Chapitre 51
"TU AS FAIS QUOI ?!"
Hela grimaça face aux hurlements répétitifs de son frère et souffla un grand coup. Voilà près d'une heure, qu'après avoir fuit la conversation durant quelques semaines, elle s'efforçait d'expliquer à Severus les événements sur Vormir. Ce dernier n'arrivait toujours pas à croire, mais surtout à accepter que Regulus était mort, soi-disant par sa faut. Son frère adorait se culpabiliser et se mettre tous les maux de l'univers sur le dos. Bien sûr, elle comprenait le choc que devait lui avoir causé une telle nouvelle, mais ce n'était pas la partie la plus complexe de son récit et elle apprécierait qu'il se concentre sur l'essentiel pour ne pas y passer toute la soirée.
"Comprend-moi, il n'y avait pas d'autres options. Je ne pouvais rien faire. C'était soit toi, soit lui, j'étais coincée !
-Tu aurais dû le ramener à Poudlard dés que tu as compris et tant pis pour moi !
-Mais c'était son choix ! cria-t-elle à son tour. Il voulait faire ça pour toi et je n'avais aucunement envie de l'en empêcher. Si tu étais mort, lui comme moi ne nous serions jamais pardonnés. Et au moins, j'ai pu agir sur sa condition ! Sur la tienne, même avec mon rôle, je ne pouvais rien faire ! Tu es tellement puissant que tu aurais fini dans le néant. Tu étais condamné.
-Comment ça, tu as pu agir sur sa condition ? Tu viens de me dire qu'il avait sacrifié son âme à la pierre et que tu n'avais donc pas réussi à la récupérer.
-Non, je t'ai dis que j'avais essayé de sauver une partie de son âme lors du sacrifice, mais que cela avait échoué. Ce n'est pas la même chose.
-Quelle est la différence ?
-Tu la connaitrais depuis longtemps, si tu m'avais laissée m'exprimer, au lieu de crier au scandale à tout bout de champ !... Alors, je suis parvenue à obtenir une partie de l'âme de Regulus, avant qu'il ne se laisse tomber en offrande. Je me permets de te rappeler que c'était sa décision et qu'étant déjà à moitié morte, j'étais hors course. Toujours est-il que quand je suis retournée en Helheim pour... comment dire ça... lui rendre son apparence physique, si tu vois ce que je veux dire, je me suis retrouvée avec un soucis.
-Qu'est-ce qu'il y avait ? Il était là ou pas ?
-Eh bien, oui... et non.
-Je ne te suis pas.
-Quand une âme est amenée en Helheim par les Valkyries, extérieurement on ne voit aucune différence entre le corps et l'esprit, sauf pour la consistance. L'esprit est légèrement transparent et scintille un peu. Quand c'est moi qui l'amène, c'est un peu plus différent.
-Pourquoi ?
-Les Valkyries ne récupèrent l'âme qu'après qu'elle se soit séparée du corps. Elles n'agissent ni sur l'un, ni sur l'autre. Avec moi, cela ne se passe pas ainsi. Je... J'ai dû embrasser Regulus pour pouvoir arracher son âme à son corps. Je te passerai les détails du pourquoi et comment, mais toujours est-il que je me retrouve avec une petite sphère contenant l'âme de la personne.
-C'est pourquoi tu dois, en quelque sorte, lui redonner corps une fois à Helheim.
-Exactement. Mais avec l'esprit de Regulus ce fut plus compliqué.
-Pour quelle raison ?
-Il était là sans l'être.
-Je ne te suis toujours pas.
-C'est... Un peu comme un radio que tu tentes de régler, je dirai. Son âme était en partie devant moi, mais elle était aussi en quelque sorte hachurée, ailleurs. Et il y avait une aura orangée autour de lui. Et ton état à commencer à stagner à ce moment-là.
-Quel est le rapport ?
-La gemme n'acceptait tout simplement pas de délivrer toute sa puissance, d'équilibrer ses sœurs et toi, tant que l'échange ne serait pas complet. J'ai alors dû négocier.
-Tu as quoi ?
-Négocier. Je suis venue à ton chevet et j'ai discuté avec elle."
Severus ne put retenir un rire.
"Quoi ?
-Non, c'est juste que c'est étrange de t'imaginer parler dans le vide et attendre une réponse d'une gemme placée à mon cou.
-Bien sûr que non, je n'ai pas attendu une réponse venant de la gemme elle-même, souffla-t-elle exaspérée. J'ai juste attendu qu'elle me réponde par ton intermédiaire.
-Je te demande pardon ?! Le rire de Severus s'interrompit brusquement.
-Ce que tu peux être lent par moment, mon frère ! Elle a communiqué avec moi grâce à ton corps. Toi et Vison êtes les seuls à entendre ces gemmes, bien que Wanda ressente leur puissance, alors évidemment que l'on a dû passer par toi !
-Tu es donc en train de me dire que la pierre s'est servie de mon corps comme elle l'entendait et que je n'en avait même pas conscience ?! s'exclama-t-il scandalisé.
-Tout de suite les grands mots. Elle a juste parlé tu sais. Et puis c'était soit ça, soit l'âme de Regulus restait divisée et dans un espace inconnu pour encore une durée indéterminée. Qu'est-ce que tu préférais ?"
A ces mots, Severus arbora immédiatement une mine contrit et penaud. Bien sûr que la situation de son ami importée dix fois plus que son corps ait servi de messager sans son consentement. Mais cela restait tout de même gênant. Il n'aimait absolument pas que ces gemmes puissent à tout moment prendre le contrôle sur lui, sans qu'il ne s'en rende compte, ni ne puisse rien faire. Il faudra qu'il réfléchisse à un moyen d'éviter que cela se reproduise. Il n'était pas une marionnette ni un relayeur ou décodeur pour gemmes de l'infini, merci bien.
"Bien sûr. Excuse-moi. Ce n'est pas la priorité... Continue.
-Merci. Je disais donc que j'ai argumenté avec la pierre et nous sommes finalement parvenues à un accord.
-Qui est ? demanda le jeune homme en redoutant plus que tout la réponse.
-L'âme de Regulus peut rester avec moi à Helheim, tu pourras donc le voir quand tu viendras me rendre visite un jour, mais appartiendra à la gemme. Si jamais elle a besoin de sa force, elle pourra le rappeler et rien ne pourra l'en empêcher.
-Comment ça, "si elle a besoin de sa force" ? C'est une gemme d'Infinité, non ? Sa force se suffit à elle seule.
-Littéralement oui, mais ce n'est pas de cette force là qu'il s'agit. Ce qu'il faut que tu comprennes, c'est que la gemme a beau avoir une conscience, cela reste cependant une... puissance réflective rationnelle, je dirais.
-Et en anglais commun cela donne quoi ?
-Qu'elle n'est pas humaine, s'exclama la déesse, ou même animal ! Elle n'a pas de cœur. Comme ses sœurs, elle agit dans la mesure du possible pour atteindre un équilibre, mais de façon rationnelle. Elle, son champ d'action, c'est l'âme. Qui vit, qui meurt, ce genre de chose. Mais cela ne prend jamais en compte l'aspect humain, affectif que peut avoir une âme. C'est pour cela qu'il y a toujours un prix à payer pour avoir les gemmes. Savoir jusqu'où tu es prêt à aller pour le pouvoir. Mais en faisant cela, elles s'assurent également d'avoir constamment une source d'humanité pour elles, car les innocents sont toujours les premiers sacrifiés.
-Ce serait donc pour rendre son jugement plus juste ? Préserver les plus purs ?
-Pas vraiment, juste pour assurer un équilibre entre les purs et ceux qui ne le sont pas, je pense, si tu vois ce que je veux dire. Il ne peut pas y avoir dans l'univers que de bons ou que de mauvais. Il faut constamment qu'il y ait les deux. Mais avoir l'âme d'un être vivant lui permet de puiser en lui, en son humanité, pour trouver les bonnes âmes à cibler. Toi mieux que quiconque doit pouvoir comprendre cette nécessité, car comme tout, la nature de l'homme n'est pas figé. Tout homme peut changer s'il s'en donne et qu'on lui en donne la possibilité et motivation. Ce qui complique les choix, le plus souvent.
-Elle puise dans l'humanité d'un autre pour comprendre les cœurs de l'univers, murmura l'ancien Serpentard comprenant doucement ce que tentait de lui expliquer sa sœur.
-C'est exactement ça. Mais l'humanité étant l'essence même d'une personne, quand une gemme l'utilise...
-... Elle détruit lentement l'âme source.
-Oui.
-Comment puis-je m'assurer que les gemmes n'aient jamais à puiser l'humanité de Regulus ?
-Tu as simplement à garder tout le temps les gemmes avec toi, bien que tu n'aie pas trop le choix en la matière pour le coup, pour qu'aucun autre ne le fasse et... Les gemmes ne font que se connecter avec ta magie pour qu'elle circule, si j'ai bien compris les propos de maman. Les différentes magies ne font que s'échanger entre-elles. Le surplus de ta magie étant donc prit par les gemmes, cela ne peut plus se retourner contre toi. Donc littéralement... Rien. Tu n'as rien à faire pour que les gemmes laissent Regulus tranquille, simplement t'assurer que leurs pouvoirs bruts ne soient jamais employés."
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Lily pesta vulgairement dans l'air frais de Pré-au-lard, avant de souffler doucement sur ses mains pour tenter de les réchauffer. Voilà bien plusieurs minutes qu'elle attendait Regulus, et toujours aucun signe de lui. C'était lui qui avait demandé à la voir et elle aurait désirait qu'il se présente un minimum à l'heure ou qu'il la prévienne d'un possible empêchement, bien qu'elle ne voit pas lequel.
La vie devenait compliquée pour elle. Elle avait commencé à ressentir des sentiments forts pour James Potter, l'année dernière, en le voyant tout le temps seul, avec la mine malheureuse ou distante d'un animal abandonné. Elle avait pris ses sentiments pour de l'amour et s'était donc rapprochée de lui, au détriment de son amitié avec Severus et Regulus, la laissant se détériorer. Et à présent, elle se retrouvait, amoureuse et sans amis, enfermée dans un mariage qui lui faisait peur. Choisissant un enfer pour un autre.
Elle avait été jeune, stupide et influençable, rêvant d'amour et de prince charmant des contes de fée, en partie, elle le reconnaissait, pour s'éloigner du nouveau monde que Severus lui offrait et qui l'effrayait. A l'inverse, James représentait ce monde magique, qui lui était désormais familier et se rapportait pour elle à la normalité, qu'elle voulait désespérément retrouver. C'était justement pour cela qu'elle s'était rapprochée honnêtement de James, car il était bien le seul qu'elle connaissait et qui n'avait absolument pas changé. Mais elle n'avait pas osé expliquer ce qu'elle ressentait à Severus et elle en payait maintenant le prix de la solitude. Remus et Sirius lui parlait encore et avait même renoué avec James juste pour elle, mais elle ne partageait pas avec eux le même lien qu'elle avait pu avoir avec Regulus et encore plus Severus. De plus, leur commune humeur maussade, ne faisait rien pour alléger la sienne. Pourtant, elle savait très bien que jamais elle ne céderait sa place à quelqu'un d'autre, ni ne la quitterait même si l'occasion venait de suite se présenter à elle.
Elle observa un groupe d'élèves passer devant elle, morose et décida de concentrer son regard sur le bout de la rue, espérant toujours voir arriver son ami. Mais ce ne fut pas lui, qu'elle aperçut venir à elle. C'était Severus.
Quand il réalisa qu'elle l'avait vu, il accéléra le pas, alors qu'elle se retournait et entamait son chemin pour sortir du village le plus vite possible et transplaner discrètement. Elle aurait dû s'en doute. Tout cela n'était qu'un plan de Regulus pour qu'elle et Severus se rencontre et discute. Mais elle ne voulait pas ! Elle avait encore trop honte de ce qu'elle lui avait dit et n'était pas prête à constater, dans son regard, l'étendue des blessures qu'elle lui avait causés.
Elle fut brusquement saisie et trainée dans une ruelle à proximité. Elle se débâtit comme elle put, avant de se retrouver nez à nez avec son ancien meilleur ami.
Il paraissait plus en forme qu'elle ne l'avait vu depuis deux ans. Son teint n'était plus aussi pâle, il se tenait plus droit et n'arborait plus ses rides de fatigue et d'inquiétude. Comme s'il avait été libéré d'un énorme poids qu'il portait jusqu'alors sur les épaules. Elle resta ainsi un moment, silencieuse, se contentant de le détailler.
"Tu vas mieux."
Mais qu'elle idiote, se fustigea-t-elle intérieurement. Elle ne le voyait ni ne lui parlait depuis un peu plus de sept mois et c'était tout ce qu'elle trouvait à lui dire ?!
"Oui, comme tu le constates. Je suis aussi heureux de voir que tu vas bien également. J'ai d'ailleurs appris les deux joyeux événements. Félicitation.
-Oui, merci. Je veux dire, non ! Enfin... Oui et non."
Il haussa son sourcil droit, comme il savait si bien le faire, pour indiquer silencieusement sa surprise et son interrogation.
"Si tu parlais de mon mariage et de ma soi-disant grossesse, il y en a un qui n'est pas réel. Les journaux ne peuvent simplement pas s'empêcher de colporter de fausses rumeurs pour pouvoir vendre leur papier.
-Je vois. Mais je ne suis pas là pour ça. Je viens au sujet du message que Regulus t'a envoyé.
-Oui, j'ai compris. C'était simplement une ruse de sa part, pour que toi et moi discutions. Et comme une débutante, je me suis faite avoir et j'ai cru qu'il avait vraiment un problème.
-Il y en avait réellement un. Mais je n'en parlerais pas ici. Je t'attends dans l'une des chambres des Trois Balais."
Il la lâcha et gagna l'entrée de la ruelle. Avant qu'il ne tourne à l'angle, elle l'interpella.
"Penses-tu seulement à ma réputation, si on apprenait que j'étais entrée dans une chambre d'une auberge, avec un homme qui n'est pas mon mari ?!
-Préfères-tu préserver ta réputation ou savoir ce qui est réellement arriver à notre ami ? lui lança-t-il par dessus son épaule, en continuant son chemin, comme si de rien n'était."
Elle resta quelques minutes immobile, se demandant encore ce qu'il venait de se passer, avant de se décider. Elle sortit à son tour du passage, gagna l'auberge principale, puis la seule chambre dont la porte était entrouverte, comme une invitation à entrer, en s'assurant de fermer la porte derrière elle. Severus s'était assis au bureau, elle prit place sur le lit.
"Il est mort."
Cette déclaration directe, sans introduction ou fioriture, lui fit l'effet d'un coup à l'estomac. Elle eut le souffle coupé.
"Que dis-tu ?!
-Il est mort.
-Si c'est une plaisanterie, elle n'est vraiment pas...
-Et quel plaisir pourrais-je trouver dans une farce aussi cruelle ? la coupa-t-il durement. Pourquoi ferais-je cela ?
-Je ne sais pas ! A toi de me le dire ! Nous nous sommes disputés, alors peut-être que...
-Toi, mieux que quiconque, sais que je ne suis pas comme ça ! l'interrompit-il à nouveau brusquement.
-Alors explique-toi ! cria-t-elle désespérée en sentant les larmes monter. Comment ? Pourquoi ?
-Pour moi. Il est mort pour moi.
-Je ne comprends pas davantage, cracha-t-elle."
Il saisit précautionneusement le collier qu'il avait au cou et qu'elle n'avait pas remarqué jusque là. C'était un médaillon argenté constituait de cinq pierres entourant une sixième centrale. Chaque pierre brillait doucement et celle du centre obtenait même des reflets émeraudes sous la lumière.
"J'avais besoin de quelque chose. Une dernière chose... Vitale. C'était le dernier élément qui me manquait pour assurer ma vie.
-Alors tu préférais ta vie à la sienne ?!
-Arrête à la fin ! Ce n'est pas ça et tu le sais ! Tu me connais ! Si j'avais su le prix qui serait demandé, je ne lui aurais jamais demandé d'y aller ! J'aurai préférais mourir que de le savoir se sacrifier !
-C'est pourtant ce que tu as fais !
-Je n'avais pas le choix ! Il était la seule personne en qui je pouvais avoir une totale confiance à ce moment-là. Tu refusais de me vois et me parler et ma famille était tellement prise dans ses films où j'étais déjà mort, qu'ils ne m'écoutaient absolument pas ! Que pouvais-je faire ?! Vers qui pouvais-je me tourner ?! Dis-moi !"
Ils étaient désormais tous les deux debout et se hurlaient au visage.
"Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, d'avoir été dans cette situation. Si tu n'avais pas pris des décisions dans dans mon dos, sans m'en parler, nous ne nous serions pas disputer et j'aurai pu être là !
-Oh, je t'en prie ! Tu ne vas tout de même pas encore me prendre la tête simplement parce que je ne veux pas prendre part à cette stupide guerre et que je ne me sens plus à ma place dans ce monde.
-Pourquoi pas ? Nous pourrions avoir besoin de toi, avec tes nouvelles capacités et l'étendue de tes connaissances, nous pourrions gagner la guerre en un rien de temps. Mais non, monsieur a décidé de tous nous tourner le dos, couper tout contact avec un monde qui ne lui convient plus et de nous abandonner à la volonté de sa sœur !
-Je n'ai jamais dis que je voulais tout contact avec vous. Tu l'as interprété ainsi, parce que cela t'arrangeait ! Pourquoi ? Pourquoi, depuis un an, tu t'obstines à ne vouloir voir que du mauvais en moi ? N'avions nous pas dépassé nos querelles de maisons enfantines après la cinquième année ?
-Elles n'ont fait que couver et tu le sais ! Rien n'a changer et je le constate bien en voyant ton caractère lâche de Serpentard ressurgir. Tout ce qui comptes, c'est de sauver ta peau avant celle des autres, comme tu le prouves encore avec ce que tu as fait à Regulus !
-Ne mêles pas Regulus à ça ! Lui, au moins, a fini par faire de vrais efforts pour tenter de me comprendre !
-Parce que je n'en ai pas fait, peut-être, des efforts ?! A supporter tes dangereuses crises de magie ! A te soutenir aux dépends de ma propre sécurité ! A essayer de m'adapter encore et encore à tous ces changements autour de toi. Tu étais Severus Rogue, fils de Tobias et Eileen Rogue, sang-mêlé vivant dans le plus minable quartier de Carbonne-les-Mines, Serpentard maltraité et harcelé chez lui comme à l'école et pourtant génie en potion et par dessus tout mon meilleur ami, mon frère, le seul en qui je pouvais avoir pleinement confiance pour tout dire, qui savait tout de moi, tout comme je savais tout de toi. Et d'un seul coup, tu étais devenu Severus Lokison, voire Celia Sigyndottir, je ne suis jamais sûre, fils de deux divinités avec tout une fratrie derrière lui, membre de plusieurs familles royales et des Avengers, réagissant comme si c'était le cours naturel des choses et par dessus tout, un parfait inconnu gardant ses secrets et faisant partie d'un monde que je ne connais et comprends absolument pas et qui par dessus tout m'effraie, parce qu'il m'arrache la personne que j'ai de plus chère au monde, parce qu'il n'a plus besoin de moi !"
Un silence de mort tomba brusquement entre eux. L'abcès était enfin crevé.
Severus était figée, stupéfié par tout ce que son amie venait de lui lancer au visage. Lily, pour sa part, n'arrêtait pas de pleurer depuis qu'elle avait entamé sa tirade. Elle avait enfin lâché tout ce qu'elle avait sur le cœur et elle se sentait à la fois mieux et pire. Elle ne voulait pas que cela se finisse comme ça. Elle avait tout fait pour que Severus ne sache jamais rien de ce qu'elle ressentait. C'était pour ça qu'elle avait provoqué une dispute entre eux. Elle préférait avoir sa haine que de voir ses yeux se remplir de tristesse et de culpabilité, comme en ce moment.
"Je... Je suis désolée, Lily, je n'en savais rien. Yggdrasil, je ne m'étais rendu compte de rien !
-Je ne voulais pas que tu le saches. Je savais que tu t'en voudrais et je ne voulais pas te retirer tout le bonheur que cela t'apportait. Je sentais l'écart de creuser entre nous et j'ai préféré une séparation brusque, sans culpabilité pour toi, à tout savoir. Je ne voulais pas que tu regardes en arrière et que tu ais des regrets, alors que ton bonheur était à porté de main.
-Mais j'en avais des regrets. Que l'on se dispute. Que tu te rapproches et défendes Potter, sans que je ne comprenne pourquoi. Attends... C'est pour ça que tu t'es rapprochée de lui et ne cesse de me critiquer ?
-Il était l'excuse parfaite pour provoquer le plus rapidement possible une rupture entre nous. James est également le seul que je connaisse qui n'avait pas réellement changé, sourit-elle tristement.
-Je ne sais pas si j'ai envie de t'enlacer, tant je suis heureux que ce ne soit que ça, ou de t'en mettre une, tant j'ai eu peur et j'ai été malheureux à cause de toi. As-tu la moindre idée d'à quel point tes mots m'ont fait mal ? C'est le plan le plus stupide que tu ais jamais eu. Tu le réalises, au moins ?
-C'était le but. Mes mots devaient te faire mal pour que tu me détestes. J'admettrais avoir agi un peu dans l'urgence et d'employer le premier qui m'est venu. Mais il a fonctionné, non ? sourit-elle.
-Il n'en reste pas moins douloureux et stupide ! s'exclama-t-il indigné.
-C'est vrai, reconnut-elle entre ses rires et ses larmes, je suis désolée.
-Donc tu reconnais aussi que Potter est resté un petit bâtard imbécile et prétentieux ? demanda Severus en ignorant délibérément ses excuses."
Cette remarque déclencha un nouveau timide mais soulageant rire entre eux qui allégea l'atmosphère.
"Oui, il l'est toujours, mais je suis bien avec lui. Il est différent.
-Permets-moi d'avoir toujours un peu de mal à y croire.
-Ce que je veux dire, c'est que souvent il se perd dans ses pensées. Il murmure tout seul. Il griffonne sur des feuilles. Il prétend cacher des objets dangereux pour l'humanité. Il m'assure qu'il veut protéger et sauver le monde d'une terrible menace.
-Oui, il perd la tête, quoi.
-Pas exactement. Je pense qu'il est parfaitement conscient de ce qu'il dit et fait. Et je compte bien découvrir de quoi il parle et ce qu'il prépare. Mais j'admets qu'il est un peu effrayant dans ces moments-là.
-Et tu t'es mariée avec lui ? Tu veux sérieusement restée avec lui ? Tu te rends compte au moins, qu'il pourrait finir par te faire du mal ?
-Il n'est pas un horrible mari. Mais il a besoin de moi, Severus. Il a de moins en moins ces instants de folie quand je suis avec lui. Je sais, je sens que je peux l'aider.
-Ah. Il est donc une autre de tes formes de vie pathétique.
-Un peu de respect pour elles, je te prie ! s'exclama-t-elle mi-outrée mi-amusée en lui donnant une légère tape sur le bras."
Ils restèrent silencieux quelques secondes, l'un en face de l'autre, mal-à-l'aise.
"Tu ne veux pas venir avec moi ?
-J'aimerai beaucoup, mais je ne peux pas. J'ai encore mes parents ici, James et mon engagement dans l'Ordre. Ces pauvres Sirius et Remus ont renoué avec James juste pour rester avec moi, je ne vais pas les laisser.
-Tu leur diras que je suis désolé. Fenrir est tout malheureux depuis que nous avons confirmé notre départ. Mais il refuse que nous partions et le laissions rester ici avec ses descendants à retrouver. Il ne veut pas nous quitter.
-Oui, Remus aussi tire une triste mine depuis plusieurs semaines.
-L'alpha et le louveteau ne veuillent pas se séparer, c'est normal. Je suis désolé, même avec ces soucis des Accords de Sokovie, c'est principalement de ma faute si nous partons, je ne me sens plus à ma place ici et...
-C'est bon, le coupa-t-elle, je comprends. Et je sais que rien de ce que je pourrais te dire ne pourra te décider à rester, tout comme rien ne pourra me décider à partir. Nous avons été, sommes encore et serons toujours deux têtes de mules.
-Je suis désolé."
Pour toute réponse, elle se rua dans ses bras et se contenta de l'étreindre, nichant sa tête sous son menton.
"A-t-il souffert ?"
Severus comprit implicitement que c'était la mort de Regulus, dont ils ressentaient tous deux l'absence dans ce genre de moment, qui revenait sur le tapis.
"Pas longtemps à ce que m'a dit Hela. Selon elle, il n'a ressenti que l'appréhension de la mort, mais qu'il ne s'est pas vu ou senti partir.
-C'est bien. Il n'était pas seul, au moins. Que t'a-t-il permis de récupérer ?
-La dernière, murmura-t-il en caressant son médaillon, qu'elle avait juste en face d'elle.
-C'était donc cela qu'ils prévoyaient depuis le début, pour arrêter tes crises et te sauver ? Elle superposa sa mains sur la sienne, touchant à son tout le collier et profitant de sa chaleur.
-Oui. Ce n'est pas très esthétique, mais cela me tiens en vie."
Il partagèrent un nouveau rire complice, avant de se replonger dans le silence. Ils s'étaient réconciliés, mais leur relation ne serait plus jamais identique au passé. Un cap venait d'être franchi, même s'ils ignoraient encore si les conséquences seraient positives ou négatives. En attendant, ils profitaient tous les deux de cette dernière étreinte, avant ce qui s'annonçait une très longue séparation.