Secrets et secondes chances
Disclaimer : Cette fanfiction appartient à Dragongirl16, et je ne fais que la traduire avec sa permission. Bien évidemment, rien ne m'appartient, et l'auteure Dragongirl16 ne se fait pas d'argent avec cette fanfiction. L'univers de Harry Potter appartient à J.K. Rowling.
Eh oui, vous n'en croyez pas vos yeux, mais il s'agit bien d'une update ! Le produit acharné de notre travail, à ma bêta Coralie et à moi.
C'est un peu comme un cadeau que je vous fais pour les fêtes : l'avant-dernier chapitre de cette fanfiction !
Pourquoi « avant-dernier », me direz-vous ? Eh bien parce que l'auteure n'a tristement pas ajouté de nouveau chapitre depuis janvier 2013… Je crains qu'elle ne le fasse jamais, et croyez bien que j'en suis la première peinée car si j'ai décidé de traduire cette histoire, c'est parce que je l'adore !
Comme d'habitude, je tiens à remercier ceux et celles qui ont reviewé le précédent chapitre, c'est toujours très motivant : Artemis, Morgane93, Karozthor the Necromagus, crystal of shadow, maud baudet, Lana, Poussy et le/la Guest. N'hésitez pas à commenter ce 7e chapitre, ça serait aussi précieux qu'un cadeau de Noël pour moi ! ;3
Bonne lecture et très bonnes fêtes de fin d'année à tous !
Chapitre 7
« Qu'est-ce qui se passe, ici ? »
Attiré par les cris de Pansy Parkinson, Argus Rusard se fraya un chemin à travers la foule des élèves. Lorsqu'il vit Harry et les autres, il recula, horrifié.
« Qu'est-ce que vous avez fait ?! Vous savez combien de temps ça va me prendre de…
– Argus ! » l'interrompit Dumbledore. Il venait tout juste d'arriver dans le couloir, suivi de plusieurs professeurs. Un instant plus tard, le vieux sorcier était passé devant Harry et avait détaché d'un sort la truie éventrée de la torchère.
« Merci aux Préfets de bien vouloir raccompagner leurs camarades dans leurs Maisons. Monsieur Potter et les autres, venez avec moi.
– Mais…
– Mon bureau est juste à côté, Monsieur le Directeur. Si vous souhaitez l'utiliser, intervint Lockhart d'un air empressé.
– Merci Gilderoy », dit Dumbledore.
Les élèves silencieux s'écartèrent pour les laisser passer. Lockhart emboîta le pas de Dumbledore, suivi des professeurs McGonagall et Rogue, puis de Harry et ses amis. Harry lança un regard noir à Pansy Parkinson, qui perdit son sourire narquois et recula d'un pas.
Lorsqu'ils entrèrent dans le bureau de Lockhart, un tourbillon de mouvementssur les murs fit sursauter Harry. Foutus réflexes de survie, pensa-t-il en secouant la tête. Il aperçut plusieurs Lockhart en peinture qui s'éclipsaient aussi vite que possible, les cheveux enroulés dans de gros bigoudis. Le vrai Lockhart alluma des bougies sur son bureau avant de se redresser.
La baguette de Dumbledore guida la truie éventrée sur le bureau au bois immaculé. McGonagall, Rogue et lui auscultaient soigneusement le cadavre, tandis que Harry se laissait tomber lourdement dans une chaise près d'un pupitre.
Les professeurs étaient tous penchés sur l'animal – tous, sauf Lockhart. Le professeur de Défense se tenait en retrait et papillonnait autour d'eux en faisant toutes sortes de commentaires :
« C'est un maléfice qui l'a tuée, j'en suis sûr – très certainement le sort de Torture Transmogrifienne – je l'ai vu tant de fois…
– Vous nous en direz tant…, marmonna Rogue sans lever les yeux.
– On dirait qu'une lame dentelée a été utilisée. Je ne sais pas si on peut considérer que c'était une chance que la truie ait été stupéfixée avant d'être coupée en deux. Si elle avait été vivante, nous n'aurions pas pu identifier l'arme. » La voix de McGonagall était neutre, dépourvue du moindre sentiment et elle fit tressaillir Harry – ça lui rappelait la guerre, les deux guerres, quand McGonagall aidait Pomfresh et les autres et que…
Arrête d'y penser, se sermonna Harry. Il remarqua qu'il s'était mis à trembler, et qu'il n'arrivait pas à s'en empêcher.
« … Je me rappelle que quelque chose de similaire s'est produit à Ouagadougou, commenta Lockhart. Une succession d'attaques… L'histoire complète est incluse dans mon autobiographie. J'avais réussi à trouver des amulettes pour protéger tous les villageois, ce qui a tout réglé d'un coup…
– Lockhart, le coupa sèchement Rogue. Fermez-la. »
Le vrai Lockhart, ainsi que toutes ses représentations en peinture, fixèrent l'homme d'un air ahuri. Lockhart referma sa bouche après une poignée de secondes, et lança à Rogue un furtif regard courroucé. Harry cligna des yeux lentement. Comme c'est bizarre…
« Harry ? l'appela Hermione en s'accroupissant devant lui. Est-ce que ça va ?
– Oui, oui, ça va, répondit-il avec difficulté.
– Ah ça, ça va, hein ? dit Rusard depuis le seuil du bureau. Vous avez fait une belle bêtise, en donnant une frayeur à tout le mon…
– Aucun élève de deuxième année n'aurait réussi à faire ça, assura Dumbledore en s'éloignant du cadavre.
– Mais c'est lui ! Il est couvert de sang et on l'a trouvé juste en face du corps !
– Si c'est un maléfice qui a fait ça, il s'agit alors de magie noire particulièrement complexe, expliqua Dumbledore en fixant Rusard du regard. Cependant, je pense que cette… boucherie a été faite manuellement. Comme vous pouvez le voir, Potter n'aurait jamais été capable de soulever le corps de la truie, et encore moins de l'immobiliser assez longtemps pour la tuer.
– Mais… mais…
– Elle a été tuée dans le couloir, dit Harry qui sentait son esprit s'embrumer comme s'il était emmitouflé dans du coton.
– Harry ?
– Le sang était encore chaud, quand je suis tombé dedans, précisa-t-il en frissonnant. Le sang, ça ne reste pas chaud très longtemps, quand on meurt. »
Rogue poussa Hermione pour prendre sa place devant Harry.
« Monsieur Potter », dit-il en claquant des doigts devant son nez. Harry ne cligna même pas des yeux.
Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai vu bien pire, ça ne devrait même pas m'atteindre… Alors pourquoi…
« Potter ! insista Rogue en lui secouant l'épaule.
– Severus, fit McGonagall sur un ton d'avertissement.
– Que faisiez-vous dans le couloir, monsieur Potter ?
– Monsieur, on était…
– Tais-toi, Drago.
– Mais…
– La fête d'anniversaire de mort de Nick », répondit Harry d'une voix monotone. Reprends-toi, idiot ! Il fronça les sourcils et essaya de se soustraire à la main de Rogue sur son épaule.
« Une fête d'anniversaire de mort ? répéta Dumbledore.
– Et pourquoi n'êtes-vous pas allé ensuite au festin de l'école ? demanda Rogue.
– Il y avait un bruit, justifia Hermione. Harry était au début le seul à l'entendre, puis moi aussi après qu'il m'ait dit…
– Un bruit ?
– Un sifflement. Comme un gros serpent, c'est ce qu'a dit Harry, expliqua Neville.
– Potter ? appela Rogue en lui secouant à nouveau l'épaule.
– Arrêtez ça », dit Harry en grimaçant. Il avait l'impression que l'air était devenu aussi épais que de la pierre. « Je n'aime pas me faire secouer. »
Il vit Rogue froncer des sourcils, puis son regard se porter sur sa robe.
« Vous êtes couvert de sang, Potter.
– Je sais, acquiesça Harry en clignant lentement des yeux, ses yeux de plus en plus lourds. Mais ça part au lavage.
– Monsieur, je crois que Harry ne va pas bien… » s'inquiéta Hermione en se tournant vers Dumbledore.
Rogue prit les mains de Harry dans les siennes et les examina.
« Fichtre, il a les paumes couvertes de coupures, murmura-t-il.
– Alors c'est lui le coupable ! s'écria Rusard.
– Non, pauvre imbécile, grogna Rogue. Ça veut dire que le sang de la truie s'est mélangé à celui de Potter. S'il y avait un maléfice ou un poison dans son sang…
– Oh par Merlin ! s'exclama McGonagall.
– Hors de mon chemin ! » tonna Rogue.
Et, avant qu'il ne puisse réagir, Harry se retrouva dans les bras du Maître de Potions, qui le portait en courant vers la porte.
Qu'est-ce qui se passe, putain ?
« Attention à votre langage, Potter.
– J'ai dit ça à voix haute ?
– Oui.
– Merde.
– Normalement je vous retirerais des points, Potter, mais le règlement de l'école interdit de punir un élève sous l'influence d'une potion ou d'un sort.
– Tant mieux pour moi, alors…
– Taisez-vous maintenant, petit idiot. »
Harry sentait qu'il perdait peu à peu le contrôle de son corps. Est-ce que c'est une drogue ? Par Merlin, la dernière fois… Il mit immédiatement fin à sa pensée, ne sachant pas s'il la formulait à voix haute ou non. D'un coup, les murs du château se mirent à tourner et Harry s'agrippa au vêtement de Rogue. Qu'est-ce qui se passe ?
Il avait fermé ses yeux et sentait une crise d'angoisse le saisir à l'instant même où ils arrivèrent à l'infirmerie. Il entendait des voix paniquées en fond sonore – on aurait dit Neville et Drago. Harry restait cramponné à la robe de Rogue – c'était important. Quelque chose… Il ne s'en rappelait plus, mais Rogue était là, et Rogue… C'était… Mais il n'avait jamais… Rogue détestait Harry et…
D'un coup, tout devint noir.
Le réveil fut particulièrement dur. Harry frissonna. Il avait l'impression d'avoir été passé au mixeur.
« Harry ? »
Il ouvrit un œil et vit Théo penché au-dessus de son lit. Derrière lui, Hermione était avachie dans un fauteuil, assoupie. Beaucoup de lits autour de lui étaient occupés, tous par des élèves.
« Qu'est-ce que… », commença-t-il d'une voix rauque, mais la douleur dans sa gorge l'empêcha de continuer.
Pomfresh arriva à son chevet avant que Théo n'ait pu prendre la parole. L'infirmière lui lança de nombreux sorts, et à chaque nouveau sort son visage semblait se détendre légèrement.
« C'est beaucoup mieux ! annonça-t-elle enfin. La potion de Severus a fonctionné. Prenez ça et ça, dit-elle en mettant dans les mains de Harry deux petites fioles. Tout de suite ! Je dois en parler à Severus. » Puis elle quitta l'infirmerie.
Harry la suivit du regard quelques instants, ébahi, avant de reporter son attention sur Théo lorsque celui-ci se mit en tête de lui faire avaler les potions de force. Harry l'en dissuada et les but cul-sec, en grimaçant à chaque fois. Leur goût était ignoble.
« Harry ? appela doucement Hermione, qui s'était réveillée quand Mme Pomfresh était venue.
– Ouais, répondit-il en se servant un verre d'eau.
– Oh, merci Merlin… !
– Qu'est-ce qui s'est passé ?
– Il y avait du poison dans le sang, dit Hermione dont les yeux étaient creusés et cernés. Si quelqu'un en a sur soi, ça l'affecte.
– L'affecte ?
– Les gens ont commencé à devenir fous, expliqua Théo. Des élèves ont marché dans le sang par accident. Il y a eu une grosse bagarre à Gryffondor et des Serpentard ont reçu des maléfices.
– Quoi ?!
– C'était horrible, murmura Hermione en se penchant vers lui. Même le professeur Rogue a été affecté, mais il avait juste un air bizarre et a concocté un antidote. Il a dit que c'était un "poison merdique particulièrement foiré" et plein d'autres gros mots que je suis sûre qu'il n'aurait pas dit en temps normal. »
Harry cligna des yeux.
« Et moi… Est-ce que j'ai dit quelque chose ? »
Hermione lança un regard à Théo, qui détourna la tête.
« Pas… Pas vraiment.
– Hermione.
– Rogue a dit que… Eh bien, il a dit plein de choses, commença-t-elle en baissant la tête. Mais il a surtout dit que comme tu t'étais éraflé les paumes en tombant par terre, le poison foiré avait eu plus d'impact sur toi.
– Plus d'impact ?
– Tu as beaucoup vomi, dit Théo en haussant les épaules. Et crié. Tu répétais tout le temps "Pas encore, pas encore…" et… », il s'interrompit en se mordant la lèvre.
Bordel. Harry ferma les yeux pendant un long moment.
« Qu'est-ce que j'ai dit d'autre ? fit-il en les regardant à nouveau.
– Juste que… Tu devais le trouver, tu devais l'arrêter, continua Théo en fixant les couvertures du lit. Tu n'arrêtais pas de dire qu'on n'était pas en sécurité et qu'on devait faire attention et ne pas le regarder. C'est tout.
– Tu étais drogué, Harry, dit Hermione d'un ton qu'elle voulait rassurant tout en lui prenant la main. Beaucoup de gens déliraient. Ce n'est pas grave. »
Harry dut détourner le regard. Il aperçut ainsi Rogue dans l'entrée, en train de l'observer. Harry sentit son estomac faire un saut périlleux arrière et baissa les yeux tandis que l'homme s'avançait vers lui. Au moins je n'ai pas tout révélé. Il soupira longuement. Par Merlin, qui sait ce qu'il se serait passé, dans ce cas…
Mais… « Un poison foiré ? » ne put-il s'empêcher de demander en regardant Hermione, à l'instant même où le Maître des Potions atteignait son lit.
« Oui, répondit Rogue avant la jeune fille. La personne qui a éventré cette truie en a également empoisonné le sang. Une façon de semer la panique par attaque surprise. Êtes-vous sûr de n'avoir vu personne sur les lieux à votre arrivée, Potter ? »
Harry se mordit la lèvre, indécis. Ginny n'aurait jamais pu faire ça. « Je n'ai vu personne, désolé. J'étais… C'était juste là quand j'ai tourné dans le couloir et je m'attendais à un serpent ou à un autre animal de ce genre, pas à une personne ou à, euh, ça.
– Vous en êtes bien sûr ? insista Rogue, dont le froncement de sourcils était de plus en plus prononcé.
– Oui, monsieur. Je suis désolé, monsieur. »
Rogue évacua ses excuses d'un geste impatient de la main. « Vous dites que vous vous attendiez à un serpent ? »
Harry échangea un regard avec Hermione. « Oui, monsieur.
– Vous l'avez entendu tous les deux ? »
Harry hésita. « Oui, monsieur.
– Potter.
– C'était vraiment un sifflement comme un serpent, Professeur », mentit Hermione avec affront. Harry la regarda en masquant difficilement sa surprise.
Rogue leur lança un regard noir. « Un serpent », répéta-t-il.
Harry ne put qu'hocher la tête et hausser les épaules en signe d'assentiment. Peut-être qu'avec cette information les professeurs vont gérer le problème au lieu de me laisser me débrouiller. Curieusement, l'idée ne le rassurait pas vraiment.
Mme Pomfresh le laissa partir à l'heure du déjeuner. Durant ce laps de temps, Rogue revint plusieurs fois pour le fixer du regard et lui poser des questions auxquels Harry ne pouvait pas – ou ne voulait pas – répondre.
Lorsqu'Harry appris que Drago et Neville avaient également été admis à l'infirmerie, il n'eut plus envie d'en partir. Les deux garçons avaient eu une réaction plus forte au sang empoisonné que les autres car ils avaient aidé Harry à se relever et l'avaient guidé dans le bureau de Lockhart – mais l'antidote de Rogue avait fait un travail rapide et efficace sur tous les élèves affectés.
« Tout va bien, Harry, lui dit Drago. On sera sortis plus vite que toi. »
Les choses ne se passèrent pas vraiment ainsi : comme l'apprit Harry, Rogue lui avait donné la première version de l'antidote. Dans son intégralité.
« Et heureusement ! s'exclama Hermione tandis qu'elle l'accompagnait jusqu'à la salle commune de Gryffondor. S'il t'en avait donné moins, Pomfresh a dit que tu risquais de tomber dans le coma. »
Harry grimaça, mais n'ajouta rien de plus.
Les nouvelles doses d'antidote que concocta Rogue fonctionnèrent à merveille. Neville fut amené dans le dortoir par Hermione juste après le dîner.
Pendant plusieurs jours, on ne parla plus que de ce qui c'était passé ce soir-là dans le couloir. Rusard était alité avec les élèves, aussi le message ensanglanté resta sur le mur. Hermione, quant à elle, était plongée dans les livres. Harry, qui avait été son ami durant des décennies, reconnut facilement son « mode recherche ». Ça rendait Ron fou à chaque fois, se remémora Harry avec un petit sourire triste. À vrai dire, c'était un de leurs sujets de dispute principaux.
Ron – et ça, Harry l'avait compris sur le tard – était la copie conforme de sa mère concernant les traditions et la famille. Ron avait cru qu'Hermione quitterait son travail au Ministère à la naissance de leur premier enfant. Elle avait effectivement pris un congé maternité, mais était retourné à son bureau dès que cela avait été possible. Elle était une mère formidable, répétait constamment Harry à son ami. C'était Hermione. Elle était, par définition, géniale. Elle pouvait tout faire.
Mais Ron, lui, n'était pas d'accord.
Qui sait si ces deux-là vont finir ensemble, cette fois-ci… Harry réprima un soupir plein de déception. Puis un frisson le parcourut. Par Merlin ! S'ils ne sont pas ensemble, alors qu'est-ce qui arrivera à Hugo et Rose, et… Il se mordit la lèvre en se forçant à inspirer longuement. Rappelle-toi ce qu'a dit Ollivander, Harry. Toutes les âmes vivront de nouveau. Ils vivront, et peut-être… Peut-être que Ron et Hermione seront en couple, et seront bien leurs parents. Même si ça n'est pas le cas, ce n'est pas la peine de désespérer – du moins, pas encore.
Les cours se déroulèrent comme d'habitude. La plupart des élèves furent sortis de l'infirmerie à la fin du week-end. Rogue était par ailleurs constamment sur le dos d'Harry en cours de Potions, le retenant souvent à la fin du cours pour nettoyer des bureaux ou ranger des fioles, selon le prétexte trouvé ce jour-là.
Les autres élèves se comportaient différemment avec Harry, eux aussi. Encore. Il fronça des sourcils, faisant fuir par la même occasion une poignée de Poufsouffle de première année. Vraiment génial, bon sang ! soupira-t-il intérieurement. Encore plus de rumeurs vont se répandre maintenant, j'en suis sûr.
Hermione, Neville, Drago et Théo faisaient partie des rares personnes qui le traitaient comme avant. Pansy Parkinson, d'après ce qu'Harry avait entendu dire par ses amis, était devenue la petite reine des filles de deuxième année. Drago ne voulait pas vraiment parler d'elle, Théo ne l'appréciait pas et Hermione avait été curieusement silencieuse à son sujet. Pansy a toujours été une petite brute, se dit Harry. Peut-être qu'elle a fait des misères à Hermione et Neville pendant que j'étais inconscient. Prendre les gens en embuscade pour les humilier a toujours été son modus operandi. Je suis persuadé que c'est toujours le cas.
Malgré tout, Harry pensait que c'était Hermione qui allait parler de la Chambre des Secrets en cours d'Histoire de la magie – mais ce ne fut pas le cas : Théo prit les devants.
« La Chambre des Secrets ? répéta Binns en clignant des yeux plusieurs fois d'un air ahuri, clairement peu habitué à ce qu'un élève prenne la parole dans son cours. Je donne des cours sur l'histoire de la magie, M. Nott. Je m'occupe de faits, pas de mythes ou de légendes », dit-il d'une voix sifflante.
Harry n'avait jamais vu le fantôme parler avec tant d'animation.
« Mais monsieur, insista Théo, les légendes ne sont-elles pas toujours fondées sur des faits ?
– On peut en discuter, c'est sûr…, répondit-il d'une voix lente. Mais la légende dont vous parlez est tellement extravagante, tellement ridicule…
– S'il vous plaît, professeur ? » intervint Hermione.
Binns semblait stupéfait devant l'intérêt soudain que lui manifestaient les élèves.
« Eh bien, soit…, dit-il. Voyons… Que pourrais-je vous dire sur la Chambre des Secrets ? Comme vous le savez tous, Poudlard a été fondé il y a plus de mille ans – la date précise n'est pas connue – par les quatre plus grands mages et sorcières de l'époque. Les quatre maisons de l'école portent leurs noms : Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Salazar Serpentard. Ils ont bâti ce château ensemble, hors de la vue des Moldus, car en ce temps-là, les gens du peuple avaient peur de la magie et les sorciers subissaient de terribles persécutions. »
Il fit une pause, remarqua le regard avide des élèves, et continua :
« Pendant quelques années, les fondateurs de l'école travaillèrent ensemble dans une parfaite harmonie. Ils recherchaient les jeunes gens qui montraient des dons pour la magie et ils les faisaient venir au château pour assurer leur éducation. Mais peu à peu, des désaccords apparurent. Un conflit éclata entre Serpentard et les autres. Serpentard voulait qu'on se montre plus sélectif dans le choix des élèves admis à Poudlard. Il pensait que le savoir magique devait être réservé aux familles de sorciers et à elles seules. Il ne voulait pas prendre d'élèves nés de parents moldus car il estimait qu'on ne pouvait pas leur faire confiance. Au bout d'un moment, une grave dispute à ce sujet opposa Serpentard à Gryffondor, et Serpentard finit par quitter l'école. »
Le professeur fit une nouvelle pause.
« Voilà ce qu'on peut dire à partir de sources historiques dignes de foi, reprit-il. Mais ces faits authentiques ont été obscurcis par la légende hautement fantaisiste de la Chambre des Secrets. D'après cette légende, Serpentard aurait aménagé une salle cachée dans le château, une salle dont les autres ne connaissaient pas l'existence. Serpentard aurait ensuite scellé l'entrée de la Chambre des Secrets de telle sorte que personne ne puisse l'ouvrir jusqu'à ce que son authentique héritier arrive à l'école. Seul l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir d'ouvrir la Chambre et d'utiliser la chose horrible qu'elle contient pour chasser de l'école ceux qui ne seraient pas dignes d'étudier la magie. »
En y repensant, se dit Harry la tête appuyée sur une main, la paranoïa de Serpentard avait de solides fondements. Les élèves Né-Moldus avaient des parents qui ne pratiquaient pas la magie, et à l'époque c'était dangereux d'être un sorcier. Au final il a eu tort, bien sûr, mais les Serpentard ont toujours eu un très bon instinct de survie.
« Monsieur, dit alors Hermione, qu'est-ce que vous entendez exactement par la "chose horrible" qui se trouverait dans la Chambre des Secrets ?
– Ce serait une sorte de monstre que seul l'héritier de Serpentard aurait le pouvoir de faire obéir. »
Les élèves échangèrent des regards inquiets.
« Mais je puis vous l'assurer : cette chose n'existe pas. Il n'y a ni monstre, ni Chambre des Secrets.
– Mais monsieur, objecta Seamus Finnegan, si la Chambre ne peut être ouverte que par l'héritier de Serpentard, il est normal que personne d'autre ne soit capable de la trouver, non ?
– Absurde ! répliqua le professeur Binns d'un ton excédé. Si les directeurs et directrices de Poudlard qui se sont succédés au cours des siècles n'ont rien découvert…
– Mais, professeur, il faut sans doute connaître la magie noire pour l'ouvrir, fit remarquer Parvati Patil.
– Ce n'est pas parce qu'un sorcier ne se sert pas de la magie noire qu'il ne la connaît pas, répliqua Binns. Si des gens comme Dumbledore…
– Mais peut-être qu'il faut faire partie de la famille de Serpentard pour y arriver, et donc, Dumbledore…, commença Dean Thomas.
– Ça suffit ! dit sèchement le professeur Binns, qui en avait assez. Je vous répète qu'il s'agit d'un mythe ! Ça n'existe pas ! Il n'y a pas l'ombre d'une preuve que Serpentard ait construit ne serait-ce qu'un placard à balais secret dans ce château. Je regrette de vous avoir raconté une histoire aussi stupide. Et maintenant, si vous le voulez bien, nous allons retourner à l'histoire, c'est-à-dire à des faits établis et vérifiables ! »
Le problème avec l'histoire, se dit Harry en s'avachissant dans son siège, c'est qu'elle est principalement écrite par les vainqueurs. Comment peut-on affirmer détenir une vérité vérifiable alors qu'elle ne provient que d'un seul point de vue ?
Harry fut incapable de se concentrer durant le reste du cours.
« J'ai toujours su que ce Salazar Serpentard était un vieux fou complètement tordu », dit Ron à ses amis en sortant du cours d'Histoire de la magie. Harry attrapa Drago par le bras pour l'empêcher de poursuivre Ron.
« Laisse tomber, lui conseilla-t-il.
– Facile à dire pour toi, c'est pas le fondateur de ta Maison qu'il vient d'insulter ! » répliqua avec colère Drago en se dégageant d'Harry, avant de s'éloigner rapidement. Théo courut derrière lui pour le rattraper.
« Eh bah, fit Hermione.
– Comme tu dis », soupira Harry en s'adossant à un mur avec Neville.
Ils regardèrent la foule d'élèves passer devant eux. « Allons déposer nos affaires au dortoir », suggéra-t-il.
Colin Crivey apparut alors dans la foule des élèves qui se pressaient dans le couloir.
« Salut, Harry !
– Salut, Colin, répondit Harry machinalement.
– Harry, il y a un type dans ma classe qui a dit que tu es l'héritier… »
Mais Colin était trop petit, il ne pouvait pas résister à la marée des élèves qui l'entraînait en direction de la Grande Salle. Il fut emporté en ayant tout juste le temps de lancer d'une petite voix aigüe : « À plus tard, Harry ! »
« Les gens pensent que tu es l'héritier ? s'étouffa Neville.
– Ridicule ! » s'exclama Hermione.
Harry haussa les épaules.
« Tu crois vraiment qu'il existe une Chambre des Secrets ? demanda Neville à Hermione tandis qu'ils atteignaient la tour Gryffondor.
– Je ne sais pas, répondit-elle, les sourcils froncés. Dumbledore aurait dû la trouver depuis le temps, si elle existe vraiment. Mais… Il n'a pas su comment faire disparaître le maléfice qui était dans… dans le sang, alors ça signifie que la personne qui a fait ça est très puissante. »
Bientôt, ils se retrouvèrent au bout du couloir où le meurtre de la truie s'était produit. Les mots étaient toujours inscrits sur le mur, le sang était devenu brunâtre et avait goutté sur le sol.
« Bon, dit Hermione d'une voix faible, ça ne peut pas faire de mal de jeter un coup d'œil, non ?
– Hermione, stop, l'endroit est interdit d'accès, intervint Harry en la retenant par un pan de tissu. Et si le maléfice avait laissé un résidu sur place ? Je ne veux pas que tu tombes malade.
– Mais…
– Pourquoi est-ce que le sol est trempé ? grimaça Neville. Ça vient de là, continua-il en désignant une porte.
– Là ? Ah, ce sont les toilettes des filles qu'hante Mimi Geignarde, fit Hermione avec une moue. Personne n'y va jamais. Allez, venez. On va demander à Mimi si elle a vu quelque chose !
– Arrêtez-vous tout de suite ! » tonna Percy Weasley avant qu'ils n'aient pu faire un pas. Harry sursauta et se retourna.
« Qu'est-ce que vous fichez ici ? Vous n'avez pas vu que l'endroit est condamné ? C'est contaminé ! Maintenant suivez-moi, la dernière chose dont Gryffondor a besoin c'est qu'on vous voie à nouveau ici tous les trois… »
Hermione ne répliqua pas face à la réprimande de Percy. Harry les suivit silencieusement, en jetant de temps en temps un regard en arrière vers les toilettes. Serpentard avait un sens de l'humour sacrément tordu. Il secoua la tête et s'activa pour rattraper les autres.
« Mais qui ça peut bien être ? lança soudainement Hermione durant leur séance de travail quotidienne dans la librairie.
– De quoi tu parles ? » demanda Théo en abaissant son livre. Drago n'avait toujours pas adressé la parole à Harry depuis l'autre fois, malgré le fait qu'Harry se soit excusé et lui ait dit qu'il n'avait pas voulu insulter la Maison des Serpentard.
« L'héritier, dit Hermione en levant les yeux au ciel. D'après la rumeur, ce serait Harry. »
Drago eut un petit rire moqueur.
« Mais on sait tous que c'est n'importe quoi.
– Le professeur Rogue a dit que la truie avait été stupéfixée avant d'être dépecée, rappela Théo en plissant les yeux. Qui dans l'école serait capable de faire ça ?
– Ou qui le voudrait ? fit Hermione en tapant des doigts sur son livre. Cette personne doit vraiment haïr les Nés-Moldus pour avoir tué une pauvre bête sans défense en avertissement, non ?
– Non, révéla Harry tout en continuant à garder les yeux rivés sur sa rédaction. Il y a des gens qui haïssent, juste comme ça. Ils haïssent tout et tout le monde, eux-mêmes inclus. Il y a des gens qui ont envie que les autres souffrent autant qu'eux. La haine est rarement logique.
– Harry…, dit doucement Hermione.
– Tu ne vas pas accuser tous les Serpentard, alors ? lança Drago, lui adressant enfin la parole.
– Non, répondit Harry en levant les yeux au ciel. Je pense que ces définitions catégoriques des Maisons sont stupides. Nous avons tous des traits de caractère qui correspondent aux Maisons. Et chaque Maison a ses forces et ses faiblesses. Ce n'est pas parce que l'héritier est censé provenir de la lignée de Serpentard qu'il n'a pas fini à Poufsouffle. »
Théo ricana. Drago reposa son stylo.
« Il y a plein de gens qui n'aiment pas les Nés-Moldus, dit-il en fronçant les sourcils avant de tourner son regard vers Hermione. Dans toutes les Maisons, pas uniquement à Serpentard.
– C'est vrai, confirma Harry. Tout comme il y a des gens dans chaque Maison à qui ça ne pose pas problème.
– Exact, approuva Drago.
– Il y a plein de possibilités, reprit Harry en fronçant des sourcils devant son parchemin. Déterminer si la rumeur est fondée ou non est impossible sans faits concrets et plus d'informations.
– Plus d'informations…, répéta Hermione. À votre avis, est-ce que la Réserve de la bibliothèque pourrait contenir des livres sur les maléfices et poisons utilisant du sang ?
– La Réserve ? Il faut une autorisation d'un professeur pour y accéder, rappela Théo.
– Oui, oui, je sais, dit Hermione avec un petit geste impatient de la main. Mais tu penses qu'on y trouverait ce genre de livres ? »
Harry vit les deux Serpentard échanger un regard.
« Probablement, finit par dire Drago.
– Hummm, fit Hermione d'un air particulièrement concentré.
– On ne réussira jamais à avoir l'autorisation du professeur Rogue, dit Théo. Même Drago n'y arriverait pas ! Le professeur voudrait qu'on lui confie le livre quand on n'est pas en train de l'utiliser, puis il nous ferait écrire une dissertation sur l'excuse qu'on aurait trouvée pour l'emprunter… Et ça c'est sans compter sur la possibilité qu'il découvre immédiatement ce qu'on manigance.
– Tu as raison, murmura Hermione. On va devoir faire sans Rogue… » Elle tapota ses doigts sur son livre quelques instants avant de secouer la tête. « Je vais y réfléchir. »
Harry vit Théo cligner lentement des yeux, l'air dubitatif.
« Comme si un professeur allait tomber dans le piège d'un Gryffondor.
– Tu verras.
– Oh, j'y compte bien ! »
Harry rit silencieusement en secouant la tête. Il n'arrivait toujours pas à savoir si l'amitié entre Théodore Nott et Hermione Granger était une bonne chose ou non.