Je conduisais depuis des heures. J'étais excitée de vivre dans une nouvelle ville. Excitée et effrayée. J'avais passé toute ma vie à la Nouvelle-Orléans. J'aimais tout dans cette vi!le. Les beaux paysages comme les endroits étranges. Les fanfares de rue et le quartier français.

Seulement, j'avais envie d'autre chose. Je ne voulais pas rester fixée au même endroit pour toujours. Après tout, je ne laissais rien ni personne derrière moi. Mes parents n'étaient plus là et j'étais fille unique.

Je n'avais que très peu de souvenirs de ma mère et il étaient flous. Je l'avais perdue dans un accident de voiture quand j'avais quatre ans. Mon père m'a élevée seul jusqu'à mes seize ans. Lorsqu'il est mort d'une rupture d'anévrisme, j'ai été placée en foyer jusqu'à mes dix-huit ans.

C'est dans ce foyer que j'ai rencontré mon meilleur ami, Thomas Grayson. C'est chez lui que je me rendais actuellement, à Gotham. Quand je lui avais fait part de mon envie de déménager, il m'a proposé de vivre en colocation avec lui, ce que j'ai rapidement accepté.

Je savais ce qui se passait dans cette ville. Les crimes, la peur et la psychose qui y régnait. J'aurais dû être rebutée par cela et je l'étais un peu mais j'avais malgré tout décidé d'y vivre pendant un moment.

Sentant la fatigue me gagner, je décidai de passer la nuit dans un motel. Si je repartait demain matin, j'arriverai à Gotham pendant la soirée. Après m'être garée, je prit mon sac et entrait.

Je vit un vieil homme à l'accueil et me dirigeait vers lui.

_ Bonsoir. J'aimerai une chambre pour cette nuit s'il vous plaît.

Il me toisait étrangement puis se tournait pour choisir une clé sur le tableau derrière lui.

_ Chambre 4.

_Merci. Dis-je poliment.

Je prit la clé et quittait vite le hall lugubre.

La chambre était ce qu'il y avait de plus simple. Un lit, une table de chevet, un petit frigo, un vieux poste de télévision et une table collée au mur. Je jetais un rapide coup d'œil à la salle de bain qui était très basique. Cette chambre m'allait très bien, je n'avais pas besoin de p!us.

Je prenais soin de fermer la porte à double tour avant de me poser tranquillement. Je sortais mon téléphone et appelait Thomas.

_ Allô ?

_ C'est moi. Tu va bien ?

_ Ah Norah. Oui ça va et toi ? Tu arrive quand ?

_ Je serai sûrement là demain soir. Je me suis arrêtée pour dormir, je ne tiens plus debout.

_ Je serai au travail demain soir. Passe au club pour récupérer les clés.

Sa voix s'était légèrement tendue.

_ D'accord. Tu est sûr que tu veux toujours que je vienne chez toi ?

_ Mais oui. J'ai hâte de te voir.

Nous restons encore quelques minutes à discuter puis je raccrochait. J'allumai la télé et me couchait totalement habillée. J'étais si épuisée que je n'avais pas la force de me changer.

Je fermais les yeux quand j'entendais un journaliste parler du braquage d'une banque à Gotham.


Je prit rapidement ma douche et enfilait un Jean et un débardeur noir tout simple. Je m'étais levée plus tard que prévu. Je me dépêchait de ranger mes affaires et sortait de la chambre.

Je rendait les clés au viel homme en !ui souhaitant une bonne journée et courait presque jusqu'à ma voiture. J'envoyai un texto à Thomas pour lui dire que j'arriverai assez tard puis prit la route.

Il était presque une heure du matin quand j'arrivais à Gotham. L'atmosphère de la ville était sombre, palpable. Je mit vingt minutes à trouver le club où travaillait Thomas.

Il y avait une foule de personne devant l'entrée. Je renvoyais un message à mon ami pour lui dire que j'étais devant. Je me postait à côté de la file pour voir s'il allait sortir. Au lieu de çà, le videur me regardait et me fit signe d'avancer.

_ Ne restez pas longtemps à l'intérieur. Dit-il d'une voix dure.

Je rentrait dans le club et me tordait les mains nerveusement. Extravagant était le mot qui convenait le mieux à cet endroit. Les lumières, les gens. Il y avait des filles qui dansaient sur des podiums et d'autres sur:la piste. Je comprenais pourquoi je n'étais pas censée rester longtemps. Je n'avais pas vraiment la tenue adéquate. Et je ne l'aurais jamais. Je n'étais pas du genre à me trémousser à moitié nue.

Je me dirigeais vers le bar et trouvait Thomas. Il n'avait pas vraiment changé. Toujours cette masse de cheveux noirs et ces yeux verts perçants. Il eut un grand sourire en me voyant arriver. Mourant, il y avait une certaine appréhension dans son regard.

_ Norah ! Je suis content de te revoir.

Il fouillait dans sa poche et sortit deux clés qu'il me tendait. Celle de:son immeuble et celle de son appartement.

_ Rentre maintenant. Nous discuterons demain, d'accord ?

Je hochait la tête. Clairement, je n'avais pas ma place ici et je ne voulais pas lui attirer d'ennuis. Je me dirigeais vers la sortie et soudain quelqu'un se plantait devant moi. Ne l'ayant pas vu arriver, je lui fonçait droit dedans.

_ Pardon. Dis-je embarrassée.

Je levait les yeux et mon cœur s'emballait soudainement.

Il avait les cheveux verts, les dents en argent, des tatouages sur le visage et ses yeux étaient bien plus perçants que ceux de Thomas. Il n'était pas beau, loin de là. Il était effrayant et sa folie apparente l'était encore plus.

_ Puis-je savoir qui tu est et ce que tu fais dans mon club ?

Son club ? Je comprenais la nervosité de Thomas maintenant. Il avait oublié de mentionner qu'il travaillait pour le Joker. Car c'était le Joker qui se tenait juste devant moi.

_ Je suis désolée, j'avais besoin de récupérer quelque chose. Je ne vais pas rester.

Je me félicitait d'avoir empêcher ma voix de trembler.

_ Cela ne me dis pas qui tu est.

Il avait la voix la plus grave que j'avais jamais entendue. Si elle ne !ui appartenait pas, je la trouverais particulièrement belle.

_ Je m'appelle Norah Adams. Je viens juste d'arriver en ville.

C'était peur dire. J'étais là depuis à peine une heure.

_ Et que viens-tu faire à Gotham ?

_ Rien de spécial. J'avais envie de changer de ville.

_ Et tu a choisi cette ville entre toutes ?

_ Mon ami vit ici. C'est pour cette raison que j'ai choisi cette ville.

Je devrais sûrement lui mentir. Mais quelque chose me disait qu'il le saurait tout de suite et qu'il n'apprécierait pas. Ses yeux transperçaient les miens. Je voulais sortir d'ici.

_ Alors bienvenue à Gotham ma chère.

Il prit ma main et y déposait un tendre baiser. Il se retournait et me laisser seule. Je poussai un soupir de soulagement. Je me retenais de courir jusqu'à dehors.

Je démarrait ma voiture et roulait jusque chez Thomas. Je n'en revenait pas qu'il ne m'ait pas parlé du Joker. Si j'avais su, j'aurais attendu toute la nuit dans ma voiture ou même devant sa porte. Tout pour éviter de m'approcher d'un criminel dangereux.

Je ne réalisai toujours pas que j'avais rencontré cet homme. Je l'avais vu souvent aux informations, dans les journaux. Il était dangereux. Cinglé et dangereux. Je tentai de me calmer en me disant que je ne le reverrait jamais. Je n'irais plus jamais dans ce club. Je devais admettre qu'il ne m'avait rien fait de mal. Il m'a juste demandé ce que je faisais là, étant le propriétaire c'était son droit. Et il s'était montré courtois voir élégant envers moi.

La sensation de ses lèvres brûlait encore ma peau. Il était impressionnant physiquement. En plus de son look très atypique, il était très grand et plutôt musclé. J'étais déjà minuscule mais alors à côté de lui. Je !ui arrivai au niveau du torse.

J'entrai chez Thomas et m'installait dans la chambre qu'il m'avait arrangé. Son appartement était très sobre mais accueillant. C'était sans aucun doute un appartement d'homme. Je posai mon sac sur mon lit et m'assayais.

Le choc que m'avait provoqué ma rencontre avec le Joker m'avait enlevé toute fatigue. Je sortais lentement mes affaires. C'était surtout des vêtements et mes affaires de travail.

Je travaillais depuis trois ans comme traductrice. Je parlais l'anglais aussi bien que le français. J'ai grandi en passant beaucoup de temps dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans. Mon boulot consistait surtout à traduire des textes. Pour des dossier, des contrats. Il m'arrivait parfois de servir d'interprète mais c'était rare. Ce que j'aimais dans mon travail c'est que je pouvais travailler chez moi. J'avais évidemment une date à tenir mais je n'avais pas d'horaires de bureau.

J'avais quelques dossier à traduire et à rendre dans les semaines qui venaient. Je profitais de mon énergie pour commencer tout de suite. Cela m'occuperait en attendant Thomas.

Je sursautait quand la porte d'entrée claquait. Il était cinq heures du matin. Je me levait et le rejoignait.

_ Norah ? Tu n'est pas encore couchée ?

_ Non. Ton patron y est pour quelque chose.

Un air coupable passait sur son visage.

_ Je sais que j'aurais dû t'en parler.

_ Pourquoi tu a accepté de travailler pour lui ?

_ Parrce que je n'ai rien trouvé d'autre. Le Joker ne me parle jamais. Il fait ses affaires dans son coin.

_ Il ne t'a rien dit quand je suis partie ?

_ Non. Il est juste retourné à sa place habituelle.

Je lui en voulait un peu de ne pas m'en avoir parlé mais j'étais rassurée de ne pas lui avoir causé de problèmes avec son patron. Je m'avançait vers lui pour le serrer dans mes bras. Il mavait énormément manqué. Cela faisait huit ans que je ne l'avais pas vu. Nous discutions par téléphone et via les réseaux sociaux.

Il avait été comme un frère pendant mes deux ans passés en foyer. J'étais arrivée là-bas dévastée par la mort de mon père. Et ma timidité n'avait pas aidé mon intégration. Thomas faisait parti des fortes têtes. Mais il m'a rapidement prise sous son aile et nous étions devenus inséparables. Pendant un court moment de ma vie, il avait été tout ce que j'avais.

Nous discutons quelques minutes avant d'aller nous coucher. La première chose que je voyais en fermant les yeux était le visage du Joker. Je n'aimais pas cet homme. C'était un psychopathe dangereux. Il avait un physique affreux. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de lui trouver un certain charisme. Quelque chose de grand et puissant émanait de lui. Je comprenais que tant de personnes étaient sous influence. Principalement dû à la peur mais pas seulement. Pour certains, il devait être une sorte de gourou.

J'étais inquiète que Thomas travaille pour un homme pareil. Le Joker tuait sans états d'âmes. Coupables comme innocents. Je ne voulais pas que mon ami devienne un dommage collatéral à cause de l'un de ses moments de folie.

Je réalisai que s'il m'arrivait quelque chlse , je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. Je savais dans quelle genre de ville je m'étais installée. Le Joker m'avait fait une réflexion là-dessus. Il voulait savoir pourquoi j'avais choisi cette ville parmi toutes les autres. Certes je voulais revoir Thomas, mais j'étais intriguée par Gotham. Une ville sombre et dangereuse. Je devais admettre que cela avait quelque chose d'attirant pour moi.

Je n'étais pas du genre à chercher le danger mais je voulais autre chose qu'une vie banale. Comme beaucoup de monde j'imagine. Et sûrement comme Thomas. J'espérais juste de ne pas m'être jetee dans la gueule du loup.


Je me réveillait en début d'après-midi. Je me lavait et m'habillait rapidement et rejoignait Thomas dans le salon.

_ Bien dormi ?

_ Plutot oui et toi ?

Il hochait la tête.

_ Quelqu'un a appelé pour toi. C'est urgent.

Je mit deux secondes à réaliser qu'il parlait de son te!ephone fixe.

_ Je n'ai donné ton numéro à personne.

C'était vrai. Je n'avais dis à personne chez moi que je partais vivre chez mon meilleur ami.

Je composait le numéro que Thomas avait noté près du téléphone. Une voix féminine se fit entendre.

_ Oui ?

_ Bonjour. Vous avez essayé de me joindre aujourd'hui.

_ Vous êtes Norah Adams ?

_ Oui.

_ Mon patron reçoit des collègues français ce soir. Il a besoin d'un traducteur. Pouvez-vous être là pour vingt heures ?

_ A quel endroit ?

Elle me donnait une adresse que je notais. J'étais surprise qu'on sache déjà qui j'étais et qu'on me propose du boulot si rapidement. C'était peut-être Thomas qui avait fait ma pub.

_ Très bien, je serais là. Je peux savoir qui a besoin de mes services ?

_ Vous le rencontrerez ce soir.

Sur ce, elle raccrochait. J'étais troublée mais surtout contente d'avoir trouvé du travail. Je tenais à aider Thomas pour le loyer et les factures, malgré ses protestations.

C'était une bonne chose que je me fasse des contacts professionnellement. Si cette personne était satisfaite de mon travail, cela pourrait m'attirer d'autres demandes.

Pour la première fois depuis mon arrivée, j'étais contente d'être là.