Stiles, même depuis l'autre bout du couloir, pouvait voir ses épaules tendues, son dos raide, le léger tressautement de son genou droit, autant de signes qui lui seul connaissait, et avait été fier de connaître, et qui lui indiquaient aisément que Jackson était au niveau 9 sur son échelle de stress personnel. La seule fois que Stiles avait vu un niveau 10, c'était quelques années plus tôt, lorsque Danny avait eu un accident de voiture et que tout le monde avait cru au début qu'il était grièvement blessé.

Un niveau 9 rien que pour lui, Stiles, c'était tout de même beaucoup. L'hyperactif s'en sentit tout de même étrangement flatté – mais cela ne parvint pas à chasser le nœud gordien qu'il avait à la place des entrailles.

Plus il s'approchait, et plus il voyait Jackson clairement. Son visage ne s'était pas effacé de son esprit autant qu'il le croyait. Il se rappelait les moindres détails, et pourtant, ça lui faisait quelque chose de les voir de nouveau. Le trait de sa mâchoire. Ses lèvres fines, ses dents blanches – il essaya de ne pas se rappeler de ses baisers. Ses cheveux châtain blond soigneusement coiffés – Stiles savait d'expérience qu'ils étaient doux au toucher et qu'ils sentaient terriblement bon, et il revoyait ses doigts effleurer les mèches et le cuir chevelu. Sa veste en cuir qu'il avait enfilée une fois et qui les avaient fait rire pendant des heures tellement il avait l'air ridicule en la portant – sa chemise bleue qui lui moulait les épaules d'une façon terriblement sexy – son jean qui lui moulait… autre chose de façon très sexy. Sa peau dorée et douce. Sa fossette à la joue droite. Ses yeux bleus et perçants. Son odeur de savon que Stiles avait toujours aimé inhaler jusqu'à ce qu'il ne sente plus qu'elle. Ses mains… seigneur, ses mains !

Stiles préféra censurer les souvenirs que lui évoquaient les mains de son ex.

Bon. OK. D'accord. Jackson était toujours aussi diablement sexy. Et peut-être bien que ça lui faisait des picotements et de la chaleur partout, partout. Mais ce n'était pas parce que Jackson était objectivement sexy que ça impliquait qu'il pouvait le pardonner ou envisager de se remettre avec lui.

Stiles s'arrêta pile devant Jackson. De près, on voyait les légers cernes violacées, le visage un peu plus creusé, les yeux un peu rouges. Il détermina solidement de n'en rien conclure du tout.

Jackson poussa un soupir faussement exaspéré en croisant les bras.

- J'espère que tu es content, maintenant, grogna-t-il d'un ton boudeur – mais Stiles savait que c'était du chiqué. Je me suis humilité, je me suis ridiculisé devant le lycée entier, j'ai raconté ma vie privée au micro, tout doit déjà être sur Internet et maintenant mon intimité est dévoilée au grand jour. Satisfait ?

Malgré lui, Stiles eut un sourire amusé.

- Je ne t'ai pas demandé de le faire.

- Tu ne m'as pas bien laissé le choix non plus.

Stiles haussa un sourcil.

- Et je dois m'estimer chanceux, à présent ?

Jackson hocha la tête d'un air satisfait.

- Oui. Et maintenant que j'ai fait le truc le plus humiliant que je ferai de toute ma vie, tu as intérêt à retomber dans mes bras direct.

Stiles vit que son sourire assuré tremblotait, que ses yeux étaient légèrement humides. Ça l'attendrit, bizarrement. Il éclata de rire.

- Tu es sérieux ?

- J'essaye, marmonna Jackson. On pourra pas dire que j'ai pas tout essayé.

- Jacks, c'était tellement out of character, ce que tu as fait.

Jackson détourna le regard.

- Je te l'ai dit. Je devais essayer. Je n'avais pas vraiment le choix. (Il fronça les sourcils.) Tu écoutes, quand je parle ?

- Si jamais j'ai un trou, je pourrai toujours récupérer l'audio sur Facebook, le taquina Stiles en lui donnant un coup de coude.

- Misère, se lamenta son vis-à-vis.

- Ton choix. Ta décision. Ta déclaration que le lycée entier a entendue. Assume. Tu es un homme, Jackson Whittemore ?

- Si tu me laissais faire, je pourrais te prouver que j'en suis un jusqu'au bout des…

- Bien essayé. Mais non, répondit Stiles en secouant la tête.

Mais il sentait qu'il souriait. Oh, bon sang, c'était plus fort que lui. Il avait bien dit qu'il retomberait s'il laissait Jackson s'approcher de lui.

Foutu Whittemore !

Un silence s'installa entre eux. Ils se tenaient debout l'un face à l'autre, gênés. Stiles ne savait pas quoi faire. Il n'était même pas en train de soupeser les choix qui s'offraient à lui. C'était tout simplement le vide dans son crâne habituellement plein à craquer. Bzz. On entendait la mouche maléfique voler.

C'était peut-être le moment pour tout finir en beauté. Il n'avait plus besoin d'être en colère après Jackson, songea-t-il, en voyant défiler les photos, les lettres, les mots dans sa tête. Visiblement, Jackson était sincère. C'était sûrement le bon moment pour lui pardonner. Tourner la page, tirer un trait sur leur couple, et aller de l'avant, passer à autre chose sans remords. Ce serait une bonne option. Il pourrait quitter Jackson pour de bon sans se retourner, mais sans douleur et sans rancune non plus. Ce serait très certainement la meilleure façon de se sortir de cette histoire. Peut-être même que ça guérirait la blessure.

Peut-être.

Jackson lisait peut-être dans ses pensées – et Stiles ne savait pas si c'était flippant ou étrangement réconfortant – car il attrapa ses mains dans les siennes.

- Stiles, je… je n'ai pas tout dit au micro.

Stiles leva les yeux au ciel.

- Quoi ? Encore des cachotteries ?

- Non ! Non ! se récria Jackson en secouant la tête très vite d'un air très paniqué, comme si Stiles était une statue de sucre sur le point de s'écrouler au moindre brin de vent. (Stiles était si confus qu'il mélangeait peut-être les expressions.) C'est que, enfin… il y a des chances qui ne regardent que toi, et que je ne veux pas dire aux autres.

Stiles hocha la tête. Oui. Ça se tenait. Il s'emportait peut-être un peu vite.

Mais comment aurait-il pu avoir confiance ?

Il baissa la tête et observa ses mains dans celles de Jackson. Son ex-petit ami avait entrelacé leurs doigts et Stiles ne s'en était même pas aperçu. La partie de son esprit qui ne s'arrêtait jamais de penser se demanda si c'était par habitude – ou si c'était par instinct, parce qu'il aimait ça, parce qu'il avait envie.

Stiles détestait les questions sans réponse, et aussi et encore plus les questions dont il soupçonnait la réponse et que celle-ci ne lui plaisait pas vraiment.

Les mains de Jackson étaient douces, ses doigts tremblaient légèrement mais leur emprise était ferme – sans être écrasante. Jackson tentait de le retenir mais sans le faire prisonnier. Le geste émut Stiles, qui sentit son cœur s'emballer. Espoir et désespoir. Désir mais pas contrainte. Jackson avait mieux compris qui il était que… Stiles n'osa pas achever sa phrase.

- Ce que je veux que tu saches, dit Jackson d'une voix hachée, c'est que même si la déclaration du début était fausse, je… tout ce qu'on a vécu ensuite, tous les moments, tout, c'était sincère. Ça venait de moi. Je ne savais pas très bien d'où ça venait mais c'était vrai, c'était moi. Et j'ai… avec toi, j'ai eu l'impression d'être plus moi que jamais. D'être quelqu'un de meilleur. D'être vraiment qui j'étais, sans avoir à être quelqu'un d'autre. J'aimais être avec toi, mais pas que pour ça, d'ailleurs. Juste pour toi. C'est pour ça que… j'avais peur. J'avais honte de moi, aussi. Un jour, Danny m'a dit que je t'utilisais comme un objet, pour mon seul plaisir… (le cœur de Stiles fit un bond) et c'est là que j'ai réalisé que j'étais vraiment amoureux de toi, que je voulais rester avec toi quoi qu'il arrive. Si j'ai fini par parler, c'est que…

- Tais-toi, ordonna Stiles, mais d'une voix douce.

Il ferma les yeux. Qu'aurait-il fait, lui, à la place de Jackson ? S'il avait été la proie de sentiments qu'il ne comprenait pas, de la peur de perdre ce à quoi il tenait, de la honte d'avoir menti et abusé sans même le vouloir ?

C'était salaud de sa part d'avoir menti à la base. Ça, Stiles n'était pas bien sûr de pouvoir le pardonner. C'était mesquin et méchant et horrible. (D'un autre côté, bon, il était bien tombé amoureux de ce Jackson-là quand même au tout début… murmura une voix dans sa tête.) Jackson n'aurait jamais dû le faire. Jamais. C'était trop odieux.

Mais le reste… C'était un autre Jackson.

Il pouvait comprendre. Il comprenait ce que Jackson avait fait et pourquoi, et une part de lui siffla d'admiration en réalisant que Jackson avait eu le courage de tout avouer, avant qu'ils n'aillent trop loin, pour que Stiles sache la vérité.

Et qu'il s'était confié devant le lycée entier pour le récupérer. Stiles avait toujours rêvé qu'on fasse quelque chose de romantique et d'épatant pour lui, se rappela-t-il. C'était fait, à présent…

Ce qu'on l'avait forcé à voir et à entendre avait sûrement joué son rôle. Il croyait Jackson. Il était certain à présent. Il ne s'était pas trompé en voyant le Jackson bien caché qu'il avait vu bien longtemps auparavant – il s'était trompé en croyant s'être trompé, précisément, en se disant que ce Jackson n'existait pas.

Stiles poussa un profond soupir. Bien malgré lui, il avait lu les lettres, écouté les vidéos, et il savait tout à présent. Une vraie histoire de roman.

Mais pouvait-il accepter que ce soit sa vie ? Pouvait-il accepter ça et reprendre tout comme si de rien n'était ?

Non. Il ne pouvait pas. On n'oublie pas une trahison.

- Jackson. Ce que tu as fait…

- Je sais, se dépêcha de dire Jackson.

Il sut que c'était vrai. Jackson était sincère, c'était le Jackson qu'il connaissait, qu'il avait aimé… mais l'aimait-il toujours ?

- Jackson, je ne peux pas te pardonner simplement avec un sourire, un baiser et un message romantique. C'est plus compliqué que ça. Je ne peux pas non plus te refaire confiance en un claquement de doigts. Le pardon. La confiance. Ce sont des choses qui se gagnent. Avec du temps, des preuves, de la volonté.

Jackson baissa la tête. Stiles revit toute l'histoire défiler dans sa tête. Et soudain, il sut, avec clarté.

- Mais, murmura-t-il, je veux bien te laisser le temps pour essayer.

Jackson releva la tête, et lorsqu'il vit son sourire immense et incrédule et ses yeux brillants et émerveillés, Stiles sut qu'il avait pris la bonne décision.

C'était compliqué, c'était étrange, mais ils devaient essayer.

Il se rapprocha de Jackson, goûta la sensation de son corps ferme et chaud contre le sien, sentit le battement effréné de son cœur, sentit ses muscles se détendre contre lui, comme sous le poids d'un immense soulagement.

Bien sûr qu'il aimait toujours Jackson. Il avait été stupide de penser le contraire. Surtout que le Jackson qu'il aimait était bel et bien là, devant lui, et avait fait l'impossible pour lui.

Ça valait sûrement la peine d'essayer de nouveau, de tenter leur chance. Si Jackson avait été sincère tout le reste du temps… si c'était un autre Jackson qui lui avait fait cette fausse déclaration… alors le chemin serait rude, mais ils pourraient être de nouveau heureux. Un jour.

Stiles se pencha et posa ses lèvres sur celles de Jackson. Son de nouveau peut-être petit-ami. Jackson avait intérêt à faire ses preuves pour que Stiles oublie définitivement, pour que la confiance se réinstalle, et ils le savaient tous les deux. Mais en attendant, ce baiser avait le goût d'un retour chez soi après une longue absence.

FIN