Mon Dieu ! Je n'arrive pas à y croire, j'ai déposé le dernier mot de cette fanfic à 13:37 ! Je suis tellement heureuse de l'avoir fini, non que je ne l'aime pas, mais parce que je l'ai fini à temps (un an après sa première publication) et parce que c'est la première fic avec autant de chapitre que je finis. Autant dire que je plus que comblée !
Je voulais encore remercié chacun de vous pour avoir lu, suivi, reviewé cette histoire ! A partir de maintenant, je peux enfin me consacrer à d'autres histoires. Mais celle-ci restera à jamais dans mon cœur comme la première que j'ai jamais fini. Merci encore à tous et à bientôt pour d'autres aventures ^^.
Épilogue
- Un Bortsch et un plat de Pirojki pour la table 5 ! Lança le serveur en accrochant la commande dans la cuisine.
Celle-ci était étouffante à cause de la chaleur des fours qui tournaient à plein régime et du feu, sous les casseroles et poêles, qui crépitait. Cinq ou six cuisiniers aux esprits échauffés se bousculaient, passaient d'un plan de travail à l'autre. L'un coupait les légumes, l'autre vérifiait la cuisson, un autre terminait la présentation d'une assiette, un dernier était à la plonge. C'était un joyeux vacarme, entre les cris des serveurs qui annonçaient les plats, les aboiements des cuisiniers qui devaient envoyer, mais qui trouvait la préparation d'un autre trop longue, le bruit des casseroles et des verres qui s'entrechoquaient dans le lavabo moussant, les viandes qui crépitaient dans les poêles et la souffleuse qui en rajoutait de son grain de sel.
Mais parmi tout ce beau monde, deux d'entre eux nous sont étrangement familiers. Le premier dirigeait sa cuisine d'une main de maître, il passait d'un cuistot à l'autre pour vérifier les préparations. Il redressait l'un ou l'autre quand ils faisaient une erreur et rectifier le tir si nécessaire, mais jamais il ne haussait le ton plus que de mesure. Il était respectueux de chacun de ses employés et ne se rabaissait pas à leur rappeler leur métier lorsqu'ils faisaient quelque chose de travers, il les recadrait simplement poliment. Il était grand, fort et ses grandes mains donnaient l'impression de pouvoir écraser une noix à la main, mais il était d'une extrême gentillesse, ce qui faisait de lui, non quelqu'un de craint pour son physique, mais d'admirer et apprécié pour son caractère doux. Ces courts cheveux blonds-gris retenus par un filet et ses grands yeux améthyste adoucissaient son visage, et le regard qu'il portait sur ses employés et la nourriture étaient empreint de fierté. Il s'appelait Ivan Braginski.
À 26 ans, Ivan était le patron d'un petit restaurant qui proposé des spécialités russes de son pays d'origine, à des Français qui n'avaient pas forcément l'habitude de goûter des plats typique de ce pays. Le restaurant, sans être très côté, était de bonne réputation et apprécié des habitants du coin, bien noté sur les sites. De plus, l'originalité des plats proposés apportait un plus au restaurant, sans ajouter le bon rapport qualité-prix et la bonne ambiance des employés et des patrons qui servaient les clients comme il se devait.
Pour l'aider dans son entreprise, Ivan Braginski était accompagné de son second et mari, Francis Bonnefoy, 28 ans. Ensemble depuis maintenant trois ans, ils s'étaient mariés l'année dernière, après leur retour en France, puisque le mariage homosexuel était reconnu depuis peu d'années, mais tout de même. Francis était Français, – son nom donne peut-être une indication peu subtile – il avait de beaux et longs cheveux blonds, retenu en catogan sous un filet lorsqu'il faisait la cuisine. Il avait de beaux yeux bleu comme le ciel dans lesquels son mari adorait se plonger. Lui aussi était d'une très grande gentillesse, mais lorsqu'il s'agissait de cuisine, il était beaucoup plus exigent qu'Ivan et n'hésitait pas à hausser le ton avec les employés qui faisaient mal leur travail. La cuisine avait toujours était l'une de ses passions les plus accrue, si ce n'était la principale. Il avait malheureusement dû mettre cela de côté le temps de ses études de commerce, car celles-ci lui avait pris trop de temps pour qu'il puisse se consacrer à la cuisine. Il y avait ça, et le fait que durant une bonne partie des cinq ans qu'il avait consacrés aux études que son père lui avait imposées, il avait traversé une dépression particulière qui l'empêchait de voir quoi que ce soit d'autre que l'école de commerce. Ce n'est que lorsqu'il rencontra Ivan, lors de sa cinquième et dernière année, qu'il avait pu se libérer de ce poids qu'il avait traîné des années durant. Quel était ce poids ? Eh bien, lors de sa deuxième année d'études, Francis était tombé follement amoureux d'un autre étudiant, Arthur Kirkland, atteint d'une grave maladie qui l'avait achevé quelques mois plus tard, plongeant le Français dans un profond traumatisme. Ivan fut son sauveur. Francis le fut aussi pour le Russe, lorsqu'il permit à celui-ci de se débarrasser des fiançailles qui lui avaient été imposées par ses parents avec une jeune femme maniaque qui avait fait d'Ivan sa victime.
Même si leur relation était aujourd'hui encore jeune, ils avaient vécu des choses ensembles qui leur permettaient de se dire qu'ils ne pourraient jamais se quitter. L'un et l'autre s'étaient mutuellement sauvés de vie qui ne leur convenait plus. À la fin des études de Francis, celui-ci avait récupéré l'argent que son père lui léguait finalement pour qu'il puisse commencer sa vie et il avait coupé les ponts avec lui, sans le moindre regret. Il contactait évidemment toujours sa mère, qu'il chérissait tendrement, mais ils se voyaient seulement en secret. Sa mère avait plus ou moins accepté l'idée que son fils refuse de revoir son mari, mais elle l'avait soutenu, surtout lorsqu'il lui avait révélé son homosexualité et sa relation avec Ivan. Elle avait simplement hoché la tête avec un sourire tendre en disant : « Mon garçon a tant grandi. » Elle savait aussi bien que Francis que son mari n'aurait jamais accepté que son fils aime les hommes, alors elle avait laissé son garçon partir avec la promesse qu'il la contacte parfois, ce qu'il avait accepté.
Tout de suite après avoir reçu son diplôme, et son héritage, Francis avait convié Ivan à faire ses bagages et tous deux étaient parti vivre à Madrid, près des meilleurs amis du Français Gilbert et Antonio Carriedo-Beilschmidt. La mère d'Antonio, atteinte d'un cancer, raison pour laquelle le couple germano-espagnol avait quitté Paris quelques mois plus tôt pour venir aider les parents d'Antonio dans leur boutique, décéda, entourée de sa famille. Le père se retrouva seulement aidé de son fils et du mari de son fils. Ce fut la seule chose qui le fit tenir après le décès de sa femme.
Là-bas, Ivan et Francis trouvèrent, pour l'un, un poste de professeur d'art dans une école primaire (malgré son manque de diplôme en tant qu'enseignant, mais son diplôme d'art obtenu en Russie avait visiblement suffit) et pour l'autre, responsable marketing dans une grande boîte madrilène – bien que, tout comme ses études imposées, son métier était loin de lui convenir. Il avait fait cela parce que son père l'avait menacé de lui couper les vivres après le lycée où il avait fait pas mal de bêtises, et avait accepté sans trop rechigner de changer pour avoir accès à son héritage après ses études. Il avait accepté ce poste pour subvenir correctement au besoin de son couple que le salaire pauvre d'enseignant d'Ivan ne suffisait pas à combler. Mais il rêvait de s'épanouir dans un métier qu'il appréciait. Et pendant le temps qu'il habitait à Madrid, Francis avait réfléchi à la possibilité d'accéder au rêve d'Ivan qui était de faire découvrir les spécialités de sa Russie natale, et le sien qui était de pouvoir vivre sa passion la cuisine, aux côtés de son mari.
Ils avaient vécu deux magnifiques années en Espagne. Puis, ils avaient tous deux quittés leurs travails, dit au revoir à leurs amis Gilbert et Antonio, et ils étaient repartis à Paris où ils purent s'acheter un chic appartement grâce à l'argent économisé de Francis, et grâce à ce même argent, ils purent acheter un local moyen dans une rue non-loin de chez eux. Ils commencèrent, il y avait un an de cela, des travaux de rénovation de ce qui fut un jour un magasin de vêtements, et à peine deux mois plus tard, ils ouvrirent « Le Zabouski », petit restaurant typique offrant des plats russes auxquels les papilles gustatives françaises n'étaient pas habituées. Mais en quelques semaines à peine, le restaurant se fit une bonne réputation et son originalité plut à beaucoup de monde. Cela faisait un an environ qu'il avait ouvert. Presque en même temps d'avoir ouvert leur restaurant – leur rêve commun concrétisé – ils s'étaient tous les deux mariés à la mairie du 4ème arrondissement de Paris. Et à présent, ils vivaient une vie heureuse et épanouie en tant que couple et patrons de leur propre entreprise.
Aujourd'hui, tous deux fêtaient les trois ans de leur rencontre. Ils se souvenaient de cette galerie marchande vide où Francis, en passant un soir après les cours, avait rencontré un sans-abri barbu et habillé de loques dormant dans le froid glacial de l'hiver. Ayant eu pitié de lui, il lui avait donné le premier billet lui étant venu en main, un billet de cinquante qu'il avait moins d'utilité que lui à dépenser. Mais en essayant de partir discrètement après sa bonne action, il fut interpellé par le sans-abri à l'accent rugueux qui avait fait voyager des frissons dans son corps. Là avait alors commencé leur relation. D'abord de parfait inconnu, l'un étant un étudiant dans une prestigieuse école de commerce, l'autre étant un jeune homme ayant émigré de son pays pour tenter de trouver du travail en France, mais s'étant retrouvé à la rue, ils étaient devenus amis, puis amants, et enfin, maris.
Lorsqu'il repensait à tout ça, Francis avait un sourire tendre aux lèvres. Ce soir, après le travail, il avait l'intention d'emmener Ivan au lieu de leur première rencontre. Alors, lorsque le service du soir fut terminé et que la vaisselle et la cuisine furent propres pour le service du lendemain, le couple partit, main dans la main, dans une direction autre que leur appartement. Ivan, d'abord confus, laissa cependant son mari le guider et ce n'est que lorsqu'ils furent sous les arches de la galerie, qu'il reconnut l'endroit. Les larmes lui montèrent aux yeux et il baissa son regard vers Francis qui lui souriait amoureusement. Les yeux d'Ivan se posèrent alors sur l'endroit exact où il était lorsqu'il avait vu, dans son bonnet rapiécé, un billet de la plus grosse somme qu'il eut jamais eu à l'époque où il faisait la manche. À ce moment, il avait relevé la tête et ses yeux étaient tombés sur le dos d'un inconnu qui partait vers la sortie de la galerie. Il avait alors demandé, de sa voix rauque à cause du froid et à l'accent encore très slave de son pays, si c'était lui qui avait mis ça là pour lui. L'inconnu, le plus superbe homme qu'il eut jamais vu avec ses cheveux blonds comme ceux d'une princesse et ses yeux couleur de l'océan, s'était retourné vers lui et lui avait dit avec un air gêné, que oui. Il l'avait alors pris – et l'avenir le confirma pour lui – pour son messie. Il ignorait cependant encore à l'époque, que l'inverse serait vrai aussi.
- J'étais là, juste là, quand je t'ai vu pour la première fois… Murmura Ivan en se rapprochant de l'endroit.
- Oui, à ce moment, dans tes vieux habits et ta barbe, je n'avais pas encore vu l'homme que j'aimerai et que j'épouserai.
- Moi, je le savais…
Francis releva la tête, sans comprendre.
- Moi, je savais que tu serais important pour moi. J'ignorais encore à quel point, mais je t'ai vu, et j'ai su, que tu étais l'unique pour moi. Que tu étais mon ange à moi, mon trésor, ma raison de vivre… Dit Ivan, le regard dans le vague, mais une douceur extrême dans le regard.
- Alors tu es plus perspicace que moi. Sourit Francis. Tu l'étais déjà à ce moment-là.
Ivan rit.
- N'oublie pas que j'étais le premier à découvrir que j'étais amoureux de toi.
- Oui… Moi, il m'a fallu de l'aide pour m'en rendre compte. Mais je ne sais pas si tu m'aimais avant, ou si je t'aimais déjà dès le début, mais que je préférais fermer les yeux.
- Crois ce que tu veux, c'est moi le premier. Taquina le grand blond.
Puis, il y eut un long silence durant lequel tous deux réfléchirent.
- Que se serait-il passé, ce soir-là, si je n'avais pas décidé d'être à cet endroit précis ? Que tu avais décidé de prendre le métro pour rentrer plutôt que de marcher ?
- Si ça avait été le cas, nous ne nous serions pas rencontrés. Mais le Destin a décidé ce jour-là, de nous faire nous rencontrer par tous les moyens possibles et imaginables. Avec des si, on pourrait refaire le monde. Mais je suis comblé, de savoir qu'une force supérieur à nous, a pu se faire croiser nos chemins ce soir-là. Nos vies auraient été bien différentes autrement.
Ivan hocha la tête. Il prit la main gantée de Francis dans la sienne.
- Rentrons nous mettre au chaud. Mais je suis heureux que tu m'aies emmené ici ce soir, pour l'anniversaire des trois ans de notre rencontre. Moi aussi, je suis comblé de t'avoir rencontré. Ma vie n'aurait était que vide sans toi.
Ils se sourirent amoureusement, comme le premier jour où ils se déclarèrent leur flamme, et, main dans la main, ils firent rebrousse-chemin et laissèrent à jamais cette galerie marchande derrière eux. L'avenir était devant.
L'année suivante, le père d'Antonio mourut. Si le couple avait voulu reprendre la boutique, ce fut impossible, car le soleil brûlant d'Espagne avait, durant trois ans, fait des dégâts à la peau d'albinos de Gilbert et ils prirent ensemble la décision de vendre la boutique et de revenir habiter en France, où le soleil était moins impitoyable. Ils vinrent habiter dans un petit village, à la périphérie de Paris, à deux heures en voiture d'Ivan et Francis. La vie était plus chère en France, mais les soins étaient meilleurs et Gilbert réchappa de peu à un cancer de la peau.
Les deux couples mariés furent heureux de se retrouver et de pouvoir ainsi se voir plus souvent grâce à la plus grande proximité. Ainsi, régulièrement les week-ends, les deux Parisiens venaient rendre visite à leurs amis dans la campagne parisienne pour prendre un après-midi ensemble. Gilbert retrouva aussi son frère Ludwig, agent de police dans la capitale, qui avait joué un rôle important dans la vie d'Ivan et Francis, puisqu'il avait arrêté et expulsé Anastasiya, la jeune femme qui harcelait Ivan.
Ainsi, tous les six, avec Feliciano, le petit-ami de Ludwig, ils se faisaient souvent des barbecues l'été, et en hiver, les deux restaurateurs préparaient la cuisine. À partir de là, ils passèrent de nombreux Noëls et nouvelles années ensemble.
Et ainsi finit l'histoire de personnages qui rien ne réunissait dans la vie, si ce n'est une simple rencontre, un jour, au détour d'une galerie vide, un soir froid d'hiver.