Il n'a jamais aimé le bois d'aulne cela donne des baguettes entêtées et opiniâtres. Même le bois n'est pas plaisant à travailler, trop rigide, difficilement manipulable il n'en sort que des baguettes simples, neutres.
Alors, quand cet enfant est rentré et qu'une des rares baguettes en aulne de la boutique l'a choisi il s'est senti chagriné. Ces baguettes-là affectionnant les gens complaisants et versatiles il ne peut s'empêcher de scruter l'enfant un peu sévèrement.

Et même si il est soulagé de voir enfin cette baguette quitter la boutique, il aurait préféré qu'elle ne refasse pas remonter ses souvenirs à la surface.
Il n'a jamais aimé l'aulne mais, depuis ce jour là il le déteste. Cela fait des années qu'il n'a plut jamais touché cette essence.
Comment créer des baguettes pareilles quand on sait que c'est l'une d'elle qui a tué votre fille ? Comment la tenir au creux de la main alors qu'on revoit encore et encore celle qu'on a vendu il y a des années de cela ? Celle qui a lancé le sort fatidique.
Depuis ce jour il s'est juré de ne jamais refaire des baguettes avec cette essence maudite. Il ne se souvient plus du meurtrier mais il voit très bien l'arme du crime. Cette arme qu'il a lui même crée.

Alors qu'il observe le jeune garçon qui sert précieusement sa baguette il ne peut s'empêcher de se demander si là aussi le fruit est pourri. Si comme celui qui avait un jour tué sa petite fille il sombrera dans la folie.
Alors que le garçon lui sourit lui ne voit que la baguette. Soeur de celle qui a tué une enfant pour la seule raison qu'elle était cracmol. Celle qui sous les ordres d'un sorcier fou voulant purger le monde de la graine corrompue a lancé l'informulé meurtrier.

La transaction conclue, il retourne dans son atelier. Là où ses larmes peuvent encore couler les jours où la douleur se fait trop forte. Et dans un murmure il répète le nom du jeune garçon afin de cette fois ne pas oublier le prénom de celui qui lui a acheté une baguette d'aulne.
Quirinus Quirell.