Et voila la fin! le dernier chapitre de la fiction. Désolé pour ce gros retard, en espérant me faire pardonner. Bref, merci pour avoir suivit cette fic, toi qui lit ceci, que les larmes te montent aux yeux et qu'elles te tue. Parce que même si c'est moi qui l'ait écrit, je n'ai pu m'empêcher de verser une petite larme pour ce magnifique couple qu'est le Dazatsu. Bref encore merci, et bonne lecture !


COLD

quatrième partie: heart.

BOOM.

Tanizaki tirait une nouvelle fois, blessant deux Lézards noirs, et à peine eut-il le temps de prendre son souffle qu'il entendit une explosion étouffée retentir, sentant par la suite la terre sous ses pieds trembler. Il faillit tomber, se demandant un instant ce qu'il se passait, et la pensée de l'Homme aux citrons se trouvant dans les égouts avec Akiko lui vint aussitôt en tête. Kunikida grognait, se protégeant derrière la porte ouverte de la voiture qui prenait toutes les balles pour lui, et tournait la tête vers son partenaire, les sourcils froncés.

- On a été prit dans un piège, criait-il la voix étouffée par les coups de feu, J'espère que les autres s'en sortent aussi bien que nous !

- La situation doit être critique pour que tu commences à plaisanter, Kunikida !

Puis ils se redressèrent de leur planque, et se défendait avec leurs armes.

Atsushi gémit quand le sol tremblait sous ses pieds, reculant de quelques pas pour ne pas basculer. Il balbutia quelque chose à voix basse, de nouveau stable, et il restait un instant silencieux en évitant de respirer pour se concentrer sur le moindre son qu'il pouvait entendre. Dazai lui n'était toujours pas revenu, même avec le vacarme qui se produisait à côté. Bordel, mais qu'est-ce qui se passait ?

SHLAK.

Merde.

Atsushi poussait un cri de douleur étouffé dans son œsophage, sentant tous ses membres se paralyser avec lourdeur quand un véritable pic avait traversé son dos. Quand il baissait les yeux, il pouvait voir cette chose noire électrique qui sortait de son abdomen, et il comprit facilement ce que cela était. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à cette chose. Il fronçait les sourcils en gémissant, puis Râshomon s'enlevait, laissant le garçon s'écrouler au sol comme une poupée de chiffon. Le sang imbibait sa chemise blanche, la douleur lui fut rapidement insupportable, ça devenait abominable. Il se tenait le ventre à là où sa blessure s'était ouverte avec l'avant-bras, crachant du sang, puis toussant en gémissant.

- Incapable de prévoir ce genre d'événements.

Il sut à qui appartenait cette voix froide et crue. Une silhouette noire passait à coté de lui, marchant tranquillement jusqu'à se poster de pied ferme devant lui. En levant le regard, il croisait celui de Akutagawa qui le fixait avec haine et cruauté. Le noiraud faisait claquer sa langue.

- Tu ne progresseras jamais, dit-il la voix grave, Tu ne peux même pas tenir debout après une seule attaque. À la Mafia, on reste debout tant qu'on n'a pas perdu connaissance.

Atsushi grognait, c'était le Tigre en lui qui parlait à sa place. Son ennemi continuait de le jauger, le plus jeune détestant cette dédaigne qu'il pouvait apercevoir dans ses iris. Alors il prit sur lui, ignorant avec difficulté la souffrance qui rongeait ses intestins et brûlait ses veines, puis il se mit sur les genoux, se redressant doucement comme pour adresser à Akutagawa sa fierté. Il tenait fébrilement, mais cela suffisait à agacer son ennemi. De toutes ses blessures, Atsushi avait réussit à en guérir, majoritairement en se régénérant grâce ses pouvoirs, mais il n'arrivait toujours pas à contrôler cette faculté. Il aurait tellement aimé en être capable, il souffrirait moins le martyr en ce moment. Il essayait de paraître digne, mais ce fut trop pour Akutagawa qui aussitôt poussait un cri de rage et ordonnait à Râchomon de l'attaquer de nouveau avant même qu'il put entièrement se redresser. Atsushi sentit une autre lame lui traverser la poitrine quand il fut propulser en arrière, se cognant violemment contre la voiture sur laquelle il était assis il y a quelques minutes de cela.

Ça fait mal.

Sa chute fut lourde, son corps lui brûlait. Il restait assis contre la carrosserie, la tête baissée vers le sol tandis que Akutagawa s'approchait de lui.

Ça fait si mal.

Il s'accroupit, puis attrapait ses cheveux d'une poigne forte, le forçant à relever la tête vers lui, son visage proche du sien comme pour l'indigner encore plus. Du sang coulait du long de sa lèvre inférieure, il fronçait les sourcils en croisant le regard de son ennemi.

Mais c'est tellement moins douloureux que les mots de Dazai.

- Tu me dégoûtes, crachait Akutagawa à son visage

Atsushi sourit, puis il rit. Le noiraud fut d'autant plus énervé.

Ranpo esquivait de peu le katana de Gin qui attaquait. Il rebondit sur le coté et quand il s'approchait de Kenji, celui-ci réussit à se mettre de côté, d'attraper d'une main un conteneur qui se trouvait non loin et le lançait en sa direction comme si ce n'était qu'une boule de pétanque.

Plus fort que la pluie.

Ranpo grognait quand le ninja contemporain l'évitait et qu'il se tournait vers eux en balançant des shurikens qu'il avait dans son vêtement. Seul un réussit à toucher Ranpo, entaillant profondément son bras qui se mit presque instantanément à saigner. Kenji s'enquit aussitôt comme un enfant, Gin se redressant alors que ce qu'avait lancé le blond venait de s'écraser quelques mètres plus loin. Le campagnard restait prêt de Ranpo en espérant le protéger, sachant pertinemment que son pouvoir ne pouvait pas le servir au combat et qu'il n'avait pas assez d'expérience pour se défendre contre un ninja. Kenji savait qu'il était le seul à pouvoir les sortir de là, et lui qui était d'ordinaire si souriant et enthousiaste, sentit toute la pression peser sur ses épaules. Il fronçait les sourcils, prêt à attaquer s'il le fallait.

- Naomi, appelait Ranpo en reprenant son souffle, Où est la bombe dans le 8ème ?

- J'en sais rien, répondit la jeune fille complètement alarmée, La Mafia a coupée la plupart des caméras, je ne vois plus rien ! Je ne sais pas où est-ce qu'elle a put-

BOOM

L'explosion retentit avec une telle violence que le sol tremblait et qu'une partie du bâtiment abandonné explosait avec. Les vitres se brisèrent et des morceaux des murs, des fenêtres, des énormes débris voltigèrent et s'écrasèrent un peu partout tout autour. Les flammes s'élevaient, ainsi que la fumée noire, et les débris furent si rapides et violents que toutes les personnes qui avaient assisté à l'explosion se cachèrent ou se protégèrent. Kunikida et Tanizaki évitait les pierres en se cachant derrière la voiture, deux ou trois de leurs ennemis touchés, et Kenji réussit à protéger Ranpo.

C'était pendant que Atsushi souriait que l'explosion retentissait. Mais elle s'était déclenchée au-dessus de leur tête, et Akutagawa eut comme premier réflexe de lâcher Atsushi en profitant pour s'éloigner le plus possible du noiraud. Il avait toujours aussi mal à l'abdomen, mais il refoulait du mieux qu'il pouvait son envie de gémir quand il faillit s'effondrer une nouvelle fois au sol, se relevant sur ses pieds et se tournant en arrière. La fumée semblait petit à petit se dissiper de devant ses yeux, et il vit un peu plus loin Akutagawa qui se relevait après être tombé, toussant contre sa main. Il n'avait pas prévu cette explosion apparemment, Atsushi sourit.

- Incapable de prévoir ce genre d'événements, dit ironiquement le Tigre-Garou avec sarcasme

Quand Akutagawa se tournait vers sa direction, il grognait de rage, serrant les poings si fort que ses jointures blanchirent et que ses ongles fins se plantaient dans ses paumes.

- Pourquoi essayer de me combattre, continuait le plus jeune en retenant un autre gémissement de douleur, On s'est déjà battu auparavant, et je m'en suis toujours sorti. T'acharner sur moi ne résoudra pas ce problème.

Akutagawa fronçait les sourcils, sentant sa colère croître.

- Jamais je n'abandonnerais, crachait-il avec haine, Jamais je ne me laisserais vaincre par toi, je prouverais que je suis plus fort que toi.

- Pourquoi le prouver ?

Le noiraud ne répondit pas. Il restait tel quel, et il fallut peu de temps pour que le plus petit comprenne. C'était évident, si évident.

- Dazai ? Murmurait-il

- Je ne dois rien à cet enfoiré.

- Je vois, je comprends ce que tu veux.

Soudain, Râshomon s'élevait par dessus la tête de Akutagawa, celui-ci plongé dans sa propre ombre de rouge et de noir.

- Ne prétend pas me comprendre.

La voix crue, froide, dure, Akutagawa envoyait aussitôt la bête noire attaquer le garçon plus loin devant lui. Mais au moment où Râshomon s'approchait, Atsushi utilisait son pouvoir et changer ses jambes et ses mains par son pouvoir et il bondit sur le coté.

La bête au clair de lune.

Il partit à une vitesse affolante, et ce n'était qu'après avoir utilisé son pouvoir que ses blessures, jusqu'à présent douloureuses, finirent par s'apaiser, comme si soudain sa transformation les avait guérit. Il esquivait, Akutagawa le suivant du regard avec vivacité alors que Atsushi semblait se rapprocher de plus en plus avec vigilance. Puis quand il poussait un cri de guerre venant du fin fond de sa gorge, il levait sa patte de tigre et s'apprêtait à frapper son ennemi. Mais Akutagawa utilisait son pouvoir pour avaler l'espace qui se trouvait entre lui et son ennemi, créant ainsi un bouclier quasi incassable. Même si Atsushi essayait de forcer du mieux qu'il le pouvait, il finit par être repoussé, traînant au sol en essayant de ralentir sa glisse en enfonçant ses griffes dans la terre. Mais ça ne se termina pas là, car il n'eut le temps de reprendre son souffle qu'il ne perdait pas le nord et il repartit en avant pour tenter tant bien que mal de le toucher dans ses coups. Cependant Akutagawa était extrêmement fort, guidé par sa haine et sa rage, plus les combats entre eux s'enchaînaient, plus il devenait dur de le battre.

Atsushi aussi devenait de plus en plus fort, ça donnait un rendu à la fois contrasté et à la fois égal. Le plus jeune courut peut-être un peu trop sans se soucier de ce qu'il se passait autour de lui, et il poussait un cri de surprise quand il sentit quelque chose attraper sa patte arrière. Il tombait à l'avant, tirer en arrière par une main noire du pouvoir de Akutagawa, plantant ses griffes en tentant de s'arrêter. Mais rien à faire. Il fut finalement tiré en l'air, la tête à l'envers et les bras gesticulant dans toutes les sens. D'en bas, le noiraud le fixait les sourcils froncés et quand il faisait claquer sa langue, des pics se formèrent et ils foncèrent tous en même temps avec Atsushi, s'implantant à différents endroits dans son corps. La douleur revint comme une flèche alors qu'elle était pendant un instant partit, et le garçon ne put contenir ses hurlements.

N'importe quel être humain normal serait mort depuis longtemps déjà. Mais Atsushi était tout sauf normal. Il ne pouvait rien faire d'autre que souffrir, alors il essayait de se débarrasser de la prise de Râshomon sur ses jambes, gémissant en même temps qu'il bougeait. Akutagawa ne bougeait pas d'un poil en l'observant, se contentant d'ordonner silencieusement à sa bête ses envies. Alors, quand Atsushi continuait de se débattre, la prise sur sa jambe lâchait, et il tombait en tournoyant sur lui-même. Mais à peine fut-il lâcher, après être tombé sous deux ou trois mètres, la bête s'enroulait autour de lui, et Akutagawa claquait ses doigts. Soudain à ce signal, des milliers de pieux sortirent de la bête dans le même centre, comme un immense oursin qui se déployait. Atsushi eut du mal à supporter ce surplus de souffrance qui brûlait en lui. Il hurlait si fort que sa voix en fut bloquée et enraillée au fond de son œsophage. Akutagawa prit un malin plaisir à le voir perdre sa voix et sa raison.

« Tu te fais des illusions, Tigre-Garou. »

Soudain, un autre tremblement de terre, peut-être plus fort cette fois-ci. C'est à ce moment là que l'oursin disparut, et que Atsushi tombait cette fois-ci sur le sol, à plat ventre, complètement vidé de ses forces et de son énergie. Le sang continuait de couler autour de lui, il avait les yeux fermés, la mâchoire serrée, sentant la terre trembler. Le combat entre Akiko et Kajii devait être intense et violent en dessous, ce n'était pas la première explosion qu'il y avait dans les souterrains. Akutagawa se redressait une nouvelle fois, grognant après être tombé une deuxième fois.

« Tu ne pourras pas toujours te protéger derrière Dazai, et lui, ne sera pas toujours là pour toi. »

- Je comprends ce que tu as voulu me dire à ce moment, chuchotait Atsushi dans un murmure de douleur

Akutagawa se tournait vers lui, le regardant en haussant un sourcil.

- De quoi tu parles ?

« Je sais bien ce que tu ressens. Tu crois qu'il sera là pour t'aider, quoiqu'il arrive. Toi, tout ce que tu veux, c'est être reconnu à ses yeux pour ce que tu es, pour tes valeurs, tu veux qu'il t'apprécies, mieux encore, qu'il soit fier de toi. »

Atsushi affichait un rictus, puis il relevait simplement la tête à quelques centimètres du sol, tremblant en sentant le sang chaud couler le long de sa tempe.

« Tu crois que parce qu'il a été gentil avec toi en faisant de toi son subordonné, il en a vraiment à foutre de ta misérable existence ? »

- Je ne compte peut-être pas, continuait-il, Peut-être que ma vie ne vaut pas grand chose pour Dazai.

Il commençait à poser ses mains à plat sur le sol, maintenant son poids sur ses bras pour tenter de se relever. Akutagawa le fixait faire en l'écoutant, avec un soupçon d'agacement tandis que le garçon en face était presque debout.

- Cependant, tu vois...

Ses jambes fébriles tremblaient, il avait mal, mais il sourit.

« Il t'abandonnera, toi aussi. »

Il levait la tête haute, son visage affichait une expression bizarre sur son visage. Comme si sa tristesse et sa douleur se faisait transparaître à travers de ses iris et de son sourire.

- Je n'en ai rien à faire de ce qui peut m'arriver, ou de ce qu'il pense de moi. Tout ce que je veux..

- C'est être à ses cotés ? Dit amèrement Akutagawa en faisait claquer sa langue contre son palet

Atsushi secouait la tête de droite à gauche, murmurant un « non » du bout de ses lèvres alors qu'il sentit sa tête tourner à cause de ses pertes importantes de sang.

- C'est qu'il me pardonne.

Akutagawa ne comprenait pas le sens de sa phrase, puis soudain, les arcs du pouvoir d'Atsushi apparut, et il se mit à rugir.

Pardon pour toujours vouloir savoir.

Sa tête, puis son corps entier se changèrent, il se transformait en tigre, guérissant ainsi de ses blessures.

Pardon pour toujours en vouloir plus.

Son rugissement grave se répandait dans le secteur, le Tigre un instant caché par les fumées encore épaisses de l'explosion qui s'était déclenchée quelques instants plus tôt.

Pardon pour mon égoïsme. Parce que je veux que tu ne regardes que moi.

Le noiraud serrait les dents, et quand il croisait le regard monstrueux de l'animal en face de lui, il hurlait.

- RÂSHOMON !

La bête noire et rouge s'élevait dans son dos, puis elle fonçait vers le Tigre à une vitesse folle.

C'est peut-être pour ça que tu ne veux plus de moi, que tu as appris à me détester.

Mais même si Atsushi était pleinement conscient de se qui se passait, l'animal était rapide et virulent, il évitait avec facilité l'attaque arbitraire de son ennemi, bondissant sur le côté avec la force de ses pattes.

Comme toutes les personnes que j'ai connu dans ma vie, finalement.

Il rebondit contre la voiture cabossée, sautant ainsi sur le plus vieux en rugissant, comme une véritable bête sauvage. C'en était effrayant. Akutagawa eut pour premier réflexe de se protéger en avalant l'espace entre lui et la bête, créant ainsi un bouclier. Le Tigre levait une de ses pattes et la puissance de son coup fut si puissant et si fort que le bouclier se brisa comme du verre, contrant temporairement le pouvoir du noiraud. Son coup atteignait son bras, Akutagawa poussant un hoquet de douleur quand il sentait les griffes trancher sa chair, se mettant de coté pour laisser le Tigre passer. Il marmonnait quelque chose dans son coin, frustré et choqué, mais à peine eut-il le temps de faire quelque chose que Atsushi attaquait de nouveau, n'y allant pas de main morte.

Ce coup-ci, Akutagawa réussit à l'esquiver, utilisant son pouvoir pour tenter de le blesser. Mais le problème, et celui-ci s'en rendit rapidement compte, c'était que peu importe si il le blessait gravement ou non, le Tigre se régénérerait, son pouvoir étant extrêmement puissant. Alors que ses attaques ne servaient presque plus à rien, Atsushi continuait de s'approcher, et il le frappait en le faisant s'écraser sur le sol avec lourdeur, la poussière s'élevant après qu'il ait atterrit. Le Tigre atterrit sur ses quatre pattes, observant le corps allongé sur le sol entouré par la fumée, grognant faiblement en le voyant bouger. Lui qui se sentait si supérieur il y avait quelques minutes de cela, se sentit si rabaissé à présent.

Il détestait ça.

- Il est hors de question...

Akutagawa s'appuyait sur ses mains, se relevant en essuyant le sang sur sa bouche. Puis, la rage dans ses iris, ses arcs de pouvoir se soulevèrent et l'encerclèrent, son aura plus forte et imposante que jamais.

- QUE JE PERDE CONTRE TOI !

Le Tigre grognait d'avantage, et son aura grandit elle aussi, presque autant que celle de son ennemi. Ce fut un véritable combat de titans, entre deux êtres désespérés. L'un hurlait, l'autre rugit, et les deux se bondirent l'un sur l'autre.

Mais tout se passa si vite.

Soudain, une troisième personne s'invitait dans cette bataille sans pitié, s'interposant en se plaçant au centre de la scène. Dazai levait les bras de chaque côté, et son pouvoir s'activait.

La Déchéance de l'Homme.

La lumière fut éblouissante, le vent soufflait fort, dans d'horribles bourrasques, et cela se produisait comme une sorte d'explosion, Râshomon disparaissant, et Atsushi reprenant sa forme normale. Quand la lueur s'atténuait, Atsushi s'effondrait à terre.

Silence.

Sa tête tournait, mais il luttait au fond de lui. Pas question de perdre connaissance, pas dans un moment pareil, pas comme ça. Alors il fronçait les sourcils, et relevait la tête pour regarder ce qu'il se passait en face de lui, voyant le monde tourner et flouté. Dazai baissait les yeux quand il réussit à arrêter ce conflit, et Akutagawa se relevait, dévorant des yeux le brun en sentant sa haine croître en plus qu'elle ne l'était déjà.

- Comment oses-tu...

- Tu vas t'arrêter là, interrompit aussitôt Dazai en tournant la tête vers lui, Tu n'es pas assez fort pour te battre contre lui. Ni contre moi.

- Tu n'as aucune idée de ce dont je suis capable, grognait Akutagawa en serrant les dents

- Si, justement.

- Je me suis amélioré depuis que tu es parti !, hurlait-il

- Alors qu'est-ce que tu attends pour me le prouver ?

Akutagawa serrait les poings, puis il hurlait, Râshomon s'élevant de nouveau par dessus sa tête avant de foncer vers Dazai. Celui-ci ne levait qu'une main, et à peine la bête le touchait qu'il disparut par son pouvoir. Akutagawa en profita ainsi pour s'approcher de lui, mais quand il levait le bras, Dazai levait son poing et le frappait au visage en le faisant reculer. Dazai était fort, très fort, le noiraud le détestait. Il sifflait entre ses dents, sa main contre sa joue, puis il reprit à peine son souffle qu'il décidait de refaire diversion avec sa bête pour l'attaquer.

- Ça t'avais manqué, pas vrai ? Dit-il avec sarcasme

Dazai se défendait avec concentration, ne parlant pas, ne laissant pas transparaître ses émotions, alors que Akutagawa au contraire était en train de perdre la raison face à lui. Atsushi clignait des yeux, réussissant à lutter contre le sommeil, se relevant sur ses jambes. Il n'avait plus cette horrible douleur dans ses intestins, quand il regardait il n'avait pas une seule égratignure, tout le sang qui s'était étalé n'était plus là, comme si cette torture il se l'était imaginée lui-même et que tout n'a été que dans sa tête. Il fronçait les sourcils, puis regardait face à lui. Il aperçut Dazai et Akutagawa se battre, c'était plutôt surréaliste, avec le noiraud qui essayait d'attaquer avec son pouvoir, Dazai l'annulant, puis ils essayaient de se battre au corps à corps avec grande violence. Il pouvait apercevoir tout le désespoir dans les mouvements de Akutagawa, Atsushi put presque se reconnaître à travers lui. Et quand Dazai réussit à le frapper, il eut comme un flash de ce qui lui était arrivé dans les archives de l'Agence. Ce souvenir réveillait ce foutu pincement de cœur.

Ça y ait, le monde arrêtait de trembler, il était conscient, c'était la première fois qu'il avait réussit à ne pas sombrer. Alors il entendait les coups de feu un peu plus loin, les explosions qui résonnaient en dessous de la terre, il voyait aussi la fumée encore noire qui s'élevait des ruines d'une partie de l'entrepôt, il voyait le combat entre Dazai et son ancien subordonné. Et puis il y avait lui, dans son coin, il observait simplement, il ne faisait rien. Il ne voulait pas rester comme ça, il voulait aider, il voulait être utile, lui prouver, non, prouver au monde, aux adultes de l'orphelinat qu'il pouvait faire quelque chose de sa vie et qu'il n'était pas un bon-à-rien. Il voulait simplement aider les gens. Alors il se redressait, et quand il sentit son énergie renaître au fond de lui, il activait une nouvelle fois son pouvoir pour changer ses bras et ses jambes.

Akutagawa réussit à contrer une frappe de Dazai, mais s'en prit une autre. Il essayait d'utiliser Râshomon en même temps, après tout, il était peut-être fort mais il était difficile de gérer deux choses à la fois. Il était pourtant fatigué après le combat qu'il avait eu avec le Tigre-Garou, blessé et usé, mais il n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter, ni d'abandonner. Dazai semblait ne pas s'affaiblir, se contentant de riposter ce qui l'énervait encore plus. Atsushi bondit, puis quand Akutagawa allait reformer une autre attaque, il lui sautait dessus. C'était sûrement une des seules fois où il pouvait faire ça sans se retrouver empalé. Dazai écarquillait les yeux à ce geste inattendu, ne s'attendant pas à se faire voler son combat. Atsushi se redressait après avoir fait chuter son ennemi, et en profitait du fait qu'il soit supérieur à lui pour sortir ses crocs et de le mordre à l'épaule.

Le noiraud poussait un cri de douleur à ce geste barbare et il réussit, allez savoir comment, à se retirer de là en repoussant Atsushi, se tenant l'épaule douloureuse. Atsushi reculait jusqu'à la voiture cabossée, et la soulevait avec la force de ses pattes de Tigre, les sourcils froncés, la mâchoire serrée.

- Atsushi, arrête toi ! Hurlait aussitôt Dazai

Mais Atsushi ne semblait pas vouloir l'écouter, et il lançait le véhicule qu'il tenait vers son ennemi. Celui-ci fit apparaître Râshomon qui frappait dedans, l'envoyant valser ailleurs. Quand le Tigre-Garou regardait, la voiture fit quelques tonneaux avant de chuter dans le vide par dessus la falaise de la décharge. Elle était si haute, personne ne survivrait avec une telle hauteur avec les verres, les métaux qui pouvaient se trouver au fond du gouffre. Atsushi reprit ses esprits, puis il fonçait une nouvelle fois sur Akutagawa en ne se souciant pas des avertissements de son supérieur. Dazai grognait dans son coin, ne savant vraiment s'il pouvait s'interposer ou non entre eux. Akutagawa hurlait de rage, attaquant de nouveau, puis le Tigre-Garou roulait sur le sol pour partir sur le coté, se relevant avec un genou à terre et l'autre relevé. Le noiraud avait la respiration rauque, se fatiguant de plus en plus, blessé à l'épaule et à divers endroits sur le corps. Atsushi ne voulait pas perdre non plus, il ne voulait pas être inutile, alors aussitôt, il fonçait une nouvelle fois sur lui.

- ATSUSHI !

Soudain, le Tigre-Garou se retrouvait paralysé quand Dazai se postait devant lui et qu'il lui attrapait la patte. À ce contact une lumière éblouit Nakajima et son bras redevint à la normale, ainsi que le reste de son corps. Il levait les yeux vers Dazai, éberlué, celui-ci le fixant avec les sourcils froncés. Il serrait sa poigne, il lui faisait mal.

- Arrête ça tout de suite ! S'énervait-il

Atsushi le fixait, puis fronçait à son tour les sourcils.

- Laisse moi, dit-il

- Alors quoi, c'est que maintenant que tu t'énerves contre moi ?

- Je veux finir ma mission, répondit aussitôt le plus petit

- Ce n'est pas en le tuant que tu la réussiras. Si tu commences à penser comme ça, alors tu ne vaux pas mieux que lui.

Atsushi le regardait, puis son visage semblait moins ferme. Il ne se souciait plus de la poigne de Dazai sur son bras, simplement de son regard.

- Et alors ? Murmurait-il

Le brun le fixait toujours en ayant entendu ses mots, puis il desserrait son emprise sur son avant-bras. Il n'était toujours pas énervé contre lui, analysait Dazai, il n'était pas rancunier non plus. Mais Atsushi n'oubliait pas, il n'oubliait jamais, et il souffrait toujours en silence. C'était quelque chose que le détective savait déjà, mais ce n'était en apercevant son regard qu'il se rendit compte à quel point ça lui faisait du mal, à Atsushi.

- Est-ce que tu vas me frapper si je ne t'obéis pas ?

Dazai écarquillait les yeux. Étrangement, ça l'affectait lui aussi, plus qu'il ne l'aurait cru.

SHLAK.

Son souffle se coupait difficilement quand Osamu sentit une lame se planter dans le bas de son dos. Akutagawa enfonçait son couteau dans sa chair, soufflant à son oreille.

- Tu n'as pas changé, finalement, dit-il après avoir entendu ce qu'Atsushi avait dit, Tu es toujours aussi hypocrite qu'à l'époque.

Le Tigre-Garou eut les yeux exorbités quand il réalisait ce qu'il se passait, son cœur s'accélérant à une vitesse impressionnante, et quand il voulut faire un pas en avant pour intervenir, le noiraud sortit un autre poignard et le plaçait sous la gorge de Dazai, collant le coté tranchant de la lame contre son cou.

- Non, dit-il d'un ton joueur, Ne t'approche pas, Gamin.

Atsushi se bloquait, paralysé sur place, ne sachant plus quoi faire à ce moment là.

- Dazai est peut-être puissant, mais tout ce qu'il peut faire c'est annuler les pouvoirs surnaturels. Il est humain, les balles et les lames peuvent le tuer.

À ces mots, il enfonçait la lame dans son dos, Dazai retenant du mieux qu'il le put un gémissement, essayant de paraître neutre comme il avait toujours l'habitude de le faire. Atsushi sifflait entre ses dents, la peur et l'angoisse le submergeant. Oui, c'était pourtant une évidence, pourquoi Atsushi parut aussi surprit en l'apprenant ? Pour lui Dazai était fort, rien ne pouvait l'atteindre. Il n'avait jamais réellement pensé qu'une pauvre lame pouvait l'achever aussi facilement. Qu'aurait-il fait à sa place ? Comment aurait réagit Dazai si il avait sa place ? Impossible de le savoir, impossible de pouvoir lire dans sa tête.

- Dazai...

Si il pouvait se défendre, il l'aurait déjà fait. Il était paralysé à cause du couteau dans son dos, Akutagawa avait touché les nerfs. Et à ce qu'il pouvait voir, il ne pouvait rien faire avec l'arme appuyée sur sa gorge.

Atsushi était seul.

- Maintenant tu vas m'écouter, dit la voix crue de Akutagawa, Ça fait des années que je rêve de pouvoir faire ça, alors tu vas faire ce que je te dis.

Il ravalait sa salive, sa gorge se serrait amèrement. Il détestait le ton de sa voix, il hésitait à intervenir, mais en aucun cas il ne voulait risquer la vie de Dazai. Jamais il ne la mettra en danger, quitte à tout perdre.

Cette décision, il l'avait dans sa tête depuis longtemps déjà.

Alors en se disant ça, il desserrait les poings, et il soupirait lourdement en se résignant. Il levait la tête haute, les yeux bloqués sur Akutagawa comme attendant simplement ce qu'il avait à dire. Quand il le comprit, le noiraud affichait un sourire mauvais. Et quand ce fut Dazai qui le comprit, il poussait un soupir remplis d'arrière-pensées et lourd de sens.

- Recule, ordonnait Akutagawa

- Atsushi ne l'écoute pas.

Le garçon restait sourd aux paroles de Dazai et reculait de deux pas.

- Encore.

Alors il s'exécutait une nouvelle fois, s'éloignant de plus en plus.

- Atsushi, menaçait le brun

Ses pieds continuaient de marcher en arrière jusqu'à ce que Akutagawa lui dise stop. Mais il s'arrêtait soudain quand ses pieds frôlaient la falaise. Son regard se baladait à l'arrière, et il vit le fin fond de la décharge en dessous. C'était en voyant la hauteur qu'il comprit.

C'était évident.

- Recule encore, ordonnait Akutagawa

Oui, une évidence.

Ses envies étaient cruelles, abominables, il ne voulait pas seulement se venger de Dazai, il voulait aussi se venger de lui. Combiner les deux était malin, obliger son ancien supérieur à regarder la mort stupide de son actuel subordonné. Son subordonné naïve qui voulait « protéger les gens ». Quelle idée débile, c'était idiot, il avait l'air si bête comme ça, au bord de sa fin, contrôlé, non, soumis par son ennemi. Atsushi a toujours su lui-même qu'il avait été toute sa vie qu'un être dupe et puéril, naïve sur ce qui l'entourait, naïve sur ces pensées et ses envies. Pourquoi avoir sauvé quelqu'un comme lui, fragile comme du verre ? Il n'était pas aussi puissant qu'Akutagawa, ni aussi sûr de lui, aussi déterminé et fier. Atsushi n'a jamais su protéger qui que ce soit, il n'avait même pas réussi à se protéger lui-même.

- Tu réfléchis trop, Atsushi-kun, dit Dazai

Sa voix était plus calme, plus prudente. Il savait bien qu'il pouvait le faire, il savait qu'il était prêt à le faire.

- Pour une fois, arrête de réfléchir. Pense un peu à toi pour changer.

Akutagawa appuyait sur la lame en la traînant de quelques centimètres, des gouttes de sang commençant à couler le long de sa gorge.

Penser à soi ?

Combien de fois Atsushi n'a t-il pensé qu'à lui. Il ne faisait que de se plaindre, il passait son temps à se morfondre sur son sort, à larmoyer en pensant à son temps à l'orphelinat. Quand Dazai avait été là pour lui, à chaque moment, à chaque fois qu'il hésitait ou qu'il était au bord de craquer, il a été là pour le consoler, toujours à ses cotés. « Je ne sais pas si je peux y arriver. », « Pourquoi m'avoir sauvé », « Je ne suis pas quelqu'un de bien. ». Il n'avait fait que se plaindre.

Jamais il ne l'avait remercié.

Atsushi était égoïste.

Merci pour m'avoir sauvé.

Mourir ne serait pas une si mauvaise idée après tout. Il l'avait tellement pensé auparavant, Dazai ne pourrait pas lui en vouloir, lui qui voulait tout le temps se suicider. Non, c'était ridicule. Qui pourrait penser ça ? Mais mourir pour sauver sa vie, peut-être que ce serait une des seules choses censées qu'il aura fait dans sa vie.

Merci pour avoir prit soin de moi, pour m'avoir protégé.

Dazai lui avait sauvé la vie quand il était bord de la fin, voilà une belle façon de rendre sa dette, voilà une belle façon de le saluer, et de montrer sa reconnaissance pour lui.

Voilà une belle façon de lui dire qu'il ferait n'importe quoi pour lui.

Merci pour avoir donné du sens à mon existence.

Il regardait une nouvelle fois le vide en dessous, estimant la hauteur, puis regardait en face de lui pour voir plus loin Akutagawa et Dazai. Tous les deux le regardaient fixement, l'un avec un certain plaisir cruel, impatient, puis l'autre avec.. Jamais Atsushi n'avait vu un tel regard. Jamais Dazai ne l'avait regardé ainsi, avec un tel soupçon de peur. Ce même regard que Atsushi ne connaissait pas, mais qu'il avait à la mort de Odasaku. Remplis de peur.

Merci pour m'avoir fait me sentir aimé.

Ne me regarde pas comme ça, se dit le Tigre-Garou, Je t'en prie. Atsushi le regardait dans les yeux, ne lançant pas un seul regard à son ennemi, puis soudain, il sourit.

Merci pour avoir été à mes cotés tous les jours.

Un fin sourire se dessinait sur ses lèvres, pur et sincère, et les premières gouttes salées coulèrent sur ses joues. Le ciel orange entourait sa petite silhouette.

Merci pour avoir réchauffé mes mains quand j'avais froid.

- Merci Dazai.

Il fermait les yeux, et sourit de toutes ses dents en laissant d'autres larmes s'écouler de ses yeux larmoyants.

- Pour tout ce que tu as fais pour moi.

Dazai ouvrit grand les yeux quand il sentit sa poitrine se serrer fort, ça lui faisait tellement mal. Les pieds de Atsushi se balancèrent en arrière et doucement, son corps semblait basculer. Il continuait de sourire, il poussait un petit rire enfantin même tout en pleurant, et quand la moitié de son corps semblait tomber dans le vide, Dazai sentit son souffle se couper.

- ATSUSHI !

Le sourire sur son visage était resté là, intact, jusqu'à ce que son corps s'enveloppe dans le vent et qu'il disparaisse. Dazai eut un mouvement en avant, mais il gémit quand la lame sur son cou s'enfonçait un peu plus dans sa chair. Atsushi a juste disparu, comme ça, comme un souffle de vent. Comme s'il n'avait jamais existé. Cette pensée là rendit la colère de Dazai encore plus intense, ainsi que cette douleur dans sa poitrine. Cette douleur là, il ne l'avait pas ressentit depuis la mort de Oda.

C'était horrible, ça faisait horriblement mal, Atsushi était son ami.

Il était plus que son ami.

- Je sais à quoi tu penses, susurrait Akutagawa

Dazai fronçait les sourcils, puis serrait les dents, son cœur battant si fort par la rage qu'il eut du mal à se contrôler.

- Toutes les personnes qui s'attachent à toi finissent toujours par souffrir, par saigner ou par mourir.

Ces mots furent de trop. Jamais il ne ressentit une telle haine de toute sa vie. Alors quand il semblait le moins concentré, Dazai levait son bras et attrapait la nuque de Akutagawa derrière lui, et quand celui-ci voulait lui trancher la gorge, il eut assez de force pour le saisir et le balancer par dessus son épaule. Son dos lui faisait mal, il gémit en comprenant que la lame était encore bien enfoncée, et il se tenait le cou en essayant de guérir les entailles en les recouvrant des bandages qu'il avait déjà. Le noiraud au sol, il ressentit son visage chauffer et il en profitait en lui donnant un coup de pied dans l'estomac. Akutagawa lui avait prit Atsushi. « Protège les orphelins. ». Dazai le détestait.

- ATSUSHI ETAIT BIEN PLUS FORT QUE TOI !, cria le brun

Il s'agenouillait, puis attrapait son col en le secouant d'avant en arrière comme un fou furieux, lui crachant presque au visage.

- Mais mieux que ça, il était bien plus bon que toi !, continuait-il, C'était quelqu'un de bien, tout ce qu'il voulait c'était avoir des gens qui puissent l'aimer, il n'était pas comme toi !

Akutagawa fut surprit d'apercevoir ses yeux bruns. Il rêvait, ou ils brillaient en ce moment ? Non, ils brillaient vraiment. C'était la première fois, la première fois de sa vie que Dazai eut si mal qu'il eut envie de craquer.

- Il était naïve mais très intelligent, il ne voulait faire de mal à personne. C'était ça qui manquait chez toi, toi une brute au cœur froid !

- Tout ce que j'ai fais, je l'avais fais pour que tu me remarques ! Hurlait Akutagawa en saisissant les poignets qui serraient son col, Tout ce que je voulais c'était que tu sois fier de moi ! Tu n'as pas le droit de me juger, tu m'as abandonné, ESPECE D'ASSASSIN !

Dans ses iris, Dazai reconnut Atsushi dans ces mots. Il sentit son estomac se nouer. Il s'étranglait, sa gorge se serrant en réalisant à quel point il avait été idiot. Au fond, Akutagawa était un peu comme Atsushi, hormis le fait qu'il ait de mauvaises intentions et un mauvais fond, il voulait lui aussi que Dazai soit à ses cotés. En fait, il avait eu tout faux depuis le début. Dazai avait été un enfoiré, du début jusqu'à la fin. Parce que même avec Atsushi, il s'était comporté comme un salop. Il l'avait frappé.

Pourquoi ? Pourquoi avoir fait tout ça ?

Parce qu'après cette soirée à l'Agence, parce qu'après qu'il ait été avec Atsushi dans sa chambre, Dazai avait soudain prit peur.

Peur d'être compris.

Akutagawa profitait de ce moment de flottement pour lui donner un coup de boule et ainsi de se dégager de lui. Il se relevait, et avant même que Dazai ait pu le rattraper, il reculait, puis sortit une arme à feu de sa veste noire. Il la chargeait, puis fronçait les sourcils.

- Me venger est tout ce qui me reste, dit-il, Ça fait longtemps que je rêve de te faire la peau.

Mais avant qu'il puisse tirer, il se figeait soudain quand il sentit un calibre se charger derrière sa tête. Il entendit plusieurs flingues se charger en même temps, quel son angoissant, et quand ses yeux se baladaient autour de lui, il vit les membres de l'Agence qui l'encerclaient. Ranpo, Kenji, Tanizaki, Akiko, tous étaient autour de lui, blessés, mais le visant avec leurs armes. Kunikida était celui qui se tenait derrière lui, figé de pied ferme. Tous avaient des blessures, des entailles, des traces de sang sur les vêtements et le visage, les sourcils froncés et la respiration forte. Akutagawa n'osait plus bougé, piégé comme un rat, il ne fallait pas être bête pour comprendre qu'il était seul face à eux, et que tous les autres avaient été vaincus.

- Lâche ton arme, ordonnait le blond

Le noiraud grognait, le regard toujours bloqué sur Dazai en face de lui, puis n'ayant pas le choix, il lâchait simplement le flingue avant de baisser les deux bras le long de son corps. Mais ce qui fut surprenant, ce fut le rictus de fierté sur le coin de sa bouche. Dazai savait bien à quoi il pensait, ce n'était pas compliqué après tout, il était fier parce qu'il avait réussit à faire la plus grande partie de sa mission. Vaincre son adversaire principal. Le brun serrait les dents, puis enlevait finalement le couteau dans son dos avant de le jeter à l'avant, regardant avec toute la haine qu'il pouvait avoir l'homme qui se tenait face à lui.

- Je n'ai jamais été aussi déçu, Akutagawa.

Il gardait la même expression. Dazai gardait son visage neutre, malgré ses yeux vitreux qui trahissait ses véritables sentiments, puis après un instant à le fixer, il finit par marcher, passant à coté de lui sans le regarder, comme il savait si bien le faire. Ce n'était qu'une fois que Dazai n'était plus là que le sourire de Akutagawa se dégradait jusqu'à s'effacer entièrement, ses yeux se baissant sur le sol.

Dazai marchait tout droit pendant que les membres de l'Agence s'occupait de Akutagawa à l'arrière, ne se souciant plus de ce qui se tramait autour de lui. À chaque pas qu'il faisait un pas, un son aigu semblait se propager dans son ouïe jusqu'à ce qu'il n'entende rien d'autre que ce bruit incessant. Il entendait son souffle dans sa gorge, ce son aigu dans ses tympans, sa vue devint trouble, puis ses doigts tremblaient. Merde. Merde alors. Ses faibles pas s'arrêtèrent finalement au bord de la falaise, à là où Atsushi s'était jeté. Il regardait alors par dessus, ses cheveux secoués par le vent du soir, et sentit sa gorge se serrer quand il aperçut le corps de Atsushi au fond des ordures. Dazai détournait un instant le regard de cette horrible vision.

Il était mort comme un déchet.

Il méritait tellement mieux que ça.

Il a toujours mérité mieux. Dazai fronçait les sourcils, et il sentit un sanglot lui prendre la gorge. C'était horriblement dur, cruel, il avait pourtant prédit que les personnes les plus importantes pour lui étaient soumis à leur destin. Destin pour le moins sans pitié. Il n'arrivait pas à s'y faire, non. Il n'arrivait pas à se dire, à ce moment précis, que Atsushi était définitivement partit. Peut-être qu'en rentrant demain à l'Agence il sera là, sur son bureau. Il discuterait avec Kyouka et il rirait. Puis il serait agacé à l'échec d'un des nouveaux suicides de Dazai, mais il sera là pour lui accorder du réconfort.

Puis en sortant le soir, ils divagueraient ensemble.

« Si un jour tu devais me laisser... »

Cet enfant qui voulait tout savoir.

« Je ne sais pas ce que je deviendrais. »

Dazai sentit sa vue se brouiller.

Ce n'était que lorsqu'il était sur le point de reprendre le pas que soudain, il entendit un bruit. Comme du métal qui bougeait, pleins d'objets variés. Il fronçait les sourcils, et quand il se rendit compte que ce son venait de la décharge, il baissait à nouveau les yeux vers le gouffre. Puis ils s'écarquillèrent et il sentit un sentiment nouveau naître en lui.

Atsushi bougeait en bas. Ses bras, ses jambes faisaient bouger les ordures.

C'était de l'espoir.

À peine Dazai eut-il réalisé cela qu'il sentit une poussée d'adrénaline prendre son corps entier et il prit une seule inspiration avant de courir. Ses jambes ne le suivaient presque plus, il ne savait pas vraiment par où passer, mais peu importe, oui peu importait. Il glissait sur une ou deux pentes glisseuses, il descendait de plus en plus jusqu'à ce qu'il tombe à plein pieds dans la décharge. Il regardait par terre, les bouts de verres, les sapins de noël abandonnés, les appareils électroménagers, les pneus, les poubelles, les déchets. Il faisait claquer sa langue contre palet et quand il levait un instant ses yeux en l'air il pouvait voir Kunikida se précipiter au bord de la falaise en haut. Il paraissait plus petit vu d'en bas, Dazai peinait à voir quelle tête il pouvait faire en ce moment.

Peu importe.

Il regardait autour de lui, il marchait quelques pas en essayant de percevoir Atsushi. Son regard flottait dans tous les recoins possibles, et quand il escaladait une pile de déchets, il le vit enfin. Allongé, là-bas, au milieu du néant. Le cœur de Dazai s'arrêtait puis il ne respirait qu'une ou deux fois avant de se remettre à courir vers sa direction. C'était périlleux, mais il s'en foutait royalement, arrivant rapidement à ses cotés en se jetant au sol. À genoux, il regardait Atsushi de haut en bas, le voyant les yeux fermés, le corps blessé. Quand il essayait de le soulever, il remarquait les morceaux de verres plantés dans son dos et ses bras.

Ses bras.

Ses avant-bras et ses mains en particulier, étaient ensanglantés et ses ongles étaient arrachés. Comment a t-il pu se faire ça ? Il entendait alors tousser, et son regard se concentrait de nouveau sur son visage. Il remarquait les sourcils froncés de Atsushi, et comme un miracle qu'il avait cru ne jamais voir naître, il ouvrit ses yeux. Il ne fallait pas longtemps pour que Dazai soit encore une fois étonné par la couleur de leurs iris.

- Atsushi ! S'exclamait Dazai comme un appel de détresse

Le Tigre-Garou gémit longuement en bougeant, et il se redressait comme il le pouvait, Dazai hésitant un instant à l'aider en étant prit au dépourvu, complètement partagé dans tous ces sentiments nouveaux. Quelques instants plus tôt il croyait l'avoir perdu, et puis désormais, il..

- Il a marché ?

Sa voix rauque réveillait Dazai qui était encore plongé dans ses pensées. Il le regardait, bégayant en ne comprenant pas sa question.

- Quoi ?

- Est-ce qu'il a marché ? Répétait-il en tournant la tête vers lui, Akutagawa.

Dazai le regardait longuement en ne comprenant toujours pas. Son esprit encore dans le vague, il essayait de comprendre en faisant sortir son coté perspicace et réfléchi. Il regardait alors ses mains en sang, puis il se posait alors cette même question qu'il s'était posé plus tôt. Son regard allait se porter en haut de la falaise, et quand il la descendit des yeux, il remarquait les énormes entailles, les fissures qui ressemblaient à des griffes d'animal qui s'étaient crées dans la pierre. Ce n'était qu'après qu'il comprit.

L'hypothèse était la suivante. Atsushi avait fait croire qu'il se laisserait mourir pour convaincre Akutagawa. Mais lorsqu'il était tombé, il avait amorti sa chute en changeant ses bras en pattes de Tigre, l'empêchant de mourir. De cette manière il faisait croire à Akutagawa qu'il l'avait vaincu, de cette manière il avait pu gagné du temps, de cette manière les autres membres de l'Agence ont pu arriver avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit à Dazai. Atsushi savait que même mort, il ne sauverait pas Dazai, parce que Akutagawa était déterminé à se venger. Simple, bête, et pourtant.

Atsushi avait tout prévu.

Dazai regardait encore un instant le vague en face de lui, puis il portait ses yeux sur le visage de Atsushi, croisant son regard fatigué. Dazai grognait, puis il attrapait sa chemise en l'approchant de lui, le fixant avec énervement.

- Pourquoi tu as fais ça ?! Criait-il, À quel point es-tu suicidaire au juste ?!

Atsushi le regardait avec incompréhension, ne s'attendant pas à une telle réaction de sa part.

- Mais bon dieu, qu'est-ce que t'as essayé de prouver ?!

Il sourit.

- Deux choses.

Il essayait de se redresser d'avantage, sifflant entre ses dents quand toutes ses entailles lui furent soudain très douloureuses.

- D'abord, tu m'as dit un jour que j'étais trop prévisible. Alors je voulais te surprendre un peu, pour une fois...

Dazai soufflait pas le nez, secouant la tête en tenant toujours sa chemise fermement dans ses mains.

- Et puis, je voulais juste prouver que..., commençait-il en sentant ses yeux larmoyer une nouvelle fois, Que les gens qui s'attachent à toi, ne sont pas destinés à mourir.

Cette phrase fut comme un déclic pour le plus grand. Son visage s'adoucit, ainsi que sa prise, et il se contentait de le regarder longuement dans les yeux sans le quitter du regard. Il restait sans doute un long moment comme ça, alors que le ciel devenait de plus en plus rosé, et les mots qu'il venait de prononcer...

Dazai les attendait depuis bien trop longtemps.

Sa mâchoire tremblait, ses bras aussi, puis en voyant le fin sourire sur les lèvres de Atsushi, il se mit à sourire aussi. Puis il rit. C'est en riant qu'il lâchait sa chemise et que soudain il serrait le garçon dans ses bras devenus faibles. Atsushi avait encore mal, mais il s'en foutait. Il gardait les yeux grand ouverts quand il réalisait le geste de Dazai, sentant son cœur s'arrêter ainsi que sa respiration. Le brun le serrait fort, très fort, refusant de le lâcher, rien ne pouvait le forcer à le lâcher un jour. Il ne voulait plus, comme si sa vie en dépendait, et il serrait un peu plus fort ses bras autour de lui. Il riait encore.

- Ne fais plus jamais ça.

Sa voix était plus tremblante qu'il ne le pensait. Il n'aimait pas être autant à découvert, alors il surjouait ses rires. Ce n'est que lorsqu'il sentit quelque chose de chaud sur son visage qu'il portait une main sur ses joues et qu'il regardait ensuite le bout de ses doigts. Ils étaient mouillés, pourquoi son visage était mouillé. Dazai se rendit compte que c'était des larmes qui coulaient.

- Est-ce que... est-ce que tu pleures ? Dit Atsushi en sentant sa chemise se tremper

Lui-même semblait surprit. Dazai fit claquer sa langue, puis secouait la tête en cachant du mieux qu'il le pouvait son visage.

- Ferme la.

Atsushi sourit avec amusement. Puis sentant ses propres yeux s'embuer, il serrait son ami en retour, plongeant sa tête dans le creux de sa nuque.

« Il t'abandonnera, toi aussi. »

Non. Non, il ne le fera pas.

.

2 semaines passèrent.

Deux semaines longues et pénibles. C'était en rentrant de leur mission périlleuse à l'entrepôt abandonné que les membres de l'Agence purent se reposer et être soigné un à un par Akiko. Bien sûr, ce fut pour tous une véritable torture longue et douloureuse. Naomi qui avait tout entendu et vu fut la première à sauter au cou de chacun de ses amis, en premier par son frère bien sûr, mais aussi à Atsushi. Kyouka fut la plus heureuse de le revoir sain et sauf, le Patron les félicitant pour leur dur travail face à la Mafia Portuaire. Ce qui surprit la moitié des membres parce que c'était assez rare finalement. Depuis ce soir là, les attaques de la Mafia diminuèrent considérablement, mais l'arrivée de la Guilde et la vengeance de la Mafia qui devait se préparer laisser alors cette situation temporaire. Mais peu importait, tout le monde allait bien, et Akiko avait gardé un citron en souvenir de ce merveilleux moment passé dans les souterrains.

Une fois que tout se termina, la vie à l'Agence de Détectives armés reprit son cours normal, comme si tout, absolument tout de ce qu'il s'était passé ne s'était jamais produit. Quand Atsushi et Dazai se croisaient, ils se souriaient, discutaient ensemble, puis quand ils avaient une mission, Dazai travaillait avec Kunikida et Atsushi avec Kenji ou bien avec Tanizaki. Oui, tout se passait comme si rien ne s'était produit. Comme si cette mission qu'ils avaient eu ensemble à la montagne n'avait jamais eu lieu, comme si cette soirée de festivités et ce moment dans la chambre de Atsushi n'étaient jamais arrivé, comme si Dazai n'avait jamais rien dit dans les archives, comme si cette opération contre la Mafia et les mots de Atsushi au bord de la falaise n'aient jamais existé.

Tout était fait en sorte pour faire oublier tous ces moments.

Pourtant Atsushi était du genre à ne jamais oublier. Et bizarrement, Dazai aussi.

18h38.

Le soleil se couchait sur la ville, il n'y avait plus personne dans l'Agence à cette heure-ci. Seul Atsushi était resté là, à finir son rapport comme la plupart des soirées. Comme d'habitude, il profitait du silence qui s'était installé dans la pièce, et il poussait un long soupir de soulagement quand il tapait les derniers mots sur son clavier. Il s'étirait, laissant son dos s'écrouler sur le dossier de sa chaise, et il fermait un instant les yeux en savourant ce calme inégalable.

- Encore ici à travailler, Atsushi-kun.

Il n'eut besoin d'ouvrir les yeux pour comprendre, et il sourit. Il finit par tourner la tête pour voir Dazai appuyé dans l'encadrement de la porte, le fixant les mains dans les poches de son manteau, avec son éternel regard rassurant. Atsushi agrandit son rictus et hochait simplement la tête pour réponse. Il soupirait, tournant un instant les yeux vers le ciel coloré de l'extérieur, puis les reportait sur son ami.

- Et si nous allions divaguer, Dazai ?

Celui-ci rit avec amusement.

- Je n'attendais que ça.

Le cœur du plus petit ne fit que se serrer d'avantage.

.

ça faisait peut-être un quart d'heure que les deux hommes marchaient maintenant, côte à côte, le dos droit en regardant à l'avant. C'était comme ils avaient l'habitude de le faire, comme au bon vieux temps. C'était dans le silence que cette balade se produisait encore une fois, un silence agréable, confortable, ce silence que Atsushi ne partageait qu'avec le brun. Les mains dans le dos, il se tortillait les doigts peut-être nerveusement, et quand il se mit à réfléchir, il prit enfin la parole.

- Je crois avoir deviné pourquoi tu t'es éloigné de moi.

Dazai fut soudain intéressé par ses mots, et il tournait la tête vers le plus petit, le regardant alors que lui gardait les yeux devant lui. Il avait toujours ce fin sourire aux lèvres, celui qu'il avait toujours quand il marchait avec Dazai.

- Tu t'es éloigné parce que tu as eu peur que je puisse te comprendre, expliquait-il doucement, Tu as su que j'étais attaché à toi, et donc tu ne voulais pas que j'essaye d'entrer dans ta carapace.

Le plus vieux ne répondit rien, et c'est à ce silence que Atsushi finit par tourner la tête vers lui, le regardant longuement, captivé.

- C'est ça ?

- Presque.

Dazai soupirait.

- Je me suis éloigné parce que moi aussi je me suis attaché à toi.

Ce furent les derniers mots qu'ils prononcèrent de la soirée, et cette dernière phrase suffit à satisfaire Atsushi qui n'avait rien demandé de plus par la suite. Il sourit.

« Admiration. ». C'était le nom qu'il avait attribué à ce sentiment étrange qui animait sa soif de rendre fier Dazai. Mais c'était plus que ça, il a toujours voulu plus. Peut-être qu'il avait accordé le mauvais nom à cette envie. C'était plus fort, plus important que de l'admiration. Atsushi à toujours voulu plus. Il n'avait pas seulement envie de le rendre fier, il voulait aussi être la première personne à ses côtés, il voulait qu'il le remarque, qu'il soit heureux, il voulait le rendre heureux. Il voulait le connaître, qu'il le connaisse, il voulait être aussi important pour Dazai que lui l'était pour lui. Il voulait qu'il lui sourisse, qu'il lui caresse les cheveux, qu'il rit et qu'il le regarde. Qu'il ne regarde que lui. Il aimerait qu'il l'apprécie, qu'il l'aime autant que lui.

Atsushi était officiellement égoïste. Mais au fond, ça lui allait. Il aimait ressentir de telles envies inaccessibles..

.

Une autre semaine passait, Noël était à leurs portes. Ce jour là, le 22 décembre, il avait neigé sur tout Yokohama. Quand Kunikida était arrivé à l'Agence, il s'était dirigé vers Dazai et lui avait montré un nouvel article, présentant des présences nocturnes dans les ruelles de la 5ème avenue. L'enquête avait été au premier regard intéressante et quand Dazai lui avait demandé pourquoi il la lui présentait de cette manière, le blond lui avait simplement répondu que cette investigation n'était pas spécifié dans son carnet des idéaux et que de ce fait il ne viendrait pas. Quand Dazai lui avait fait la réflexion que c'était parce qu'il avait la frousse, Kunikida s'était aussitôt énervé, ce qui avait fait rire le brun un court instant. La première chose qu'il fit en apprenant que son coéquipier ne serait pas présent, ce fut de proposer (de force) l'enquête à Atsushi et à l'idée de travailler à nouveau avec lui, il accepta.

23h02.

Il faisait nuit noire dans ce quartier de la ville. Les étoiles brillaient derrière les nuages gris qui s'étaient accumulés et les flocons de neige flottèrent avec grâce dans l'espace, comme une véritable valse synchronisée. La ville était lumineuse. Les lampadaires étaient allumés, mieux encore, toutes les décorations de Noël étaient allumées, il y avait du rouge, du jaune, du bleu, c'était beau, c'était coloré, il y avait ces couleurs partout dans les rues. Il y avait aussi un grand sapin blanc qui brillait de milles feux au loin sur la place, les lumières des fenêtres étaient allumés elles aussi, on entendait les rires des enfants, les chœurs qui chantaient aux portes des maisons, on entendait les chiens aboyer aussi. En regardant un peu plus loin, il y avait des couples emmitouflés qui se tenait par le bras en marchant dans les rues, des familles qui poussaient des cadis remplis de cadeaux, des pères Noël qui récoltaient des dons, c'était beau, jovial, festif, jamais Atsushi n'avait vu un tel spectacle de sa vie.

Pour leur mission, Atsushi et Dazai étaient assis sur les tuiles d'un toit d'une maison, l'un à coté de l'autre, observant la ville qui semblait vivre devant eux. Le plus jeune profitait de ce moment, se réchauffant comme il le pouvait du froid d'hiver. Chaque souffle s'évaporait dans l'air à l'état de buée, et ce n'est que lorsqu'il frissonnait qu'il sentait quelque chose de chaud tenir ses mains. Il baissait les yeux et il vit Dazai lui prendre les mains, les serrant dans les siennes pour les réchauffer du froid mordant. Atsushi se sentit bien à cet instant, aimant la douce chaleur de sa peau. Il le regardait quand il apportait ses mains à sa bouche et qu'il soufflait dessus. Cet enfoiré savait à quel point Atsushi aimait quand il faisait ça. Il le regardait, sentant sa poitrine lui faire mal en l'observant, puis il se mit à réfléchir, à plusieurs choses à la fois. Alors après un long moment de silence, il finit par prendre la parole.

- Dazai, commençait-il, J'aimerais te proposer un marché.

Le brun soupirait avec amusement en entendant cette phrase.

- Je t'écoute.

Il fut soulagé d'entendre ça.

- Je sais que je réfléchis trop, et je sais aussi que je pose beaucoup de questions, dit-il en gardant un air sérieux, Alors voilà, j'aimerais te proposer quelque chose. Laisse moi te poser trois questions. Juste trois questions, et en échange, je ne demanderais plus rien, je ne t'embêterais plus avec mes pensées ou à vouloir en savoir toujours plus sur toi. Mais tu dois impérativement répondre à ces trois questions, tu n'as pas le droit de les éviter.

- Je vois que tu as le sens des affaires, rit Dazai

Atsushi continuait de le regarder en redoutant légèrement sa réponse. Mais quelque chose au fond de lui fut soulagé en voyant la manière dont il le fixait.

- D'accord. Pose moi tes questions.

- Tu y répondras ?

- Mmh.

Le Tigre-Garou sentit alors sa précipitation le rattraper en comprenant qu'il avait le feu vert, mais il décidait alors de prendre son temps, réfléchissant longuement à chacune de ses questions. Pff, qu'il était bête. Il savait déjà ce qu'il voulait demander. Alors il prit une inspiration, entendant les rires des enfants en bas, dans les rues.

- Il y a eut ce soir, où on est allé mangé dans ce petit restaurant de ramens. Tu es soudainement parti quand j'ai commencé à parler de tes tentatives de suicide. J'aimerais savoir pourquoi.

Dazai se souvint alors de ce moment là, et il détournait le regard, un rictus sur le coin de la bouche. Il ne tardait pas à répondre, fidèle à sa parole.

- Je suis parti parce-que tu as dis que je n'avais pas de vraies intentions de me suicider. Tu as dis aussi qu'il était facile de se donner la mort, et que si je voulais vraiment mourir, ça aurait été fait depuis longtemps.

- Et alors ?

- Alors tu avais raison, répondit aussitôt le plus grand, Tu as réussi à comprendre, et je suis parti parce-que tu avais facilement lu dans ma tête à ce moment là.

Atsushi continuait de le regarder, comprenant petit à petit les choses de son point de vue.

- Ces suicides que je m'improvisent, c'est une façon de dégoûter le monde de se donner la mort.

Oui, ça paraissait évident maintenant. Atsushi fut soulagé d'apprendre ça, dans un sens. Alors après un instant de silence après cette réponse, le garçon poursuivit sa part du contrat.

- Je crois qu'il existe deux Dazai, dit-il soudainement en le regardant dans les yeux, Il y a le Dazai de la Mafia Portuaire, froid et insensible, qui paraît sans pitié et qui s'exécute cruellement. Et puis il y a le Dazai de l'Agence, celui que j'ai appris à connaître. Celui la, il est souriant, touchant, il prend soin des plus faibles et aime taquiner ses coéquipiers quand ça lui chante. Les deux Dazai sont très différents, et pourtant... Je n'arriverais pas à savoir lequel des deux est le vrai toi, lequel des deux... est juste un masque que tu portes pour cacher l'autre.

Osamu fut captivé par ce qu'il disait, le fixant alors que lui posait finalement sa question.

- Alors j'aimerais savoir, continuait Atsushi, Qui es-tu réellement ?

Le détective se raclait la gorge, et prit beaucoup plus de temps à répondre à cette interrogation que la première. Lui-même, ne connaissait pas vraiment la réponse.

- J'en sais rien, dit-il finalement après un long instant, Je crois... Je crois être un peu des deux, je suppose. Je suis bien cette personne que tu vois tous les jours, mais je suis aussi cette personne que tu as pu entrevoir. J'aimerais oublier cette horrible personne que j'ai été à l'époque, et c'est peut-être pour ça que je la cache aujourd'hui.

Il sourit.

- Tout le monde a des secrets, tout le monde a un passé. Tout le monde a des cotés de soi que l'on n'aimerait pas montrer. Je ne voulais pas que les membres de l'Agence, ou bien toi, voient ces côtés là.

Cette phrase, rendit un instant le plus petit en réflexion. Il repensait à tout ce que son supérieur venait de dire, détournant le regard. Il était un peu des deux, oui, il pouvait être dur comme il pouvait être réconfortant. Tout le monde était un peu comme ça, au fond. Dazai avait juste un passé plus lourd que la plupart de ces personnes. Atsushi soupirait, puis il regardait une nouvelle fois la ville éclairé de mille feux qui s'étalait devant eux. Ça faisait longtemps que le brun avait lâché ses mains, et le plus jeune se mit alors à les regarder, pliant puis dépliant ses doigts, entendant des cloches résonner dans les rues.

- Quelle est ta dernière question ?

Atsushi eut un hoquet de surprise. Il se raclait la gorge en y pensant, et il gardait pour cette fois-ci le regard détourné, observant le sapin un peu plus loin, hésitant à parler.

- Ce soir là, après la fête, commençait-il finalement à voix basse, J'ai...

Il ne savait pas comment formuler sa phrase. Il repensait à ce moment, où son visage était affreusement proche du sien, où la distance entre eux était restreinte à en mourir. Il se mordait la lèvre inférieure, et Dazai aussi comprit exactement où il voulait en venir. Il n'en fallait pas plus pour comprendre.

- Et donc ?

- J'aimerais bien savoir..

Il regardait ses mains, puis y alla le cœur net.

- Qu'est-ce qui se serait passé, si j'étais allé au bout de mon geste..?

Dazai l'observait, et il ne répondit pas. Du moins, pas immédiatement parce qu'il se mit à réfléchir. Il repensait à ce qu'il s'était passé, il repensait aussi à toutes ces choses qu'il avait pu ressentir. Il soupirait.

- Je n'en sais rien, finit-il par dire, Je n'en sais rien du tout.

Atsushi tournait la tête vers lui, l'observant alors que lui haussait les épaules tout en regardant face à lui.

- Va savoir, ah. On ne le saura peut-être jamais.

Cette réponse laissa Atsushi sur sa faim. Il baissait les yeux vers le sol, puis haussait à son tour les épaules.

- Oui. Sans doute.

- La question se pose donc de savoir..

Quand le garçon relevait les yeux, il croissait le regard de Dazai, lourd, intense. Il y avait un rictus joueur sur le coin de ses lèvres.

- Jusqu'où peut aller ta curiosité, Atsushi-kun ?

Il sentit son estomac se nouer à cette phrase. Dazai le fixait toujours avec ce même regard, ne le quittant pas des yeux, et Atsushi fit de même en plongeant dans ses iris. Il se pinçait la lèvre inférieure, le vent froid secouant leurs vêtements et leurs cheveux, la neige qui tombait recouvrant leurs mèches et formant un fin duvet blanc.

Et quand sa vue se brouillait par les lumières de la ville qui se reflétaient dans leurs yeux, Atsushi cessa enfin de réfléchir, se penchait soudain en avant en appuyant ses mains sur les tuiles, et il l'embrassait.

Fin.